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Sentimental/Romanesque
marogne : Une soirée
 Publié le 05/04/08  -  4 commentaires  -  6675 caractères  -  14 lectures    Autres textes du même auteur

Une soirée bien arrosée au régiment - des vies peuvent en être bouleversées bien des années après....


Une soirée


La première fois que cela lui était arrivé, c’était il y a dix ans. C’était venu soudainement, un soir alors qu’il rentrait chez lui après un dîner de travail dans la région parisienne, il empruntait une petite route qui traversait la forêt de Montmorency, il avait fait froid toute la semaine, et les bas-côtés étaient recouverts de givre ; il roulait avec prudence, redoutant une plaque de verglas précoce. Son champ de vision avait paru se rétrécir instantanément, et il avait eu des difficultés à distinguer dans la lumière tremblotante de ses phares, les abords de la route. Il ralentit, et il eut l’impression qu’une brume tombait sur la forêt, l’isolant du monde. Il ressentait une étrange impression de peur et d’angoisse, comme s’il savait par avance que quelque chose allait se passer. Cela ne dura qu’un bref instant, et il le mit sur le compte de la boisson et de l’heure avancée. Il l’oublia.


Ce ne fut que quelques mois plus tard qu’il se rappela confusément cet épisode. Il avait passé une semaine fatigante, et alors qu’il espérait passer une bonne nuit de sommeil, il eut un rêve dont l’évocation le faisait trembler encore des années après. Il était dans une rue bordée d’immeubles, il faisait nuit et froid. Il cherchait une entrée précise, mais il ne pouvait plus se souvenir de la personne qu’il souhaitait visiter. Les abords des bâtiments étaient pourvus de buissons d’épineux qui faisaient des masses sombres bruissant le long de sa route. Enfin, il atteignit ce qu’il devait chercher, et s’engagea dans l’étroit passage qui conduisait à la porte d’entrée. Soudain, une forme surgit devant lui, et il perçut pendant un très bref instant une grande lueur et un bruit assourdissant. Il sentit couler sur son visage, de part et d’autre de son nez, atteignant la commissure de ses lèvres, quelque chose de chaud. Il porta les mains sur sa face, et comprit instantanément que le fluide chaud et visqueux qui coulait ainsi provenait de son front, c’était son sang qui s’écoulait. Il cria et se réveilla. Il sentait encore sur sa figure l’endroit où le sang chaud avait coulé. Il se leva à la recherche effrénée de preuves de vie, son cœur battait la chamade, ses jambes flageolaient. Il ne put se rendormir sans être sorti faire plusieurs fois le tour du quartier pour retrouver ses esprits. Ce n’est que le lendemain, lorsqu’il le raconta, en en tremblant encore, que confusément il sentit un lien avec ce qui lui était arrivé en forêt de Montmorency, mais c’était tellement absurde pour lui, qu’il mit cela sur le compte de la peur qu’il avait eue cette nuit-là.


Michel a épousé Josiane il y a cinq ans maintenant, leur fille Aurée a près de quatre ans. Il a continué à voyager souvent, d’agence en agence, sur toutes les routes de France, essayant de sauvegarder autant que possible les week-ends pour sa fille et sa femme. Il adore Aurée, et s’inquiète de tout ce qui pourrait lui arriver ; Josiane, mais aussi ses amis, se moque gentiment de lui, le comparant à la mère possessive de « l’arrache cœur » ; il n’arrive pas à apprécier, mais se force à faire bonne figure, tout en surveillant le petit bout du coin de l’œil. Le pire pour lui ce sont les voyages en voiture, et quand sa femme conduit, c’est un enfer pour tous les deux. Cela a failli tourner mal une fois. Une voiture lui ayant refusé la priorité, ils ont eu un accrochage, bénin, mais Aurée était dans la voiture. C’est fou furieux qu’il est sorti du véhicule pour se jeter sur l’autre conducteur. Des témoins ont dû intervenir pour les séparer.


Il a refait récemment plusieurs fois le cauchemar du coup de feu, cauchemar qui le laisse toujours essoufflé, en sueur dans le lit, réveillant son épouse qui a besoin de plus en plus de temps pour le calmer. Ce qui l’angoisse encore plus, c’est qu’il lui semble maintenant que ce rêve en suit un autre dont il n’arrive pas à se rappeler, comme si c’en était la suite naturelle. Il voit un brouillard, il fait nuit, il est malade, mais ce ne sont que des bribes sans liens, sans signification, contrastant avec le réalisme, le souvenir vivide qu’il a du cauchemar qui suit. Il essaye maintenant, lorsqu’il conduit seul, de se repasser sans cesse les images, pour tenter de remonter le temps, pour se préparer la prochaine fois à pouvoir remonter aux images cachées. En même temps il le redoute, comme si quelque chose en lui avait peur de ce qu’il verrait alors.


Josiane et Aurée sont parties passer une semaine chez ses beaux-parents, Michel lui devait rester à Strasbourg pour un audit qui se déroulait sur plusieurs jours. Depuis qu’il est dans cette ville, c’est toutes les nuits que le cauchemar revient. Il progresse néanmoins et se rappelle de plus en plus de détails de ce qui précède la recherche des immeubles. Il est dans une voiture, la visibilité est pratiquement nulle, il sent son esprit englué. Hier il a eu un choc, en rejoignant son hôtel, il est passé dans la rue des immeubles. Chaque détail est identique, les mêmes arbustes, les mêmes fenêtres, l’entrée où il se fait tuer. Le jour suivant il ose s’arrêter et aller jusqu’à l’entrée funeste pour y lire les noms des habitants. Il relit plusieurs fois le panneau, ne reconnaissant personne, mais un nom s’accroche à sa mémoire, un nom qui lui revient la nuit, un nom qu’il va se savoir avoir crié juste au moment où il se réveille ; mais il ne le connaît pas, il a beau chercher dans sa mémoire, il ne lui évoque rien. Le lendemain il décide d’en avoir le cœur net et de se présenter au domicile de cet inconnu. Il sonne, la voix qui lui indique le palier lui est inconnue. Il monte, la porte est ouverte et une petite fille qui doit avoir dans les dix ans se tient à côté de sa mère, curieuse de voir ce visiteur. À sa vue il se sent chanceler, et s’enfuit en courant, laissant les deux femmes abasourdies.


On a retrouvé Michel le lendemain devant l’entrée de l’immeuble, un billet dans la main gauche destiné au père de la jeune fille, Marcel Jeanson, et dans lequel il s’accusait d’être le chauffard saoul qui avait tué sa fille, l’autre, sa sœur, il y a vingt ans alors qu’il revenait d’une soirée bien arrosée avec des copains de régiment. Sa main droite tenait encore le pistolet avec lequel il s’était tiré une balle dans la tête.


Lors de l’enquête, Marcel Jeanson confirma n’avoir jamais vu Michel de sa vie, et de ne pas avoir eu d’autre enfant, ni son épouse, autre que celle que Michel avait vue à l’entrée de l’appartement. On rechercha si à la date mentionnée par Michel, un accident avait eu lieu dans la région ; on ne trouva rien. L’affaire fut classée, suicide à l’issue d’un état dépressif.



Montesson, le 30 mars 2008


 
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   widjet   
5/4/2008
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Comment ne pas penser au film THE MACHINIST ? Enfin moi ça m'a paru assez proche. Déja dans la façon de faire. L'idée de raconter un drame par le biais du thriller, c'est une méthode de plus en plus répandue et souvent efficace

Le fond est intéressant, intriguant même. Même après la lecture, le mystère n'est pas résolu. Un travail de reflexion demeure et j'aime assez lorsqu'il me faut travailler et terminer l'histoire comme je l'entend.

Hélas, cette histoire prometteuse est un peu gâchée par la forme. Les phrases sont trop longues (rien que le première déjà...) ou trop maladroites, les mots chosis pas toujours appropriés. L'auteur ne parvient pas totalement à donner corps au récit à le rendre réellement déangeant. Est-ce à cause du rythme un peu bancal ? Personnellement la nouvelle se devait d'être soit plus longue ou construite différemment pour happer le lecteur.
Enfin ce n'est pas assez fluide, ça ne coule pas assez bien et des passages sont confus, notamment le final. Et là encore cela retire beaucoup d'impact au récit.

C'est grandement dommage car une fois encore, l'histoire avait un bon potentiel. Deception donc surtout venant d'un auteur dont j'ai plutot aimé les dernières créations.

Bonne journée

Widjet

   strega   
5/4/2008
 a aimé ce texte 
Un peu
Effectivement, ce genres d'histoires, celles ou l'auteur oblige en quelque sorte le lecteur à réfléchir sur une fin me plait beaucoup.

C'est een effet assez simple, avec du coup, tout ce que ça implique comme difficultés, mais l'histoire est bien menée. Et sur un texte aussi court, c'est plutôt très bien.

Mais comme Widjet, je regrette la forme, phrases trop longue, paragraphes un peu longs aussi qui brise un peu le rythme. C'est vraiment dommage.

Je regrette aussi un peu plus la forme du passage évoquant le rêve, je n'ai pas ressenti le trouble ressenti par Michel à ce moment là, ça ne m'a rien fait. J'aurais sans le moindre doute aprécié une forme, comment dire, plus fantaisiste peut-être... ?

Vraiment dommage....

   Anonyme   
8/4/2008
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
J'aime assez.
Mais il a fallu que je lise plusieurs fois certaines phrases pour bien comprendre.
Faut pas trop obliger le lecteur à de tels efforts. Enfin. Tous n'ont pas une forme olympique de lecture.

Mais l'histoire, une fois comprise, est troublante... Rêve, réalité confondus, confondant

   carbona   
7/9/2015
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Je n'ai pas tout compris au final. En lisant les autres commentaires, je me rends compte que je ne suis pas la seule et que c'est sans doute là l'intention.

Je n'accroche pas trop avec les récits qui utilisent les rêves et la folie, car je trouve que c'est une facilité qui permet d'envisager tout et n'importe-quoi. La description du rêve elle-même est d'ailleurs un passage de la nouvelle que je n'ai pas trop aimé. Trop confus (à l'image d'un rêve me direz-vous...).

Je regrette que le récit ne soit pas plus abouti, j'aurais souhaité plus de liens, plus d'explications. Que s'est-il finalement passé ce soir dans la forêt de Montmorency ? S'agit-il du soir avec les copains du régiment ? Ou s'est-il réellement produit un accident le soir de la soirée avec les copains du régiment ? Et bien d'autres questions encore...

Sinon, votre écriture est fluide et agréable à lire, c'est le fond qui me fait tiquer. Trop de flous, trop d'approximations, trop d'impalpable.


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