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Anonyme
13/9/2021
a aimé ce texte
Beaucoup
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L'antienne "une belle journée" reprenant le titre m'a fait penser à une vieille nouvelle (hihi) de science-fiction "C'est vraiment une bonne vie" où un village se retrouve irrémédiablement coupé du monde, à jamais soumis à l'arbitraire d'un enfant mutant tout-puissant. (Désolée, j'ai oublié le nom de l'auteur. Internet ? Voilà : Jerome Bixby. Merci, progrès aliénant !) J'ignore si vous aviez cette référence à l'esprit en écrivant votre récit, ou plutôt "1984" de George Orwell, en tout cas vous m'y avez fait penser.
J'ai trouvé votre récit habile et bien mené, ai particulièrement apprécié la manière subtile dont vous mettez en lumière l'arbitraire auquel est soumise Eve sous couvert du bien public et individuel. Alfred en effet, loin d'appliquer les règles avec l'absolu détachement qu'on attendrait d'une I.A., en module l'application selon ce qui s'apparente à son "humeur". Il "fait payer" à Eve sa mauvaise volonté ou au contraire, pris de "remords", lui accorde son dessert préféré… Bref, j'ai l'impression que tandis qu'Eve, le cerveau complètement lavé, s'efforce de se comporter en machine, Alfred l'I.A. s'est laissé contaminer par l'irrationalité humaine. Eve et Alfred forment un vieux couple où chacun, peu à peu, s'adapte à l'autre ; voilà ce qui ressort pour moi, et qui me fascine, dans votre nouvelle. |
cherbiacuespe
18/10/2021
a aimé ce texte
Beaucoup
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Cela peut être une forme de paradis.
Dans ce texte, je pense qu'il est nécessaire de s'attacher plus au fond qu'à la forme. Ce n'est qu'un morceau du puzzle d'une société articulé autour d'une vie. L'auteur aurait aussi bien pu étaler celle de Yana. Selon moi, deux visions s'opposent ici. Le consentement d'une vie dans une prison dorée et sécurisée sous la dictature bienveillante de l'IA. Je me demande qui est l'autorité suprême, humain ou IA ? Et l' ambition d'une existence de liberté totale sous le joug de l'incertitude ( le danger de vivre ) journalière. Est-ce un avenir possible, souhaitable pour nos sociétés ? Eve est visiblement entre deux eaux au début du texte, et plutôt soumise à la fin, presque convaincue, apathique selon moi. Mais la vie encadrée par une sécurité, quitte à ne plus faire de choix, est-ce vraiment vivre, semble nous dire l'auteur ? C'est toute la question, en effet. Est-ce ce que recherche vraiment notre civilisation ? Elle est devant un choix cornélien parce que l'entre-deux n'est peut-être pas possible. En tout cas un texte très intéressant au moment ou notre planète elle-même nous interroge clairement : quel est notre souhait ? Cherbi Acuéspè En EL |
vb
19/9/2021
a aimé ce texte
Bien
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Une histoire classique de science fiction. C'est bien écrit, mais un peu cliché. Je n'ai pas lu beaucoup de SF et je pense tout de suite à HAL de l'Odyssée de l'espace. La chute m'a surpris. Pas de révolte. Je pense que c'est cette fin qui est originale et qui fait aussi froid dans le dos.
Lu en espace lecture VB |
Donaldo75
22/9/2021
a aimé ce texte
Beaucoup
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Je viens de lire une nouvelle réussie, qui donne froid dans le dos tellement cette société dominée par des règles castratrices semble déshumanisée, insupportable. Et c'est là que réside la force de la narration car Eve pourrait se rebeller mais elle accepte sa situation, ce que la fin pointe dans une forme de clair obscur, parce qu'elle n'a pas le choix. Cette approche donne toute sa force au récit, le sort des sentiers battus autour du sujet et rend la lecture prenante parce que forcément le lecteur va s'identifier à Eve, dans son propre référentiel, et tenter de se rebeller, d'aller au-delà de ces règles imposés.
Bravo ! |
Malitorne
17/10/2021
a aimé ce texte
Bien
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L’idée n’est pas d’une grande originalité et a souvent été traitée en science-fiction - plein de références se bousculent dans mon esprit - mais elle est ici portée à son paroxysme. Mainmise totale de l’intelligence artificielle sur la vie d’un humain. Tout est contrôlé dans les moindres détails et cette surveillance fait froid dans le dos. Ici vous faites preuve de plus d’imagination.
Ce que je regrette, d’une part, c’est le côté trop explicatif du récit. J’aurais préféré un déroulement froid et méthodique sans apporter aucune information supplémentaire, le lecteur se rendant compte progressivement de l’emprise de la machine. D’autre part, Alfred m’apparaît dans ses raisonnements, ses dialogues, bien trop humain. On ne sent pas assez l’entité cybernétique, l’écart de conception entre lui et sa protégée. Particulièrement visible quand il passe soudain du vouvoiement au tutoiement à la fin. Mais ça reste une œuvre intéressante qui s’interroge avec pertinence sur notre dépendance grandissante aux nouvelles technologies. L’écriture, claire, porte efficacement votre propos. |
Corto
17/10/2021
a aimé ce texte
Beaucoup
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Merci pour cette belle entrée en matière.
Ne l'ébruitez pas mais je vais de ce pas chercher la manière de débrancher Alfred, comment manipuler le sélecteur de nourriture et celui de la douche, obturer "l'œil rouge sang qui palpite sur le mur". Je m'échapperai discrètement pour retrouver Yana au lieu de rendez-vous convenu entre nous et puis...la suite ne regarde que nous. Je rentrerai juste à la fin des deux heures d'information et je rebrancherai tout comme avant pour me glisser sous les draps. Oui oui je dirai ensuite "c’était une belle journée, merci Alfred". Ne le répétez pas mais Alfred n'est pas si malin. Bien moins que Yana qui m'a expliqué comment le déconnecter sans laisser aucune trace en IA. Allez je vous laisse, je pars en Odyssée. Encore bravo à vous. Votre texte est un régal. |
hersen
17/10/2021
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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Une très bonne nouvelle.
Le tout se lit rondement, et les petits cailloux distillés tout au long du texte nous amènent à comprendre qui est Alfred. Ce qui est particulièrement réussi ici, et qui glace, est la relation entre Eve et le robot. Eve finalement s'en remettra à lui. Une subtilité, de ce que j'adore découvrir dans un texte, comme des petites pépites qui enfonce encore un peu plus le bouchon du doute, du malaise : Eve tutoie Alfred, qui lui-même la vouvoie. Sauf dans sa dernière phrase de dialogue (tu verras); C'est démoniaque, Ombhre, démoniaque ! merci pour cette lecture, qui va assez loin dans le sujet, être assujetti à une machine formatée par des hommes, et cependant ne s'adresser qu'à une machine. |
Ombhre
18/10/2021
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Anonyme
22/10/2021
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La référence est évidente et j’ai effectivement cru entendre la douce voix de HAL, très bien rendue par le calme des propos d’Alfred.
Que la fin soit différente de celle du film de Kubrick n’est pas une mauvaise chose. C’en est même une bonne dès lors qu’elle propose une alternative. Le problème, pour ce qui me concerne du moins, c’est que je n’arrive pas à croire à cette fin, non qu’elle me paraisse impossible car la réalité nous enseigne que l’être humain possède des réserves de docilité qu’il ne soupçonnait peut-être pas, mais parce que je ne sens pas le cheminement menant Ève à cette docilité. Pire, je vois des éléments rendant impossible le fait qu’Eve s’y résolve. Figurez-vous que ce qui contrarie ma crédulité n’est pas tant le fait qu’Alfred juge de ce qui est bon ou mauvais pour Ève, ni même qu’Ève ne se rende pas compte qu’Alfred se protège lui-même à son détriment, mais surtout le fait qu’Ève accepte de passer une journée entière de travail à faire ce qu’Alfred ferait très bien lui-même. Ève n’est pas seulement dépossédée de son jugement, elle est dépossédée de son utilité, de la raison de son temps dépensé, c’est-à-dire de son existence. Je n’ignore pas que de très nombreuses personnes, dans la réalité, subissent le même sort qu’Ève, mais sans doute n’en ont-elles pas conscience. Dès lors qu’Alfred reprend Ève pour un travail mal exécuté, c’est qu’Alfred pourrait le faire lui-même, que le travail d’Eve est totalement inutile et ça, Ève ne peut pas l’ignorer. Je pourrais aussi me tromper, mais je ne crois pas possible qu’un être humain puisse être conscient de son inutilité sans qu’il ne se révolte, sans qu’il ne lutte pour sa survie intellectuelle. En tous cas, je l’espère. |
ferrandeix
30/10/2021
a aimé ce texte
Beaucoup
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Très bon récit. Bien que le genre en soit classique et l'idée très éprouvée, voire éculée, la tension est maintenue jusqu'à la fin. Effet captivant d'autant plus surprenant que l'intrigue est mince.
La finale est surprenante, à l'inverse d'une chute conventionnelle pour ce genre de récit. On se prend à réfléchir. Et si le robot, dont l'omniprésence est insupportable et suffocante, finalement n'avait pas raison dans ses choix. La vie actuelle (sans le robot), serait une erreur et nos passions ne seraient que l'affirmation de notre négativité. L'exemple en est fourni par cette histoire d'amour qui se serait sûrement terminé par une déception. La vie supervisée par le robot est-elle un paradis ou bien pour nous le paradis, n'est-ce pas l'assouvissement de passions illusoires? On peut imaginer une interprétation hors de la science-fiction pour ce récit: la fille et son robot ne seraient que les 2 expressions antinomiques de sa propre psyché, l'une raisonnable et l'autre livrée à toutes les passions et pulsions. |
Marite
31/10/2021
a aimé ce texte
Bien ↑
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La fluidité de l'écriture, les dialogues équilibrés et le choix fait, il me semble, de ne pas étourdir et dérouter les lecteurs avec un vocabulaire trop technique lié à l'IA, font que cette lecture est agréable.
Ayant écumé à une époque passée, disons il y a vingt ou trente ans, des récits de science-fiction écrits dans les années 1920/1930, j'ai retrouvé avec plaisir dans cette nouvelle l'atmosphère qui les imprégnait. Ce qui m'apparaît cependant dans le récit c'est que les deux personnages, Eve et Alfred, pourraient faire partie de notre quotidien actuel. En effet : la météo, les volets électriques, la connexion aux rencontres virtuelles sans oublier le dosage de l'alimentation et la surveillance des paramètres médicaux sont devenus des éléments familiers. L'emprise de l'intelligence artificielle sur les volontés et choix individuels humains ne s'est pas encore généralisée mais ne nous leurrons pas, elle se répand et se rapproche insidieusement. Merci pour cette ébauche d'un lendemain qui nous serait imposé peut-être plus rapidement que nous le pensons car au vu de l'évolution dans ce domaine, dix, vingt ou trente ans suffisent pour y arriver ... |
Gouelan
10/11/2021
a aimé ce texte
Beaucoup
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Une nouvelle qui fait froid dans le dos. Quand l'intelligence artificielle prend le contrôle de la vie des humains, sont-ils encore humains, ou seulement des pièces identiques d'un puzzle robotisé Un monde fade, sans surprise ni libertés.
Je viens de lire, sur le même thème, le roman "Obsolètes" d'Alexis Marzocco. Des histoires qui nous font frémir et réfléchir quant à notre dépendance aux réseaux sociaux, notre course à la facilité où on perd son libre arbitre. À force d'aller trop loin, n'irons-nous pas droit dans le mur ? ne perdrons-nous pas le contrôle de nos vies, le charme de l'hésitation, de l'erreur, de l'aventure, de l'originalité, de l'individualité. |