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Asrya
20/12/2017
a aimé ce texte
Un peu ↓
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J'ai eu beaucoup de mal à visualiser la scène. L'ensemble des scènes.
Le narrateur déjà, le père ou le vagabond ? On ne cerne pas le personnage de suite et du coup... pour s'identifier... c'est un peu compliqué. J'ai peut-être loupé quelque chose au cours de mes lectures (à plusieurs reprises cela m'étonnerait mais... rien est impossible). Je n'ai pas compris la succession de prénoms ; parfois Jean, Frédéric, Victor, Romain ? La signification de tout ça m'a complétement échappé. Et comme cela est présent au début et à la fin du récit, cela me paraît avoir une importance. J'ai bien aimé l'écriture (lors de mes lectures suivantes). Dans l'ensemble, les phrases sont agréables et le rythme l'est tout autant. Mais alors... pourquoi est-ce que je me retrouve aussi réservé face à cet écrit, je n'en sais strictement rien... Je pense que cela réside principalement dans mon "incompréhension" de l'ensemble de votre nouvelle, les liens entre vos personnages et Laurent, tout cela me paraît très flou alors que vous en parlez tout le temps ! C'est perturbant. Alors... peut-être que si j'avais les explications de l'auteur, j'arriverais mieux à cerner l'ambiance générale et apprécier l'oeuvre qui me paraît tout à fait louable et de qualité. Malheureusement, telle quelle, je reste trop en retrait de votre écrit ; cela me désole. Merci pour le partage, Au plaisir de vous lire à nouveau, Asrya. |
Thimul
23/12/2017
a aimé ce texte
Passionnément ↑
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Ce texte m'a pris aux tripes.
Je le trouve extrêmement bien écrit et bouleversant. Vous parlez de la douleur de l'absence avec un très grand talent. Chaque image qui m'était envoyée faisiat mouche. Parmis toutes les phrases qui m'ont remué, j'en cite quelques unes : "J'ai envie de les agripper, de les secouer et de leur faire cracher les morceaux de toi qu'ils ont avalés." "Elle (la douleur) hurle tout la nuit et empêche même les rats de dormir." "La colère me saisit de ses dix mains – je hurle. " J'ai passé un moment de lecture assez rare je dois dire. |
plumette
23/12/2017
a aimé ce texte
Un peu ↑
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un texte à deux voix qui n'a pas réussi à me capter jusqu'au bout.
je crois que je n'ai pas vraiment réussi à comprendre ce qui se passe à la fin lorsque c'est un narrateur observateur qui reprend la parole. Les deux voix ne se distinguent pas toujours assez nettement: celle du vagabond et celle de l'homme endeuillé, deux solitudes qui deviennent nécessaires l'une à l'autre. L'idée est belle, j'ai senti une progression dans la rencontre muette, c'est surtout le vagabond qui arrive à capter la douleur de l'homme qui vient contempler la Seine pour y dissoudre son chagrin. Mais je crois que j'aurais aimé en savoir plus sur l'un et sur l'autre, que l'histoire s'anime et sorte de cette pure contemplation. L'écriture est de qualité. Peut-être qu'aujourd'hui j'avais besoin de lire quelque chose de plus gai ou de plus exotique! Bonne continuation Plumette |
Louis
10/1/2018
a aimé ce texte
Beaucoup
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Le narrateur erre à « la poursuite de son ombre », et ce reflet de lui-même, ce double, il finira par le trouver sur les bords de la Seine.
Il se révèle un homme pluriel, aux identités multiples, et se nomme « Jean, Frédéric, parfois Victor ; avec les filles, c’est plutôt Romain ». Il se dédouble, en jouant des rôles, fait ainsi semblant d’être un autre : « Dans la rue, pour les passants, je fais des imitations ». Il adopte diverses identités pour les autres, mais l’objet de sa quête, c’est lui-même, c’est son autre qui est le même. Il marche sans cesse, marche vers lui-même, dans une déambulation incessante : « Je marche depuis toujours ». Depuis qu’une rupture s’est produite dans son histoire personnelle, depuis qu’une fracture l’a divisé, l’a dissocié de lui-même ; depuis qu’il est un homme brisé. Cette part de son histoire qui a précédé la fracture, il l’a refoulé, elle est un grand blanc, un grand vide : « Ce qu’il y avait avant n’existe plus » En marche, dans un vagabondage, il avance sur une voie en quête d’unité, celle qui mettra fin à son déchirement, à cette insupportable scission intérieure ; une voie dans laquelle il se retrouvera, en retrouvant son histoire, et une possibilité de vivre. Cette fêlure en lui se révèle dans une absence, un vide qui s’insinue entre lui et lui-même. L’absence porte un nom, auquel le narrateur s’adresse, elle porte le nom de son fils disparu, de celui qui s’appelait Laurent. Il lui parle, en fait son allocutaire pour essayer de le rendre présent. Son absence a tout changé : « Tu sais, Laurent le quartier sans toi n’est plus le même ». Tout a changé depuis cette absence, et lui-même a changé, il n’est plus celui qu’il était. L’absence du fils est le début de son errance. Cette absence le brise, le « casse » : « Alors, je me casse, comme t’aurais dit ». Cassure avec sa vie d’avant, avec son quartier, son métier, sa vie sédentaire, Le souvenir de son fils l’entraîne sur les quais de la Seine. C’est là qu’il le retrouve dans son absence, c’est là qu’il le retrouve dans ce qui le dérobe à la vie. On comprend que ce fils a disparu dans le fleuve : « Elle t’a emporté, la Seine » On ne saura pas exactement la cause de sa disparition, tout semble indiquer que Laurent a volontairement mis fin à ses jours. Le fleuve est identifié au temps qui passe, et qui emporte tout : il a emporté son fils, emporté son couple, emporté son passé. Le vagabond rencontré, son double, vit au bord de la Seine, sous les ponts. Il fabrique des « cendriers » : urnes dans lesquelles on recueille la cendre des cigarettes, la cendre des vies qui se consument. Urnes dans lesquelles on recueille un temps mort, urnes qui matérialisent la fin d’un voyage ( les cendriers sont réalisés avec des tickets de métro usagés), horloges mortes du temps. « Des cendriers pour voyage » : d’une mort à une autre. Voyage immobile. Mouvement entre deux arrêts de mort. Voyage circulaire, on en revient toujours là, au bord de la Seine. Au bord du temps qui emporte tout. Le narrateur est un horloger. Il ne s’occupe plus des montres « vivantes » depuis la disparition de son fils, mais de ces montres mortes, que sont les cendriers qui ne mesurent que des pertes ; il s'en occupe à travers son double, le vagabond. Pourtant, « coule la Seine » et les jours passent, et le temps passe : « Alors les jours passent, et je suis encore là » Là, au même endroit, avec la même douleur, avec le même souvenir d’un fils qui n’est plus, la mémoire d’un couple brisé : « Ta mère ne s’en est pas remise » Il donne une vie, un passé, une histoire au vagabond : il se réinvente une vie, il se reconstruit dans ce double : « Je fais vivre tous les passés du vagabond (…) Je lui recouds des vies ». Mais à travers ces vies, c’est la sienne propre qui est recherchée : « Là, au fond de ce regard qui parfois se pose sur moi, je lis une autre histoire qui semble être la mienne ». Le vagabond est bien un double, une image objectivée du narrateur, son reflet et son miroir. Le narrateur a besoin de passer par l’extériorité pour se retrouver lui-même, il a besoin de ce détour par une altérité. Il lui faut retrouver ses souvenirs enfouis, refoulés, pour accomplir le « travail du deuil ». Le vagabond favorise la remontée à la conscience de son passé : « Le regard de l’homme fait remonter des souvenirs vieux comme les ponts. Je vois toute la Seine s’y déverser et à la surface, le reflet d’un visage qui me semble familier ». Il favorise l’accès à une parole qui comble le blanc de son histoire douloureuse. Par sa présence, le narrateur se raconte, alors qu'il avait auparavant fait ce constat : « Je fais du bruit mais jamais je ne me raconte ». Le texte est tout entier l’accès à la parole, la verbalisation d’un évènement refoulé, insupportable. Le vagabond, le double, ne dit pas un mot. Pas de conversation avec lui. Mais il est celui par qui la parole libératrice advient : « Et je vomis tous les mots que l’homme ne prononce pas », et les hurlements qui expriment, manifestent et libèrent une douleur trop longtemps contenue. Le vagabond lui permettra de « faire son deuil », ce deuil qui lui permettra de continuer à vivre malgré tout, sans rien oublier, mais à vivre : « Il va vivre – l’homme et son chagrin l’ont bousculé hors de son hébétude, l’ont expulsé de sa théâtrale indifférence ». Le narrateur est ainsi sorti de la dénégation du drame, sorti de son attitude de « divertissement » par laquelle il se détournait d’une réalité trop douloureuse, mais aussi de l’éclatement de sa personnalité qui en était la conséquence. Le récit se termine quand le vagabond donne au narrateur une montre à la place d’une cigarette, qui brûle si vite, brûle de « colère » pour ne laisser que des cendres. Retrouver la montre, c’est retrouver le temps vivant : « son tic-tac régulier sonne comme un rappel à l’ordre, comme un appel venu du lointain de la vie, comme un rappel à l’amour ». Le narrateur sait désormais que Jean, Frédéric, Victor et Romain ne font plus qu’un, ne font plus qu’un aussi avec le vagabond. Travail du deuil effectué, la vie sera de nouveau possible, l’amour aussi. Ainsi : « Les jours s’en vont je demeure ». Un texte poignant sur le travail du deuil d’un père après la perte de son fils. |