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Réalisme/Historique
Pepito : Mathieu
 Publié le 12/05/24  -  10 commentaires  -  22542 caractères  -  134 lectures    Autres textes du même auteur

Quels sont les objectifs du stage de 3e ?

Le stage de 3e est l’occasion de découvrir le monde du travail…, et de permettre, éventuellement, de confirmer un projet d’orientation.

Tu l'as dit bouffi…


Mathieu


– Alloooooô… heu… je suis bien à la société Tartempion ?


L’accent du couin sauve mon interlocutrice de la blague qui tue. Dans mes mauvais jours, je certifie à mon-ma téléprospecteur-trice que je n’ai pas le téléphone et ne suis donc absolument pas intéressé par un changement d’opérateur. Dans les bons jours, et si la voix m'agrée (de canard), s’ensuit le dialogue suivant :


– … société Tartempion ?

– Vous savez ce qui est arrivé à Graham Bell deux minutes après avoir inventé le téléphone ?

– Hmm… non ?

– Une de vos ancêtres l'appelait pour lui proposer un nouveau forfait téléphonique !


Toutefois, devant l’accent et son manifeste manque d’habitude du phoninje, je décide d’écouter au moins les premiers mots. Je l’encourage même gentiment à continuer.


– Houaiii !!?

– Bonjour, excusez-moi de vous déranger… je suis prof de math principal au collège de… d’à côté et… je recherche des places de stage pour des élèves de troisième… Un stage de quatre jours seulement, s’empresse-t-elle d’ajouter.

– Ah, d’accord… Mais les élèves ne recherchent pas eux-mêmes ces stages, d’habitude ?

– Oui, cela fait effectivement partie de l’apprentissage, mais quelques-uns n’ont encore rien trouvé.

– Les plus brillants, je suppose ?

– Je ne le qualifierais pas exactement de cette façon-là.

– Ha… en fait, il ne vous reste plus qu’un seul élève à placer, c’est ça ?

– Heu… en fait, oui.

– Le meilleur des meilleurs, je suppose ?

– Je dois reconnaître que ce n’est pas notre élément le plus brillant…


Je n’en reviens pas, elle n’essaie même pas d'améliorer le tableau. Le bonhomme en question doit être un sacré cas. Devant mon silence, elle s’inquiète.


– Heu… si vous avez un problème vous pouvez toujours écourter le stage. Vous savez, il n'est pas méchant.

– Manquerait plus qu’il morde…


Une curieuse impression, comme si la prof voulait me refiler le gosse mais sans conviction. Genre marchand de légumes vous tendant la dernière patate à moitié pourrie de son étal, se moquant de la vendre ou pas, vu que tout le reste est bien parti. Si elle essuie un refus de ma part, elle pourra toujours se pardonner avec un « Ben au moins j'aurai essayé ». Cette attitude ravive en moi de mauvais souvenirs, m’énerve un tantinet même, et je crois qu’au final le challenge annoncé me fait marrer.


– Bon, ok, envoyez-moi donc votre cassos, que je regarde à quoi il ressemble avant de signer quoi que ce soit.

– C'est-à-dire que… le stage commence lundi et j’ai juste le temps de vous envoyer la convention par mail pour une signature aujourd'hui, avant de la faire contresigner par le proviseur… Je suis désolée de vous presser ainsi, mais…

– C’est bon, c’est bon, envoyez-moi cette convention…


Ben quoi, tout le monde peut faire des trucs débiles, non ? Un chef d’entreprise n’est en rien un mec irréprochable. Mais pffff alors…


Le lundi matin, tout en papotant avec mon collègue, j’attends, avec un mélange de curiosité et d'appréhension, l'arrivée de Mathieu, notre prodigieux stagiaire.


À neuf heures tapantes ça sonne et deux personnes entrent aussitôt dans le bureau. Le premier est un gamin rouquin comme pas possible, marchant à petits pas, jetant des regards rapides dans tous les sens tout en dévorant ce qu’il reste des ongles de sa main gauche. De la droite, il triture une liasse de papiers chiffonnés que je présume être sa convention de stage dûment signée par le proviseur. La seconde personne, son père manifestement, l’aide à marcher en lui bourrant l’épaule du plat de la main. Je m'avance au-devant d'eux. Avec un bonjour marmonné, le gamin me tend sa paperasse tandis que le père s’excuse de devoir déjà y aller, il est sur un chantier urgent, ne peut pas rester et c'est sa mère qui viendra le chercher, le reste se perd dans le bruit de la porte qui se referme.


Eh bien d'accord… j’ai déjà vu des colis livrés avec plus de prévenance.


Un peu surpris par ce largage en règle, j’observe la bouille de mon cassos : constellée comme un tableau de bord d’avion à réaction, les paupières en mode warning perpétuel et les pupilles incapables de se fixer, encore moins de me regarder en face. Ses doigts se plient et se déplient sans cesse, comme animés d’une vie propre. Enfin, propre, façon de parler, vu qu’ils visitent de temps à autre une narine ou le creux d’une oreille. Je sens qu’il doit résister comme un malade à l’envie de bâfrer un autre ongle.


Pour arrêter son supplice, je l’invite à prendre place derrière l’ordinateur des stagiaires. C’est un poste de travail un poil vieillot, équipé du logiciel de dessin générique de l’entreprise et d’un accès au Net. Puis, comme il est largement l’heure, je m’inquiète auprès de lui.


– Voulez-vous un café, jeune homme ?

– Heu… non, heu… j’en bois pas.

– Bien, alors familiarisez-vous avec l’ordi pendant que nous, nous allons à la cuisine prendre un jus.


Et sans autre forme de procès, nous le plantons là pour passer à la cuisine et prendre la première pause de la journée. Le nouvel arrivé est bien sûr le principal sujet de conversation et chacun y va de son pronostic. Mon collègue en est à récapituler le classement de nos précédents stagiaires, du meilleur à ceux qui ont échappé de justesse à l’étranglement, quand retentit dans le couloir un long gloussement. Nous faisons silence et deux secondes plus tard, un nouveau rire de hyène asthmatique se fait entendre avec, en finale, une brusque remontée dans les aigus.


Je me précipite dans le bureau et là, j’en reste comme trois ronds de flan. Mathieu est assis devant son ordinateur, secoué de compulsifs soubresauts, avec une banane d’une oreille à l’autre. En voyant ma tête, il semble deviner que quelque chose cloche et se lance aussitôt dans des explications.


– Comme j'avais rien à faire en vous attendant, j’ai ouvert un jeu de chat sur Internet.

– Un jeu de chat ???

– Ben oui, regardez…


Il tourne l’écran dans ma direction et je découvre une scène d’un jeu vidéo aux couleurs et dessins d’allure enfantine. Enfin presque, quand il manipule la souris pour me faire une démo, j’ai une idée plus profonde de son fonctionnement. Une espèce de fronde en caoutchouc s’étire et se déplace à volonté. Juste que, à la place du caillou, je découvre un mignon petit chat aux grands yeux tout ronds. Quand le gamin clique sur la souris, le chat est propulsé vers un mur garni de crochets. Si on vise mal, le chat s’éclate sur le mur, si on vise bien il reste pendu à l'un des crochets. Niveau sonore, cela donne quelque chose comme, Miaouuuuuuuuuuu Splatsh !, ou Miaouuuuuuuuuuu Skruntch !


Je reste sans voix, celle-là on ne me l'avait jamais faite. Pour le coup c’est sûr, parmi tous les stagiaires du monde, j’ai chopé le meilleur des meilleurs.


Je me tourne vers l’énergumène, sans trop savoir quelle attitude adopter. Surtout que loin de se sentir coupable de quoi que ce soit, il me regarde avec un grand sourire, tous clignotants en action, manifestement content de m’avoir montré un jeu que je ne connaissais pas.


Dans mon dos, arrivé en renfort en cours de route, mon collègue se tient à la table pour ne pas perdre l’équilibre tellement il rigole.


– Jeune homme, vous n’êtes pas là pour jouer à des jeux vidéo mais pour « découvrir le monde du travail ».


La phrase sonne faux à mes propres oreilles, heureusement le gamin est conciliant. Il quitte immédiatement le jeu et se tourne vers moi.


– Ah bon, d'accord… Je fais quoi ?


Un coup d'œil sur l’écran m’apprend que sous le jeu vidéo, il avait déjà ouvert le logiciel de dessin. Une bonne surprise.


– Nous allons commencer par quelques manipulations de base.


Après une longue respiration destinée à calmer mes nerfs, je passe une bonne heure à son côté pour l’aider à démarrer un dessin. L’idée n’est pas de réaliser quelque chose de concret, juste réussir à tracer droites, cercles et volumes à volonté. Bien vite, je m'aperçois qu’il possède quelques notions d’informatique. Mieux, il a une bonne mémoire et maîtrise rapidement les raccourcis clavier.


Il paraît que la vie est pleine de surprises, ben je confirme… et pas qu’un peu…


Absent une partie de l'après-midi du premier jour de présence de notre valeureux stagiaire, j’ai suivi ses progrès en pointillé. Nous avons quand même eu le temps de faire une partie de chats en réseau et je dois avouer que cette initiative ne m’a pas trop plu. Vu que j’ai fini bon dernier.


Pour finir en apothéose, Mathieu a éteint son logiciel avant de sauvegarder et tout le travail de la journée a terminé dans les limbes informatiques : Miaouuuuuuuuuuu Ploouf !


C’est pas comme s’il devait rendre un rapport en fin de semaine et qu’il avait besoin de présenter quelques exemples de ses connaissances du métier de dessinateur industriel.


À ce propos, il est temps de rentrer dans le vif du sujet.


Tous les logiciels de CAO (conception assistée par ordinateur, désolé pour le jargon) permettent de visualiser un dessin en 3D, mais celui qui va le créer doit pouvoir le visualiser dans sa tête avant de le tracer. Utiliser un logiciel de dessin n’a rien à voir avec dessiner un projet. Un peu comme savoir utiliser un logiciel de traitement de texte n’a rien à voir avec savoir écrire.


À mes yeux, un bon dessinateur doit posséder plusieurs qualités : une très bonne vision dans l’espace, une imagination fertile et une fainéantise sans nom. Pour les deux derniers points, Mathieu ne pose pas trop de soucis, reste la vue dans l’espace…


Comme dirait Howard Gardner (dont je n’avais jamais entendu parler avant d’écrire ce texte), l'intelligence visuelle et spatiale est la capacité à créer des images mentales et à percevoir le monde visible avec précision.


Bref, pour nous autres mécaniciens, avec trois vues, il faut arriver à se représenter une pièce en 3D. Parce que, depuis le lycée, le sujet m’amuse beaucoup, j’ai en stock tout un tas d’exercices du genre. Ils ont tous grosso modo la même forme : un croquis où sont représentées deux vues (dessus, dessous par exemple) et un espace libre. Le but est de dessiner la troisième vue (dans ce cas, vue de gauche) dans l'emplacement laissé libre.


Accroché au mur derrière mon bureau, j'ai un tableau à feutres. Je demande à Mathieu de me rejoindre et je lui explique rapidos l’idée du test et son but. Puis je dessine deux vues d’une première pièce. Comme il est difficile (et passablement inintéressant) de présenter des croquis à l’écrit, je vais tenter une analogie avec le calcul mental (niveau cours préparatoire). Cela donne :


– 2 x 2 = ?

– Heuu… 5 ?


Cette opération, Mathieu l’a déjà réalisée en dessinant le jour précédent. Je recommence donc, un ton plus haut.


– 2 x 2 = ?!!

– Heuuuu… 3


Attendant ma réaction, après une réponse qu’il a manifestement balancée au pif, il faut imaginer sa bouille au moment où il m'a donné sa réponse. Tous warnings allumés, mains circulant à la vitesse de l’éclair d’une oreille à une narine et lycée de Versailles, plus la banane.


Heureusement dans ma boutique, de par notre longue habitude des stagiaires jeunes et évaporés, nous possédons un remède infaillible pour pallier le manque de concentration. Je passe dans l’atelier et reviens aussitôt avec un long tube en carton d’aspect métallique.


– Cette pièce-là, tu l'as déjà dessinée hier, donc 2 x 2 = ?


Il a un long regard sur le tube, se demandant si c’est du lard ou du cochon…


– Heuu… 6, non ?


Shtoooong !


– Faux. Je tends le doigt vers le dessin et répète, donc, 2 x 2 = ?

–4, la réponse c’est 4 !!!

– Bien… Tu vois, quand tu veux tu as bon du premier coup.


Je pose le tube, pendant qu’il se frotte le sommet du crâne, et je dessine un autre exercice.


– 3 x 7 = ?

– Heu…


Je tends la main vers le tube.


– 21 ! C’est 21 la réponse.


J’enchaîne…


– 6 x 9 ?

– 54 !


Là, pour le coup, c’est moi qui tousse. Alors, pour rigoler ou poussé par une intuition…


– 4 x (2 + 6) = ?

– Hmmm…


Pas d’affolement, juste une énorme concentration et un feu d’artifice de tics…


– 31 ? non, c’est pas ça… 33… non, c’est pas ça non plus.

– Essaie de la dessiner en perspective…


Je ne sais pas pourquoi je lui demande ça. Peut-être que la rapidité de sa précédente réponse m’a impressionné. Mais, sans une certaine habitude, passer par une perspective n’est pas simple. Je vais pour lui dire de laisser tomber et lui donner la réponse, quand je vois Mathieu attaquer dans un coin libre du tableau une perspective de la pièce. D’entrée, la netteté du trait me laisse pantois. Il a manifestement déjà le solide en tête. Il cafouille un peu ensuite sur la partie coriace, mais l’idée générale est là, sans aucun doute. Il laisse tomber la persp et revient vers le croquis initial.


– 32, la réponse c’est 32 !!!


Shtoooong !


Puis je repose le tube et frotte mon propre crâne.


– Bon, ben les enfants… on va fêter ça en attaquant la dernière partie de chats de la journée !


Dans la matinée du troisième jour, la prof de math téléphone pour prendre des nouvelles. Elle me raconte qu’elle est désolée, elle n’a pas le temps de visiter toutes les entreprises accueillant les stagiaires dont elle a la charge. Pour les derniers, elle se contente de faire un point par téléphone. Je ne prends même pas la peine de lui demander en fonction de quels critères elle les classe. Après ces politesses d’usage, je lui explique que tout se passe très bien avec Mathieu et que je suis favorablement étonné par ses capacités… Un blanc, le temps je suppose de vérifier ne pas s’être trompée de numéro de téléphone.


– Ah… bien… bien… c’est une bonne nouvelle…


Connaissant un brin le fonctionnement du collège, j’ajoute :


– Quelles sont les options prévues pour la suite de ses études ?

– Oh vous savez, le dernier conseil de classe n’a pas encore eu lieu.

– Oui, mais vous qui avez l’habitude, vous devez bien avoir une idée, non ?

– Eh bien, vu son niveau général, il ne lui reste pas beaucoup d’options en dehors des métiers du bâtiment…


Je tique sévère. Depuis trois jours que je côtoie le gosse, j’en avais complètement oublié la description qu’elle m’en avait faite au tout début. La nonchalance avec laquelle elle vient de sceller son sort me met un poil en colère.


– En somme, vous allez le jeter contre un mur, s’il reste collé : maçon, s’il glisse au sol : carreleur… C’est bien l’idée ?!

… ?

– Laissez tomber, c’est de l’humour noir de technicien. Peut-on espérer défendre sa cause ? Il prépare un dossier de stage en béton, je suis extrêmement content de ses résultats et de sa participation. Cela peut-il influencer le conseil de classe ?

– Nous en tiendrons compte, bien sûr, mais, vu ses résultats, ce qu’il peut espérer de mieux c’est un CAP. Dans les métiers de l’industrie, je crois qu’il y a du choix, mais je ne suis pas une spécialiste, je dois bien l’avouer.


Oui, ça je n’en doute pas, mais cela ne va pas t'empêcher d’envoyer des gamins au petit bonheur dans des métiers dont ils n’ont, tout comme toi, jamais entendu parler.


J'abrège la discussion, parler à un mur n’est utile que pour se lamenter. Au moment de raccrocher, je sens chez elle un certain soulagement. Elle va enfin pouvoir se réfugier en milieu familier, retrouver ses collègues et leur donner sa dernière impression sur l’extérieur ; soit le monde du dehors est peuplé de barjots, soit son élève est contagieux.


Deux minutes pour digérer l’entretien téléphonique et je tente autre chose. Je connais assez bien une conseillère d’orientation, mère de copains de mes fils. Je lui passe un coup de fil et lui explique la situation. Elle m’écoute et me dit qu’elle va voir. Même si Mathieu n’étudie pas dans un des collèges dont elle a la charge, elle peut jeter un œil sur son dossier.


La réponse ne se fait pas attendre. Une heure plus tard, elle m’explique que, vu l’ensemble de son œuvre depuis la sixième, Mathieu n’a aucune chance d’engager un cycle long. Il peut par contre tenter un CAP dans l’industrie s’il a plus de dispositions dans ce domaine. Mais le nombre de places est, là aussi, limité et les élèves sont sélectionnés sur dossier. Elle m’envoie par mail une liste de filières techniques. Filières que je connais fort bien pour les avoir côtoyées pendant mes propres études. Rien de bien nouveau, à croire que pour l’Éducation nationale, aucun métier n’est apparu depuis trente ans. Dans la marge, une croix pour les options ouvertes. Je devrais plutôt dire, pour l’option ouverte : Mécanicien-Monteur… autrement appelés, les Meuh-Meuh…


Ce surnom me projette dans le passé. Le pensionnat du lycée technique où nous étions mélangés, tous niveaux confondus. La réputation de la classe de Meuh-Meuh où s'entassaient tous ceux dont le cursus avait manifestement quelques trous. Le groupe où puiser inexorablement un coupable dès qu’une couillonnade était commise. Mais un espoir aussi…


J’imprime la feuille et tire Mathieu de devant son ordi pour lui expliquer mon idée.


– Mathieu, je pense que vous devez postuler pour un CAP Mécanicien-Monteur, si vous vous tenez à carreau, de là vous pourrez rejoindre une première F1’, puis une terminale F1 normale. Ce parcours prend une année de plus que le circuit normal, mais le principal est de raccrocher votre wagon au train principal. Vous me comprenez ?


Les yeux un peu perdus, il me regarde, indécis. Je ne sais pas trop si ce que je lui explique est trop compliqué pour lui ou s’il est encore mentalement plongé dans sa modélisation, regrettant sa concentration perdue.


Avec le temps, je pencherais plutôt pour la surprise de voir quelqu'un s’occuper de son cas. Dans le bon sens du terme, sous-entendu.


– Heu, d’accord… OK !


Et il se tourne vers son écran, pour continuer un job que je lui ai confié le matin même : la modélisation des volumes de déplacement du poignet d’un robot « cinq axes ». J’en profite pour jeter un œil sur son travail. Pour reprendre l’analogie du calcul mental, en mettant de côté les erreurs d’étourderie, il en est à extraire des racines carrées de tête. Je ne peux m'empêcher de sourire. Il me regarde, retourne à son écran, revient vers moi…


– Y a une erreur ?

– Plusieurs… mais elles ne sont pas assez graves pour valoir un coup de tube.

– Ha… bonne nouvelle alors… c’est que j’ai déjà une bosse. Heu… mais ça doit être celle des maths… non ?


Et de nouveau la banane d’une oreille à l’autre. Sacré Mathieu…


***


Dernière journée, nous en avons passé une bonne partie à corriger le français, très aléatoire, de son rapport de stage. Pour Lettres Sup, je pense qu’il est inutile que Mathieu remplisse un dossier, mais l'important consiste à rendre un devoir correct.


En fin d'après-midi, sa maman vient le chercher, mais aujourd’hui, au lieu de l’attendre sur le parking comme d'habitude, elle sonne et entre dans le bureau. Elle tient à me remercier pour l’accueil que nous avons réservé à son fiston. Manifestement, Mathieu a éludé l’épisode du coup de tube à réflexion spontanée. De mon côté, je profite de l'occasion pour lui expliquer la solution d’un passage par F1’ afin de revenir sur un cursus scolaire long. Je ne doute pas un instant de l’amour de cette dame pour son gamin, mais, à voir sa tête, j’ai l’impression qu’il lui serait plus facile de croire que Mathieu marche sur l’eau que de croire qu’il peut être un bon élève. Cette constatation me laisse un peu abattu quand la porte se referme sur eux.


Je vais rester sans nouvelle de Mathieu pendant deux ans et demi…


***


Au beau milieu de l'après-midi, j’entends un bruit de pétroulet en provenance du parking. Curieux, ce n’est pas vraiment le mode de transport préféré de nos fournisseurs, encore moins celui de nos clients. Deux minutes plus tard, coup de sonnette. Je braille un « Entrez ! » tonitruant, mais pas de réaction. Ne voyant rien venir, je me décide à me lever pour aller ouvrir à notre visiteur. Et devinez qui que voilà, casque sous le bras, Maître Mathieu, en chair et en os ! Toujours aussi gauche, il se dandine d’un pied sur l’autre, se demandant sûrement quel accueil lui sera réservé.


– Entrez, entrez, cela me fait rudement plaisir de vous voir.


Tout sourire, il pénètre dans le bureau sous les vivats. On passe ensuite à la cuisine, où il est toujours le seul à ne pas prendre de café.


– Alors, racontez, où en êtes-vous.

– Ben… j’ai tout fait comme vous avez dit et je suis maintenant en première F1’.


Nouvelle salve de vivats et félicitations générales. Mathieu a une banane de trois mètres de large.


– Et cela se passe bien ?

– Oh oui, juste que niveau ambiance… je trouve que les gars de ma classe ne sont pas très mûrs.

– Mathieuuuuu !?


Le coup du jeu du chat, ouvert en catimini sur l’ordi dès son arrivée, doit lui revenir en mémoire.


– Heu, oui… bon d’accord.

– J’vous l’fais pas dire…

– Ah, et puis aussi, les autres m’ont élu chef de classe.

– Bien.

– Comme c’est moi qui distribue les copies et, vu que les notes sont très mauvaises, je fais aussi des pronostics, genre : maçon, maçon, carreleur, maçon, carreleur…


Tout le monde éclate de rire, sacré Mathieu, ne surtout jamais en rater une.


Ainsi, chaque année, il va nous rendre une petite visite. Et chaque année, il va nous donner sa position : bac en fin de terminale, deux années de BTS et licence. J’ai insisté pour qu’il pousse jusqu’à école d’ingé, mais il a trouvé que pour un ex-futur-maçon, une licence c’était déjà bien. Il est ensuite rentré chez un sous-traitant de l’Aéro et y est resté jusqu'au Covid. À la fin de la crise, il nous a rendu sa dernière visite. Un poil dégarni, il a pris de l’embonpoint et n’a plus rien du gamin maigrichon et tout nerveux que nous avons connu.


– Alors, quoi de neuf ?


Ben, l’Aéro nous a tous virés à cause du Covid, alors j’en ai profité pour passer une licence pro « construction bâtiment » en candidat libre. Comme mon père et celui de ma copine étaient dans le métier, j’ai monté, avec leur aide, une société de construction. Cela commence à fonctionner, plutôt pas mal.

Sifflements admiratifs.


– Belle reconversion, te voilà maintenant avec deux licences.

– Oui, à croire qu’ils avaient raison au collège, j’ai quand même fini maçon.


Et il éclate de rire, redevenant un instant le petit garçon qui a débarqué dans mon bureau des années plus tôt. Je me marre également, emporté par son rire communicatif, tout en pensant que peut-être terminerai-je mes jours dans un EPAHD construit par Mathieu. L’idée me va bien, ce serait un bon pied de nez à un sort trop vite tracé.


 
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   cherbiacuespe   
19/4/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime beaucoup
Bon! écriture façon décontractée, comme dans la vie courante. Mais le style respecte la langue, on comprend tout et même plus. Correct, donc.

Reste le fond, et là on tape dans le mille! J'avoue qu'au début j'ai failli lâcher prise directement. "encore une attaque kalash direct sur les profs, beurk" me suis-je dit. Mais j'ai persévéré, et heureusement! Car ce n'est pas tout à fait le sujet, plutôt, en vrac, l'organisation de l'orientation, les profs un peu dépassés par cette organisation qu'ils ne parviennent pas à appréhender tellement elle est aberrante, les préjugés sur des métiers "sans noblesses", ou estimés tel, l'éducation ("l'éducation populaire, monsieur, ils n'en ont pas voulu") qui marche sur la tête et j'en passe. Au final je ne regrette pas d'être allé jusqu'au bout tellement je me prenais moi-même la tête pour aborder le sujet. Je suis très content de voir que l'auteur a réussi là ou j'ai échoué!

Cherbi Acuéspè
En EL

   Neojamin   
25/4/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Je ne vais pas tourner autour du pot. J'ai adoré. Le ton est juste (malgré un départ qui a failli me faire abandonner le texte, ça aurait été dommage, je ne suis pas sûr que la blague sur les opérateurs téléphones soit une bonne entrée en matière), et il se tient tout du long. J'y ai cru, ça coule tout seul, j'ai l'impression d'entendre une histoire vraie, le narrateur est attachant et fidèle à lui-même du début jusqu'à la fin.
Sur le fond, vous n'en faites pas trop, on comprend vite de quoi il s'agit, mais ça ne dérange pas, je suis plus intéressé par le développement et les états d'âme du narrateur. Le parallèle entre son propre parcours et celui du jeune est intelligent, l'humour juste et assez bien dosé. J'ai adoré le coup du calcul mental pour épargner les lecteurs (mais soyons francs, vous-mêmes n'y comprenez rien au dessin industriel, non ?).

Juste un bémol pour la fin... je me serais attendu à quelque chose de moins lisse, de moins convenu, surtout avec le ton que vous employez. C'est comme si le narrateur avait subitement vieilli (ce qui est le cas) tout comme l'auteur peut-être. Je ne sais pas, où est la folie ? Un rebondissement aurait collé au ton du texte je trouve, un petit quelque chose inattendu ? Les deux dernières phrases sont intelligentes, mais je trouve qu'elle enfonce une porte déjà ouverte. Ça me laisse une petite amertume en fond de bouche. Je suis sûr que vous pouviez faire une fin plus drôle et percutante. Mais bon, c'est votre nouvelle, vos choix.

J'ai tiqué sur quelques phrases :
" chef d’entreprise... discuter avec mon collègue" il est chef et à un collègue ? Ça m'a fait bizarre... ou alors c'est juste progressiste ?
"rouquin comme pas possible" un peu limite peut-être... ou facile. Je sais pas, ça colle au narrateur, mais ça me fait bizarre.
"le temps je suppose de vérifier ne pas s’être trompée de numéro de téléphone" c'est un peu bancal comme construction.

J'ai adoré (notamment) :
"vous allez le jeter contre un mur, s’il reste collé : maçon, s’il glisse au sol : carreleur… C’est bien l’idée"
"de par notre longue habitude des stagiaires jeunes et évaporés"
"parler à un mur n’est utile que pour se lamenter"
"soit le monde du dehors est peuplé de barjots, soit son élève est contagieux."
"où il est toujours le seul à ne pas prendre de café."

J'ai pris beaucoup de plaisir. Merci !

   Robot   
12/5/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Une étude d'un "cassos", étude sociale qui nous parle de prédestination scolaire. Je ne sais pas si l'E.N. fonctionne encore comme ça aujourd'hui, mais je suis de l'époque ou la capacité des élèves étaient réduite aux résultats, bien souvent s'en tenir compte des capacités moins visibles, du milieu et et des possibilités d'évolution. Mon époque, était celle ou on envoyait les cancres en CET (collège d'enseignement technique) ajusteur, menuisier, et au mieux électricien. Maçon aussi bien sûr ! Quand on avait le CAP on pouvait aussi entrer dans la fonction publique pour une "belle carrière" en catégorie C et D, les deux niveaux de base.

"Comme il est difficile (et passablement inintéressant) de présenter des croquis à l’écrit, je vais tenter une analogie avec le calcul mental"
J'ai bien aimé cette astuce de présentation.

Je me suis retrouvé dans le vécu de cet élève. Mais rassurez moi: Celà existe encore aujourd'hui ? J'ai apprécié l'écriture dynamique et les dialogues spontanés.

   Donaldo75   
13/5/2024
Allez, je me lance dans le commentaire sous influence, en l’occurrence celle de la musique de James Brown version 70s. Je ne sais pas si c’est l’exergue qui m’inspire ça vu que je n’ai pas eu à me taper de stage en entreprise quand j’étais en classe de troisième et tant mieux parce que je crois que ça m’aurait saoulé grave. Make it funky me dit le Godfather de la Soul. J’attaque le récit.

La société Tartempion ? Original. Le jeu de mots sur le magret de canard est digne de mon tonton Roger – ou Robert ou Gérard, cela dépend de mon humeur – et me met dans les meilleures dispositions pour entamer le premier dialogue. Encore une blague ! Je m’attendais à du plus sérieux vue la catégorie « Réalisme / Historique » proposée même si je sais que l’auteur est plus versé dans la grosse rigolade que dans l’analyse sociopolitique du Bantoustan du Nord. La narration à la première personne du singulier permet des facilités de langage qui font office de style. Je rentre bien dans l’histoire, le stagiaire ayant l’air gratiné. Le dialogue avec les tables de multiplication arrive. Pénible, sérieusement. Je comprends le gamin désormais alors que je ne suis qu’un lecteur loin de tout ça. La blague sur le maçon me rappelle vaguement une tirade de La France Insoumise que j’ai entendue je ne sais quand dans quelle occasion. Je suis assez peu client de l’analyse sociologique qui suit mais chacun son truc je suppose. Bon, le conte prend forme quand Mathieu revient et ensuite lorsque son CV est égrené. Au moins, Pierre Bourdieu applaudira ce destin, là-haut quelque part dans l’éther lointain.

Bon, c’est plein de bonnes intentions je le reconnais. La narration tente le pari de l’humour mais le réalisme du système éducatif français est réussi, surtout à travers les paroles de sa représentante. Ensuite, le discours « moi aussi j’ai galéré, j’ai été cantonné aux sections mal vues » m’a quand même saoulé je le dis tout de go mais avec du bon James Brown ça passe mieux. La fin, le curriculum de Mathieu, est expédiée, juste en forme de préparation à la morale de fin, que je trouve juste en bois – ou à deux balles, selon de quel côté de la Loire on vient – et lâchée à l’arrachée pour terminer cette nouvelle.

   Cox   
14/5/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
Bonjour Pépito,

Je ne connais pas vos écrits, mais je n'ai pas tout à fait été emballé par celui-ci, ni sur le fond ni sur la forme même si je reconnais volontiers une écriture maîtrisée sous ses dehors bonhommes. Ce ne sont donc pas des faiblesses de la plume qui me laissent peu convaincu, mais plutôt des choix stylistiques; les goûts et les couleurs...

Je ne suis pas fan du style de la narration. Le ôté oral ne me dérange pas en soi, même si je le trouve parfois un peu surjoué ou répétitif (des expressions comme "la banane" qui revient 4 fois, ou des blagues comme la gueule tous warnings allumés x2, etc...). Ce qui me dérange plus spécifiquement, c'est de sentir constamment la présence du narrateur qui semble toujours se mettre en avant par des réflexions et des bons mots plutôt que de laisser l'histoire suivre son cours et de permettre au lecteur de se l'approprier comme un grand. J'ai l'impression d'un gars dans un bar que je ne connais pas et qui me raconte, gourmette au poignet et chemise mi-ouverte, la dernière du bureau en me tapant sur l'épaule du début à la fin. Et je trouve ça un peu lourd à la longue. Je préfère une histoire qui sait se défendre toute seule sans qu'elle soit constamment hachée de traits d'esprits qui ne font pas forcément tous mouche. Je sens trop l'auteur et pas assez l'histoire.

Pour ce qui est du fond, ça sent le vécu (peut-être un peu trop et ça renforce cette impression moyennement agréable d'une anecdote de bar racontée très fort). On nous présente un conte mignon et très manichéen qui oppose le carcan hideux de l'éducation nationale au monde formidable et édulcoré de ✨l'entreprise✨🤩. Les profs y sont des cons bornés qui ne savent pas voir les trésors d'individualité et de créativité dont regorgent leurs élèves géniaux, alors que les patrons sont gentils, beaux et ouverts d'esprit.
Ça ne colle pas tellement à ma vision du monde perso, ce qui n'est pas bien grave. Mais c'est le risque avec un texte tout en noir et blanc, et sans nuances: ceux qui s'habillent en blanc aimeront beaucoup et les gars sapés en noir auront du mal à s'intéresser au texte.

Mon avis, tant sur le style que sur le fond est donc très subjectif, et j'ai hésité à commenter. Mais finalement, puisque je pense que c'est la nature schématique de ce texte qui invite à des avis particulièrement subjectifs, je pense qu'il vaut le coup d'être écrit quand même.

J'ai surtout insité sur les points négatifs, mais bien sûr il y a aussi des éléments qui m'ont plu: Mathieu est attendrissant et les feel good vibes sont bien passées. Je serai curieux de lire vos prochains textes sur d'autre thèmes pour voir si je suis plus réceptif à la gouaille de votre plume!

   hersen   
13/5/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
On est un peu dans Disneyland old school : les bons sont bons, les méchants sont méchants et au milieu on a un électron qui va tâcher de s'en sortir, bien que plombé par les méchants mais encouragé par le merveilleux monde du travail.
Le trait est trop caricatural à mon avis, et on pourrait sans mal tenir le propos à l'envers, il serait tout aussi "vrai".
C'est un cas personnel sans doute, on sent l'auteur à l'aise dans son texte, on reste dans la déconne mais pas trop. ça se lit sans problème, on accepte les coups sur la tête puisque c'est pour le bien de l'électron (on s'en donne un soi-même pour bien montrer que, hein, les coups, c'est pas la mort), "l'esprit chat" n'aura été qu'un incident de parcours, on se plaît à à lire qu'heureusement que l'enfant compliqué a atterri dans un milieu favorable pour trois semaines qui le tireront vers le haut à vie.
Il faut reconnaître une grande force à ce stage de fin de troisième.

Ce que j'aime bien, malgré les défauts cités plus haut, c'est la démonstration fort peu mathématique (et boum, un coup sur la tête de hersen) que le parcours de chacun se construit sur des expériences qui marquent, on a du bol ou pas de tomber sur le "bon". On est encouragés ou non.
Mais au point que ça décide de toute une vie, je suis plus prudente sur ce constat. parce qu'à mon avis, ni les profs ni le boss n'ont fait le boulot : c'est le gamin qui a tout fait tout seul.

Enfin, tout ça c'est pour parler.

merci de la lecture.

mon appréciation se situe entre un peu et bien.

   Annick   
13/5/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Pepito,

Ce qui m'a accrochée, embarquée d'emblée dans cette portion de vie, c'est le regard du narrateur qui fait de ce moment presqu'ordinaire, un moment extraordinaire.

A sa gouaille, son franc-parler (comme le béton brut de décoffrage), son humour de "meuh meuh" se mêlent beaucoup de finesse, de sensibilité, de bienveillance et d'empathie envers ce gamin qu'il décrit pourtant sans grand ménagement.

Ce portrait visant à faire sourire le lecteur est proche de la caricature. Qu'importe ! Les expressions à l'emporte-pièce du portrait de Mathieu le rendent sympathique, vulnérable.
"Les bourrades" du monologue intérieur de l'entrepreneur, envers le gamin, comme autant de torgnoles bien méritées, laissent place peu à peu à une émotion à peine palpable, ce qui en fait sa valeur.

On assiste à un cours particulier dans le sens où le prof/entrepreneur explique la 3 D à un seul élève. Et c'est Mathieu, le cancre. (On dirait aujourd'hui pudiquement : l'élève en difficulté).
Ses notes, son niveau déplorable au collège ont gommé son existence. Ici, dans cette période d'expérimentation, il est l'objet de toutes les attentions. Il comprend de mieux en mieux et son stage se termine par un bilan positif et une ouverture : espérer suivre une première F1...

Exister en tant qu'élève dans un groupe de trente, par exemple, ce n'est déjà pas simple. Mais exister quand on est un cancre l'est encore moins. D'où peut-être son allure timide et gauche au début du récit.

Le rôle de l'Education Nationale n'est pas forcément très glorieux. Les profs semblent travailler à la louche sans tenir compte des possibilités de l'élève. Seuls les résultats prévalent.
Il est vrai qu'un élève, au collège, doit rentrer dans un moule et que ses prédispositions souvent cachées, ne sont encore que du blé en herbe et pas ou peu décelables.

C'est l'histoire d'une réussite. Peut-être bien que l'humour, par contraste, sert à refouler quelques larmes...de bonheur.

J'ai beaucoup aimé ce récit dont l'écriture particulièrement maîtrisée est un atout majeur au service d'un fond tout en sensiblité.

Et j'ai beaucoup ri en lisant cette nouvelle. Et comme chacun sait : le rire ne se commande pas.

   jeanphi   
13/5/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour,

Je dois admettre qu'une fois bravée la paresse éprouvée face à un texte traitant de péripéties scolaires, on apprécie facilement la légèreté et la forme entière du récit qui prend à chaque paragraphe des allures de happy end. La complicité et la tranquillité des personnages est agréable parce qu'elle reflète une réalité que l'on trouve rarement par écrit.
Vous mettez bien en évidence la nécessité de ne pas accabler les élèves plus 'lent', ainsi que la pluralité des intelligences et l'asymétrie du ratio degré de qualification/volume salarial.
Le jeu de chat est-il ou non inspiré de l'hypothétique et abominable instrument de la Renaissance nommé l'orgue à chats ?

   Pouet   
14/5/2024
Slt,

une petite trace de ma lecture... j'ai trouvé un peu chelou "en lui bourrant l'épaule", connaissais pas cette emploi, enfin là j'ai pas trouvé adapté, mais peut-être que je me goure.
Puis l'histoire du maçon qui reste collé au mur et du carreleur... Mouais, un peu ressassé non?

Sinon j'aime bien, ça reste un peu plein "de bons sentiments", mais j'aime bien Mathieu, il me parle bien, le patron de Tartempion aussi, il sonne humain. C'est bien ça, de sonner humain.

Voilà, j'ai lu avec plaisir, c'est gentiment moralisateur, ça cogne sur l'EN (peut-être pas gratuit mais on sent que ça fait zizir), le style est sympatoche.

   Pepito   
16/5/2024


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