« JE suis la folie »
Je suis un vieux fou. J’approche de la soixantaine, il me semble. Ça fait plus de trois ans que j’ai atterri dans cette clinique psychiatrique privée, royaume de l’expiation éternelle. On m’a interné à la demande d’un tiers – en l’occurrence mon ingrate de fille, que j’encombrais – pour une petite tentative de suicide et une dépression prolongée… Depuis, je me désagrège dans cette foutue chambre, cet endroit maudit. Un enfer jonché de fausses intentions piétinées par des valses endiablées. Que dansent les suppôts d’Esculape. Suppôts de Satan. QUE HURLENT LES DAMNÉS !
C’est l’APOCALYPSE dans ma tête. Je m’écroule dans le couloir, renversant des plateaux-repas vomis.
BESOIN D’EXISTER
Depuis que je suis ici, constamment je me demande : que suis-je ? Suis-je fou ? Dangereux ? Suis-je ? Les experts psychiatres doivent répondre à ces interrogations. Alors on me fourre dans des cases : tantôt psychotique, tantôt névrosé – comme autant de prisons mentales. Dans tous les cas, je suis le fou. On me colle des étiquettes, comme un produit de supermarché. Il manque juste le code barre tatoué quelque part sur le corps, mais c’est pour bientôt. « Dépressif, neurasthénique, bipolaire, paranoïaque, schizophrène… » BLABLABLA. Je vais vous révéler un secret… En fait, tout dépend de la machine à étiqueter – le « diagnostic » – qui colle et décolle les étiquettes selon les envies, les besoins et/ou les influences du moment. C’est aussi une sorte de jeu, il faut bourrer le patient au travers des tamis doctrinaux du DSM-IV et de la CIM-10. Moi, je suis un fou compliqué, polymorphe : « un fou original », comme ils disent. Je n’étais pas comme ça avant. Je n’étais pas comme ça avant.
Maintenant, je m’interroge : faut-il préférer le néant à une réalité atroce ? Ici nous avons les deux. Nous sommes dans l’antre de la négation. J’entends les rires démoniaques, mal étouffés. LA NÉGATION DE TOUT. Les murs blancs ; les draps blancs ; les blouses blanches ; les serviettes blanches ; les dents blanches. Dehors, la neige. Dans le miroir, ma face livide, une pâleur cadavérique. Une page blanche, vierge. Une touche de couleur en rêve : de magnifiques fleurs jaunes en forme d’étoiles… Des millepertuis. On croit rêver ? Cauchemarder ? Délirer ? Je ne suis plus sûr de rien. DE RIEN. Je ne suis plus sûr de mes pensées. Penser… C’est pourtant la dernière chose que je fais ici. Mais je le fais mal. La seule chose que je fais, on me dit que je le fais mal. Une chose est sûre, les idées s’enchaînent dans ma tête, n’importe comment, par fulgurations tantôt délirantes, tantôt géniales, dans un bouillonnement parfois étranger, souvent contemplatif, rarement maîtrisé. Un fabuleux chaos, croyez-moi. Des idées qui s’enchaînent et qui m’enchaînent. Je suis deux fois prisonnier. Non, trois fois, car les médicaments compriment mon esprit pour le remodeler.
Demain, je me prends en main. Ou peut-être après demain. Je ne sais pas, JE NE SAIS PAS ! Laissez-moi.
J’aime répéter les choses, au moins deux fois. Ce n’est pas pour me convaincre, mais pour ne pas oublier. Car si j’oublie, je ne suis plus rien. Je m’accroche à ça, c’est tout ce qu’il me reste et je dois me battre. J’entends le grincement des griffes soigneusement savonnées et stérilisées qui m’arrachent des lambeaux entiers. Je suis lourd, je sais. Je suis gonflé par un vide lourd. Alors je pleure pour sentir ma présence : le sel des larmes séchées me brûle les joues. Parfois, je pleure seulement pour m’occuper… Je m’amuse à pleurer. Tout pour éviter l’ennui, cette preuve de vacuité existentielle. MOI, je suis capable de rester des heures à ne rien faire d’autre que penser. J’ai même essayé la télékinésie, mais ça ne marche pas. D’ailleurs, l’autre jour, j’ai voulu faire de l’humour. IL NE FAUT PAS. Allongé, j’avais posé le gobelet tout au bout de mon lit, sur le drap tendu entre mes pieds légèrement écartés. J’ai expliqué que j’allais le faire tomber par la seule force de ma pensée, en conseillant de vérifier mes pieds pour que je ne triche pas. J’ai fait mine de me concentrer, en remuant la main gauche pour faire diversion, comme dans les numéros de magie. Et pendant ce temps, de la main droite, j’ai tiré le drap d’un petit coup sec. Les infirmières ne regardaient pas. Elles n’ont pas compris. J’ai pris les comprimés.
BESOIN DE RESPECT
Mon sort est LE PIRE QUI SOIT : privé de liberté et de normalité parce que « fou ». En plus, je suis le faire-valoir ultime : toute personne qui me visite se rend aussitôt compte à quel point son existence est enviable, et ses petits malheurs largement supportables. Ça me fait penser aux panneaux sur les parkings pour handicapés : « Si tu prends ma place, prends aussi mon handicap » ; on pourrait en mettre un au-dessus de mon lit : « Si tu te payes une tranche de valorisation sur mon dos, prends aussi ma folie » ! Je cimente les joints de la société par mon calvaire… L’idiot du village n’est-il pas une sorte de catalyseur pour la ville et ses habitants ? C’est lui qui, en subissant les moqueries, brimades et autres humiliations rassemble les habitants entre eux. LES PERSÉCUTEURS. C’est inhérent au lien social, même à moindre échelle. Par exemple, dans un groupe établi de connaissances, la majorité se moque toujours plus ou moins gentiment de l’un des ses membres, pour se souder. Ainsi, les fous sont les boucs émissaires de la société, comme l’original est la tête de turc de son groupe de connaissances.
On dit que je délire. Les mythes ont toujours un fond de vérité. Les délires aussi.
Moquez-vous ! Tout le monde se fout de moi, même cette mouche. Elle est posée sur l’oreiller, à quelques centimètres de mon œil. ET ELLE SE FOUT DE MA GUEULE ! Ça fait une minute qu’elle me scrute en se frottant les pattes. POURQUOI ?! Elle me nargue, elle sait que j’ai à peine la force de la chasser, et encore moins de l’écraser.
TUEZ-NOUS au lieu de nous stocker ! Ce serait plus respectueux. Maudite hypocrisie… Un remède pire que le mal, le mal comme remède, présenté avec un grand sourire carnassier. Ils ne se rendent pas compte. Ils ne se rendent pas compte. La foule des médiocres a trouvé le meilleur moyen pour s’élever : elle affermit ses pas grossiers et son équilibre précaire sur les malheureux fous étalés par terre. Je veux juste du respect. Comme tout le monde. Je ne veux pas de compassion ou de pitié. La compassion n’élève pas, elle accompagne la régression. Jusqu’à la fin. La porte de ma chambre est encore ouverte. J’en ai marre ! Cerbère, ferme cette putain de porte ! Je veux dormir… Je veux mourir. Oui, FERMEZ-LA ! Taisez-vous ! TOUS. Taisez-vous… Je me tais, pardon, je me tais.
Je tombe. Je rampe sur le sol glacé, je crois que j’urine. Une larve qui se traîne dans son jus. Je plonge.
BESOIN D’AIDE
Je souffre. Je ressens la souffrance comme une entité à part entière. Elle a une présence qui pèse, accable et recroqueville. Elle a une odeur et je la sens : l’odeur délétère du soufre. Lorsqu’on pénètre dans ma chambre, elle agresse les narines, écrase la poitrine. Des années que ça dure. Trois ans que JE SOUFFRE COMME JAMAIS… À l’aide ! Faites quelque chose. NON, ne m’aidez pas. Je ne sais plus, je doute. Lâchez-moi. Je ne doute pas de la souffrance. Je ne doute pas de la souffrance. J’aimerais en finir. Je hurle à la mort comme un chien. Nous sommes des chiens, on nous passe la muselière et on nous pique. Alors écoutez : j’aboie ! Alors regardez : j’ai l’écume aux lèvres. Attention, c’est la rage, PIQUEZ-MOI vite ! Ensuite, venez distribuer vos caresses condescendantes. Un marché équitable ? Des caresses pour que je vous fiche la paix ? Une main qui caresse pendant que l’autre pique. Je suis un chien et je ne peux même pas remuer la queue. Les chiens, eux, sont libres… Ou alors ils se font définitivement piquer. PIQUEZ-MOI définitivement, ô mes maîtres, moi je ne peux rien faire tout seul. Le suicide, tout le monde y pense ici, comme la plus pratique des solutions. Mais ça demande des efforts, car avant la volonté, il faut de l’énergie. On peut avoir la volonté mais manquer de force. Moi je suis trop fatigué en ce moment. Fatigué de rester au lit. Je suis empêtré dans un nœud gordien : quand je suis dans cette apathie, je veux me suicider, mais c’est le moment où j’en suis incapable. Après, quand je vais mieux, je n’ai plus la volonté. Si seulement je pouvais ME PENDRE à ce nœud gordien.
En désespoir de cause, je scrute le soleil à m’en brûler les rétines. Une expérience sensible, je vis. Une nouvelle souffrance pour oublier les autres. Voit-on la mort dans les yeux d’un nouveau-né ? Voit-on la vie dans ceux d’un mourant ? Voit-on l’intelligence et le génie dans le regard d’un fou ? Moi, dans mes yeux, je contemple un voile brumeux. C’est les médicaments, la sédation. Un vide PLAT… Même pas profond. Foutus neuroleptiques.
Est-ce que je m’améliore ? Depuis que je suis ici, je régresse, on m’enfonce. En plus, je prends beaucoup de poids. QUOI ?! C’est l’heure de l’activité physique ? L’activité physique pour les larves : aller ramasser les mégots dans la cour intérieure.
BESOIN DE CONSIDÉRATION
« Et comment il va le petit monsieur ? » C’est comme ça qu’on s’adresse à moi en général, que ce soit les médecins ou les succubes. Parfois c’est pire : « Et comment il va ? » Désignation abstraite, distante, inconsidération. Et puis question rhétorique, de toute façon, comme on parlerait du temps pour introduire la « conversation ». Mais le pire, c’est quand on me parle avec cette espèce d’intonation humiliante, comme si j’étais un enfant ou un animal.
La TV de ma chambre est retournée, l’écran contre le mur : la marque de ma folie est incrustée dans mon environnement proche. Au début, je regardais la TV comme tout le monde ; le personnel était content car ça fonctionnait comme un médicament. ILS AVAIENT LA PAIX. Mais après quelques semaines d’abrutissement, j’ai émergé par une réaction violente : les publicités me filaient des crises de fou rire et d’angoisse. Et comme il y a de la pub tout le temps, sur toutes les chaînes, on a éteint la TV. Mais l’écran noir reflétait mon image de larve vautrée. Comme un miroir avilissant. Je ne le supportais pas. Alors ils ont simplement retourné la TV contre le mur, car ils ne savaient pas où mettre l’appareil… C’est la première chose que l’on voit, quand on est dans le couloir ou dans ma chambre : ce truc retourné contre le mur, ce positionnement incompréhensible et ridicule. Cette tache. Je me souviens d’internes qui marchaient dans le couloir… En dépassant ma chambre, une étudiante avait demandé, avec toute l’ingénuité du monde : « Pourquoi elle est comme ça la TV ? » Un autre étudiant, qui voulait probablement la sauter, s’était empressé de répondre avec un ton qui se voulait à la fois drôle et malin : « Peut-être parce qu’il est fou… ? »
Je suis une bête de foire pour certains, un cas d’école pour d’autres, rien pour le reste. Trop d’apitoiement ? C’est MON rôle, celui que l’on m’attribue. On m’enfonce dans tous les cas, car on sait que je suis faible. Fou et Faible. L’Étain et le Plomb, tous deux insusceptibles d’ignition car fondant trop aisément… De toute façon, si je me défends, je délire, je me trompe, j’ai tort. JE GÊNE. Si je me laisse faire, je suis une larve complète, je n’existe plus.
Je pourrais accepter le diagnostic des PERSÉCUTEURS… Mais ce n’est pas aussi simple. « Je suis absolument fou, vous avez raison. Je me soumets. » C’est ça qu’il faut dire ? Ce ne serait pas la vérité… Oui, le fou délirant invoque la vérité et fait appel au réel.
BESOIN DE VÉRITÉ
Ces illuminés bouffis de suffisance… Ce médecin-chef, par exemple, qui veut épater la galerie avec sa « maïeutique spirituelle appliquée aux malades… » Il n’a aucune idée de ce qu’il raconte. S’il le pouvait, il opérerait une césarienne dans nos crânes, pour qu’on accouche de cette prise de conscience imaginaire qui le fait tant bander. Et il ose même se prévaloir de Socrate avec une éloquence aussi vaine qu’infatuée… Il n’a rien compris, ce con. Le médecin-chef est plus taré que MOI.
Psychiatrie, psychogériatrie, psychopathologie, psychothérapie, neuropsychiatrie… C’est parce que ça finit en « ie » qu’on accorde du crédit à ces conneries ?! AÉROPHAGIE. Remarquez, dans le temps on prenait la phrénologie au sérieux…
Souvent, la psychiatrie se trompe. « Il faut avoir confiance. S’en remettre aux experts et professionnels. » Dans le temps on soignait par saignées.
Souvent, la psychiatrie ment – parfois sans le savoir, par erreur, omission ou facilité… Elle nous ment et se défausse de son mensonge sur nous, les fous. On est les seuls à le savoir, mais comme les fous sont pires que des Cassandre… Quand la tromperie des puissants disparaît en devenant la folie des larves.
Mon cerveau n’est pas normal, dit-on, il ne fonctionne pas normalement. La psychiatrie détermine la normalité, c’est le pouvoir suprême. Pouvoir législatif, exécutif, judiciaire et psychiatrique : un pouvoir ignoré, qui a le champ libre… qui détermine… qui commande.
En réalité, tout n’est qu’apparences, TOUT est certifié mais RIEN n’est vrai. Et tout n’est qu’hypocrisie. C’est la même chose. Hypocrisie : sel de la vie que l’on répand partout, comme sur les routes enneigées. Voilà.
J’aime les métaphores, les images et les farces de l’esprit. C’est pathologique docteur ? J’aime aussi les considérations absurdes, insolites, et certains de mes délires. Ça c’est pathologique ; il paraît même que c’est mon royaume : Ubu roi, c’est moi. Vaut-il mieux être le roi dans un délire ou une larve dans la réalité ? Je ne sais pas. MAIS JE NE DOUTE PAS DE LA SOUFFRANCE.
BESOIN DE COMMUNICATION
Je soupire avec désespoir, en variant la tonalité, la puissance et la longueur du souffle expiré, pour essayer de composer le plus pathétique des lamentos… J’ai une ambition : faire ressentir dans un soupir TOUTE LA SOUFFRANCE DU MONDE. Mais c’est le soupir du fou : un courant d’air, on ferme la porte pour qu’il cesse.
L’enfer c’est les autres – ce n’est pas moi qui le dis, c’est Sartre. Malheureusement, comme j’ai besoin des autres, l’enfer, c’est aussi moi. LA SOUFFRANCE, C’EST MOI. Je brûle sur un bûcher moelleux et anesthésiant, tandis que l’on attise les braises, juste comme il faut, pour bénéficier de la chaleur de ma flamme. Lisez la parabole des porcs-épics. Ce n’est pas dit, mais à côté de leur ballet hypocrite, il y a le fou, sur son bûcher, consumé par un feu intérieur et un autre que l’on entretient. Le vague à l’âme au-dessus d’un brasier. C’est moi que l’on réduit en cendres, moi… Un feu sous mes draps blancs, je me liquéfie.
C’est très dur de communiquer : je ne supporte pas l’indifférence qui me mine ; mais j’ai peur quand j’attire l’attention, car les projecteurs m’aveuglent et me font perdre mes moyens. Cruel dilemme. Alors je bave. Il faut savoir que les bulles de bave c’est sublime avec la lumière du soleil… La folie est parfois très esthétique. Le génie est artistique. En ce moment, je suis couché sur le côté, contre le carrelage, et je fais des bulles de bave dans la clarté vespérale. Je profite de ce petit plaisir. Je crois n’avoir jamais rien vu d’aussi beau, et c’est une création personnelle ! Mais dès que je serai repéré, la magie sera BRISÉE. Il suffirait qu’on me comprenne, qu’on me voie autrement ; et la lumière se ferait comme l’éclat du soleil couchant sur cette petite bulle de bave. Il suffirait au moins qu’on essaye. On n’essaye jamais de nous comprendre. On se persuade d’emblée de l’impossibilité. C’est plus simple, moins gênant et contraignant. Il suffirait pourtant… Un tout petit effort, et si votre humanité ne suffit pas, dites-vous qu’en théorie le personnel est aussi payé pour ça…
BESOIN D’HUMANITÉ
C’est à moi de faire des efforts ? Ai-je le choix, docteur ? C’est le fou qui doit se remettre en question. La machine est bien huilée, les rouages défectueux sont remplacés. Qui doit se remettre en question ? D’un côté : le fou, peu de chose, et peu de questions à remettre en cause ; de l’autre : tout le reste, trop de questions. Trop compliqué. Pas le temps. Pas pratique. La simplicité commande, le fou doit. C’est un peu le rasoir d’Occam. Donnez-moi un rasoir, je veux me raser, comme tout le monde. Pourquoi non ? JE VEUX ME RASER !
Si je meurs, en théorie les autres patients gagneront chacun une petite minute de temps supplémentaire avec les soignants – mais en pratique, ces derniers en profiteront seulement pour rallonger leurs pauses clopes. En fait, dans cette partie de la clinique où l’on entrepose les vieux fous, ça fonctionne un peu comme dans les maisons de retraite. Le personnel est soumis à un planning rationalisé : « tant de minutes pour le réveil, le coucher, la toilette, les piqûres, les visites de contrôles, etc. » Ici, clinique privée rime avec impératif de rentabilité. C’est une clinique à but lucratif appartenant à un consortium. Voilà pourquoi ils éteignent les lumières si tôt : pas de petits profits. Rationalisation outrancière. USINE. C’est GROTESQUE, on choisit de payer plus, pour avoir une meilleure qualité de soin, et finalement on est moins bien traité que si on allait dans n’importe quel établissement public. Hélas, ma fille a beau être ingrate, elle n’est pas stupide… Elle a très bien compris qu’en me plaçant ici, je ne sortirais pas de sitôt, tant je fais figure de vache à lait. La psychiatrie est un secteur en croissance… MOI JE SAIS POURQUOI !
Pour trouver un peu d’humanité, parfois je parle avec Nicolas, mon voisin de chambre. Il se prend pour un messie, mais il est très sympa. C’est de naissance : il est « génétiquement fou » ; pas de chance ! C’est une question de probabilité, de pourcentage : « un malchanceux sur tant ». C’est tombé sur lui mais ça aurait pu être vous. Et quelle est votre réaction envers ce malheureux qui vous soulage d’un fardeau si lourd ? IGNORANCE, HYPOCRISIE, CONDESCENDANCE, MÉPRIS.
Je suis las de tout ça. Alors, comme souvent, je soupire et je me réfugie dans le silence. Ils prennent ça comme un abandon : le soupir comme un renoncement et le silence comme une abdication… Mais c’est juste une fatigue physique et morale. Les psychotropes font ça. Surtout pendant mes phases de délires et mes troubles de l’humeur – depuis que j’en prends trois différents, parce que je suis bipolaire, selon le nouveau diagnostic à la mode. Les psychotropes font ça. C’est le Tercian, le Zyprexa ou le Depakote, ou les trois… D’ailleurs, je ne suis pas médecin, mais je ne pense pas que cette polythérapie soit exclusivement bénéfique… Quoi qu’il en soit, ces trucs font leur office : état confusionnel, affaiblissement, vertige, léthargie, perte de discernement, somnolence, nausée… BREF, des faiseurs de paix et de tranquillité.
Je suis las de tout ça, mais qui est à blâmer ? Le personnel de la clinique ? Moi ? Non, personne… Ou plutôt si : TOUT LE MONDE. Mais quand tout le monde est blâmable, alors plus personne ne l’est. Pourtant, moi je vous aime… J’aime tout le monde, essayez de me le rendre.
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Et voici la piqûre dans les fesses : l’humiliation souveraine. Bientôt le sommeil. Mais ce n’est pas ça qu’il me faut… Ce n’est pas ce dont j’ai besoin.
Moi, j’ai besoin d’un monde.
Anonyme
25/1/2010
a aimé ce texte
Passionnément
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Bonjour Quelle claque que ce texte ! A la première lecture, c’est de l’émotion pure dans tous les sens. Le rire devant, les larmes derrière, qui picotent. De l’autodérision qui fait mouche, tant pis si parfois le narrateur pleure sur son sort, moi je lui pardonne parce qu’il est seul, seul contre tous, la pire des solitudes, et qu’il est fou.
Fou ? Non, je n’en suis pas certaine. Rappel : « une petite tentative de suicide et une dépression prolongée »… l’une imbriquée dans l’autre, on ne sait pas qui est arrivé en premier. On ne sait rien des causes, des antécédents, on arrive comme le narrateur, en plein chaos méga organisé, rien à faire, rien à dire, juste longer le parcours balisé de pilules colorées et de noms se terminant tous en IE et écouter les divagations, les délires de ce pauvre homme.
Divagations, délires ? Rien n’est moins sûr. Plus j’avance dans la lecture, plus je me dis que j’ai pas à faire à un fou, mais à un sac de douleurs noué du ruban soyeux de l’abandon. Il sait se moquer de lui, il en rajoute dans la folie, il se traîne par terre, il bave… ou il écume de rage et d’impuissance ?
Qui n’en ferait pas autant, qui ne réagirait pas ainsi à l’internement ? Jouer le fou ("Je suis la folie") puisqu’on y est et, inéluctablement, tomber dedans. C’est si vite arrivé… Une petite dépression, une TS… et un vieux père dont on ne sait plus trop quoi faire. Et voilà. Il n’y a plus qu’à fermer le couvercle et laisser mijoter.
Merci pour ce texte, cette passion, cette folie qui transperce l’écran et qui m’a fait frissonner et aussi pour la toute dernière phrase : "Moi, j’ai besoin d’un monde." Je viens de trouver, grâce à ce texte une explication logique à l’expression « Il est fou… il vit dans un autre monde… »
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Anonyme
2/2/2010
a aimé ce texte
Pas ↑
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Des choses m'interpellent: tout d'abord l'internement arbitraire qui si il existe ne se fait pas, à ma connaissance en clinique privée d'où il est facile de sortir, mais dans un HP pur et dur, ensuite: le monologue d'attaque sur les médecins et la psychiatrie me révolte un peu. Je veux bien accepter l'idée que l'on n'y croit pas plus que cela, mais la comparaison avec la saignée du Moyen Age me mets très mal à l'aise. C'est en effet nier des avancées dans la médecine de l'âme et ça je trouve que c'est une forme de négationnisme intellectuel.
Le reste du texte: je vois quelques passages intéressants sur la folie, notamment sur la classification quasi obligatoire de celle-ci, je vois des choses intéressantes aussi sur le suicide et sur la possibilité ou non de le faire ou de ne pas le faire.
j'aime assez la fin ouverte sur la possibilité d'un monde.
Mais je trouve le reste du texte trop éxagéré, mal maitrisé dans son sujet pour être vraiment convaincu.
désolé.
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aldenor
2/2/2010
a aimé ce texte
Beaucoup
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Une dénonciation bien argumentée de la société qui exclue les fous comme des parias, bafouant ses propre valeurs : respect, liberté... L’écriture est convaincante, les idées, le style recherchés. Ceci dit, mon sentiment est qu’il faudrait aller plus loin. La société a besoin d’exclusions. Fous ou lépreux. Une soupape. Je crois que « L’Histoire de la folie » de Foucault aborde ces thèmes. Mais aussi on peut penser que la folie menace les prémisses de l’ordre social. Ici, on a un fou qui déplore sa mise a l’écart, implore sa réinsertion. Il ne voit pas la nécessité de cette exclusion, les rouages de la société qui y mènent. Il n’y a pas véritablement d’agressivité dans sa dénonciation. Il me semble pourtant qu’elle serait justifiée. Un passage clef à mon sens : « Maintenant, je m’interroge : faut-il préférer le néant à une réalité atroce ? Ici nous avons les deux. Nous sommes dans l’antre de la négation. J’entends les rires démoniaques, mal étouffés. LA NÉGATION DE TOUT. Les murs blancs ; les draps blancs ; les blouses blanches ; les serviettes blanches ; les dents blanches. Dehors, la neige. » Joli, ce « Dehors, la neige », tombé par chance dans cette citation ; mais les effets/efforts de style sont vraiment nombreux dans ce texte. Peut-être pas toujours aussi cru, aussi puissant que le sujet ne l’autorisait. Pour revenir à notre passage, la négation ici signifie l’exclusion de la folie par la société. Mais la folie pourrait aussi revendiquer la négation de la société. C’est cette inversion dans l’approche qui me tenterait.
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Anonyme
3/2/2010
a aimé ce texte
Un peu ↑
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J'avais quelques réticences au départ pour commenter ce texte (réflexion dissertation sur la folie pour moi ce n'est guère engageant)
Et finalement au fil de ma lecture j'ai apprécié.
L'entame est à mon avis ce qui est le moins réussi : Bien sûr l'auteur présente le narrateur/personnage mais je me demande si c'était bien la peine. A titre personnel j'aurais aimé une plongée directe dans la "reflexion"
Je ne suis pas spécialiste en matière de folie, donc j'ai été obligée de me renseigner sur google mon ami et là aussi j'ai été assez gênée de constater qu'on ne pouvait pas opposer paranoia à schizophrénie (certains accès paranoïaques pouvant être le signe d'un shizo ou un truc du genre) Que la bipolarité n'était pas en soi un diagnostic, mais qu'elle pouvait effectivement conduire à des épisodes dépressifs et tentatives de suicides. En fait ce jargon m'a ennuyé : outre que je ne sais pas différencier les différents types de folie, je pense que les psychiatres ne vont pas tenir le malade au courant de manière aussi détaillée. En bref j'urais préféré que l'auteur me fasse grâce des détails techniques (pareil pour DSM-IV et de la CIM-10.aie je viens d'aller voir et franchement je me demande comment un aliéné peut avoir accès à cette information là)
Après franchement j'ai beaucoup plus apprécié ma lecture j'ai aimé notamment les millepertuis et la page blanche
sinon là C’est pourtant la dernière chose que je fais ici. Mais je le fais mal. J'aurais mis un autre adjectif que dernière (car si j'ai bien compris c'est dans le sens : la seule chose qu'il puisse encore faire alors qu'à première lecture j'avais compris le contraire.)
Sinon j'ai bien aimé dans chaque partie l'aspect reflexion et délire mêlés (la mouche au milieu des considérations surle rôle social des fous.) C'ets bien écrit , ça me fait froid dans le dos parce que ça a l'air d'un discours sensé et que quelques petits rappels viennent justifié le diagnostic de la folie (ou bien le contraire finalement quelqu'un de sensé qu'on a taxé de fou)
C'est plutôt bien écrit et bien vu je pense. Un dernier petit détail : je n'aurais pas découpé en 7 parties et tout au moins je n'aurais pas fait un rappel en fin de texte.
Sinon non pour la piqûre dans les fesses je pense que c'était inutile mais j'ai bien aimé la conclusion
Au final un texte d'abord rébarbatif mais qui m'a convaincue (mis à part les quelques réserves que j'ai émises)
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Pat
1/3/2010
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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J'aime beaucoup ce pamphlet qui me paraît sonner tout à fait juste. Évidemment, je soupçonne que ça n'a pu être écrit que par quelqu'un qui connaît bien le milieu, mais du côté soignant... (il y a des détails qui ne trompent pas), ou qui a bien intégré les recherches sur cette question. (Il n'y a que le terme "piqûre" qui ne sonne pas professionnel). Ça n'enlève rien pour moi à sa portée. C'est comme si le narrateur avait servi de porte-parole à ces « fous » dont les délires n'ont pas toujours été taxés d'insensés... de par le monde (je pense à l'Afrique, en particulier), de par les époques (je pense à l'anti-psychiatrie et aux expériences Italiennes) et par ceux qui ont pris le parti de les écouter (je pense aux psychanalystes). L'auteur/narrateur a mis un sens appréhendable pour un public non-averti en se mettant à la place (même si c'est impossible) du « fou ». Celui-ci réagit ainsi à l'environnement où il est enfermé et en donne une interprétation « logique ». Un peu comme le font les enfants. Le point de vue est saisissant, parce qu'il donne dans une seule et même parole les deux regards : les raisons pour lesquelles les soignants agissent et le décalage de ses raisons (erronées). Parce qu'évidemment, c'est la raison du plus « fou » qui est privilégiée, ici. Avec une critique assez percutante du traitement réservé aux patients. La grande question de la différence entre le « normal » et le pathologique » est abordée avec force, compte-tenu de la multitude des exemples et n'est pas exempte d'humour (le psychiatre fou et la télé, en particulier). L'humour n'est pas toujours du côté du patient (surtout un psychotique qui prend les choses au premier degré), mais je pense que c'est un procédé intéressant pour nous faire saisir l'ampleur de nos erreurs d'interprétation sur la réalité dont nous pensons être sûrs d'être la vérité. Cette critique du milieu psychiatrique pourrait tout à fait être transposée à d'autres secteurs comme le monde hospitalier, les maisons de retraite, mais aussi beaucoup de lieux où l'on s'occupe de social et d'éducatif... Partout où ça communique entre humains, d'ailleurs... Même s'il y a de l'humour, on sent quand même la souffrance du narrateur et celle de celui qui le voit subir cette maltraitance (c'est bien sûr de ça dont il s'agit, ici). Ce n'est pas un discours délirant, malgré ce qui est dit dans le résumé, même s'il y a par-ci, par-là quelques sauts associatifs (le seul moment, serait l'échappée de la fin (passages mis à droite des besoins)). L'écriture peut se permettre, en général, de sauter quelques sous-entendus laissant le lecteur combler les vides. Un vrai discours délirant est plus bien plus difficile à faire passer... mais comme ce texte est en réflexion, ça ne me dérange pas. Je ne suis pas sûre que d'avoir joué sur les mises en forme suffisent à rendre ce texte délirant... peut-être pour donner cette impression à des lecteurs peu connaisseurs. Pour moi, l'écriture devrait pouvoir se passer de ce genre d'artifices (c'est pas parce que j'ai galéré que je dis ça...). Le style est agréable et tout ce qui est dit est malheureusement exact. Jusqu'aux indécisions nosographiques, aux traitements et à leurs effets secondaires...et aussi dans les différences entre le privé et le public. Pour vous faire rire un peu, je vous conseille un texte sur Oniris qui m'a bien fait marrer et qui devrait vous plaire. C'est dans un autre genre (plus léger), on n'est plus dans la névrose, pas dans le réalisme (c'est le moins qu'on puisse dire), mais j'y ai trouvé des choses intéressantes sur la psychothérapie... un genre à la woody Allen : « psycoLog » de Filipo.
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ANIMAL
28/2/2010
a aimé ce texte
Passionnément
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Un magnifique pamphlet/plaidoyer pour dénoncer la toute puissance de la psychiatrie et donc de ses excès.
Une fois classé fou, c'est fini, plus jamais on ne prendra vos mots, vos pensées, vos ressentis, vos opinions, en considération. Vous n'êtes plus rien qu'une vache à lait pour thérapeutes incompétents. Mais ils ont des diplômes qui leur donnent le droit de vous juger fou.
Ce qui me frappe c'est que dans les sociétés primitives, le fou était respecté et "sacré". Le présent texte nous montre le fossé qui s'est creusé entre ces cultures et les nôtres, dites modernes.
Merci, Max, pour oser dire tout haut quelques vérités qui gênent.
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placebo
28/2/2010
a aimé ce texte
Beaucoup ↓
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Je ne vais écrire tout ce que ce texte m'a inspiré, parce que d'une part ce serait long, et ensuite pas très intéressant, ça t'appartient entièrement.
Je n'ai pas bien compris le passage sur les griffes, ce sont des seringues qui lui arrachent les lambeaux de ses souvenirs?
TV me semble anglais, on dit télé, non?
le style est bien maîtrisé, j'ai relu juste les passages mis en valeur, pas vraiment de règle suivie, donc ça passe bien.
le sommaire final est effectivement superflu à mon sens.
J'ai beaucoup aimé l'humour, peut être un peu trop de références? pour le voc médical, ça gène un peu, c'est évident.
ça peut paraître con, mais ça m'a fait penser au chat, de geluck, des petites remarques un peu décalées en trois cases comme on en trouve dans ton texte.
bonne continuation
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Anonyme
28/2/2010
a aimé ce texte
Bien
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Texte multiforme qui nous interpelle, nous, patients en bonne santé par une belle écriture. Récit en forme de catalogue où les maux sont recensés, les diagnostics établis ; longue liste d'ordonnances parmi lesquelles la vie tente de s'immiscer : mouche qui batifole, piqure qui fait mal dans les fesses... J'ai bien aimé le sujet fortement contemporain même s'il possède un caractère exhaustif, un tantinet scolaire -trop explicatif-, démonstration qui peut s'avérer salutaire en fin de compte...
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florilange
28/2/2010
a aimé ce texte
Bien ↑
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Texte qui nous accroche terriblement. Comment être sûr que jamais nous ne seront tenus pour fous? Question intéressante. J'apprécie d'autant + de vivre dans 1 pays où l'internement existe mais n'est jamais poursuivi systématiquement : 1 texte de loi protège le "malade mental". Le but est toujours de le remettre dans la société, de le laisser vivre selon son mode à lui. Sinon, c'est terrible de penser que pour 1 déprime, suivie d'1 tentative de suicide, on puisse vous enfermer sans espoir de sortie! Ce texte m'a non seulement remuée mais beaucoup intéressée. Bien écrit. Florilange.
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Anonyme
4/3/2010
a aimé ce texte
Un peu ↓
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J'avoue avoir été, déjà, peu engagé par les mots en "gras"... Voire carrément rebuté, aucun "intérêt" à mon sens.
Le titre est "pompeux" est le texte demeure dans cette lignée.
Quelques expressions, passages, traits de plumes intéressants comme "une touche de couleur en rêve" ou " le vague à l'âme au-dessus d'un brasier" par exemple, d'autres encore...
Mais l'impression d'ensemble me laisse un goût de "superficiel" ou de "trop fouillé" au contraire, du moins j'ai eu du mal à m'identifier au narrateur (voilé en brume généraliste).
Personnellement, je n'ai pas été des plus transcendé, je n'ai rien appris et j'ai eu l'impression de me retrouver dans un amphi de psycho.
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Anonyme
11/3/2010
a aimé ce texte
Un peu ↓
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Premièrement le titre ne me parle pas. Dans le sens où c'est réducteur et présomptueux à la fois.
Secondement j'ai un souci avec la mise en page, qui comme le titre me jette de la poudre aux yeux, me crie : LA FOLIE C EST CA, REGARDE!!! Non, je n'y vois que de la poudre aux yeux. La folie je la vis de l'intérieur depuis tellement longtemps pour pouvoir dire qu'elle ne se pare pas de ce genre d'artifices. Elle est... tout simplement et tout naturellement... elle ressemble tellement à la normalité qu'elle fait mal. Et c'est mon troisième point.
Ce texte semble vouloir de toutes ses forces me faire admettre une folie que je n'y retrouve pas.
Oh, certes le passage de la télé, ou les alternances d'humeur peuvent me parler de folie... mais c'est enrobé sous une couche sirupeuse d'étalage, de termes techniques... de connaissances qui me sembleraient plus l'apanage du soigneur que du patient... souvent bien moins conscient de ce qu'il est que ce que j'en lis là...
J'ai donc très peu apprécié ma lecture.
En rien je n'ai pris de claque, en rien je n'ai reconnu quelque chose que je cotoie pourtant au quotidien... j'ai juste eu l'impression d'un narrateur qui veut me faire croire (et sous le couvert d'une réflexion/dissertation d'où il me faut chercher les arguments moi-même) à la folie...
Bref, j'ai mon Canada Dry du mois : ça y ressemble, de loin, ça en a les accents, mais ça n'est pas la Carioca.
ça n'a même pas le côté comiquement absurde que peut prendre la réalité sous le prisme de la folie... ça essaie de m'expliquer la folie. ça ne me la montre pas.
Bon, je m'arrête là, je suis navrée, mes excuses à l'auteur, mais sur moi, ça ne marche pas.
Je ne dis pas que le texte est mauvais... il est mal mis en valeur... le style fait mal... le sujet devrait faire mal... et étrangement, ça me fait pas mal du tout.
J'ai même pas pitié du narrateur. Je le trouve pas crédible.
Désolée encore et bonne continuation.
Edit: Suite à un échange avec l'auteur, qui confirme mon opinion, je maintiens la note...
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Anonyme
11/3/2010
a aimé ce texte
Un peu
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Pas certaine d'etre completement embalee par ce texte meme si j'ai ete attiree par le titre. Je m'attendais a quelque chose de plus. Je ne sais pas vraiment quoi mais cela ne m'a pas paru credible. Pour un fou, le personnage en sait bien trop, il se questionne constamment de facon plutot lucide. (Peut-etre est-cela la folie: savoir?)
Sinon, j'ai apprecie le style litteraire avec un vocabulaire assez recherche. Le theme choisi m'a interesse meme s'il aurait pu etre aborde autrement, je trouve.
Bonne continuation!
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shanne
11/3/2010
a aimé ce texte
Passionnément
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Bonjour, Je suis la folie...un beau titre.J'aime beaucoup la présentation avec des mots mis en évidence qui ont accroché mon regard et m'ont permis de vivre ce moment de lecture sans décrocher. Un texte bien aéré, les besoins de l'être humain sont bien définis. La souffrance du patient est bien exprimée, interné et oublié...un paradoxe: dans un lieu qui est censé d'essayer de communiquer, d'être entouré, il existe le vide. Je voudrais faire une remarque sur l' H D T: o k à la demande d'un tiers mais ne doit-il pas y avoir deux certificats médicaux, et un certificat du psychiatre de l'établissement pour justifier cet internement ? Je suis d'accord, la psychiatrie fonctionne mal. Le personnel n'a plus vraiment le temps de se poser pour entendre, le remède, le plus efficace devient donc l'injection ou le traitement qui réduit au silence J'ai passé un moment agréable à vous lire, un grand bravo
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PostBlue
28/3/2010
a aimé ce texte
Pas ↑
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J'avais commencé un commentaire destructeur, où ligne à ligne je voulais démettre ce texte que je n'ai pas aimé. (ainsi, le ton est donné) Mais le travail était finalement trop long, trop chiant, et je trouvais inutile pour moi, lecteur. Je ne voulais finalement pas m'encombrer, autant y aller "à chaud". Un mois après ma première lecture, je m'y remets ; l'impression est restée la même, hélas.
Mon premier élément est : mais quel est, diable, ce "trip" typographique ? C'est moche, ça arrache les yeux, ça m'empêche de lire aisément et ça m'énerve. Autant dire que ça commence mal. Un peu d'italique, soit. Mais là ! , c'est trop, j'en frise l'indigestion. Je conçois de vouloir insister sur quelques éléments d'une phrase, imaginant l'accent porté sur tel ou tel mot en discours oral, sauf que là ce n'est même pas maîtrisé.
Arythmique, aussi : "Je suis lourd, je sais. Je suis gonflé par un vide lourd." ou 'suis' est les deux fois en italique. Si j'applique mon idée d'insistance orale, ça coince (du moins pour moi) : j'aurais mis l'accent sur gonflé - enfin, c'est vous l'auteur.
La recherche, malgré le sujet, me semble plus que succincte. Je note la référence au DSM-IV et au CIM-10, mais c'est tout. Une référence, pas même une explication. Peut-être suis-je trop exigeant dans l'idée d'une "réflexion/dissertation", en ce point.
Le fond, donc, ne me semble pas être orienté folie comme le prétend le titre. Pour le moins un trip expérimental - et des hurlements blasphématoires, c'est pathétiquement téléphoné. Je ne reconnais pas MA folie, en fait, de mon point de vue lecteur égocentrique. Dommage.
Point de vue tournure du texte, c'est majoritairement maîtrisé malgré tout. Trop, en fait, ça paraît relativement inadapté. La forme ne me parle pas, parallèlement au fond. Franchement, dommage, je crois qu'il y aurait eu de quoi faire un texte vraiment bien. Il ne fait que m'énerver.
Bien à vous.
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Anonyme
28/4/2010
a aimé ce texte
Vraiment pas ↓
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Désolé, j'y suis passé et cela manque cruellement de réalisme. Je suis même un peu fâché car j'ai l'impression que l'auteur, sans le connaître, à voler des brides de passé ne lui appartenant pas... Quand on est enfermé en psychiatrie, attaché sur un lit, il n'est pas aisé de pouvoir s'exprimer et quand on en a l'occasion, le texte créé est beaucoup plus fort, à la limite de l'incohérence, les mots sont vomis, les phrases courtes... Mais je peux me tromper, et si c'est le tracé d'un vécu alors acceptez mes excuces.
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Anonyme
28/4/2010
a aimé ce texte
Passionnément
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Je me suis quand même posé des question sur le rasoir d'Occam ; le réponse est ici : http://fr.wikipedia.org/wiki/Rasoir_d%27Ockham« Moi, je suis un fou compliqué, polymorphe : « un fou original », comme ils disent ». Oui, un texte fort à la forme originale dont je suis sorti saigné du bulbe. Il est fou ce texte !
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jaimme
28/4/2010
a aimé ce texte
Beaucoup ↓
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L'auteur connaît plutôt bien le sujet, cela se voit. Ce patient, pourtant, n'est pas "fou" dans l'acceptation la plus courante. Je n'ai pas lu de délire, de phrases incompréhensibles. Pour moi le narrateur est profondément dépressif. Là j'y vois une description intéressante. Ou plutôt une critique du système hospitalier, carcéral, éloignant le déviant du système des "normaux". En ce sens j'ai apprécié ce texte, plutôt bien écrit, il faut le souligner. J'ai trouvé le dernier tiers un peu long, il n'apporte pas grand chose de plus. Je sais qu'il était difficile de relancer l'intérêt du lecteur, mais quand on part si fort il faut garder des billes pour la suite. Et des billes de feu! J'aurais préféré que cette dernière partie apporte des éléments concrets sur la vie du personnage. Quelques éléments (en dehors de la fille) qui fassent basculer ce texte de la dissertation vers le sentimental fort. Voila la seule critique majeure: la fin. Le reste est fort, intéressant. C'est une vison partielle et partiale d'un système psychiatrique, vu de l'intérieur (c'est du moins ce qui est annoncé). Bien des progrès ont été faits depuis les débuts du grand enfermement, il en reste tant...
Merci Max.
jaimme
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Mwa
30/4/2010
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Commentaire modéré
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krull
12/8/2010
a aimé ce texte
Bien
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Le manque de rythme pénalise l'adhésion au texte et à l'entité même du sujet. Pour autant la réflexion est intéressante et mérite une réécriture plus "dingue" . quelque belles assertions bien sonnantes comme je les aime. Merci pour ce texte en devenir
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Milwokee
21/8/2010
a aimé ce texte
Passionnément
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Waoh. Un texte puissant, fouillé, d'une profondeur abyssale. Une plongée, une chute même dans ce monde derrière le monde. Le style est absolument irréprochable, plein de références (j'ai du chercher sur internet ce qu'était le "rasoir d'occam") ce qui ne nuit pas au texte, au contraire, on sent une érudition délicieuse ! Et puis, en tant qu'étudiante en médecine souhaitant devenir psychiatre, comment pourrais-je ne pas accrocher à ce texte ? C'est exactement l'univers dans lequel je veux plonger. Une horreur sourde et anesthésiée, l'aliénation des fous par une société qui ne veut pas d'eux. Parce qu'elle en a peur, elle ne les comprend pas et en crève de trouille. Elle tire sur la bête à bout portant avant même de se demander si celle-ci représente un danger. J'en ai du mal à commenter ce texte, tellement il est fort et efficace. Certainement le meilleur que j'aie jamais lu sur ce site. L'enchaînement des pensées est décousu, délirant, d'une noirceur que seul l'humain peut créer. On se demande qui est le fou, qui est le monstre. Une critique des soignants aussi, mais ils font ce qu'ils peuvent, ce ne sont que des humains. Eux non plus ne comprennent pas, eux aussi ont peur. Je ne suis pas comme eux, mais j'ai déjà vu certains de mes camarades s'intéresser au secteur psychiatrie, alors qu'ils n'ont rien à y faire. Ce n'est pas un métier comme les autres, c'est une plongée terrifiante dans un monde insoutenable. Pour aller les aider. Il ne sert à rien de les bourrer de médicament, il faut intégrer leur folie à la marche du monde. Ils nous demandent de l'aide et nous nous contentons de les faire taire à grands coups de sédatifs. Mais la psychiatrie est encore jeune, tâtonnante, pas très loin de l'époque où les fous étaient parqués dans des asiles-mouroirs. Un texte comme celui-ci est un véritable réquisitoire contre l'incompréhension humaine, contre la bêtise. On a peur des fous alors on les enferme, dans une chambre et dans leur tête, pour ne plus entendre leurs cris de souffrance, ne plus voir les regards effrayés. L'utilisation de l'italique, des majuscules, les questions, les absences de transition, tout traduit l'état agité du malade, la folie de l'homme qu'on faire taire pour l'oublier. J'irai lire les autres textes de l'auteur, en espérant qu'ils soient du même niveau. Si c'est le cas, l'auteur peut se vanter d'avoir une fan en ma personne ! Quoi qu'il en soit, cette nouvelle est d'une qualité rare et l'auteur a un talent indubitable. Félicitations !
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souchys
28/1/2012
a aimé ce texte
Passionnément ↓
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Bonjour,
C'est la première fois que je mets Exceptionnel. Pour cause, je n'étais pas satisfait de beaucoup de textes. Mais celui-ci...
Au fond, que savons-nous des "fous" ? Les gens dans un hôpital psychiatrique le sont-ils tous ? Et même, nous en soucions-nous ?
Un texte bouleversant relaté d'une plume légère.
Un grand bravo à Max pour ce magnifique texte.
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