|
|
vb
21/9/2021
a aimé ce texte
Un peu
|
Bonjour,
Une histoire très réaliste. Une tranche de vie comme on dit. J'ai beaucoup aimé l'incipit "Dix minutes, cela fait déjà dix très, très, longues minutes qu'il me gueule dessus" On est directement dans l'action. On se demande où cette histoire va aboutir, mais au fur et à mesure qu'on avance dans le texte, on se rend compte que cela tourne à l'autobiographie un peu larmoyante. La chute ne m'a pas beaucoup plu. Le jeu de mot sur les deux sens de "pression" ne m'a pas vraiment accroché non plus. J'ai en tout trouvé ce récit assez bien écrit, mais manquant de piment, comme une absence de chute. Lu en espace lecture VB |
plumette
24/9/2021
a aimé ce texte
Bien
|
un récit assez caustique que j'ai lu sans déplaisir grâce à l'auto dérision du narrateur et à son sens de la formule.
ou comment passer d'une relative confiance en soi au sentiment d'être un incapable. ça commence par une trahison et d'une certaine façon, je trouve que ce seul mot éclaire le récit d'une affectivité dont le narrateur se défend avec son ironie. le découpage du récit avec zoom arrière est un choix que je comprends: description de la situation à l'instant T, puis retour sur un passé qui explique cette situation et enfin prise de conscience salutaire pour sortir de la spirale destructrice. je ne suis pas sûre qu'on ait affaire à une nouvelle au sens où on l'entend habituellement, mais ici, cela ne me gêne pas. |
Donaldo75
30/9/2021
a aimé ce texte
Bien
|
Je trouve cette nouvelle intéressante ; il y a une ambiance, un style et une critique du monde de l'entreprise. Concernant le style, il est assez enlevé et plutôt rock’n roll, donnant de la tessiture à la critique sociale. Le langage est parfois « too much » mais c’est aussi ça la vie. Les images m’ont fait souvent sourire et je trouve qu’elles donnent de la couleur à la narration, caustique à souhait et même très désabusée. La fin est bien trouvée, une forme de pied de nez au thème.
|
Anonyme
22/10/2021
|
J’aime beaucoup cette nouvelle, à supposer que c’en soit une, ce qui ne m’importe d’ailleurs que peu.
Si je trouve des faiblesses littéraires à ce récit, ces faiblesses en font paradoxalement la force par la sincérité car la forme semble se confondre avec le fond dans un combat de l’auteur (que je me permets de confondre avec le narrateur) avec lui-même, combat entre les expériences vécues avec leurs émotions et l’intellect qui les analyse. L’hésitation entre les temps de conjugaison (dans « C’était mieux avant »), le vocabulaire approximatif (« mieux » plutôt que « meilleure » dans « je reste un long moment à me demander si celle d’avant n’était pas mieux », voire même « celle d’avant » plutôt que « la précédente »), …, tout cela côtoie des réussites littéraires évidentes et même succulentes (comme dans « il se détourne, si brusquement qu’une dernière salve d’insultes gicle en arc de cercle sur les murs de la pièce »). Ah, que cette analyse géométrique de la situation est jubilatoire ! Pour quelqu’un décrivant une situation ayant pour conséquence de l’empêcher d’exécuter correctement un dessin industriel, c’est délectable et le lecteur que je suis devient complice de l’auteur dans le sentiment de revanche. Il m’arrive souvent de penser qu’un texte est vraiment abouti lorsqu’on ne s’aperçoit pas que « quelqu’un l’a écrit ». Puisqu’une telle assertion ne peut jamais être universelle et que la surprise est par définition imprévisible, j’ai aimé ce texte précisément parce que « quelqu’un l’a écrit ». Perfectible, mais pas forcément meilleur dans une version parfaite. Au fait, je trouve les intégrales doubles et triples fort ludiques, mais ça ne m’empêche pas d’avoir conscience que j’aurais aussi bien pu faire le boulot que je fais en sortant de l’école à quinze ans. Je pense avoir oublié 95 % de ce que j’ai appris (ou alors ils ne sont que stockés dans un coin de cerveau sans utilité immédiate ?), mais ça ne cause aucun préjudice, ni à moi-même ni à mes employeurs. Je regrette en revanche qu’on ne m’ait pas enseigné des choses plus utiles. Il aura fallu bien des années au narrateur de ce texte pour les intégrer (sans mauvais jeu de mots) par l’expérience. C’est regrettable. Je fais en tout cas le constat de ce regret pour moi-même et celui de mes carences toujours actuelles. |
Vincente
22/10/2021
a aimé ce texte
Beaucoup ↓
|
L'intéressante combinaison des trois angles d'écriture convergents m'a convaincu : Parole vraie, incarnée ; recul assumé, "psychologisé" avec un humour certain ; et expression imagée, quasi poétisée.
Ainsi le locuteur va se raconter, s'analyser (version psychanalytique), et… s'échapper. Sa condition aurait été enviable à l'origine, dans le principe, s'il n'y avait eu ce coup de grisou professionnel tardif qui remettait tout en cause. Mais je vois la fin non comme une chute, plutôt comme une envolée, puisque le passé au boulot et la pression induite ont enfin explosé, libérant l'empêtré dessinateur… et tout ça confirmé par ce clin d'œil final à la pinte – trinquons ! – qui marque le début de sa nouvelle ère professionnelle. J'ai bien aimé la présentation en "époques", chacune contenue dans un chapitre avec titre en gras. De même l'option narrative qui plonge directement dans le moment paroxystique et révélateur par un flash-back introductif assez excité ; l'attaque formelle fonctionne à fond, à peine "entré" l'on se sent impliqué dans une suite que l'on ne veut faire attendre ou négliger. J'ai bien aimé cette tension très pleine dans l'expression. Sur l'intérêt global que peut offrir ce sujet, je noterais l'idée de dépeindre la dépendance situationnelle entre l'état de travailleur et celui de l'individu sensible, qui en une même personne se trouve affligé ou gratifié de l'un par l'autre, et "vice versa", c'est selon… Ces mouvances sont bien rendues ici. J'évoquerais également cette façon séduisante de tenter par le style de l'écriture, ironique et humoristique, de se départir de la "pression" professionnelle dont nous avons chacun pu constater la prégnance souvent délétère. Cependant il ne faut pas entendre cette nouvelle comme une critique universelle d'un système, car le cas de figure est assez excessif, même s'il peut s'avérer réaliste ; c'est peut-être par cet excès, et de part son exceptionnalité que le récit souffre d'une ampleur limitée pour dénoncer cette problématique et énoncer son propos. |
Robot
22/10/2021
a aimé ce texte
Beaucoup
|
Dés la phrase d'intro je me suis trouvé plongé dans ce récit parsemé d'humour distant qui a pour lui le sentiment du vécu.
On vit avec lui un certain agacement du narrateur. Même s'il cède parfois à la soumission on sent tout de même qu'il a à la fois ce ressenti de l'injustice et la lucidité de ce qu'il vaut. Ne manque que le déclic (la découverte du nombre de "connards" qui l'ont précédé) Ce qui le fera réagir et comprendre qu'il peut trouver ailleurs plus de reconnaissance de son savoir faire. Un texte sur lequel je me suis laissé porté et emporté par l'écriture vive et réaliste. |
Annick
22/10/2021
a aimé ce texte
Beaucoup
|
Bonjour Pepito,
Le narrateur commence son récit en inversant le troisième et le premier paragraphe pour plonger le lecteur directement dans le feu de l'action. C'est habile ! On en a plein les oreilles, d'emblée. J'aurais remplacé l'expression un peu usée "le moral dans les chaussettes" par une expression du cru du narrateur qui n'est jamais en reste pour nous concocter des expressions qui n'appartiennent qu'à lui. Car j'ai l'impression que le narrateur et l'auteur sont une même personne. Le ton est gouailleur mais c'est un gouailleur fragile, comme une sorte d'ironie tout intérieure car extérieurement, il est un escargot dans sa coquille, sous emprise, face à ce brailleur de patron. Il est tétanisé sous l'œil de l'ogre et se dédouble en se regardant agir pour éviter les foudres de ce colérique qui communique "fort" mais fort mal. Il est infantilisé, doute de lui-même et n'a plus la moindre initiative pour sortir de ce pétrin ou tout simplement avancer dans ses projets. Puis il découvre la trahison de son collègue, à l'origine de ce déferlement de violence verbale. Il ne réagit pas, il est donc "fin prêt" pour sombrer dans la dépression... Le récit se poursuit par un retour en arrière sur sa vie professionnelle où il se fustige pour sa naïveté, se culpabilise, s'analyse... Dans la 3e partie, le narrateur universalise son propos en employant le pronom personnel "nous" et propose une solution. Le recul, la lucidité de celui-ci montre qu'il est sorti d'affaire. Le ton se fait plus sobre, plus psychologisant. Le dernier paragraphe correspond à l'élément de résolution et à la situation finale du récit que l'on pourrait intituler : réaction, action : la fuite. "Le diner de cons" se fera sans lui... Une affaire grave sur un ton mi plaisant, mi sérieux, une verve populaire, "un mec" attachant, sensible. On prend d'emblée fait et cause pour cet employé et on a envie de démolir le portrait de ce patron, au mieux paternaliste, au pire autoritaire et odieux. J'avoue que ce n'est pas ce style que je recherche dans une nouvelle, (c'est une vraie nouvelle où il y a un élément déclencheur, un élément de résolution, une situation finale, entre autres...). Mais je trouve qu'il est approprié et sert le propos de cet employé qui vient du peuple, où la gouaille tout intérieure est comme une armure face au comportement de certains qui abusent de leur position hiérarchique, de leur pouvoir. Merci. |
Corto
22/10/2021
a aimé ce texte
Beaucoup
|
Cette tranche de vie analysée en quatre parties est d'un style très "enlevé".
La description du management par la terreur est bien rendue, avec l'inévitable sous-fifre qui, en bon fayot, abonde à tous les débordements pour asseoir sa position. La réflexion du "C'était mieux avant" apporte un plus et étoffe le vécu du personnage. Idem pour la "Psychologie à la petite semaine". Le renversement de situation arrive avec "Juste pour avoir une idée, je suis le combientième blaireau sur le poste ?" et ouvre vers un nouvel horizon. Le ton utilisé est très naturel, sans trop de souci pour faire du littéraire de bon aloi. J'ai apprécié et tout cela vaut bien une pinte. Bravo. PS: l'exergue vaut son pesant d'or avec le coup de "l'odeur de sapin". |
Anonyme
22/10/2021
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
|
Bonsoir Pepito,
Dans le cadre communautaire d’Oniris, je privilégie les récits-témoignages, ceux dont la chose vécue parait une évidence. Cela confère une personnalité à la narration et au style, qui permet de s’affranchir de la comparaison avec les auteurs « professionnels ». C’est ainsi que contrairement à la structure romanesque élaborée d’une nouvelle ou d’un roman, je ne me dis pas : « comment untel aurait-il écrit cette histoire ? ou on dirait du… », puisque vous seul pouviez l’écrire dans la vérité de vos affects. Cela n’empêche pas bien sûr de juger l’intérêt de la forme et du fond. Je ne suis pas sûr que l’élément déclencheur du destin soit autre chose qu’une anecdote. Votre expérience le confirme. Il est vrai que le syndrome de la banane Scary Movie prédispose à être marqué à la pisse de bouc toute sa vie. Moi-même je m’inquiète de gagner chaque jour quelques cons de plus autour de moi. Parfois, même sans mettre le nez dehors, il me suffit de regarder des photos. Le jugement qu’on porte sur un écrit est celui de l’instant, de la disposition de l’esprit au moment de la lecture, de la manière dont cet écrit comble un trou béant de doutes qui nous entourent et nous assaillent. Par exemple celui-ci : les cons pourraient-ils un jour prendre le pouvoir ? J’ai donc jubilé en vous lisant et ne relèverai que quelques goûteuses saillies : - « Toujours sous le choc, je ne réagis même pas à l’œillade égrillarde que me jette son petit préféré. » C’est bien connu, la dictature s’accompagne toujours de servilités perverses. Leurs œillades égrillardes portent toujours des faux cils. Vous deviez avoir un charme fou. - « Tremblotant, je modifie la nomenclature du plan incriminée. Normalement, un coup de lame de rasoir, trois lettres au Rotring et l’affaire est jouée » Je suis nul en dessin industriel, alors j’ai cru que vous aviez égorgé le boss. Et puis non, un petit grattage à la lame de rasoir pour effacer le mauvais chiffre sur le calque… Dans une manif, on vous affecterait à la taille des confettis. Franchement, comment on a pu être méchant avec vous ? - « La moindre de mes actions entraîne une réflexion fielleuse, jusqu’à ma façon de reposer l’agrafeuse sur la table de pliage. » C’est ce genre d’anecdote qui fiche un destin en l’air. Quand on se met à devoir ménager une agrafeuse, on se doute bien que ce sera décompté de la réserve d’empathie qu’on nous attribue à la naissance. Seriez-vous aujourd’hui totalement démuni d’humanité ? - « Comment le braillard pouvait-il savoir que la nomenclature de mon plan était erronée alors qu’il était déjà retourné se bronzer au bord de sa piscine quand je l’ai rédigée hier après-midi ? » Facile : OSS117 L’équerre nid d’espions. Ajoutons-y les rapporteurs et vous avez la trousse idéale pour postuler à votre bureau d’études. - « Vous entendrez, par-ci par-là, des entrepreneurs se vanter de s’être élevés à la force du poignet. Le seul truc que peut amener la force du poignet c’est une diminution de la population mondiale. » Je me demandais à quel moment elle allait arriver. Si votre boss n’avait pas d’enfant, c’est normal qu’il ait mal pris que vous le traitiez de branleur. Cherchez pas, vous êtes juste une victime de l’humour. Tout ça est d’autant plus déprimant que quand on a inventé le lance moustek à quatre coups, le skidou à élastique et le chadouf à tuyau d’arrosage, on est en droit d’espérer un peu plus de respect. - « Alors que, dans l'industrie, personne ne dépasse jamais l’utilisation de la règle de trois. » Vous avez la lucidité d’un capitaine d’industrie. - « Un beau jour, sur la proposition d’un collègue de boulot plus âgé, nous avons décidé de monter notre propre bureau d’études. Vite fait, bien fait. Une affaire au départ fulgurant, dont j’avais entièrement laissé la gestion du quotidien aux mains de mon collaborateur. » J’annule ce que je viens de dire un peu plus haut. En fait, non seulement votre boss vous frappait, mais il vous empêchait de porter vos lunettes. Le pire se cachait derrière le meilleur. J’adore chez vous cette dérision de l’expérience qui veut qu’on s’associe avec un type qui a déjà coulé trois boîtes avant. - « Détail curieux, la trahison représentait un choc beaucoup plus difficile à surmonter que l’arrivée de difficultés financières. » Dans les catégories de Heymans, je vous classe : Émotif-Non Actif-Secondaire. Je crois que c’est la pire en termes d’intégration sociale :) Une dernière pour la route : - « Dommage, une prescription de cachets qui font rire peut tellement nous simplifier la vie. » dites-vous. Que nenni, j’ai personnellement essayé une séance de thérapie en groupe par le rire. Il s’agissait de rire en permanence dans une sorte de ronde perpétuelle, face à des inconnus eux-mêmes hilares. En sortant je me suis mis à pleurer, conscient de ma déchéance qui me poussait à rire avec n’importe qui. Je ne vais pas jusqu’à la conclusion, ce serait de la gourmandise. Merci Pepito. J’aime votre rapport à la vie. Je m’associerais bien avec vous. J’ai trente ans d’expérience et vous n’aurez pas à me donner l’adresse du tribunal de commerce, c’est devenu des potes. À la prochaine. Bellini |
Malitorne
23/10/2021
a aimé ce texte
Bien
|
On sent qu’il y a du vécu dans ce récit, comme si sa fonction première se rangeait du côté de la catharsis. L’impression que vous réglez vos comptes avec le passé, sans doute en mixant de la fiction et du réel. En tout cas le monde de l’entreprise m’apparaît bien rendu et les émotions du narrateur crédible.
Le style est plaisant bien qu’inégal, des formules savoureuses côtoient des lourdeurs ici et là (flemme de les relever mais à la lecture j’ai parfois trébuché). Par contre évitez ce genre d’assertion pour le moins stupide : "J’ai beau savoir que le cafardage est une composante primordiale de l’ADN français, j’en reste toujours surpris." Vous pensez qu’en Chine hyper surveillée c’est mieux, en Europe du Nord ou si quelqu’un vous voit pisser dans la rue il appelle les flics ? |
hersen
24/10/2021
a aimé ce texte
Bien
|
J'ai deviné ta plume sous ce texte en EL, bien que je t'aie trouvé moins grinçant dans la forme, dans l'évolution du récit.
mais il est vrai que le "grincement" ici se porte tout seul, ma réserve étant que ces attitudes finalement ne sont pas propres au travail, au monde du travail; Il me semble que les rats envahissent plus largement le bateau. Le texte est en fait très explicatif, et c'est peut-être pour ça que j'ai été moins transportée (même si j'ai aussi écrit un texte sur mes débuts de vie active dans l'intérim !) et on en reste principalement au parcours du narrateur qui, après ces brimades répétées finira par quitter ce ciel sombre. Pour autant, et c'est surtout là où je trouve la valeur de ce texte, il est comme une épreuve racontée pour qu'individuellement elle ne se répète pas, peut-être. On peut rêver ? J'ai lu les coms et je vois que ton mot de la fin est apprécié. Alors j'ai sorti les rames et je remonte le courant : je pense pour ma part qu'il affaiblit l'ensemble, mais tu me connais, je n'ai pas d'humour :))))))) Contente de te voir revenir, même à temps partiel ! |
Pepito
25/10/2021
|
Un petit retour sur vos commentaires ici : http://www.oniris.be/forum/sous-pressions-t29619s0.html#forumpost411015
|
alvinabec
10/11/2021
a aimé ce texte
Beaucoup
|
Bonjour Pepito,
Texte bien vu sur le burn out , narrateur pris dans les rets d'un doute ravageur, la confiance en soi sur une pente savonneuse, l'estime de soi en carafe. Tout ceci est bien vivant, langage idoine avec les expressions désabusées qui rendent le personnage attachant. Style assez inégal d'un § à l'autre mais qu'importe, ça se lit d'une goulée. A vous lire... |