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Sentimental/Romanesque
Pepito : Ernest, Auguste, Marie-Louise et les autres…
 Publié le 18/10/24  -  10 commentaires  -  11419 caractères  -  126 lectures    Autres textes du même auteur

Et zut, je vais encore y laisser des points !


Ernest, Auguste, Marie-Louise et les autres…


Ernest


Depuis la pointe du jour, ondulant sous les assauts d’un vent frisquet, une fine bruine arrosait le paysage. L’humidité froide vous pénétrait jusqu’à la moelle, faisant frissonner tout quidam assez fou pour se promener dehors par cette triste matinée d'automne.


Ernest adorait la saison. Ce crachin, honni par ses contemporains, lui permettait de se dissimuler sans effort. Sa veste grand froid, bleu marine et bleu ciel n’était pas des plus discrètes, surtout avec sa bande blanche au niveau des épaules, mais pour l'heure, cela n’avait pas d’importance, caché derrière un buisson touffu, seule sa tête restait visible. En cas de forte ondée, il lui suffisait de reculer sous l’avant-toit d’un vieux garage pour se mettre au sec. Une position vraiment idéale, dotée d'une vue imprenable.


Devant lui, la départementale s’étirait en droite ligne, de sa cachette jusqu’au panneau d’entrée du village. Ses jumelles TruSpeed SE et leur portée de 640 mètres étaient l’instrument parfait pour effectuer du bon boulot. Par ce temps de chien à ne pas mettre un poulet dehors et surtout à cette heure matinale, il était assuré de faire un carton. Un carton sans risque, en plus. Seuls les pauvres types partant bosser à la grand-ville empruntaient cette voie, peu de chance de tomber sur un notable du secteur et les ennuis qui allaient avec. Ne défilaient au compte-gouttes que de braves contribuables de base, prêts à raquer leur amende sans faire de vagues et dont les plus malchanceux auraient bientôt l'immense plaisir de rejoindre quotidiennement leur boulot à vélo.


À cette idée, Ernest ne put retenir un petit sourire. Il était temps de penser à prendre des actions chez Decathlon.


Maurice


Maurice souleva la télécommande, éteignit la télévision, puis, avec un soupir las, se pencha pour la déposer délicatement sur la table marquetée du salon. La diffusion du reportage qu’il venait d’écourter l’avait laissé pantelant. Il ne supportait pas la violence et la sauvagerie. Voir ces pauvres gens, avec leurs gilets ridicules, coincés dans un fast-food se faire tabasser sans aucune raison apparente, si ce n’est le plaisir évident qu’y prenaient leurs tortionnaires, l’avait écœuré. Savoir que les expressions « répression » ou « violences policières » sont inacceptables dans un État de droit, ne doit rien enlever à la douleur que ressent une personne matraquée entre deux piles de hamburgers. Sans parler du sentiment d’oppression et de terreur provoqué par l’impossibilité d’échapper aux assauts de gars carapaçonnés de la tête aux pieds et sourds aux demandes de clémence.


Soudain pris de frissons, Maurice se leva et resserra les pans de sa robe de chambre en cachemire. D’un pas traînant, il dériva en charentaises pure laine de mouton et bourrette de soie du salon jusqu’à son bureau. Au passage, il jeta un œil sur les écrans de surveillance tapissant un recoin du couloir. La vision de Toby, traversant le champ de la caméra couvrant l’arrière du jardin, le rassura. Tant que ses trois mignons rottweilers arpentaient nonchalamment les abords de la maison, aucune menace n’était à craindre. Une dernière inspection machinale des verrous de la porte d’entrée, fermée pour la nuit, et il pénétra dans son bureau.


De son pas chaloupé, il erra jusqu’au coffre-fort, dont la masse sombre imposait le respect à l’autre bout de la pièce. Il se pencha pour pianoter le code, attendit le déclic et tira à lui le lourd battant. Avec délicatesse, il en retira un plateau de bois luxueux recouvert de feutrine dont le lourd contenu l'obligea à utiliser ses deux mains pour le porter jusqu’à son bureau. Il s’installa confortablement dans son fauteuil cuir de buffle et s'adonna à un instant de contemplation. C’était son moment préféré, avant que ne commence le tri, profiter de l’éclat des bijoux en vrac et leur petit côté Mille et Une Nuits. Puis, avec un soupir d’aise, il commença à séparer les bijoux pouvant être revendus tels quels de ceux qu’il faudrait démembrer, voire retailler pour les plus grosses pierres.


Dans le mouvement, il accrocha une espèce de gros jouet en plastique bleu resté dans un angle du plateau. Il attrapa l’objet, l’examina une seconde et en enroula la sangle avant de le déposer à l’écart sur le bureau. Encore un de ces gadgets électroniques à la mode auxquels il n’entendait rien. « Cadeau clientèle », avait ajouté son neveu au moment de clore la transaction. Il secoua la tête, sourire aux lèvres. Décidément, les membres de la génération montante étaient tous de grands gamins.


À ce propos, Marie-Louise devait passer le lendemain, c’était son jour. Il en profitera pour lui refiler le gadget, elle a des enfants en bas âge, cela lui fera plaisir.


Marie-Louise


Organiser la gestion de Parcoursup et l’entrée en IUT pour l’aîné, préparer le passage en sixième et l’arrivée au collège de la cadette, gérer le déménagement démarches administratives comprises, tout en continuant à chercher un emploi avec, à 54 ans, le poids de la discrimination anti-vieille… cela commence à faire un peu beaucoup.


Depuis deux ans que son noceur de mari s’est fait la malle, Marie-Louise est en apnée perpétuelle. Alors, pour se remonter le moral, elle fume des roulées coniques comme un pompier, enfile les canettes de bière à la queue leu leu, mange du chocolat par tablettes entières… mais peine perdue, rien n’y fait. Marie-Louise est obligée de le reconnaître, niveau moral, elle marche sur un fil.


Ou du moins, elle marchait, sur un fil. Car ce matin, en revenant d’un énième entretien d’embauche, encore en colère de s'être fait humilier par une DRH qui pouvait être sa fille, elle a été imprudente. La tête ailleurs, elle est entrée dans ce petit village très au-dessus de la limite de vitesse et bien sûr, au bout de la ligne droite, l'attendait ce poulet avec ses jumelles. Elle n’a eu que le temps de distinguer l’uniforme et le sourire satisfait du bonhomme. Là c’est sûr, sans permis, donc sans voiture, aucune chance de s’en sortir. Les quelques heures de ménage qu’elle effectuait au black chez le vieux collectionneur venaient de s’envoler. La grosse dépression qui couvait depuis un moment l’a rattrapée, d’un coup.


Aussi, quand la mère Denise l’a approchée dans l'après-midi, elle n’a pas réagi. Normalement, ce genre de bigote n’aurait jamais pu mettre un pied dans son appart, encore moins dans son salon. La dernière fois qu'elles se sont croisées dans la cage d'escalier, la vieille bique, avisant le trio amoureux du quatrième, a lâché d'un air entendu :


— Comment peuvent-ils porter le poids de tant de péchés ?

— Simple, a répondu Marie-Louise du tac au tac, ils louent un diable.


Mais aujourd'hui, au bout du rouleau, elle s’est laissé séduire. Il est vrai qu’elle sait y faire, la mère Denise : « Arrêtez donc de vous flageller, vous n’êtes ni une mauvaise femme, ni une mauvaise mère. Vous avez une famille magnifique, quant aux hommes, vous savez ce que c’est… Toujours prêts à céder aux tentations. » Et dans une envolée pleine de chaleur : « Il ne faut pas s'exclure du monde, vous n’êtes pas une recluse, pourquoi ne viendriez-vous pas avec moi à l’office ? Vous allez voir, le pasteur est un homme charmant… »


Aussi incroyable que cela puisse paraître, Marie-Louise a accepté l’invitation et, à sa grande surprise, entourée par la ferveur religieuse de la petite communauté évangélique, a ressenti un bien-être sans pareil. Tant et si bien qu’emportée par l’élan (animal pourtant farouche), elle a levé les yeux vers le ciel, écarté les bras et déclamé dans une prière extatique :


— Oh, Dieu tout-puissant, dans votre infinie bonté, faites que je ne reçoive jamais ce PV !


Auguste


Auguste avait de quoi être satisfait, une opération menée de main de maître. Sourire aux lèvres, il adressa un regard câlin au sac posé à la va-vite sur le siège passager.


C’est sûr, quand en amont tout a été correctement préparé, quand aucune place n’est laissée à l’improvisation, les choses se déroulent sans anicroche. Certes, personne n’est à l’abri d’un coup du sort. Le sang-froid fait alors la différence et l'action est d’autant plus facile à gérer que l’imprévu reste unique.


Ce matin, l’imprévu avait pris la forme d’une voisine venue faire une surprise au vieux bijoutier. Auguste finissait de remplir son sac quand apparut la vieille, sourire aux lèvres, tenant un petit paquet dans une main, tout en s’écriant : Joyeux anniv…


Ses réflexes aiguisés permirent à Auguste de réduire d’un plop ! la conversation de la dame à un embryon d’idée. Même s'il ne fallait pas être grand clerc pour deviner la fin de la phrase. Il se fit aussitôt la réflexion qu'à l'avenir vraiment rien ne devait être laissé au hasard, pas même la date de naissance de sa prochaine cible. En enjambant le corps étendu en travers de l’entrée, il évita soigneusement de marcher sur les deux choux à la crème perdus au milieu d’une flaque de sang. Il sentit son estomac se retourner, manger tant de sucre et de si bonne heure était vraiment une abomination, sans compter que la crème pâtissière lui donnait des gaz.


La suite fut fluide. Auguste rejoignit la voiture volée la veille, garée portière ouverte devant la bijouterie, posa son sac sur le siège passager et démarra en toute tranquillité. Direction la grand-ville, via le petit village où l’attendait son propre véhicule. Après quelques kilomètres sans histoire, il arriva en vue du panneau d’entrée de la commune. Refrénant son euphorie, il ralentit. Ce n’était pas le moment de se faire pincer pour excès de vitesse.


Ce n’est qu’au bout de la ligne droite qu’il repéra le gendarme. Debout derrière un buisson, jumelles entre les mains, il reculait vers le mur d’une bâtisse branlante pour s'abriter de la bruine tout en regardant son véhicule approcher, un sourire satisfait sur les lèvres. Comme pour la vieille chez le bijoutier, Auguste agit par pur réflexe. D'un brusque coup de volant, il traversa la route déserte et emporta le gendarme du bout de son capot, pour l'éclater contre le mur du vieux garage. Le corps amortit le choc, le gendarme, yeux exorbités et bouche ouverte, n’émit pas le moindre son. Une chance pour la quiétude des braves villageois qu’aucun bruit désagréable n’était venu déranger, ainsi que pour le collègue d'Ernest qui somnolait derrière son volant à deux rues de là.


Sac en main, Auguste sortit calmement de son véhicule, se pencha pour récupérer les jumelles TruSpeed SE que le gendarme tenait toujours d’une poigne un peu ramollie et, d’un pas tranquille, se faufila à travers les ruelles désertes de la petite cité, afin de rejoindre son propre véhicule garé dans la cour de la mairie.


Cinq minutes plus tard, confortablement installé dans sa voiture, il alluma le moteur histoire de faire fonctionner le chauffage et examina les jumelles de plus près. Le maniement en était simple, adapté au personnel qui l'utilisait habituellement. Il fit défiler quelques photos, avant de tomber sur la sienne. Elles avaient toutes le même format, le soft de l’appareil floutait systématiquement le visage des conducteurs, seuls l'avant du véhicule et sa plaque minéralogique étaient visibles. Aucune chance de le reconnaître avec ça.


Pas grave, ce sera toujours l’occasion de faire une bonne blague et les jumelles allèrent dans le sac rejoindre le butin de la matinée.


 
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   Robot   
18/10/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Quatre petits textes autonomes qui forment une nouvelle. J'ai apprécié la manière dont le suspense est entretenu jusqu'à la fin du quatrième texte. Bien que au cours des trois premiers récits on se pose la question : "Mais où cela va-t-il nous mener", la fin vient boucler le récit avec le gendarme en faction.
Voilà une construction originale avec en plus une écriture dynamique et teinté d'humour assez pour tenir le lecteur en haleine jusqu'à la conclusion.

   MarieL   
18/10/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Des récits de vie et de mort à la forme très originale, des personnages complexes et tous différents, le lecteur y croit, s'intéresse, s'interroge.

Des petites histoires qui n'ont rien de "petit". Toute la consistance de la vie.

   Cox   
19/10/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour Pépito,

Le texte propose une lecture sympathique, structurée en petites bouchées bien digestes, soutenues par une écriture fluide et rythmée.
J'aime bien l'idée de ce découpage qui propose des tranches de vie apparemment indépendantes, mais dont on attend de voir ce qui va les relier ensemble à la satisfaction du lecteur. J'ai été un peu déçu sur ce point: j'ai trouvé que le texte ne brillait pas toujours par sa clarté, ni par le liant établi entre chaque personnage.
À ce titre, je n'ai pas trop compris l'intérêt du passage "Marie-Louise" pour l'intrigue générale? En termes de liens, elle évoque ses ménages chez un vieux collectioneur: on peut soupçonner que c'est Maurice mais je ne vois pas trop l'apport narratif de cette info. L'autre lien étant le PV qu'on imagine dû à Ernest, peut-être pour ménager une blague au lecteur, qui peut sans vergogne pénétrer les voies de Dieu à la fin: "tiens, la prière a été exaucée.". J'ai peut-être raté quelque chose, mais le personnage de Marie-Louise m'a paru être un détour narratif que le texte peine à justifier.
Il paraît logique que Maurice soit le bijoutier cambriolé, même si je n'ai pas trop su dire s'il était absent au moment des faits ou bien trucidé comme sa voisine. Si c'est bien la maison/bijouterie de Maurice, je me suis demandé aussi ce qu'il était advenu des trois molosses qui peuvent poser un sacré problème, même pour un cambrioleur armé. Je n'ai pas bien compris non plus le meurtre d'Ernest. Enfin, d'un point de vue narratif je le comprends parce qu'on sent que c'est là que le texte voulait en venir, mais du point de vue d'Auguste, dont il est dit explicitement qu'il a fait gaffe à rouler lentement pour ne pas se faire gauler en excès de vitesse, quel est l'intérêt d'écraser le flic? C'est surtout un bon moyen de se mettre tous les service de police à dos et d'accélérer sa capture.

Finalement, le texte laisse beaucoup en suspens, avec un ton énigmatique, mais pour moi l'équilibre n'est pas tout à fait idéal: un peu plus de clarté et de cohérence entre les parties aurait rendu le tout plus solide de mon point de vue. Tiens, et je n'ai pas compris non plus le projet de blague avec les lunettes-radar, vous m'expliquerez?
Dans l'ensemble, c'est une lecture agréable avec une bonnne idée de construction même si j'ai trouvé qu'elle aurait été mieux exploitée avec une cohérence d'ensemble béton qui révélerait le plan qu'avait l'auteur depuis le début, et rendrait l'impression incontestable d'un récit uni a posteriori. Mais la galerie de portraits reste réussie et plaisante.

Cox

   Myndie   
19/10/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Salut Pepito,

je ne suis pas Alice, mais je traverse volontiers le miroir quand il s'agit d'une de tes nouvelles, d'autant plus curieuse cette fois de découvrir quel Pepito se cache sous l'étiquette « sentimental, romanesque » !
Tu m'as bien eue je dois dire ! Mais je n'aurais pas eu besoin de ce subterfuge pour aller au bout de ma lecture tant ces trois petits récits très bien rédigés m'ont tenue en haleine, plus roman « série noire » que bibliothèque rose.
Ou mieux, comme dans les films d'Inarritu où les histoires ont leur déroulement propre et les personnages leur unicité, mais où l'on sent tout de même venir le moment où les destins ne formeront plus des droites parallèles et finiront par s'entrecroiser.

C'est brillant, avec en plus ce qui fait que Pepito sera toujours Pepito, cette touche d'humour san antonienne :

«  comment peuvent-ils porter le poids de tant de péchés ?
Simple, a répondu Marie-Louise du tac au tac, ils louent un diable. »
ou carrément cynique :
« deux choux à la crème perdus au milieu d’une flaque de sang. Il sentit son estomac se retourner, manger tant de sucre et de si bonne heure était vraiment une abomination, sans compter que la crème pâtissière lui donnait des gaz. »

(quel dommage dirait Vampirette de gâcher du bon sang avec cette sucrerie!)
Je n'aime pas les choux à la crème non plus mais je me suis régalée.
Bravo à toi !

   Dameer   
19/10/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
Hello Pepito,

Je me suis régalé à lire les différents portraits. Des personnages avec qui j’ai peu d’empathie, sauf à la limite Marie-louise, mais ça ne m’empêche pas d’apprécier l’écriture.

Question scénario, là ça se complique ! J’avais d’abord compris que Maurice était un receleur, qu’Auguste était le voleur qui lui procurait les bijoux… Après il est question d’une bijouterie, alors Maurice serait le bijoutier et Auguste l’aurait tué ?

Bon, un peu confus tout ça – ou alors c’est moi – et puis deux meurtres gratuits en prime ; le gendarme d’une part (élimination d’un témoin ?), pour l’autre je ne sais pas si c’est la brave dame ou le bijoutier, ou les deux – donc ça ferait trois cadavres. Un peu trop à mon avis pour une courte nouvelle.

   Pepito   
19/10/2024

   in-flight   
19/10/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
Un chassé-croisé sympathique qui possède plus des attraits comiques que sentimental-romanesque. Ce n'est pas si important, mais j'ai été un peu surpris par la tonalité par rapport au genre.

J'ai le ressenti d'une écriture un peu dans l'urgence, dans l'instantané, ce qui donne une impression cinématographique à l'ensemble, comme des plans séquences enchainés, ou des courts métrages qui s'emboitent. D'ailleurs, sur la forme, j'ai pensé à Short cuts (Altman/ Carver) ou 21 grammes (Iñárritu).

Cela dit, même si l'exercice a du être plaisant pour vous, j'ai un peu de mal à adhérer à l'histoire, je trouve notamment le dernier portrait est un peu forcé, comme s'il fallait forcément un tueur pour couronner le texte et créer du liant.

   Charivari   
20/10/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour. J'ai trouvé ça bien écrit, humoristique et décalé, agréable à lire.
Quant à la construction, l'idée est intéressante, mais à condition de bien tout attacher à la fin, et là, j'ai l'impression que lça va un peu trop vite. Le double meurtre, dans le dernier passage, m'a paru un peu confus, j'ai dû m'y reprendre à deux fois pour être sûr que je comprenais bien.

   Cleamolettre   
20/10/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour,

Merci pour cette lecture, j'ai bien aimé comment la boucle était bouclée entre les différents personnages. Je me doutais bien que quelque chose allait, à la fin, les mettre en relation mais je ne m'attendais pas à ce que ce soit un neveu voleur de bijoux et de jumelles.

J'ai bien aimé tous les portraits :
- celui du gendarme est court, concis mais clair et le caractérise bien (un peu vicieux et bruineux).
- celui du receleur tonton m'a bien plu aussi même si je me suis dit que le paragraphe sur les gilets jaunes semblait plutôt une réflexion de l'auteur tant il m'a paru difficile de le faire coller au reste de la description du personnage, mais pourquoi pas
- celui de la multi-addict que la poisse colle m'a particulièrement plu, d'autant que j'aime beaucoup que finalement la chance soit avec elle, par l'intermédiaire de dieu dirait sa voisine bigote, mais pour ma part par l'intermédiaire du voleur qui en plus fait la blague "cadeau clientèle" à son oncle, dont on sait qu'il a prévu de donner la paire de jumelles à Marie-Louise qui pourra ainsi constater sa prière exaucée. A ce propos, très bien le fait d'implanter les jumelles sans les nommer, ça préserve la surprise et permet au lecteur de faire bosser un peu ses méninges.
- et enfin celui du voleur qui n'aime rien laisser au hasard et ne sait pas agir autrement qu'en tuant quand le hasard le contrarie. Mais qui n'en perd pas son sens de l'humour (bouh que c'est amoral :) ).

Peut-être, pour chipoter, qu'il y aurait aussi pu y avoir un portrait de la voisine qui a eu le tort de venir souhaiter un bon anniversaire au bijoutier au mauvais endroit et au mauvais moment, bien mal récompensée de ce geste trop chou (à la crème). J'aurai bien aimé en savoir un peu plus sur elle aussi et voir comment la rabouter aux autres. Mais c'est juste parce que mon plaisir de lecture aurait ainsi duré un peu plus longtemps.

J'ai apprécié aussi l'humour, le cynisme et le fait que la narration soit déconstruite sans me perdre pour autant. Et enfin le côté très visuel de l'ensemble.

Merci donc pour ce moment agréable en "bonne" compagnie.

   Catelena   
20/10/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Qui dit bonne histoire à tiroirs, dit forcément un fil conducteur efficace.
Les lunettes du gendarme, en l'occurrence. Et là, je te dis, bingo, Pepito ! L'idée est géniale.

Cependant, la seule idée du fil conducteur à partir d'un objet banal auquel on ne prêtera quasiment aucune attention ne suffit pas.

Pour qu'il devienne bigrement efficace, ce fil, il faudrait pouvoir compter sur une écriture patiente qui saurait le dérouler avec subtilité, sans qu'il ne s'emmêle dans une série de virages mal contrôlés. Il faudrait aussi veiller à préserver le mystère jusqu'à la surprise finale en apothéose. Un vrai travail hitchkockien, en quelque sorte...

L'effet surprise, lui, bât son plein, on ne s'y attend pas pas du tout.
Malgré cela, sûrement à cause de l'embrouillamini où j'ai fini par m'égarer à moment donné, la splendeur du bouquet final m'a fait l'impression d'un pétard mouillé.

L'histoire le mérite amplement, c'est sur le métier qu'il faudrait encore la peaufiner un peu pour que la promesse de régalade soit tenue à cent pour cent.

Pompon sur la cerise, j'ai quand même eu droit à ma dose de gourmandise puisque l'humour pépitO'esque est au rendez-vous à tous les étages de cette comédie sang-timentale.

Sauf pour la scène outrancière des gentils gilets tabassés par les vilains gendarmes, que je trouve mal placée (on n'a pas besoin de ça pour appuyer sur la détestation inspirée par les képis), j'ai souri un peu partout et surtout devant l'exclamation de Marie-Louise à l'église : « Oh, Dieu tout-puissant, dans votre infinie bonté, faites que je ne reçoive jamais ce PV ! » quand on sait de quelle manière son dieu l'exaucera.

Au final, si je trouve l'écriture aboutie dans son expression, sa tournure mériterait d'être retravaillée pour une lecture sans doliprane.



Cat


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