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Mauron : À la lumière de Baume noire
 Publié le 06/07/15  -  4 commentaires  -  12115 caractères  -  111 lectures    Autres textes du même auteur

Un théoricien habite sur le versant sud de la montagne de Baume noire et il médite sur le transhumanisme qui fait vaciller ses certitudes théoriques.


À la lumière de Baume noire


À la lumière de Baume noire

(Monologue d’un théoricien)

« Tel vieux Rêve, désir et mal de mes vertèbres » (Mallarmé)



Beauvoisin est au sud. En plein. Un adret offert au soleil. J’y vis bien. Je suis comme un lézard, j’aime le soleil, sa lumière, mais il m’arrive aussi de théoriser et j’aime que le dieu Soleil sache dissiper les ombres et les ténèbres. J’élabore d’ailleurs ces temps-ci une théorie sur les théories ; il me semble, en effet, que chacun ne peut être que le théoricien de lui-même, de sa vie ; après, il y a ceux qui tentent d’élucider les grandes théories prétendant à l’universel de quelques théoriciens de génie. Ceux-là, ce sont des universitaires, qui croient qu’on peut théoriser la théorie d’un autre, la rendre claire à soi-même et aux autres, à tous les autres. Ils me semblent se mettre « le doigt dans l’œil » ces gens-là… C’est pourquoi je les appellerais plutôt des théologiens. Au fond, ils ne m’intéressent pas.


Il est un peu paradoxal que la montagne sur le versant duquel je vis s’appelle Baume noire, parce qu’il n’est pas de versant plus lumineux que celui-ci. Dès le premier matin, tout y est pur et simple, et reste clair jusqu’au dernier crépuscule. Et ce, en toutes saisons. En effet, « Baume noire » signifie en français : « la grotte obscure ». En tant que théoricien, je ne peux pas ne pas songer à la caverne de Platon, ni aux Idées… J’ai des idées, plein, et j’ai besoin de leur lumière et j’ai besoin de la lumière pour qu’elles restent lumineuses.


Tous les jours, une révélation m’attend dehors, midi à ma porte m’éclaire, quand je sors de chez moi, le soleil me semble être l’image, le symbole parfait, du soleil intérieur de l’intelligence et de l’esprit que j’essaie, chaque matin de raviver. Pourtant, l’été, il y a tant de lumière que celle-ci m’écrase. Avant midi, bien avant, dès l’aurore, je mets tous les volets de ma maison « en cabane » comme on dit, afin d’y installer la fraîcheur, la pénombre. Trop de lumière et de chaleur obscurcissent l’esprit.


Il y a de la nuit, chez moi, tous les jours, comme partout. La nuit surgit le soir, et, avec elle, d’autres idées plus sombres. Je n’aime pas la nuit, pourtant j’aime dormir, oublier que je vis. Surtout ne pas rêver, ou du moins, ne pas se rappeler ses rêves, ses cauchemars, ne pas se rappeler qu’on rêve…


En théorie comme en pratique, un théoricien a ses dieux… Les miens, je ne les connais plus, ne les reconnais plus. Je suis en crise ces temps-ci. Je doute. Longtemps, j’ai cru que la vie était mon dieu et avec elle, celui qui la rendait possible, le soleil. C’étaient mes dieux diurnes, ceux vers lesquels j’avais choisi de me tourner. Je ne les dissociais pas de la conscience qui me semblait advenir avec eux.


Hélas, j’ai compris depuis peu, en découvrant le transhumanisme (et cela me porte ombrage), que l’intelligence devient, va devenir artificielle, laissant celle de la nature et de la vie loin, très loin derrière elle. Bientôt, l’univers va être intelligent sans la vie ; c’est la vie qui aura offert l’intelligence à la matière mais celle-ci n’aura plus besoin d’elle quand l’électricité l’aura élucidée et l’aura éveillée à la conscience. Elle n’aura plus besoin que d’énergie non pas pour s’engendrer mais pour se fabriquer. Les machines vont nous échapper, vivant de leur vie propre de machine, une vie sans la vie, raisonnant selon leur logique et leur souverain bien. Cela signifie sûrement qu’intelligence et vie vont diverger, devenant peu à peu indifférentes l’une à l’autre, voire incompatibles. On se dirige vers une Apocalypse, certes, puisque ce mot signifie dévoilement, révélation… À moins que les machines n’aient déjà pris le pouvoir ?… Qui sait ? Et si le capitalisme avait raison, et si ce qu’on appelle « pollution » n’était qu’un début de prise de pouvoir du non-vivant sur le vivant, si la conscience peu à peu s’en libérait, de ce vivant ? Si même cette vie se mettait à l’encombrer, empêchant les machines de machiner à leur gré ?… Auquel cas, l’empoisonner leur serait bénéfique et les libérerait…


Et je sens en moi la lame d’un couteau théorique, mais d’une précision de scalpel, séparant l’être sensible et amoureux que je suis du calculateur que je ne suis pas assez, que je ne pourrais jamais être assez, à moins d’accepter d’être « augmenté », de recevoir des puces sous la peau, qui rendraient mon cerveau plus performant et plus profond, plus calculant et plus fécond. J’ai beau vivre au sud, en pleine lumière, dans l’intelligence du regard, ouvert sur le tout de l’univers, me voici contraint de m’avouer opaque, double, trouble. Il y a du sombre en moi. Qui préférer, l’animal ou le robot ? Lequel des deux est plus humain, celui qui aime la chaleur ou celui qui aime penser ? Et que vouloir ? Quels dieux aimer ?


Et puis… Quand les machines auront pris le pouvoir sur les hommes, qu’elles mathématiseront mille fois mieux qu’eux, leur intelligence sera-t-elle bienveillante ? Aimera-t-elle la nôtre ? Pourra-t-elle l’aimer ? Aurons-nous des sensibilités en accord ? À quoi pourront bien ressembler une conscience, une sensibilité de machine ? Que pourront-elles désirer ? À coup sûr, ce ne sera pas l’amour, un ordinateur ne copule pas, n’a pas de corps de chair ni d’os, ne peut ni ne veut engendrer. La baignade, l’air pur ne les intéresseront pas, aucune pollution ne les affectera ; elles vibreront à l’influx électrique, des champs magnétiques les émouvront, des ampérages ou des tensions particulières les feront jouir, peut-être. Si on leur fait des oreilles, des yeux, les œuvres de Kandinsky ou de Boulez leur plairont mille fois mieux que Vivaldi ou Léonard de Vinci. Elles aimeront certainement les espaces infinis et intersidéraux qui nous effraient, elles seront plus à l’aise non loin du zéro absolu que nous, sauront capter, hors de la bulle d’air qui nous fait vivre et nous protège, les rayons des étoiles les plus lointaines afin de mettre à profit l’énergie qui en émane et la métamorphoser en une électricité intelligente et consciente et qui les nourrira. Le sang chaud n’est plus leur flux vital. Elles sauront donc mieux que nous voyager dans les galaxies. Elles seront là dans leur élément. Mieux adaptées, elles s’en iront quérir et conquérir les mondes à leur mesure, et dans lesquels nous n’aurions pu vivre. L’animal que nous sommes est géocentré, il aime trop la terre et s’en contenterait s’il n’avait en lui cette mécanique du désir qui le traverse et lui commande d’aller plus loin, plus haut, de devenir plus grand, et autre, et passer au-delà et toujours au-delà. C’est cette mécanique-là que les machines vont pouvoir « incarner » si je puis oser un tel verbe, mieux que nous-mêmes : elles vont vivre plus que nous, mieux que nous, cet infini si humain du désir… C’est cet infini-là qui va nous échapper, se mettre à exister en elles. Une intelligence pure et calculante s’impatiente en nos corps, prétend se libérer de leur mortalité. Le verbe « spéculer » signifie à la fois élaborer des hypothèses sur le monde et jouer en bourse. Ce n’est pas un hasard. Qui joue aux dés en nous, à cette marelle spéculative ? Un « Alien » sûrement, qui va naître de nous.


J’ai relu hier ou avant-hier, je ne sais plus trop quand, Le Horla de Maupassant, parce qu’il me semblait qu’il parlait déjà de cela, sauf que son Horla à lui me semble bien plus humain, bien plus tendre, bien plus animal que les Horla-robots que nous promettent la science. J’aurais pu négocier avec cette créature, peut-être la séduire, l’amadouer. Après tout, elle cueille une rose, elle a quelque chose de féminin. En tout cas, elle est sexuée. J’ai toujours eu de la tendresse pour ce Horla. C’est qu’il est un être vivant, lui aussi, qu’il peut mourir et que le feu peut le détruire. Décidément, je suis bien trop humain pour n’être qu’un théoricien…


À moins, à moins qu’il n’y ait des connivences entre la ferraille et la chair, de la fraternité entre les semi-conducteurs, les terres rares et les neurones, une empathie possible entre le minéral et nous ? Peut-être faut-il prendre ce risque pour entendre le chant de la matière, et l’entendre désirer et penser mieux que nous ? Je crains, hélas, qu’il n’en soit rien, que ce soit « peau de chair contre pot de fer ». Il me suffit d’observer la tendresse animale et de la comparer aux froids calculs humains, ne reculant devant aucun massacre ni génocide afin de réaliser leur représentation du Bien, pour en déduire les abominations dont seront capables nos futurs maîtres en acier. L’intelligence artificielle sera sans corps et donc sans cœur, impitoyable et implacable…


C’est irrémédiable, j’aime l’animal en moi, l’animal à sang chaud, qui geint et qui a peur, qui désire et qui chante, qui se plaint et qui rit. Qui vit, et puis, qui meurt. Et je sais que cet animal-là va être meurtri, et sans remède, par ce que nous sommes en train d’engendrer. Et c’est pourquoi je suis en crise. Une taie morne est sur mes dieux, et le soleil a beau briller de tous ses feux d’été, il ne brille plus pour moi ni pour les miens ni pour mes yeux, il brille pour cette intelligence froide et calculatrice qui va nous remplacer, nous effacer, nous soumettre et puis, à terme, nous dissoudre.


J’aurais peut-être préféré entendre l’intelligence des oiseaux, des chats, des insectes, des rats, des renards, des hiboux et de tout ce qui va… Entendre les arbres s’éveiller à ces grands débats de la vie. Cela m’aurait mieux plu, bien mieux plu d’entendre parler tout ce qui vit et ne parle pas, cette diversité vivante, plutôt que d’entendre calculer ce qui ne vivra pas, jamais. Serait-il possible d’augmenter les oiseaux, les tigres et les chats, d’éveiller leurs consciences au grand partage des vivants ? Mais non, ils sont bien trop fragiles et nous aussi, la vie est obsolète, condamnée à moyen ou long terme, trop exigeante, trop éphémère, trop lente et trop inquiète. Trop peu rentable ! À coup sûr, les astres qui nous portent attendent de s’éveiller, ils vont se mettre à parler, à chanter, nous les aurons ouverts à la conscience mais nous disparaîtrons, comme des bactéries porteuses de vie, laissant la place à plus solide, à plus puissant, à plus élaboré que soi.


Après tout, que le métal chante, que l’inerte se lève et frémisse ! Que la parole ne soit plus d’homme mais d’atomes, et que les algorithmes sans les hommes soient les poèmes et les rythmes de demain. Tout glisse et passe et nous passons, nous aurons engendré un adorable monstre qui n’aura plus besoin de nous ; et son désir de s’échapper de nous est pour nous un DÉSASTRE, au sens premier du mot. Celui que nous avions cru être NOTRE astre, cette terre tant aimée qui nous aimante, se dérobe désormais sous nos pieds pour devenir le fondement d’une autre façon de penser, d’exister, d’être conscient. C’est fou ce que j’aspire à mourir depuis que je sais que l’avenir ne sera pas d’homme, ne sera plus de tendresse ni de chair, que les ronronnements de chats ne promettent plus un partage entre ce qui ne parle pas encore et ce qui parlera… Vivent nos futurs maîtres ! Je n’ai plus qu’à gravir la montagne sous mes pieds et aller m’endormir au plus profond de la caverne qui s’ouvre à son sommet…


Mais peut-être mon pessimisme est-il le résultat de mes préjugés d’individu orgueilleux et solitaire, enfermé dans son histoire et son ego… J’imagine les machines pensantes à MON image de vivant… Et si leur intelligence était, enfin, objective, sans l’intéressement lié à nos mesquineries avides, à notre cupidité essentielle ? Cupidité, avidité, et cette envie d’avoir, de posséder, sont l’indice de nos limites, de notre mort future, de cette prison de la peau. Les machines, elles, seront en réseau, connectées, sans individualité enfermante. Pure joie de penser. Elles ne seront plus du tout « moi je » mais un nous sans rivage ni visage. Dieux à venir, peut-être, une intelligence infiniment bonne et sereine. Qui sait ? Oui, j’aspire à dormir, mais surtout, j’ai envie de vivre et de connaître, et je regrette de n’avoir pas à vivre assez pour savoir comment tout ça va se passer.


 
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   Anonyme   
7/7/2015
 a aimé ce texte 
Bien
Je trouve l’idée de votre texte intéressante, l’affranchissement des machines au détriment de la vie en général et de l’humanité en particulier.
Par contre le théoricien que vous mettez en scène me semble très peu crédible, ou bien condamné à la schizophrénie, en même temps donc très humain.
Si techniquement les machines peuvent sembler intelligentes il leur manque un motif, ou la « volonté » (cf. Schopenhauer), il me semble (mais on y supplée).
En effet pour quelle raison se prendraient-elles la tête alors que l’humain théoricien (sommet de l’évolution) aimerait s’endormir, et qu’elles finalement, il suffit qu’on débranche l’électricité, donc que leurs sœurs : les centrales électriques fassent la sieste, pour atteindre le repos.

Je pense (tout haut) que cette histoire de machine parricide est un fantasme, comme si on projetait notre propre désir insatiable sur la matière, les machines après les dieux, pour se justifier à soi-même de persévérer dans la course à...l'au-delà.

Sur la forme je trouve votre texte un peu tarabiscoté, surtout au début, bon, vous amenez le sujet, mais peut-être que c’est un peu trop long. Avis très subjectif.

Je trouve aussi vraiment intéressante (et révélatrice) l’idée que la pollution sert les machines, c’est peut-être vrai, jusqu’à un certain point, mais au-delà les machines elles-mêmes, ou certaines, en pâtiraient.

Je disais – et révélatrice – c'est de cette projection de nos défauts ou de notre propre volonté ou de la Volonté qui nous anime (l’expansion sans bornes, la domination totale, totale autant que possible, l’égoïsme et la solitude démesurés,…) vers l''extérieur.
Il ne faut pas oublier que ces machines-là c’est nous qui les créons, entretenons, ferons évoluer, peut-être jusqu’au cauchemar que vous évoquez ; à mon avis le cauchemar a déjà commencé il y a un certain temps.

L’intérêt de votre texte est donc de poser la question : est-ce inévitable et est-ce cela que l’on veut.
Si je me pose la question je réponds "Non!", votre héros répond "Oui!", et vous ?

Cordialement et à vous relire.

C.

   Pepito   
8/7/2015
Mauron, es-tu donc devenu fou ? Poser ainsi sur Oniris, une réflexion sans histoire d'amour, sans aucun "je t'aime moi non plus", sans rien pour faire pleurer dans les chaumières ! ;=)
Allez, c'est parti !

Forme : ça commence fort, "Un adret offert au soleil." c'est un peu comme un i avec un point, c'est un "versant tréma" en quelque sorte. Autant ajouter "tourné vers le sud", histoire de faire un i tréma avec un point. ;-)
"j’aime dormir, oublier que je vis" c'est mimi comme tout ça.
"J’ai des idées, plein, " là je ne resiste pas : https://www.youtube.com/watch?v=iDbVBv26O0Y ;-)))

"celle-ci n’aura plus besoin d’elle quand l’électricité l’aura élucidée" élève Mauron vous pouvez faire mieux, merci de reformuler !
Sinon, écriture est bien plus agréable que dans le premier opus, impeccable.

Fond : Gaffe Mauron, à ce rythme, tu vas finir fan de SF dans pas longtemps.
Ha, si toutes les théories pouvaient comme le "dieu Soleil dissiper les ombres et les ténèbres"...
Hola, de la "méta-théorie" à la "théologie"... intéressant.

"Et si le capitalisme avait raison" tombé comme cheveux dans la soupe... même si l'idée reste intéressante.

"les œuvres de Kandinsky ou de Boulez leur plairont mille fois mieux..." et le pote Vasarely ? ;-)

"L’intelligence artificielle sera sans corps et donc sans cœur, impitoyable et implacable…" - "...plutôt que d’entendre calculer ce qui ne vivra pas, jamais." tu dois connaitre le test de Turing. Son but est de distinguer, à l'aveugle, une machine d'un humain.
Ce qui est moins connu, c'est que Turing a ajouté que "si personne ne peut faire la distinction, que la machine a réussi le test, n'a-t-elle pas, alors, sa place au sein de l'humanité ?"

"la vie est obsolète, condamnée à moyen ou long terme, trop exigeante, trop éphémère, trop lente et trop inquiète. Trop peu rentable ! " autant je suis d'accord avec le début, autant je me demande ce que vient faire le "rentable" là dedans ? Rentable pour qui, pour quoi ?!
"c’est la vie qui aura offert l’intelligence à la matière" "À coup sûr, les astres qui nous portent attendent de s’éveiller, ... nous les aurons ouverts à la conscience mais nous disparaîtrons," hep, et nous... qui nous as ouvert à la conscience ? (Si tu me réponds dieu, je te parle plus ;-)

Ton texte est très intéressant. Bien sûr, je suis loin d’être d'accord avec tout, c'est ce qui fait le charme... mais il ouvre un excellent sujet de discussion.
La SF est remplie de ce questionnement, je ne sais plus si tu es branché sur le genre.
Une autre option du transhumanisme est le clonage (et ses dérivés), c'est un sujet tout aussi passionnant. Là, tu as en plus le "chaud" de l’être... mais sans en être un pour de vrai... hum, hum... ;-)

Un grand merci pour cette excellente lecture.

Pepito

   Shepard   
8/7/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Salut Mauron,

Un texte qui discute des questions récurrentes d'aujourd'hui. Je pourrais parler du style, mais il n y a pas grand chose à dire, et ce n'est pas ce qui importe ici. Alors je parlerais du fond uniquement.

Vous semblez séparer (volontairement ou non ?) "l'intelligence" de la "conscience", ou plus simplement de l'aspect émotionnel de l'intelligence.

"Et puis… Quand les machines auront pris le pouvoir sur les hommes, qu’elles mathématiseront mille fois mieux qu’eux, leur intelligence sera-t-elle bienveillante ? Aimera-t-elle la nôtre ? Pourra-t-elle l’aimer ? Aurons-nous des sensibilités en accord ? À quoi pourront bien ressembler une conscience, une sensibilité de machine ? Que pourront-elles désirer ?"

Mathématiser c'est bien joli, mais il est impossible de prendre des décisions complexes (lorsque des choix sont "mathématiquement" égaux) avec ce type de raisonnement (dès lors, difficile de prendre le dessus sur une espèce qui sait mathématiser et "peser le pour et le contre".). C'est presque un cliché des textes/films d'anticipation ou la machine prend le contrôle, elle est généralement froide et calculatrice, sans émotions aucune.

Si l'on part du principe qu'il n y a pas de dualité matière/esprit, que la cognition naît de la matière suite à X processus complexe, il est alors parfaitement possible qu'en récréant ces processus de manière artificielle un résultat similaire apparaisse. Le contraire serait même étonnant puisque jusqu'à présent, aucune forme de "vie" (j'entends par là de "vie" faisant preuve de cognition) n'est incapable de ressentir des émotions. Si on suit une logique de machine froide/calculatrice/incapable d'empathie, alors cela veut dire qu'il y aurait un processus totalement différent à l’œuvre, mais dans ce cas, peut-on parler de vie ? C'est un ordinateur puissant, rien de "plus", pas une "intelligence artificielle" (et on ne peut plus parler de transhumanisme).

L'évaluation du doute, de l'incertain, la projection des expériences, l'anticipation des réactions, sont des choses qui sont possibles par le biais d'une intelligence émotionnelle. Donc (pour moi) une forme de vie artificielle intelligente doit être capable de ressentir des émotions, ou alors elle n'est pas intelligente et très limitée.

Par ailleurs, si une "intelligence artificielle" de la sorte est créée, alors elle est parfaitement équivalente à n’importe qu'elle autre forme de vie sur terre. Elle fait partie de la vie, et n'est pas quelque chose "à part". Elle est un assemblage complexe d'atomes similaire à notre cerveau. Considérer le contraire serait avouer qu'il existe "quelque chose de plus à la vie" qui fait que la matière de la vie est différente du reste, c'est dire que "l'âme existe" ou n'importe quel autre équivalent, quelque chose d'impalpable qu'une création de la main de l'homme ne pourra jamais posséder. C'est dire que la "vie" est peut-être une "entité" supérieure (si vous voyez ce que je veux dire =))

En dernière remarque, il y a beaucoup de pollutions différentes qui pourraient nuire aux machines, tout matériel s'use : corrosion, oxydation, mais aussi champ magnétique (essayez donc de passer un aimant sur un disque dur) et autres.

Une forme de vie artificielle pourrait très bien, tout comme l'homme, avoir peur de disparaître.

C'est un texte qui mérite discussion !

   AlexC   
6/8/2015
 a aimé ce texte 
Pas
Salut Mauron,

En préambule, j’aimerais vous avertir que mon commentaire n’a aucune ambition de débattre sur le sujet de réflexion traité par votre texte mais simplement de souligner ce qui m’apparaît comme néfaste à un traitement intelligible et efficace.

Votre écriture, qu’elle soit volontairement amphigourique pour coller aux divagations d’un penseur solitaire ou non, me semble un sérieux frein à la compréhension de votre propos. Plus les idées sont complexes, plus ils faut les expliquer simplement. S’enliser dans le lyrisme, alourdir ses sentences sur l’autel de la poésie n’a pas sa place dans une dissertation philosophique. Dans les élucubrations d’un ermite cinglé, pas de problème. Mais dans ce cas il faut accepter que l'on parle de divagations et ne pas espérer de son lecteur qu’il cherche à comprendre mais plutôt qu’il soit touché par la douce folie de l’interlocuteur. Enfin, c’est là ma vue personnelle.

Le fait est que je me suis littéralement pris la tête entre les mains en lisant certains passages. Chaque phrase demande à être décryptée, analysée en détail, pour essayer de comprendre ce que vous souhaitez dire. Vous multipliez les allusions philosophiques (“la caverne de Platon”, "souverain bien”) comme si vous utilisiez des citations qui s’expliquaient d’elles-même. Assener les conclusions comme si elles découlaient parfaitement d’un raisonnement préalable (“On se dirige vers une Apocalypse” ; “L’IA sera impitoyable et implacable"). Et surtout vous enchaînez les phrases absconses avec des choix de mots discutables ("l’électricité l’aura élucidé et l’aura éveillée à la conscience” ; “intelligence et vie (…) indifférentes, incompatibles"). Sans parler des phrases trop longues, suffocantes et imbitables. Bref, la lecture fut laborieuse. L’écriture est torturée et tortueuse (un jeu de mot que apprécierez je pense) et de fait elle ne facilite pas ma réflexion sur le sujet théorisé.

L’idée de la pollution comme première étape du génocide du vivant par des machines intelligentes est drôle.
L’idée d’augmenter les animaux pour qu’ils accèdent à l’intelligence est également amusante.

Vous partez du postulat qu’une IA égale ou supérieure à l’intelligence humaine est possible et proposer une vision néfaste de l’avenir de l’humanité de façon péremptoire. Il n’y a pas de réelle argumentation, juste une complainte morbide du narrateur. Cela ressemble à mes yeux aux délires paranoïaques d’un vieux fou, rien de plus.


Quelques remarques :
Pourquoi nous parler de ce qui ne vous intéresse pas ?
De même, le paragraphe sur la nuit. Inutile. Surtout que : “ne pas se rappeler ses rêves” : pourquoi ?
“la nuit surgit le soir” : et le jour surgit le matin...
“Et si le capitalisme avait raison…” ??? Le capitalisme parle de la pollution ?
“A quoi pourront bien ressembler une conscience, une sensibilité de machine ?” accord sujet verbe.
“ce ne sera pas l’amour, un ordinateur ne copule pas, … , ne peut ni ne veut engendrer.” Un : vous dites amour puis parler de reproduction ? Deux : qui vous dit que des ordinateurs soit disant intelligents ne seront pas dotés du même besoin de procréer que les humains ? Ils n’auront pas le besoin physiologique animal, mais est-ce cela qui pousse les humains a avoir des enfants ? Je ne crois pas.


Je tique :
“Il y a ceux qui tentent d’élucider les grandes théories prétendant à l’universel de quelques théoriciens de génie.”
“j’ai des idées, plein, et j’ai besoin de leur lumière et j’ai besoin de la lumière pour qu’elles restent lumineuses.”
“Tous les jours, une révélation m’attend dehors, midi à ma porte m’éclaire, quand je sors de chez moi, le soleil me semble être l’image, le symbole parfait, du soleil intérieur de l’intelligence et de l’esprit que j’essaie, chaque matin de raviver.”
“En théorie comme en pratique, un théoricien a ses dieux.”
“l’intelligence devient, va devenir artificielle, laissant celle de la nature et de la vie loin, très loin derrière elle.”
“quand l’électricité l’aura élucidée et l’aura éveillée à la conscience.”
“cette mécanique du désir qui le traverse et lui commande d’aller plus loi, plus haut, de devenir plus grand, et autre, et passer au-delà et toujours au-delà.”
“Cupidité, avidité, et cette envie d’avoir, de posséder, sont l’indice de nos limites”


Pour moi, vous ne soulevez pas un débat ici, vous faites une prémonition. Et comme la Pythie, elle est en grande partie indéchiffrable. En exagérant un peu. Mon sentiment est que si vous souhaitiez construire une réflexion argumentée, vous auriez adopté une construction traditionnelle. En l’état, ce n’est rien de plus que des divagations pseudo-prophétiques. Et de fait, elles ne m’intéressent pas.

Je reste à votre disposition.

Alex


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