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Cox
1/3/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
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Un texte intriguant dont l’aspect Kafkaien est réussi !
J’ai envie de le suivre pas à pas : « je ne manquerais pas de le signaler à l’agence. », pense le narrateur dans les premières lignes, après s’être blesse tout seul. On s’interroge : a-t-on affaire à un agaçant personnage excessivement procédurier, ou y-a-t-il un sens caché ? Ce début de texte s’attachera á cultiver le doute et á laisser le lecteur prendre ou perdre ses repères dans un environnement flou, incertain : « Le jardin avait dû être splendide avant, avant quoi, je ne saurais dire » « ce qui ressemblait à un cerisier et peut-être un néflier » Des éléments viennent ensuite suggérer une certaine déconnexion du narrateur avec la réalité et les autres : « comme le monde est mon miroir, j’ai toujours du mal à imaginer que quelqu’un d’autre pourrait en faire autrement ». On peut se demander si l’on suit un personnage autiste ou légèrement sociopathe, avec peu de capacité d’empathie et de compréhension du monde humain qui l’entoure. L’impression se renforce avec une précision a la Rainman, peut-être obsessive : « J’attends depuis 17 minutes désormais », ainsi qu’une timidité excessive : « Je n’ose me risquer à appeler monsieur et madame Dumoulin à haute voix ». Je n’ai pas compris, en revanche, ce que le paragraphe sur les étés chauds et l’exposition plein sud de la maison apportait au récit. Le portrait mental du narrateur se confirme, avec sa crainte incongrue des tiques et une psychorigidité encore soulignée : « on m’a invité et quand on invite quelqu’un à une heure précise, on l’attend », « un de ces objets bruyants et irradiants d’ondes néfastes », « La décadence du monde est évidente ». La distanciation avec autrui est encore renforcée : le narrateur se refuse à suivre « tous ces autres ». On commence également á avoir quelques éclaircissements sur son emploi et la raison de sa venue : il est « trouveur de solution », ce que l’on suppose être une allusion délibérément vague. On note cette intéressante opposition entre le flou général du tableau (qui est-il, pourquoi est-il là, quelles solutions, quel problème ?) et la méticulosité du narrateur, son attention voire son obsession pour certains détails rendus avec précision et insistance. Cela rend une inconfortable impression de focalisation sur des détails qui fait obstacle à une vision globale de la situation, et donc à notre compréhension. Je suppose que la narration imite ici la perception interne du narrateur et sa difficulté á saisir le monde extérieur ; procédé habile et bien rendu ! Le narrateur met ensuite en place la « méthode FRPD » (vous m’expliquerez l’acronyme ?😉) pour nous éclairer sur le qui, que, quoi. L’aspect méthodique qui confine à l’absurde colle avec le tableau mental précédemment dressé. Mais là encore, la méticulosité des questions se heurte á des réponses vides de sens : pourquoi est-il là ? «pour résoudre un problème, évidemment, c’est mon boulot et ce pour quoi je suis connu. ». Nous ne sommes pas plus avances, et l’on commence à ressentir une inconfortable sensation d’absurde. Inconfortable parce que le personnage semble, lui, s’en satisfaire tout á fait : il y a un décalage entre la perception de ce qui fait sens pour le lecteur et pour le narrateur. Cette dissonance rend une intéressante impression de malaise. Le personnage qui s’était jusque lá montré parfaitement fidèle á la logique (même si c’était parfois sa déroutante logique personnelle), fait preuve par la suite de plusieurs raisonnements ouvertement absurdes, comme lorsqu’il considère que les résidents ont pu l’appeler « pour résoudre un problème immédiat, (…)leur mort ? », ou lorsqu’il justifie ses raisons de ne pas prendre un ordinateur (qu’il y ait une prise ou non n’empêche pas de prendre son matériel au cas où). Ce changement dans les raisonnements, quoique possible, manque peut-être d’une justification, d’un élément pour l’amener de manière plus justifiée ou naturelle. La psychorigidité du personnage semble par la suite se faire l’écho d’un univers très bureaucratisé : « le règlement est clair, les problèmes des autres leur appartiennent, la confidentialité est de mise », « je suis censé demander à un collègue de m’assister à chaque fois que je me retrouve confronté à un problème ». On se rend compte alors que les étranges attitudes du narrateur sont peut-être la norme dans un monde dystopique aux règles absurdes, qui force le narrateur à « rentrer à l’agence et demander à un collègue de prendre en charge [s]on cas. Ce sera difficile à cette heure-là, un vendredi soir, mais [il n’a] pas vraiment le choix ». Un univers s’esquisse en filigrane, régi par la stupidité administrative de « l’entreprise ». Le caractère robotique du protagoniste s’inscrit maintenant dans ce cadre plus vaste. On comprend que « trouveur de solution » pourrait finalement être l’intitule officiel de son job. Ça ouvre la porte à des questions : a-t-il été recruté pour sa psychorigidité ? Lui a-t-elle été inculquée ? Est-il « contrôlé » par l’entreprise mystérieuse ? A-t-on affaire a une secte, comme le suggere certaines pratiques méditatives/spirituelles qui lui ont été enseignées ? (« À chaque fois que l’arrogance survient en moi, je sais ce qu’il faut faire. Fermer les yeux, respirer profondément et me rappeler les maximes du travail. »). Autant de questions qui seront laissées en suspens. C’est un choix bien sûr, le flou est une part majeure de ce récit comme on l’a déjà relevé, et ça participe à son atmosphère. Je regrette tout de même un peu de ne pas trouver plus d’éléments de réponses avant la fin du texte, qui me laisse curieux d’en apprendre plus. Il y a de suggestions intéressantes qui donnent au texte une certaine portée, et ouvrent la voie à une réflexion, mais elle ne parait pas finalisée ou poussée á bout, ce qui est peut-être une facilité. Une suite ? 😉 En bref, un texte que j’ai trouvé très intéressant. L’écriture est fine, toute en suggestion, même s’il y a peut-être dans l’ensemble une insistance légèrement excessive sur des même traits de caractère déjà établis. La nouvelle dépasse le simple exercice de style imitatif grâce aux idées et aux parallèles qui son suggérés en filigrane. Cependant, je ressens encore une petite frustration en fin de lecture ; si le flou ne me dérangeait pas dans le corps du texte et me paraissait efficace, il est dommage de ne pas en sortir pour le dénouement. |
jeanphi
9/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
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Bonjour,
Il faudrait une catégorie absurde pour donner la mesure de cet écrit. Un personnage cartésien jusqu'à l'irrationnel, qu'incombe une fonction dont la rationalité ne peut qu'échapper aux lecteurs, émet une réaction d'une complexité frisant la paranoïa en réponse à l'absence de ses clients à leur rendez-vous. J'y vois une caricature de la société de services, ainsi qu'une satire du cloisonnement des compétences professionnelles. Une lecture agréable qui laisse un petit goût d'insatisfaction, comme par retour de la rigidité et de l'hygiènisme de la pensée du narrateur. |
Pouet
11/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
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Slt,
il aurait pu mesurer des terres, il est payé par l'Agence pour mesurer l'étendue de ses limites. Les fameux élans externes et internes. La maison vide c'est certainement de l'écho physiologique, son intérieur quoi aux parois de muqueuses en pré putréfaction à la place du lambris. Son nid douillet. On a beau sonner... enfin bon. Le gonze, il compte sûrement sur les 75%, j'ai l'impression qu'il cherche un truc en à côté ou sur lui-même et que les Dumoulin n'étaient (pas) là que pour apporter de l'eau à sa métaphysique, métaphysique peut-être étendue entre un copeau de Beckett et une brindille de Kafka. (on y est bien, ici, dans cette ambiance, légèrement décalée, juste ce qu'il faut pour être en définitive "réelle"). Du coup il compte sur les 75%, le problème c'est l'histoire du miroir, "le monde est mon miroir", elle doit donc se situer dans le coin la "tierce" personne, dans l'angle survivant. Après c'est sûrement moins "déformant" que les 25% qui restent, ceux qui dégoulinent d'instinct, d'espoir, de cécité. Je ne sais pas si on se voile mieux la face de l'intérieur ou de l'extérieur. J'ai pensé à deux solutions avant de me rétracter. Il y a cette idée de confinement de l'être, d'ego à museler, d'une chappe de dogmes et d'un jardin à la française flottant sur le fleuve de la conscience à bien débroussailler sur les berges (contrairement au jardin touffu (de quoi?) des Dumoulin - sûrement une histoire de surmoi :) ; la coiffure de l'employé des modèles doit être bien soignée, conserver précieusement sa raie au milieu parfaitement lisse, frontière impeccable, impératrice de l'orée centrale ; ô destins oniriques! Liberté à pourvoir. Et les chemins de traverse seront d'autant plus attrayants... Ce doit certainement être écrit quelque part dans le règlement. |
dowvid
12/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
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J'aime bien les tergiversations internes des méandres du cerveau.
Et ce fonctionnaire me plaît bien. Une histoire un peu sordide, bien écrite, qui m'a fait rire. Merci |
Cairote
14/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
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Le texte réussit à nous faire pénétrer dans l'esprit (faussement) rationnel jusqu'à l'absurde de l'employé et de son agence, ce qui contribue, avec l'absence voulue d'information, à leur donner un côté mystérieux et intriguant, un peu dystopique. Le ton est approprié, la langue est simple et directe, comme le personnage semble s'imaginer qu'il l'est.
Quelques passages m'ont fait un peu tiquer, à tort ou à raison: - comment une agence aussi sévère qui "punit l'arrogance" accepte-t-elle le manque d'efficacité qui résulte de son refus d'utiliser un téléphone portable ou un ordinateur. Et lui-meme se voit pourtant comme effaçant toute trace d'orgueil en lui? - un cri strident qui "se répand" ? et qui fait un "chahut" ? - l'existence d'une "tierce" personne, il me semble, suppose deux autres parties. Une lecture plaisante, au total. |
hersen
17/3/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
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Un texte que j'ai fort apprécié par son côté rigoureux dans la réflexion du narrateur, mais rigueur... qui ne sert à rien;
tout ce monde de l'agence est un délice d'absurde; et l'absurde n'a prise sur personne, et pourtant, on est là, on regarde ce monsieur qui attend les Dumoulins, qui sont peut-être morts, sourds ou je ne sais plus quoi, pour les aider à résoudre leur problème, dont on ne sait rien, et ça ça qui qui est génial dans l'histoire : on ne sait rien et on se balade sur le fil de l'absurde; Bon. Moi je pense à une autre raison, peut-être qu'ils sont bourrés ou défoncés , là, on quitte le genre bien comme il faut de cet employé d'agence à résoudre les problème. Finalement, il n'envisage que des problèmes à sa portée à lui, pas à la portée de ses clients. N'est-ce pas ce que l'on fait dans la plupart des cas ? tout ramener à soi avec bonne conscience, sous couvert d'une agence , d'une morale ? de convictions ? Bon; j'ai adoré lire ce texte, merci pour la lecture; Et l'écriture colle pile-poil, elle est brève, nette, on ne s'embarque pas dans des machins compliqués. ça fait très entreprise d'aujourd'hui : réponds au problème, on ne te demande rien d'autre, ne t'embarque pas dans des élucubrations existentielles, en gros, ne discute pas avec toi-même en dehors de la question posée. j'adore. je l'ai déjà dit ? c'est parce que je focalise sur un sujet, on ne se laisse pas avoir par des considérations oiseuses. On bosse. Ah ah ah, merci Néojamin ! Lis kafka plus souvent ! |