Le pèlerin, qui prend la route de La Mecque pour accomplir son devoir de Croyant, est sacré. Les bénédictions qu’il distribue à son retour protègent leurs bénéficiaires qui voient leurs péchés pardonnés. Encore faut-il réaliser le hajj pour de bonnes raisons. Mohand le hérisson va s’y risquer. Voyons donc ce qui va lui arriver.
En cette belle journée de printemps, au mois de Dhou el Quida, Mohand le hérisson flânait, rentrant calmement chez lui, après une matinée passée à dévorer insectes et limaces. Il rêvassait, et sa distraction lui fit oublier sa prudence habituelle. Malheur pour lui, il se retrouva nez à nez avec la terrible hyène rayée. Il ne pouvait s’enfuir ni se cacher, il ne lui restait qu’à se mettre en boule en tendant toutes ses épines. Mohand se sentait faible et désarmé. Se moquant des piqûres l'hyène affamée était sur le point de le retourner quand le hérisson hurla :
– Tu seras maudite, hyène ! Tu attaques un pèlerin !
Le fauve qui croyait se régaler eut un mouvement de recul.
– Comment ? Que dis-tu ? – J’accomplis le hajj ! Je me rends à La Mecque !
Mohand s’était remis sur ses pattes.
– Ne crains rien, je te bénirai à mon retour !
L'hyène grimaçait, renoncer à son repas lui déplaisait fortement, mais elle devait respecter le Saint Qoran.
– Mais je vais t’accompagner un peu, il ne faut pas que tu te perdes en chemin, par où veux-tu aller ?
Mohand se voyait pris à son propre piège, il ne pouvait faire autrement qu’accepter la protection du fauve. Et ils partirent en direction d’Alger, traversant la Djurdjura. Mohand dissertait à l’envi sur les devoirs du Croyant, sa volonté de réaliser la Cinquième obligation, puisqu’il en avait la possibilité. Il espérait décourager sa compagne en l’assommant de citations fantaisistes soi-disant tirées du livre saint. Mais elle ne l’abandonnait pas, Mohand s’éloignait peu à peu de chez lui, se demandant comment il pourrait fausser compagnie à son encombrant protecteur. À un moment, l'hyène s’arrêta.
– Je suis arrivée à la limite de mon territoire. Tu as un très long chemin à faire jusqu’à La Mecque – elle ricanait – qu’Allah, Créateur de toutes choses, te protège durant ton voyage.
Mohand ne pouvait que la remercier de sa bienveillance. Il attendait qu’elle se soit éloignée pour revenir discrètement à son logis, quand elle se retourna.
– Je pense que je ne te reverrai pas avant de longs mois, n’est-ce pas ?
Puis elle repartit en trottinant.
Mohand dormit comme il put, et au matin reprit son chemin vers Alger, le voilà obligé d’être absent pour une longue période, mais sa vie était à ce prix. Au long du chemin, il se vit dépassé par un âne gris, qu’il salua :
– La paix soit sur toi, mon frère l’âne ! – Sur toi la paix, hérisson, mais je ne suis pas ton frère ! – Si, parce tu es un Croyant comme moi, et que je me dirige vers La Mecque ! – Tu es un pèlerin ? Monte sur mon dos, je vais à Alger !
L’âne s’était abaissé, et Mohand s’installa confortablement sur son dos. Celui-ci portait de chaque côté de larges sacs, dans lesquels il fouilla sans hésitation. Il y trouva des provisions, qu’il dévora, quelques pièces de monnaie, et divers biens qu’il s’accapara, tout en tenant avec l’âne, curieux et bienveillant, le même genre de conversation qu’avec l'hyène. L’animal lui donna involontairement une foule d’informations utiles pour la suite de son voyage ; comme chacun sait, les ânes sont très instruits. Le rôle de pèlerin commençait à lui plaire, nourri gratuitement, transporté sans peine, respecté par ses interlocuteurs, il remerciait Allah qui lui avait inspiré ce mensonge quand sa vie était en péril.
L’âne, très obligeant, accepta de le conduire jusqu’au port. Mohand, après avoir admiré les paysages de la Djurdjura, ouvrait de larges yeux pour découvrir les ruelles d’Alger et la vie citadine dont il ne connaissait rien. Le hérisson remercia chaleureusement son bienfaiteur, qui payé de ces belles paroles repartit satisfait, sans avoir découvert les larcins de son passager.
Mohand était sur le quai. Il sentait le vent, l’odeur salée des embruns, le fumet du goudron qui servait à calfater les navires. Que faire ? Il lui fallait trouver un bateau qui l’emmènerait en Égypte, étape sur la route du pèlerinage. C’était un moyen de transport plus rapide et plus sûr que la traversée à pied de la Régence de Tunis et de la Tripolitaine.
Mais lequel prendre, et à qui demander ? Il s’adressa à des chats qui paressaient au soleil, tout en prenant soin de faire état de sa qualité de pèlerin. Ceux-ci lui désignèrent un brigantin qui attendait la prochaine marée. Mohand ne connaissait rien à la navigation, il était curieux de prendre la mer. Il monta à bord, suscitant la curiosité des matelots, qui s’amusèrent un peu avec lui avant de le laisser s’installer entre deux tonneaux d’eau douce.
On lâcha les amarres, et Mohand entendit le rythme cadencé des avirons qui frappaient l’eau. Le vaisseau se revêtit de ses grandes voiles triangulaires, et commença à filer vers l’est. Cependant, Mohand n’était pas pleinement rassuré. L’équipage était nombreux, et on trouvait beaucoup d’armes à bord. Après une longue journée et une longue nuit de navigation, il entendit de l’agitation. Les hommes se précipitaient aux avirons, le navire louvoyait, puis se mit à trembler quand de violents coups de tonnerre retentissaient, recouvrant le pont de nuages à l’odeur diabolique. Mohand entendait les premiers coups de canon de son existence. Le brigantin s’était placé au bord d’un autre vaisseau, plus haut que lui, et l’équipage se jetait à l’assaut en hurlant.
Après un long moment les clameurs et les explosions cessèrent, puis les marins revinrent en portant des sacs, des coffres, des armes, des habits et quelques prisonniers qu’ils enchaînèrent à fond de cale. Le raïs du brigantin apostrophait les malheureux dans une langue étrangère qu’il parlait parfaitement. Mohand avait remarqué qu’il avait la peau plus claire que la plupart des autres hommes d’équipage. Le capitaine de ce navire de course était un renégat, ainsi que plusieurs des officiers. Le pèlerin Mohand venait d’assister à sa première bataille navale, il en tremblait tellement qu’il lui fallut deux jours pour oser quitter son abri.
Le navire roulait et tanguait, la mer était bonne, le hérisson commençait à connaître le bateau qu’il avait visité plusieurs fois. Il allait laper un peu d’eau dans les écuelles des prisonniers, et arrivait à se faire jeter quelques miettes par les hommes d’équipage. Un matin, il surprit pourtant une conversation entre le raïs et le cuisinier.
– Je goûterais bien au hérisson demain soir… – Et moi je garderais bien une patte de derrière comme porte-bonheur. – Mais ce n’est pas un porc-épic ! – C’est un hérisson, ça doit bien avoir le même effet sur les femmes.
Mohand sentit sa fin prochaine. Il n’avait échappé à la mâchoire de l'hyène que pour tomber dans la gamelle de pirates algérois. Sa mort était décidée, où pouvait-il se cacher ? Sous quel rouleau de cordage, sous quel canon ? Allah, pouvait-il le protéger et le sauver ? Il récita la prière de la peur et partit se terrer.
La nuit passa, le lendemain matin le cuisinier ne parut pas pressé de le retrouver. Le soleil monta au zénith et l’après-midi s’avançait. En milieu de celui-ci, de nouveaux cris retentirent, et une agitation fébrile s’empara de tous. Mohand sortit de sa cachette et se risqua à regarder. Au loin une voile était apparue, qui venait droit sur le brigantin. Les matelots se ruèrent sur les avirons et commencèrent à souquer de toutes leurs forces, on largua toutes les voiles. Le brigantin filait à toute allure.
Un long moment passa, l’autre navire se rapprochait lentement. Nettement plus gros que le pirate, c’était une galère dont on voyait les rames plonger à une cadence rapide, elle avançait aussi toutes voiles déployées. Mohand aperçut l’emblème qui en ornait le centre : une croix noire à huit pointes. Le brigantin était pris en chasse par une galère infidèle, venue de Malte. Les armures et les boucliers des Chevaliers de Saint-Jean envoyaient des éclairs lumineux. Le pirate arrivait maintenant à maintenir la distance, on n’était pas encore à portée de leurs canons, et les Croyants s’épuisaient, le brigantin dansait sur les vagues, sautant de l’une à l’autre alors que la lourde galère fendait les flots de toute sa masse, son étrave jetant de chaque côté un flot d’écume.
Mohand comprit que le pirate allait s’échapper. Déjà un fin sourire revenait sur le visage du capitaine. Le hérisson, profitant de l’instant, escalada le bordé et planta ses dents dans l’écoute de la grand-voile, sciant les brins. Elle rompit, la voile se dégonfla et s’affala au milieu du pont, à la surprise de tout le monde. La vitesse du brigantin réduisit brutalement.
Une clameur s’éleva de la galère maltaise, et la vogue s’accéléra. Le raïs avait pâli, il fit virer de bord au brigantin pour faire face au danger. Mohand s’abrita entre deux rouleaux de cordage. Il réentendit les coups de tonnerre, mais le brigantin n’était pas secoué de la même façon. Le bois craquait, un mât tomba emportant des matelots.
Les canons du pirate donnèrent à leur tour. La galère chrétienne était au plus près, ses soldats jetèrent une sorte de passerelle entre les deux bords et des hommes cuirassés, casqués, armés de longues épées droites envahirent le pont du brigantin. L’affaire fut vite menée, des pirates se jetèrent à l’eau pour ne pas tomber entre les mains des Infidèles, le raïs lui-même préféra cela à être transpercé de multiples coups.
Les vainqueurs descendirent dans la cale et libérèrent les prisonniers, déménagèrent le butin, puis sabordèrent le navire qui prenait de la gîte. Mohand vivait son premier naufrage, il n’y avait plus âme qui vive sur l’épave qui sombrait lentement. Le soir tombait, la mer était couverte de débris, il s’accrocha des griffes et des dents à une planche et se laissa tomber à l’eau.
La nuit fut longue, Mohand faiblissait. Il était tétanisé, ses muscles plus raides que la planche à laquelle il se cramponnait désespérément. Au jour, il vit qu’il était en vue d’une terre, la marée le poussait insensiblement vers elle. Il finit sur une plage. Où était-il ? Un chien errant vint le renifler. Il respecta sa qualité de pèlerin.
– Mais où suis-je ? – Près d’Alexandrie !
Mohand était arrivé en Égypte. Il se hasarda à demander sa route au chien, essayant de l’amadouer en évoquant le saint devoir qu’il accomplissait.
– Mon maître est copte !
Il était face à un chrétien d’Égypte. Mais celui-ci ne répugna pas à l’amener à son village. Mohand n’avait pas de temps à perdre, le cabot lui apprit que la caravane du hajj allait quitter Le Caire, comme tous les ans, et remonter vers le nord. Il lui faudrait la rejoindre, elle descendra la vallée du Nil avant de repartir vers le Sinaï.
Le chrétien vivait richement. Une jolie maison, une grande basse-cour. Les poules étaient chrétiennes, ainsi que tous les autres animaux, qui suivaient l’exemple de leur maître. Mohand se trouvait perdu, pour une fois, il se sentait en position de dhimmi. En fait, Macarios, le propriétaire de tous ces biens, était un marchand aisé pour qui le hajj des musulmans était une bénédiction annuelle. Il fallait bien alimenter tous ces pèlerins, et sa caravane de dromadaires était prête à partir.
Le chien servait bien son maître, Mohand s’en rendit compte alors qu’il voulait prendre un petit morceau de pain oublié sur la table. On ne vole pas facilement le bien de Macarios. Et voilà Mohand soumis à la bonne volonté des autres animaux, ne chassant les escargots, ne cherchant les vers que sous la surveillance des poules, ne mangeant dans la gamelle du chien qu’après l’autorisation de celui-ci. Macarios et sa famille paraissaient les plus aimables, ils l’avaient de suite adopté et renvoyaient le chien quand celui-ci montrait trop les dents à Mohand. Mohand tremblait : « Et s’il fallait que je me convertisse ? ».
Devenir un associationniste ? L’horreur le submergeait. Il décida cependant de faire semblant, se disant que Dieu, Grand et Miséricordieux, comprendrait qu’il le faisait sous la contrainte afin de pouvoir réaliser son pèlerinage sans danger. Mohand arriverait bien à faire ses cinq prières quotidiennes, en se dissimulant et il aurait bien l’occasion de revenir à la foi. Le coq le baptisa donc en lui jetant un peu d’eau sur le cou, une vieille poule attendrie devint sa marraine et un dromadaire assez benêt consentit à être son parrain.
La maison s’anima, on chargeait les dromadaires, Macarios, son épouse, ses enfants, ses employés s’agitaient en tous sens. Le parrain de Mohand était de l’expédition. Le hérisson lui demanda : « Peux-tu m’emmener ? », et ainsi notre pèlerin se dissimula dans un grand sac, rempli de provisions de toutes sortes. Au bout de cinq jours de marche, les voilà arrivés au point de ralliement, un peu au nord du Caire.
Le pèlerinage approchait, une haute colonne de poussière l’annonçait. Il était temps de s’y joindre, en tête de la colonne un superbe dromadaire blanc portait le Mahmal. Mohand fut ému par la vue de ce pavillon rouge, aux couleurs du Sultan. Macarios attendit que le défilé soit quasiment fini, puis s’y joignit, avec ses employés et ses dromadaires. Ils avaient tous couvert leur visage.
Très vite, le moment vint de se tourner vers La Mecque, le convoi s’arrêta. Mohand en profita, et ne tarda pas à suivre l’appel à la prière. Son parrain le dromadaire le regardait étonné.
– Je fais de l’exercice, je m’assouplis le dos et les pattes !
Le dromadaire séduit par l’idée décida de l’imiter et se plia à son tour sur ses antérieurs, touchant la terre de son museau. Les autres bêtes, elles aussi intriguées, se joignirent à leur tour, et toute la caravane de Macarios ne tarda pas à accomplir ses rakats dans la sainte direction.
Mohand, qui avait l’œil vif, n’avait pas tardé à remarquer que Macarios et son personnel se joignaient aux Croyants pour la prière. Ce chrétien faisait un bel hypocrite ! Le hérisson comprenait mieux comment il pouvait accompagner le pèlerinage sans risque pour lui ! Mais ce n’était pas le moment, il devait arriver à son but, et c’était là le principal.
La caravane traversa le Sinaï. Le soir, à la halte, les clients se pressaient autour de Macarios. Personne ne discutait le prix. Mohand se glissait vers les feux, où des ulémas discutaient gravement des différents passages du Saint Qoran. Le hérisson apprenait de nouvelles sourates, aiguisait son esprit et acquérait tous les jours de nouvelles connaissances.
Les jours passaient, le soleil frappait lourdement sur les têtes enturbannées. On suivait la côte de la mer Rouge. Tous les soirs, ils arrivaient à des étapes, des vastes refuges que le Sultan avait fait bâtir pour accueillir les voyageurs, où on pouvait puiser de l’eau. Par-ci, par-là, des femmes s’offraient aux hommes, et Mohand s’instruisait en les regardant faire, se glissant parfois sous la tente ou derrière la dune pour assister aux ébats. Les clients de Macarios faisaient maintenant la tête devant les prix de la farine, ou de la viande salée qu’il proposait ; les pèlerins avaient mal aux pieds, les jambes raides et de moins en moins d’argent pour payer. Des imams vinrent lui parler, lui citant la sourate du Nécessaire, et le copte réduisit un peu ses prix, tout en réclamant quelques avantages. L’Amir al Hajj, qui commandait le pèlerinage finit par intervenir mais notre copte continua à son idée.
Mohand s’intéressait au Mahmal, intrigué par son contenu. On était près de La Mecque, et il s’introduisit dans le grand palanquin rouge, richement brodé d’or. Il y trouva de précieux tissus, de beaux rubans, de somptueux cadeaux expédiés par le Sultan pour décorer la Kaaba. La tentation était forte, il en vola un peu et profitant de la nuit noire rapporta son butin qu’il dissimula dans les sacs que transportait son parrain le dromadaire. Mohand calculait le bénéfice qu’il pouvait en tirer, mais il ne comptait pas sur la diligence des chefs du pèlerinage et tout le convoi fut fouillé. On découvrit évidemment les larcins de Mohand, et Macarios fut arrêté. Ne voulant pas savoir ce qui pouvait advenir, il se glissa dans le Mahmal, assuré d’arriver confortablement à destination. Dans l’affaire, Mohand avait perdu son parrain, ses moyens de subsistance et se rendait compte de son imprudence et de sa témérité. Il était bien arrivé à La Mecque, il descendit du Mahmal dès qu’on commença à le décharger.
Le hérisson était à côté de la Kaaba, qu’on revêtait des coûteux tissus sortis du Mahmal. Tout à son observation, il rentra dans un obstacle ; il n’en crut pas ses yeux : il était devant une tortue ! Que faisait-elle ici ? Cette porteuse de carapace réalisait elle aussi le pèlerinage ! Elle marchait depuis plus de deux ans et venait d’arriver. La tortue Louisa était bien lasse, mais aussi bien effrayée. Elle craignait d’être piétinée le lendemain, quand elle ferait le tour de la pierre sacrée. Mohand, qui se sentait les pattes raides, et n’avait pas envie de trop se fatiguer, lui proposa de le laisser monter sur son dos :
– Mes piquants te protègeront, ils auront peur de se piquer les pieds !
Il en fut donc décidé ainsi, Mohand arriva à déchirer deux morceaux de toile blanche pour que Louisa et lui puissent revêtir l’habit du pèlerin. Mohand se sentait fier, juché sur la tortue, qui lentement se déplaçait autour de la Kaaba ; Louisa montait de temps à autre sur ses pattes et accélérait le mouvement, puis recommençait à ramper. Il fallut la matinée entière pour accomplir cette obligation. Personne n’aventura son pied sur les deux compères. Mais la journée n’était pas finie, il fallait aller prier à plus d’une lieue, à Mina. La tortue persévérait dans son effort, mais Mohand voyait passer les heures, il s’efforçait de faire avancer Louisa plus vite, mais elle peinait. Un âne passa, chargé d’une belle marmite, Mohand attira son attention :
– Eh, mon frère l’âne, ton maître est-il bon ? – Comme un homme peut l’être avec son âne ! Frère hérisson ! – Veux-tu qu’il soit meilleur ? – Et pourquoi ? – Montre-lui la tortue, il aura peut-être envie d’une soupe…
L’âne brait en tournant la tête, et pendant que son maître attrapait Louisa et la jetait dans la marmite, Mohand se cachait sur la selle de l’âne et poursuivait son chemin.
– Tu vois Louisa, je nous ai trouvé un moyen de transport !
Louisa le remercia d’avoir trouvé le moyen d’économiser ses forces. Le hérisson sauta, arrivé en vue de Mina. Il se joignit aux pèlerins pour réaliser ses prières de l’après-midi. Il ne manqua pas de prêter l’oreille aux discussions théologiques, ni de chiper quelques miettes de pain, car il commençait à avoir faim. Le soir venu, il revit passer l’âne.
– Comment va ton maître ? – Très bien, il a bien aimé sa soupe ! Mais tu n’avais pas dit que la tortue était en pèlerinage ! – C’était une hypocrite, Allah ne bénissait pas ses intentions ! Peux-tu me ramener à La Mecque ?
Mohand avait réussi sa première journée, mais le lendemain l’inquiétait, il avait cinq lieues à parcourir pour aller au mont Arafat. Il parvint à boire à la source de Zamzam, et commença la route vars le mont Arafat. Des moutons bêlaient et couraient en tous sens, distribuant des coups de sabots, arrivant à renverser des bergers qui hurlaient de colère. Un chien essoufflé s’assit près de Mohand.
– Que se passe-t-il ?
Le chien était accablé.
– Je n’ai jamais vu ça de toute ma vie de chien de berger, et mon père ne m’a jamais parlé d’un événement pareil : les moutons se sont révoltés ! – Comment ? – Oui, les moutons qui ont été achetés par les pèlerins, ceux qu’on doit égorger au mont Arafat ! Ils ne veulent plus avancer, ils bousculent tout le monde, ils n’ont même plus peur de nous, leurs gardiens ! Si je tente de les mordiller, ils me frappent ! – Mène-moi à eux… – Tu crois que tu peux faire quelque chose ? – J’ai mon idée.
Et le chien conduisit Mohand jusqu’à l’émeute. Un bélier, manifestement le chef des révoltés, distribuait ses ordres.
– Bonjour, frère bélier. Que fais-tu donc ? Tu as soulevé tout le peuple des moutons ! – C’est justice, mon frère le hérisson ! On veut nous emmener pour nous trancher la gorge ! Pas de sacrifice ! – Enfin, frère bélier, quel est donc le destin de tout mouton ? Ne sais-tu pas que nous mourrons tous, y compris tes bergers, y compris leurs chiens ? – Certes… – Tu ne crois pas qu’on t’égorgera un jour, et tu penses que tous les moutons ici présents vont échapper à leur destin ?
Le bélier ne savait que dire. Le hérisson reprit :
– Ce n’est pas un jour ordinaire, nous sommes dans le Grand Pèlerinage. Vois-tu une plus belle journée, pour finir une vie de mouton ? On te conduit gentiment vers le mont, tu passes entre les mains de bons musulmans, et tu pars vers le Paradis… – Pas confiance dans tout ça… – Bélier, mon frère, c’est la plus belle journée possible. Tu serviras Dieu, c’est la plus grande des occasions. Si tu meurs de maladie, ou dans un accident, tu n’auras pas autant de chance d’aller au Ciel ! – Je me méfie… – Pour le sacrifice, vous aurez droit aux meilleures lames, tu ne sentiras rien. Et, le Calife, que pensera-t-il si le Grand Pèlerinage ne se déroule pas comme il faut ? Tu te vois gâcher un événement pareil ? – Le Calife ? – Oui, il est sûrement ici…
Mohand n’en savait rien. Le bélier repartit vers le troupeau, il l’entendit appeler les autres. La concertation fut brève, quelques coups de corne dans le ventre des récalcitrants, et le troupeau se reforma, prenant la route d’Arafat, obéissant de nouveau à leurs bergers. Le chien était ébahi.
– Je ne sais pas comment tu as fait… – Dieu m’a inspiré, je suis pèlerin, peux-tu m’aider à aller à Arafat ?
La route fut longue. Mohand était bien accroché au dos du chien. Les moutons restaient assemblés, et récitaient à longueur de route la Fatiha. À l’arrivée, les animaux furent vite remis à leurs acquéreurs. Le hérisson passa sa journée à prier et à tenter d’écouter les prêches. L’imam prononça un long discours, qui subjugua le hérisson et enrichit ses connaissances. On repartit vers Mina, Mohand remonta sur le dos du chien qui ne se fit pas prier.
D’un peu partout Mohand entendait s’élever les ultimes « Dieu est grand » ou « Il n’est d’autre Dieu que Dieu », criés par les moutons heureux d’être sacrifiés et qui se terminaient dans des gargouillements de gorge tranchée. Mohand réussit à chiper sa part et mangea plus que raison. Le pèlerinage lui réussissait bien.
Arrivé devant les trois stèles représentant Satan, il s’appliqua à les lapider avec les petites pierres rapportées d’Arafat. Il posait un caillou sur le sol poussiéreux, et d’un coup sec le faisait voler vers les cibles maudites. Sept cailloux sur chaque. Il n’était pas très adroit, et finit par atteindre l’œil d’un imam qui passait devant. Une bousculade s’ensuivit. Mohand préféra se retirer, pendant que les disciples de l’imam le secouraient et invectivaient les autres pèlerins suspects de cette maladresse.
Autour de lui, de nombreux participants se faisaient raser la tête. Mohand ne pouvait pas se séparer de ses piquants, il en cassa un ou deux, estimant que c’était bien assez méritoire. Il fit une dernière fois le tour de la Kaaba, pensant au retour avec nostalgie. Il ne voulait pas retraverser le désert du Hedjaz. Et s’il tentait de passer la mer ? Le port de Djeddah n’était pas loin. Il voyait passer les caravanes, tout le monde se préparait au retour. Soudain, il reconnut un dromadaire, il fila vers lui, c’était son parrain. Celui-ci le toisa :
– Tiens, te revoilà, vil associationniste… – Que dis-tu ? – Notre maître est venu à la vraie foi, tu es un Infidèle qui associe Dieu à d’autres créatures. Tu as renié ta foi de Croyant…
Ainsi Macarios s’était converti à l’Islam.
– Heureusement qu’on a trouvé les rubans volés dans mes sacoches ! Macarios a été enchaîné et a compris où était la Vérité !
Le dromadaire était devenu un musulman aussi obtus que le chrétien qu’il était quelques jours auparavant. Il suivait son maître, et nul doute que toute la caravane l’avait imité.
Le hérisson fit preuve d’éloquence : il soutint au dromadaire que son baptême n’était pas valable car non sincère, qu’il avait dû se dissimuler pour pouvoir réaliser la grande obligation du hajj, que s’il n’était plus son parrain, il était maintenant son frère en religion, que c’était le mois du pèlerinage, qu’il devait l’aider, et tout ce qu’il voulait était rentrer chez lui. La caravane ne partait pas de suite vers l’Égypte, mais elle se dirigeait vers Djeddah. Mohand devrait reprendre le bateau ; il se souvenait de sa mésaventure d’Alger, et hésitait. Il finit par apprendre qu’un grand boutre, un baggalah, allait appareiller pour le port égyptien d’Al Qusayr. Il ne savait pas où c’était, sauf que la ville se trouvait de l’autre côté de la mer Rouge. L’équipage du navire était formé de grands hommes noirs. Comme si de rien n’était, il gravit la passerelle, et chercha à se dissimuler dans la cale.
Celle-ci était pleine de sacs dont émanaient de bonnes odeurs. Mohand avait faim, il aurait bien voulu déchirer l’un d’eux. Le bateau prit la mer, il sentit à nouveau les mouvements de roulis et de tangage. Il sortit de sa cachette. Il était encerclé. De nombreux yeux l’entouraient. Des rats, des dizaines de rats. Ils n’avaient pas l’air commode.
– Que fais-tu ici ? Tu n’es pas des nôtres, tu es sur notre territoire… – Je reviens de La Mecque, j’ai accompli le Saint Pèlerinage… – Nous ne te connaissons pas. Et si nous nous débarrassions de toi ? – Vous seriez maudits ! Dieu, créateur de toutes choses vous jugera et vous punira ! Pourquoi ne voyez-vous pas que je ne suis pas votre ennemi ?
Désespéré, Mohand citait des passages du Saint Qoran, leur promettait des bénédictions, leur parlait de leur salut. Les rats l’écoutaient.
– Les hommes qui conduisent ce bateau sont des ennemis ! Ce sont eux qui détiennent toute la nourriture. Ils vous détruisent quand ils le peuvent, et de plus : ce ne sont pas des musulmans ! Ce sont des chrétiens d’Abyssinie ! Ces noirs méritent la guerre sainte !
Les jeunes rats voulaient en découdre, les vieux tentèrent de freiner leur ardeur. L’enthousiasme l’emporta sur la sagesse et la guerre fut déclarée.
Voici donc le hérisson à la tête d’une sorte d’armée de rats, déterminés à fondre sur les noirs infidèles. Le plan de bataille est rapidement conçu : le tiers d’entre eux déchirera les sacs, fera des réserves de nourriture et pillera le chargement. Pendant ce temps, les autres, jouant sur la surprise, s’en prendront à l’équipage. Mohand, en bon général, montera sur le pont pour diriger les troupes.
Ainsi fut fait. Heureux d’avoir détourné de sa personne les mauvaises intentions des rats, Mohand était curieux de voir ce qu’allait donner cette bataille. Les animaux les plus agiles escaladèrent les gréements pour se laisser tomber sur les épaules des hommes d’équipage, tentant de leur mordre la nuque et le cou, les autres leur attaquaient les mollets, tâchant de remonter le long des cuisses pour dévorer les parties génitales. La surprise fut brève, l’équipage se ressaisit et se mit à chasser du pied tous ces rongeurs agressifs. Les Noirs s’armèrent de bâtons, de haches, et à grands coups entreprirent d’écraser la rébellion. Le pont et la cale furent bientôt couverts de cadavres écrabouillés. Mohand s’était caché près du bastingage, à proximité d’une ouverture donnant sur la mer. Un rescapé rampa vers lui, l’œil crevé et la patte arrière broyée.
– Nous avons pu en blesser certains et ouvrir quelques sacs dans la cale, pour sortir de quoi manger… Mais ils sont trop forts ! – Vous vous êtes bien battus ! Dieu connaît vos mérites !
D’un coup rapide d’épaule, Mohand jeta l’ultime survivant de sa milice à la mer.
– Que Dieu t’accueille dans son Paradis, ô martyr de la guerre sainte !
Un grand rire retentit. Un Noir robuste le souleva du pont.
– Regardez ! Un passager clandestin, qui nous aide à chasser les rats !
Et Mohand fut promu au rang de héros et de mascotte de l’équipage, passant de mains en mains. À l’arrivée en Égypte, il faussa compagnie discrètement aux Abyssins.
L’endroit était chaud et désertique, vers où devait-il aller ? Des caravanes étaient rassemblées. De toute la vitesse de ses petites pattes, il en rejoignit une. Un paisible méhari blanc lui confirma qu’il était en Égypte, qu’on était près de Louxor, et qu’en allant vers l’ouest on prendrait la route des oasis qui conduisait vers la Lybie. Mohand commença à prêcher, distribuant les plus grandes bénédictions. Les dromadaires s’assemblèrent en cercle pour l’écouter et acceptèrent de l’emmener.
Mohand fut malade à mourir. Aux étapes, Il était réduit à boire l’urine des dromadaires, car il n’y avait aucun point d’eau. Rien à manger avant Louxor, où il put se rafraîchir dans un canal d’irrigation. Il fallait continuer, arrivé à l’oasis de Kharga, il se laissa choir dans le sable. Il n’avait plus que les épines sur les os, était sec comme une butte d’argile. L’oasis était la bénédiction. Il but à se gonfler le ventre, trouva des insectes à dévorer. La caravane repartit sans lui. Dès qu’il fut un peu rétabli, il se prit à flâner, visiter les rues étroites des villages construits en terre, faisant connaissance avec les animaux sauvages et domestiques.
Mohand narrait son voyage, bénissait qui voulait bien, embellissait ses aventures, citait force fois le Saint Livre, donnait des conseils, répétant et interprétant ce qu’il avait entendu sur le chemin de La Mecque, lors des discussions, des prêches, des conférences. Il lassait parfois ses auditeurs. Cependant un jour, des alouettes vinrent lui demander conseil.
– Ma femelle a pondu dans le nid du voisin, et sa femelle a pondu dans le nôtre ! Comment faire pour nous y retrouver ! À qui seront les petits ?
Mohand se demandait comment on pouvait faire pour se tromper ainsi, il mit sa tête entre ses pattes :
– Allah a béni les oiseaux et leur perfection ! Ne salissez pas sa bénédiction par vos querelles ! L’oisillon qui n’est pas né est innocent des péchés du monde et ne connaît personne ! Que chacun couve les œufs dans le nid de son voisin un jour sur deux ! Ainsi chacun aura couvé sa progéniture. À l’éclosion, vous verrez bien à qui ressemblent les petits, et chacun retrouvera sa famille !
Le jour suivant, des fennecs voulurent savoir à qui appartenait un terrier délaissé depuis plusieurs lunes, il répondit :
– À celui qui en a le plus besoin, qui a le plus de petits à protéger !
Il dut bientôt faire le tour des villages, s’arrêtant au pied des barkanes ou des buttes de terre pour enseigner et départager. Un matin, un lion vint, accompagné d’un chevreau.
– Dis-nous, ce chevreau a bu dans ma source, et il l’a salie. Il savait bien que c’était celle de ma famille depuis toujours. – J’ai juste bu un peu. Et j’étais à l’autre bout, loin de l’endroit où les lions boivent, là où l’eau s’écoule vers les irrigations…
Le chevreau tremblait, le lion ne semblait pas disposé à transiger. Mohand avait peur de la colère du fauve, il demanda si une autre source était proche du lieu du délit. À quelques pas seulement, l’eau jaillissait entre des pierres.
– Le chevreau n’a pas respecté les usages, mais il ne voulait pas t’offenser. Je crois que tu peux lui dévorer une patte… – Et s’il meurt après ? – Alors tu pourras le dévorer entièrement.
Le lion rugit de bonheur.
– Voilà un bon jugement, frère hérisson. Ta sagesse est grande, je te promets ma protection, ainsi que celle de toute ma famille. Que personne n’ose te faire du tort, il aura affaire à nous ! Celui qui contestera tes jugements recevra notre visite !
Nanti d’un tel patronage, la notoriété de Mohand ne pouvait que croître. On va plus souvent voir le juge quand il siège à l’ombre d’un trône. Le hérisson dut officier presque tous les jours. On lui portait moult cadeaux. Les lions n’étaient pas les derniers à le solliciter. Au nom de leur nature carnivore, il leur donnait toujours raison et ils dévoraient joyeusement les gazelles, oryx ou autres gibiers qu’ils traînaient devant le tribunal de Mohand, certains de se goinfrer en pleine légalité et dans le respect de la Sunna d’Allah, le Grand et le Miséricordieux. Quand le hérisson était à court d’idées, ce qui arrivait souvent, il inventait des sourates, ou des coutumes de Médine devenues sources de droit. Il prit même des élèves, qu’il instruisait à sa façon. Il reçut dans son école une gazelle, une chèvre, un fennec, une hyène et un couple de bartavelles. Ces talibun étaient fort sérieux et attentifs à ses conférences.
Il était devenu gras et replet, se faisant bien à son état, quand il croisa un matin un chat des sables, épuisé et couvert de poussière.
– Frère hérisson, peux-tu m’aider ?
Mohand fut troublé en reconnaissant l’accent de la Djurdjura.
– Je viens de loin, j’ai parcouru une grande distance car je dois demander l’avis d’un grand savant, dont la réputation est venue jusqu’à Alger. Le connais-tu ? C’est un hérisson comme toi, il s’appelle Mohand…
Il était devenu une célébrité, un prophète dans son propre pays ! L’idée du retour le saisit. Revenir chez lui, revoir enfin son épouse, après des mois d’absence… Il demanda à ses élèves de prendre sa suite et prépara son départ. Il eut le temps d’entendre l’écho de leurs disputes, quand il quittait l’oasis perché sur un dromadaire blanc.
Il traversa ainsi le désert égyptien, de point d’eau en point d’eau jusqu’à Siwa. Les dromadaires faisaient cercle autour de lui à chaque étape et chaque arrivée dans une oasis était un triomphe ; le peuple des caméléons, des gerboises, des animaux du désert et des animaux d’élevage se pressait pour l’écouter et lui demander conseil.
Par des ibis de passage Mohand apprit qu’à Kharga, qu’il avait quittée quelques semaines plus tôt, ses élèves s’étaient déjà dispersés, créant chacun sa propre école de droit et revendiquant d’ouvrir un tribunal. La gazelle et la chèvre prétendirent ne plus donner systématiquement raison aux lions, créatures égales aux autres dans la Création, et partirent de leur côté. Elles se disputèrent sur la question de la préséance entre herbivores sauvages et domestiques et se séparèrent. L'hyène avait mordu la patte du fennec qui cherchait à faire reconnaître le droit des petits carnivores sur les charognes récentes. Quant aux oiseaux, ils s’étaient envolés dès que le ton avait monté, pour se réfugier sur une branche inaccessible. Devant cette anarchie, les lions cessèrent de soutenir la cour de justice animale et l’ancien désordre des choses fut rétabli.
Cela n’attrista pas Mohand, qui y trouvait la confirmation du caractère irremplaçable de sa présence comme guide spirituel de la gent animale. Il gagna en orgueil et poursuivit sa route libyenne. On lui fit l’honneur de la visite de la mosquée d’Awjila, guidé par un chacal et un fennec. D’oasis en oasis il atteignit la Régence de Tunis, puis Alger.
De sentir de nouveau les odeurs de son pays, il ne se sentit plus de joie. Il voulut fouler à nouveau les sentiers de la Djurdjura, demandant à ses admirateurs de le laisser un peu seul. Il planifiait déjà le règne qu’il allait établir, et répartissait dans sa tête les différents offices entre ses amis et les membres de sa famille. Il jugea bon de retrouver l'hyène qui était à l’origine de ses aventures, et lui avait permis ainsi de s’élever spirituellement et matériellement.
– Je lui confierai, si elle veut, à elle et sa famille, les fonctions de police. Elle sera ma hisba, et veillera au respect de la loi !
Dieu, le Miséricordieux, l’entendit et il reconnut au détour d’une piste de renard l'hyène en question. Il s’avança vers elle sans crainte :
– La paix sur toi, sœur hyène, me voilà de retour après un si long voyage ! – Je te vois bien gras, tu ne peux deviner à quel point je suis heureuse de te revoir.
En un bond, elle fut sur lui. Avant qu’il puisse seulement se mettre en boule, l'hyène l’avait déjà attrapé par le cou.
Ainsi finit la carrière de l’imam des animaux, dans le ventre d’une hyène affamée.
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