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Sentimental/Romanesque
Perle-Hingaud : Champ d’attraction [Sélection GL]
 Publié le 27/08/22  -  15 commentaires  -  10098 caractères  -  88 lectures    Autres textes du même auteur

Je t’aime, un peu, beaucoup…


Champ d’attraction [Sélection GL]


Je suis arrivée ici poussée par le vent aux premiers jours d’automne. J’avais rencontré Adèle à Triora, en juin, avec d’autres. Elle aurait pu être ma grand-mère, mon amante, ma sœur. J’étais tombée sous le charme de ses yeux clairs et de ses mains sèches. Elle se trimballait dans une vieille camionnette avec deux chiens, l’un presque aveugle, l’autre estropié. Le bancal était hargneux, mais j’avais fait ma grosse voix alors que sa maîtresse s’était absentée pour porter ses onguents au pharmacien et depuis, il me respectait. L’autre se cognait sans ralentir sa course, trébuchait cul par-dessus tête et se relevait en jappant gaiement. Nous logions toutes dans une ancienne ferme, la femme qui régnait ici ne nous avait demandé que d’aider à la cueillette des aromatiques en échange du gite. Une nuit où j’avais trop raconté en brûlant de la lavande, Adèle me dit : « Viens te poser chez moi cet hiver. Le lieu est doux aux vagabondes, mon champ te plaira. »


Nous nous séparâmes après trois nuits, j’avais un contrat en Ariège à honorer. Puis le vent tourna, je repris mon sac à dos et me souvins de sa proposition. Lorsque la dernière voiture me laissa devant chez elle, l’automne commençait. Pourtant, le chêne avait déjà perdu toutes ses feuilles. J’ai compris à ce moment-là, je crois. Quand j’ai sonné, le bancal et l’aveugle ont aboyé et la porte s’est ouverte sur un homme. Vincent, son petit-fils. Adèle s’était effondrée au milieu de son champ en août dernier.


C’était il y a neuf mois. Je la soupçonne d’avoir prémédité ce coup bas : m’enraciner à son champ. Me lier à Vincent. Je n’ai pourtant bu aucun filtre d’amour, c’est simplement arrivé. Un corps rivé au mien, sa main sur ma hanche et je suis restée. La maison nous a bercé cet hiver, et derrière, le champ se taisait, attentif. Vincent est jardinier, paysagiste dit-il. Le matin, il enfourche sa moto pour la ville où il conçoit et entretient les espaces verts. Je n’ai jamais osé le lui avouer, mais je n’aime pas ce qu’il fait. Il contraint, il force, il dépote et il rempote. Le champ d’Adèle ne l’intéresse pas. Il ne met jamais les pieds dans ce qu’il appelle la vieille friche, parle même parfois d’y construire une serre. La mémoire de sa grand-mère le retient, ou son amour pour moi qui ai besoin des herbes sauvages. Enfin, c’est ce que je veux croire.


Le printemps avance et le champ bruisse de sève. C’est à qui poussera le plus vite, le plus haut. Adèle n’a jamais voulu réguler ni contrôler la vie apportée par le vent, les oiseaux ou le dessous d’une semelle. Je viens chaque jour, j’observe et je cueille. Mon petit commerce a repris vie dans l’atelier qui m’abrite pour sécher, distiller, piler, malaxer. Les bocaux vides se remplissent, je noircis à sa suite les pages de ses carnets. Hier, les onagres ont fleuri pour la première fois. Le bancal et l’aveugle – ils répondent désormais à ces noms – m’accompagnaient. Le soleil s’est couché derrière la futaie de coudriers et les fleurs jaunes se sont ouvertes en éventail, en quelques minutes. Je suis restée tant que la lumière me permettait de leur rendre honneur, de les remercier. Ce matin, elles fanent déjà. À midi, elles auront vécu. Demain, d’autres boutons s’ouvriront, et je guetterai les graines et leur huile précieuse. Je caresse quelques graminées échappées du génocide de ce que les hommes nomment les « mauvaises herbes ». Ici, elles poussent librement, vibrent et ondulent à la moindre brise. Je passe devant l’arbre à papillons pour rendre visite aux reines du champ : les grandes berces du Caucase. Les seules plantées par Adèle, d’après ses cahiers, et qui s’étendent année après année. Les hampes sont plus hautes que moi, les ombelles forment des parapluies de fleurettes blanches constellés de mouches et de coléoptères. Je me sens bien ici.


***


— Tu peux venir quelques matins, tout de même ! dit Vincent. Ils paient vingt euros de l’heure, on ne va pas passer à côté ! J’ai posé deux semaines de vacances rien que pour construire l’allée et leur projet d’arrosage automatique, plus le jardin à entretenir toute l’année, c’est pas rien !


Nous n’avons pas besoin de beaucoup, mais un petit pécule lui ferait plaisir. Un travail discret, que tout le monde tolère ici : si des Parisiens en manque de verdure veulent aider à la survie rurale, on ne va pas se priver. Il travaille pour eux depuis déjà une semaine, je vais aider quelques heures.


— D’accord… C’est où, exactement ?

— À l’entrée de la ville. Tu prendras la camionnette. À deux, tu vas voir, ça ira vite.


La maison est belle, c’est certain. Elle trône au milieu d’un large terrain en surplomb de la vallée. Un rêve de Parisien post-confinement : l’espace, la vue sur les collines, quelques frênes majestueux, taillés régulièrement bien entendu. Car rien n’est laissé au hasard ici : les rosiers sont rassemblés, les buis longent l’allée, trois ormes forment un élégant bosquet. Il ne manque que la piscine, certainement prévue pour l’an prochain. J’arrive quelques minutes après Vincent, qui a garé sa moto derrière une petite Fiat. Je balaye la pelouse du regard : ce sera mon travail, cet espace à « nettoyer ». Vincent discute avec la propriétaire. Monsieur trime à Paris jusqu’à la fin du mois tandis que Madame, la quarantaine peut-être, grande et mince, télétravaille, comme en témoigne l’ordinateur posé sur la table de jardin. Elle se repose aussi, à voir le transat, le flacon de lait solaire, et sa tenue, short et haut de bikini.


Nous ne traînons pas. Vincent retourne l’allée de terre battue qui sera pavée alors que j’enfile mes gants : ils veulent du gazon, anglais de préférence. Quelle absurdité… Je m’attaque aux plants de pissenlits, pâquerettes, luzernes qui ont colonisé peu à peu l’espace. Je trouve même de l’oseille et ce qui ressemble à des molènes bouillon-blanc. Armée d’une longue gouge, j’extrais les racines les unes après les autres. De toute façon, tout repoussera l’an prochain… La chaleur monte, la transpiration coule sur mes joues. De son côté, Vincent avance lentement mais sûrement. Torse nu, il se redresse en s’essuyant le front, suivi des yeux par Madame qui appelle : « Voulez-vous boire quelque chose, un jus de fruit, de l’eau gazeuse ? » Vincent lui sourit : « Ce n’est pas de refus, merci. » Encore quelques heures de travail et je pars. J’ai bien avancé, il ne faudra que deux ou trois matinées pour arriver au bout de ma mission.


Le soir, Vincent rentre, silencieux, mais pas de mauvaise humeur. Il a même rapporté des éclairs au chocolat avec le pain. Pourtant, quelque chose ne va pas, je le sens.


— Tu as eu des soucis avec la Parisienne ? Ça s’est mal passé cet après-midi ?


Il répond sans me regarder :


— Non, pas du tout, pourquoi ? Je suis crevé c’est tout ! Si ça ne t’ennuie pas, je vais me coucher, j’ai super mal au dos.


Je monte un peu plus tard avec ma pommade contre les courbatures. Je le masse longuement, c’est vrai qu’il est tendu, bizarrement l’onguent ne pénètre pas. Une graine d’inquiétude a été plantée dans mon ventre.


Le lendemain après-midi, la graine est devenue lierre. Elle enserre mes poumons et me fait suffoquer alors que je roule, toutes fenêtres ouvertes, vers la maison. Je ne suis pas une cruche. Il s’est passé quelque chose entre eux, j’en mettrais ma main aux braises. Agenouillée sur la pelouse, j’ai suivi leurs regards, leurs sourires. J’ai vu Vincent saliver lorsqu’elle s’enduisait le ventre de crème avant de s’étendre sur le transat. Le jardinier et sa patronne, quel vaudeville ! J’en rirais si ça ne faisait pas aussi mal. Je claque le portail, le bancal et l’aveugle sur mes talons, pour me réfugier au cœur du champ. Adèle, Adèle ! Ton petit-fils est une ordure, tu le sais ? Je m’allonge dans les herbes alors que les chiens se roulent en boule en haletant. Les graminées frémissent et chuchotent leurs secrets. J’aviserai ce soir.


Vincent est revenu d’humeur joyeuse cette fois-ci. Il a décidé de laver sa moto, elle doit briller. L’aveugle vient le renifler longuement, l’air intrigué, puis il repart dans son panier. Le bancal ne montre rien, il sait qui le nourrit. Je me suis approchée pour l’enlacer et j’ai reconnu le parfum de la Parisienne, de sa crème solaire. En déambulant dans le champ la nuit venue, je cherche l’apaisement. Je ne sais pas si mes larmes sont de colère ou de désespoir. Le vent m’accompagne, se lève en bourrasques qui font s’incliner vers moi les longues tiges des berces. Soudain, je sais. Adèle, tu ne les as pas plantées là pour rien. Au cœur de la nuit, je coupe, je presse, j’extrais un jus laiteux, inodore. Une petite fiole de crème. Vincent dort profondément quand je le rejoins, et son souffle, brusquement, me dégoûte. Je rassemble les esprits : demain, je partirai.


J’arrive la première chez la Parisienne qui m’accueille nonchalamment.


— Vous terminez aujourd’hui, c’est ça ?

— Oui, vous ne me reverrez plus.


Je me retourne après quelques pas :


— Je peux vous emprunter votre crème solaire ? J’ai oublié d’en mettre…

— Bien sûr.


Elle rentre dans la maison, me laissant champ libre pour vider la fiole dans son flacon. Je reprends ensuite la destruction des herbes vagabondes, alors que Vincent arrive. Elle, elle lézarde sur son transat, sa peau dorée se gorge du soleil déjà ardent. Le flacon est sur la table. Le sort est entre leurs mains. J’ai terminé mon travail ici, je les salue une dernière fois en démarrant la camionnette d’Adèle.


***


Le bancal et l’aveugle suivent mes allées et venues pendant que j’emplis mon sac à dos, les pensées tourbillonnantes. Ce n’est pas bien méchant, les brûlures n’apparaîtront pas avant demain et guérissent en deux semaines, sauf infection, bien entendu. Mais il y aura les marques brunes, bien plus longues à s’effacer. Peut-être reviendrai-je un jour dans le champ d’Adèle, voir si les berces ont repoussé. Je me demande qui aura des traces… et où. L’image de corps tachetés à des endroits incongrus me fait rire. Un petit rire de sorcière qui résonne alors que je disparais.


 
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   Anonyme   
5/8/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↓
En lisant ceci :
Torse nu, il se redresse
j'ai eu la certitude que Vincent allait tromper la narratrice. Un peu plus loin, avec l'histoire du jus laiteux extrait des plantes, j'ai cru, et craint, que s'ensuivrait la vengeance mortelle de la femme bafouée ; j'étais indignée : pour quelqu'un d'aussi proche de la nature, quelle possessivité bourgeoise !
Et puis non, la vengeance sera simplement désagréable et embarrassante pour les "coupables". Ouf. N'empêche que vengeance il y a, et qu'une posture moraliste comme
Adèle, Adèle ! Ton petit-fils est une ordure, tu le sais ?
me paraît complètement incongrue pour le personnage. Mais bon, manifestement les méchants ce sont d'abord les Parisiens qui viennent troubler le paradis verdoyant de la narratrice Marie-Antoinette aux champs.

Tel est donc le reproche que je ferai à votre nouvelle : je la trouve manichéenne et manquant de cohérence. Nature good, ville not good, morale monogame good et je me demande bien pourquoi. Sinon, j'ai trouvé l'écriture alerte, sans esbroufe (ce qui, pour le coup, correspond bien au personnage à mon avis), en un mot plaisante.

   Vilmon   
5/8/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour,
Le rythme est très posé et uniforme. Je n’ai pas bien saisi si la narratrice est lié à Vincent, il me semble que ce passage est trop succinct pour que j’en sois convaincu. J’admets que oui, alors une revanche pour Vincent qui la trompe. La parisienne semble avoir un champ d’attraction plus grand qu’elle. La fin laisse croire qu’il s’agit d’une sorcière contemporaine, pas une avec des sortilège, mais plutôt habile avec les plantes et leurs utilisations. J’ai apprécié, mais je ne me suis pas senti interpellé, comme s’il y avait une distance entre moi et ma lecture du récit.

   senglar   
6/8/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément
Inscrit:
02/10/2013 12:55
De La Thébaïde
Groupe :
Évaluateurs
Bonjour,

Je sais qui a écrit cette nouvelle je ne peux donc pas objectivement la commenter à l'aveugle mais je peux donner le commentaire que j'avais fait à l'aveugle lors du Défi n°7 :

"Champ d'attraction"


J'ai adoré ! Quelle magie ! Cette saynète (tranche de vie) est un éloge à la permaculture. Je n'étais pas convaincu par cette manière de cultiver... Trop de mauvaises herbes.

Le problème avec les mauvaises herbes c'est qu'elles étouffent les autres.
Je lis chaque semaine le dessin humoristique de MMK dans "femina". J'y ai vu Gloria pleine de remords tuer une mouche avec une tapette :
"C'est injuste de toute façon
mais c'est quand même pas pareil que si je tuais une mouche que je connaissais"
Les mouches agacent au mieux, sont porteuses de germes au pire.
On s'en débarrasse quand elles vous narguent.
Ne doit-on pas supprimer les herbes qui étoufferont nos radis ?
Pas forcément mauvaises mais téméraires comme ces satanées mouches !
Et puis c'est pas non plus comme si on les connaissait.

La permaculture a permis ici une bien jolie vengeance, bien innocente pour une bien jolie sorcière un peu trop fleur bleue.
Je me convertis !


Un conseil de lecture : "Le voyage de Hillary Byrd" de Caries Davies. Mon livre du matin. Je suis au milieu... d'un trio (un pasteur, un bibliothécaire et une indigène) et d'une végétation... luxuriante.


(L'appréciation est celle que j'avais donné à la fin du défi toujours à l'aveugle)

   SQUEEN   
7/8/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour,
C'est très bien écrit, tout est parfait. Amenés au bon moment, tous les éléments s'emboîtent parfaitement. Mais bizarrement c'est cette "perfection" qui m'a laissé tout du long à l'extérieur de cette histoire. Pas d'aspérité, pas de rugosité rien pour s'accrocher. J'ai rebondis à la surface aseptisée de cette histoire de woofing/d'amour qui tourne mal mais pas tant, juste un peu. Mais c'est très bien écrit. Je dirais une copie de premièr(e) de classe. C'est personnel mais je préfère quand on voit un peu plus la sueur, les tripes. C'est vraiment là une question de goût. Mécaniquement c'est, je me répète, parfait. Merci pour cette lecture,
SQUEEN

   plumette   
8/8/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
j'aime beaucoup l'écriture fluide de cette nouvelle, la manière dont la narratrice conduit sa vie au gré du vent et des rencontres et sa connection à la nature.

c'est tout un univers qui nous est proposé avant que ne s'installe l'intrigue proprement dite.

Une intrigue simple qui fonctionne très bien. Le départ sans un mot et la petite vengeance lui ressemblent.

Tant pis pour Vincent!

   Donaldo75   
12/8/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
La vengeance est un plat qui se mange froid, dit le proverbe. Tu m'étonnes, John ! J'ai bien aimé les descriptions et le rythme de cette nouvelle très enlevée. Le pitch dramatique prend forme progressivement et je ne le voyais pas tourner ainsi mais c'est tant mieux car la fin est certes immorale mais savoureuse au possible. Et puis, finalement, nous sommes tous un peu mesquins dans l'âme alors voir quelqu'un d'autre mettre en musique notre mesquinerie, notre petite envie de vengeance, c'est jouissif quand l'écriture est au rendez-vous.

   Anonyme   
27/8/2022
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Perle,

Tout comme senglar, j'ai retrouvé mon comm du défi :

"Voici une nouvelle un peu longue dont j’aime beaucoup l’incipit « Je suis arrivée ici poussée par le vent ». Un petit hic ensuite avec un passage à nous et l’emploi tour à tour du passé simple-imparfait-passé composé. « Arrête de pinailler et suis l’histoire, Anna ! » Je suis donc le printemps et les travaux de jardinière de la narratrice et de son amie. C’est très descriptif, on sent que l’auteur/e est plutôt fan de nature sauvage avec ses commentaires légèrement clichesques sur les Parisiens^^. Le passage suivant joue un peu avec le sentimental et la jalousie de l’héroïne (qui est subtilement survolé si j’ai correctement capté) qui va jusqu’à trafiquer la crème solaire de la Parisienne. Rhoo, c’est pas bien ! La fin est bouclée par ce petit rire gredin de sorcière. Parfait. Alors j’ai aimé, oui, et le seul petit reproche que je pourrais faire, c’est peut-être un manque de liaison entre les différent paragraphes mais c’est un détail sûrement dû aux choix de narration. Merci pour cette lecture très verdoyante, même si je vais me méfier des jardinières dorénavant^^"

Anna

   papipoete   
27/8/2022
 a aimé ce texte 
Bien
bonjour Perle
Adèle qui me laissa avec mon chagrin, m'avait légué un sacré cadeau... que je ne pouvais refuser... Vincent qui de moi s'amouracherait, mais pas de ce que je faisais avec Adèle ; des plantes aromatiques pour sentir bon et calmer les maux... Lui, avec son ordi et ses projets modernes, les " mauvaises herbes " à éradiquer... mais pas la " grande tige " en bikini. Elle me fait trop d'ombre entre Vincent et moi...
NB une chronique paysanne avec ses joies, ses peines, et la confiance qui s'envole comme dans un vaudeville, entre le beau mec avant-gardiste horticulteur et sa patronne parisienne au " grand coeur "
Notre héroïne qui se prend d'amitié avec les deux chiens estropiés, nous touche avec sa volonté de faire perdurer ce qu'elle entreprit avec son Adèle, et qui finalement baisse les bras, désenchantée...
Divers points font sourire, d'autres déclenchent une grimace, comme ces " mauvaises herbes " qui ne servent à rien.
J'aime bien le rapport avec les deux chiens, que " cette grosse voix " mit aux pas !

   JohanSchneider   
27/8/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
C'est plus fort que moi, je ne sais pas résister aux histoires de vengeance.

Celle-ci n'est pas parfaite, elle est même un peu prévisible, mais qu'importe. Ce que j'en retiens c'est que la narratrice fait payer à Vincent ce qu'il faut bien appeler sa trahison et à la Parisienne ce que j'ai perçu comme une profonde médiocrité.

L'une comme l'autre ne méritent guère l'indulgence, il faut en convenir. Surtout la première.

La vengeance est plutôt bénigne, on pourrait même la trouver puérile.

On pourrait aussi considérer que la narratrice pouvait se contenter de traiter cela par le mépris. Mais Chateaubriand disait qu'il faut être économe de son mépris étant donné le nombre de nécessiteux.

Alors va pour la vengeance dermique.

   hersen   
27/8/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Cette histoire m'a pas mal amusée !

Sous des dehors toute cool, diantre, la voyageuse ne se laisse pas faire ! C'est traité un peu vite, mais un défi c'est pas toujours gérable, parce que pour qu'elle réagisse (assez finement je dois dire, elle a su ne pas aller trop loin) j'aurais bien aimé avoir un peu plus de présence du mec.
La parisienne, par contre, bien vu, elle n'est que le pion révélateur.

La vengeance aussi est très bien vue, parce qu'inoffensive mais...qui va laisser quelques traces momentanées, dures à cacher en maillot :)))))
tu devrais écrire plus souvent, Perle !
Merci de la lecture.

   Malitorne   
28/8/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↓
L’Amant de lady Chatterley en version botanique, pas dénué de charme mais trop soft à mon goût. J’aurais mieux vu de la part de cette spécialiste des plantes une infusion de datura pour assouvir sa vengeance. Les violentes hallucinations qui en découlent aurait pu faire sortir l’histoire d’un déroulé bien sage et en même temps secouer le style. Mais j’ai découvert les propriétés phototoxiques de la Berce du Caucase, étonnant.
Autre remarque, je la trouve sacrément affamée la parisienne. En un après-midi elle se tape le jardinier ! Sans doute une cougar de la pire espèce…
Finalement un récit plus intéressant du côté de son rapport à la nature sauvage, la description des chiens, que par son scénario manquant de relief. J’ai cru comprendre qu’il avait été écrit dans le cadre d’un défi, ceci explique peut-être cela.

   Cyrill   
28/8/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Bonjour Perle,

J’ai aimé le ton allusif de cette nouvelle. Les choses ne sont pas dites : la mort d’Adèle ( sans jeu de mots ), la relation entre la narratrice et Vincent, la trahison, la vengeance. Elles sont suggérées et c’est bien mieux ainsi. Ça me met, moi lecteur, dans une relation de complicité avec la narratrice : j’ai compris ce qu’il se passe, pas besoin de l’écrire noir sur blanc.
J’ai aimé aussi la concision à l’œuvre pour introduire l’histoire, on se fait vite une idée de cette baroudeuse et de la situation de départ. Des formules qui ne manquent pas de poésie émaillent le récit. Une jolie analogie que celle du lierre envahissant pour la jalousie, un sentiment si puissant qu’il s’abat sans distinction de caractère. Je veux dire par là qu’on pourrait s’en étonner chez une femme qui va où le vent la porte.
La trahison, et la vengeance qui s’en suit, ne manquent pas de piquant pas bien méchant, comme elle le dit elle-même.
Voilà donc une nouvelle que j’ai lue avec beaucoup de plaisir et d’amusement.

   matcauth   
30/8/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Salut,

c'est toujours un plaisir de lire quand l'écriture emporte le lecteur dans un univers, avec quelques mots. c'est le cas ici et j'ai donc lu sans déplaisir. Je regrette peut-être quelques effets de manche alors que l'écriture aurait pu être plus simple.

Et puis on se prend d'amitié pour cette heroïne pleine de caractère, la progression structurée et imperturbable de l'intrigue, tout ça est très agréable.

C'est trop court, bien sûr, surtout dans cet univers qu'on rencontre finalement assez peu dans les histoires qu'on lit. On aurait donc aimé que ce soit plus long. Mais il ne manque rien à cette histoire, pas même le sel de la fin. J'étais pourtant certain qu'elle n'oserait pas se venger. Eh bien si.

Une belle lecture.

   Pepito   
1/9/2022
Bonjour,

Superbe écriture, j’ai sursauté à de petits riens :
"en août dernier."… "dernier" m’a semblé en trop
"La maison nous a bercé cet hiver, et derrière"… la virgule avant le « et » m’a gêné
"Une graine d’inquiétude a été plantée dans mon ventre."… "a poussé" non ?
"ma main aux braises " … excellent. ^^

Délicieuse histoire, avec une rotation bien vue de personnages un rien en marge. J’ai repensé à Bandini avec Ornella Muti et Faye Dunaway. Je m’attendais à une vengeance plus rude, tout compte fait, elle pile poil dans le ton.
Une très bonne lecture (pour du sent/rom bien sûr ;-)

   Ingles   
5/9/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Perle,

Un très beau texte, du côté des champs fleuris et loin de la ville. L'atmosphère est réussi, on ne sait pas qui sont les personnages, mais on les envisage bien parce qu'ils nous parlent, on les connaît. Et ils habitent naturellement ce récit écrit à la première personne. Chacun est poussé par le vent, la vie, comme une graine, pour se poser, aimer, germer, repartir.

Au plaisir de te lire,
Inglès


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