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Horreur/Épouvante
MissNeko : Le collectionneur [Sélection GL]
 Publié le 24/08/16  -  21 commentaires  -  15868 caractères  -  206 lectures    Autres textes du même auteur

Émile vit depuis sa naissance dans un petit village du centre de la France.
Journaliste de père en fils, son avenir était tout tracé avant même qu’il ne poussât son premier cri.
À quarante ans, il est vieux garçon et habite au rez-de-chaussée de la maison familiale.


Le collectionneur [Sélection GL]


Émile vit depuis sa naissance dans un petit village du centre de la France.

Journaliste de père en fils, son avenir était tout tracé avant même qu’il ne poussât son premier cri.

À quarante ans, il est vieux garçon et habite au rez-de-chaussée de la maison familiale. Il porte des lunettes en écaille qui le vieillissent d’une bonne dizaine d’années et ses vêtements, repassés soigneusement par maman, se ressemblent tous : chemises blanches ou écrues les soirs festifs, pantalons à pinces de velours côtelé sombre et mocassins vernis. Ses cheveux laissent apparaître une calvitie, certes encore légère, mais prometteuse. Et comme son mètre quatre-vingt-dix l’encombre, Émile souffre d’une scoliose qui l’oblige à se voûter précocement.

Célibataire endurci, la gent féminine l’effraye et provoque chez lui panique et bégaiement. Précisons que sa mère ne l’a jamais incité à la fréquenter. Bien au contraire, elle a toujours eu l’art et la manière d’amplifier sa timidité en diabolisant et en qualifiant les femmes des sobriquets les plus épouvantables. Émile les a donc toujours perçues comme des créatures pécheresses qu’il faut éviter quoi qu’il en coûte, même s’il s’agit d’abandonner sa liberté en restant vivre bien sagement chez papa et maman.

Ses journées se répètent inlassablement, irrémédiablement. Pensez bien que le moindre grain de sable dans cette mécanique bien huilée l’angoisse au point d’avoir d’incontrôlables douleurs abdominales et d’atroces migraines.

Émile, rédacteur de son état, est un perfectionniste respecté de ses pairs. Il aime à peaufiner ses articles qui trônent aux rubriques nécrologiques et autres chiens écrabouillés. Un mariage, ou un rare baptême, vient parfois animer sa routine journalistique. Notre personnage est un solitaire qui échange avec autrui seulement par nécessités professionnelles.

Dès qu’il franchit le seuil de son petit appartement, il s’adonne à sa secrète passion : les vieilles poupées. Il les collectionne depuis près de quinze ans et en possède une bonne cinquantaine. Certaines d’entre elles ont sûrement même de la valeur. Pour la plupart, elles ont été dénichées dans des brocantes ou salles des ventes, seules sorties qu’il s’autorise. Il les affectionne, les chérit. Chaque soir, Émile réitère le même rituel dans un ordre précis : les sortir de leur boîte ou de leur vitrine, brosser leurs cheveux, ôter les particules étrangères qui ont pu malencontreusement se déposer sur leurs habits, les admirer, les toucher et réparer celles qui le nécessitent. Avec le temps, Émile est devenu un expert dans l’art de la restauration : raccommoder, recoudre, ressouder, recoller, rajouter des éléments manquants, ne lui fait pas peur. Ce qu’il préfère par-dessus tout est se remémorer l’émoi ressenti quand son regard croisa la première poupée de sa vie. Elle était petite, potelée, manchote et elle gisait seule, abandonnée, à côté d’une poubelle. Ses volants de dentelle jaunie flottaient dans l’air léger. La rosée matinale avait obscurci la rousseur de ses boucles. Son corps dégingandé esquissait une pose lascive qui l’interpella. Émile l’avait alors amoureusement recueillie pour la soigner. Cette subite inclination ne fit que croître au fil des ans.

Notre vieux garçon a bien conscience que cette étrange addiction est bien loin des préoccupations habituelles des hommes de son âge. Il cache sa précieuse collection dans une sorte de débarras fermé à clef dans lequel il s’est confectionné un petit atelier. Il y officie la nuit, à la lueur d’une vieille lampe, renforçant ainsi la fierté de son père qui le croit en train de durement besogner à la gloire du Journal. Vous l’avez deviné : papa et maman ignorent tout du passe-temps de leur fils.

Ainsi s’écoule paisiblement la vie de M. Émile.

Mais aujourd’hui, son patron lui confie un travail bien exceptionnel pour un quadragénaire aussi routinier. Il doit se rendre dans la matinée à Châteauneuf, village éloigné d’une cinquantaine de kilomètres. Une fête médiévale s’y déroule et un article narrant cet événement est attendu. D’habitude c’est Marc, l’autre rédacteur, celui chargé de l’évènementiel des alentours qui s’en charge. Au grand dam d’Émile, il est en arrêt maladie, la jambe dans le plâtre, souvenir d’une descente un peu trop raide en ski. Le journal n’a donc aucune autre solution que de confier ce labeur à Émile qui s’angoisse déjà de ne pouvoir rentrer le midi manger avec ses parents. L’inquiétude le gagne d’autant plus que sa mère a déjà dû préparer le déjeuner depuis l’aube.

Après quelques longues minutes de recommandations d’ordre alimentaire, vestimentaire et médicamenteuse – surtout ne pas oublier la Ventoline –, la mère se résigne à voir partir sa progéniture jusqu’à tard dans la soirée.

Il s’installe enfin au volant de la camionnette paternelle. Quelques réglages sont nécessaires, un dernier coup d’œil dans le rétroviseur et l’aventure peut commencer. Le véhicule broute, cale, redémarre, hésite pour enfin vrombir de plaisir, si peu habitué à rouler.

Cinquante-sept kilomètres de petites routes de campagne plus tard, Émile arrive à destination. Il y a foule et trouver une place de stationnement n’est pas chose facile. Notre ami finit par se garer, empiétant d’une bonne moitié un passage piéton. Enorgueilli et émoustillé par cette prouesse et ce défi jeté à la société, il brave le flot humain pour se rendre auprès du maire averti de sa venue. En talentueux journaliste qu’il est, Émile mène son interview avec brio, essayant de ne pas quitter du regard le fonctionnaire, fier de pouvoir apparaître dans le journal d’un village voisin. Émile ne peut s’empêcher d’observer du coin de l’œil les jolies jeunes femmes qui passent près de lui. Elles rient, dansent en jouant avec leurs longues robes colorées de princesse d’un autre temps. Les troubadours et autres ménestrels rendent l’atmosphère légère, gaie, intemporelle. Il doit accompagner le maire dans la visite des stands et des spectacles de rue. Des gouttes de sueur viennent mourir sur sa chemise. Plus que quelques photos à prendre, se répète-t-il en boucle, et bientôt retour à la maison. Émile s’installe dans l’angle d’une ruelle pour armer son appareil en répétant fébrilement que tout sera rapidement terminé. Il maudit au passage son confrère Marc et sa stupide idée de faire du ski. Il a très certainement dû avoir l’accident en voulant épater sa dulcinée. Lui, au moins, ne se risquerait jamais à toutes ces ridicules bravades, vu qu’il n’a personne dans sa vie. Derrière son objectif, il retrouve des forces et se prend au jeu. Il mitraille les vieilles bâtisses, qui, pour un temps, avaient rajeuni de plusieurs siècles. Il photographie quelques enfants déguisés et une grand-mère assise près de l’église. Enfin, il glisse lentement sur une jeune fille à la longue toison rousse qui danse comme un petit elfe : elle tourbillonne, sautille, joue avec sa couronne de fleurs. Émile commence à sentir son cœur battre. Son visage devient écarlate et le brûle jusqu’aux oreilles. Elle l’a vu et s’amuse en lui lançant des œillades aguicheuses et mutines. La nymphette ressemble à une poupée au teint de porcelaine. Il zoome et peut apercevoir alors ses deux joues joliment rougies par la danse. D’étranges pensées surgissent et se bousculent tandis que les paroles maternelles résonnent à l’étourdir. Elle a raison ! Ce ne sont que des catins, des créatures perverses.


– Terminée la séance photos ! balbutie-t-il embarrassé.


Il range son matériel le plus rapidement possible et s’empresse de rejoindre sa voiture pour quitter les lieux. Il se fait déjà tard et il craint que sa mère ne s’inquiète.

Installé au volant, il ne cesse de repenser à la rouquine. Cette douce et troublante sensation, il l’avait ressentie quinze ans plus tôt lorsqu’il avait trouvé la première pièce de sa collection. Mais cette fois-ci, cela prenait une tournure qui n’était absolument pas convenable. À la fois honteux et intrigué, il tourne nerveusement la clef dans le neiman. La voiture broute, cale et démarre péniblement, fatiguée par les kilomètres effectués.

Une quinzaine de minutes plus tard, un violent orage éclate, assombrissant le ciel déjà bas. La pluie tombe dru et bien sûr les essuie-glaces ne fonctionnent pas. Émile navigue à vue, le nez collé au pare-brise embué. Soudain, c’est le choc. Notre journaliste vient de heurter le parapet ; coup fatal à la voiture déjà fragile. Il n’a pas de portable – sa mère jugeant cela inutile et signe d’une jeunesse décadente. Coincé dans sa voiture sur une route déserte à plusieurs kilomètres de chez lui, il panique et cherche nerveusement dans sa sacoche sa salvatrice Ventoline.

Deux vaporisations plus tard, il reprend ses esprits et de l’espoir puisqu’il aperçoit de la lumière derrière un dais d’arbres. Il sort, son inhalateur dans une main, sa besace de l’autre lui servant de parapluie de fortune. La grêle commence à s’abattre quand Émile arrive au sein d’un petit hameau où quelques maisons isolées se comptent sur les doigts d’une main. Il s’abrite sous un porche pour faire le point sur ce malencontreux incident. Le journaliste est pris de douleurs au ventre et une migraine arrive tranquillement mais sûrement. Mais oh joie ! Quelle surprise de découvrir, devant lui, une petite boutique de poupées. Il s’approche de la vitrine où des dizaines de visages le regardent. Certaines doivent avoir cent ans. Voilà de quoi lui permettre de se remettre de ses émotions. Cette journée restera à coup sûr la plus marquante de sa vie. Au diable la sacoche-parapluie, l’eau lui dégouline de la tête aux pieds mais c’est à peine s’il la ressent. Émile aperçoit un petit homme qui lui fait signe d’entrer. Il pousse la porte avec un sourire enfantin et fait tinter les clochettes suspendues au plafond. Il s’approche timidement de l’atelier où travaille le vieillard.


– Entrez mon ami, n’ayez crainte ! Nous ne mordons pas. Pas encore du moins ! lance-t-il avec humour de sa voix chevrotante.


Muet, notre collectionneur pénètre plus avant et observe les poupées avec la gourmandise d’un petit garçon qui entrerait dans une confiserie. Elles sont blondes, brunes ou rousses, mais elles ont toutes un teint si naturel, qu’elles en sont saisissantes. Leurs yeux ont un on-ne-sait-quoi qui les rend réels et envoûtants.


– De telles pièces ne peuvent laisser indifférent, pense Émile, comblé par cette fortuite rencontre.


Il frissonne. De peur, d’étonnement, d’excitation ou d’admiration, il ne saurait le dire.


– Vous les aimez n’est-ce pas ? chuchote le propriétaire de l’échoppe.

Je l’ai vu immédiatement. Vous n’êtes pas comme tout le monde. Vous n’êtes pas comme tous ces gens pressés qui ne désirent que des objets remplis d’électronique. Vous recherchez autre chose, croit-il bon d’ajouter avec malice du haut de ses lunettes rafistolées.


Émile tressaille de nouveau et rougit. Le vieil homme au regard perçant le met soudain mal à l’aise. Il semble sonder son âme, ses pensées, pire, ses pulsions.

Le vieux cesse de s’occuper de la poupée qu’il a entre les mains et marmonne :


– Vous voulez les posséder, les détenir. Elles ne parlent pas, sont dociles, soumises.


Il s’interrompt un instant pour réfléchir et dit :


– Je pense que celle-ci vous plaira tout particulièrement. Je me trompe ?


Il pointe alors de l’index une jolie poupée aux reflets blond vénitien qui ressemble à la jeune femme rencontrée lors de la manifestation de Châteauneuf.

Muet, Émile dodeline de la tête en signe d’approbation. Il s’empresse de la prendre. Ses mains la caressent, la palpent. Il est hypnotisé par ses sensuelles prunelles, par la rondeur de ses pommettes roses, par la délicatesse de ses doigts diaphanes. Ivre de plaisir, plus rien n’existe autour de lui.

Le vieillard se lève et rejoint notre collectionneur qui lui tourne désormais le dos. Émile sent soudain la morsure d’une aiguille dans la nuque. Il respire péniblement.


– Mais où ai-je mis ma Ventoline ? se dit-il.


Il est paralysé. Les yeux terrifiés, Émile devient le spectateur d’une atroce scène dont il est l’impuissante victime. Inerte, il est traîné jusqu’à une porte dérobée. La pièce cachée est sombre, poussiéreuse. C’est un laboratoire. Des bocaux suspects aux contenus étranges s’exposent sur des étagères branlantes. De gros récipients en cuivre, remplis pour certains de scalps et pour d’autres de substances ressemblant à du sang, sont posés à côté d’un évier en marbre crasseux. D’âcres odeurs médicales flottent dans l’air déjà lourd.

Émile est allongé par son agresseur sur une table en acier dont il peut encore ressentir la froideur. Il se retrouve seul un court instant avant de voir revenir le vieux marchand, une seringue dans une main, un chiffon dans l’autre.


– L’éther est radical pour faire de beaux rêves ! lui susurre-t-il à l’oreille.


Les rayons du soleil poussent Émile à reprendre connaissance. Il lui faut encore quelques douloureuses longues minutes pour parvenir à distinguer des formes à travers cet intense halo doré. Tout clignement oculaire lui est impossible. Ses yeux grand ouverts et déshydratés le brûlent horriblement. Il reconnaît bientôt le hameau, puis le porche où il s’était réfugié. Quel jour était-il ? Depuis combien de temps avait-il sombré dans l’inconscience ? Émile remarque un couple avec une petite fille, mais ils sont séparés par une vitre. La fillette s’amuse à poser ses mains et sa bouche pour y laisser des traces grasses et humides. Leurs bras et leurs lèvres s’agitent, mais il ne peut les entendre. Ils disparaissent soudainement. Un tintement de grelot familier retentit dans ses tympans fatigués.


– C’est la clochette du magasin de poupées, se souvient-il alors.


Il se sent fermement empoigné par les hanches. Il flotte dans l’air, suspendu comme un papillon. Bientôt le vide est remplacé par l’établi du vieil homme. On le manipule, le soulève, le regarde sous toutes les coutures et au détour d’une cabriole à donner la nausée, il surprend son image dans le reflet d’un miroir. Il ne mesure plus qu’une quarantaine de centimètres, ses yeux de verre sont figés et s’esquisse un sourire benêt sur son visage maquillé.


– Une poupée ! Je suis une poupée ! crie-t-il au fond de lui.


Son cœur bat à rompre et une puissante envie de vomir lui taraude l’estomac. Il voudrait hurler, se débattre mais toute tentative reste vaine. Ses lèvres sont jointes et son corps ankylosé. Émile est prisonnier de sa chair de porcelaine et de tissus. Sa tête va exploser de douleur et de terreur. Toutes ses entrailles bouillonnent et gesticulent sans que le moindre de ses cheveux ne puisse bouger.

La petite fille abandonne Émile à son sort sur la table de bois, pour choisir finalement un poupon blondinet qui paraît lui convenir davantage. Il regagne un peu plus tard sa place sur l’étagère, face à la rue.


Épilogue


Quelques jours plus tard, la police vint questionner le vieillard. Un journaliste avait disparu et on avait retrouvé sa voiture accidentée près d’ici. Le propriétaire assura que personne répondant à ce signalement n’était venu dans ce hameau. Les visites étaient si rares, qu’il ne l’aurait pas oublié. Les agents satisfaits repartirent, tandis qu’Émile essayait désespérément de les appeler de toutes ses forces. Comme il aurait aimé pouvoir frapper de ses poings cette vitre ! Comme il aurait aimé la briser de tout son corps !

Pendant qu’il les regardait s’éloigner, il commençait à sentir étrangement sa raison se brouiller. Ses souvenirs le quittaient et de considérables efforts lui étaient désormais nécessaires pour réfléchir. Alors que les dernières lueurs d’humanité étaient en train de le quitter, il regarda la jolie poupée rousse dans l’angle de la devanture. Son ultime pensée fut pour sa mère :


– Que dirait maman si elle me savait en si charmante compagnie ! soupira-t-il inquiet.


 
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   Anonyme   
7/8/2016
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Cette histoire est tout de même pas mal fabriquée : le seul jour où le pauvre Emile s'éloigne de chez lui, voilà-t'il pas qu'il tombe par accident sur un commerçant maléfique en rapport avec ses fantasmes les plus enfouis ! C'est ça qui me fait tiquer, bien plus que de l'imaginer se faire transformer en poupée...

Cela dit, ce développement me plaît bien ; il n'est pas inédit, loin de là, mais vaut mieux à mon sens, du point de vue de l'intrigue, que celui auquel je m'attendais, à savoir qu'Emile se transformerait en monstre lubrique et étranglerait la jeune fille aperçue à la fête médiévale. Là, le fantastique intervient et c'est plutôt plaisant.

Je trouve la mise en place des personnages trop longue par rapport à l'ensemble du texte, et trop appuyée ; je ne suis pas sûre qu'il soit utile pour la suite de rendre Emile aussi caricatural.
Dans l'ensemble, pour moi, un moment de lecture pas déplaisant mais loin d'être inoubliable.

   hersen   
7/8/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Cette histoire commence de façon très classique, un homme qui prend ses distances autant qu'il peut avec le monde et qui donc, bien sûr, développe une manie; celle des poupées, qu'il cache à ses parents car gros malaise envers les femmes étant donné le caractère possessif de sa mère. Jusque-là, c'est un peu ronronnant, je me lasse un petit peu, d'autant plus que la manière d'écrire est quelquefois un peu lourde.

A la fin par contre, l'intérêt reprend le dessus, on est dans un monde complètement irréel avec la boutique de poupée et son propriétaire;
j'aime vraiment beaucoup cette fin où le personnage principal devient poupée à son tour, au début conscient de ce qui l'entoure mais impuissant et ensuite perdant petit à petit la perception du monde réel.

On ressent tout à fait de l'épouvante quand on comprend ce qu'il advient de ce collectionneur.

   JulieM   
12/8/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
L'histoire est très bien menée, le lecteur accompagne littéralement le personnage dans sa vie intime et routinière. Surprenant bonhomme, un peu falot, vieillot, lisse mais animé d'une passion secrète en total décalage ! J'ai relevé une incongruité : un vieillard ne pourrait certainement pas déplacer ni soulever un homme de sa stature.

Une minuscule déception pour la fin : j'eusse vraiment aimé que la jeune fille rousse soit elle aussi victime de l'inquiétant commerçant, signalée disparue et transformée en poupée, juste à côté de lui, accentuant ainsi l'horrible vécu du vieux garçon.

   Brume   
24/8/2016
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour MissNeko

Quel renversement de situation! Je ne m'y attendais pas et c'est une bonne chose.
Ce qui m'a surpris ce sont les pensées incongrues d'Émile en total décalage avec ce qui lui arrive:
Il se reçoit une aiguille et là il pense : " Mais où ai-je mis ma Ventoline? "
Et la chute donne le sourire alors qu'il est victime d'un acte monstrueux. La folie jusqu'au bout.
La psychologie d'Émile est bien décrit, pas très originale mais bon ce n'est pas bien grave.
Ce vendeur de poupées révèle t-il ce qu'aurait pu devenir Émile? Un psychopathe.
Par contre le passage où le vendeur arrive à déplacer un corps d'un mètre quatre vingt dix me pose question puisque il est décrit comme vieux et de petite taille.
Bon l'épouvante arrive bien tard et est assez brève. Mais au moins l'angoisse est présente.
L'écriture est limpide, les scènes se visualise facilement, bon moment de lecture.

   Alcirion   
24/8/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une histoire bien construite, aux références bien digérées, dissoutes, puis réincarnées...

Je n'ai pas eu accès au texte en espace lesture, et j'avais été intrigué par le titre qui m'avait fait penser à Lovecraft (Herbert West, réanimateur), mais l'ambiance est finalement plus proche de l'épouvante moderne (King, Straub, Herbert...).

Le thème de la poupée a été abondament traité par le cinéma ces vingt dernières années, mais ce qui compte c'est d'arriver à produire quelque chose d'original et c'est réussi.

Moi qui d'ordinaire déteste ça en littérature, j'aurai bien vu une petite point d'érotisme dans le final, les motifs de la nouvelle s'y
prétant sans doute.

Optique matérialiste, pas de surnaturel mal venu ou de facilités avec du sang qui coule : tout va bien !

   Robot   
24/8/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Le fantastique qui me plaît le plus, c'est comme ici, quand le quotidien le plus banal se transforme pour devenir monstrueux. Je préfère le style "Rosemary baby" en fantastique et ici, j'ai apprécié que tout ce passe en décalage avec une réalité plausible.
J'aime assez cette fin un peu humoristique qui détend le lecteur.

   papipoete   
24/8/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonjour Missneko,
Je reviens pour la seconde fois, flâner du côté des " nouvelles " et fais la connaissance d'Emile, l'homme qui ne parlait pas à l'oreille des filles ; ses parents lui en avaient dit tant de mal que jamais il ne pût oser en approcher, ne serait-ce que la silhouette !
Mais, caché au fond de lui, dormait un secret ; il collectionnait, mais pas des petites cuillers, ou des fanions ; des poupées !
Une mésaventure l'entraîne un jour de pluie chez un drôle de marchand ... de poupées, qui d'un coup de surin l'envoie au royaume des poupées ...
Il aura beau hurler au secours sans qu'un son ne sorte de sa porcelaine, il restera désormais Barbie, Corolle ou Bella !
Votre récit est bien mené, et le suspens prenant, en particulier dans la salle aux bocaux de scalps, qui me rappellent ceux de ma colonie, où lovés dormaient divers serpents de notre Jura !

   bambou   
24/8/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Pas de bol pour le pauvre Emile, qui à l'instant où il ''s'anime'' enfin, échappant momentanément à l'emprise psychologique d' une mère toxique et castratrice, de croiser la route d'un démiurge pervers.

Ca me rappelle les petites histoires plus insolites qu'horrifiques que j'écoutais le soir quand j'avais une douzaine d'années, sur France Inter
Ca s'appelait Mystère Mystère
Bref, peut-être est-ce cette réminiscence, j'ai lu cette nouvelle avec plaisir et intérêt

   Vincendix   
25/8/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Quelle histoire !
Je dois juger ce récit tel qu’il est, une fiction bien loin de la réalité, la lubie d’Emile est à la limite plausible en considérant que cet homme est « dérangé ». Je me demande quelle drôle d’idée de l’avoir étiqueté journaliste et même rédacteur, je pense plutôt à un correspondant de presse, à la fois rédigeant des articles et prenant des photos mais il ne serait pas envoyé si loin de ses bases.
Ceci dit, le texte n’est pas désagréable à lire, on suit le parcours de ce célibataire attardé, son attirance pour une rousse (Ah les rousses !).

   MissNeko   
25/8/2016

   Johannes   
25/8/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Habituellement, le genre "horreur" n'est pas ma tasse de thé. Mais j'ai lu avec grand plaisir ce conte. Peut-être - entre autres - parce qu'il ne vise pas essentiellement à provoquer des frissons et qu'il ne tombe pas dans les effets faciles du genre.
Le fait de commencer par la réalité la plus banale pour aboutir au fantastique est une excellente idée et elle est habilement menée dans cette nouvelle.
Le style est clair et le personnage du vieux garçon est bien décrit.
Merci pour cette lecture.

   plumette   
25/8/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonjour Miss Neko

cette nouvelle est prenante de bout en bout! Je l'avais remarquée en espace lecture, sans la commenter faute de l'outil adéquat ( je l'avais lue dans le train, sur mon mobile, en partant en vacances!) Je suis contente de la retrouver ici , contente de vous livrer mes impressions.

Pour moi, la force de cette nouvelle est sa chute qui bouce la boucle.

j'aime bien le personnage d'Emile, vieux garçon étouffé par des parents étriqués et protecteurs. j'ame bien également cette fausse piste que vous ouvrez avec le trouble d'Emile pour la jolie rousse qui virevolte.

j'ai été déroutée par le métier d'Emile car pour moi, un journaliste est nécessairement quelqu'un de branché sur l'actualité et la réalité. Mais j'ai compris en lisant que cet Emile se cantonne aux chiens écrasés et aux nécrologies.

peut-être la description d'Emile est-elle un peu trop appuyée, un peu trop explicative. le texte gagnerait à faire ressentir qui est Emile plutôt qu'a tout nous dire.

j'ai passé un bon moment !

Plumette

   Alphekka   
25/8/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une nouvelle fantastique comme je les aime !
J'aime bien le personnage d'Emile, bien que sa timidité envers les femmes me fait douter de son talent journalistique : comment a-t-il pu avoir une carrière aussi brillante sans jamais avoir eu à en interviewer une ?
Je pense qu'un développement aussi long sur le personnage, au point qu'on s'y attache, aurait pu déboucher sur une fin différente. En effet, il n'est décrit ici que comme une victime parmi tant d'autres du vieillard collectionneur (en tout cas, c'est comme ça que je le ressens).
Or sa passion pour les poupées qui pousse sa curiosité aurait pu amener le vieillard à le prendre comme associé (vu qu'il sait bien réparer les poupées) et lui faire découvrir le pot aux roses à la fin de la nouvelle.
Cela justifierait toute l'attention autour de lui.

   jfmoods   
27/8/2016
Je suis toujours un peu agacé par ce genre de mise en apposition qui fonctionne par raccourci facile et donne, à l'arrivée, une construction bancale...

"Journaliste de père en fils, son avenir était tout tracé..."

Je lui préfère nettement...

"Dans une famille où le métier de journaliste se transmet de père en fils, son avenir était tout tracé..."

Le schéma narratif est scrupuleusement respecté...

- une situation initiale

"Émile vit depuis sa naissance dans un petit village du centre de la France."

- un élément perturbateur

"Mais aujourd’hui, son patron lui confie un travail bien exceptionnel pour un quadragénaire aussi routinier."

- des péripéties

"Il y a foule et trouver une place de stationnement n’est pas chose facile."

"Enfin, il glisse lentement sur une jeune fille à la longue toison rousse qui danse comme un petit elfe : elle tourbillonne, sautille, joue avec sa couronne de fleurs. Émile commence à sentir son cœur battre. Son visage devient écarlate et le brûle jusqu’aux oreilles."

"Une quinzaine de minutes plus tard, un violent orage éclate, assombrissant le ciel déjà bas."

"Quelle surprise de découvrir, devant lui, une petite boutique de poupées. Il s’approche de la vitrine où des dizaines de visages le regardent."

"Le vieillard se lève et rejoint notre collectionneur qui lui tourne désormais le dos. Émile sent soudain la morsure d’une aiguille dans la nuque."

- un élément de résolution pour le moins original, surprenant, cocasse, répondant en quelque sorte au proverbe : "Tel est pris qui croyait prendre"...

"- Une poupée ! Je suis une poupée ! crie-t-il au fond de lui."

- une situation finale, présentée dans l'épilogue, faisant passer un homme symboliquement mort au stade d'homme réellement mort

Il est à noter que le pouvoir de castration de la mère se place bien au-dessus du poids de la tradition. Émile est, de toute évidence, fils unique. Aucun rejeton ne prendra le relais, ne deviendra à son tour journaliste.

Merci pour ce partage !

   Cristale   
27/8/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour MissNeko,

Il m'a été impossible de passer sur votre texte sans me prendre d'affection pour ce collectionneur de poupées anciennes étant victime de la même passion. Qu'il soit un homme n'a rien de dérangeant, des femmes collectionnent bien des vieilles voitures...
À quarante ans, pour une fois que ce "vieux garçon" sort des jupes de sa maman, il sent enfin battre son coeur pour une nymphette de chair et d'os qui ressemble à une poupée de porcelaine : v'lan ! l'accident ! et le cauchemar commence.
Au fur et à mesure du récit, j'ai pensé qu'Emile se trouvait dans un demi-coma, certains éléments rappelant le milieu médical : la seringue, l'éther, les rayons de soleil (lumière des couloirs d'hôpitaux), des formes à travers un halo doré (parabole lumineuse des blocs opératoires), des gens derrière une vitre, tintements de grelots, clochettes (sonneries) et puis la fin, juste avant l'épilogue "Il se sent fermement empoigné par les hanches. Il flotte dans l’air, ...l’établi du vieil homme. On le manipule, le soulève, ...son image dans le reflet d’un miroir. ...tout cela ressemble une salle d'opération vue par un accidenté.
"Il voudrait hurler, se débattre mais toute tentative reste vaine. Ses lèvres sont jointes et son corps ankylosé. Émile est prisonnier de sa chair de porcelaine"
Bref, comme si le héros du récit plongé dans les délires d'un demi-coma (ou/et anesthésie), était prisonnier dans son corps, une sorte de locked-in syndrome.
"Comme il aurait aimé pouvoir frapper de ses poings cette vitre ! Comme il aurait aimé la briser de tout son corps !" Des mots forts et ce que j'aime de votre texte, c'est qu'il ouvre la porte sur les multiples couloirs de l'imagination de la lectrice que je suis et pour cela je vous dis bravo !
Quant à la jolie poupée rousse du final...peut-être une infirmière ? C'est sa maman qui ne va pas apprécier :)
Votre nouvelle est la deuxième que j'ai le plaisir de commenter ici, j'espère ne pas avoir été trop maladroite.
Au plaisir d'autres lectures MissNeko.
Cristale

   Anonyme   
30/8/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonsoir MissNeko,

Vous avez un réel don pour l'écriture, que ce soit pour les contes ou pour les nouvelles d'horreur/épouvante, à n'en pas douter.

Cette histoire m'a vraiment tenu en haleine de bout en bout. D'abord parce que je trouve le héros attachant (style tanguy), et puis parce que l'intrigue est à la hauteur de ce que nous sommes en droit d'attendre d'une nouvelle de qualité. Je trouve que la tension monte crescendo, et même si j'ai compris de quoi il retournait à partir du moment où le vieillard dit : "– Entrez mon ami, n’ayez crainte !", le résultat est quand même surprenant !

La personnalité d'Emile me rappelle (du moins pour la première partie de la nouvelle) à celle de Norman Bates dans le film "Psychose", d'Alfred Hitchcock, sorti en 1960, qui conserve sa mère empaillé dans la maison familiale à côté du motel pratiquement désert dont il est le gérant. Pour les poupées humaines, j'ai immédiatement pensé à "La maison de cire" sorti en 2005, avec Paris Hilton - entre autre, et la fameuse scène dans l'église du village où l'héroïne découvre que tous les habitants sont en cire... Ces deux références sont un peu éloignées mais je me suis pris à penser à ça.

Pour finir, les personnages sont très réalistes - et justes - et le décor bien planté. Tous les clichés sont parfaitement évité et l'écriture est soignée.

Un grand bravo !

Wall-E

   Malo   
10/10/2016
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour, MissNeko
J'ai été pris par votre histoire. C'est ce que je demande en premier quand je lis une nouvelle. J'aime bien Émile, ce pauvre "vieux garçon" castré par sa mère et qui ne peut "faire l'amour" qu'à ses poupées. Le marchand de poupées me fait penser à un personnage d'un roman de Stephen King dont j'ai oublié le nom. Lui aussi possédait un magasin très étrange.
J'aime le déroulement de l'intrigue. Je me suis laissé surprendre par la chute.
La dernière phrase me plait beaucoup. (humour tragique)

   Anonyme   
11/10/2016
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Miss,
Cette nouvelle était pour moi bien partie. D'une bonne écriture, fluide, précise, sans trop d'enluminures poétiques comme j'aime mais bon, c'est efficace et le récit est bien raconté.
Bien sûr quelques détails comme "avec leurs longues robes colorées de princesse d’un autre temps", moi je pense que j'aurais plutôt vu "avec leurs longues robes de princesse colorées d’un autre temps", mais bon, je chipote. Et puis je n'aime pas trop quand le narrateur s'adresse à moi ou m'attribue des trucs comme "Notre vieux garçon" ou " Vous l’avez deviné", je trouve qu'il empiète sur le territoire des personnages et cela me détourne de l'histoire. C'est un procédé que je n'aime pas trop en général, mais bon , là encore je chinoise.
Le récit se tient bien jusqu'à l'accident et la découverte du village par Emile, jusqu'à " où travaille le vieillard."
Ensuite, la seringue dans le cou puis la réduction en poupée, je n'ai pas vraiment accroché. J'aurais vu plutôt quelque chose en rapport, avec les poupées oui, mais avec la jeune fille de la fête et le vieillard bien sûr, mais en plus sournois, moins direct, jouant sur la séduction espiègle de la fille et l'addiction du pauvre Emile. Une réduction presque consentie quoi, par amour pour les poupées de porcelaine et celle bien vivante de la fête.
Et la chute alors, qui est très bonne avec les carreaux de verre et cette dernière phrase, serait devenue plus cohérente.
Je pense qu'il faudrait peut-être revoir cette nouvelle à partir de l'arrivée d'Emile dans la boutique.
Dommage.
Et désolé.
Mais à te relire tout de même, Miss.

   matcauth   
15/10/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Il y a une belle imagination dans cette histoire ou le contexte est bien posé, ou le lecteur plonge aisément. ça m'a un peu fait penser à Bazaar de Stephen King.

Et, partant de là, il y avait matière, ou il y a matière à faire encore plus, d'ajouter des rebondissements à cette histoire. J'ai trouvé émile trop caricatural, pas assez réaliste.

La fin est aussi trop abrupte à mon goût. J'aurais préféré que la maman d'émile se venge en découvrant le stratagème, ou quelque chose comme ça. Car le méchant de l'histoire arrive de façon trop soudaine, sans trop de raison, et on ne prend pas assez parti en détestant des personnages et en en aimant d'autres. Faire aimer davantage émile, détester davantage le commerçant, un procédé qui permet de se prendre à l'histoire et d'être dans l'émotion lorsqu'arrive la chute.

Mais je note l'ensemble, un univers avec un imaginaire riche, une histoire recherchée et une écriture efficace.

   Bidis   
30/10/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Très, très curieux texte. Bien écrit, mais je me permettrai tout de même quelques petites remarques ci-après. C’est du chipotage, je sais bien. Et sans doute du chipotage encore : des petites erreurs de vraisemblance. Mais c’est plein d’atmosphère et l’on ne s’attend pas à la chute, laquelle m'a scotchée.
Un bon moment de lecture donc.
Nonobstant, voici les petites choses que j’ai relevées :
- « même s’il s’agit d’abandonner sa liberté en restant vivre bien sagement chez papa et maman » : je peux comprendre que la peur des femmes ait poussé Emile à rester chez ses parents, je peux comprendre aussi qu’il ne soit pas capable de vivre seul, et qu’il aime se faire dorloter par maman, mais « abandonner sa liberté », non. S’il avait pris femme, il aurait aussi abandonné sa liberté, et même encore plus certainement. En fait, en restant chez ses parents, il se donne l’illusion d’une certaine liberté au contraire.
- « ses articles qui trônent aux rubriques nécrologiques et autres chiens écrabouillés. Un mariage, ou un rare baptême » : un journaliste qui gagne sa vie, travaille régulièrement donc et qui n’aurait que cela à faire ? Je ne trouve pas cela vraisemblable du tout.
- « En talentueux journaliste qu’il est, Émile mène son interview dans le journal d’un village voisin. Émile ne peut … » : la répétition du prénom Emile me semble un peu lourde. On peut très bien remplacer le second par le pronom personnel. Par contre, plus loin, « Il doit accompagner le maire », là il serait plus judicieux, je trouve, d’écrire « Emile » à la place du pronom, parce qu’entre temps on a parlé des « jolies jeunes femmes ».
- « Il maudit au passage son confrère Marc et sa stupide idée de faire du ski. Il a très certainement dû avoir l’accident en voulant épater sa dulcinée. Lui, au moins, ne se risquerait jamais à toutes ces ridicules bravades, vu qu’il n’a personne dans sa vie. » : ce passage manque, je trouve, de précision. On ne sait pas d’emblée qui est qui. Un pronom personnel sujet renvoie au pronom personnel sujet de la phrase précédente et non au complément direct. Mais on sait que c’est Marc qui a eu l’accident et si l’on s’est trompé, on rectifie presqu’aussitôt. Par contre, on ne rectifie pas aussi vite pour la phrase qui suit. « Lui, au moins » qui, là, renvoie directement à Mark, sujet de la phrase qui précède donc alors qu’il s’agit d’Emile. Je sais, je peux être exaspérante avec ce genre de remarque, mais je trouve que cela rend toujours les textes un peu confus et leur enlève un peu de leur qualité.
- « Derrière son objectif, il retrouve des forces et se prend au jeu. Il mitraille les vieilles bâtisses, qui, pour un temps, avaient rajeuni de plusieurs siècles. Il photographie quelques enfants déguisés et une grand-mère assise près de l’église. Enfin, il glisse lentement sur une jeune fille à la longue toison rousse qui danse comme un petit elfe : elle tourbillonne, etc. » : je relierais ces phrases pour ne pas répéter chaque fois « Il » : « Derrière son objectif, il retrouve des forces et se prend au jeu, mitraille les vieilles bâtisses, qui, pour un temps, avaient rajeuni de plusieurs siècles, photographie quelques enfants déguisés et une grand-mère assise près de l’église et, enfin, glisse lentement sur une jeune fille à la longue toison rousse qui danse comme un petit elfe : elle tourbillonne, etc. ». Même si la phrase est beaucoup plus longue, je trouve que débarrassée de tous ces pronoms « ils », le texte serait plus léger.
- « … il ne cesse de repenser à la rouquine. Cette douce et troublante sensation, il l’avait ressentie quinze ans plus tôt lorsqu’il avait trouvé la première pièce de sa collection.». Je trouve que cette phrase est un peu lourde, mais je ne peux pas dire pourquoi. Je préférerais par exemple : « … il ne cesse de repenser à la rouquine : douce et troublante sensation comme celle ressentie quinze ans plus tôt devant la première pièce de sa collection. »
- « Il n’a pas de portable – sa mère jugeant cela inutile et signe d’une jeunesse décadente. » : il peut très bien vivre chez ses parents étant incapable de s’assumer affectivement, et la mère est certainement abusive, mais de là à ne pas s’acheter un bête GSM. ! D’autant que grâce à cet appareil, elle pourrait le surveiller d’encore plus près. Donc, là, je n’y crois pas. Il aurait tout à fait pu avoir un GSM déchargé (pour les besoins de l’intrigue).
- « quand Émile arrive » : j’aurais écrit « journaliste » ici puis « Emile » à la phrase suivante : « Emile s’abrite etc ». « quand le journaliste arrive » et
« Le journaliste est… » Ici j’aurais préféré : « Soudain, le voilà pris de douleurs… »

   Anonyme   
19/5/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une histoire classique avec le fait de l'accident asser prévisible;néanmoins l'ambiance est prenante, le personnage, Émile, vieux garçon, vivant chez des parents possessifs, hors société rend un sentiment un peu malsain avec un je ne sais quoi intriguant et noir. Tourner ça autour du fétichisme des poupées de façon glauque, devenant ce qu'il chérissait est vraiment prenant, bravo à vous et merci pour cette nouvelle ^^


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