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Humour/Détente
ninja427 : Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la contraception du temps passé
 Publié le 16/01/24  -  8 commentaires  -  4993 caractères  -  142 lectures    Autres textes du même auteur

Très courte histoire d'infidélité à l'époque du Moyen-Âge (fausse concernant le vocabulaire, car le français de l'époque est complètement incompréhensible de nos jours).


Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la contraception du temps passé


Messire Janin était fort émoustillé, il s’allait la bouche en cœur et le cœur à la bouche retrouver dame Clitorine de Guerno, qui avait promis tantôt de s’offrir à lui, à la condition toutefois qu’il la rejoigne dans le secret de son alcôve sitôt vêpres accomplies, tel goupil larcinant poulailler.

Ainsi fit donc messire Janin, pénétrant tel rusé tire-laine, ayant ôté mantel, cotte, braies, chausses et mitaines avant même que d’avoir franchi le mitan de la chambrée.

Il se jeta glaive au clair sur la donzelle.


– Halte-là mon ami ! Point taïaut n’est permis ! N’avez-vous donc point ouï sur le sujet des préliminaires ? Foin de levrette ni que du cheval érotique ! Sachez mon ami que femme n’est point rouet usable à l’envi ! Méditez donc là-dessus et revenez-moi sous huitaine.

– Sachez gente dame, que sous mes dehors d’homme accompli, je demeure puceau, mais il en sera fait selon vos désirs…


Le sieur Janin avait étudié en latin et grec anciens toute la semaine durant les sciences du pré – liminaire, aussi se faisait-il par avance une joie d’introduire ses offices d’une langue gaillarde, voire équivoque…


– Ma mie, clama-t-il aux trois quarts dévêtu, en vous je vais m’introduire, ce liminaire fera-t-il votre bonheur ? Ou à tout le moins votre affaire ?

– Mon ami, sachez que vos efforts ne sauraient rencontrer nul écho en position de me combler, étant attendu que ma teste point ne saurait suivre, toute à sa douleur…

– Point ne suis en mesure de comprendre, ma mie, car nul besoin je n’ai de votre teste, n’ayant appris l’art du liminaire que dans le but avoué de remplir votre félinité… Mais encor une fois gardez à l’esprit que puceau suis, et point n’ai volonté d’accomplir autre mission que celle de remplir mon office en comblant votre orifice…

– Partez, mon ami, vous m’insupportez, revenez donc sous huitaine dès lors que j’aurai recouvré désir de fredaine…


Messire Janin arpentait en se poussant du col, tout à sa fierté d’être l’élu de dame Clitorine de Guerno qu’il s’allait trouver de son pas conquérant. Pénétrant sa chambrée, il l’approcha à pas de leu, et quiètement l’imposa de ses mains.


– Avez-vous songé, messire, à la vessie pour vous recouvrir et au saindoux pour m’oindre ? Car voyez-vous, mon ami, je ne saurais que faire d’un héritier hors d’épousailles ! Et j’ai naguère égaré mon pessaire, à la faveur d’une ballade en forest. En outre le cuivre et l’or valent leur pesant d’écus, en ce jour d’hui…

– Vessie ? Saindoux ? Pessaire ? Que nenni ! Je n’ai point science de ces accessoires. Ne m’en veuillez point ma mie, car sous mes dehors d’homme fait, sachez que je ne suis qu’un puceau ne demandant qu’à s’accomplir. Mais ne vous a-t-il jamais été fait mention de ces pratiques buccales du septentrion, qui nous apporterait satisfaction mutuelle sans craindre lardon ?

– Votre propos devient répugnant, mon ami… Revenez donc me voir sous huitaine, muni des accessoires idoines…

– Ainsi soit-il, il en sera fait selon votre volonté, ma mie.


Messire Janin allait plastronnant, tout à la félicité de rejoindre sa belle, dame Clitorine de Guerno, une vessie en sa bourse et un petit pot de saindoux en sa main. Il pénétra la chambrée de son usuelle discrétion, à défaut de la belle de son inutile dard :


– N’avez-vous donc point vu charpie de lin suspendue au cordon ? Vraiment vous avez tout à apprendre, Messire, et je ne tiens guère à me sustenter de pain et d’eau la dizaine à venir si l’on venait à nous surprendre ! Pas plus que vous à réciter pater noster en pénitence.

– Charpie de lin ? Seriez-vous blessée ? Souffririez-vous ma mie ?

– Que nenni, doux benêt, je suis indisposée, et la botte ne puis pratiquer sans courroux provoquer.

– Encore une fois, oubliez toute ire à mon encontre ma mie, car sous mes dehors d’homme établi, sachez que je ne suis qu’un puceau. Mais n’avez-vous point ouï, ma douce, au sujet de cette coutume d’Orient, consistant à intervertir les orifices lors que le sang contraint la belle à rester cloîtrée en gynécée ?

– Vos propos équivoques troublent ma paix et mon âme, mon ami, aussi vous prierais-je de disposer instamment et de me revenir sous huitaine.

– Ainsi que de coutume, il en sera fait selon vos désirs, ma mie…


Messire Janin allait tristement son chemin, se demandant si ce jour d’hui serait enfin celui de ses fins.

Il enfila le huis dérobé de sa discrétion coutumière, et eut l’heureuse surprise de pénétrer en nocturne chambrée, chandelle mouchée… La belle lui avait fait bel accueil. Nul doute que la sensualité serait au rendez-vous ce jour. Il avait en son âme jeté trouble par ses propos sodomites. Lors, il remuerait ciel et terre pour ses vœux combler. Glaive au clair il força l’œil resserré de sa mie. Un grognement d’ours lui répondit. Le croisé son époux était revenu nuitamment la veille…


– Pardonnez-moi messire, car voyez-vous, sous mes dehors d’homme accompli, je ne suis qu’un puceau en quête d’accomplissement…


 
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   Cox   
28/12/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Ahhh, vous m’eûtes ! Il m’eût. Je fus eu.

J’ai bien ri, ce qui est assez rare, le medium écrit étant rarement efficace pour un effet comique. Je me devais donc de saluer cette performance avec un "j'aime beaucoup"; quelque soient les réserves que je pourrais avoir, le résultat est la !
En lisant « dame Clitorine » dès les premières lignes, j’avais craint un texte un peu trop lourd. Mais non. C’est la superposition du ton médiéval, du point de vue naïf de Janin, et du sujet grivois qui marche terriblement bien ici.

Je mentionne d’office que je ne suis pas un adepte du vieux françois. Si certaines tournures m’ont paru fausses (« point Taïaut n’est permis » « Foin de levrette ni que du … », etc…), je dois vous laisser le bénéfice du doute par manque d’expertise. Ça pourrait être rédhibitoire en revanche pour des hommes de Lettres plus accomplis. Il y a aussi peut-être un léger problème d’équilibre, les premières lignes étant bourrées de vocabulaire très médiéval, alors que c’est plus épars par la suite.

Mais dans l’ensemble ça fonctionne très bien. Le benêt central est très drôle, lui qui claironne qu’il est puceau á chaque fois qu’il ouvre la bouche, mais ne se démonte pas pour autant. On saluera sa patience ! Il est remarquablement respectueux d’un « non c’est non ! » pour son temps. Et ce même si, de huitaine en huitaine, on le devine prêt à exploser.

Les technologies médiévales m’ont aussi fait grimacer et sourire. Sont-elles historiquement justes ? C’est qu’on ne doit pas sentir grand-chose, tout engoncé dans une vessie… Et le tampon en charpie de lin, j’ai du mal à le visualiser ; ça doit laisser des morceaux dans son sillage, beurk !

Bref vous l’aurez compris, vous avez tiré juste, même si Janin ne peut pas en dire autant. Quelques traits qui m’ont fait sourire, parmi d'autres :

- « Point ne suis en mesure de comprendre, ma mie, car nul besoin n’ai de votre teste, n’ayant appris l’art du liminaire que dans le but avoué de remplir votre félinité» : mais qu’il est chou !
- l’image de Janin se baladant fièrement avec son lubrifiant a la main
- « Il pénétra la chambrée de son usuelle discrétion, á défaut de la belle de son inutile dard » : on vous reprochera sans doute la lourdeur de la tournure avec ses génitifs imbriqués, mais j’ai un faible pour ce genre de constructions alambiquées et elle m’a vraiment fait rire.
- Janin est également très drôle quand il ressort la même rengaine face au mari. On dirait un personnage de jeu vidéo qui n’a que deux répliques. Quel bonheur que l’une d’entre elles consiste à marteler avec enthousiasme sa virginité optimiste !


P.S: J'aime aussi beaucoup votre texte parce qu'il est une parfaite illustration de ce que je me vois souvent répéter dans l'espace poésie du site. Nombreux sont les auteurs qui veulent aborder des sujets libertins, sans se défaire d'un ton "poétique" qui trop souvent n’est qu'un ton antique, vieillot. Personnellement ça me fait plus rire qu'autre chose, et je risque à l'avenir de citer souvent votre texte pour illustrer mon propos, si vous me le permettez!

   jeanphi   
1/1/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Bonjour,

Cela m'a d'abord fait penser aux Contes Drôlatiques de Balzac. Certains dialogues me paraissent relever d'un travail moindre sur le sujet linguistique.
Un superbe travail, à quelques relâchements près, "doux benêt" quelques tournures moins convaincantes dans le passage qui précède. Le projet est ambitieux, l'ensemble est appréciable à condition de ne pas se pencher de trop près dessus.
Le texte est de fine détente, ce qui est drôle, c'est que vous ne vous contentez pas de la suggestion, ni de l'érotisme, comme dans les textes d'époque, mais vous allez dans une sorte de contour de la pornographie, sans vraiment l'aborder de front, manière alors plus courante à l'époque des faits, évocation très directe à l'issu de maints détournements, et métaphores animales . On retrouve un couple actuel travesti en couple moyenâgeux. Je retrouve tout à fait l'esprit des contes de Balzac avec la contraception en plus et le prélat en moins.
Apres réflexion je dirais que la chute n'aurait pas gagné à être d'avantage amenée. Vous auriez pu finir par un paragraphe conclusif, sorte de morale générale, en omettant de rapporter la suite des évènements, offerts à toutes les éventualités...

   Cornelius   
16/1/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour,

J'ai bien aimé ce joyeux divertissement médiéval. Les déboires et la frustration d'un jeune puceau porté sur la gaudriole ne saurait diminuer le plaisir du lecteur dans lequel on le sait il y a souvent un cochon qui sommeille.
D'autre part n'étant pas un spécialiste des pratiques sexuelles du Moyen Age je ne suis pas certain qu'à cette époque on s'embarrassait beaucoup avec des préliminaires.
En tous cas si le personnage ne parvient pas à faire mouche, le texte parvient bien à atteindre son but avec cette partie de jambes en l'air avortée et c'est bien là l'essentiel.

   Corto   
17/1/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Ce texte allie le visuel, la pression sexuelle et le contexte médiéval. Le tout est amené habilement, avec rebondissements et... retour à huitaine.
C'est plutôt dépaysant, plutôt drôle, et nous plonge dans un monde que les impatients et les coquines d'aujourd'hui rejouent constamment sans y mettre autant de délais mais avec parfois recours à une voisine rouerie.

Un bon divertissement apprécié.

   Malitorne   
18/1/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
J’apprécie toujours quand un auteur fait de sérieux efforts de recherches. Vous n’avez pas dû ménager votre peine pour dénicher ce vocabulaire d’un autre temps, qui ne rend pas la lecture facile mais tellement croustillante. Conte médiéval grivois qui montre que rien n’a changé depuis les siècles, le mâle courant à tout prix après la gueuse.
Un peu déçu par le final, en dessous du reste. J’aurais bien vu le jouvenceau se faire occire par le soudard et son âme au paradis conclure par des mots fatalistes. Quelque chose de farfelue, sur le même ton.

   ninja427   
19/1/2024
Quelques questions, beaucoup de compliments...
Avant tout des remerciements, et quelques réponses : http://www.oniris.be/forum/tout-ce-que-vous-avez-toujours-voulu-savoir-sur-la-contraception-du-temps-passe-t31610s0.html#forumpost460625

   Cairote   
20/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
J'ai trouvé très agréable la lecture de ce texte, un pastiche des moeurs et du language médiévales, bien amusant pour qui accepte de ne pas pinasser sur les détails d'authenticité. Juste le bon mélange de véritable vocabulaire d'époque (ou de plusieurs époques) et de lisibilité pour un lecteur non-initié comme moi, pour rendre l'atmosphere du temps jadis (ou de ce qu'on croit généralement l'être) sans efforts, ce qui, il me semble, n'etait pas facile a maintenir tout du long, compte tenu du foisonnement de jeux de mots et autres trouvailles. Ma préférée: "Il pénétra la chambrée de son usuelle discrétion, à défaut de la belle de son inutile dard".

   Cristale   
23/11/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Félicitations à l'auteur dont la verve enchante et le ton réjouit !
Point ne m'étais-je fourvoyée qu'à complimenter icelui sur ses vers matinaux du jourd'hui.
Votre plume, assurément et à n’en point douter, a convoqué l’esprit des trouvères d’antan pour tisser cette saynete gaillarde, émaillée de traits drôlatiques et de dialogues savoureux où messire Janin s’ébat en naïveté chevaleresque. Une légèreté facétieuse qui me ravit.
Le style truculent m'arrache sourire et lueurs à l'oeil.
Continuez, noble artisan des mots, à ciseler de telles oeuvres car votre prose enchanteresse mériterait d’être savourée sur quelque scène de renom.
Bravo !


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