Depuis la venue de ce mystérieux personnage, j'ai bien réfléchi - il faut dire que le stock de médicaments que j'ai fait sur mon lit m'aide à y voir plus clair... Je sais maintenant ce qui a pu se passer. Il ne me reste plus qu’à sortir d'ici et révéler le scandale au grand jour. Je suis certain que j'ai été victime d'un grand complot. Pourquoi moi ?

Le seul véritable indice dont je dispose est le nom que j'ai entendu avant de m'évanouir et de me réveiller ici : Miss Taylor... Je sais aussi que miss Peggy n'est ni ma femme, ni mon infirmière, elle était présente à mon réveil pour assurer la "soudure" entre mon délire et la réalité. Je sais que les médicaments que l'on me donne sont destinés à me garder dans une douce folie, histoire que je pète le plomb et en particulier devant les gens qui pourraient me rendre visite. Oui, tout est enfin devenu clair, clair comme la lune, clair comme l'eau, clair comme ma femme... Enfin comme la peau de ma femme... Si j'en ai une ?

Enfin bref, je comprends tout. Je dois absolument sortir d'ici, non plus en délirant, mais en étant sûr de moi. L'homme m'a demandé de faire un choix. Le voici : fuir pour connaître la vérité.

Tiens. Quelqu'un vient ? J'entends le bruit de la clé qui entre dans la serrure, qui cela peut-il bien être ? La porte s'ouvre... Une femme ? Mais ? C’est...

- Bonjour mon ange, comment tu vas ?

Ma femme ? Je la reconnais, c'est une très belle femme à la taille mince, les cheveux noirs et longs...

- Salut ! Que fais-tu là ?

Je ne comprends rien. Comment se fait-il qu'après huit mois dans un asile de fous, soudain, ma femme entre avec les clés, comme si elle m'avait vu la veille au dîner de communion de notre petit dernier ?

- Je suis venu te délivrer, ils m'ont enfermée, mais je me suis échappée... Sortons vite.

Voilà huit mois que je suis seul, alors vous pensez... quand une jolie fille vous demande de sortir avec elle, vous n'hésitez pas ! Nous longeons un long couloir, passons par diverses portes. Et rapidement nous nous retrouvons dehors, sans encombre - mis à part le chien que nous avons dû enfermer, les deux gardes assommés et les six policiers que nous avons semés. Tout s'est très bien passé.

Suivant le dédale des rues, courant, sautant, regardant aussi souvent derrière que devant, méprisant la pleine lune, si propice aux amoureux, mais si funeste aux fugitifs, nous nous trouvons à présent hors de danger. Mais toujours pas avec mes réponses... Cette sortie, si rapide, si soudaine soit-elle, me semble totalement anecdotique par rapport au combat qu’il me reste à livrer. Un combat pour la vérité, un combat que désormais je ne mènerai plus seul : j'ai ma femme à mes côtés. Je me souviens, elle s'appelle Brigitte, nous sommes mariés depuis un an, un magnifique mariage...

À nous deux, Miss Taylor !