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Horreur/Épouvante
Ninjavert : Deux cloches, un gong, et une sacrée paire de cornes (Le Diable a perdu un œil)
 Publié le 23/07/07  -  29 commentaires  -  24253 caractères  -  303 lectures    Autres textes du même auteur

Ma contribution au sujet "le Diable a perdu un œil".


Deux cloches, un gong, et une sacrée paire de cornes (Le Diable a perdu un œil)


                Jack Thomson déambule sur le ring, sa chemise blanche rayonnant sous le feu des projecteurs.



Ce soir est SON soir, celui pour lequel son nom restera gravé dans l’histoire comme celui de l’homme ayant arbitré le plus grand combat de boxe de tous les temps.


Gonflé d’orgueil, il allume son micro et prend la parole.


- À MA GAUCHE, 1 mètre 80 pour 81 kilos, 54 combats, 52 victoires dont 46 par KO, j’ai nommé le champion du monde des poids mi-lourds, Ramon Lopez alias… EL COBRA VERDE !


La foule se lève, hystérique, et acclame le champion qui retire son peignoir et lève les bras en signe de victoire. Les tribunes s’embrasent alors que crépitent les flashs des appareils photos.


Jack lève un bras, attendant que le silence revienne pour se tourner dans l’autre direction.


- À MA DROITE, 1 mètre 92 pour 95 kilos, 65 combats, 64 victoires dont 59 par KO, j’ai nommé le champion du monde des poids lourds, Scott « LE DIABLE » Lewis !


Le public s’enflamme pour sa seconde ovation, les hurlements répondant aux sifflets des admirateurs en furie. Le sol du Madison Square Garden tremble sous le piétinement frénétique des vingt-trois mille spectateurs. Lewis retire son peignoir d’un geste souple, et esquisse quelques pas en boxant dans le vide, pour le plus pur plaisir de ses fans.


Les deux boxeurs rejoignent Thomson au centre du ring, et se dévisagent pendant qu’il leur débite les usuelles recommandations qu’ils connaissent l’un et l’autre par cœur depuis des années.


Lorsque retentit enfin la sonnerie marquant le début du combat, l’arbitre a disparu. Il n’y a plus sur le ring que les deux boxeurs, se dévisageant comme des fauves en cage.



Round 2



                Le Cobra tourne autour de son adversaire, il le jauge sans le perdre des yeux, tâchant de deviner son prochain mouvement, sa prochaine

                attaque.



Cette technique lui a bien réussi dans le premier round : il a laissé le Diable se fatiguer, esquivant ses frappes sans répondre, se contentant de placer ici ou là un jab rapide et de battre en retraite. Il sent que cette attitude l’énerve, Le Diable n’est pas patient. Il aime aller au contact, montrer sa puissance. Il aime que les choses aillent vite, que le sang gicle et que les coups déferlent sur la tête de son adversaire.


Il ne lui fera pas ce plaisir.


Esquivant une droite furieuse, il repart dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, l’obligeant à changer de jambe. La tension est palpable, Lopez sent l’impatience des spectateurs qui commencent à le huer.


Gauche

Gauche


Le Diable n’a rien vu venir, et s’ébroue d’un geste rageur. Il riposte d’un une-deux qui rate sa cible, et se remet en garde. Le Cobra esquisse un sourire, et inverse à nouveau son sens de rotation, continuant son travail de sape.


Gauche

Gauche

Retrait

Droite


La foule s’enflamme devant cet enchaînement, alors que le Cobra recule de nouveau en esquivant la riposte de Lewis. Les coups de son adversaire sont lents, mais dangereux. Lopez en a conscience et évite de s’exposer, privilégiant l’esquive à la parade. Sautillant en arrière, il reste perpétuellement en mouvement, et oblige le Diable à le coller. Il le voit écumer et réprimer sa puissance, s’obligeant à ne pas foncer aveuglément dans les bras de son adversaire. Mais le Cobra est patient, et il sait en jouer.


Droite

Gauche

Gauche

Retrait


Ses coups sont rapides, juste assez puissants pour garder Lewis en alerte et l’obliger à se protéger. Ce dernier fulmine, il avance, frappe, rate et frappe encore.


En vain.


Ramon recule rapidement et se permet même de baisser sa garde une seconde, le temps de se dénouer les muscles. De nouveau en position, il laisse le Diable fondre sur lui, et esquive rapidement une nouvelle série de directs.


Lewis s’énerve : il ne tiendra plus longtemps. Lopez sent que l’erreur est proche et affirme sa garde, prêt à tout.

Une droite part, et le frôle à la tempe, le Cobra a juste le temps de rejeter la tête en arrière, esquivant un uppercut dévastateur. Il prend un risque mais ne recule pas : le Diable veut toucher avant la fin du round, et il va tout faire pour.

Deux autres coups viennent s’écraser sur la garde de Lopez, leur puissance résonnant au travers de ses os. Il fait un pas de côté, et revient à l’assaut.


Droite


À peine une pichenette, mais il a touché le menton et le Diable est à bout de nerf. La riposte ne se fait pas attendre, un déluge de coups lui tombe dessus. Lopez est terré derrière sa garde, il encaisse, esquive et encaisse encore. Se dégageant sur le côté, il laisse un trou dans sa garde, au niveau des côtes.


Le Diable le voit.


Et c’est la faute.


La droite du Cobra part, sèche, cassante, en direction de l’œil du Diable qu’elle atteint de plein fouet, dans un bruit spongieux d’os brisés.



Round 2



                Le Diable ne sait plus où il est. Une douleur atroce lui barre le visage, accompagnée de la familière sensation du sang chaud sur sa peau.



Il revoit le poing du Cobra foncer sur lui, l’impact, terrible, et plus rien.

Il est au sol, sur le ring, gisant dans son sang. Son arcade a explosé sous le choc, le précipitant par terre.


Puis il voit l’arbitre.


Il compte.


Le Diable ne sait pas à combien il en est, et ne veut pas le savoir, il est juste impossible qu’il perde par KO au deuxième round. S’appuyant sur un genou, il se redresse, de toute sa hauteur.


L’arbitre a l’air aussi surpris que son adversaire de le voir se relever, mais il arrête de compter. Lopez le regarde stupéfait, et se tourne vers Thompson qui semble hésiter à faire reprendre le combat.


Cet enculé a dû bien m’amocher.


Pour montrer qu’il est en mesure de continuer, le Diable se remet en garde. L’arbitre lui lance un dernier regard incertain, et relance le round.


Lewis tourne autour du petit Mexicain, qui a repris son putain de sautillement.


Continue, mon pote, quand j’vais t’coincer dans les cordes, tu vas danser, j’te le promets.


Gêné, il change de pied d’appel et comprend soudain ce qui l’indisposait : son œil gauche ne voit plus rien. Il secoue la tête, sans effet, surpris que l’hématome ait enflé si vite, lui fermant la paupière.


Le Cobra en profite pour lui balancer un coup, puis recule. Il ne cherche même pas à riposter.


Le gong sonne.


Le Diable retourne dans son coin, et s’assied sur son tabouret. Il n’écoute pas son coach qui l’engueule, il s’en veut déjà bien assez comme ça.


Il va le massacrer.


Saoulé par les réprimandes, il attrape le poignet du soigneur, occupé à lui nettoyer le visage.


- Ouvre-moi l’œil.


Le jeune homme le regarde surpris, puis se tourne vers l’entraîneur qui le rejoint sur le ring.


- Merde, Scott, ton œil est ouvert. Combien de doigts ?


Le Diable triche, s’aidant du droit pour répondre.


Quand sonne le début de la reprise suivante, il sait qu’il a perdu un œil. Et il sait qui va payer pour ça.



Round 4



                Le Diable est en garde. Il a cessé de courir.



Il n’est pas fatigué, pas encore, mais il en a plein de cul de se battre contre une sauterelle.


Alors il attend. Et il voit bien que le Cobra n’aime pas ça : ça l’oblige à prendre des risques, à s’approcher pour frapper. Et en s’approchant, il se met en danger.

Le public s’énerve un peu, tout ça manque d’action, mais ils savent que c’est une stratégie de combat, alors ils patientent.

Lopez lui fait face, sautillant sans cesse, changeant de pied régulièrement. Il avance. Il frappe. Il recule.


Un enchaînement vient frapper le Diable au corps.


Il ne bouge pas.


Une autre frappe s’écrase sur sa garde, quelques secondes plus tard.


Il ne bouge pas.


Le Cobra recule, et se dégourdit les bras et les épaules avant de revenir en position.


Un coup.


Il ne bouge pas.


Un autre.


Il ne bouge pas.


Quelque part dans les tribunes, une femme le regarde et le Diable ne veut pas la décevoir. C’est pour elle qu’il est là ce soir, c’est pour elle qu’il a accepté de participer à ce combat, il tient absolument à lui offrir cette victoire. Ce sera son cadeau de mariage, il l’a décidé tout à l’heure, dans les vestiaires.


Le Cobra s’avance, et frappe à nouveau.


Il recule, avance et tape encore.


Il feint de rompre, et frappe une nouvelle fois.


Droite

Gauche

Droite


Touché de plein fouet, le Diable recule, titubant en arrière. Lopez ne se le fait pas dire deux fois et enchaîne, marchant droit sur lui.


Droite

Gauche

Gauche

Droite


Le public s’enflamme, scandant son nom en rythme avec les coups qu’il porte. Lewis reflue, dans les cordes. Le Cobra continue de le harceler, frappant sans relâche du droit pour le pousser dans le coin. Le Diable recule encore, se tenant les côtes douloureusement.


Les spectateurs se lèvent. Les flashs crépitent.


Lopez maintient la pression, sans faiblir.


Corps

Tête

Corps

Corps


Il trépigne, enchaînant les coups à une vitesse hallucinante. Lewis est recroquevillé dans le coin, il encaisse tant bien que mal cette déferlante, surpris que l’arbitre ne vienne pas les séparer.


Le Cobra cogne.


Il ne bouge pas.


Il cogne encore.


Encore.


Il ne bouge toujours pas.


Lopez change de pied, il veut soulager son bras droit.


C’est l’erreur que le Diable attendait : sa droite s’envole, remontant des profondeurs du ring comme une locomotive lancée à toute vitesse. Elle cueille le Cobra sous le menton, à pleine puissance.


Lopez décolle, son protège-dents est éjecté dans une gerbe de salive et de sang.


La gauche du Diable part, aveugle, et touche. Le visage du Cobra se déforme sous l’impact, alors qu’il vole dans les cordes.


Le Diable bouge enfin.


Il marque Lopez et frappe. De toutes ses forces.


Tête

Corps

Tête

Tête


Toute sa rage se libère, il croit s’entendre hurler comme un dément, et matraque son adversaire de plus belle.


Le Cobra lève sa garde, tente de reculer en se protégeant.


Le Diable avance toujours.


Il cogne. Encore. Et encore. Et encore.


Un dernier coup à l’estomac plie le Cobra en deux, avant qu’il ne s’écroule lourdement sur le ring.


Le Diable recule finalement, hurlant son triomphe au public qui lui fait écho.



Round 4



                Ramon Lopez est au sol.



La douleur lui vrille l’abdomen, creuse son ventre, et remonte le long de sa colonne vertébrale, se mêlant à celle qui lui serre la mâchoire.


… 4…


Le Cobra porte instinctivement la main à son visage, il a le menton en feu, et du sang plein la bouche.


… 5…


Il ne comprend pas ce qui s’est passé : il tenait Lewis, il le matraquait dans les cordes, c’est lui qui devrait être au sol.


… 6…


Son estomac se contracte, il a un violent haut-le-cœur et crache. Il croit distinguer une dent parmi les grumeaux sanglants qui tapissent le ring devant lui.


… 7…


S’aidant des cordes, il se redresse et se remet debout. L’arbitre lui jette un regard, et attend quelques secondes pour s’assurer qu’il ne va pas retomber. Mais le Cobra tient bon, et se remet en garde.


Le Diable fonce, lui faisant aussitôt regretter son impassibilité passée.


Tandis qu’il évite les coups, Lopez pense à sa fiancée, assise quelque part dans les gradins. Elle le regarde, probablement inquiète. Il veut remporter cette victoire, pour elle.


Raccrocher les gants.


Avoir des enfants.


Fonder une famille.


Il le lui a promis en acceptant ce combat.


Une droite puissante le rappelle à l’ordre, ébranlant sa garde en le projetant en arrière. Le Cobra fronce les sourcils et tente de faire taire la douleur qui l’empêche de trouver un moyen de vaincre le Diable.


Il va y parvenir.


Il le sait.



Round 7



                Ramon esquive et cogne. Son coup résonne au travers des côtes de Lewis, qui recule devant la puissance de l’impact.



Le Cobra voudrait en profiter, continuer son offensive et percer la garde du Diable pour le jeter par terre, mais il n’en a plus la force.


Il se contente de rester sur ses pieds, et d’attendre que son adversaire parte à la faute, pour profiter du moindre faux pas.


Le Diable avance, encaisse le jab du Cobra qui vient lui mordre le ventre, et balance sa droite de toutes ses forces. Lopez a le temps de se décaler : c’est son épaule qui reçoit le coup à la place de son visage. Lewis grimace de frustration, il est à bout de forces et à ce stade d’épuisement le moindre coup mal porté est un coup perdu.


Il reprend son offensive, appliquant chacune de ses frappes, essayant de ne pas en gâcher une seule. Le Cobra a le dessous, mais s’il s’effondre de fatigue ça lui fera une belle jambe.



Round 10



                Le Diable se lève, la sonnerie annonçant la fin de la minute de repos.



Sa lèvre est enflée, et son poignet lui fait un mal de chien. Il a présumé des forces de son adversaire, qui se révèle bien plus coriace qu’il ne l’avait escompté. Il n’est plus certain de sa propre endurance, il a de plus en plus de mal à récupérer entre chaque round, et son œil blessé l’handicape grandement.


Il sait qu’il n’a pas le choix, il doit en finir rapidement s’il ne veut pas que le Cobra l’ait sur la longueur.


Décidé à passer la vitesse supérieure, il s’avance et frappe. Lopez bloque sa droite et contre, d’un crochet qui lui ébranle la tête.


Enfoiré de Chicanos ! Avec toutes ces saloperies de chilis que tu bouffes à longueur de journée, tu dois avoir le foie fragile…


Fort de sa stratégie, le Diable débute une nouvelle approche et, feintant un crochet du droit au visage, balance un violent uppercut du gauche, en plein dans le ventre du Cobra. Ce dernier plie sous la douleur et riposte, d’une droite qui n’atteindra jamais sa cible.


Droite

Droite

Gauche


Le Cobra esquive tant bien que mal, chaque coup qui passe le soulève de terre.


Gauche

Gauche

Gauche


Le Diable cogne dur, enchaînant les uppercuts au foie, arrachant des rictus de douleur à son adversaire qui ne parvient plus à reculer assez vite pour se protéger.

Lewis est enragé, il donne tout ce qu’il a, décidé à abattre Lopez une bonne fois pour toutes. Avançant sans relâche, il poursuit son offensive et enchaîne les frappes.


Tête

Corps

Corps

Corps


Le Cobra est coincé dans les cordes, la fin est proche.


Le Diable change de jambe et esquisse un sourire carnassier en s’avançant.



Round 10



                Ramon est épuisé. Il a beau affirmer ses contres à chaque occasion, le Diable ne faiblit pas.



Il pensait l’avoir à l’usure en le faisant courir, mais rien n’y fait.


Il esquive, pare et contre, mais devant la déferlante de coups qui s’abattent sur lui il ne parvient pas à les bloquer tous.


Le Diable a repris du poil de la bête et redouble d’agressivité, se concentrant sur son ventre. Le Cobra recule, harassé par l’intensité des attaques de Lewis. Il sent les cordes dans son dos, toute retraite devient impossible.


Le Diable change de pied. Un rictus sadique lui traverse le visage alors qu’il arme sa droite.


Alors le Cobra tente le tout pour le tout. Feintant un pas en avant il se jette en arrière, se balançant dans les cordes. Il se rappelle du grand Ali, et de son combat contre Foreman en 74. Lopez glisse le long des cordages, enfoncé de tout son poids à l’intérieur.


La droite du Diable passe au ras de sa tête, Ramon sent le souffle d’air lui fouetter le visage.


Se redressant d’un bond, il est à côté du Diable et donne tout ce qui lui reste : sa gauche jaillit, vibrante comme un coup de fouet, et heurte le Diable en pleine tête, éclatant sa pommette dans une gerbe d’hémoglobine.


Sa droite fuse aussitôt, cinglante, et pulvérise le nez de son adversaire, le mouchetant de postillons sanglants.


Le Cobra recule en titubant, trébuche, et s’effondre dans les cordes. Ses jambes flageolent, il a du mal à se remettre sur ses pieds. Quand il trouve la force de regarder autour de lui, le Diable est affalé sur le dos, le visage ruisselant de sang.


Lopez n’en revient pas : il a gagné. Se tournant vers le public, il cherche des yeux celle qu’il aime, perdue quelque part dans le public. Il ne la connaît que depuis quelques semaines mais sans elle, il sait qu’il n’aurait jamais pu réussir. Il a envie de l’appeler, de hurler son nom pour qu’elle vienne le rejoindre. Cette pensée lui rappelle la fin de Rocky, et il trouve la force de sourire.


Une clameur s’élève de la foule, le figeant de stupeur.


Il n’ose pas se retourner.


Quand il se décide enfin à le faire, ce sont ses yeux qu’il n’ose pas croire.


Le Diable se relève.


Son visage n’est plus qu’une plaie boursouflée : il pisse le sang, son torse luisant de sueur se drape d’un voile écarlate.


Mais il se relève.


Pourquoi personne n’arrête ce massacre ?


Cet enculé se relève, santa puta !



Round 11



                Le Diable ne voit plus rien. Son œil encore valide est plein de sang, sa bouche est pleine de sang. Le ring est plein de sang.



Mais il n’y a pas que le sien par terre, et cette pensée le rassure. Il est à bout, mais le Cobra aussi.


Ça fait trente secondes qu’ils se tournent autour, aucun des deux n’osant prendre le risque de gâcher son dernier zeste d’énergie.


Tout le côté droit de son visage est ankylosé, il a l’impression qu’un million de fourmis grouillent sous sa peau, le dévorant de l’intérieur.


Il pense à sa bien-aimée, assise quelque part là-haut, dans les gradins. Il a envie de la prendre dans ses bras, de se sentir puissant. Il ne supporte pas l’idée de perdre. Surtout contre un mi-lourd. Même le meilleur au monde.


Une défaite ferait une vilaine tâche à son palmarès.


Il est trop tard pour reculer, il n’a plus qu’une option : la victoire.


Rentrant la tête dans les épaules, le Diable se jette en avant, insensible aux coups que son adversaire lui porte pour tenter de le stopper. Il ferme son œil et cogne, continuant à se concentrer sur le foie du Cobra.


Droite

Gauche

Gauche

Droite

Gauche


Le Cobra en bloque certains mais il sait qu’un bon nombre de ses coups atteignent leur cible.


Un autre contre passe, le Diable sent sa lèvre éclater, fendue de haut en bas.


Mais il n’arrête pas : la douleur n’est plus qu’une information, noyée dans un torrent de données sanglantes.


Il cogne, encore et encore et encore.


Au bout d’un moment, il s’aperçoit qu’il tape dans le vide, seul dans les cordes.


Il ouvre son œil et s’ébroue, tâchant de chasser le sang qui l’aveugle.



Round 11



                Le Cobra ne bouge plus. Il n’a plus une once d’énergie. Il a l’impression qu’un souffle de vent suffirait à le coucher au sol.



Il danse avec le Diable, une valse mortelle et langoureuse, chacun tournant autour de l’autre dans l’attente de l’erreur qui lui sera fatale.


Lopez se rappelle des corridas auxquelles il assistait à Puebla, et frémit en se demandant de quel côté des banderilles il se trouve.


Comme s’il lisait dans ses pensées, le Diable rentre les épaules et charge.


L’assaut est furieux, impitoyable.


Le matador esquive d’une majestueuse veronica, et porte ce qu’il espère être le coup de grâce. La lèvre du monstre éclate, mais rien n’y fait, il continue d’avancer.


Ses coups portent, touchent, et font mal. Lopez est atteint au ventre, il encaisse et tente de reculer, mais il ne va plus assez vite.


Deux autres impacts lui ravagent les tripes, il n’a même plus la force de contracter ses abdominaux.


Un dernier coup lui détruit le flanc droit : la douleur irradie dans tout son corps, intolérable. Il s’effondre sur le côté, foudroyé, sans même s’apercevoir que le Diable continue de frapper dans le vide.


Il n’entend pas les exclamations du public, pour lui il n’y a plus que les papillons blancs qui dansent devant ses yeux, l’invitant à fermer les paupières et à se laisser partir.


Mais le Cobra n’abandonne jamais. C’est sa détermination qui l’a mené des bidonvilles de Netzahualcóyotl au sommet de la gloire, ça n’est pas aujourd’hui qu’il va baisser les bras.


Surtout pas devant ce hijo de puta de Diablo !

Le Cobra se relève en serrant les dents, la douleur est atroce mais il tient bon.


À cet instant, il ne sait pas encore qu’une côte brisée lui a perforé le foie.



Round 12



                Les deux boxeurs sont face à face. Il savent que c’est le dernier.



Le Diable se demande d’où le Cobra tire ses forces. Il ne parvient pas à croire que son adversaire ait encore suffisamment d’énergie pour tenir sur ses jambes.


Il s’avance et frappe, décidé à en finir. Le Cobra ne pare même pas, il se contente de riposter d’un violent crochet.


Droite

Gauche

Tête

Droite

Corps

Gauche


Les frappes se succèdent, chaos désordonné, parodie d’un art qui n’a plus rien de noble.


Les deux boxeurs encaissent et frappent, se détruisant l’un l’autre à tour de rôle et de bras.


Perdu sur une autoroute de douleur, le Cobra se demande pourquoi l’arbitre laisse une telle boucherie se dérouler.


Pourquoi leurs entraîneurs respectifs ne viennent pas les séparer.


Il ne trouve pas la réponse, alors il continue à frapper.


Il finit par se demander si c’est vraiment le Diable qui se tient face à lui.



Round 12



                Assis dans les tribunes, le Diable plisse sa jupe et esquisse un sourire gourmand.



Il est content de lui : obéissant à un de ses caprices, deux hommes brillants, talentueux, et adulés par leur époque viennent de briser leur carrière et leur vie.


Il mordille son ongle vernis de rouge, se revoyant courtiser chacun de ces imbéciles pour le convaincre de participer à cette rencontre hors du commun.


Une vague de chaleur envahit son entrejambe, sa petite culotte de soie carmin se marquant des stigmates de son désir.


Il se lève et demande poliment à son voisin de le laisser passer. Descendant les escaliers, il se dirige vers le bas des gradins.


Il a toujours aimé se jouer des hommes, ils sont si naïfs, si primaires. Un miroitement de pouvoir, une étincelle de gloire, un zeste de sexe suffisent à leur faire accomplir n’importe quoi.


Les femmes sont plus compliquées à manipuler, il préfère les garder pour les plaisirs de la chair. Le Diable a toujours préféré le corps des femmes, tellement sensuel, tellement plus sensible et vibrant que leurs homologues masculins.


Tenaillé par son excitation, il pousse la porte du Madison Square Garden et disparaît dans la nuit, sans même se retourner pour voir qui a gagné.


Il connaît déjà la réponse : quel que soit le boxeur toujours debout, il est, ce soir encore, le seul vainqueur…


 
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   Cyberalx   
13/7/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Alors ça, mon vieux sagouin !

En ce qui me concerne, c’est -et de loin- la meilleure nouvelle que j’ai lue de toi jusqu’ici : Tout y est.

De bonnes métaphores, un rythme soutenu et prenant, des comparaisons sonnant juste, du suspense et une chute que je n’ai ABSOLUMENT pas vu venir malgré le titre !

Au départ, j’ai cru que la paire de corne était pour les deux boxeurs (à cause de la fille, aidé par le titre, je m’étais dit : tout s’explique : deux cocus cornus, le gong et tout ça), j’ai même été un peu déçu que « le Diable » ne soit qu’un surnom de boxeur.

Mais voilà, fausse piste ! Le Diable c’est la belette, j’aurais du m’en douter !
Bravo Ninj’, un très bon travail sur peu de temps.

C’est en effet très difficile de rendre un combat intéressant sans répétitions et c’est pourtant ce que tu a fait, il ne me manquait que le pop-corn (j’avais la bière).

La chipouille ?

Oui, je n’ai pas aimé cette suite d’idées :
« « Enfoiré de Chicanos ! Avec toutes ces saloperies de chilis que tu bouffes à longueur de journée, tu dois avoir le foie fragile… Fort de sa stratégie, le Diable débute une nouvelle approche… »
Tu laisses ici entendre qu’un boxeur professionnel de haut niveau va se baser sur l’alimentation supposée de son adversaire pour établir une stratégie.
Tu aurais pu trouver un truc plus réaliste (les boxeurs observent les combats de leurs adversaires, celui-ci aurait pu prendre de très mauvais coups au foie lors de ses derniers combats).
Mais c’était pour chipouiller, car la chipouille c’est un peu notre poignée de main secrète, hein ? ;)
Enfin, n’en déplaise à notre Travesti de Diable, le seul vainqueur ici, c’est toi.
Chapeau bas.

   Lariviere   
23/7/2007
Comment ne pas être élogieux devant une telle nouvelle ?
La narration du combat est d'un très grand niveau. On assiste vraiment à l'évènement... Le rythme est réelement celui d'un combat de boxe et réussir à donner vie à quelque chose d'aussi intense, est à mes yeux, une sacré performance.
C'est la première nouvelle que je lis de Ninjavert. Je vais en lire d'autres et plutôt deux fois qu'une.
J'aime beaucoup le style. Il est à mon avis, digne d'un grand auteur. L'écriture est subtile. Elle est impeccablement maitrisée. Tout est bon : L'emploi des termes de la boxe. L'atmosphère de l'affrontement qui glisse doucement du combat acharné vers le carnage frénétique et diabolique. La psychologie dispensé au goutte à goutte des adversaires...
Moi, j'aime bien les commentaires des deux boxeurs. A la différence de Cyberalx (c'est assez rare que je ne partage pas toute l'analyse de ce chasseur de chat..), je garderai sans problème celui sur le chili. Coté humoristique dans la gravité...
Par contre, bizarrement, je n'ai pas apprécié à sa juste valeur (par rapport à l'ensemble), à la fin, le passage sur le diable en femme. Je veux dire que j'ai aimé cette idée en tant que chute, mais je l'ai trouvé trop longue, trop explicative sur le pourquoi... C'est une opinion très personnelle, mais j'aurais préféré, il me semble, que le diable quitte la tribune de façon plus furtive, plus mystérieuse...

   sebrac   
23/7/2007
Génial, très original, bien écrit, fin surprenante....
J'ai adoré.

   Pat   
23/7/2007
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
Que dire de plus ! Quand je l'ai lu la première fois, j'avoue que j'ai pensé : un combat de boxe... Bof, j'aime pas. Et puis, on se laisse prendre au rythme du combat (bien rendu par les phrases courtes, les ellipes), les émotions sont bien présentes. C'est évidemment décrit avec virtuosité (comme d'habitude), du coup, on visualise tout à fait les scènes... La fin est surprenante... Quelle perverse "ce diable". Et le titre est excellent. Bravo Ninjavert... Au moins j'aurai lu quelque chose que je n'aurais jamais choisi pour ma bibliothèque. Comme quoi, il faut savoir sortir des sentiers battus !

   Absolue   
24/7/2007
J'ai beaucoup aimé votre façon d'écrire même si je ne suis pas adepte de ce genre de "sport". J'ai eu envie de connaître la suite...et je n'ai pas été décue! Contrairement à Cinnamon, je trouve que ce récit est dans la "bonne catégorie". En effet, comment ne pas frémir d'horreur face à un tel spectacle...

   Togna   
25/7/2007
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
A cause de cette nouvelle, j'ai dû boire mon thé froid ! A mes amis, quel combat ! Son vainqueur n'est pas l'un de ceux auxquels je m'attendais, et la surprise de la fin est... surprenante.
Si le diable est vraiment l'auteur de ce concours, sa métamorphose au Madison est amusante.
Bravo Ninjavert

   guanaco   
2/8/2007
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Même le lecteur ne jette pas l'éponge. Impossible, il fallait que tous connaissent l'issue de ce combat. Haletant. Epique. Chevaleresque et même mythologique.
Super!
Mais (ben oui...)
J'ai un passage un peu flou au moment ou le Diable prend son coup dans l'oeil (fin de round 2 2ème partie), l'utilisation des pronoms perso m'a perdu mais c'est pas grave, cela ajoute à la confusion provoquée par les coups

Dernier point (désolé)
en espagnol, les serpents sont féminins donc c'est LA cobra verde ;)

   Otus   
8/9/2007
Je ne paraphraserai personne, tout a déjà été dit: très beau travail.
Otus

   Ninjavert   
20/10/2007

   Bidis   
20/10/2007
 a aimé ce texte 
Passionnément
Dire que j'aurais pu mourir sans avoir lu cette nouvelle !
Qu'on aime ou qu'on déteste les matches de boxe, on assiste à celui-ci jusqu'au bout avec passion.
Et ce serait, comme dit Larivière, digne d'un grand auteur si, en vieille chipie que je suis, je n'avais relevé deux choses.
Tout d’abord, quelquefois certains petits élagages seraient bienvenus pour bien conserver le caractère percutant de ce texte.
Par exemple : « La foule s’enflamme devant cet enchaînement, alors que le Cobra recule… » Il y eu l’enchaînement, le lecteur le sait alors pourquoi dire « devant cet enchaînement ». La foule crie "alors que"… on se doute bien qu’elle ne crie pas avant ni après : donc pourquoi « alors que » ? Je trouve plus fort d’écrire : « La foule s’enflamme. Le Cobra recule… »
Ce genre de petites lourdeurs se retrouvent de ci de là et cela déforce un peu l’effet « punch » que le lecteur reçoit en pleine tronche.
Ensuite, il y a quelquefois confusion entre les protagonistes (confusion syntaxique, le lecteur lui rectifie mais il doit faire un petit effort tout de même) :
« Le Cobra recule, et se dégourdit les bras et les épaules avant de revenir en position.
Un coup.
Il ne bouge pas. »
C’est L’AUTRE qui ne bouge pas. Or grammaticalement il s’agit du Cobra, dernier sujet dont il est question.
Cela revient à plusieurs reprises.

A part cela, c’est un tout bon texte, évidemment.

   nico84   
25/10/2007
 a aimé ce texte 
Passionnément
Talentueux ! Superbe ! Rien à redire, tout est là, où il faut quand il faut, en proportion parfaite !

Bravo, félicitations à toi ninjavert !

   aldenor   
25/10/2007
Bravo. C'est prenant, intense et la fin laisse KO

   jensairien   
27/11/2007
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une bonne nouvelle (comme on pourrait dire au journal de vingt heure). J'y souscris : c'est une prouesse de rendre la tension d'un match de boxe avec autant de véracité.
Mais comme c'est une bonne nouvelle je me permettrais
deux observations.
1/ l'emploi de deux ou trois tournures courantes qui pourraient réduire le caractère exceptionnel du combat et diminuer la tension
que tu as su par ailleurs si bien restituer
Comme par exemple quand tu écris :
"il repart dans le sens inverse des aiguilles d’une montre" :
C’est trop long pour un mouvement si bref et une expression bien trop banale pour le combat de coq que tu nous sers.
Egalement quand tu écris qu'il se dégourdit les bras je trouve ça bizarre dans ce combat au temps accéléré

2/ la fin est excellente et m'a rappelé le thème du Maître et Margueritte de Boulgakov où le Diable vient sur terre pour s'amuser des humains.
Mais, de même que Lariviere je la trouve bien trop explicative.
En effet pourquoi écrire que c'est le Diable qui gagne puisque tu nous l'as si bien fait sentir. Il était sans doute inutile de le mettre noir sur blanc. C'est un peu voler le lecteur d'une conclusion qu'il pouvait se faire lui même.
Je pense sérieusement que c'est une erreur que nous sommes tous trop tentés de faire dans nos récits que de vouloir dire au lecteur ce qu'il doit penser au lieu de l'amener à le penser lui même (ce qui est pour l'auteur comme le lecteur bien plus jubilatoire!).

Par exemple (juste pour illustrer mon propos) si en sortant le Diable avait fait mourir d'une crise cardiaque un opportun qui lui demandait l'heure ou une mère de famille et ses enfants qui traversaient la rue on aurait tous bien compris que c'est toujours le Diable qui gagne. Et on aurait ressentit bien plus de plaisir à le deviner que de le lire noir sur blanc.
Enfin bref une des meilleure nouvelle que j'ai pu lire sur notre cher site, mais il m'en reste encore beaucoup à découvrir
ps : dommage qu'avec tes talents de dessinateur tu n'es jamais mis tes récits en bandes car ils s'y prêtent très bien

   Werther   
9/12/2007
 a aimé ce texte 
Passionnément
J'en ai encore des frissons, quel beau combat, quelle chute!
J'étais complètement enfoncé dans mon fauteuil, mes yeux ne cillaient plus...une passion!!
Le sang, les côtes, les yeux, la mort, le Cobra, le Diable, l’écroulement de ce récit (...), tout est bien écrit, tout mérite d’être lu et relu...
Je n’adore pas...Je raffole !

   Anonyme   
9/12/2007
J'ai pratiqué la boxe anglaise pendant deux ans.

Je suis légèrement déçu par la pauvreté du vocabulaire de Ninj sur le sujet. Notamment dans le combat (gauche, gauche, droite, tête, corps, etc..semblent un peu pauvre). Dommage. Une recherche préalable aurait permis d'enrichir ce beau texte. Merci en tout cas pour ce moment du ring.

Bon c'est du beau texte, certes.

Mais n'exagérons pas tout de même.

Certes. Quand un voit que des textes très moyens voir faibles sont évalués avec 14 ou 15, évidemment cela ne laisse que peu de marge de manoeuvre
lol

J'avoue que ce texte fait partie de mes relectures ici tant je l'aime. Et que j'avais la ferme intention de l'évaluer..mais bon, d'autres sont pas avant et c'est tant mieux. :-)

   marogne   
23/1/2008
le titre m'a attiré; j'ai lu les commentaires avant de lire le texte, et j'ai failli laisser tomber. La boxe, vraiment non. Mais j'ai commencé à lre, et je me suis laissé prendre en me le reprochant. Comment tirer du plaisir de la description de cette violence? Un peu de honte même.

Mais bravo.

Si un jour je regarde pour de vrai un match de boxe, ce sera certainement à cause (grace à?) de cette nouvelle, et je chercherai dans les gradins le diable. Où alors faut-il comprendre que le diable par essence serait simplement la femme, capable depuis toute éternité de faire se battre les montagnes. Non, ce serait une mauvaise lecture, n'est-ce pas?

   calouet   
23/1/2008
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
Bon... j'arrive sur le ring un peu tard, le sang, les larmes et la sueur ont séché, mais après cette lecture je ne pouvais pas ne pas te dire à quel point j'ai kiffé!
L'essentiel a été dit, bien mieux sans doute que je ne l'aurais fait moi même, donc je ne vais pas m'étaler; juste, côté points forts (je chercherai des points faibles une autre fois, sûrement), j'ai particulièrement apprécié la descritpiton de l'état psychologique de chacun des combattants qui, mine de rien, pouvait nous guider vers la chute, tant le parallèle me semble évident entre Lopez et lewis. Ils sont tous les deux dans la même merde, et tous les deux le sentent bien venir, tous les deux sont rongés par les mêmes doutes, ils ont la même motivation... N'empêche que je me suis fait avoir quand même!
Et puis sinon, tu as super bien réussi les "rebonds" du combat, les moments clés, lorsque le costaud s'aperçoit qu'il a perdu un oeil par exemple... Cette force là c'est de l'or dans une nouvelle, de pouvoir remettre une couche de brillant à volonté, de réamorcer la pompe en peu de mots... C'est peut-être quelque chose de récurrent dans tes textes, mais comme c'est le tout premier que je lit de toi, bah voilà fallait que je te le dise, t'as une écriture très punchy, et pas simplement parce que c'était un match de boxe!

   victhis0   
21/8/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
une fois de plus j'ai lu dévoré un texte de Ninjavert...Plein la gueule. J'envie ton style et la transcription photographique de l'intrigue (je travaille dans la prod de films et, forcément, ce genre de texte me parle:-). Le suspense est conservé jusqu'au bout, sans temps mort.
Peut être que le vocabulaire de boxe est approximatif et peut être que Ninj' se la joue un poil dilettante, faisant confiance - non sans raison - à son talent pour compenser. Mais j'en redemande

   Maëlle   
9/9/2008
 a aimé ce texte 
Un peu
C'est tout le probléme des texte qu'on attends: on est toujours un peu déçu. en matière de boxe, mes seules connaissances sont cinématographique, mais pas de chance, les films étaient bon. J'ai trouvé les scène assez répétitives, le comportement des deux boxeurs crédible mais pas très intéressant.
Et tiens, pourquoi donc l'arbitre n'interviens pas, au fait?

C'est un bon texte, mais c'est en deça de ce que j'attendais (et en deça de ce que j'attendais en commençant à lire). Essentiellement tant pis pour moi...

   Flupke   
6/10/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Vraiment très bien. On se demande comment sera la fin ... et l'on est pas déçu. J'adore ce genre de nouvelle avec une chute surprenante. Merci.

   Menvussa   
15/1/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Un superbe match. Et quel commentateur. Le diable a perdu un œil, ce diable là, peut-être mais l'autre, le vrai ne perd rien de ce combat de dupes. Moi, j'aime encore bien la boxe au cinéma, lorsque les coups sont feints mais ce "sport"... Bien vu Ninjavert, un pseudo écolo... presque.

très bon texte.

   Selenim   
20/4/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Complètement réfractaire au soit disant noble art, je me suis bien fondu dans ce récit haletant.

Un exercice de style réussit qui tient surtout au sens du rythme pointu de l'auteur.

La chute n'est pas essentielle mais permet de cerner la motivation des cogneurs.

Selenim

   Anonyme   
20/6/2009
Je n'ai pas aimé le combat, donc, la majeur partie de la nouvelle. Vu le nombre de plumes, je me suis dit que j'allais ressentir quelque chose, voir les choses autrement. Non. Rien. Rien d'autre que de l'indifférence pour ce diable et ce cobra se battant sur un ring.
A un moment de ma lecture (agréable, cela va de soi, parce que le style est là, très visuel et qu'on y assiste vraiment à ce match) je me suis dit que vu le thème du concours, prendre le contre-pied de tout le monde et appeler son héros diable, baser sa nouvelle sur un humain qui avait juste ce nom là, c'était ingénieux et audacieux.
Et à l'instant même où je me faisais cette remarque, je me suis dit que c'était trop facile et qu'il devait y avoir quelque chose d'autre. Effectivement, il y avait autre chose.
Belle apothéose.

   Margone_Muse   
29/8/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Mon café est froid... et c'est dire, droguée comme je suis ! lol

EDIT : (et suppression, pour un comm plus propre)

[J’ai relu ton texte Ninj’ et en même temps, ton tout premier post dans le fil que tu t’es consacré pour cette nouvelle.
Tu dis que tu n’as jamais vu un match de boxe en entier et que tu n’es pas passionné par ce sport.
Et ben je trouve que tu t’en tire vachement bien. Je ne parle pas forcément des mots techniques comme uppercut ou crochet ou que sais-je encore… ? Je parle des stratégies genre privilégier l’esquive ou la parade ? Changer de direction quand tu tournes autour de l’adversaire, le laisser d’épuiser et attendre l’angle d’attaque qui va faire bien mal, etc.

Perso, un très bon ami à moi a tenté de m’initier à ce sport (qui n’est pas du tout un sport de bourrins mais au contraire, un sport de finesse avec beaucoup de subtilités quand on y regarde de plus près) (je dis tenté parce qu’on est géographiquement éloignés maintenant, mais sinon, ça me plaisait bien, avec lui en tout cas) et inconsciemment, à ma première lecture, j’ai trouvé le combat très réaliste quant à tous ces petits détails. Alors en relisant une seconde fois, avec en tête une question précise (pourquoi est-ce que j’ai tant aimé ce combat et pourquoi j’étais à fond dedans ?), et ben j’arrive à y répondre comme ça.

C’est très réaliste (et chapeau si tu ne t’y connais que très peu en boxe), et je n’ai aucun mal à visualiser toutes les actions (les détaillées aussi bien que les suggérées).
Alors après, est-ce que c’est du aux cours particuliers que j’ai eu le droit d’avoir un jour ? On ne le saura jamais… Peut être que ta nouvelle m’aurait fait moins d’effet si la boxe m’étais complètement étrangère…

Mais bon, il y a ta lucidité dans les stratégies à adopter pour tes protagonistes, et il y a tout le reste à côté : la rapidité des enchainements sans faire tomber ton lecteur dans la confusion (les pronoms, moi, ça ne m’a pas dérangé pour deux sous), les pensées de l’un puis de l’autre (impossible de s’attacher à l’un plus qu’à l’autre, impossible de décider qui j’ai envie de voir gagner), le découpage en rounds qui donne de la clarté à ton récit…
Bref, je ne reviens pas sur ma note et cette nouvelle, je ne l’ai pas aimé pour rien :)

La chute me plait telle qu’elle est : j’y vois que personne ne gagne au final (et tant mieux parce que je n’arrivais pas à me décider sur ce que je voulais), si ce n’est le diable. Et le diable en femme, ça me plait beaucoup.

Et puis tu sais, quand je te parle de phrase d’accroche (parfois une phrase, parfois un paragraphe, qui me fait tomber le brouillard sans que je ne fasse rien), ben là ici, c’est quand l’arbitre se met à parler et à présenter les deux combattants au milieu de la foule en délire.
Ca le fait trop, c’est génial. L’atmosphère m’enveloppe et je suis téléportée dans la foule moi-même (voir sur le ring) et c’est du pur bonheur. Toute excitée que le match commence, à l’instar de la foule en délire :) et puis juste après, tu m’as captivée tout du long.

Bref, comme j’ai dit à placebo une fois : je n’ai aucunement besoin de forcer mon imagination, Ninj’ fait tout le boulot, tout en me laissant complètement libre.
C’est ce qui est le plus important quand je lis (je pense que tu l’auras compris, on en a déjà parlé mais au moins, je le mets dans un premier comm « constructif » et l’applique à un de tes textes) et comme tu l’as dit : tout est question de « tempérament » d’auteurs et lecteurs.
Maintenant, quand je (re)lis un texte de Ninj’, je sais à quoi m’attendre et la relation auteur/lectrice n’est limite plus à faire. Je ne sais pas trop si je suis claire mais disons que mes attentes de lectrice ont jusqu’alors été comblées par ta façon d’écrire.
Merci.

Mem’s]

   placebo   
30/4/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bien aimé :)

les pronoms ont déjà été relevé, c'est ce qui m'avait le plus dérangé.
d'habitude je commente peu la structure globale, mais j'ai trouvé très intéressant de faire les rounds selon les deux points de vue. ( à part le 11, où il y a vraiment répétition de l'action)

pour la femme, je pensais bien que c'était la même, mais je n'avais pas prévu sa véritable nature, non... je rejoins je ne sais plus quel commentaire : un poil lourde cette fin.

bref, pas grand chose à dire, juste te faire savoir que des gens continuent à lire tes histoires et à les apprécier

ce que je trouve un poil bizarre, c'est que tu commences sur l'arbitre, il dit bien :
''l’homme ayant arbitré le plus grand combat de boxe de tous les temps.'' au final, il n'arbitre rien. C'est le diable qui intervient? vais voir le forum.

   MarionTouvel   
22/7/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Le diable en jeune fille à jupe plissée, le détail sur la culotte, la cyprine. Voilà une fin qui gâche vraiment mon plaisir. Vous atteignez la limite du ridicule et je maudis cette Lolita, son vernis rouge et sa jupe, de vous avoir séduit également avec ses charmes de pom-pom girl.

Des imprécisions qu'on oublie très vite : "La foule se lève,(...) acclame le champion qui (...) lève les bras (...) Jack lève un bras."

Une utilisation de la typographie, de l'espace sur l'écran (de la page), d'une belle technique.

La répétition des rounds... pourquoi pas. Le combat qui commence au deuxième : intéressant.

L'italique, droite, gauche : vraiment très bien vu.

La vitesse, la brièveté des paragraphes : super.

Le Diable qui perd son œil un peu tôt. Surprenant et on attend alors la suite.

Le parallélisme, le jeu de saute mouton entre les deux boxeurs : super.

L'héroïsme quasi chevaleresque ; le dépassement surhumain ; le fait que ça soit le dernier match ; l'enjeu, ou son absence, pour le sport quoi, son absurde violence. Oui ! La fin, la fin !

Et... merde. La fin : le Diable... qui mouille sa petite culotte, qui porte une jupe et du vernis rouge. Pourquoi pas blonde avec des gros seins ? Le narrateur, qui se joint à lui, qui se fout de nous, de l'issue du match. Comment dire... non, pas ça, non !

J'aime pourtant ces retournements à la fin de Match Point par exemple. Qu'on joue avec mes attentes, me faire manipuler par l'auteur. C'est une technique, un artifice, personne ne vous a vu venir, de la maîtrise, mais pas dans le bon sens très sincèrement (et subjectivement).

On change très brusquement de registre : issue du fantastique tout à la fin d'une nouvelle au réalisme jusque là saisissant. Mais on fout en l'air le suspense. En effet, et alors ? c'est vain la boxe ; mais la façon de le dire, me perturbe.

Bref, je reste bloqué sur la vulgarité de l'image, l'excitation du Diable, les stéréotypes de genre que ce texte véhicule (les hommes faciles à manipuler, les femmes plus sensibles), la facilité dans la formule : "il est, ce soir encore, le seul vainqueur".

Ça sort tellement du lot par rapport au reste et c'est tellement important, pour moi, de réussir sa fin. Je suis presque certain que c'est pourtant le passage que vous avez écrit en premier, ce qui a surgit d'abord, ce que vous avez le plus travaillé.

Alors puisqu'on est là pour ce dire franchement ce qu'on pense : virez nous cette fin, allez y franco dans le message se taper dessus, c'est beau, mais ça sert à rien. Pas besoin de s'embarrasser d'un diable incontinent qui s'habille en fiancée de boxeur.

Arrêtez-vous à la merveilleuse question, pourquoi personne n'arrête ce match ? et n'y répondez surtout pas. Surprenez le lecteur, brisez ses attentes, mais ne lui imposez pas la présence de ce Diable. Le titre guidera l'interprétation : deux boxeurs, un match et deux fiancées diaboliques. Suggérez et dîtes autant, voir plus, mais grâce au silence, la méditation après la furie de la bataille.

(Avec tout mon respect pour votre travail d'auteur.)

Cordialement.

   silene   
26/7/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
C'est long un combat, entre la ceinture et le haut du crâne, il n'y a pas beaucoup de possibilités. Je n'aime pas la boxe, là, le ton et le découpage m'ont rendu la lecture fluide et agréable, même si les images de chairs tuméfiées me déplaisent par la violence qu'elles démontrent.
Simplement, je trouve qu'un peu ça va, est-il vraiment utile de raconter par le menu tous les rounds, compte tenu de la différence de format des adversaires ?
Dès que la mignonne est apparue, j'ai pensé au dénouement, mais suis un peu déçu par la manière dont il a été traité ; je ne reconnais pas celui que vous représentez dans cet arroi, il me fait plutôt penser à un démon subalterne de rang assez médiocre.
Ce qui ne retire rien aux qualités de récit du texte.

   Mwa   
24/5/2012
 a aimé ce texte 
Passionnément
Extraordinaire ! Merveilleux ! Que dire, que dire ...?
J'ai dévoré cette nouvelle d'une traite. Ce combat est épique, divin, monstrueux.
Le rythme est incroyable, les attaques en italiques sont très bien pensés.
Le seul petit bémol est la fin avec le/la (?) diable, il aurait pu avoir une dimension plus complexe qui aurait fait ressortir la puissance d'une nouvelle sidérante.
On veut connaître l'issue du combat !
Bravo, ce texte m'a mis KO !

   cherbiacuespe   
19/4/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Douze rounds totalement, indiscutablement, abracadabratesquement improbable. Un ring n'est pas un abattoir à bestiaux, quand bien même on y collerait des fous furieux. Les arbitres et les officiels sont là pour éviter les débordements et les dangers du noble art ( je sais, il existe pourtant quelques exemples ). Mais ça se laisse lire avec plaisir parce que le plan est clair, le verbe éloquent et que je n'y ai pas cru une seconde. Par contre la conclusion emporte les suffrages et fait passer le reste aux oubliettes. Cette diablerie donne à l'ensemble un parfum machiavélique. Excellent !


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