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hersen
18/12/2015
a aimé ce texte
Bien
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J'ai trouvé cette nouvelle un peu compliquée, un peu intello.
Bien qu'au départ j'aie trouvé intéressante l'idée qu'un lecteur s'approprie une histoire et lui donne un autre cours au gré de sa fantaisie, j'ai eu, au fil de ma lecture, l'impression qu'il me manquait des données : soit de la part de l'auteur, soit de ma culture générale. Ce qui ne m'a pas mise très à l'aise pour m'y sentir bien. Des répétitions de temps en temps ou insistances alourdissent un peu le texte dont j'aime cependant le style. La phrase finale, on l'attend un peu trop. Donc quand elle arrive, c'est un peu comme une fatalité. Et par conséquent, elle perd de son éclat. Merci pour cette lecture. |
jaimme
9/12/2015
a aimé ce texte
Beaucoup ↓
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Bonjour,
J'ai bien aimé les chapitres I à III et la fin du IV. Autant dire que j'ai trouvé la description des femmes et de leur musique trop longue dans l'ensemble du texte. Mis à part cela (j'ai commencé par le négatif dans mon ressenti), je me suis laissé porté par le reste. Votre écriture est belle, bien adaptée au propos. J'ai aimé la poésie écrite et celle sous-entendue et j'en aurais aimé plus. Puisque vous êtes hors logos, la poésie, il me semble, est la plus explicite dans ce cas. Ce voyage initiatique m'a plu car il s'appuie sur l'écriture et cette mise en abyme est succulente (miam goulu). La transe finale, le sens de sa vie, est-elle basée sur l'amour, le désir, ou sur la transe des sens elle-même? Je reste sur cette interrogation. Cela n'a pas d'importance. Une lecture qui m'a fait voyager. Merci. |
Vincendix
18/12/2015
a aimé ce texte
Beaucoup
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Quelle imagination débordante !
Vous fîtes un rêve étrange et pénétrant de femmes inconnues et d’un géant Espagnol (Je crois que Giovanni Strozza est plutôt Italien), sous un ciel lourd de neige. Je n’ai pas lu vos références littéraires, mais c’est évident, elles vous ont inspiré. Le décor sauvage de la Drôme du sud se prête parfaitement à ce récit plutôt fantastique que sentimental. Je reste tout de même sur ma « faim », il faut être de marbre pour résister à la douce chaleur de Laubelune, et que dire de l’invitation de l’altiste… L’histoire se prolonge peut-être ? Vous pouviez éviter quelques fantaisies qui n’apportent rien à mon avis comme « logique sans logos ». |
Pepito
19/12/2015
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Bonjour Mauron,
Kriture : cela coule tranquille, quitte à remonter le courant de temps à autre ;=) "sa devanture en face de moi, et sur le mur perpendiculaire, à ma gauche,..." lui même à 90° par rapport au mur derrière moi... "éclairées artificiellement par quelques halogènes" et "naturellement" par la lumière du soleil, je suppose... "elle aussi"... "elle aussi" "en accentuant les « r » comme lui seul le savait :" > "savait le faire", non ? "susdit" haaaa, le maître mot que voilà, ça en devient génial ;=) "Je me tournai vers moi-même." essai pour voir ;=) "gazeux, se gazait" "logique sans logos" ouafff bof ! T'as pas besoin de ça... j'aime beaucoup: "un grand feu de cheminée éclairant tout cela d’un clair-obscur doré." "tous ces lieux majuscules" " J’aimais percevoir cette aimantation de la terre, la pesanteur de mon corps attiré vers le bas" "Ce n’est ni une grand-mère en déshabillé porteuse de bougie qui vient m’ouvrir, ni un vieux cocher hors d’âge" https://www.youtube.com/watch?v=zdIID_TGwhM ...j'ai bon ? ;=) "[les romans] qui m’ont un beau jour égaré dans des chemins plus féconds que les leurs. " pour moi c'est une preuve de qualité. "de chercher du beau qui ne soit pas du vrai." idée intéressante A la description des trois musiciennes j'ai sauté, un peu trop pour moi. Un texte qui s'envole vers un ailleurs ou j'ai peine à suivre. Allégé, beaucoup, il serait plus à mon gout sans doute. Merci pour la lecture. Pepito |
carbona
19/12/2015
a aimé ce texte
Bien
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Bonjour Mauron,
J'ai aimé l'idée d'écrire son roman, c'était une sensation particulière pour le lecteur de suivre le narrateur dans ses choix de route, cela m'a plu. Alors très simplement cela m'a fait penser à ces livres pour enfants où selon la réponse que l'on donne, l'histoire prend un chemin différent. J'ai donc apprécié tous les passages vivants et concrets de votre texte et il y en avait suffisamment pour poursuivre ma lecture avec intérêt. Intérêt qui a faibli au dernier chapitre. C'est devenu trop onirique pour moi, et j'ai souri quand la danseuse se déshabille et déshabille le narrateur car ça commençait vraiment à tourner au fantasme du narrateur. Mais oui, après tout il a bien raison, on peut imaginer tout ce qu'on veut pendant (et hors d'ailleurs) nos lectures mais c'était une vision très personnelle et j'ai eu du mal à m'identifier ;) Tout ce qui concerne le géant est un peu difficile à suivre, surtout quand il parle. Laubelune qui se faufile dans le lit ;), on voit bien quand-même que tout cela le titille Le premier paragraphe est sympa. La description est agréable et l'explication est intéressante. On s'identifie facilement. C'est pour moi un préambule réussi. Malgré des passages un peu brumeux, je garde une bonne impression de ce texte car il est aussi truffé de phrases toutes simples et très efficaces par ex "Je ne me contente pas de suivre docilement le romancier, je m’égare où il ne va pas, je bifurque. " "je vais selon mes pas ; et, sur la pointe des pieds, sans même m’en apercevoir, je le quitte, je l’ai quitté. " Quelques remarques : "La toison" < c'est étonnant non ? Surtout dans le registre de langue utilisé " Ce qui avait d’abord semblé solide, trop solide en ces mots-là devenait forcément gazeux, se gazait," < vraiment, je trouve que ce n'est pas joli cette histoire de gaz Merci pour la lecture. |
Coline-Dé
19/12/2015
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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Nos atomes sont tellement éloignés les uns des autres que beaucoup "d'"autres" pourraient partager le même espace que celui que nous occupons... Est-ce la raison de cette quête menée à travers les mots des autres et détournés, recomposés, étirés jusqu'à la trame, brodés et déchirés de nouveau ?
J'aime beaucoup ce foisonnement, dans une langue toujours belle, riche, drue, pleine de saveur... J'ai pensé à l'Aleph de Borges, mais non : plutôt à l'enfant illégitime de Borges et de Giono ! Il y a bien quelques bricoles ( déjà relevées) ici ou là qui grattouillent ma lecture, mais... Bon, j'aime, quoi ! Pas constructif, mon commentaire ? Tant pis monsieur l'architecte ! |
Louis
30/12/2015
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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Dans une première partie, préambule du texte, le narrateur expose son sujet.
Il se présente dans une difficulté à dire son identité : « je ne sais pas trop qui je suis » ; son identité, donc son histoire personnelle. En quête de soi, le narrateur privilégie un rapport à soi médiatisé par le langage. Un rapport à la lecture et à l’écriture. Plus particulièrement, un rapport à la littérature romanesque. Il cherche, dans la lecture du roman, plongée dans une histoire qui n’est pas la sienne, à forger sa propre histoire, qui le révèle à lui-même. On est soi, déclare-t-il, non seulement par son passé, " ses actes ", mais aussi par ses rêves et « caprices », dans son imaginaire, dans ses désirs producteurs d’imaginaire. L’identité n’est pas située dans un statut, social ou familial, duquel rien n’est dit, mais dans la production d’un imaginaire romanesque, dans un "roman de soi", en quelque sorte. La pratique de la lecture et de l’écriture se ramènent à une pratique de soi. Le narrateur se présente précisément comme un lecteur de roman. Récit romanesque auquel il s’identifie : « je m’appelle Roman » dit-il. Mais avec une difficulté à rester lecteur, à suivre l’histoire contée par un autre, narration faisant vivre d’autres personnes, qui lui sont étrangères. Pour lui, la pratique de la lecture ne consiste pas en une identification aux personnages du roman. Pas d’absorption dans leurs aventures, mais un détournement, un déplacement de la narration, un dévoiement, une « bifurcation » qui s’avère une conversion à soi. Un exemple de cette pratique nous est donné : il s’agit du roman de Jonathan Coe, La pluie avant qu’elle tombe, qui sera détourné dans le récit qui va suivre, intitulé : La neige avant qu’elle tombe. Le roman se présente donc, pour le narrateur, comme pré-texte d’un autre texte, non encore écrit, ou à écrire. La fiction du roman fournit une histoire qui rend possible la "narrabilité", pourrait-on dire, du temps vécu. Il faut partir d’une histoire exemplaire pour pouvoir mettre sa vie en histoire. Car il s’agit de « vivre le roman ». Paul Ricœur parle d’une « application de la fiction à la vie » et d’un impact de la littérature sur la vie quotidienne. Grâce à la littérature, la vie peut tout simplement devenir une expérience, au sens d’une expérience de vie sensée ; c’est par la littérature que la vie devient histoire. Il s’agit de « lire en levant la tête » comme dit Roland Barthes, dans Le bruissement de la langue. Mais cette tête en l’air, à la fois irrespectueuse, puisqu’elle ne reste pas fidèle au texte, mais aussi « éprise », puisqu’elle s’en nourrit, aboutit à l’invention d’une autre histoire par laquelle le lecteur se métamorphose en auteur. Le narrateur lève la tête, mais pour regarder autour de soi, pour regarder en soi. Il se libère des contraintes de la logique interne du roman étranger, son « logos », mais ce n’est pas sans risque : « J’étais sorti de la trame bien tissée, finie et fignolée d’un roman, j’avais gagné ma liberté, je ne me contentais plus de lire j’écrivais, mais je flirtais avec le froid et le néant ». Comment éviter l’errance hors des histoires bien balisées, qui ne trouve pas pour aboutissement le froid et le néant ? La suite du texte explicite, développe et illustre ce qui a été exposé dans le préambule, et esquisse une réponse à l'interrogation posée. La deuxième partie commence par une fin, une conclusion : « Je finis donc… ». Se termine une errance à partir d’un roman, commence son propre récit, détournement du roman. Sur le modèle d’une œuvre romanesque du XIXème siècle, le narrateur entre par une « porte cochère ». Il pénètre dans ce qui pourrait être une demeure du passé, qui pourrait mettre fin à l’errance, or ce lieu, « l’hôtel Richaud », s’avère un non lieu, un « nulle part » solitaire et abandonné. Dans l’hôtel Richaud, ironiquement on y trouve, non le chaud, mais le froid et le néant redoutés. Le récit dévie de ce qui est habituellement attendu derrière une porte cochère. L’apparition d’une jeune fille indique que l’on est dans le présent. Mais en passant la porte, le récit s’ouvre sur un autre récit, en un récit de récit, l’histoire de Giovanni Strozza (peut-être une « déviation » du nom de Giovanni Sforza, l’aventurier qui épousa Lucrèce Borgia), histoire contée par un « géant ». On a donc affaire à des histoires enchâssées, à des récits de récits, mais qui ne mènent à rien, sinon au culte du Rien. Plus que d’un marin, l’histoire de Giovanni Strozza est aussi celle d’un homme qui écrit : il commande un remorqueur du nom d’Ecrier, nom dans lequel s’entendent à la fois « écrire » et « crier », « Il écrivait la mer parmi des vagues palimpsestes », et il criait la mer, son errance sur l’infinité de la mer. Manque d’une ancre, surabondance de l’encre. Strozza," l’écrieur"", passe de l’errance sur les mers, des mots nomades, à un mot sédentaire ; du flot des mots à un mot hapax ; de l’infini de la mer à une cellule monastique. Il voue un culte au Néant. Il ne croit pas à rien, il croit au Rien. Nom de Dieu se fait nom de Rien. Ses cris et ses écrits, tous deux l’ont donc mené à Rien. Mais un rien qui n’est pas déploré, un rien qui est valorisé, déifié, sous le nom de "Radnagar". La déviance était une dérive. L’errance mène ici au nihilisme. Le « géant » semble bien un double de Giovanni Strozza, mais ce personnage double est à son tour un double du narrateur, qui a lui lui-même un « acolyte » silencieux pour double. Le texte est le foyer d’où partent ces jeux de renvois et de miroirs. L’un des doubles du narrateur se fourvoie dans le nihilisme, ce qu’il faut éviter. Le narrateur tire pourtant des leçons de sa mésaventure. Tous ces personnages, qui renvoient l’un à l’autre, sont en quête de soi, quête d’une identité fixe. Identité associée à un lieu, une résidence, une place sédentaire, une maison, habitation, une demeure, mais un lieu qui est un « lieu-dit ». Soi se tient dans le mot, comprend-il. Un pur mot, un pur signe, qui est signifiant, mais signifiant de rien, sinon de lui-même. Sa résidence est dans l’être du langage, dans la signifiance : « Je comprenais que ma maison, c’était d’errer de mot en mot » Ce lieu-dit est un lieu de vie : « vous et moi ne sommes nulle part, de nulle part, nous errons, or nous cherchons où vivre. » La résidence, mais aussi la vie se font dans le langage, paradoxalement dans son instabilité. Le géant révèle un autre objet de leur quête : le sacré, mais un sacré qui réside dans la Beauté. Le « géant » a une fille : plaisir charnel de la fille. Le géant est un texte, c’est un récit. Elle est donc fille des mots, et source de plaisir. Plaisir du texte, plaisir du beau. La dernière partie semble indiquer la voie qui permet d’échapper au nihilisme, au froid, à la solitude, au néant. Une finalité, enfin, paraît mettre fin à l’errance : « Il y a avait comme un but, une fin s’ébauchait » Cette dernière partie réunit un lieu sacré, une chapelle, la beauté de la musique, et la beauté charnelle des femmes. Comme l’avait indiqué le géant, la finalité est dans le Beau. Beauté produite par le langage, qui se sublime dans la musique et le chant : « Cette musique était presque aussi précise que des mots » Le musiciennes se déshabillent et dansent. Comme les bacchantes. Dans une fête dionysiaque. Dionysos a triomphé du « géant ». Le froid et la solitude sont évités. L’errance, chaotique et dionysiaque, a mené à la création du Beau, qui s’atteint dans une « joie tragique », dans l’ivresse de la « transe ». Plaisir du texte : le plaisir textuel est en même temps plaisir du corps féminin, et les femmes musiciennes sont aussi de nature textuelle. Barthes déjà comparait le texte à un corps féminin séduisant. De même que celui-ci enchante les yeux en se déshabillant, le texte suscite le plaisir des lecteurs, en se dévoilant. Les femmes entraînent le narrateur dans « une danse ». La marche errante se fait danse, légèreté, élévation au-dessus de la réalité. Les musiciennes se présentent comme des Sirènes. Elles attirent les inconnus vers elles. Mais non pour les désorienter, au contraire pour les orienter vers un avenir : « Mets-toi au service de ce qui vient, de l’à venir quel qu’il soit, que sa présence brille en toi ». Elles sont une puissance affirmative de la vie, de l’acceptation tragique de la vie sous tous ses aspects, de l'acceptation tragique du devenir. La neige finit par tomber. Cette neige « qui menaçait de tout envahir de son blanc, de tout effacer », cette neige comme une page blanche. La rêverie s’est dissipée, mais elle a laissé ce texte et ses leçons. Merci Mauron pour ce texte fort intéressant. |