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Réalisme/Historique
mattirock : Les tombes
 Publié le 11/03/15  -  12 commentaires  -  2649 caractères  -  217 lectures    Autres textes du même auteur

La mélancolie d'une fin de repas bucolique et autres questionnements à l'allure poétique.
ou
Douce mascarade provinciale aux cruautés tues où l'on croise le désir de fuite d'un garçon qui ne peut plus courir.


Les tombes


C’est un soir d’été, ceux que vous savez, quand l’herbe verte se fait jaune, le ciel ocre et la lumière pâle. Au loin une douce brume tombe sur les beiges collines, comme l’on drape le corps d’une amante sur le seuil de la mort. Ici dans la prairie, un repas familial dérange les oiseaux autour. Une grande table en plastique blanc court d’un bout à l’autre du petit champ. L’herbe a été coupée la semaine dernière, et quelques pissenlits viennent déjà nous gratter les chevilles. Nous sommes à la fin du repas, quand les conversations se font plus douces que les bruissements des moineaux, quand l’odeur est au café et l’humeur à la sieste. Au milieu, quelques grands-parents s’affrontent silencieusement à la pétanque, pendant que les enfants les regardent de leurs yeux fatigués. Quelques voitures démarrent doucement et on entend le crissement feutré des pneus sur l’herbe sèche, ce sont les cousins et les tantes qui s’en retournent chez eux.


Ne reste à la table qu’une petite dizaine de personnes sur la centaine de l’après-midi. C’est l’heure à laquelle les discussions se permettent d’être plus personnelles, où l’on parle des maladies de chacun, des problèmes d’éducation des autres, du petit Jérémy et de son handicap… Le repas aura duré 7 h, et c’est plongés dans la satiété que les adultes commencent maintenant à se dire au revoir.


On s’approche de moi, mon fauteuil est tourné vers l’horizon, et je regarde l’herbe verte se jaunir, le ciel s’ocrer et la lumière pâlir. J’ai la chance d’avoir le fauteuil le plus confortable de tous, un molletonné, un avec dossier réglable et tout le confort moderne. J’ai même des roues. Bientôt l’on en vient saisir les poignées et on me retourne, on m’éloigne de l’herbe jaune le ciel ocre et la lumière pâle. Face à moi s’ouvre le grand coffre du camion de mes parents, et on m’enfourne dedans. Chaque bout de famille restante se salue et monte dans sa voiture en silence. Il ne reste que tonton Gégé et tonton Marcel pour plier la grande table blanche en plastique et ranger les chaises qui restent. Ils en profitent aussi pour terminer quelques verres en pouffant dans leurs barbes. Deux tontons perdus dans la lumière orangée, ramassant les pieds d’une table blanche tout en sirotant du vin rosé de l’autre main, c’est l’image que j’ai à travers le pare-brise arrière alors que le van bleu s’enfonce dans le petit chemin, pour aller retrouver le gris de la grand-route un peu plus loin.


Quelques minutes plus tard, tout est sombre, le jour est parti, emmenant avec lui le jaune l’ocre et le vert. Vaguement triste, je me demande :


« Où vont les couleurs quand la nuit les tombe ? »


 
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   Neojamin   
18/2/2015
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
C'est un peu court...Dommage, car j'ai bien aimé la poésie du texte. J'aurais aimé plus de constructions au début, une description plus détaillée des convives, donner quelques exemples, décrire les scènes, faire vivre le repas et les personnages pour qu'ensuite, lorsque la fin arrive, on puisse vraiment s'imaginer ce garçon dans sa chaise, comprendre sa différence et s'émouvoir de sa question finale.
Là, c'est trop court, et je n'ai pas eu le temps de visualiser la scène que tout était déjà fini. Je le répète, dommage, car l'émotion est là.
Petits détails :
- «Une grande table en plastique blanc court» Ça m'a fait tiquer le coup de la table qui court...est-ce que l'image fonctionne vraiment ?
- «le ciel s'ocrer» Là aussi je tique...mais pourquoi pas, c'est joli!

Merci et j'espère pouvoir relire cette nouvelle plus étoffée à l'avenir!

   Asrya   
23/2/2015
 a aimé ce texte 
Pas ↑
"douce brume tombe sur les beiges collines" --> pas très joli à lire

"Ici dans la prairie, un repas familial dérange les oiseaux autour" --> Ici, autour ; deux termes qui alourdissent la phrase.

La répétition de "herbe verte", "herbe jaune" "ciel ocre" "lumière pâle" ; pas très habile. Je suis pourtant un grand amateur de ce type de répétition.
Pour le coup, le texte est court, trop pour que ces termes soient aussi souvent repris. Trop pour ne pas être répétitif et attendu.
Difficile de s'en délecter.

Heureusement, une phrase, une seule qui mérite d'être retenue dans ce texte, la dernière : "Où vont les couleurs quand la nuit les tombe ?" une belle image qui résume avec perfection votre écrit ; dommage que l'ensemble de ce dernier ne suive pas cet élan poétique.

Au final, une nouvelle courte, simple, peut-être un peu trop, qui dissimule un intérêt révélé à la dernière minute : une naïveté lyrisée.

Merci pour ce court moment,
J'en aurais souhaité davantage ; plus de profondeur, de détails, d'ambiance, de parfum, d'audace et d'inspiration,
Ce fut une lecture agréable ceci dit,
A bientôt.

   Anonyme   
25/2/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour,
J'ai aimé "le jour est parti, emmenant avec lui le jaune l'ocre et le vert".
Pour faire court, vous avez fait court. C'est dommage. J'ai compris au moment de "mon fauteuil est tourné vers l’horizon" que c'était Jérémy qui parlait. Terrible cette image "Face à moi s’ouvre le grand coffre du camion de mes parents, et on m’enfourne dedans." On le range comme une chaise, comme on plie la table, la nappe...
Vous aviez là un si beau début de nouvelle. Beaucoup d'émotion dans ces quelques mots. On est dans la peau de ce gamin qui semble n'être qu'un regard.
Allez, un petit effort, offrez nous la suite. Surtout que l'écriture n'est pas désagréable et il en ressort quelquefois de belles photos de famille. Par les yeux de cet enfant, il y aurait tant à voir, je pense. Et tant à dire sur le handicap, si on sait trouver le bon ton.
A vous relire.

   Robot   
27/2/2015
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Ce récit court n'offre pas tous les éléments qui permettraient de saisir la situation. L'enfant handicapé ressent-il la réalité que lui font vivre les adultes ou traduit-il son insatisfaction par ce qui semble des reproches. J'aurais aimé plus de développement. Reste une certaine émotion mais qui n'a pas pris toute son ampleur sur un texte trop restreint.

   in-flight   
28/2/2015
 a aimé ce texte 
Bien
C'est plutôt joli, j'aurais bien vu ce texte dans la catégorie "sentimental/romanesque".

Sur un écrit si court, on doit être irréprochable, il y a de belles formules: "Deux tontons perdus dans la lumière orangée", "quand l’odeur est au café et l’humeur à la sieste"...
Mais alors la dernière phrase n'est pas belle et est trop ampoulée pour l'image qu'elle veut nous donner.
"Trop ampoulé", en fait pas vraiment, c'est juste ce ""les" très laid qui n'allège pas la phrase. C'est pour faire raccord avec le titre "les tombes"?
« Où vont les couleurs quand la nuit tombe ?"--> Voilà une très belle phrase, une belle réflexion dans la pensée d'un enfant.


"J’ai la chance d’avoir le fauteuil le plus confortable de tous, un molletonné, un avec dossier réglable et tout le confort moderne. J’ai même des roues." --> Cette partie du texte se veut mordante et cynique, je trouve que l'on voit venir le truc de très loin, notamment avec le petit Jérémy un peu plus haut.

Bonne continuation.

   Anonyme   
11/3/2015
 a aimé ce texte 
Bien
Où vont les couleurs quand la nuit tombe ?
Et pas "les" tombe n'est-ce pas ?
L'idée est très bonne.
Peut-être faudrait-il écrire : "quelques pissenlits viennent déjà gratter les chevilles" ?
7 h --> sept heures aurait été plus joli.
L'image du coffre arrière de la voiture aménagée des parents est percutante, de même que la vision des deux tontons sirotant leur rosé. le contraste entre les deux est terrible.
Le fait que le texte soit court ne me gêne pas puisqu'il parle des impressions du narrateur sur un bref instant, à la fin d'une journée qui a été agréable ou souffrance, nous n'en savons rien même si la lectrice que je suis penche pour la seconde hypothèse. En tout cas ce n'est pas dit. C'est un texte pudique qui suggère.
C'est bien.

   Perle-Hingaud   
11/3/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Ce texte est à la fois simple et poétique. Surtout, il nous implique, nous loge dans le tableau : il y a la première interpellation, bien sûr, mais pas uniquement. Je crois que l’effet repose à la fois sur des descriptions précises d’éléments que nous connaissons tous (par exemple, les pissenlits qui repoussent) et le flou sur le reste, permettant à chacun de remplir le trou avec son propre vécu. De ce fait, nous sommes penchés sur nos propres souvenirs, vaguement attendris, en empathie avec le narrateur en tout cas. L'ironie du traitement du handicap nous cueille donc à vif, avec ce mot « enfourné », terrible et pourtant si commun, je suppose. Ce qui renforce la scène, c’est que justement, cette partie est presque anecdotique, on revient sur les « tontons » et les couleurs. Bref, c’est un texte comme je les aime, des non-dits et des espaces pour rêver.
J’espère vous relire bientôt.

   placebo   
11/3/2015
 a aimé ce texte 
Pas
Le problème, dans les textes ayant un style "poésie en prose", c'est d'assumer ce style jusqu'au bout - j'y reviens dans un instant.

Je suis d'accord avec Asrya pour toutes les remarques sur le style, il y a des choses à corriger. Je ne suis pas fan des "quelques" à répétition (quelques pissenlits, grands parents, voitures…), qui introduisent un flou.

Maintenant, des commentateurs disent que le texte est trop court. Je ne pense pas, il y a des micro-nouvelles (quelques lignes) excellentes. Mais on ne peut pas avoir 2640 caractères de description moins une phrase de dialogue interne, et espérer toucher le lecteur.

Vous voulez écrire avec ce style qui vous plait ? Très bien, mais osez écrire les actions (pas seulement en les modulant par des adverbes comme "doucement" ou en les mettant au passif), les dialogues, et faire naître les émotions.

Bonne continuation,
placebo

   Anonyme   
14/3/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément
J'en ai lu des nouvelles, mais des comme ça... ça non !

Petite explication :

Bizzarement, je n'ai pas accroché sur les deux premiers paragraphes. Je me suis dit : une énième description sur la nature et sur un repas de famille ; bien inutile en somme.

Je pensais donc m'ennuyer... je m'ennuyais déjà à vrai dire, lorsque tout s'est inversé ! Car le troisième paragraphe m'a ému aux larmes.

Je n'avais jamais vécu ça, en effet. Une telle inversion dans mon appréciation, en un paragraphe ! Dans les dix premiers mots, pour être plus précis, de ce troisième paragraphe.

Mon intérêt s'est alors éveillé et j'ai été transporté par le reste du récit, d'une intelligence rare.

Nous voyons à travers ce garçon (voire ce jeune homme) ce qu'il voit et nous voyons ce qu'il pense. Assis dans un fauteuil (une chaise roulante), muré dans son mutisme, nous observons à travers lui cette réunion de famille, en découvrant ses envies.

Une nouvelle courte mais puissante, où il est inutile d'en rajouter.

Un véritable tour de force !

Terriblement beau.

   mattirock   
12/3/2015
Commentaire modéré

   Francis   
12/3/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
La simplicité de l'écriture est en harmonie avec ce repas champêtre.
J'ai beaucoup aimé les couleurs du tableau . Je me suis invité à la table des convives et j'ai aimé ce petit bonheur. J'aurais voulu poursuivre l'instant. J'aurais voulu que le temps s'arrêtât. Où s'en vont les couleurs du jour quand la nuit tombe?

   Anonyme   
17/3/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai beaucoup aimé la simplicité de ces quelques mots. De petites choses toutes simples, un malaise si calme, presque serein. Je pense que c'est là le point fort de ces lignes, faire passer cette ambiguïté sans plonger dans le larmoyant. Nous avons la une situation difficile décrite sobrement.
J'aime la dernière phrase (j'ai vu que d'autres non), sans avoir fait tout d'abord le rapprochement avec le titre. J'aime l'image d'une nuit qui agirait pour enlever les couleurs au jour. J'imagine quelque chose de très enfantin, un croche-patte par exemple, une bousculade.
Je l'aime moins en la rapprochant du titre, mais pourquoi pas.

   Anonyme   
19/3/2015
 a aimé ce texte 
Bien
Franchement c'est dommage cette concision du récit, j'ai presque l'impression que c'est bâclé alors que la qualité de l'écriture dit tout le contraire. Vous teniez une idée riche, émouvante, susceptible d'emporter loin le lecteur et de le faire réfléchir à des thèmes tels que le handicap et ses rapports avec les liens familiaux. Un sujet rarement abordé sur Oniris. Malheureusement vous finissez très vite, abruptement, alors que j'étais à peine remis de ma surprise : « mon fauteuil est tourné vers l’horizon ». Cette révélation vous auriez dû la faire beaucoup plus tard, à un moment charnière permettant de faire basculer le récit dans une autre dimension ; de la normalité à la maladie.

Je regrette cette propension des auteurs à faire court sur internet, comme s'ils cherchaient à attirer les regards avec de petites mises en scènes facilement lues.


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