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Sentimental/Romanesque
Palimpseste : L'abnégation des sardines
 Publié le 27/05/12  -  14 commentaires  -  11331 caractères  -  157 lectures    Autres textes du même auteur

Soyez les bienvenus dans ce petit conte des profondeurs (philosophiques)…


L'abnégation des sardines


« Et vous serez étêtées, éviscérées puis enduites d'huile d'olive ou de diverses sauces… » Le ton docte de la sardine-professeur 17624 envahit l'espace de la salle de cours, située dans la huitième vague. Infatigablement, elle enseigne aux sardines leur destinée et la noblesse de leur nature de nourriture humaine. « Hors de la boîte, point de salut ! » se plaît-elle à dire à ses élèves.


Les deux jeunes 2498 et 2501, nées à trois œufs d'intervalle dans le Grand Banc qui croise au large de Marseille, restent quand même dubitatives… Et notamment, elles sont inquiètes : toutes ces opérations ne risquent-elles pas d'être douloureuses ? L'éviscération, surtout.


« Mais non » répond sans cesse le sage professeur 17624. « Dans leur grande mansuétude, les hommes, qui sont notre devenir, prennent soin de nous tirer avec de doux filets hors de l'eau, où nous connaissons une mort miséricordieuse avant que ces opérations de chirurgie nous transforment en une nourriture digeste. » Soit… Mais ces propos lénifiants n'arrivent pas à calmer la nature inquiète des deux amies, qui reviennent sans cesse sur le sujet.


« Et pourquoi vous n'avez-vous jamais été mangé ? » demandent souvent les élèves à leur enseignant. Nom numéro de naissance – 17624 – trahit une naissance il y a au moins trois ou quatre pontes, ce qui est très inhabituel. L'espérance de décès chez les sardines n'excède généralement pas quelques mois. On peut compter sur les hommes pour ne pas laisser les poissons faire de vieilles arêtes. Du coup, elles émettent des réserves sur leur professeur. Peut-être celui-ci, n'étant pas tout à fait certain de son enseignement, préfère rester en vie plutôt que de se lancer dans le chalut ? Une sorte de pari pescalien, où la vie réelle a le pas sur une hypothétique vie meilleure, imaginée exclusivement à base de supputations halieutiques.


La réponse du vieux professeur ne convainc pas spécialement les jeunottes : il prétend que certains spécimens sont choisis par les humains pour transmettre aux nouvelles générations les principes de vie des sardines : naître, grossir en absorbant des planctons et des particules d'algues, puis se faire prendre dans un filet d'où elles iront rejoindre la grande fabrique qui leur ouvrira les portes des dîners chez les humains.


Les deux sardinettes sont quand même un peu tristes : elles sont habituées à nager dans les eaux chaudes au large du port de Marseille, à goûter la voluptueuse saveur des algues dans les calanques… Pourquoi renoncer à toute cette quiétude pour se faire dévorer par de grands animaux à deux pattes, qui ne brillent ni par leur sympathie ni par leur grâce ? Elles en croisent souvent, de ces bestioles qui ne leur parlent jamais et barbotent avec indifférence au milieu d'elles.


2498 et 2501 grandissent et ont maintenant la taille de sardines adultes. Elles ne jouent plus à des jeux puérils de sardinettes, mais tiennent maintenant des conversations à n'en plus finir sur la marche du monde et le banc ringard de leurs parents. Elles arborent des tenues de nageoires complètement loufoques. Elles sentent aussi de délicieux et inconnus frissons dans leurs flancs, en croisant des sardines du sexe opposé, les écailles couvertes de boutons et la voix éraillée.


Malgré leur vie heureuse, elles restent quand même viscéralement inquiètes de leur trépas : sera-t-il douloureux ou pas ? Et l'ablation de leur tête ou de leurs organes internes sera-t-elle l'objet de souffrance ou non ?


Elles ont l'occasion d'en parler avec certaines de leurs congénères, mais la plupart ne semblent pas se préoccuper de considérations existentialistes… En fait, il semble bien qu'aucune autre sardine ne songe au futur. Toutes ont intériorisé leur destin : elles font confiance à la sagesse des hommes pour les préparer sans douleur… Peut-être tout au plus une certaine gêne lors du décès.


Ce concept de vie est connu sous le nom de l'abnégation des sardines. Il s'agit du principe directeur par lequel ces poissons règlent leur vie : il faut naître, grossir, puis nager en grands bancs dans lesquels les chaluts viendront prélever une portion de repas.


Le vieux professeur 17624 répète son enseignement à l'envi. À chaque génération, rien ne doit changer dans ce cycle où les uns sont à la base d'une pyramide de l'alimentation dont le sommet est occupé par les autres… Leurs rapports sont fixés par avance : on sait d'entrée de jeu qui mangera qui. Quant à savoir si c'est moral ou pas, ça n'a pas de sens… Et si ce sera douloureux ou pas, ça n'a pas de réponse, en fait…


Une angoisse sourde vrille le ventre de nos amies 2498 et 2501. Elles se font de plus en plus pressantes auprès de l'enseignant, au fur et à mesure que le banc grossit et que se rapproche la venue des chaluts.


Les eaux sont froides quand les premiers prélèvements dans le banc se font… Les sardines sentent le filet les effleurer mais, elles ne peuvent y sauter. Elles voient quelques-unes de leurs congénères entrer avec allégresse dans le piège, puis s'élever dans les eaux jusqu'à rejoindre le divin navire qui est à la fois leur dernière étape de cette vie, mais également la porte par laquelle elles s'élancent dans leur nouvelle vie… Sardines à l'huile d'olive, à la sauce provençale, pâté de sardines au whisky, crèmes et mousses, sandwichs et autres préparations plus élaborées… Bientôt elles connaîtront le nirvana des poissons et feront honneur à leur espèce en paradant à la table des humains.


Toutes ?


Sauf deux… 2498 et 2501, de plus en plus ennuyées de ne pas partager ce bel optimisme, parlent de s'évader du banc… En fait, cette histoire d'être préparées sans douleur ne les inspire guère. Elles ne sont pas si sûres que la vie dont on parle au-delà de leur existence actuelle soit si douce et si noble. Après tout, aucune sardine n'est jamais revenue raconter ce qui se passe là-bas. Plusieurs fois, elles suivent un bateau et passent au milieu d'un massacre de têtes coupées et de queues tranchées… Personne ne s'en émeut, mais les deux sardines, maintenant adultes, frissonnent de toutes leurs écailles en repensant à ce spectacle d'épouvante.


Elles mettent leur projet à exécution la nuit suivante… Profitant que le banc nageote de-ci, de-là sans vraiment de but, elles prennent un chemin orthogonal et s'enfuient à tire de nageoire. C'est à peine si la grande masse des poissons s'en rend compte… Personne ne leur envoie un au revoir de la caudale ou de la dorsale…


Durant une semaine, elles nagent ensemble…


Elles découvrent l'ivresse de la liberté… Nager dans des eaux profondes, se réfugier dans les coraux, suivre des mulets et respirer la senteur des algues fraîches.


Finalement, cette vie de liberté a du bon. Elles ne se soucient plus des hommes ni de leurs repas… Maintenant, leur destin appartient à leurs nageoires et à leur instinct. Elles sont libres ! Jamais elles ne seront obligées de s'offrir en holocauste aux pêcheurs et leurs grandes fabriques.


Mais c'est sans compter sur le destin et ses cruels détours…


Le malheur frappe quand les deux amies s'aventurent dans l'épave d'un ancien sous-marin, échoué sur les fonds depuis des décennies. La coque éventrée laisse entrevoir un entrelacs de tuyaux, de bouteilles et un bric-à-brac indéfini dont les sardines ne perçoivent pas le sens. La fonction de ce tas de ferraille leur échappe, puisqu'aucun poisson ne se nourrit d'humains en boîtes.


2498 et 2501 entament leur visite par un tube, mais 2501 ne la finira jamais. Sa co-navigatrice imagine qu'un carnassier à l'affût d'innocentes victimes a happé son amie d'une détente brusque, l'emportant dans son trou pour la dévorer.


2498 se souvient de son vieux professeur les mettant en garde contre les murènes, requins et autres prédateurs : ces poissons mangent les autres. Ils empêchent notamment les sardines de réaliser leur Grand Œuvre.


2498 est inconsolable d'avoir perdu son amie… Elle nage maintenant sans but, sans destination… Plusieurs fois, elle songe à mourir. La mer boit ses larmes sans même s'en rendre compte… À quoi bon vivre quand on ne peut même pas pleurer ?


Elle en est là de ses errements quand elle aperçoit, au-dessus d'elle, un carré sombre qui se découpe sur la surface de la mer. La curiosité dévore notre amie 2498, car les sardines restent curieuses, même quand elles sont dépressives et suicidaires.


Sortant un œil de l'eau, elle voit un espar bricolé avec quelques planches jointées à la va-vite. À bord de ce radeau de fortune, deux personnages : un marin couché, aux yeux hagards et, debout face à lui, une haute silhouette noire, emmaillotée dans un grand manteau sombre d'où émerge un bras squelettique tenant une immense faux.


La sardine, voyant cet équipage, essaye de parler au marin… Mais ses râles indiquent qu'il n'a plus longtemps à vivre. Sous peu, il rendra son âme au Créateur. Depuis combien de temps dérive-t-il ainsi, après le naufrage de son bateau ?


2498 prend pitié de cet homme. Elle songe qu'il est temps d'arrêter son périple égoïste pour accomplir son destin… Depuis que 2501 a disparu, elle prend conscience que sa vie n'a plus aucun sens. Elle renie sa sardinitude en s'exemptant de sa destinée nourricière.


Sa résolution est vite prise. Elle part demander à des congénères marins de l'aider.


Tous ne le font pas et elle a l'amertume, dans ses dernières minutes de vie, de connaître l'égoïsme de certains poissons. Mais elle fait aussi l'expérience de l'immense solidarité qui règne dans le monde animal en général et aquatique en particulier.


Une roussette aux dents pointues tranche sa tête, un poisson-scie découpe la peau de son ventre pour laisser échapper ses entrailles. Une baleine offre un peu de son huile, proche de celle des olives… Quelques algues fournissent la garniture. Pour finir, un poisson volant emporte la dépouille de la sardine lors d'un de ses vols par-dessus le radeau et dépose les filets préparés juste devant l'homme. Tout cela fait affreusement mal, mais comme c'est sa destinée, elle sent à peine la douleur, tant elle est concentrée sur son noble but.


Le marin, rassemblant ses dernières forces, ouvre les yeux pour voir la Mort lever sa faux et prendre sa vie. Avisant la sardine miraculeusement à portée de sa bouche, il avance les lèvres et la saisit… Voluptueusement, il mâche avec application cette chair offerte et sent à nouveau les forces parcourir ses membres… La sardine à l'huile lui communique une énergie nouvelle, et redonne vie à son corps décharné.


La Faucheuse en est quitte pour une âme, mais elle est habituée. Sans faire de commentaire, elle se détourne de lui et plonge dans les eaux profondes pour ne pas manquer son prochain rendez-vous : un plaisancier malencontreusement tombé de son yacht.


L'arrivée de 2498 dans le Paradis des Sardines est une fête : elle retrouve toutes ses amies du Grand Banc de Marseille et fait connaissances de consœurs venues de contrées lointaines : Saint-Gilles-Croix-de-Vie, La Turballe et Le Guilvinec. Son vieux professeur, finalement ramassé par un chalut dérivant, l'accueille avec effervescence et lui fait visiter les lieux.


2498 a toujours une pensée émue pour son amie 2501 et sa fin tragique. Son numéro est maintenant gravé sur une grande stèle de marbre, dédiée aux victimes de la réflexion philosophique.


 
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   Anonyme   
11/5/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Ah, une jolie fable, aigre-douce... Je ne vois pas bien où ça mène, mais j'ai eu du plaisir à suivre le destin de 2498. J'avais peur un moment que le texte vire prêchi-prêcha, avec une morale contre l'exploitation de la mer ou que sais-je, mais non : jusqu'au bout le récit reste absurde comme la vie. Et j'aime beaucoup le titre.

"puisqu'aucun poisson ne se nourrit d'humains en boîtes" : ben, en fait, si. Les noyés dans le bateau finissent bien dans l'estomac des poissons...

   Anonyme   
24/5/2012
 a aimé ce texte 
Pas
Si le titre est prometteur, la nouvelle est très décevante.

En effet, ce texte est trop narratif, il ne m'a jamais impliqué dans l'histoire. Le choix d'une narration extérieure, comme une sorte de reportage scientifique est lassant, on subit la lecture plus qu'on ne l'aime. C'est dommage parce que l'idée de départ est excellente, avec cette opposition entre les sardines prédestinées et ces deux demoiselles qui s'opposent à leur destin.

Même la fin est intéressante, bien que je ne sois pas grand fan du "sacrifice" qui amène au Paradis.
Malheureusement le style trop reportage gâche le plaisir de l'histoire et au final d'une super idée il reste un récit somme toute ennuyeux et pas vraiment passionnant.

C'est vraiment dommage.

   macaron   
26/5/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un conte philosophique bien agréable à lire, que j'ai terminé un sourire aux lèvres. L' idée est intéressante et originale, je veux dire le traitement par l'histoire de ces deux sardines. L'on n'échappe pas à sa destinée et la rebellion de vos héroines n'est qu'illusion. Si la première finit mal( mieux vaut encore le filet des pêcheurs), la seconde a trouvé dans son propre sacrifice, sa raison d'être. Peut-être...mais sortir de sa condition n'est pas mal non plus! Votre texte ne manque pas d'humour, d'ironie; c'est un plaisir de vous lire!

   costic   
26/5/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bien que je ne sois pas très fan de l’anthropomorphisme j’ai apprécié à sa juste valeur l’abnégation de ces sardines. Le conte est savoureux. La lecture fluide. Un peu triste quand même de constater qu’il est si difficile d’échapper à son destin. L’humour pimente tout le texte. Ces sardines ont de l’allure et du panache.
J'adore le titre.

   Anonyme   
27/5/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Palimpseste ! Voilà deux sardines, auxquelles j'associerai leur biographe, qui méritent bien un ban... Sourire garanti du début à la fin sauf quand 2501 se fait malencontreusement "entubée".
Il faut savoir que chez les sous-mariniers, le sous-marin est souvent comparé à... une boite de sardines, ce qu'ignorait sans doute 2501... Je ne passerai plus devant les conserveries de Douarnenez sans une pensée émue pour ces sardinettes !
Difficile d'échapper au destin commun de l'homme et de la sardine qui s'achève bien souvent, pour l'un comme pour l'autre, par une mise en boite... mais pour des raisons différentes !
Merci pour ce conte, ô combien philosophique !

   brabant   
27/5/2012
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour Palimpseste,


Un chef d'oeuvre d'humour, j'aime... sans réserve et je jubile.

"... car les sardines restent curieuses, même quand elles sont dépressives et suicidaires." Quel détachement et quelle distanciation par rapport au texte ! Quel clin d'oeil savoureux/savouré au lecteur et à soi-même en temps !

Très bien vu ce "... dédiée aux victimes de la réflexion philosophique." qui peut donner lieu à discussion et à de vastes débats sur le libre-arbitre et la vanité des choses de ce monde.


Vous n'êtes pas sans savoir que l'on peut acquérir aujourd'hui, ainsi que cela se fait communément pour les vins, des boîtes de sardines millésimées, capiteuses et moelleuses à souhait. Les sardines de ce texte sont de celles-là.

Je pourrais dire bien d'autres choses, mais, partageur de nature, je laisse quelques-unes de ces succulentes sardines aux autres commentateurs, pas des moindres donc, par des miettes !... Pour ma part je viens de remonter du fond de ma cave, toute rouillée et couverte de toiles d'araignées (il m'en reste un lot de 1968, grande année, hors de prix ; parmi d'autres, je suis un sardinophile) une boîte de sardines Charles Martel ; souhaitez-moi bon appétit, je snobe les mangeurs de caviar...

Chalut ! Et bravo ! Encore bravo ! Un très grand moment pour moi !

   Anonyme   
28/5/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Excusez-moi, Palimpseste, je suis trop ému pour parler normalement. J'ai dû me résoudre ce matin à virer tout le rayon Sartre de ma bibliothèque.
Apprendre que " L'être et le Néant" , " L'existentialisme est un humanisme " , tout ça n'est finalement qu'une histoire de sardines…Un pavé que j'ai mis vingt à ne pas lire. Pfff...
A la place, je vais y ranger précieusement les quelques feuillets de votre " Déterminisme illustré " façon Palimpseste, un mélange de Walt Disney et de Tim Burton.

J'aime beaucoup votre humour décalé et absurde, je l'ai déjà croisé.

- " Les deux jeunes 2498 et 2501, nées à trois œufs d'intervalle dans le Grand Banc qui croise au large de Marseille, restent quand même dubitatives…"

Ça me plaît. Qu'est-ce-que vous voulez, j'ai la santé pour en rire.
Bon, c'est un conte pour enfants, raconté par un philosophe repenti. Si Si, c'est eux qui me l'on dit. Ils m'ont dit aussi, que des fois c'était même trop bien écrit, trop léché. C'est pas de votre faute, les miens préfèrent la glace au wasabi plutôt qu'à la vanille. Sales gosses.

Ils m'en ont quand même réclamé un autre. Je leur ai dit que je vous connaissais...ça m'a évité de les avoir dans les pattes toute la journée. Combien je vous dois?

Cordialement
Ludi

   alvinabec   
29/5/2012
 a aimé ce texte 
Bien
Bonsoir,
Je lis une première fois, le propos me semble drôle, fort bien vu dans le port de Marseille, je relirai demain et apprécierai à cette occasion.


Une seconde lecture conforte mon impression d'une fable sympathique, une destinée de poiscaille bien menée.
Quelques babioles sémantiques relevées de ci de là:
préoccupées de considérations...existentielles...plus que...cialistes.
Du coup elles émettent des réserves, le 'du coup' pourrait être supprimé sans douleur,
les supputations halieutiques apparaissent un plaisir d'auteur,
le texte propose 'un concept de décès', ne serait-ce pas plutôt l'inverse en fait?
A tire-nageoires se suffit à lui-même.
Le terme de viscère est suremployé,
beaucoup aimé les paris pescaliens et le 'à quoi bon vivre quand on ne peut (même pas) pleurer.
Au prochain texte jouissif!

   Nachtzug   
28/5/2012
 a aimé ce texte 
Pas ↑
Alors oui, il y a une tentative d'originalité appréciable, mais le texte est cousu de gros fils blancs et ne parvient absolument pas aux "profondeurs". Je ne vois pas ce qu'il y a de philosophique là-dedans...A mon avis, le texte devrait être affiné, nuancé, approfondi. Il faudrait en premier lieu sans doute sortir de cette intrigue assez grossière.
En tout cas, j'ai été assez déçue, le titre et l'énoncé en exergue promettaient autre chose.

   aldenor   
28/5/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Une idée fine, riche en valeur symbolique ; l’instinct du troupeau, tout ce qui amène l’homme en certaines circonstances à l’état de soumission, à accepter son sort. En parallèle l’image de l’insoumis, nos deux sardines pensantes. Franchement je trouvais tout ça très sympathique et amusant, avant le revirement de 2498.
Même pas une pensée du marin naufragé, une reconnaissance pour le sacrifice de la sardine. Où est la morale ?
A mon sens, il faudrait que ce repas soit une communion, une réconciliation entre l’homme et la sardine ; sinon, 2498 est morte pour rien.
Et vous l’envoyez pour finir au contentement du paradis des sardines. Absurde.

   Pepito   
1/6/2012
Curieusement plus le ton sautillant de la nouvelle va de l'avant, plus se succèdent de désagréables images.
- Un trader alléchant des naïfs par des gains hypothétiques
- Un curé entrainant ses ouailles vers une croisade insensée.
- Un kapo essayant de sauver sa peau en poussant les autres devant lui.

17624 n'est donc pas très sympathique. Heureusement les deux héros de la Grande évasion me remonte le moral, jusqu'au rôle final joué par 2498. Réplique du rôle du cow-boy de Toy Story.

Voir l'auteur, au final, donner raison à 17624 me laisse donc une curieuse impression...

Texte très agréable à lire.

Pepito

   AntoineJ   
5/6/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↓
belle maitrise de l'histoire et du style qui lui cole très bien
dynamique symphatique au service de la chute
sur le fond, l'histoire est belle au 2nd degré mais la fin est assez "chrétienne" ... on imagine les deux filets en croix ...
j'aurais bien vu cela avec un peu plus de poésie (la sardine qui découvre la liberté ... ) et de politique (quelques parallèles discrets)

   Anonyme   
25/6/2012
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
J'ai trouvé ça très original et très plaisant à lire.

Le contexte est l'occasion d'un jeu sur l'anthropomorphisme doublé d'un jeu sur le langage (comme dans "pari pescalien" où néologisme et jeux de mots se mêlent), servant tour à tour le cynisme (comme dans "espérance de décès") et la poésie (comme dans cette bien belle application des figures de style : "La mer boit ses larmes sans même s'en rendre compte"). Un exemple cependant moins heureux : "respirer la senteur des algues fraîches".

S'agissant du fond, je me suis laissée chatouiller l'esprit par des questions d'ordre spirituel et même religieux, de même que par des petits bouts de parabole (anti-)capitaliste. En imaginant que les uns seraient justifiés par les autres, on pourrait presque y découvrir une parabole marxienne, voire marxiste.

Bref : de l'originalité, de l'esprit, de la réflexion, de la poésie, du jeux sur le langage. Je suis très satisfaite.

   caillouq   
10/9/2012
 a aimé ce texte 
Bien
Le ton appliqué et faussement naïf m'a fait hésiter à continuer ma lecture, je craignais quelque chose de trop gentil, mais plus j'avançais, plus le détournement du genre (livre d'aventures animalières pour pré-adolescent) m'a amusé. Au final, un conte absurde sur lequel on peut calquer certains comportements d'ordre sectaire ou religieux, de quoi repousser en pouffant les premières velléités de mysticisme qui peuvent nous prendre en traître l'âge venant ... Merci, Pal, pour la piqûre de rappel.

Et, comme Stony de sa voix fluette nous enjoint d'être précis et concret dans nos comms, je peux m'en donner à coeur joie:
"... avant que ces opérations de chirurgie nous transforment ..." : bon, ce n'est pas obligatoire, mais il me semble que le ton docte du professeur appelle vraiment le "ne" explétif ... En tous cas, là, il me manque.
"Nom numéro de naissance (...) trahit" ---> "Son numéro de naissance (...) trahit" ? (coquille ?) En outre, dans cette phrase, la répétition du mot "naissance" à si peu de distance est améliorable.
"Les eaux sont froides quand les premiers prélèvements dans le banc se font…" Le "se font" clôt trop brièvement la phrase, et le rejet à la fin attire l'attention sur la pauvreté du terme. Un p'tit effort, Pal ! Les premiers prélèvements peuvent avoir plein d'effets collatéraux !
"Les sardines sentent le filet les effleurer mais, elles ne peuvent y sauter." Qu'est-ce que cette virgule fait après le "mais" ? Honnêtement, je n'ai pas trouvé dans le Grévisse l'interdiction formelle de faire un truc pareil, mais c'est peut-être juste que c'est venu à l'idée de peu de gens, ouf ... Une virgule APRES un mais. Non, Pal, tu ne peux pas nous faire ça.
"2498 et 2501 entament leur visite par un tube, mais 2501 ne la finira jamais. Sa co-navigatrice imagine qu'un carnassier à l'affût d'innocentes victimes a happé son amie d'une détente brusque, l'emportant dans son trou pour la dévorer". Je trouve bizarre l'enchaînement des deux phrases. La première est issue d'un narrateur omniscient (comme la pluie, ha ha), et dans la phrase suivante le point de vue fait un inutile retour en arrière pour se mettre à la place de 2498. Bon, c'est pas très grave mais c'est bof. Halte à la gymnastique gratuite. Je préférerais une homogénéité des points de vue = vivre la disparition de 2501 en direct de la part de 2498.
(tous désagréments relevés lors de la relecture; à la première lecture c'est passé tout seul)


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