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marogne : Rentrée littéraire
 Publié le 12/10/09  -  12 commentaires  -  11326 caractères  -  69 lectures    Autres textes du même auteur

Parce que tu as vu, tu as cru ; bienheureux ceux qui n'ont point vu et qui ont cru. (3)


Rentrée littéraire


Une coupe de champagne à la main, essayant de la garder bien droite pour ne pas en renverser, il essaye de se rapprocher du comptoir où se trouvent des brochettes de saumon. La chaleur, le mouvement, la foule, le brouhaha des conversations, la lumière crue, tous ces corps qui le frôlent, l’animosité qu’il perçoit parfois, tout cela, comme un réflexe de survie, le renvoie dans la salle, quelques instants plus tôt, assis dans son fauteuil.


---


- C’est quand même pas mal, tu ne trouves pas ?

- Oui, j’avais un peu peur au départ, mais le mélange des genres apporte quelque chose. Intéressant !

- Et puis c’est gratuit !

- Tssss !

- Chut ! Écoute !


---


Je savais, mais je n’avais rien vu. (1)


---


Un homme est assis sur un banc, légèrement de côté. Son bras gauche est posé sur le dossier, il tient un livre dans la main. Sur le papier blanc une tache d’encre apparaît, lentement.


Le violoncelle pleure sur le son acide de la clarinette. Il n’y a pas un bruit dans la salle. Les spectateurs, surpris, retiennent leur souffle, attendent que le lecteur prenne la parole.


---


Comme de toutes les démonstrations extérieures qui réveillent en nous la commisération et les idées de la douleur, les aveugles ne sont affectés que par la plainte, je les soupçonne, en général, d'inhumanité. (2)


---


La lumière des projecteurs accroche le cristal des lustres, et retombe en mille couleurs sur les dorures et les velours, mêlant or et sang.


Les musiciens suspendent leurs gestes, et les échos des instruments continuent à résonner sur la salle attentive. Il commence à lire, doucement, et la tache d’encre, là-haut, atteint la tête du lecteur sur son banc. Les deux font comme un canon ; l’un est silencieux, plongé dans son livre, ignorant la menace qui s’approche, l’autre tient le sien de la même façon, comme dans un miroir, et égrène ses mots comme on ferait tomber l’eau sur la plante assoiffée.


---


Nous-mêmes, ne cessons-nous pas de compatir lorsque la distance ou la petitesse des objets produit le même effet sur nous que la privation de la vue sur les aveugles ? Tant nos vertus dépendent de notre manière de sentir et du degré auquel les choses extérieures nous affectent ! (2)


---


La clarinette reprend la note qu’elle avait expirée, et son cri fait trembler la caisse du violoncelle, qui, de sa voix presque humaine, entonne le chant du désespoir. Sur son banc, l’homme a disparu sous la tache d’encre qui remplit la feuille comme un cancer impitoyable.


La lectrice a repris le livre comme si celui-ci était devenu trop lourd pour son compagnon. Elle ajuste son foulard, prend sa respiration, et plonge dans le texte comme dans un océan immense et inconnu. Et sa voix porte le témoignage, s’élève au dessus de la musique qu’elle vainc sans combat.


---


Je n’avais jamais été là-bas, les statistiques c’est une chose… (1)


---


- Tu as vu ? Ils n’ont pas le bracelet « uno » et ils s’asseyent au premier rang. C’est quand un peu fort, j’espère que quelqu’un va les faire partir.


---


La soirée avait commencé par une virée dans les bordels exotiques d’une contrée sud-américaine, on nous avait emmenés ensuite dans la savane torride d’un conte africain, et tout du long les musiciens décoraient la voix des acteurs d’arabesques évaporées. Les dessins en construction se succédaient au gré des images que le texte suscitait, art en mouvement, le geste créateur du dessinateur faisant écho au talent des lecteurs et à la beauté des textes.


---


Dix-neuf heures trente devant le théâtre Marigny, certains sont en tenue de soirée, d’autres sortent du travail. Et puis il y a ceux qui doivent marquer leur appartenance en portant, uniforme décalé, la tenue qui caractérise leur « monde ». Du côté masculin, les artistes arborent des coiffures dissymétriques, fiers de leur originalité comme recopiée au papier carbone. Les attachées de presse trottinent sur leurs escarpins vernis, promenant sous des collants kitch leurs longues jambes forcément attirantes. Les artistes graphiques ont fait appel aux couleurs pour rehausser leur apparence, pour être sûres d’être remarquées dans la foule qui se presse maintenant pour rentrer au plus vite dans la salle de spectacle.


---


Aussi je ne doute point que, sans la crainte du châtiment, bien des gens n'eussent moins de peine à tuer un homme à une distance où ils ne le verraient gros que comme une hirondelle, qu'à égorger un bœuf de leurs mains. (2)


---


Pour avoir droit aux petits fours et au champagne il faut montrer le bon bracelet de couleur au vigile qui garde l’entrée. On s’y presse de peur que bientôt il ne manque de quelque chose. Bousculade à l’entrée, les plus pressés s’étant arrêté au milieu du passage pour décider où il valait mieux aller pour commencer, vers le bar, ou vers les tables qui regorgent de petits fours.


---


… des centaines de milliers de Polonais aussi avaient été tués, de Russes, de Serbes, de Grecs, nous savions cela. C’était statistique. (1)


---


La lectrice a terminé son passage, imperceptiblement sa voix s’était perdue dans celle du témoin qui ne voulait plus retourner là-bas. La page qui abritait le lecteur sur son banc est uniformément noire maintenant, et le dessinateur, d’un geste las, la repousse, et elle tombe, doucement, tout doucement, sur le sol. Un frisson parcourt la salle.


Et puis on appelle l’heureux élu. Congratulations. Poignées de main. Banalités. Remerciements. Applaudissements. Champagne !


Voila ce que c’est que le Roman !


---


Si nous avons de la compassion pour un cheval qui souffre, et si nous écrasons une fourmi sans aucun scrupule, n'est-ce pas le même principe qui nous détermine ? (2)


---


Le visage fermé il ouvre les bouteilles, remplit les coupes, ouvre une boîte de coca-cola. Il est indifférent aux efforts déployés par ceux qui veulent être servi avant leur voisin, si détaché de la compétition qu’il en devient insultant. Mais personne ne s’en offusque tant il faut attirer son regard pour obtenir un verre.


---


Cela ébranlera peut être la conscience du monde. (1)


---


- …

- Oui, je suis en train d’essayer de négocier un lot de verres pour mon restaurant.

- Ah ? Ça y est ? Tu as fais le pas ?

- Oui, j’en avais assez de travailler pour les autres, il fallait que je puisse créer quelque chose moi-même. Alors j’ai acheté ce local, et maintenant je vais en faire un « lieu ».

- C’est super, dis donc. Quel est ton concept ?

- C’est encore trop tôt pour en parler, mais ce sera super, et puis ce sera « gai » ; il faudra que tu viennes.

- Tss, tss….


---


Ah, Madame! Que la morale des aveugles est différente de la nôtre ! (2)


---


Le président est monté sur la scène. Il est habillé « casual », chemise beige, jeans, chaussures bateau, il est décontracté comme doit l’être la soirée, elle est dédiée à l’art pas au paraître. Mais il porte l’uniforme lui aussi.


- Bien-entendu vous pourrez trouver tous ces ouvrages dans nos magasins.


---


Aucun récit ne m’avait été fait. Je n’avais jamais été là-bas. (1)


---


- Oh, c’est bon ça. Tu as vu, c’est un mini blinis avec un peu de tapenade et un anchois dessus. Attends, je vais en prendre un autre.


---


- Bonjour René, quel plaisir de te voir.

- Salut Charlotte, ça va bien ?

- Oui oui ça va. Toi qui es près du comptoir, tu ne pourrais pas m’avoir un verre de champagne, il y a tant de monde ?

- J’en ai déjà deux... Désolé.

- Pardon, pardon… Je suis avec mon ami là, vous pouvez me laisser passer ?


---


Dans un coin de la salle, un espace « salon » a été aménagé. Deux fauteuils de cuir, une table basse, un objet décoratif en constituent la décoration. Deux projecteurs éclairent la scène où se succèdent auteurs et starlettes qui feront les illustrations des journaux ou publications internes.


---


(…) que celle d'un sourd différerait encore de celle d'un aveugle, et qu'un être qui aurait un sens de plus que nous trouverait notre morale imparfaite, pour ne rien dire de pis ! (2)


---


- Tu as entendu les médias sur cette histoire de grippe ?

- Oui, c’est vraiment n’importe quoi, une manipulation du gouvernement pour que l’on ne s’intéresse pas aux vrais problèmes.

- N’empêche, tu as vu l’acteur qui lisait ? Il toussait et portait une écharpe, s’il avait la grippe, il nous a tous contaminés. J’espère qu’il n’est pas ici.


---


Regardez-le ! Dites-leur là-bas : vous avez vu. N’oubliez pas. (1)


---


L’air frais de la nuit lui fit du bien. Il était arrivé à s’extraire de la foule, l’esprit encombré de toutes ces images en kaléidoscope. Dans un monde où l’image est omniprésente, où rien ne peut se produire sans qu’instantanément tous puissent voir ce qui s’est passé, il se demandait si l’histoire de Jan Karski avait encore du sens. Mais il ne pouvait s’empêcher de voir l’indifférence profonde aux événements tragiques dont la presse, la télévision, internet se faisaient les témoins, derrière les démonstrations factices et transitoires de révolte ou de passion. Qu’est-ce qu’il manquait ? Était-ce la réflexion, le temps de réfléchir à ce que l’on voit, ce que l’on entend ? Ou bien était-ce la désincarnation de ces témoignages sur papier glacé ou numériques ? Dans le témoin, dans la vue, n’était-ce pas l’expérience réelle qui était recherchée ? La parole était écoutée quand son porteur pouvait prétendre avoir vécu ce dont il se faisait l’écho.


Les paroles de Thomas revinrent à sa mémoire : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l'endroit des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! » (3). C’était le vécu qui permettait de croire la parole de celui qui revenait. En ce sens, l’exemple de Jan Karski résonnait encore dans le monde moderne, il avait été le témoin, il avait vécu ce qu’il racontait, il avait vu l’officier allemand tirer.


Devant lui s’ouvrait la magnifique perspective des Champs-Élysées, il laissa sur sa gauche le Grand Palais, et se dirigea vers l’Arc de Triomphe. Il n’avait pas pu attraper suffisamment de petits fours, il lui fallait trouver un restaurant sympa où manger.



Notes appelées dans le texte :


(1) : Jan Karski, témoignage dans le film de Claude Lanzman, Shoah

(2) : Diderot – Lettre sur les aveugles

(3) : Évangile selon Saint Jean


Le texte est inspiré d’une lecture publique du roman de Yannick Haenel : Jan Karski.


 
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   Anonyme   
12/10/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Texte superbe où le réel est décliné sous toutes ses formes : la politique, l'histoire, les mondanités, les abjections... La rentrée littéraire, il est vrai peut être appréhendée de cette manière, même si ce n'est pas la mienne. Merci pour cette lecture.

   Selenim   
12/10/2009
 a aimé ce texte 
Pas ↑
Contrairement à ce que disait Jean, j'ai vu mais je n'y ai pas cru.

Tout ceci est très décousu et surtout diaphane. Les passages s'enchainent, certains vaporisés de poussières de poésie pure ; d'autres simplement plats.

Les idées traitées, nous sommes en réflexion donc je réfléchis, m'ont paru caricaturales, inodores ou parfois juste hermétiques. Seuls ma capacité d'analyse est en cause, j'attends d'autres avis pour évaluer l'éventuelle amplitude de mon ignorance.

Les citations qui viennent ponctuer chaque « témoignages » m'ont semblé incrustées pour ajouter une valeur littéraire à l'édifice. Certes il y a corrélation mais l'auteur a estimé, comme le propos n'était pas assez évocateur dans les passages narrés, qu'il devait appuyer la démonstration par une citation. Comme s'il craignait que le message ne passe pas au premier jet.

Bref, je n'ai pas aimé, sans doute trop élitiste pour mon cursus.
M'en vais relire Lettre à H.P, je comprends tout et ça me file des frissons.

Amicalement

Subjectivement vôtre, Selenim

   widjet   
12/10/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Un texte qui surprend de la part de Marogne. J’aime bien qu’un auteur vienne là où on ne l’attend pas forcément.

Déjà, cela m’a incité à me renseigner sur ce résistant où j’appris que le témoignage (le rapport Karski, donc) sur ce qui se passait en 39-45 n’a rencontré qu’incrédulité et indifférence.
Il y a quelque chose de figé dans ce texte, comme dans un musée. Il y a quelque chose d’inactif. Et je pense que c’est volontaire, comme pour montrer (critiquer) l’immobilisme, la couardise des gens (responsables politiques notamment) devant le génocide.

Le texte est globalement raffiné dans sa forme (parfois artificiel, j'ai connu Marogne plus inspiré), même si finalement il déçoit un peu (j’aurai aimé plus de subtilité et de mordant sur cette classe sociale très « intelligentsia », la « gauche caviar » quoi…), mais la construction (parfois chaotique) est intéressante (insérer des phrases en italiques glaçantes - comme l’extermination des juifs - avec des dialogues anodins (« tu ne pourrais pas m’avoir un verre de champagne ») ou le cadre très pompeux surligne (de façon grossière mais efficace) le contraste et donne un aspect surréaliste aux scènes qui se jouent.

Voilà mon interprétation, mais il n’est pas impossible que je sois passé au travers du récit.

Audacieux, un poil facile, imparfait mais nécessaire donc. Je prends quand même.

Merci.

W

   florilange   
12/10/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
C'est ce que le texte conte, que je n'aime pas & que soulignent fort justement les citations. Pas le texte lui-même, que je trouve moi aussi audacieux, froid & dur. Il met mal à l'aise. Justement quand on constate les vraies préoccupations des invités. J'imagine que c'était voulu. Quelle chance de n'être pas invité à ce type de réception!
Merci de cette lecture,
Florilange.

   liryc   
12/10/2009
Bonjour Marogne,
Comme tu le dis il s'agit bien d'un kaleidoscope, un puzzle éclaté qui se révèle peu à peu. Déroutant. Oui, j'ai été par moment perdu, il manque un fil conducteur si minime soit-il, un tracé où viennent interférer tous les éléments du Kaleidoscope. Ce fil est ébauché à pquelquefois comme dans cette phrase superbe : "Sur son banc, l’homme a disparu sous la tache d’encre qui remplit la feuille comme un cancer impitoyable." Mais pas assez présent je trouve. Il aurait fallu insister, jouer sur cette ambiguïté je crois. C'est comme une histoire sans héros et quand je suis arrivé à la fin je me suis dit "Ah bon!".
J'ai cependant retrouvé avec plaisir ton goût pour l'étrange et celui de l'art en général. Bonne continuation.
liryc.

   Manuel   
12/10/2009
 a aimé ce texte 
Un peu
Je suis sans aucun doute, un minus habens, j'ai rien compris à cette histoire et encore moins son déroulement.
Jan Karski, je connais! c'est ce juif introduit dans le guetto de Varsovie pour témoigner en occident des barbaries nazi, et qui soit n'a pas été cru, soit laisser estimer qu'il y avait d'autres priorités.
Mais la soirée aux petits fours, je n'arrive pas à la situer dans ce contexte.
Désolé !

   Anonyme   
13/10/2009
 a aimé ce texte 
Bien
J'ai apprécié à la fois la forme et le fond:

La juxtaposition de toutes ces pensées, ces instants et réflexions qui se croisent, détachement et élégance, superficialité et mode
Le texte se réfère énormément aux sons au visuel aussi et pourtant il y a un détachement inhumain.
J'ai "entendu" le violoncelle et la clarinette.

Et quand j'ai fait les recherches sur Jan Karski (que je ne connaissais pas) tout le texte a pris son sens.

La dernière phrase est glaçante et confirme tout le mal que l'auteur pense de l'être humain en général: Oui nous serions à nouveau aveugles à sourds à toutes autres préoccupations que notre petit confort personnel (grippe A petits fours et champagne)

Donc un fond percutant sous une forme minimaliste pour dénoncer encore. J'aurais aimé (pour mon confort je sais) un fil conducteur, un élément pour lier le tout.

C'est très personnel je trouve que le paragraphe à la fin à partir de "dans un monde" m'a un peu trop explicative par rapport au reste du texte. J'aurais aimé que le lecteur soit moins guidé à ce niveau.
et puis finalement:
La parole était écoutée quand son porteur pouvait prétendre avoir vécu ce dont il se faisait l’écho : au contraire si j'ai bien compris l'exemple de Karski est à l'encontre de cette phrase.

Sinon la tache d'encre est une image que j'ai appréciée

Xrys

   xuanvincent   
18/10/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Cette nouvelle de marogne - qui m'a paru assez différente des précédentes - a retenu mon attention et m'a dans l'ensemble intéressée.

Je l'ai trouvée, comme souvent, dans l'ensemble bien écrite.

Les dialogues sont présents, sans être trop présents.

La présentation, sous forme de kaléidoscope comme l'a relevé un des lecteurs, ne m'a pas facilité la compréhension - une deuxième lecture m'a été nécessaire, pour meiux comprendre ce texte. Toutefois, cette présentation m'a intéressée.

Sur la forme, un point m'a vite gênée et ce, jusqu'à la fin du texte, cette accumulation de renvois à la fin du texte.
Sans doute aurais-je préféré que l'auteur de la citation soit cité à la fin de chaque citation, plutôt qu'à la fin du texte.

Pour conclure, en dépit de ces quelques points relevés, j'ai apprécié lire cette nouvelle.

   Myriam   
21/10/2009
 a aimé ce texte 
Un peu
Je crois avoir compris l'intention. Juxtaposition de futile et de terrible. Collision d'où extraire un sens.

Mais sur moi et ma sensibilité de lectrice, cela n'a pas fonctionné. Peut-être trop confus, le kaléidoscope bouge trop vite. Le temps d'aimer une phrase, ( celles sur le spectacle sont souvent superbes) la suivante me déroute déjà trop. Pourtant, je l'ai lu plusieurs fois, ce texte.

Les phrases en exergue, à mon avis, auraient gagné à être toutes référencées, sans ces numéros de notes qui cassent un rythme déjà bien malmené.

Beau projet donc que ce texte. Et bravo pour cela.
Mais écriture trop heurtée et confuse pour me permettre d'y adhérer.
Amicalement,
Myriam.

   Nongag   
26/10/2009
 a aimé ce texte 
Un peu
Trop hermétique. Ce texte n'offre pas suffisamment d'information. Je veux bien me renseigner sur ce Jan Karski, mais marogne pourrait au moins me fournir quelques clés pour que je puisse profiter et discuter de sa réflexion. Je suis resté au-dehors alors que cette critique de "l'aveuglement", de l'indifférence face à l'horreur me semble un sujet intéressant.

La description de cette soirée littéraire, entrecoupée de citations, me semble longue, traînante. Pour être bien franc, je n'ai pas saisi le déroulement de cette soirée: peut-être une lacune du lecteur que je suis...?

Un essai original dans la forme mais, au final, raté tant qu'à moi.

   David   
7/11/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Marogne,

Je ne sais pas si le "héros" de cette histoire cherche à s'identifié avec celui du "roman" de Yannick Haennel, de transposer l'indifférence de l'assemblée lors de cette lecture publique, qui n'est quand même pas inhumaine :

"Il n’y a pas un bruit dans la salle. Les spectateurs, surpris, retiennent leur souffle, attendent que le lecteur prenne la parole."

C'est plutôt les digressions, entracte ou autre, qui vont poser cette indifférence, à travers plusieurs extraits, notamment des dialogues.

La lecture publique ferait son effet et le narrateur ressentirait l'histoire et lui trouverait une résonance dans la réunion à laquelle il participe. Une confrontation à l'altérité douloureuse, que les convives autours ressentent peut être et contiennent par des échanges entre connaissances : chercher un verre, apprécier la qualité du buffet, se plaindre de menus tracas.

Ce n'est pas une simple lecture :

"Il commence à lire, doucement, et la tache d’encre, là-haut, atteint la tête du lecteur sur son banc. Les deux font comme un canon ; l’un est silencieux, plongé dans son livre, ignorant la menace qui s’approche, l’autre tient le sien de la même façon, comme dans un miroir, et égrène ses mots comme on ferait tomber l’eau sur la plante assoiffée."

Il y a quelque chose de pas facile à saisir il me semble, mais je crois comprendre qu'un film est projeté au-dessus de la personne nommée "lecteur", et ce film montre lui même un personnage, nommée "homme" dans un passage précédent :

"Un homme est assis sur un banc, légèrement de côté. Son bras gauche est posé sur le dossier, il tient un livre dans la main. Sur le papier blanc une tache d’encre apparaît, lentement."

Ce film, un extrait de "Shoa" peut-être, correspondant au témoignage de Karsky, aurait en surimpression cette énigmatique tâche d'encre, qui s'étendrait "en canon" avec la lecture, lui faisant un écho.

La mise en scène inviterait donc l'auditoire à transposer l'histoire, et le narrateur le vivrait pleinement, et parlerait de cela plus que du sujet : toutes les références sont disponibles mais peu est dit sur le témoignage lui-même de Karsky, si ce n'est :

"il avait vu l’officier allemand tirer."

Une mise à mort, officielle, serait la nature du témoignage que ces quelques mots résumeraient, ce qu'il y avait simplement à entendre de cela. Et l'assemblée la ressentirait à sa propre manière, malgré la fuite en bavardage de beaucoup, il y avait peut être d'autres "Karsky" à observer les "autres" justement, être troublé dans leur silence intérieur par le brouhaha qui devait suivre la lecture publique.

Le narrateur ne bavarde pas, a également cherché lui aussi a profité du banquet :

"Il n’avait pas pu attraper suffisamment de petits fours"

Il aurait pu être cité par un autre narrateur du même évènement. Il y a comme un regard ironique, un désespoir à vivre un certain recueillement peut-être, alors même qu'il vient d'entendre le récit d'un individu impuissant à faire entendre son message, le voilà narrateur lui-même d'un récit qui en découle, une lettre morte qui passerait de main en main.

   Anonyme   
4/3/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↓
En abordant ce texte j'ai tout d'abord songé à un scénario.
Puis, la forme "kaléidoscopique" m'a gênée ; En poussant plus avant je me suis aperçu que la rythmique induite par des ponctuations mal placées (de mon point de vue) n'était pas appropriée ; trop chaotique en quelque sorte.

Cahin-caha je suis arrivé à la fin du texte. Il manque à l'évidence un fil conducteur.

Mais, j'ai découvert la mort statistique. J'ai toujours douté que la statistique ébranle un jour la conscience du monde, et ce, d'autant plus que, dans bien des cas, on nous la présente sous forme de moyenne(1).

Tiens ! cela me fait penser aux symphonies de Mahler. Inévitablement je m'y endors, puis je suis réveillé par un grand fracas. En l'occurrence le grand fracas est ici symbolisé par les citations de Jan Karski.

Concept : Représentation mentale abstraite d'un objet, d'une idée conçue par l'esprit. Et ici, le concept me plaît, surtout ces allers-retours, un jeu de contrastes en fait.

Définition de la moyenne : la tête dans un four à 80 degrés et les pieds dans la glace vous bénéficiez d'une température moyenne de 40 degrés somme toute supportable.


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