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Humour/Détente
Neojamin : Partir
 Publié le 24/06/14  -  18 commentaires  -  9756 caractères  -  247 lectures    Autres textes du même auteur

Partir, ailleurs qu'ici, quelque part, peu importe où, là-bas, de l'autre côté.


Partir


J'ai toujours aimé partir. Empêtré dans ce corps d'enfant, je ne pouvais pas me permettre d'aller bien loin mais je partais quand même. Parfois il me suffisait d'un mot pour me faire décoller, pour traverser les mers, les océans, survoler les continents. Désert par exemple, le mot le plus magique au monde. Il suffisait que je le lise ou qu'une voix grave le prononce pour que mon cœur s'emballe. Je n'avais alors qu'à fermer les yeux et je m'y retrouvais, en plein milieu du Sahara, au bord du Kalahari, je ne ressentais ni la chaleur, ni le vent, mais je pouvais voir l'étendue ocre qui s'échappait vers l'horizon. Désert et je voguais sur les dunes de sable tel un souffle, effleurant la surface brûlante de ces mondes lointains. Il me suffisait d'un mot pour y croire.

Je ne rentrais jamais déçu de mes voyages, le merveilleux était toujours au rendez-vous, les steppes arides de Russie, les mers froides de l'Arctique, les savanes dorées du Burkina Faso, les jungles humides du Brésil, les montagnes enneigées de l'Oural… partout où j'allais, je découvrais la magie de l'univers, les vents qui façonnent les montagnes, la terre qui accueille les rayons du soleil et les transforme en plante, l'eau qui irrigue le tout, s'évapore, se glace. Il me suffisait de fermer les yeux.

Chaque jour je m'échappais et chaque fois je découvrais quelque chose de nouveau, un paysage différent, un arbre inconnu, une nouvelle dune… Je n'en parlais à personne, les autres ne me comprenaient pas. La maîtresse se moquait, mon père me prêtait vaguement l'oreille et changeait aussitôt de sujet. Ma mère souriait gentiment, comme peinée d'avoir un enfant aussi rêveur. J'ai essayé de leur dire que je ne rêvais pas, que je partais pour de vrai, que je voyais le monde derrière mes paupières, que j'entendais son cœur battre dans ma poitrine. "Une imagination débordante", c'est ce que j'avais, symptôme gracieux d'une maladie méconnue, un trouble évident.

La maîtresse, madame Boucher, arborait le même sourire que ma mère quand la psychologue est venue. J'ai décelé sa fausse peine, son indifférence, l'arrogance de sa supposition. "Il a toujours la tête dans les nuages, un pied sur terre et un autre sur la lune", lui avait-elle dit. La psychologue, une femme charnue, habillée en noir, maquillée comme ma mère le dimanche, m'a demandé :


– Pourquoi aimes-tu autant aller sur la lune mon enfant ?


La maîtresse a pouffé, ma mère a contenu un rire. J'ai répondu franchement. Je lui ai dit que j'aimais partir, le soir, la journée aussi quand je m'ennuyais, que je fermais les yeux et que je pouvais traverser les mondes, que j'avais vu la muraille de Chine, les mers sablonneuses de l'Iran, les forêts denses de la Tanzanie et que parfois, en effet, je partais sur la lune, je n'y restais jamais longtemps parce qu'on ne peut pas y respirer, parce que la lumière du soleil brûle la peau et qu'il n'y a rien à voir à part des cailloux et des crevasses. Je lui ai dit tout ça et elle m'a souri.

Elles étaient toutes les trois à me regarder avec ce même sourire de fausse compassion. Ma mère aussi, c'était sa trahison qu'elle portait sur son visage. Alors là, devant elles, j'ai fermé les yeux et je suis parti, loin, très loin, aussi loin que pouvaient me porter les vents, j'ai traversé les nuages, les tempêtes, j'ai vu le lever du soleil sur les hauteurs des Alpes japonaises. L'océan était vaste et s'étendait jusqu'à l'horizon qui brûlait au loin. Les bateaux s'échappaient du port de Tokyo traçant de minuscules sillons qui se perdaient dans les vagues, puces d'eau qui partaient, courageuses, à l'assaut de l'infini. C'est à elles que je pensais quand ma mère m'a caressé l'épaule.


– Réponds aux questions mon chéri.


La psychologue me regardait droit dans les yeux, l'espace d'un instant j'ai cru qu'elle avait compris, qu'elle avait vu elle aussi, dans le reflet de mes yeux, le reflet de l'astre rouge sur la mer.


– Dis-moi, lorsque tu pars, comme tu dis, comment te sens-tu ?


Je n'ai pas su quoi répondre. J'ai regardé ma mère, madame Boucher, la carte du monde accrochée au mur, les traces de craie sur le tableau, les doigts de la psychologue, ses ongles peints en rouge. Je l'ai regardée dans les yeux pour y chercher une réponse.


– Et est-ce que tu aimes l'école ?


J'ai voulu répondre "oui" mais aucun son n'est sorti de ma bouche. J'avais envie de faire pipi, j'avais envie de m'asseoir sur la cuvette en levant les jambes pour que personne ne sache que j'étais là, j'avais envie de fermer les yeux et de partir. Juste partir.


– Je peux aller au petit coin madame ?


---------------------------------


Le sourire de madame Boucher s'était gravé en moi. Chaque fois que je croisais un sourire similaire, une envie de pisser me submergeait. Neuf ans sont passés, neuf longues années durant lesquelles, chaque fois qu'un événement fâcheux me surprenait, je fermais les yeux. C'était automatique, je ne pouvais l'éviter. Mon monde était plus vaste encore, maintenant j'arrivais à sentir les odeurs des buissons épineux dans les grandes plaines africaines, l'odeur de l'humus tapi dans les jungles amazoniennes, les effluves de soufre au pied du volcan Kao, je ressentais le toucher du vent, des feuilles qui glissent sur ma peau, la brûlure du froid sur la banquise du Groenland, je ne me contentais plus de voir le monde, je le ressentais. Parfois ces excursions étaient douloureuses, j'éprouvais la souffrance des hommes qui s'asphyxiaient dans les mines de Hezing, en Chine, le poids d'un seau d'eau porté par les bras frêles d'un Kenyan dans la chaleur du jour, la faim qui rongeait l'estomac d'un Nigérian, la peur qui saisissait une Bolivienne au moment de donner naissance dans sa hutte.

Les autres ne savaient pas, mes amis, mes camarades de classe, ils ignoraient tout de ce qui se passait dans le monde, ils écoutaient la radio, lisaient les journaux, regardaient la télévision, débattaient de ceci, de cela, mais ils ne ressentaient pas, ils ne comprenaient pas. Et quand j'ouvrais les yeux et que de chaudes larmes coulaient le long de mes joues, ils s'inquiétaient, ils en parlaient à mes parents. Ma mère était triste, mon père ne disait rien, il me regardait d'un œil distant, comme s'il m'avait perdu il y a bien longtemps déjà. Une fois par semaine j'allais voir la psychologue, une autre, une qui ne souriait pas. Elle m'écoutait, elle aimait mes histoires, elle me disait qu'il fallait faire attention à ne pas trop s'éloigner de la réalité mais quand je lui parlais des Inuits prisonniers de la glace pendant des mois, des Mongols qui traversaient les steppes sans but, des chamois qui remontaient chaque fois plus haut dans les montagnes fuyant les morsures de l'Homme, alors, elle acquiesçait.


– Oui, ça aussi c'est une réalité… mais ce n'est pas ta réalité.


J'essayais de lui expliquer que toutes ces choses, ces images, ces sensations faisaient partie de moi, que je n'inventais rien, comment pouvais-je inventer le bruit de la pluie sur les feuilles d'un bananier en Inde, le ronronnement d'une vieille Volkswagen sur les routes poussiéreuses de la péninsule du Yucatán, le sourire d'un Tanzanien, éclatant de joie, lorsqu'il se désaltérait à une source d'eau fraîche.

Elle ne souriait pas, elle ne me jugeait pas, elle ne me comprenait pas. Souvent je fermais les yeux en lui racontant mes voyages, je m'échappais le plus loin possible et quand je les ouvrais de nouveau, j'approchais mon visage du sien et je la fixais intensément, qu'elle puisse voir un peu, dans le fond de mon regard, ces paysages, ces gens, ces histoires. Elle était alors si gênée que je savais qu'elle avait vu, elle aussi, qu'elle aurait pu comprendre si elle s'était laissé faire, si elle avait abandonné sa raison, si elle avait décidé de croire que derrière mes paupières, le monde respirait.

Un jour elle m'a dit que nous devions terminer les séances, qu'elle ne pouvait rien faire pour moi, qu'elle ne voyait aucun danger à ce que je me perde ainsi dans mon imaginaire. "N'oubliez pas la réalité, c'est tout."

Je l'ai regardée une dernière fois. J'avais les bras posés sur les accoudoirs, le corps détendu, enfoncé dans le cuir mou du fauteuil. Elle était face à moi, assise bien droite sur sa chaise, les jambes croisées, elle me souriait.


– Vos histoires vont me manquer, j'aimerais bien pouvoir partir comme ça moi aussi !


J'ai souri, j'ai senti l'amour dans son cœur, j'ai senti la peine de la séparation et j'ai fermé les yeux.


---------------------------------


Aujourd'hui, il ne me reste plus rien d'autre. Partir est la seule ressource qu'il me reste, ma seule échappatoire à ce quotidien qui ne fut jamais le mien.

Mon "problème d'acceptation de la réalité" comme l'avait énoncé la psychologue s'est accentué avec l'âge. Dès que j'avais peur, que j'avais mal, que j'étais triste, je fermais les yeux. Ainsi, lorsqu'au volant de ma voiture, le camion a déboulé, je n'ai eu qu'un réflexe.


Ironie certaine, je me retrouve désormais cloué sur un lit d'hôpital. Je ne peux pas faire grand-chose. On me lave, on me nourrit, on me parle, on choisit pour moi les chaînes à la télévision. Je communique à l'aide de cet ordinateur intelligent. Il traduit mes pensées. Souvent, ils mettent la chaîne du National Geographic et je peux voir le monde les yeux ouverts, mais en général je préfère les fermer. J'abaisse mes paupières et je pars, sur les routes pierreuses du Chili, dans les forêts enneigées du Canada, sur les lacs gelés de Sibérie, je respire la poussière qui emplit mes narines, j'éprouve la douceur de la neige sur ma peau, l'adrénaline qui monte quand je m'aventure au milieu d'un lac, écoutant le craquement de la glace sous mes pas.


 
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   Anonyme   
19/5/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Une bien belle histoire, je trouve, douce-amère et plus amère que douce. Le narrateur est l'innocence même, il ne nuit à personne, mais son inadaptation foncière au monde partagé par les autres le mène au désastre...
D'un autre côté, même dans sa triste situation, par bonheur il a gardé sa merveilleuse faculté d'évasion, ce qui évite au récit d'être trop triste. Jusqu'au bout, le narrateur reste fidèle à lui-même, et même démuni il trouve sa paix intérieure. De ce point de vue, le texte me paraît chargé d'espoir et de foi en l'esprit humain.

J'apprécie cet équilibre fragile du texte entre tristesse et sérénité, et j'ai trouvé que l'écriture, toute simple, convenait à merveille à ce narrateur qui n'a jamais perdu son âme d'enfant perspicace.

   Anonyme   
6/6/2014
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Une remarque : le texte aurait gagné à être un peu plus court. Cela aurait renforcé la fin, du moins je le ressens comme ça.
L'auteur(e) ne nous révèle pas non plus la source de ce "don", cela m'a exaspéré par moment, je me suis dit : hé bien, voilà ce que l'on espère de l'omniprésence, de l'omniscience de dieu !
Quatre étapes bien écrites, oui. L'incompréhension de la mère, de la maîtresse d'école, de la première psychologue. puis l'accident.

J'interprète ce texte sans "message émotionnel ou existentiel ou encore social" comme un bel exercice d'écriture. Sans défaut, structuré, plaisant. Il y manque ce quelque chose qui vous remue.

   Coline-Dé   
9/6/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai beaucoup aimé la sobriété limpide de l'écriture et cette histoire simple qui parle de l'inadaptation comme d'une sorte de chance, sans pour autant la prôner ou s'en enorgueillir.
C'est intéressant, je trouve, de considérer un " don" à la fois comme un handicap et une chance. Je viens de visiter un site où de pauvres
"surdoués" se lamentent sur "la malédiction que constitue leur incroyable intelligence" et j'aurais envie qu'ils lisent cette nouvelle pleine de fraîcheur et de philosophie.

J'ai apprécié la justesse psychologique de ce passage :

Je n'ai pas su quoi répondre. J'ai regardé ma mère, Madame Boucher, la carte du monde accrochée au mur, les traces de craie sur le tableau, les doigts de la psychologue, ses ongles peints en rouge. Je l'ai regardé dans les yeux pour y chercher une réponse.
Un chouette texte, qui donne envie de lire d'autres choses de vous.

   chVlu   
24/6/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un texte à croquer comme une pêche. Il est frais, et délicat et sa saveur pas moins subtile.
Si il s'agit d'un rôle totalement de composition pour l'auteur transmuté en narrateur, n'hésitez pas, foncez sur les planches, vous avez un don. Pour connaitre ces états de l'âme personnellement, mais aussi en position de parent, j'ai lu du bien senti.
Si c'est du vécu romancé, bravo pour votre plume qui rend bien compte de toutes facettes, de celles de l'ivresse à celles de la blessure intime donnée par le regard d'autrui.
La liberté, d'être, est une richesse qui se paie cher mais qui enrichi à l'identique son sauveur. Le texte en rend bien compte.
Bravo pour la légèreté de votre plume qui rend la lecture agréable et facile.
Sur le même thème mais moins léger et j’ose espérer que vous trouverez le rapprochement, tel qu'il se veut, flatteur.

HFT Petit Matin 4.10 heure d'été

le temps passe si lentement
et je me sens si fatigué
le silence des morts est violent
quand il m'arrache à mes pensées
je rêve de ses ténèbres froides
électriques et majestueuses
où les dandys se tiennent roides
loin de leurs pulsions périlleuses
je rêve tellement d'avoir été
que je vais finir par tomber

dans cette foire aux âmes brisées
où le vieux drame humain se joue
la folie m'a toujours sauvé
et m'a empêché d'être fou
je me regarde au fond des yeux
dans le miroir des souvenirs
si partir c'est mourir un peu
j'ai passé ma vie à... partir
je rêve tellement d'avoir été
que je vais finir par tomber

mes yeux gris reflètent un hiver
qui paralyse les coeurs meurtris
mon regard vient de l'ère glaciaire
mon esprit est une fleur flétrie
je n'ai plus rien à exposer
dans la galerie des sentiments
je laisse ma place aux nouveaux-nés
sur le marché des morts-vivants
je rêve tellement d'avoir été
que je vais finir par tomber

je fixe un océan pervers
peuplé de pieuvres et de murènes
tandis que mon vaisseau se perd
dans les brouillards d'un happy end
inutile de graver mon nom
sur la liste des disparus
j'ai broyé mon propre horizon
et retroune à mon inconnu
je rêve tellement d'avoir été
que je vais finir par tomber

déjà je m'avance en bavant
dans les vapeurs d'un vague espoir
l'heure avant l'aube du jour suivant
est toujours si cruellement noire
dans le jardin d'Eden désert
les étoiles n'ont plus de discours
et j'hésite entre un revolver
un speedball ou un whisky sour
je rêve tellement d'avoir été
que je vais finir par tomber

   Pimpette   
24/6/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Texte délicieux dans un style limpide!
Je vous sens comme un 'conteur' qui me prend par la main et pourrait, s'il veut, m'emporter au bout du monde...ce qui est un peu le cas...je me dis que cette histoire pourrait être un peu vraie...un peu comme la deuxième psy est entrée parfois dans la nature poétique de son petit patient!

Je regrette la fin mais je sais, moi même combien un bon écran bleu peut compenser certains manques de la vie....Je m'applique depuis ma lecture à dire"Désert"...et il se passe déjà de petites choses intéréssntes dans ma tête

Je répète: une très belle écriture, sinon votre inspiration se serait casser la gueule!

   marogne   
24/6/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une petite critique, si il en faut une, sur ce beau texte un peu triste: peut-être un peu trop souvent ces énumérations d'images et de sensations...

   Anonyme   
25/6/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Neojamin,

Depuis hier je viens et reviens lire votre histoire. Je ne trouve pas mes mots. Pourtant j’aimerais laisser une trace de mon passage. Une trace pour vous dire toute la douceur qui m’étreint le cœur lorsque je parcours vos lignes si limpides. Une douceur mais pas seulement.
Parce que votre histoire est belle à pleurer. Elle est très bien écrite et appelle quelque chose qui est enfouie au fond de moi et que je ne sais comment exprimer. L’impression peut être de connaître le héros, de l’avoir côtoyé au plus intime dans une vie d’avant…

Cela m’aurait ravi que la deuxième psy se laisse emporter avec lui, comme une porte ouverte à la chance de pouvoir vivre autrement...

Je peux paraître confuse, je le suis certainement, mais il fallait que je vous le dise…

Merci d’avoir partagé cette… fiction ?

A vous relire

Cat
partie souvent en voyage

   Anonyme   
26/6/2014
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonsoir, Benjamin.
Une bien belle écriture, une très grande douceur, pour nous montrer ce que l’on peut vivre au plus profond de l’esprit quand notre cervelle, ce morceau de chair empli d’angoisses, de peurs, et ces réflexes de défense inconscients qu’elles engendrent, cesse de le contrôler.
Je ne sais pas pourquoi mais je ressens une impression d’authenticité dans ce texte.
N’est-ce pas là le rêve de tout auteur que de pouvoir être en chaque endroit décrit pour mieux en percevoir l’essence ? Un auteur est, à mon sens, avant tout un voyageur immobile. Quand je ferme les yeux et que je laisse mes pensées voguer sur une musique, des images apparaissent, des lumières, des couleurs, des paysages, des personnages… Où suis-je alors, en moi ou bien ailleurs, dans quel état de mon esprit ou dans quel esprit ?
J’ai adoré ce texte car je m’y suis reconnu et parfaitement senti à mon aise. Conscience universelle ?
Bravo pour ces voyages magnifiques. Et tant pis si la fin est presque horrible, l’esprit garde sa force et n’a que faire de cette dictature de la matière que la raison humaine cherche toujours à lui imposer.
A vous relire avec bonheur.

   fergas   
26/6/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bravo Neojamin pour ce texte qui nous réjouit.
Qui n’a pas souhaité s’évader en rêve (même éveillé) pour fuir des réalités déplaisantes ?
Votre héros n’a après tout qu’une capacité un peu plus développée que la moyenne de s’extraire de la vie quotidienne. Mais sa réalité onirique n’est-elle pas finalement la vraie réalité pour lui ? Cela son confirme après son accident, ou son environnement médical est tellement peu hospitalier que sa vraie vie n’est plus constituée que de ses vagabondages de l’esprit.
Rien à redire sur l’écriture : ni la qualité, ni le style ne souffrent de reproches.
Nous attendons impatiemment d’autres œuvres de votre part.

   Pepito   
26/6/2014
Très beau texte, excellente écriture.
"mais ils ne ressentaient pas" diable, nous avons si souvent cette impression. Enfin, je, ressens si souvent cette impression.

La fin dramatique n'est pas mauvaise, mais elle m'a fait perdre un voyage dans l'esprit d'un enfant ou j'étais bien.
Tout a une fin je suppose.

Un grand merci pour cette lecture.

Pepito

   MariCe   
11/7/2014
 a aimé ce texte 
Passionnément
Superbe récit, dans lequel je me suis surprise à voyager de par le monde.
L'écriture est fluide, vous savez capter l'attention du lecteur, c'est indéniable.
La chute est à la hauteur du récit si j'ose dire, puisque le retour brutal à une réalité infiniment triste surprend et accroît l'émotion. Bravo.

   aldenor   
14/7/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Le personnage est attachant dans sa quête de fuir « sa » réalité et le procédé de le situer à diverses périodes de son existence fonctionne bien.
Le souci de faire évoluer cette quête avec le temps est présent : « Mon monde était plus vaste encore » dit-il arrivé à l’âge adulte, passant du voir à l’éprouver... Mais on aurait aimé trouver un pas de plus dans la dernière étape.
Les lieux rêvés sont évocateurs, mais leur énumération lasse tout de même pour finir.
Pour à la fois rompre cette lassitude et passer à un niveau de rêverie supérieur, je pense qu’il faudrait s’étendre plus longuement sur un ou certains lieux en fin de texte, développer davantage les visions.

   esperluette   
17/7/2014
Ce qui écrit là (en omettant la fin),me semble décrire l'imaginaire de l'enfance, cette merveilleuse capacité à voyager. Je l'ai ressenti
et aimé ainsi.
Quand à l'incompréhension des adultes est assez stupéfiante et un peu moins crédible je crois.

   Anonyme   
29/7/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Neojamin

J'ai bien du mal à croire qu'une telle maladie n'existe pas. Dommage, je n'en suis pas atteinte. C'est dommage aussi que le héros voit mais ne ressente pas, ha mince, je ne sais pas dans quelle catégorie est rangée cette nouvelle, je n'ai pas regardé, mais en appuyant plus à fond sur le bouton décollage - pardon de m'imposer mais le texte est sous mes yeux alors je me l'approprie - je crois que j'aurais poussé la maladie à son paroxysme et qu'au fur et à mesure des voyages, ce petit héros adorable aurait claqué des dents sur la banquise, transpiré comme un âne dans les forêts d'Amazonie et tutti quanti, bref je l'aurais fait totalement empathique, imprégné non pas seulement des visions mais des odeurs - elles manquent ou ne sont pas marquées - et des sensations - idem.
Partir c'est vraiment le verbe qui convient, même la fin est une échappée du monde, un cocon dans lequel le héros devenu grand peu enfin rêver tranquille.

Edit : Humour/Détente. Ca me laisse perplexe.

   Marguerite   
8/8/2014
 a aimé ce texte 
Passionnément
Neojamin,

MERCI !
Merci parce que j’étais dans un état pathétique proche de l’agacement généralisé quand j’ai eu enfin droit à une pause et que j’ai mis votre texte entre mes mains. Et moi aussi je suis partie, emportée par la fluidité des mots et images.
Même avec sa chute triste, ce texte est porteur d’espoir, en ce qu’il est une invitation à « l’évasion intérieure » qui, je l’espère, est la destination qui compte le plus de touristes au monde. En tout cas moi j’ai mon passeport pour la lune et toutes les destinations imaginaires, et j’adhère à cette nouvelle de tous mes visas.
J’ai vaguement le souvenir d’avoir accroché une paire de fois sur une chose ou une autre lors de ma lecture, mais c’était anecdotique et je suis tellement reconnaissante que je n’ai même pas envie d’en parler…

Dans l’attente de vous lire de nouveau.
Merci encore. Je vous aime.

Marguerite.


P.S. : Euh…oui… sur la fin je me suis peut-être un peu emballée…

   Asrya   
28/8/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Cette nouvelle est d'une douceur mélancolique absolument sublime.
Je me suis senti lové dans un rêve ; comme envolé aux quatre coins du monde, tout en partageant une empathie démesurée envers votre personnage, émouvant au possible.

C'est beau.

Cette innocence enfantine qui perdure, progresse au fur et à mesure de la vie du personnage ; ce refus de la réalité, cette innocence tragique qui subsiste, malgré le drame, seul exutoire de ses tourments. Magique.

Merci beaucoup pour cette nouvelle,
Votre personnage n'est pas le seul à s'être évadé,

Je reviendrai probablement voyager à nouveau à travers vos lignes,

Au plaisir,

Asrya.

   VinceB   
20/11/2014
 a aimé ce texte 
Bien
De l'inspiration, du souffle, du lyrisme, les grands espaces, la liberté ! J'ai senti également les blessures de l'enfance, la solitude...
Est-ce mon imagination ? J'ai senti cette aspiration de l'écrivain à s'évader, aspiration qui vire parfois à la fuite, même si l'insoutenable n'est que la banalité du quotidien, celle qui vous saute à la figure le matin dans le miroir.

Comme pour "Un coup de hache" du même auteur, j'aime l'écriture simple qui porte les images sans maniérisme.
Comme pour "Un coup de hache" j'aurai aimé une fin plus travaillée. Le dénouement d'une histoire aussi, "est un moment délicat", pour une bonne part il donne la sensation que l'on emporte, celle qui récompense du temps donné et motive pour que le texte suivant soit... du même auteur.

Mêmes conclusions que pour "Un coup de hache" : merci pour ce joli texte, encore et... encore ! (un prochain texte... du travail...)
;)

   in-flight   
8/12/2014
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,

Un texte qui aurait pu sombrer dans le manichéisme primaire: les méchants adultes VS le doux enfant rêveur. Je trouve surprenant que les parents et la mère notamment ne cherche pas plus à comprendre l'enfant. La mère est à la limite de la moquerie lorsque l'enfant s'exprime lors du 1er entretien psy: surprenant je trouve.

Sinon, je trouve que le narrateur nous livre trop d'images de ses voyages, sans tomber dans le cliché certes, mais on a compris à la longue. Du fait de leur répétition, les images perdent de leur superbe.

Un bon moment de lecture qui donne envie de... partir.


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