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Louison
26/1/2020
a aimé ce texte
Un peu ↓
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Bonjour, j'ai du lire plusieurs fois pour comprendre de quoi il s'agissait. Le passé simple mêlé au présent, les non-dits un peu flous m'ont perdue plusieurs fois.
Je pense que le fond de l'histoire est intéressant, cette impression de traîtrise que ressent Anna avec les réactions inattendues des adultes, cette misère qui fait accepter aux unes et aux autres l'indicible, mais je n'ai pas toujours compris la structure du texte. Par exemple :"Le père d’Anna resta quelques instants assis sur le cyclomoteur, le moteur arrêté, les feux éteints. Anna comprit, plus tard, qu’il lui fallut un moment de concentration, pour qu’après, il ait pu afficher un visage si enjoué. Il poussa le portillon. Une pluie lourde se déversa dans la cour. Le père et la fille rentrèrent." Anna n'était pas sortie, comment rentre t-elle avec son père ? Plusieurs éléments m'ont ainsi freinée dans ma lecture. Une autre fois sans doute. Louison en EL |
Corto
28/1/2020
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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Cette histoire crue est d'une vérité criante, voire hurlante.
La tension qui y règne nous ferait presque prendre soin de la petite Anna pour la protéger du présent et du futur. Les personnages féminins traités en objets répondent aux masculins grossiers et dominateurs sans vergogne. Au fur et à mesure du récit l'angoisse étreint le lecteur qui se doute que le sort réservé à la petite fille ne sera guère différent. Mais le lecteur n'est pas convié à intervenir dans son destin: situation cruelle . On se laisse prendre à ce récit, on entre en résonance avec les angoisses de la petite fille qui pourtant est consciente des événements. L'importance de l'école est bien montrée en tant que milieu protecteur, mais dont on sait que cette protection sera trop limitée. Le texte se déroule avec clarté et rigueur, quelques maladresses exceptées. On sent que l'auteur a pris soin de présenter une rédaction de qualité. Voici un texte qui ne peut laisser indifférent, comme une présentation d'une domination odieuse. Le final ouvre pourtant une fenêtre plus positive vers l'avenir "Soudain elle se souvint du dix en dictée et eut le réflexe du mot nouveau : pa-ren-thè-se. Elle le murmura encore : p a r e n t h è s e. La lune en avait dessiné une dans le ciel instruit pour la nuit. Anna lui sourit et s’endormit." Bravo à l'auteur. |
plumette
29/1/2020
a aimé ce texte
Bien
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J'ai de la sympathie pour ce texte.
Je suis entrée avec plaisir dans cette salle de classe, j'ai assisté à la récréation, les marqueurs d'époques que sont les osselets, les billes et la marelle sont venus réveiller mes propres souvenirs. Les sentiments de la fillette qui découvre que l'instituteur n'a aucune intuition sur le genre d'homme qu'est son père sont très bien rendus. et puis le texte change d'ambiance avec ce paragraphe ambiguë du père qui ramène la fillette sur sa mobylette. Le père a une attitude incestueuse: est-ce l'annonce d'un inceste véritable à venir? A-t-il déjà été consommé? La perception de l'enfant de l'attitude anormale de son père ( elle a la nausée, elle pâlit et gémit ) semble révéler qu'il s'est déjà passé quelque chose. Or, si tel est le cas, je pense qu'il faudrait que le texte soit plus clair. Si c'est simplement un climat précurseur alors je trouve que le texte va trop loin dans les réactions de cette enfant vis à vis de son père. Après je me suis un peu perdue avec les personnages: Manuel- Alice- Raoul- il m'a fallu 2 lectures pour bien situer les lieux, les protagonistes. Cette nouvelle m'a donné l'impression d'être l'extrait d'un récit plus long qui nous aurait déjà permis de faire connaissance avec les personnages. Et sur la fin, le fait que cette petite de 7 ans soit à ce point mêlée à la sexualité des adultes m'a vraiment questionnée, tout comme le conseil qu'elle donne à sa tante "Va au centre, demain. Dis au docteur pour le sang. Les gens comme nous ne paient pas le jeudi, supplia Anna." J'ai pensé qu'elle pourrait avoir plutôt 10 ou 11 ans. Sur le plan de la forme, il y a des problèmes de concordance des temps, je pense que cela relève de la correction, ce serait dommage que cela pénalise le texte que je trouve vraiment intéressant. Plumette |
Tiramisu
30/1/2020
a aimé ce texte
Bien
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Bonjour,
On suit le cheminement d'une petite fille de sept ans à un moment de sa vie, la fin n'est pas vraiment une chute, cela pourrait continuer. Je trouve que le regard à hauteur d'enfant est souvent bien fait. Ce qui n'est pas facile. Il y a des bonnes trouvailles par exemple : quand Anna s'étonne que l'instituteur qui connait tous les grands noms de l'Histoire et ne connait pas son père. C'est une enfant mûre mais c'est une enfant. Elle veut protéger sa mère de ce père violent. En revanche, a-t-elle compris vraiment ce qui se passe entre Raoul et Alice, à 7 ans ? J'ai plus de doute. Elle se sent proche des femmes, et puis, elle les trouve trop proche de Raoul, donc, elle s'en éloigne. Elle oscille entre le monde des adultes et son monde d'enfant, avec son dix en dictée, comme une parenthèse. Bonne continuation |
Mokhtar
31/1/2020
a aimé ce texte
Beaucoup ↓
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Télégramme, congé du jeudi, on peut situer ce récit vers les années 60.
Ce texte contient un certain nombre de maladresses, et aurait mérité d’être un peu revu, remanié, affiné, tant dans l’exposé des circonstances, que dans le style (notamment pour les concordances des temps). Exemple : « Alors, ce matin là, lorsque sa sœur et sa mère montèrent dans le wagon, ce fut aux humiliations, aux injures et aux coups qu’Anna espéra avoir dit adieu. ». C’est la mère qui est frappée. Donc, c’est la fin du risque du spectacle de violence qu’Anna escompte. La tournure est à revoir, car elle laisserait supposer que la mère frappe Anna 2e exemple : La réception du télégramme, probablement en portugais puisque le père annonce qu’il traduit. Or il affecte le style télégraphique à sa traduction. Ce qui n'a pas de sens. Enfin, ce qui gêne le plus, c’est le niveau de réflexion d’une fillette de 7 ans, qui semble quand même peu crédible. Même si dans les milieux défavorisés et frustes, la maturité vient plus vite. La gamine de sept ans qui conseille à sa tante d’aller voir le médecin ???. On aurait mieux admis qu’elle ait une dizaine d’années. Mais les défauts d’écriture ne doivent pas altérer le fonds du texte qui est loin de manquer d’intérêt. Dire qu’Anna n’aime pas sa mère et sa tante, c’est bien sûr constater le mal ressenti par la fillette à la vision des souffrances de ces femmes à la vie sordide. Mais c’est aussi, dans le contexte de l’époque, l’éveil de la conscience de l’iniquité de la condition féminine, notamment chez les Méditerranéens. Et le besoin qui naît d’en sortir, définitivement, pas seulement le temps d’aller faire pipi. Et fermer la parenthèse d’une enfance douloureuse. Parce que face à l’image de son père et de son oncle, il y a celui de l’instituteur : le sachant, le bienveillant, le respectueux…celui que l’on peut admirer. Et que c’est à l’école, d’abord à l’école, que les filles trouveront la force, la légitimité, la culture et les moyens intellectuels d’imposer l’égalité des sexes. À la maison, les femmes ploient en silence sous l’ignominie de la violence et de l’esclavage sexuel. Mais Anna a en elle la graine de la révolte. Et c’est le modèle féminin incarné par sa mère et sa tante qu’elle rejette instinctivement : ce qu’elle traduit dans son langage en disant ne plus aimer les femmes. Une interrogation : je souhaiterais que soit expliquée la signification de l’annonce de la grossesse, et de la grossesse elle-même, dont l’annonce aurait pu attendre le retour de la mère. Il y a quelque chose qui m’échappe. Quoi qu’il en soit, je me sens enclin à soutenir l’auteur(e) sur ce texte, souhaitant toutefois qu’il (elle) s’efforce de soigner la rédaction. On a là un texte réfléchi et intéressant, mais qui fait trop « premier jet ». Si l’important est d’avoir des choses à dire, il faut cependant accrocher le lecteur, surtout sur un site d’écriture. On finit par comprendre le « message » de l’auteur, mais après plusieurs lectures : ce qui est un risque de rejet prématuré. Au plaisir de vous relire. Mokhtar en EL Nota : j’ai critiqué l’écriture, mais la fin est joliment rédigée |
Anonyme
1/2/2020
a aimé ce texte
Un peu
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Bonjour,
Le point de vue d'Anna, écolière comme les autres, du moins en apparence, tel qu'il est présenté dès le début du texte, tranche trop avec le point de vue plus adulte de sa tante Alice et des autres protagonistes de l'histoire. A partir de ce moment, je trouve que la focalisation ne se fait plus d'un point de vue enfantin, mais avec un ressenti d'adulte, cela désoriente. Un point à revoir selon moi. Je trouve également qu'Anna est beaucoup trop jeune pour être autant mise en relation avec la sexualité de ses proches, mais je suis plutôt vieux jeu en la matière... |
Anonyme
1/3/2020
a aimé ce texte
Beaucoup
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Bonjour,
Il m'est bien compliqué de comprendre votre nouvelle, même si il règne dans votre histoire un climat malsain qui me met mal à l'aise. Je pense inceste, pédophilie, soumission ( fillettes et femmes )... dégoûtant. On ressent l'autorité des hommes, " fais ce que je te dis, laisses toi faire et tais toi" ce qui me met hors de moi . "« Vendredi soir, nous dormirons, tous les deux, chez nous. (Il rapprocha sa bouche de l’oreille de la fillette et chuchota la suite.) Je t’emmènerai au cinéma, samedi après-midi. Tu vois… on est bien comme ça. Tous les deux" Ce passage me fait penser au pire pour cette fillette dégoutée et nauséeuse. Et la suite, le sang suite à ce que l'on sait...quelle horreur. Je ne suis pas certaine d'avoir tout compris, je n'ai pris aucun plaisir à vous lire tant ça fait mal, mais ces situations existent. Bref, c'est bien écrit en général mais on s'y perd avec les protagonistes au fil de l'histoire. Un peu brouillon. Je n'évalue pas mais je salue votre travail , et d'avoir osé traiter de comportements inacceptables . Edit suite à ton retour. |
hersen
27/2/2020
a aimé ce texte
Bien ↓
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Bonjour maria,
La nouvelle me laisse perplexe sur beaucoup de points. Ana est systématiquement confrontée à des aspects sexuels de son entourage d'adultes. Elle a sept ans. je sais que des situations difficiles font mûrir vite, mais néanmoins, je verrais plus Ana vers les 10-11 ans. Par ses propos : une enfant de sept ans connaîtrait les horaires de jours gratuits au dispensaire ? Elle pourrait l'avoir su, je pense qu'il est sous-entendu -parce que sa mère en a eu besoin ?- Elle semble tout comprendre de ce qui arrive à sa tante. Il n'y a à mon avis pas suffisamment de confusion à ce sujet dans ce qu'elle exprime, même s'il se peut qu'elle soit abusée par son père (c'est sous-entendu, mais pas sûr) mais dans ce cas, il ne me semble pas qu'une enfant dans ce cas se sentirait si libre de parler de sexe à sa tante. Elle serait je pense muette sur la question. Tu réussis assez bien l'ambiance délétère régnant dans cette famille, cette maison. Où malgré tout on continue à "trier" la soupe (expression inconnue pour moi, mais assez colorée !), à faire comme si tout allait bien, pour que tout aille bien. Mais sans doute que pour eux tout va bien ? qu'ils ne voient pas la vie autrement, même la tante ? Ce que je trouve difficile, en tant que lectrice, c'est un peu de savoir où on en est, parmi tous ces personnages. Par contre, je dois dire que le père, dans ses histoires et ses réactions, est "taillé maison". Il est difficile à suivre, mais c'est parce que lui-même navigue constamment dans des eaux troubles. Peut-être que je me trompe, mais je lis dans ce texte un tableau sordide de ce qu'est la vie dans certaines familles. Mais le défaut est que nous pourrions être tentés de l'élargir à une communauté, et là, je ne suis plus preneuse. Commencer par l'école et finir par l'école est une bonne idée, car ce pourrait être effectivement la seule voie par laquelle Ana pourra se sortir de son milieu. Même si j'ai de mal à penser qu'elle peut concevoir n'être que dans une "parenthèse", et que sa vie sera meilleure un jour. Donc pour moi, c'est une nouvelle dense, qui gagnerait à plus de clarté sur certains points. |
Alfin
27/2/2020
a aimé ce texte
Beaucoup
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Chère Maria,
Bravo déjà pour le travail important d'écriture. À quelques exceptions près, l'écriture est immersive, fluide et bien à propos, tout en retenue. Si le texte semble un peu chaotique, personnellement je penses que la vie des protagonistes l'est et que le texte ne fait que représenter ce chaos. La souffrance ne se dit pas, elle se vie, les dents serrées en espérant que demain sera plus doux. Mais demain n'est pas plus doux et le temps passe. Il met à nu les incohérences de l'adulte. Ils ne se remettent pas en question, convaincus d'avoir toujours raison, d'être dans leur droit, forts qu'ils sont de siècles de patriarcat et de règne sans partage sur la vie. Elles sont enfermées dans leurs craintes sans se rebeller, ce qui n'est pas un jugement, car elles n'avaient pas vraiment le choix. L'histoire, si elle est vraie, est absolument dramatique. Si c'est une pure fiction, elle a le mérite de dire ce qui était tu. Mais elle a un défaut de crédibilité par l'âge d'Anna. Je viens de lire le récit de la jeunesse d'une fille de quatorze ans, pas sept ans. Je serais au rendez-vous pour lire les explications si vous en proposez. Merci beaucoup pour ce partage Alfin |
thierry
27/2/2020
a aimé ce texte
Bien
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Texte difficile, lourd et même grave.
Les problèmes de forme rencontrent très étrangement les problèmes de fonds : la concordance des temps se percute sur la cohérence des personnages. Il y a une ambience assez incroyable, issue de passages suggérés et je cherche dans le non dit toute la misère de ce qui y est exprimée, notamment ce climat malsain de sexe et de violence. Je suis aussi frappé qu'Oniris propose autant de thèmes liés à la violence faite aux enfants, aux femmes et à la situation dramatique de ces familles dans un environnement global d'immigration. J'aime beaucoup cet aspect cinématographique de votre écriture. J'ai eu l'impression de surfer sur un script ou d'entendre la voix d'un François Truffaut. Je vous attends sur d'autres textes et des sujets complètement différents ! Merci pour ce moment |
Pepito
29/2/2020
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Modéré : Commentaire hors charte (se référer au point 6 de la charte).
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rosebud
27/2/2020
a aimé ce texte
Beaucoup
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Je suis surpris des réticences de la plupart des commentateurs sur le style.
On ne peut pas dire que ce soit académique, et alors ? La manière un peu décousue de la narration a pour moi au moins deux atouts. Elle colle bien à cette petite fille tellement chahutée dans la vie, mais elle laisse aussi la part au doute un peu partout : famille de névrosés ? La gentille petite Anna y compris? Inceste ? (pour moi, sûrement pas) Je n’aime pas tout ; le suremploi des passés simples me gêne. Mais Maria excelle dans les phrases ultra courtes et les dialogues : « On est que toutes les deux ; c’est pas obligé qu’on parle français. Hein ? » Cette histoire chargée de lourds secrets et de choses indicibles rappelle l’autre nouvelle « le Salto ». On y retrouve certains thèmes de prédilection de Maria : l’exil, la tromperie, le gouffre qui sépare l’enfance et les adultes. Ça tourne à l’obsessionnel. Et cette manière un peu foutraque de raconter des histoires me convient vraiment. Et quel titre! |
Malitorne
28/2/2020
a aimé ce texte
Bien
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J’ai l’impression au vu de ce que vous nous avez déjà confié, que vos textes s’inspirent de votre propre histoire. Vous nous aviez également décrit l’arrivée en France, avec ses péripéties, d’une fillette en provenance du Portugal, les relations familiales, etc. C’est bien écrit, pas inintéressant, mais attention à ne pas vous répétez. Soit vous écrivez un roman qui retrace entièrement cette émigration, soit je vous conseille de varier vos thèmes. Sinon quand on verra un texte de Maria, on se dira inévitablement : « Ah, elle va encore nous parler du Portugal et de la famille ! » Certains s’en accommoderont avec plaisir, d’autres se lasseront vite. Et je rajouterai qu’explorer des horizons divers est bénéfique car ça oblige à changer de style, excellent pour progresser dans l’écriture.
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Louis
28/2/2020
a aimé ce texte
Beaucoup
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Anna est une jeune fille à qui l’on a dérobé son enfance. Très jeune, et pourtant, elle n’est déjà plus une enfant, ne se comporte plus comme telle.
Elle a perdu l’insouciance des jeunes de son âge, elle ne s’adonne pas aux jeux puérils, aux amusements futiles et frivoles : ainsi dans la cour de l’école, elle observe indifférente les « distractions de ses camarades sans ciller », sans la moindre émotion, sans le moindre intérêt, sans nul désir de participation pour ce qui lui apparaît comme de pures « vétilles ». Ses préoccupations ont une tout autre dimension que les chamailleries des cours de récréation. Son regard est empreint de gravité, son attitude celle d’un retrait hors de l’univers infantile, un « retrait mental », et une immersion dans la dure réalité du monde adulte. Dans la cour de l’école, « adossée à un poteau », elle adopte une «posture de sentinelle ». Aux aguets, elle redoute un danger, une menace. Le monde ne lui apparaît pas apaisé, mais effrayant et menaçant. Anna ne connaît pas de quiétude souriante, ni ce divertissement ludique des enfants de son âge qui détourne le regard loin des ombres projetées par le monde des adultes. De façon contrastée, la salle de classe lui paraît un monde plus serein. Bien qu’elle ait redoublée le CP, elle ne se sent pas en échec, et reçoit au contraire des encouragements de la part de son instituteur. Fille d’immigrés, qui ne parlent pas toujours la langue française en famille, elle subit ce handicap de la langue. Mais l’acquisition de la lecture et de l’écriture, elle le sent bien, l’introduisent dans un autre monde que celui de sa famille, monde représenté par l’instituteur, maître des mots et de la langue française, qui « savait lire et écrire tous les mots », et maître aussi des représentations, des espaces, des territoires, de la terre : « il dessinait… les pays et les océans sur le tableau ». Un homme, un adulte gouverne l’univers de la classe, mais il se distingue de tous ces hommes qu’elle connaît dans son « monde », ces hommes pour lesquels, on le sent déjà chez Anna, elle éprouve crainte et défiance. L’instit a « les mains lisses et propres », il manie la craie blanche, alors que les autres adultes masculins de sa connaissance ont les mains « rugueuses » et sales, qui tiennent « toujours un manche de quelque chose ». Ce qui est « tenu en main» est symbole de pouvoir. Pouvoir culturel, blanc, propre et lisse, sans faute et sans tache – ce qui vaut surtout au sens moral, de la part de l’instit ; pouvoir dominateur du « manche », symbole phallique, de la part des autres hommes, pouvoir phallocratique, machiste et violent, « rugueux » et sale. L’instit ne serait presque pas un « homme », il n’a pas leur manifestation virile ( la fonction d’instit n’est-elle pas d’ailleurs aujourd’hui la plupart du temps reléguée à des femmes ?), il serait du côté féminin, mais il sera, lui aussi, comme le seront toutes les autres femmes, une déception aux yeux d’Anna. Déçue, Anna, des mensonges de sa mère qui ne reconnaît pas la vérité des violences infligées par son mari, de cette mère avec laquelle elle est pourtant très liée ; déçue par son attitude soumise et résignée. Elle en arrive à souhaiter qu’elle ne revienne pas de son voyage « au pays » pour l’enterrement d’un « aïeul », désir déchirant pour elle, mais c’est le désir que sa mère se mette à l’abri des violences, c’est le désir que la mère manifeste une révolte, un refus de l’inacceptable, qu’elle agisse enfin pour dire non à sa condition de femme battue, humiliée, méprisée : « Alors, ce matin-là, lorsque sa sœur et sa mère montèrent dans le wagon, ce fut aux humiliations, aux injures, aux coups qu’Anna espéra avoir dit adieux». Combien grande sera sa déception quand elle apprendra le retour de la mère, enceinte de plus, le ventre gros, ce ventre qui avait pourtant reçu les coups de son mari avant son départ ! Déçue encore, Anna, par sa tante Alice, qui accepte pour de l’argent, de satisfaire les désirs sexuels de Raoul. Conduite avilissante dictée par la misère, l’argent « c’était pour leur père malade. Là-bas ». Mais ce qui déçoit Anna, c’est qu’Alice refuse la suggestion qu’elle lui fait de voir un médecin, elle qui sait déjà qui l’on peut consulter, où et quand, gratuitement. Un refus de soumission, un refus de résignation, sans volonté de se protéger, de remédier aux risques encourus. Pour la première fois, Alice dit « non » : « Elle, femme docile, osa dire non. Elle se demanda si ce n’était pas la première fois et ça la fit sourire ». Alice réussit à dire non, mais c’est la négation d’une négation, un non à la proposition d’Alice de dire non à une situation, et comme chacun sait, la négation d’une négation revient à une affirmation, une affirmation-acceptation ici d’un inacceptable. Alice ne sait pas plus dire non aux exigences sexuelles de son mari, Manuel, se niant elle-même et niant ses propres désirs, dans cette incapacité à s’affirmer dans la négation de ce qui la nie. Décidément, les femmes qui entourent Anna ne correspondent pas à l’image qu’elle se fait de la femme adulte, de l’image de ce qu’elle devrait être : libre, autonome, active, insoumise. Elle comprend, sans que l’idée soit claire et formulée par elle, elle encore trop jeune, que la soumission des femmes au pouvoir brutal masculin, n’est pas lié à la nature féminine qui pèserait sur elles comme un destin fatal, elles pourraient être autrement, elles devraient se comporter autrement. D’où la déception d’Anna. Anna qui n’aime plus les femmes, les femmes comme elles sont, quand elles ne savent pas dire non, quand elles se résignent à n’être que des objets sexuels soumis aux caprices des hommes. Anna a peur pour elle-même. Peur surtout des hommes, qui eux aussi pourraient être autrement, à l’image de l’instit, qu’elle «admire». Mais ils sont brutaux et violents, autoritaires et tyranniques. Elle a peur de son père et de ses paroles allusives, qui laissent entendre qu’elle prendra la place de la mère absente, violentée comme elle ; qu’elle sera entièrement spoliée de son enfance pour subir le sort des femmes adultes, soumises aux exigences du mâle dominant. Elle a peur de devenir l’une de ces femmes qu’elle n’aime pas, qu’elle n’aime plus. Elle sent que son seul espoir de salut se trouve du côté de l’école. Là, il est possible d’apprendre les mots et les idées avec lesquelles on peut dire « non ». Y apprendre le mot « parenthèse » qui suggère l’idée que le sort des femmes, et de tous ceux qui subissent la violence et l’oppression, s’étant un jour ouvert, pourra peut-être un jour être refermé, pour passer à un autre monde que l’on peut au moins imaginer, fait de respect et de liberté. Merci Maria pour ce texte d’un réalisme sans concession. |
papipoete
5/3/2020
a aimé ce texte
Passionnément
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bonjour maria
votre texte a suscité bien des remous, de la part d'un lecteur indélicat, aussi ai-je laissé retomber la tempête, avant de venir vous lire. Avec une histoire qui démarre tranquillement, sur les bancs puis dans la cour d'école, où je revois les filles dans leur partie, de l'autre côté de la barrière avec marelles et cordes à sauter. Puis Anna nous entraîne chez elle, où règne le " droit de cuissage " sur l'épouse, sans que malheureusement la femme dise NON ! Et Anna vivra à travers ces lignes ce chemin de croix, qu'en ces temps-là on ne refusait pas...Mais Anna jurait en elle que jamais pour elle, ainsi cela serait ! NB j'ai écrit dernièrement un poème sur les violences faites aux femmes, et votre nouvelle ( en plus long ) évoque ce sacrilège ; votre écriture est dotée d'un vocabulaire des plus " ordinaire ", mais toutes ses phrases sont claires et limpides, à l'opposé de ce " Alice ! - je viens mon amour ! " quand à l'ordre de ce kapo de mari, la femme soumise accoure pour " soulager " ce Manuel qui mérite bien cela quand-même... L'on comprend quand Anna comprend...qu'elle en vienne à détester ces femmes, sa Mère en premier qui n'hésita pas à laisser sa fille, toute seule avec ce monstre...parce que : il en avait décidé ainsi ! L'on tremble beaucoup pour la fillette, quand ce " père " se montre si doux, et que nous réserve la suite de l'histoire, que l'auteure ne nous dévoile pas ? |
Anonyme
10/8/2020
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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Bonjour maria,
Je découvre un peu par hasard ce texte magnifique (le fond et la forme) Vous avez cette étrange capacité de tisser un langage juste, tout à la fois dans le délicat comme dans le sordide ce qui ne va pas de soi sur un tel sujet. Je sais que nous sommes dans le registre de la narration mais hélas il n'échappe pas au lecteur averti que de telles situations existent (Ma femme est enseignante avec des enfants de cette tranche d'âge donc je sais que tout cela n'est pas de la pure fiction !) En ce qui concerne la datation de cette narration je suppose qu'il s'agit d'une période comprise dans les années cinquante puisque le jour de repos est le jeudi et ça rend la narration encore plus terrible quand on sait quels étaient les dispositifs mis à disposition des familles ( pas de planning familial, une immigration parfois reléguée dans les bidonvilles tout au moins en région parisienne ) et des solutions parfois plus dures encore pour les enfants (pourtant victimes) que pour leurs bourreaux. Bravo ! |