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Policier/Noir/Thriller
Pierrick : Anat
 Publié le 18/06/19  -  21 commentaires  -  8104 caractères  -  223 lectures    Autres textes du même auteur

"J’ai à peine eu le temps de sauter le parapet Saint-Jacques. Puis, j’ai couru comme un dératé jusqu’au passage Choiseul et j’ai sonné en continu chez Suzanne parce que j’avais oublié ma clef. Une chance, elle m’a ouvert tout de suite."


Anat


1


J’ai à peine eu le temps de sauter le parapet Saint-Jacques. Puis, j’ai couru comme un dératé jusqu’au passage Choiseul et j’ai sonné en continu chez Suzanne parce que j’avais oublié ma clef. Une chance, elle m’a ouvert tout de suite.

Je sais que les trois types enragés ne m’ont pas vu m’engouffrer dans le passage Choiseul. Oui, mais cela ne m’a pas empêché de pleurer tout en m’effondrant, épuisé, dans l’un des fauteuils rose du salon rococo.


Je n’ai presque pas eu besoin de parler à Suzanne. Elle a quasiment tout compris en une seconde et m’a seulement dit : « Fallait bien que ça arrive ! ». Puis, pour me détendre, elle m’a offert une liqueur de prune. Après, elle m’a dit en se faisant craquer les doigts que, si ça me rassurait, je pouvais dormir avec elle. Elle a même rajouté qu’elle attendait ça depuis pas mal de temps et là, j’ai vu un bout de sourire s’accrocher à ses lèvres. Pour me sortir un truc pareil après ce qu’il venait de m’arriver, c’est qu’elle ne se rendait pas bien compte de la situation. Alors, un peu méprisant mais surtout totalement perdu, j’ai haussé les épaules sans rien dire tandis que la liqueur de prune commençait à me trouer le ventre. Ensuite, je suis monté dans la chambre que Suzanne me loue depuis presque cinq mois. Juste avant, un peu gênée, elle m’a demandé ce que je comptais faire maintenant que j’étais repéré. Tout en me posant la question, elle se grattait vivement la paume de la main gauche. J’en ai déduit que son eczéma remettait ça.

D’une voix couverte, je lui ai répondu que j’irais sûrement voir la police le lendemain. Comme ça, je pourrais me vider de cette chose terrifiante qui me mangeait la tête depuis des semaines. Je lui ai dit aussi que je parlerais des trois cinglés qui avaient voulu m’exploser la gueule rue Saint-Jacques. Au moins, avec tout ça, les flics sauraient peut-être que je n’étais pas un mauvais type. Non, seulement quelqu’un de dépassé par les événements. Quelqu’un d’embourbé dans sa vie. J’ignore si c’est à force de parler de la police mais, soudain, j’ai vu Suzanne blêmir et ses yeux tomber dans le vide. On aurait dit une morte. Une morte debout avec un verre de liqueur à la main. J’ai trouvé qu’elle était belle comme ça, pétrifiée dans la lumière bleutée du salon. Puis, tout est rentré dans l’ordre très vite et je me suis rendu compte à cet instant-là qu’aucune peur ne m’avait effleuré pendant la brève absence de Suzanne. Là, j’ai compris d’un coup que je me détachais vraiment du monde et que seule Anat me remplissait. Anat. Ma respiration. Mon soleil noir. Mon tremblement honteux.


Enfin, tard dans la nuit et sans savoir pourquoi, je me suis glissé dans le lit de Suzanne. Elle sentait un peu la menthe et son ventre palpitait. Je ne l’ai pas touchée. J’en étais incapable. Cela ne m’a pas étonné plus que ça, non, mais ça m’a quand même foutu un coup. Je me suis senti soudain plus sale que d’habitude, plus enfermé que jamais dans ce grand rien qui m’est tombé dessus un jour de pluie, à treize heures dix, place des Oliveaux.

Je suis resté allongé un bon moment près de Suzanne. C’était un moment inutile et laid. Un moment que rendait encore plus hideux l’haleine fétide de cette femme qui dormait la bouche ouverte.


Voici onze semaines que cette chose ignoble me dévaste, me souille. Il m’arrive même de mordre violemment dans mon oreiller la nuit pour ne pas hurler. Un soir, tard, j’ai même failli accrocher un écriteau sur la porte de l’école Sainte-Geneviève. Écrire à la peinture noire sur une pancarte : « Je ne suis pas un salaud » était, bien sûr, une idée pathétique. J’ai même pensé que je devenais fou. Finalement, c’est peut-être ça qui m’a empêché d’agir. Puis, le regard perdu devant la seule photo que j’avais d’elle, je me suis dit que je devais me résoudre à perdre Anat et quitter cette ville au plus vite.


2


On ne lutte pas contre l’évidence. Enfin, pas longtemps. Quatre, cinq minutes, à peine plus. Après, on se ment. On poursuit un faux combat pour se donner bonne conscience. Une conscience qui prend l’eau de partout.

Vu l’étendue de ma honte ce jour-là place des Oliveaux, à treize heures dix, j’ai résisté pour de vrai un peu plus longtemps : quinze à vingt minutes. Bien sûr, comme tout le monde, après j’ai fait semblant de refuser l’inéluctable puis, passé quelques heures, j’ai jeté l’éponge de dégoût.

Pendant ce gros quart d’heure où j’étais encore propre, j’ai accusé le coup mais sans m’affoler. Disons que je me suis fait confiance. Oui, c’est ça. D’ailleurs, dès que j’ai vu Anat et malgré le choc, j’ai tourné les talons presque tout de suite. Puis, ne me retournant sur elle qu’une seule fois en moins d’une minute, je me suis réfugié au fond de la grande salle de la brasserie des Lilas, pas très loin de la place des Oliveaux. Là, j’ai respiré un grand coup et j’ai commencé à me parler en murmurant. Je m’insultais à voix basse, posément. Je répétais inlassablement les mêmes mots boueux, comme pour exorciser le mal qui venait d’entrer en moi devant l’école Sainte-Geneviève. Oui, pendant ces quinze à vingt minutes-là, j’ai combattu avec un calme rageur et une indéniable loyauté cette évidence : j’étais fasciné par une fillette de dix ou onze ans. Oui, terriblement troublé par cette petite fille en col Claudine et au regard lointain. Une petite fille au teint de neige dont je venais d’entendre résonner le prénom près de la grande porte verte de l’école. Sans me voir, Anat a semblé hésiter une ou deux secondes puis elle est restée là, debout sur le trottoir, avec un peu plus de lointain dans les yeux. C’est là que, bouleversé, je me suis élancé vers la brasserie des Lilas.


Depuis onze semaines, je ne vis que pour voir Anat. Même de loin. Même caché discrètement derrière les quelques arbustes du petit square Saint-Jacques. Là, il n’y a presque jamais personne excepté un type assommé d’alcool qui roupille sur le seul banc de ce square miteux.

Il m’arrive aussi, parfois, de suivre Anat à bonne distance après l’école. Je la suis avec toujours cette même torpeur du type qui ne comprend rien à ce qui lui arrive. Quand je la suis comme ça, pour rien, j’ai des larmes qui pleuvent jusque dans ma bouche. Chaque fois, je me dis que je vais consulter un psy et chaque fois, je ne consulte que Suzanne qui fait semblant de m’écouter en sirotant sa liqueur de prune.


Maintenant, depuis que ces trois tarés ont voulu me péter la gueule il y a deux jours, j’ai peur de tout. Je ne sors plus de chez Suzanne, même pour aller voir les flics. Non, je reste dans ma chambre à écouter Gainsbourg et Mozart en faisant des réussites sur le lit.

Anat me manque à hurler. Hier matin, contre trois bouteilles de prune, Suzanne a bien voulu accepter ma proposition : regarder la puce dans la cour de l’école pendant trois ou quatre jours. Par prudence, je lui ai demandé de l’observer, cette fois, depuis la rue Viarme. Puis, bien sûr, je lui ai présenté sa mission : me dire chaque jour avec précision comment Anat était coiffée, habillée, chaussée. Aussi me dire si elle riait dans la cour, jouait à « la balle au chasseur » et grignotait, entre quinze heures trois et quinze heures neuf, son petit pain au chocolat. Enfin, très important, me confirmer qu’un grand homme maigre portant un chapeau rouge l’attendait à la sortie de l’école.


Avant qu’elle ne s’en aille, je me suis soudain entendu dire à Suzanne qu’on pourrait emmener Anat quelques jours à la mer. Elle ne m’a rien répondu mais j’ai vu qu’elle se grattait la paume de la main gauche. Puis, un peu pâle, elle est sortie de la chambre. À son retour de la rue Viarme, presque détendue, elle m’a dit tout ce que je voulais savoir sur Anat. Ses réponses m’ont rassuré. Enfin, oui et non car j’ai, de nouveau, eu envie de mordre dans mon oreiller pour ne pas hurler. Hurler de ne pouvoir gommer cette gamine de ma vie ni, par peur, ne pouvoir être là-bas, à quelques mètres d’elle. Là, après un long silence avec du rien dedans, j’ai dit très calmement à Suzanne qu’on pourrait aussi emmener Anat en Toscane, là où la lumière coule comme de l’or.


 
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   Mokhtar   
22/5/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Ce texte a pour canevas le roman « Lolita » de Nabokov, sur lequel s’appuie le narrateur pour y projeter ses turpitudes pédophiles.

Ce narrateur c’est Humbert, Suzanne, c’est Charlotte Haze, qui lui loue une chambre, et dont le corps le dégoûte. Et l’homme au chapeau rouge, c’est peut-être Clare Quilty, le rival.

Quant à Anat, Lolita-Dolorès, j’ai cherché en vain la raison du choix de ce prénom. Rien de commun avec la déesse égyptienne. Peut-être un début de palindrome sur tanagra.

Ce texte a le mérite d’expliquer le processus qui conduit un homme à tomber amoureux d’une gamine. Car c’est d’amour qu’il s’agit, quoi qu’on en pense.

Cette attirance obsessionnelle le rend malheureux. Il est pris entre les interdits et sa passion pathologique. Et il a bien conscience qu’il a le mal en lui, puisqu'il s’en trouve souillé, honteux.

Ici, la Lolita est innocente, non provocatrice, vraiment enfant, contrairement à celle du roman. Et l’on ne peut qu’en conclure que le narrateur est dangereux. Puisqu’on peut craindre que ses pulsions l’emportent sur freins culturels.

Je ne suis pas sur d’avoir bien compris le comportement de Suzanne. Complice, parce qu’inactive, peut-être dans le désir malsain de recueillir des bribes de la passion du malade. Pas très nette, la dame, comme la mère de Lolita dans le roman.

Ce texte est très intéressant parce qu’il pose bien le problème de la pédophilie. Qui n’est pas que sexuel.

Et peut-être parce qu’il suggère le danger, pour des faibles en équilibre instable, de lectures comme celle du très beau roman de Nabokov (ou de certains titres de Gainsbourg, par ex.)

Mokhtar, en EL

   Corto   
22/5/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Sur la forme voici une fort belle nouvelle, aux descriptions précises, aux mots choisis.

Les événements s'enchaînent logiquement, les lieux sont mis en scène, au point qu'on a l'impression d'être aux côtés du personnage principal.

Dès le premier paragraphe le lecteur est capté par un rythme qui laisse peu de répit.
La technique de narration n'est guère mise en défaut tellement les détails sont concrets et crédibles avec des situations de grande tension qui frisent le drame.

Evidemment sur le choix du thème et donc sur le fond de l'histoire il y a de quoi frémir. Que peut-on dire sinon que le "je me dis que je vais consulter un psy" devrait d'urgence devenir une réalité. Oui il y a grande urgence à sauver l'enfant quand on lit "Depuis onze semaines, je ne vis que pour voir Anat".

On aura compris que "l'appréciation obligatoire" formulée ici s'adresse à l'auteur pour sa technique d'écriture.

   plumette   
23/5/2019
 a aimé ce texte 
Un peu
Pourquoi le narrateur est-il poursuivi par 3 types qui veulent lui casser la gueule?

A quelle époque se passe cette nouvelle?Il y a une piste; il écoute Gainsbourg, donc époque contemporaine, alors que Suzanne , son salon rococo et sa liqueur de prune m'évoquait une période beaucoup plus ancienne.

Le narrateur a des pulsions pédophiles? Est-ce que l'obsession pour une jeune fille pré-pubère de 11 ans telle qu'elle est décrite doit obligatoirement aiguiller le lecteur sur cette piste? Le sentiment fort de culpabilité et de souillure du narrateur e laisse entendre , encore que je me demande si quelqu'un qui est pris par ce genre de pulsions a toute cette conscience.

Avec cette nouvelle , je ne sais pas exactement où je suis, c'est cela qui me dérange.

Je suis bien certaine que l'auteur a voulu cette tonalité ambigüe mais il me manque quelque chose pour que cela fonctionne.

je suis donc "réservée"

Plumette

   Anonyme   
18/6/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Très bien décrit, à flux tendu,après, le personnage principal me débecte, je l’imagine avec une tête de caprin et un faciès momifié...

   poldutor   
18/6/2019
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour Pierrick,

Bizarre, bizarre, j'ose espérer que vous n'êtes que le narrateur de cette nouvelle qui me met mal à l'aise...
Un futur pédophile qui lutte contre son obsession, l'histoire ne dit pas s'il succombé.
Cette nouvelle est bien écrite,même si elle est longue à démarrer.
Je n'aime pas le thème.
Cordialement.
poldutor

   emju   
18/6/2019
 a aimé ce texte 
Pas
Je n'aime pas du tout le thème de cette nouvelle, à savoir la pédophilie ici naissante et réprimée par cet homme ; l'histoire aurait été plus jolie si cette "Anat" avait été sa fille qu'il ne voit plus suite à un divorce. Il la contemplerait dans cette cour d'école, avec amour et désespoir, comme un père éploré.

   Ynterr   
18/6/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément
Pierrick
J'ai réellement aimé lire ton texte. Le thème du désespoir d'un homme amoureux d'un enfant n'est pas un sujet simple, et dieu merci, tu n'as pas parlé de sexualité.
Alors certes, il y a encore quelques imperfections (comme le pic de violence avec la scène où ils dorment à deux, un peu trop innatendu.). Sans doute cette rudesse est faite pour s'opposer à la douceur que représente l'enfant. Mais ce rejet de la femme adulte aurait du plus se faire sur la longueur et en croissance, je trouve
Mais sinon je me suis totalement retrouvé dans ce texte extrêmement profond à mon goût, et j'ai grande hâte de te relire.

   hersen   
1/7/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un texte sur la pédophilie est très courageux. Ou inconscient ?

le texte est très bien écrit, le déroulement, le coup de foudre pour une fillette de dix ans, l'obsession qui s'ensuit.
l'auteur a choisi l'angle de la narration interne, on ne peut donc rien ignorer de ce qui se passe dans sa tête et ça fait froid dans le dos et c'est à gerber.
Ses explications lancinantes pour excuser tout, la montée en puissance d'un plan, une pauvre fille en mal d'amour qui se prête au jeu, qui se fait complice (sur ce point, j'ai vraiment du mal à le gober, mais il y a, et c'est effrayant, comme une forme de réalisme)

ce pédophile est donc poursuivi par trois hommes qui l'ont repéré pour ce qu'il est : un gros dégueulasse. je pense qu'il y a une sorte de complaisance, de jouissance, de sa part à se noyer dans ce qu'il appelle la souillure.
je crois que ce texte, en quelque sorte, explique un cheminement. On tremble pour la petite, on pense à toutes celles que l'on a retrouvées mi-enterrées dans les bois, et on pense, surtout, comment viennent ces pulsions ? qui sont vieilles comme le monde et qui ne sont un crime que depuis peu. On pense aussi à celles et ceux qui s'en rendent complices.
On pense à tous ceux qui perdurent, des crimes impunis et des enfants cassés pour la vie.

Cette nouvelle a le grand mérite de nous faire suivre la pensée d'un pédophile; mais sans savoir le crédit que je peux y accorder, et c'est là le gros problème. Donc, il me reste un gros malaise.
Alors, je n'aime pas du tout cette nouvelle qui pourtant est très bien écrite. Et, paradoxalement, c'est parce qu'elle est bien écrite, qu'elle me plonge dans la tête de ce mec, qu'elle me fait réagir.

Ma note me fait mal au ventre, mais elle correspond à ce que je reconnais du travail de l'auteur.

Edit : j'apprends, sur le fil que l'auteur a ouvert en discussion sur les récits, que ce texte en fait n'est pas une nouvelle, mais un chapitre de roman. Je regrette de l'apprendre un peu tard car une nouvelle est un genre particulier qui ne se lit pas comme un roman. Sans revenir sur mon commentaire et mon évaluation, ce fait brouille pour moi la perception des personnages de ce texte.

   Anonyme   
18/6/2019
Je trouve ce texte excellent. Evidemment, le sujet est très particulier, mais mon avis ne porte que sur l’aspect littéraire. Je l’ai lu ce midi, le relis ce soir et le trouve toujours aussi excellent. Malheureusement excellent, peut-être, mais excellent.

Si je le trouve excellent, c’est parce que je ne trouve rien à y ajouter ni rien à en ôter. Tout me semble être à sa place au bon moment, sans d’ailleurs qu’aucun effet particulier n’y participe.

Et pourtant, je vous avoue humblement qu’il me demeure très mystérieux. Je n’ai pas compris pourquoi les trois types voulaient casser la gueule du narrateur. Parce qu’ils l’ont vu rôder autour de la fillette ? Parce qu’il y a eu autre chose qui n’est pas dit ?
Qui est le type au chapeau rouge ?
Le personnage de Suzanne est très mystérieux, très intriguant. Je n’en sais pas assez pour percer ce mystère, mais, curieusement, je trouve que ce mystère ajoute à la qualité du texte et me satisfait très bien de ce mystère.

Je sais vous avoir déjà lu et commenté, mais je ne me rappelle pas vos autres textes. Je peux me tromper, mais il me semble que votre écriture a beaucoup évolué. Ou alors, un instant de grâce ?
Quoi qu’il en soit, bravo !

Question accessoire, probablement sans réelle importance : pourquoi le passage Choiseul ?

   Zorino   
18/6/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Pierrick,

Une histoire qui fait froid dans le dos et qui m'a mis très mal à l'aise surtout lorsque je suis arrivé à l’âge de la gamine. On sent cependant chez cet homme qu'il sait pertinemment être malade et qu'il voudrait se soigner, mais son plaisir et ses pulsions sont si forts à la vue de cette enfant qu'il préfère rester reclus dans sa bastille au point de se faire remarquer par 3 hommes qui veulent à juste raison lui tomber dessus et lui faire sa fête.

L'écriture est superbe, de la belle ouvrage. J'ai beaucoup aimé la manière dont vous avez traité ce sujet et la manière avec laquelle vous nous avez emmené vers l'ignominie. On est littéralement plongés dans la tête de cet homme qui nous raconte comment il a découvert sa pédophilie.
Je pense que cette nouvelle pourrait choquer les âmes très sensibles ou celles et ceux qui ont été touchés directement ou indirectement par cet acte odieux.

Merci pour le partage

   Donaldo75   
19/6/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonsoir Pierrick,

J'espère que tu ne vas pas retirer ce texte comme la dernière fois !
;)

Bon, plus sérieusement, je crois que cette nouvelle va faire couler de l'encre par le fond qu'elle véhicule et qui peut être interprétée différemment. Je le vois déjà aux différents commentaires qui l'accompagnent. Ceci étant dit, j'ai trouvé la narration très réussie, incarnée - ce qui est peut-être la raison de certaines questions de commentateurs - et supportée par un style indéniable. L'histoire est dérangeante - elle dérange même le personnage de Suzanne, ce qui est bien vu et très réaliste - et pose le débat comme un malaise.

Bravo !

Donaldo

   Anonyme   
19/6/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Je commente rarement des nouvelles, considérant que je ne suis pas en mesure " techniquement " de le faire.

Concernanr Anat, c'est l'exergue et le genre qui m'ont incité à lire et commenterce texte.
Ici, pas de chute inattendue ni coup de théâtre ; mais l'analyse d'un sujet très délicat, la pédophilie.

Evidemment on peut, au vu du sujet, rejeter d'emblée ce texte. Mais justement, au lieu d'émettre la sentence, il faut tenter de comprendre ce qu'il veut traduire.

Un homme s'éprend d'une gamine, mais de façon passionnelle. A aucun moment il n'est fait allusion à des pulsions sexuelles. Est-ce une recherche de la pureté en antagonisme avec cette femme à " l'haleine fétide " ?
Un amour platonique envers une enfant peut-il se concevoir ?
Je dois dire que j'ai pensé, après ma lecture, au film << Léon >> de Luc Besson, dans lequel le véritable fond est cette ambiguïté dans la relation entre Léon et Mathilda ; ce film a fait un carton au box office...
Je reviens au texte qui, à mon avis, relate la difficulté d'un homme à lutter contre ses démons.
Un texte fort bien conduit et qui mériterait un débat excessivement pointu sans a priori.
J'ai beaucoup aimé cette entreprise courageuse,

   Davide   
20/6/2019
Bonjour Pierrick,

Bon, je dois l'avouer, la lecture de ce texte m'a mis (très) mal à l'aise.
Par définition, l'émotion désigne quelque chose qui nous dérange intérieurement. Nul doute alors que ce texte a réussi son pari : j'ai été touché.
Touché par la détresse de cet homme, par toutes les pensées qui se bousculent dans sa tête, par ses peurs (intérieures et extérieures)...
...mais aussi par l'écriture haletante, par le suspense omniprésent.

Cependant, quelques "manques" m'empêchent d'apprécier hautement ce texte :
- l'identité (trop) inconnue du narrateur ;
- la raison pour laquelle ces "trois types enragés" lui cherchent des noises alors qu'il n'a - a priori - rien fait de mal ;
- puis sa fascination soudaine pour cette gamine : un coup de foudre "place des Oliveaux, à treize heures dix" ? Je n'y crois pas trop...
Il manque, à mon sens, un lien de complicité entre Anat et le narrateur ; complicité qui aurait été propice à la naissance en lui de cette "fascination" perverse.
De fait, j'aurais mieux compris une intrigue type le film "Les Chatouilles", où l'homme qui "tourne autour" de la petite fille est un ami de la famille.
Mais je comprends : ce n'est pas le sujet de cette nouvelle.

Aussi, je salue l'auteur(e) d'avoir réussi à traiter d'un sujet tabou, avec brio, avec intensité, sans clichés, et tout en restant dans le suggestif (finalement, rien n'est dit clairement).

Merci du partage,

Davide

   Seelie   
20/6/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai apprécié ce texte, principalement en seconde lecture.
La première était troublée par le réflexe du rejet du thème, rien d'original vu que ça a déjà été largement évoqué dans les premiers commentaires.
Dans une autre approche, j'y ai lu autre chose, j'y retrouve des hontes humaines. Ce terreau dans les bas-fond de chacun de nous, un lieu un peu craignos, bien caché, loin de la surface polissée que nous nous efforçons de présenter au monde. Si ce texte parle de pédophilie, il peut tout aussi bien nous ramener à d'autres faiblesses, pas plus choisies que celle-ci et tout aussi coupable. Les lâchetés, les haines, les coups bas, les hypocrisies, les besoin de séductions ... les dépendances de tous bord, les addictions plus ou moins légales ... bref, ces petits trucs qui nous rendent pas fière et dont on espère bien n'avoir jamais à les assumer au grand jour.
Nos obsessions insensées de noirceur et dont l'interdit moral ne suffit pas à nous détourner.
Voilà qui me parle, et ce texte en parle magnifiquement et avec une belle pudeur.
Ce qui me dérange, c'est que je ne comprends pas précisément le lien entre le narrateur et Anat. Je n'arrive pas à savoir s'il se connaissent ou s'il la découvre. Il s'agit peut-être tout simplement d'une méconnaissance de ma part du mécanisme de ce genre de pulsion, mais s'il a sa photo, ça implique une certaine familiarité qui ne colle pas avec la soudaineté de son trouble.
J'aimerais bien comprendre un peu mieux le rôle de l'homme au chapeau rouge, et comment le narrateur s'est fait agresser par trois hommes.
Bravo à l'auteur, une lecture qui force à la réflexion, habilée par une belle plume est une bonne lecture à mes yeux.

   Gyver   
20/6/2019
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour,
Comme d'autre j'ai été très mal à l'aise au fil de ma lecture.
Une lecture toutefois rendue facile par la qualité d'écriture, le déroulement de la nouvelle bien construit, le truc qui fait qu'on va jusqu'au bout sans rien lâcher...
J'avais hâte d'en finir aussi, d'en connaître le dénouement, tout en lisant j'espérais quelque part que la fin nous conterait le désarroi d'un père qui pour une raison expliquée ou même simplement suggérée, nous ferait comprendre l'impossibilité de s'approcher d'Anat, de sa fille ...
Est ce que la fin me permet de rester dans ce que j'en attendais ?
Mon appréciation sur ce texte est donc confuse, même si je me dis que le pire étant possible, cela n'enlève rien à la qualité du texte.
Je n'aurais pas été capable d'écrire ça...
A vous lire sur d'autres idées ^^

   ClaireDePlume   
21/6/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Avec ce texte plein de noirceur et de dureté, vous nous faites entrer de plein fouet dans l'imaginaire torturé et désaxé d'un homme "border-line" qui sait ce qui lui arrive mais ne trouve pas le chemin de la sortie. Quelle sortie d'ailleurs ? Le passage à l'acte, horrible et indicible ? La reddition, en se tournant vers les autorités pour être enfin arrêté dans son délire ?

Une question me vient après plusieurs lectures : comme Plumette, je me demande pourquoi le narrateur évoque la course poursuite engagée avec les "trois types enragés". Vous y revenez ensuite en parlant des "trois cinglés" sans nous donner plus de détails. Qui sont-ils ? Des justiciers de l'ombre ? Des "concurrents" de voyeurisme ? Je ne m'étais pas penchée sur la question à première lecture puis ces personnages à peine esquissés sont revenus à moi et je me suis dit qu'ils avaient peut-être un rôle à jouer.

Plus loin dans le texte, marqué au fer rouge par une détresse profonde et un sentiment de culpabilité de plus en plus envahissant, l'homme choisit le voyeurisme par procuration en "épousant" la perversité d'une femme qui se fait sa complice. Lequel de ces deux personnages est le pire alors ? La question reste ouverte.

Cher auteur, vous nous malmenez avec ce texte écrit au cordeau. Vous ne nous épargnez rien et c'est ce qui fait la force de votre texte.

Nos émotions traversent des zones de turbulence dont il n'est pas toujours facile de s'extraire indemne, que ces émotions soient lumineuses et porteuses de vie, ou, comme ici, qu'elles nous amènent à friser la nausée, le dégoût. Et puis il y cette ambivalence des sentiments portés à l'enfant dans laquelle se noie le narrateur et qui l'humaniserait presque... Je dis bien presque.

Je suis ici admirative de votre audace à traiter d'un sujet complexe et "questionnant", voire dérangeant.

   STEPHANIE90   
22/6/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Pierrick,

un sujet tabou que vous avez osé aborder. Je vous en félicite, personnellement, je n'aurais pas su, surtout l'aborder sous cet angle psychologique.
Votre écriture est remarquable, néanmoins quelques petites choses viennent gêner ma compréhension. Du coup, je reste frustrer à la fin de ma lecture.
Trop de non-dit "la relation entre cet homme et cette Suzanne" a qui il va proposer de partir quelques jours voir plus en Toscane, la rendant complice de ces actes ; "qui sont ces trois tarés" > Des pères ayant remarqués le manège ? ; et que vient faire cet homme au chapeau rouge ??? >Je ne vois pas quel utilité de le faire apparaître dans votre nouvelle. Un père avec un chapeau rouge me paraît hors contexte et tellement improbable, idem pour un grand-père. Cela entraîne des questions sans réponse. Et cela me dérange personnellement beaucoup.
Néanmoins, j'ai prit le temps de vous lire deux fois, donc j'ai aimé cette nouvelle.

Merci pour la lecture,
StéphaNIe

   Anonyme   
26/6/2019
 a aimé ce texte 
Vraiment pas ↑
C'est le type même de littérature que je n'aime pas du tout. Le côté voyeur, sous prétexte de s'intéresser à l'humain– aussi bien des auteurs que du lectorat friands de ce genre de récits – a quelque chose de malsain qui me dérange énormément.

   senglar   
27/6/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Pierrick,


Comment ne pas penser qu'on assiste là à un préquel de "L'Ogre des Ardennes", à la genèse d'un couple assassin tel que celui constitué par Michel Fourniret et Monique Olivier. Encore que l'on ait appris depuis que la femme sous influence était peut-être le catalyseur de la descente pédophile aux enfers de son conjoint.

Ici rien n'est fait encore, le pédophile présumé se cherche de bonnes raisons (mauvaises raisons ?) de ne pas être le pervers que la société et la morale réprouvent. Il en est encore à la phase "amour pur" ; peut-il y avoir amour pur quand l'innocence est en jeu, quand on contrevient aux codes. Après, forcément, quand on aura dérapé, il faudra supprimer l'objet de sa faute, le sujet, le corps du délit pour échapper à la punition sociétale. Il faudra assassiner.

Tout ceci est laissé en suspens ici mais les prémices (orthographe à vérifier) en sont terriblement présentes.

Cette nouvelle noire est très bien menée qui mène à l'indicible, pain béni des hebdomadaires de faits divers tel "Détective" mais que toute la presse traite généreusement. Je vois que tu as dit "malsain" Cat, tu n'as certes pas tort... maiiis le tabou, le silence seraient pires. En ce sens le récit de Pierrick est un exorcisme. Bravo en tout cas d'aller à contresens de la presse à sensations :)


Senglar

   Annick   
3/7/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Que dire ? Si le personnage principal n'avait pas eu cette manière de parler familière, enfin nature d'un type lambda, j'aurais pu croire qu'il s'agissait d'un prêtre tant son introspection est empreinte de pureté et sa culpabilité infinie, (mais je n'ai pas dit que tous les prêtres étaient purs)... C'est un combat entre ses pulsions, cette passion dévorante (je ne parlerai pas d'amour), et cette volonté de s'auto-flageller pour essayer de comprendre ce qui lui arrive, et de sortir de cet enfer.
En tout cas le comportement de Suzanne m'interpelle, car elle est passive, soumise. Elle pourrait être la garante d'une certaine morale, enfin essayer au moins. Rien de tout ça. Elle me paraît plus glauque que lui.

Est-ce qu'on peut écrire sur tout ? Oui et non. Cela dépend de l'intention de l'auteur. Ici, il n'y ni appel au meurtre, ni à la pédophilie. Cependant, on peut se poser la question de savoir si certains lecteurs à la personnalité fragile ne pourraient pas être influencés et s'identifier au personnage principal ?

Pour mémoire, certains pamphlets de Céline ont été interdits..... Mais justement, la visée, l'intention, (que j'évoquais plus haut) n'est pas la même que dans cette nouvelle. Ici, le personnage se raconte. C'est tout. Et surtout, il apparaît comme quelqu'un qui est un malade (pur) et non un malade pervers.
J'aimerais en savoir plus sur ce personnage et en même temps, c'est un sujet qui me touche trop pour que je puisse en lire plus. J'ai trop peur pour la petite fille, de ce qui pourrait lui arriver...
Ce genre de nouvelle n'est pas pour moi.

Vous avez osé aborder un sujet plus que brûlant et vous l'avez fait avec talent.

   Tiramisu   
24/10/2019
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,

C'est bien écrit, sans aucun doute.

Le tourment du narrateur est plutôt bien rendu. Une forme de suspense nous tient en haleine au début. Le narrateur est en proie à des émotions violentes. Cette pulsion extrême et difficilement maitrisable qui le pousse vers cette enfant est très bien exprimée. Il ne peut se confier à personne sauf à Suzanne, à la fois mère, à la fois amante, elle même est trouble. Tout est trouble.

Je reste sur ma faim, car il n'y a pas réellement de chute, et même le texte en lui même manque de développement. Anat lui tombe ainsi dessus, ou bien, a-t-il déjà connu ce tourment ? Qui sont ces trois agresseurs ?

Merci pour cette lecture.


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