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Réalisme/Historique
Maumab : La grande débâcle 2/3
 Publié le 10/02/09  -  4 commentaires  -  35561 caractères  -  29 lectures    Autres textes du même auteur

Juin 1940. L'exode. L'auteur alors âgé de dix ans s'éloigne à pied vers le sud en compagnie de sa mère, de ses grands-parents et de leur attelage. Il conte dans ce texte les péripéties de ce dramatique événement.


La grande débâcle 2/3


Broussy-le-Grand, Allemant, Saint-Loup, Linthes, Linthelles, Pleurs. Près de dix-sept kilomètres pour cette troisième étape d’exode, celle du 12 juin 1940.

Ce fut une journée pénible.


La chaleur, dès le matin, fut étouffante. Mille insectes piqueurs se déchaînèrent tout à coup, tant sur les animaux que sur les personnes. Faraud, que son harnachement et son assujettissement à sa charge rendaient comme fou, agitait ses oreilles et battait ses flancs de sa queue. Il lui arrivait de hennir douloureusement et parfois, dans le bitume qui fondait, ses sabots s'engluaient, pour déraper un peu plus loin, ajoutant à sa peine. Chacun redoutait alors la catastrophe qu'une chute du cheval dans les limons n'aurait pas manqué d'entraîner, tandis que mon grand-père, le prenant au bridon, l'aidait à rétablir son équilibre.

Les deux chèvres réagissaient aux harcèlements bourdonnants en fonction de leur caractère qu'elles avaient aussi dissemblable que l'était leur morphologie. Noiraude, alourdie par des maternités successives et déjà bien avancée en âge, se bornait à bêler à fendre le cœur, les flancs frémissants et trottant péniblement. S'il n'y avait eu le licol pour la retenir, Blanchette se fût égaillée dans la nature courant l'aventure, comme la Blanquette de Monsieur Seguin, mais, retenue comme elle l'était, elle répliquait aux morsures des taons par d'inutiles ruades qui déclenchaient les aboiements de Rip.

Je n'étais pas épargné et je m'administrais force claques qui, lorsqu'elles écrasaient l'assaillant, laissaient sur mes joues, sur mon cou, sur mes bras et sur mes jambes de larges traces de sang.


La soif nous tenaillait, les piqûres nous causaient d'intolérables démangeaisons et la guerre, pour nous, commençait véritablement. Les incursions des stukas devenaient plus fréquentes et on ne pouvait plus douter de la retraite de nos armées. Les colonnes montantes avaient disparu et celles qui se repliaient grossissaient d'heure en heure, se hâtant on ne savait vers quelle destination. Sur le côté gauche de la route défilait une théorie de soldats épuisés, les uns motorisés, d'autres conduisant des attelages, d'autres encore, paquetage au dos et fusil à la bretelle, allant à pied.


Cruelle vision que celle d'une armée en déroute, côtoyant femmes, enfants et vieillards chassés de leurs logis ! C'est tout à coup la nation tout entière qui, se coupant de ses racines, s'éloigne toute courbée, sans savoir où la portent ses pas, abandonnant le sol de la patrie à l'envahisseur. Et sur cette foule hébétée, des avions marqués de croix noires piquaient, sirènes hurlantes, déversant leurs bombes sifflantes et leur mitraille crépitante. Des détonations éparses, des éclairs fulgurants accompagnaient les cris d'épouvante et de souffrance.


Quand c'était possible, lors de ces attaques, Paul arrêtait l'attelage au premier boqueteau, à la première haie qu'il rencontrait, bordant le bas-côté. Nous attendions là, impuissants, le retour d'instants plus calmes.

Pour moi, je n'étais plus à une piqûre près. Je m'aplatissais donc au fossé et commençais une reptation, parmi les hautes herbes, me meurtrissant aux ronciers et aux orties jusqu'à y disparaître entièrement, la précieuse valise sur la tête.

Paulette et ma mère poussaient de petits cris d'effroi à chaque détonation nouvelle, à chacun des piqués déclenchant les sirènes.

Mon grand-père, après en avoir serré la mécanique et calé les roues, se glissait sous le tombereau et s'allongeait, sans piper mot. Seule, Tasie s'agitait, ne songeant pas à s'abriter. C'est que la Blanchette la préoccupait. La robe virginale de l'animal ne pouvait que nous faire repérer des avions ennemis. Alors Tasie s'évertuait à étendre sur le dos de la chèvre, l'un de ses grands caracos noirs. L'autre qui ne se sentait nulle responsabilité dans le déroulement des opérations militaires ne voulait rien entendre et faisait feu de la tête et des quatre pattes, pour échapper à la tenue de camouflage. Tasie jurait :


- Ah ! ma carne ! Ah ! ma charogne !


L'alerte était depuis longtemps passée que ma grand-mère et la Blanchette en décousaient encore.

Alors, on repartait.


En fin d'après-midi, après avoir traversé le village de Saint-Loup, nous débouchâmes sur une route transversale qui nous proposait, à gauche, de gagner Pleurs, via Linthes et, à droite, de gagner ce même village, via Linthelles, la distance étant identique. Il me semble que l'on prit à droite, mais je ne saurais l'affirmer.


Sur nos têtes cependant le ciel s'assombrissait. Venues de tous les azimuts et poussées par un vent qui soulevait soudain d'énormes tourbillons de poussière, des nuées jaunes, des nuées grisâtres et noirâtres, des nuées violacées se réunissaient en un gigantesque cumulo-nimbus.

La rencontre de ces nuées faisait jaillir d'impressionnants éclairs et déchaînait des roulements de tonnerre ininterrompus. Parfois un claquement sec accompagnait un fulgurant zigzag qui, pour quelques secondes, semblait vouloir unir la terre et le ciel.

Et puis ce fut presque la nuit. Le ciel d'encre s'ouvrit soudain et des gouttes géantes, larges comme des pièces de vingt sous, se mirent à crépiter sur la route, accompagnées de grêlons qui couraient, comme vivants, poussés par le vent.

Nul abri ne s'offrait à nous. En un instant, nous fûmes trempés. Cependant nous avancions au rythme de l'attelage. Une bonne odeur de poussière et de terre mouillées se répandit alentour, tandis que de larges flaques comblaient les nids de poules de la route. Nous avancions sous l'un des plus violents orages que j'aie jamais vus, sous le seul orage qui m'obligeât jamais à me changer de la tête aux pieds. Pleurs ! Village au nom prédestiné ! On y arrivait enfin.


Il n'était pas question de prolonger l'étape. On trouva rapidement le gîte sinon le couvert. C'était une nouvelle grange. Ma mère m'y frotta longuement, avec énergie, d'une serviette tirée de la valise à linge. Je passai une nouvelle chemisette, une nouvelle culotte, de nouvelles chaussures. On dîna et puis on s'endormit d'un sommeil lourd, tandis qu'au ciel jaillissaient par intervalles les derniers éclairs et qu'à l'horizon se mouraient les ultimes grondements de l'orage.


Le départ de Pleurs, au matin du 13 juin, après une nuit trop peu reposante, fut, pour moi, un déchirement.

Je n'en pouvais plus. Mon visage était boursouflé des piqûres de la veille, mes bras et mes jambes zébrés de griffures, un peu partout, se couvraient de cloques urticariennes. Tout mon corps me cuisait. J'aurais voulu que l'on restât là, dans cette paille et que l'on n'en bougeât plus.


Mon grand-père, ayant déjà soigné puis attelé son petit cheval, attendait, très calme à son ordinaire.

Tasie pestait. Allons ! Il fallait partir. Elle répétait, une fois de plus, qu'elle ne voulait, à aucun prix, voir les Allemands, pour la seconde fois de sa vie. Cette mauvaise humeur n'était pas étrangère au décès, dans le cours de la nuit, d'une ou deux volailles et de trois ou quatre lapins. Apparemment les survivants ne se portaient pas trop mal et ils commençaient, dans leur mannequin, à disposer d'un espace à peu près vital.


Noiraude, comme moi, fût volontiers demeurée, mais Blanchette, toute guillerette, déjà cabriolait, prête à affronter la Luftwaffe, pourvu que Tasie la dispensât du caraco noir.

Notre convoi s'ébranla et s'en fut prendre difficilement sa place, dans la file de droite, déjà reconstituée.


Le cauchemar continuait.

Nous partions pour une étape qui ne s'achèverait que le lendemain, au soir, à Rigny-le-Ferron, cinquante-cinq kilomètres plus au sud, aux confins des départements de l'Aube et de l'Yonne, étape qui serait la dernière, l'étape de la reddition.

Pleurs, Marigny, La Chapelle-Lasson, Marsangis, Anglure...


De nouveau les kilomètres s'ajoutèrent aux kilomètres, de nouveau mugirent les sirènes des stukas, sifflèrent leurs torpilles, crépitèrent leurs mitrailleuses. De nouveau des nuées de taons fondirent sur nous, se gorgeant de notre sang. De nouveau je connus la morsure des ronces et des orties, à chacune de mes reptations dans les fossés. Dans cette végétation cruelle je m'insinuais aussi profondément que je le pouvais. Ma valise sur la tête, je m'efforçais de boucher mes oreilles, pour ne plus entendre les déflagrations infernales.


De ces villages que nous traversions, désormais les populations fuyaient à leur tour, abandonnant fermes et maisons. Leur troupe, leurs attelages venaient grossir les nôtres. Ce n'était plus, devant comme derrière, qu'une immense colonne que doublaient, de temps à autre, des véhicules militaires.


On commença de voir un spectacle désolant. Dans les pâturages qui jouxtaient les bords de la route, les vaches s'agitaient. Et cette agitation ne devait rien aux diptères qui percent la peau et se repaissent de sang, pas plus qu'aux diptères mugissants et crépitants qui parcouraient le ciel inlassablement. Les vaches n'étaient plus traites et leurs mamelles gonflées, devenues lourdes et douloureuses, leur étaient un supplice permanent.

Les mugissements en étaient tout à coup changés et forçaient l'attention par le poids de leur appel, car ces bêtes appelaient. On les voyait se rassembler, aux portes des parcs, portes qu'à l'ordinaire elles franchissaient quatre fois par jour, avant et après chacune des deux traites quotidiennes. Surprises de ne pas voir venir, elles regardaient passer notre interminable procession de fuyards et, mufle en l'air, elles meuglaient avec des inflexions douloureuses.


- Pauvres bêêêtes ! s'apitoyait Tasie. Et la pitié prolongeait démesurément l'accent circonflexe.


Fuyant les appels désespérés des animaux, nous traversâmes Anglure. Ce chef-lieu de canton du sud du département de la Marne me parut une bourgade importante, comparée aux maigres villages jusqu'à lors traversés. De fait, Anglure compte, aujourd'hui encore, près de huit cents habitants.

On s'y affairait étrangement. Des allées et venues de civils, apparemment pressés, se conjuguaient avec des mouvements de troupes insolites.


- Pressez-vous ! pressez-vous ! vite ! vite ! plus vite ! entendait-on de tous côtés.


Tout à coup, j'entendis ma mère pousser un cri de frayeur. Devant nous, pour reprendre haleine un instant, un homme venait de poser la brouette qu'il poussait devant lui, en toute hâte. Or, à cette brouette, il manquait une patte et elle avait failli verser et dedans, à demi assise, à demi étendue, une jeune femme, toute pâle, gémissait doucement. Elle était enveloppée de couvertures, en dépit de la chaleur et, recroquevillée, elle tenait dans ses bras une sorte de paquet. Ce paquet semblait agité de mouvements. C'était un petit enfant nouveau-né qui vagissait. On évacuait la maternité d'Anglure.


À mesure que l'on s'acheminait vers la sortie de la ville et alors même que les militaires nous exhortaient à faire diligence, on n'avançait plus que très lentement et l'on ne pouvait voir la tête de la colonne. Que se passait-il en aval ?


L'explication nous fut tout naturellement donnée lorsque de loin, nous découvrîmes le pont qui enjambe l'Aube et sur lequel on circulait difficilement. Des soldats creusaient, rétrécissant le passage. Des caisses s'amoncelaient, d'où ils tiraient d'étranges objets oblongs. Mon grand-père nous expliqua que l'on minait le pont, afin de le détruire, ce qui empêcherait l'ennemi d'avancer plus profondément sur notre sol ou, à tout le moins, ralentirait sa progression. À l'école, je n'étais pas un mauvais élève ! Je savais un peu de géographie que diable ! Alors pourquoi donc les Allemands ne franchiraient-ils pas l'Aube, puisqu'avant de parvenir jusqu'à sa rive droite, ils avaient dû franchir déjà la Meuse, puis l'Aisne, puis la Marne ? Avait-on négligé de faire sauter les ponts sur ce fleuve et sur ces rivières ? Je ne comprenais rien à cette stratégie militaire qui, tantôt pulvérise, et tantôt épargne.


Une autre réflexion, comme nous débouchions à l'entrée de ce pont, provoqua tout à coup une vive angoisse qui accéléra les battements de mon cœur. Et s'ils allaient faire sauter l'ouvrage quand nous serions au beau milieu ? Et s'ils le faisaient sauter, comment passerait la multitude que l'on apercevait en amont, à perte de vue ? Il fallait bien attendre que tous ces pauvres gens soient en sécurité sur l'autre rive et se soient suffisamment éloignés pour échapper à la retombée des matériaux que l'explosion allait nécessairement susciter.


L'effroi se lisait alentour, sur les visages, dans les comportements où déjà se discernaient les premières manifestations de ce « chacun-pour-soi et sauve-qui-peut », générateur de panique. On devinait des bousculades à la sortie du pont et l'on entendait des injonctions contradictoires :


- Vite ! Vite !... Le pont va sauter !

- Du calme ! Du calme ! Ne bousculez pas ! Ne gênez pas !


Cependant, à la vitesse du limaçon, nous avancions, prenant garde à ne rien heurter de tous ces engins de mort qui traînaient un peu partout, des obus, des fusils, une mitrailleuse en position de tir sur ses trois pattes. Qui atteindrait-elle, si elle se mettait soudain à cracher ses balles, sinon les pauvres gens qui affluaient de plus belle ? Je compris que les réfugiés gênaient nos soldats et que, pour défendre la France, il leur faudrait tuer des Français. Cruelle dérision !


Soudain, alors que nous en avions presque terminé de la traversée du pont, je le reconnus, lui, « l’espion » que le petit lieutenant avait voulu fusiller. Il tenait sa bicyclette à la main et semblait tenter de mettre de l'ordre dans l'inextricable cohue de véhicules motorisés, de carrioles et de piétons. Il me terrorisait. J'étais persuadé que sa présence en ce lieu allait attirer sur nous de grands malheurs. N'avait-il pas déjà réussi à bouleverser les itinéraires, mêlant soldats et réfugiés et rendant vaine toute résistance à l'ennemi ?


Nous n'avons jamais su ce qu'il en était au juste de cet homme que la foule unanime redoutait et dont elle disait pis que pendre. Bien plus tard, mettant de l'ordre dans mes souvenirs de ces jours effroyables, je compris ce qu'était un bouc émissaire et combien il faut se défier des mouvements de foule et des comportements grégaires. Que reprochait-on à cet homme et en quoi était-il suspect ? Je crois tout simplement que, dans cette société des émigrés si effarée, il était un marginal. Il y avait peu d'hommes de son âge parmi nous. Pourquoi donc n'était-il pas au front ? Nous étions groupés par familles. Pourquoi était-il seul ? Nous étions bloqués dans le convoi, contraints d'y occuper une place sans possibilité de dépassement ou même d'arrêt. Pourquoi n'avait-il aucun bagage, ce qui lui permettait d'aller et venir sur sa bicyclette, remontant la colonne, s'arrêtant, repartant à son gré ? Nous parlions peu, abasourdis par les événements. Lui se montrait volontiers disert, interrogeait l'un, interrogeait l'autre, commentant les réponses, comme pour en savoir davantage. Singulier personnage ! Différent, donc suspect, donc coupable, donc condamné, presque fusillé, sans jugement. Et s'il était innocent et inoffensif, seulement victime d'une absurde dénonciation et de cette psychose collective qui faisait voir partout, à l'époque, des parachutistes et des espions déguisés en bonnes sœurs ?


Nous quittâmes enfin ce pont diabolique et, dès lors, le train s'accéléra et reprit son rythme de croisière, celui des chevaux de trait.


Mais qu'avait tout à coup la route ? Pourquoi était-elle si large, avec des arbres énormes qui nous dispensaient une ombre généreuse et bienfaisante ? C'est que nous avions atteint une départementale de première catégorie, la RD 440, caractérisée effectivement par une plus grande largeur et un entretien bien plus vigilant. Et ces mots si peu parlants, entendus lors des leçons d'instruction civique, route nationale, route départementale, chemin vicinal s'éclairaient soudain de la réalité.

Sur la portion de route qui conduit d'Anglure à Saint-Just-Sauvage, les arbres étaient élevés, les frondaisons de droite et celles de gauche se rejoignaient très haut, pour former une voûte, si bien que la route était comme une nef de cathédrale. À droite, un talus assez abrupt dominait un fossé profond qui faillit bien être notre tombeau.


De lancinants vrombissements se firent entendre soudain, dans le lointain, puis peu à peu s'approchèrent, s'enflèrent, s'enflèrent encore. Déjà, abandonnant les attelages, chacun se précipitait au fossé. Agglutinés au talus, s'y cramponnant pour ne pas être précipités plus bas, hommes, femmes, enfants, tous étaient livides, roulant des yeux hallucinés qu'agrandissait l'horreur. Il ne s'agissait plus, cette fois, d'un oiseau noir esseulé, venu nous saluer d'une bombinette et d'un tac, tac, tac de mitrailleuse, mais d'une immense flotte aérienne où les vagues succédaient aux vagues.


Sirènes, sifflets, détonations se mêlaient de plus belle et cette fois, c'était bien sur nos têtes que se déchaînait la formidable aviation allemande. Ce n'était plus, semblait-il, ni à droite, ni à gauche, ni devant, ni derrière, c'était là, juste au-dessus de nous. Des branches d'arbres fracassées commençaient à s'abattre alentour, presque à portée de main, des balles, des éclats traversaient la voûte de feuillage. Nous les entendions ricocher sur la route. Les chevaux hennissaient à rendre fou. Quel cri horrible que le hennissement d'un cheval blessé, frappé d'épouvante, soudain devenu dément. Bientôt ce ne furent plus qu'appels, lamentations et sanglots. De toutes les gorges sortaient des cris qui n'avaient plus rien d'humain. Des blessés hurlaient de souffrance.


- Ah ! mon gamin, criait ma mère, c'est fini, c'est fini !

- Taisez-vous Mathilde, disait Tasie, vous allez lui faire peur !


Stoïque et pensif, mon grand-père se souvenait sans doute d'événements semblables, survenus vingt-cinq ans plus tôt. Son visage demeurait impassible. Pour lui, le quart de siècle écoulé s'était estompé, c'était comme un retour du passé, c'était la guerre, la guerre qui continuait, la guerre qui ne l'avait pas lâché.


Cela durait, durait. Sans cesse de nouvelles vagues d'avions déversaient ces bombes sifflantes qui semaient l'épouvante. On continuait à entendre hennir les chevaux, des flammes s'allumaient, bien visibles à travers les ramilles, celles des meules de foin incendiées, dans les prairies voisines. Je fus surpris, pour n'avoir pas reçu d'éducation religieuse, d'entendre des voix, dont celle de Tasie réciter des prières.


- Notre père qui êtes aux cieux, disait-elle.


Pourquoi ce père n'intervenait-il pas, pour faire cesser ces atrocités ?


On ferait halte au prochain village. Ainsi en décida mon grand-père, après la traversée de Maizières-la-Grande-Paroisse.

Le prochain village, ce fut d’abord Les Granges, un hameau situé au carrefour de la route que nous suivions et de celle qui, à droite, conduit à Romilly, distant de cinq kilomètres.

Romilly ! Ce nom me frappa. Certes je n'y étais jamais allé et pourtant cette ville m'était familière. Mon père nous en parlait souvent. Il y conduisait des trains, depuis Épernay, deux ou trois fois par semaine, puis on lui assignait d'autres destinations, comme, par exemple, Challerange. Romilly et Challerange, puisque mon papa y allait, ne pouvaient être que des Mégalopolis. Ainsi en jugeait mon esprit d'enfant.


Le hameau des Granges, minuscule, ne pouvait nous recevoir. On poussa donc jusqu’à Origny-le-Sec, dans un dernier sursaut d’énergie.

Paul trouva rapidement un gîte chez des habitants qui s'apprêtaient à partir. Il avait, comme chaque soir à l'étape, dételé et pansé son cheval. Il lui avait donné double picotin et l'avait laissé s'abreuver abondamment. Chiens et chèvres s'étaient aussi désaltérés et Tasie s'en était allée à la recherche de quelques provisions pour notre dîner. Ma mère allait m'imposer la toilette vespérale lorsque l'on vit revenir ma grand-mère qui, bien qu'empêtrée en ses longues jupes, courait à perdre haleine.


- On s'en va, on s'en va, criait-elle, les yeux hors de la tête. Les Allemands sont en boule d'or !


En écoutant parler les adultes, je compris que cette énigmatique boule d'or n'était pas le talisman des armées hitlériennes, mais le nom d'une avenue de Romilly, l'avenue de la Boule d'Or. L'ennemi était à cinq kilomètres de nous ! Le pont d’Anglure n'avait donc pas sauté ? Je n'y comprenais plus rien.


Nous repartîmes, harassés et affamés mais farouchement décidés à mettre des kilomètres entre l'envahisseur et nous, à la faveur de la nuit.


Tandis que, petit à petit, tombait la courte nuit de juin, je réfléchissais à tout ce que j'avais vu et entendu.

Ainsi, les Belges et les Anglais nous avaient abandonnés. Et les Italiens, disait-on, nous avaient déclaré la guerre, ce qui n'arrangeait pas nos affaires, déjà si mal engagées. On ajoutait que nous étions victimes des Italiens. Les sirènes et les sifflets des torpilles et des avions, cela venait de chez Mussolini. Maître Bourdaud'hui, naguère l'avait bien dit que les « Macaronis » étaient de méchantes gens. Cette présence d'avions italiens sur le front français de 1940 est légende, selon toute vraisemblance, une légende que pourtant, près de soixante ans après, certaines personnes accréditent encore. Difficile d'extirper les idées reçues !


Comment les Allemands pouvaient-ils être si près ? N'avait-on pas installé d'énormes chevaux de frise à l'entrée de nos villages ? Ces défenses, hautes de plusieurs mètres et hérissées de fils barbelés avaient dû être mises en bonne place, après notre passage. Je les avais vues ces défenses et elles m'avaient rassuré. Alors, quoi ? Que se passait-il ?


La courte nuit d’été fut peuplée de cauchemars car, tout en marchant machinalement, je dormais au bras de maman. C'était à chaque fois un incident qui m'éveillait. On avait revu l'espion à plusieurs reprises. Dans la cohue, certains assuraient l'avoir vu agiter un fanal et baliser ciel et prairies, pour adresser des signaux à l'ennemi. Décidément la cinquième colonne était là, parmi nous, et on la laissait impunément se livrer à ses méfaits !


Devant nous allait une femme, poussant une voiture d'enfant, où sommeillait une petite fille. Soudain, sans que l'on comprenne ce qui s'était passé, une des roues de cette voiture se détacha. Il fallait suivre cependant. Abandonnant le landau, la mère y prit son enfant et une valise et continua son chemin, le bébé sur son cœur, sa valise à la main, dans la plus parfaite indifférence. Chacun pour soi et Dieu pour tous ! On perdit bientôt de vue femme et enfant. Dans ce film de l’exode, les rebondissements étaient multiples, les événements se juxtaposaient, comme autant d’instantanés, sans solution de continuité.

Et ce fut l'aube, l'aube du 14 juin, l'aube du dernier jour de ce calvaire.


Nous avions peu progressé durant la nuit, contrairement à nos espoirs. Il me sembla que nous avions traversé quelques villages mais dont je n'avais pu lire le nom puisque je somnolais tout en marchant. Je ne saurais dire quel itinéraire nous avons suivi au cours de cette nuit mouvementée.


La journée du 14 fut semblable aux précédentes : marche, cohue, avions, plongeons, détonations, crépitements... marche, cohue, avions...

Je devais toutefois faire connaissance avec un phénomène nouveau, le pillage. Nous traversions maintenant des villages désertés et tout ravitaillement par la voie du commerce local était aléatoire, sinon définitivement exclu. Nous mourions de faim avec viande en saloir ! Et autour de nous, le peuple de la route avait faim. Alors, on vit le peuple de la route entrer dans les maisons, y prendre ce qu'il y pouvait trouver. On vit le peuple de la route mettre à sac les épiceries et les succursales des comptoirs français et du familistère, à la stupéfaction indignée des honnêtes gens.


On vit aussi des lambeaux de l'armée française en déroute investir une cave à vin et s'y livrer à une invraisemblable beuverie. Qui donc le leur aurait reproché, après tant de souffrances. Et d’ailleurs, où donc étaient les chefs ?


Alors que ma mère et moi marchions sur un trottoir, dans la traversée d'un village, j'avisai à mes pieds un kilo de sucre en morceaux.


- N'y touche pas, cria ma mère, ça pourrait exploser !


En avions-nous entendu des histoires de colis piégés qui vous pétaient au nez et vous déchiquetaient à la moindre tentative d'appropriation ! Cependant, si cet explosif était tout simplement du sucre, abandonné là par un pillard trop encombré de ses larcins ? Si c'était du sucre, de ce sucre dont nous manquions si cruellement depuis quatre jours ?

Je regardai avec terreur ma mère se pencher, hésiter, puis saisir le paquet et l'ouvrir avec précaution.


- C'est du sucre, gamin, me dit-elle avec émotion.

- Le seigneur Jésus nous pardonnera, ajouta Tasie.


Le village au sucre s'appelait Planty, à moins que ce ne fût Vulaines, mais l'un ou l'autre, assurément.


En fin d'après-midi, rassemblant les forces ultimes, on parvint à un dernier village. Plus personne n'était en mesure d'aller plus loin. Faraud écumait de la bouche et des naseaux et montrait ses incisives allongées de cheval de quinze ans. Noiraude avait usé ses sabots et boitillait. Couché sous le tombereau à l'arrêt, Rip tirait une langue assoiffée. Attelage arrêté, nous nous étions tous assis sur le trottoir, attendant on ne savait quoi, décidés à ne plus bouger, quoi qu'il arrive. Tasie elle-même, renfrognée comme aux plus beaux jours de ses bouderies, ne parlait plus d'échapper aux Boches. Seule Paulette demeurait suffisamment vaillante pour désobéir et filer sur la bicyclette au nez de Tasie qui n'avait plus la force de juguler la rébellion.


Le village s'appelait Rigny-le-Ferron. Nous avions presque entièrement traversé le département de l'Aube. Le bourg de Saint-Florentin, dans l’Yonne, qui figurait à notre tableau de marche n'était plus qu'à une quinzaine de kilomètres. Mais plus personne ne croyait voir un jour le Morvan. C'était fini, bien fini. On ne songeait plus qu'à dormir, dormir n'importe où, mais dormir.


À quelques pas, dans une voiture réquisitionnée par l'armée, un capitaine écoutait la radio. Nous entendîmes :


- Monsieur Paul Reynaud va faire connaître à la France la réponse du président Roosevelt.


Mais Roosevelt est loin, je le sais, moi. Il est en Amérique, de l'autre côté de l'Océan Atlantique. Il ne peut rien pour nous.

C’est alors qu’on vit Paulette revenir rapidement vers nous, à grands coups de pédales. Elle nous rejoint, s'arrête et prononce cette phrase étrange :


- C'est les bochtanks !


Quel est ce nouveau vacarme ? Non, ce ne sont pas des avions. C'est un bruit qui monte de la route tout à coup vibrante, un bruit qui enveloppe et submerge le village, assourdissant et lourd de menaces. Une rumeur confuse, des coups de feu et, débouchant au tournant de la route où nous nous trouvions quelques minutes auparavant, l'armée allemande, vague déferlante, irrésistible.


Qu'on imagine la rue principale d'un village, bordée d'assez larges trottoirs où se reposent, harassés, les marcheurs de l'épouvante. Qu'on imagine, à droite comme à gauche, des voitures, des attelages arrêtés. Qu'on mesure l'espace disponible...

Occupant largement cet espace, s'avancent d'énormes chars d'assaut, parfois flanqués de voitures. Ce sont leurs puissants moteurs, ce sont leurs chenilles qui provoquent cette trépidation intense et font trembler les vitres des maisons. Comme je comprends l'impossible résistance de nos naïfs chevaux de frise. L'armée française se croyait encore en 1914 ! Dérision, dérision !


Derrière nous, le capitaine était sorti de sa voiture, un revolver au poing. Un revolver contre des blindés ! Une misérable pétoire contre les panzers ! Dérision !

Des soldats entourèrent le courageux officier qui voulait se faire sauter la cervelle dans son désarroi. Ils lui représentèrent l'inanité de toute résistance et les risques qu'il faisait courir aux réfugiés, à brandir ainsi son arme. L'homme se laissa désarmer et éclata en sanglots :


- Non, non, non, disait-il.


C'était le parfait symbole de la patrie humiliée.


Les chars approchaient. Tout de noir vêtus, les soldats allemands, sans doute persuadés qu’ils n’avaient plus rien à craindre depuis longtemps, avaient largement mis le nez à toutes les fenêtres de leurs monstres. Ils pointaient sur nous de menaçantes mitrailleuses dont on voyait braqués les tubes percés d’ouïes de refroidissement.


Les bras se levaient, ceux de mon grand-père, résigné, ceux de ma grand-mère, vindicative, ceux de ma mère et de Paulette, éberluées, les miens, ceux de tous les réfugiés, ceux des habitants qui regardaient par les fenêtres ouvertes de leurs maisons. Et puis ceux des soldats qui avaient jeté leurs fusils. Et puis lentement et en dernier, ceux du capitaine courageux.

Souvent, lorsque les programmes télévisés évoquent cette sombre époque de notre histoire, on revoit à l'écran une scène identique : des bras levés et, au premier plan, ceux d'un enfant. Cette image, je l'ai revue dix fois, vingt fois, jamais je n'ai pu m'empêcher de m'identifier à cet enfant.


Ensuite, tout alla très vite. Des camions qui suivaient les chars, des soldats, également vêtus d'uniformes noirs arborant des têtes de mort en guise de badges, avaient sauté, mitraillette au poing. Ils avaient rassemblé les soldats français qui, mains sur la nuque, déjà s'éloignaient vers l'arrière, flanqués de serre-file.


Tous les fusils abandonnés furent ramassés et brisés. Les hussards de la mort en rompaient les crosses en les frappant sur leur cuisse. Ah ! dérisoires escopettes françaises qui ne résistaient pas au fémur d'un soldat ennemi !


Le premier émoi passé, on s'adapta. Les Allemands, ô combien menaçants à leur arrivée dans le village, n'avaient finalement tué personne. Nous les regardions avec curiosité. Leur langue était dure, avec des sonorités gutturales, tel qu'il n'en existe pas en français. Ces soldats étaient très jeunes. Ils se laissaient approcher. Un réfugié prétendit connaître un peu leur langue mais, à la rescousse de son sabir, il appelait volontiers toute une panoplie gestuelle. Par le truchement de cet interprète impromptu, on apprit que ni Reims, ni Épernay n'étaient kaput ! Mais que signifiait au juste l'expression ? Voulait-elle dire que les deux villes résistaient encore ou qu'elles avaient traversé la tourmente sans dommages ? On opta pour la seconde acception, plus rassurante et qui laissait entrevoir le retour en un logis intact. Chose absolument singulière, incroyable et qui nous aurait paru absolument inadmissible quelques heures auparavant, un étrange courant passait entre ces jeunes soldats à nous. Leur savions-nous gré de manière confuse de notre vie sauve ? Leur étions-nous reconnaissants d'avoir mis un terme aux souffrances endurées au long des routes ? Nous les fuyions depuis cinq jours, redoutant de tomber entre leurs mains et maintenant que le malheur était arrivé, nous n'en étions plus accablés. Curieuse alchimie que les sentiments humains ! Ils souriaient, nous parlaient volontiers, mais cela n'allait pas bien loin :


- Ah ! Grosse malheur, la guerre !


Je sentais, en la déplorant, leur supériorité extraordinaire. Des officiers en grand uniforme, impeccablement sanglés, coiffés de képis d'une suprême élégance, leur donnaient parfois un ordre. Ils faisaient alors claquer les talons de leurs bottes, levaient et tendaient le bras droit en disant :"aillitla", puis ils obtempéraient sans tarder. Il y avait dans cette armée une discipline de fer.


Et déjà ils s'affairaient, déroulaient des câbles, déployaient drapeaux et larges étendards où je reconnus les croix noires des avions et les svastikas, ces croix tordues que j'avais déjà vues en 1937, à l'exposition universelle, dans le pavillon de l'Allemagne.

Une à une, ils investirent toutes les maisons du village et dénombrèrent les habitants, dressant des listes, organisant leurs contrôles futurs, ne laissant aucune chance à l'imprévu. D'ailleurs, dès le lendemain, l'une des maisons, choisie parmi les plus cossues, était devenue la Kommandantur, et déjà s'y installaient les bureaux du commandement militaire local par lequel il faudrait passer désormais.


Après avoir dîné sur le pouce, encore émus de la précipitation des événements du jour, on songea à dormir.


Il y avait en juin 1940, à la sortie de Rigny-le-Ferron, à gauche lorsque l'on regarde en direction de Bérulle, plus proche village au sud, une grange immense, très longue, très large et très haute. Les bottes de paille entassées y ménageaient comme des étages où s'installèrent peu à peu tous les réfugiés qui souhaitaient dormir en altitude. Ma famille qui montrait peu de goût pour l'escalade préféra les avantages du rez-de-chaussée et s'y installa, non loin de la porte, pour pouvoir sortir plus vite en cas d'incendie, disait Mathilde, toujours optimiste !


À notre droite, mais perpendiculairement à nous, s'était installée une famille de républicains espagnols, ayant trouvé refuge en France, après la victoire franquiste. Cette famille comprenait le père, la mère et deux filles. L'aînée, peut-être un peu plus jeune que Paulette, pouvait avoir quinze ou seize ans. Elle se prénommait Ramona, ce qui d'abord nous amusa car chez nous, dans les villages, on appelait ramonas ces petits ramoneurs savoyards qui jadis grimpaient dans les cheminées dont ils grattaient la suie de leur hérisson. La seconde fille était un peu plus jeune que moi. On l'appelait Carmen. Je la trouvais très jolie et elle compta parmi mes nombreuses amours enfantines, si timides et si pures. Ce fut Ramona qui, peu à peu, nous apprit qui ils étaient, d'où ils venaient et quels étaient maintenant leurs espoirs et leurs craintes. À l'entendre, je compris qu'Hitler l'Allemand et Franco, l'Espagnol avaient noué un pacte d'assistance. Après avoir fui l'un, ces pauvres gens étaient tombés entre les mains de l'autre. La terreur se lisait sur leur visage et tout particulièrement dans le regard de Carmen que je surpris souvent à sursauter au moindre bruit. Je la jugeai bien plus à plaindre que moi.


Au milieu de la nuit, la porte de la grange roula silencieusement sur ses glissières. Des soldats allemands apparurent, munis de torches électriques. Ils entourèrent successivement chacun des groupes familiaux, les dénombrèrent, escaladèrent les meules pour atteindre les étages, projetant partout les halos de leurs torches afin de vérifier qu'ils n'omettaient personne. On n'en menait pas large mais ils ne nous voulaient pas de mal. Du moins savaient-ils combien de personnes dormaient dans la grange.

Nous les revîmes au matin. Ils nous donnèrent des bonbons dont Mathilde supposa d'abord qu'ils étaient au cyanure et dont Tasie, hargneuse à son ordinaire, prétendit qu'ils ne leur avaient pas coûté cher, puisqu'ils venaient de nous les voler !


Ainsi s’achevait, dans la servitude, ces quatre jours de fuite vers la liberté. Comme à Moïse la terre promise nous était refusée. Nous n’atteindrions jamais la Nièvre. À quoi servirait-il maintenant de suivre les Allemands vers le sud, après les y avoir précédés alors que nous les fuyions ? Non, il fallait rentrer et le plus vite serait le mieux, mais il était clair, pour le moment, que nous n’en avions plus la force physique et que l’arrivée tant redoutée de l’ennemi avait limé notre ressort moral. Il faudrait donc attendre un regain de vitalité avant de reprendre la longue marche.



 
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   Maumab   
10/2/2009
Ce texte est un extrait de mon récit autobiographique "Soixante années dans les écoles de la République" (tome 1er 1929-1941) publié en 1999, éditions Lorisse.

   xuanvincent   
10/2/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Après une lecture rapide, ce texte m'a paru intéressant et bien écrit.

   Menvussa   
10/2/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Le récit est toujours aussi bien écrit, toujours aussi palpitant. Que de souvenirs.

Merci Maurice pour cette page d'une histoire encore très proche de nous et qui malheureusement, lorsque l'on voit ce qui se passe sur la planète, n'aura guère servi de leçon.

   Anonyme   
12/2/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Ce texte est une leçon d'histoire bien raconté. Merci cela m'a rappelé les récits de mes parents qui eux sont rentrés 24 h après...
Xrys


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