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Aventure/Epopée
placebo : Sibérie (voyage initiatique en 8 exercices de genre ou de style)
 Publié le 09/05/10  -  17 commentaires  -  18209 caractères  -  182 lectures    Autres textes du même auteur

Dans cette nouvelle, vous trouverez : différents exercices de style, de l'humour (lourd), un voyage extérieur et intérieur et un peu de Sibérie. Mais pas trop.


Sibérie (voyage initiatique en 8 exercices de genre ou de style)


Tuu Tuu... Ceci est un voyage initiatique. Tous les voyageurs n'ayant pas validé leur billet pour un texte long, lourd et ennuyeux sont invités à descendre du train. Merci de votre compréhension.


Ça commence mal. J'arrive pas à me concentrer sur les mots. Ça bute. C'est moche. C'est pas du tout ce que je veux dire. Il y a peut-être un lien avec les filles. Tu en penses quoi ?… Rien évidemment. Tu as quel âge au fait ? Trois ans ? Genre... Te cache pas derrière ton pouce, tu vas me faire pleurer. Je t'emmène où déjà aujourd'hui ? Le centre aéré ? Allez, c'est parti mon kiki.


Le type là-bas c'est moi. Le grand brun maigre. Pratiques ces miroirs déformants. Ok je suis petit et gros ça vous pose un problème ? Mon job de toute façon c'est d'emmener des gamins petits, gros et moches depuis leur maison jusqu'à leur centre aéré, leurs grands-parents, ceux à qui on veut les refiler pour la journée quoi. Je ne pose pas de questions, je conduis bien et vite, et j'ai l'air intelligent : ça plaît aux mères. Évidemment elles préféreraient pour beaucoup une zolie zeune fille qui étudie très dur à la fac et qui a besoin de sous-sous et qui s'entend hyper super avec leur bébé baveux. Mais bon c'est comme ça je suis un mec et j'arrive à décrocher quelques contrats.



À mes heures perdues, bien que j'aie l'impression d'être toujours en train de perdre mon temps, je suis aussi écrivain. Mon rêve, c'est de voyager. Comme je n'ai pas de fric, j'espère pouvoir voyager avec les livres. Un ersatz quoi. Et c'est pas ces mioches qui me font rêver au quotidien. Ma claque moi des hurlements en tout genre, de la purée dans les cheveux quand c'est pas dans les yeux... heureusement que je porte des lunettes, et depuis une semaine je viens en blouse blanche. En plus les bébés ont peur du docteur je suis tranquille maintenant hin hin.


Ces saloperies sont en train de me bouffer le cerveau, je cauchemarde chaque nuit maintenant avec des bébés géants qui pendent par les pieds et qui me plongent dans la cuvette des WC. Je craque... il me faut des vacances. Je m'approche de mon agence de voyages préférée. Vous avez quoi de nouveau sur les rails ? Voyage au bout de la nuit ? Ça a l'air cool. Bon, je le prends ; à la prochaine m'dame !

Réveille-matin, 12 heures, je me réveille comme une fleur. Comme un pissenlit dans un champ de géraniums. Ça vous parle pas comme image ? Moi si... marre de jouer à la mauvaise herbe. Bon c'est pas tout ça, mais si aujourd'hui rien ne se passe, je fous vraiment le camp. Vraiment. Attention Marie-Grégoire tu m'écoutes ? Ça va mal aller si tu ne fais pas ce que je te dis !


***


‒ Et vous faites quoi dans la vie ?

‒ Heu je m'occupe de bébés, je les accompagne chez eux si vous voyez ce que je veux dire. Ils sont adorables. Regardez j'ai des photos, ils sont pas mignons ? Vous aimez les enfants vous ?

‒ C'est une technique de drague ?

‒ Non, c'est un métier à la con. Ça vous pose problème ?

‒ Pas vraiment. Pourquoi est-ce que vous partez en Sibérie ?

‒ L'attrait des grands espaces blancs, l'envie de rencontrer des gens et de me balader avec des chiens de traîneau, de pêcher le phoque... tout quoi !

‒ Vous ne confondez pas avec les Inuits vous par hasard ? En Russie il n'y a ni traîneau ni phoque.

‒ V... vous êtes sûre ? Ils font comment alors les gens pour se déplacer ?

‒ Ils ne se déplacent pas. Ils restent toute leur vie dans leur maison, et ils mangent des racines. Une fois par semaine ils coupent du bois pour le feu et vont chercher de la neige pour avoir de l'eau. Ils ne vous l'ont pas dit dans votre agence de voyages ? Au fait, c'est quoi ce gémissement ? Ça vient de ce panier... Laissez-moi regarder, poussez-vous ! Un... un bébé ! Mais vous avez quel âge ? Il est à vous ? Et vous allez en Sibérie ??? Police !!!


***


Chère maman,


Mon voyage a très bien commencé. Le trajet dans le train a été rapide, et j'ai trouvé sur place des personnes absolument charmantes, deux Français en plus, une femme et son bébé de trois ans. Nous avons décidé de continuer la route ensemble. La mère ne parle pas beaucoup, mais elle semble m'apprécier. Elle est un peu bizarre par contre, elle se promène toujours avec un Scotch sur la bouche par exemple (je te dis ça pour que la photo que je t'ai envoyée ne te fasse pas peur). J'ai loué une voiture (oui, elle aime bien voyager dans le coffre en plus et attachée, je me demande si elle n'est pas un peu maso) et je me rends immédiatement en Sibérie, j'ai déjà fait le plein de matériel. Ne t'inquiète pas pour moi, tout se passe à merveille.


Ton fils adoré qui t'embrasse fort.


***


Un vent frais et enivrant caresse mes longs cheveux bruns.

Un vent frais et odorant caresse mes longs cheveux bruns.

Un vent frais et odorant agite mes longs cheveux marron.

Un vent glacial et odorant ébouriffe mes cheveux marron et filasse.

Une bourrasque glaciale apportant à mes narines une odeur de mazout soulève mon cœur et quelques mèches des lambeaux filasse, gras et marron qui me servent de cheveux.


Bienvenue en Sibérie, où tout est poésie.


***


Une étape. C'est ainsi que l'on nomme un arrêt. N'importe quel arrêt. Comme celui le long d'une falaise uniquement retenu par son froc par exemple.


Je vois tout : la vallée en bas avec sa petite cascade et ses gros rochers, les milans devant mes yeux qui poussent de brefs cris en battant longuement des ailes et la fille au-dessus de moi. Elle, c'est personne. Pas besoin de la décrire. À la limite, je peux dire qu'elle tient entre ses mains un entrelacement de fibres de chanvre râpeuses : une corde de montagnard. Il serait intéressant de savoir pourquoi elle me sauve la vie. J'ai peut-être une réponse : j'ai celle de Marie-Grégoire entre mes mains. Je l'appelle bébé pour une bonne raison : il est fils d'un pygmée et d'une blanche naine. Alors il tient dans un berceau à trois ans. Ou dans mon sac à dos, c'est pratique pour le transporter. J'espère qu'il ne s'est pas cogné la tête.


Comment elle a fait pour se libérer ? Mystère, j'éclaircirai ça plus tard. J'ai, bien sûr, grande confiance dans les vêtements fabriqués pour un coût de un euro par des Chinois payés au lance-pierre avec du coton américain tissé au Vietnam, mais si l'une des 45 entreprises qui ont participé à la fabrication de mon pantalon a fait du mauvais boulot, dois-je commencer à avoir peur ? Ça y est, je suis mort de trouille. Il serait peut-être temps d'agir avant que mon froc, voire ma vessie, lâche. J'aimerais pouvoir dire qu'il m'a fallu sauter de deux mètres pour attraper la corde. En fait elle me chatouille le nez.


Alors je m'agrippe et je grimpe, plus mauvais qu'un élève de sixième en surpoids avec les mains qui transpirent. Je me demande même si je ne suis pas en train de descendre. J'entends des cris en russe, et finalement la corde s'élève toute seule et je me retrouve sur le promontoire, même pas essoufflé.



Une claque. On aurait pu s'y attendre. Finalement je vais la décrire, parce qu'elle est jolie. Sa tête est une sucette, son corps un Kinder Bueno, ses cheveux de la barbe à papa, ses jambes de la réglisse. J'avoue qu'il me prend l'envie de la croquer un peu. Alors la nuit je noircis des pages au crayon. J'ai déjà terminé mon premier carnet.


J'ai ensuite droit à une grande leçon de psychologie féminine. C'est-à-dire que je me vois expliquer en moins de dix minutes à la fois ce que je pense, ce que les femmes pensent, ce que je dois penser, faire, et ne pas faire. Je me demande même si elle n'a pas mis neuf minutes seulement. En tout cas je ne dois pas toucher au bébé, par contre j'ai le droit de la kidnapper. Je peux lui faire des compliments, pas des mains au cul. Je peux chanter dans la voiture mais pas crier. Je dois faire la lessive, mais pas la cuisine. C'est charmant. Vraiment. J'ai l'impression d'être marié.



Finalement on repart, l'étape a été brève. On se trouve déjà à plusieurs milliers de kilomètres de la frontière russe. J'ai laissé mon amie remonter dans le coffre, elle a accepté. Comme quoi la psychologie... La route est monotone, c'est-à-dire qu'il y a une bifurcation tous les dix kilomètres et un village tous les cent. Je parle un peu.


‒ Tu te sens bien ? Pas trop serrée ?

‒ J'ai tes chaussures de marche qui me rentrent dans le cul si c'est ce que tu demandes.


Là je laisse passer une bonne heure. Sinon je n'aurai plus rien à dire au bout de deux jours. Il ne nous en reste plus que 16 avant la fin du voyage. On va où déjà ?


‒ Et tu as un endroit où loger ?

‒ J'ai ma maison. Un chalet au fond des bois.


Parfait. Cette nuit je vais la fouiller pour prendre les clés et trouver l'adresse. Je sens quelque chose s'agiter derrière moi. Je me retourne : elle a réussi à extirper de sa poche un trousseau de clés.


‒ Tu continues tout droit pendant 3 000 kilomètres et je te guide après. Si t'es fatigué je peux conduire.


Je ne dis rien. À côté de moi, il y a un bébé. Derrière moi une femme qui m'offre sa maison. Devant moi... une route moche et sale. C'est pas grave. Au bout il y a un avenir radieux. Ah non, le bébé se met à hurler. C'était trop beau...


***


Entre les arbres enneigés, la nuit est comme une encre étalée sur le ciel. Seules subsistent quelques étoiles, leur lueur est faible, mais elles sont des milliers. Au sol, on peut voir grâce au clair de quart-de-lune des empreintes laissées par les animaux. Elles nous rappellent la présence de la vie dans cette contrée hostile. Les sapins sont maigres, et ils ressemblent à des pins. Depuis cette petite butte, j'aperçois notre chalet au loin.


Il fait froid, glacial même. Le vent rentre par le col de mon manteau et je frissonne. Au fond de ma poche, j'enfouis mes mains durcies et abîmées par le gel. Les poils de mon pantalon en daim chatouillent mes cuisses. Mes bottes me font mal aux pieds, elles sont une pointure trop petite et j'ai marché avec toute la journée. Mes yeux pleurent, mes oreilles se détachent, je tombe sur le sol et ne fais plus qu'un avec la nature.


Une odeur de bois, de conifère, âpre et entêtante. Souvenir olfactif de mon enfance à chasser les papillons en haute montagne. Des flocons entrent dans mes narines, j'ai dans ma tête un mélange de pluie, de pierre et de mousse. Il y a un changement. Du... de la fumée. Puis un ensemble délicat de rose et d'autres fleurs dont j'ignore le nom. J'inspire profondément. C'est si doux et si fort à la fois, ça prend au cœur et aux poumons.


Du pain d'épice. Consistance moelleuse, mais surtout saveur complexe. Mélange de miel et, oui, c'est con de le dire, et de soleil. Cette montagne où tout a un goût magique. Les doigts de Sophie introduisent un morceau de pain d'épice dans ma bouche, ils sentent la fraise. À moins que ce ne soit sa bouche ? Et cette odeur de plantes ? Du thé. Ça y est, je suis retourné en Chine, ce pays imaginaire et lointain où deux enfants mâchonnent longuement un brin d'herbe.


Le bruit du vent me berce. Il n'est pas constant ni rassurant, mais le son atténué indique qu'on est à l'abri. Des bottes claquent et ce gémissement retenu du plancher indique que c'est une femme. Elles marchent si légèrement. Comme... oui, comme mon amour d'autrefois qui faisait bruire sa robe en tournoyant. Ce crépitement... du feu. Aucun doute ; il m'a toujours réconforté. Bien sûr que j'ai été triste cet hiver-là sans elle. Des reniflements. Des sanglots ?


Ça y est, je pleure enfin ma joie perdue et retrouvée.


***


18 Mars


RAS. Ah si. Je suis tombé amoureux.



20 Mars


Bon je peux te le dire cher journal, il s'agit d'une femme. Tu es rassuré hein ?



21 Mars


C'est le printemps. Il fait -16°C.

Trois jours qu'elle ne me parle pas. Qu'est-ce que j'ai fait ? Elle me regarde bizarrement. Je rougis. Elle me tend la main. Je lèche ses doigts, doucement. Je prends son poignet, mais elle retire brusquement son bras et va sangloter dans un coin. Mais qu'est-ce que j'ai fait ???



22 Mars


Je n'en peux plus, j'arpente la maison en long et en large. Il y a parfois une telle tension en moi que je ressens le besoin de courir. Alors j'ouvre la porte avec fracas et je m'élance dans la neige. C'est dur d'aller vite dans la neige tu sais. On se fatigue vite et on n'avance pas, on glisse, on s'enfonce. Enfin je m'enfonce, je glisse. Elle, elle vole. C'est un ange. Je le sais. Hier j'avais de la fièvre, elle a posé sa main glacée sur mon front, la fièvre s'est aggravée : je tremblais fort. Elle m'a embrassé. C'était la première fois. La fièvre a chuté d'un coup. Pas mes tremblements ; avec des gestes brusques je l'ai fait basculer par-dessus moi. Elle m'a giflé. Mais c'est un ange. Elle a le droit.


Tu sais que c'est elle qui m'a sauvé ? Je l'ai kidnappée et traînée au fond de la Sibérie, mais elle m'a sauvé la vie. Après être arrivé dans ce chalet, je me suis aperçu que le bébé était mort. De froid évidemment. Ou d'étouffement, je ne sais pas, plus... Je lui avais mis une chaussette dans la bouche, il criait tellement ! Je n'arrivais pas à me concentrer sur la route, c'était dangereux. Elle était dans le coffre et dormait, je devais régler le problème.


Il n'y avait pas d'outils, j'ai creusé la neige avec mes mains pour l'enterrer. Quand je suis retourné le lendemain pour prier, des loups se disputaient ses restes. J'ai hurlé, et je me suis jeté vers eux, en leur lançant des morceaux de bois. Ils n'étaient que deux et je sentais la fumée, la colère, la haine envers moi et envers eux. Alors ils sont partis. Plus affamés ou plus nombreux, ils auraient fait un festin de mon corps. J'ai incinéré ce qui restait de lui. Elle m'a regardé, je l'avais libérée bien sûr, mais elle ne pouvait pas s'échapper à pied dans la neige, et j'ai caché les clés de la voiture. J'ai un portable, mais il ne capte pas ici. Alors on est coincés. Elle et moi. Et les cendres du bébé. Et elle pleure. Et elle me déteste. Et je me déteste. Et je l'aime. Et elle m'aime. Je le sais. J'en suis sûr. Mon ange m'aime. Alors je ne déteste plus personne. Je m'étends dans la neige. Pourquoi est-ce que je me sens si bien ?


***


‒ Vous êtes fou.


Le constat est sans appel. Sans appel, ça veut dire que le jugement a été prononcé et que rien ne pourra faire changer d'avis le magistrat. Tiens il porte de l'hermine ? On n'est pas à Paris ? Ah non c'est une femme. Un ange. Qui m'envoie au cachot. Au trou. Je suis troué d'amour pour elle. Belle. Pêle-mêle. Mêle-tout. Tout-à-l'égout. Eh c'est marrant ce jeu ! Tu veux jouer toi aussi ?


Ça y est, elle me croit fou. Est-ce que je le suis ? Où est-ce que je suis ? Quand est-ce que je suis... devenu comme ça ? Qu'est-ce qui m'est arrivé ?

C'est vrai... un meurtre. Alors j'ai tué. Je regarde mes mains. Elles sont sales, c'est noir là. Non, plutôt marron. Marron rouge. Comme du sang caillé. Du sang. Oui, c'est ça, j'ai du sang sur les mains. Mais tu le savais déjà, non ? Qu'on a tous du sang sur les mains ? Ah tu crois être propre ? Tu n'as jamais tué ? Tu les sens venir les dix commandements, bien sûr que tu ne les a pas tous respectés, mais qui le fait de nos jours ? En tout cas tu es sale. Exactement. Alors tu me dégoûtes. Tu pues ! Dégage, hors de ma vue ! Laisse-moi et patauge dans ta misère... Qu'est-ce qu'il y a ? Tu n'aimes pas ce que je te dis ? Tu me trouves imbécile ? Non, je suis fou tout simplement. Pratique n'est-ce pas, de pouvoir tout te dire ? Je te dégoûte ? Tu me méprises ? On se hait ? Nous nous déchirons ? Même pas. Je te fais pitié. Alors tu passes ton chemin, toi aussi, sans me regarder. Je te l'avais bien dit que tu étais sale et que tu assassinais.


‒ Il va falloir m'écouter maintenant.


Pourquoi est-ce qu'il parle français ce Russe à la con ? Et il va me faire quoi, me barder de piqûres ? Me les enfoncer dans le cul ? Mais attends, j'étais pas avec la femme là heu... je ne sais même pas son nom. Je l'aime, j'ai tué, et je suis fou. Et je ne connais pas son nom. Merde. Même pas son nom. Même pas son nom... Allez, file-la moi ta piqûre, ça nous détendra tous les deux.


‒ Il y a des progrès.


Vraiment ? J'arrive à parler normalement. Sans cracher d'insultes. Quel progrès en effet... Je les garde pour moi. Je ne peux pas écrire, ils me surveillent. Alors je cache tout. Tout ce que je pense. Ce que je suis. Et ça me pourrit le cœur. Le corps, ce sera pour bientôt. Je commence à maigrir. Je parle moins. Encore deux mois et c'est dans un vrai trou qu'ils me mettront.


‒ C'est remarquable ; si vous continuez, vous allez bientôt pouvoir sortir.


Vraiment ? Ils me prennent pour qui ? Moi, sortir ? Mais je suis crucifié mon vieux, personne ne va venir me détacher ! Mais... est-ce que les clous ont rouillé ? Qu'ils tombent en poussière ? Je me sens mieux, c'est vrai. Il fait beau dehors. Hier j'ai écouté un rossignol. Je ne savais pas qu'ils vivaient en Russie. Alors je l'ai écouté encore plus attentivement. Si c'est un rêve, son chant en est d'autant plus précieux. J'ai bien mangé aujourd'hui, pour avoir la force de l'écouter plus longtemps. Attends-moi mon rossignol.


‒ Toutes les formalités ont été accomplies, vous pouvez sortir.


Je fais quelques pas, hésitant. Dehors il y a encore de la neige. Toujours ; je n'ai vu que ça depuis que je suis ici. Alors je marche. J'ai des vêtements. Je marche. J'ai une destination, un objectif. Je marche. J'ai un rossignol en cage. Je marche. J'ai de l'espoir, de la vie. Je marche.

Je suis tombé. Évidemment. Et je me suis relevé. Il paraît que ça rend fort. Morale chrétienne de mes deux va ! Ça fait mal ! Calme-toi. Inspire. Marche. Expire. Marche. Pleure. Pleure tout ton saoul, mais ne te retourne pas. Grimpe dans la montagne et va sucer les jonquilles, manger du pain d'épice, entendre le bruit du vent. Ce n'est pas se retourner. C'est se souvenir. C'est différent. Alors apprends. Et marche.




Merci à Luluberlu et Mistinguette pour leur lecture attentive.


 
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   Flupke   
20/5/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour,

Je ne pense pas avoir tout compris dans ce texte. J'apprécie la variété des styles narratifs, mais cela ne semble pas vraiment apporter d'éclairage supplémentaire. Le tout me semble légèrement décousu et je perçois pas le sens du texte.

Je me demande si les mots vulgaires sont vraiment indispensables (cul, con) vu le style du texte.

J'ai bien apprécié la phrase "Bienvenue en Sibérie, où tout est poésie." Mais je ne suis pas vraiment enthousiasmé par l'ensemble.

Bonne continuation.

----

Explication pour l’édit de mon com:

Vu la différence entre mon appréciation et les éloges dithyrambiques de certains, j’ai remis en question la manière avec laquelle j’avais apprécié ce texte.

Je pensais avoir raté quelque chose et ai entrepris une deuxième lecture. Je modère juste ma sévérité, car j’apprécie davantage l’exercice de style, mais fondamentalement, je ne puis apprécier ce texte à sa juste valeur.

Je constate que j’ai été influencé par une ponctuation qui pourrait être amélioré avec un peu d’attention et un lecture à voix haute pour repérer les pauses dans la diction où viendraient s’insérer logiquement qq virgules :

Mais bon c’ est comme çà je suis un mec = > Mais bon, c’ est comme çà, je suis un mec
En plus les bébés ont peur du docteur je suis tranquille = > En plus, les bébés ont peur du docteur, je suis tranquille

D’autres points à fignoler :

Je ne puis énumérer toutes les omissions de virgule, mais il me semble que ce soit un point à étudier.

Des bébés géants qui pendent par les pieds = > Des bébés géants qui (ME ?) pendent par les pieds

En battant longuement des ailes – imprécision : parler d’amples mouvements des ailes me semblerait plus précis que « longuement

Eviter les QUE à répétitions :

C'est-à-dire QUE je me vois expliquer en moins de dix minutes à la fois ce QUE je pense, ce que les femmes pensent, ce QUE je dois penser, faire, et ne pas faire.
3 QUE dans une phrase je pense que cela alourdit un peu Kalachnikov :-)

De la frontière russe. Mais si j’ai bien compris on est déjà en Russie. Donc ne serait-il pas plus précis de parler frontière Ukrainienne ou Biélorusse voire sino-russe ?

au bout de deux jours. Il ne nous en reste plus que 16 avant la fin (deux/16) préférer la cohérence dans la manière d’exprimer le nombre de jours

deux enfants mâchonnent longuement un brin d'herbe. Dans la mesure où on mâchonne rarement pendant 2 secondes et 3 dixièmes, l’adverbe longuement me semble superfétatoire. Peut-être un adverbe à surveiller, car il ne semble pas très bien employé dans cette nouvelle ?

Je te l'avais bien dit que tu étais sale et que tu assassinais. Pas très bien saisi la signification de cette phrase.

Des flocons entrent dans mes narines, => Des flocons pénètrent mes narines, ?

Cette relecture m’a néanmoins permis de relever quelques passages qui m’ont plu :
fils d'un pygmée et d'une blanche naine.

Une claque. On aurait pu s'y attendre. Finalement je vais la décrire, parce qu'elle est jolie. Sa tête est une sucette, son corps un Kinder Bueno, ses cheveux de la barbe à papa, ses jambes de la réglisse. J'avoue qu'il me prend l'envie de la croquer un peu. Alors la nuit VIRGULE je noircis des pages au crayon. J'ai déjà terminé mon premier carnet.

Une odeur de bois, de conifère, âpre et entêtante. Souvenir olfactif de mon enfance à chasser les papillons en haute montagne. (bonne sollicitation sensorielle du lectorat)

au clair de quart-de-lune (capillotracté, mais sympa )

comme mon amour d'autrefois qui faisait bruire sa robe en tournoyant. (mais le verbe terne (Faire) aurait pu être évité).

Voilà donc un com révisé qui porte plus sur la forme que sur le fond. Le fond est intéressant, mais il ne faut pas négliger la forme.

Amicalement,

Flupke

   Anonyme   
26/4/2010
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
Génial franchement! J'ai adoré du début à la fin. Je ne classerai pas en Aventure mais en humour cependant.

Mon passage préféré: le poème, vraiment du "talent" dans la dérision!

Un peu moins emballé par le début un peu long pour moi et le passage maison en pain d'épice, trop "classique", mais l'ensemble est gentiment

déjanté et j'ai adoré!

Kaos

Bravo!

   Anonyme   
27/4/2010
 a aimé ce texte 
Bien
Pas mal ce voyage initiatique un peu foutraque à l'humour décalé. Les phrases courtes et le vocabulaire me semblent en adéquation avec le texte et le servent bien.

   Anonyme   
29/4/2010
 a aimé ce texte 
Vraiment pas
Le fond de l'histoire est tordue dès le départ, l'usage du vocabulaire familier rend vite la lecture pénible.

Le style de l'auteur est farfelu, et inintéressant dans mon cas.

   Anonyme   
15/5/2010
Un texte dingue, à lire et à relire pour en savourer toutes les finesses.
On s'attend à un exercice de style à la Raymond Queneau.
On se dit, ça y est le gus va nous interpréter sur trois modes le blues du convoyeur de mômes... et çà commence à déraper.
Doucement, puis carrément.
Le seul fil rouge (plutôt blanc en l'occurrence), c'est la Sibérie.
C'est surprenant, raffiné, poétique, intelligent, inhabituel.
J'ai adoré.

   jaimme   
9/5/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Un texte très fort. On imagine Dupontel dans le "rôle".
Le langage m'a un peu énervé au départ, puis je m'y suis fait et j'ai été captivé par l'histoire de cette Sibérie qui n'en est pas une, de cette folie. Meurtrière.
C'est écrit avec un rythme très soutenu, et ça j'aime. C'est dense, c'est riche, c'est déjanté, mais pas du tout en fait.
Bref j'ai vraiment aimé! Vraiment.
Merci Placebo.

jaimme

   Margone_Muse   
9/5/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup
… j’y vais, j’y vais pas… bon allez, j’ai dit que j’allais la lire de toute façon…
Mais j’ai peur moi, la boule au ventre… Et si je l’aimais pas le texte de placebo ?

Le titre me promet de l’originalité. Le résumé aussi.
A la fin de la nouvelle, je me dis que ça n’a pas mentit…

Ca placebo, c’est le genre de nouvelle qui passe ou qui casse. Fin du suspens, t’as vu ma note de toute façon : avec moi, ça passe :)
Non mais, t’étais en plein délire ma parole ? Je comprends mieux ton truc sur « semi-automatique »… Et ton délire est réussi à mon sens.

C’est de l’absurde, du complètement décalé, mais je te suis quasiment tout le temps, et l’enchainement des styles ne m’a pas perturbée du tout (j’ai même aimé, et puis d’ailleurs, t’avais prévenu ton lecteur) et j’ai lu ça d’une traite, en délirant plus d’une fois.
Et comme avec des mots simplement couchés sur le papier, c’est difficile de faire rire quelqu’un, bravo parce que pour ton premier texte, tu m’as fait éclaté de rires plus d’une fois.

*Premières phrases :
« Tuu Tuu… (…) Mais pas trop. » mdr je te reconnais là dedans et je me dis (parce que j’avais encore un peu peur) : « Ca commence bien… » avec un sourire.
Juste après, tu écris : « Ca commence mal. »
Bon, pour le coup, tu n’as rien fait pour, mais déjà là, j’ai déliré toute seule au bureau :)

Alors pour toute ta première partie : « Ca commence mal (…) pas ce que je te dis ! ».
C’est une bombe ton truc. Tu m’as accroché direct : c’est fluide, vif. Le ton et le phrasé, tes expressions, font que j’étais pendue à tes mots, tout s’enchaine nickel. Et comme tu interpelles souvent le lecteur (genre « ça vous pose un problème ? »), ça renforce mon ressenti. C’est vraiment toi qui nous embarque, et pas nous qui embarquons : j’ai rien fait pour, pas d’effort à fournir, je suis dans ton histoire et on peut commencer le voyage ;)

EDIT : "Réveille-matin, 12 heures (...) géraniums." -> mdr j'adore leur chanson et forcément ça m'a ramené à ça tout de suite. Mais t'aurais pu les citer à 100% je pense (moi, j'écoute une version live avec 15 heures, mais je sais pas, ils changent peut être parfois). Et en plus, c'est pas là par hasard, t'enchaine en interpretant un truc à ta manière : "Ca vous parle pa comme image ? Moi si... marre de jouer à la mauvaise herbe." mdr. J'ADORE placebo, j'adore... :)

Ton dialogue :
Je pense que c’était le but, de faire un dialogue nu, sans aucune précision de gestes ou de tons des protagonistes qui viennent s’y rajouter.
Comme il n’y a que deux personnes, en plus, tu ne dis même pas qui parle et on comprend très bien. C’est beaucoup plus chaud à 3 ou plus…
Ton dialogue, donc : rythmé, fluide pareil. Limite, on le lit en 3 secondes. Il n’y a rien d’autre et pourtant, j’ai les deux personnages en face des yeux, j’ai leur mimique, leur ton… Alors évidemment, ce n’est pas forcément TA conversation comme tu la vois toi placebo, c’est la MIENNE mais elle est bel et bien là. C’est très bien rendu : quand elle découvre de bébé (j’ai carrément l’action devant les yeux en parallèle des dialogues), quand le narrateur hésite (« V… Vous êtes sûre ? »)…
Bref, exercice réussi :)

La lettre :
Bon, pas grand-chose à dire, si ce n’est que ça commence sévèrement à partir en live ton truc (j’ai ris en imaginant la mère qui flippe en regardant la photo de la fille avec du scotch sur la bouche).

Pour la partie poésie (c’est de la poésie ? Moi, je n’y connais rien alors je préfère demander ;) pour ne froisser personne) :
C’est peut être la partie que j’ai la moins aimé. Mais c’est moi ça : pas réceptive à ce genre de choses. Le petit truc dommage que je dirais, c’est que pour la dernière phrase, tu n’as pas vraiment gardé la structure. Je pense qu’en faisant aussi court que les autres, et en gardant sujet-adjectif-verbe-COD-adjectif t’auras pu faire un truc sympa quand même.
Mais bon, on peut toujours voir ça comme le gars (narrateur) qui pète un plomb.
Et puis : « Bienvenue en Sibérie, où tout est poésie » c’est joli :)

Ensuite, le type il est pendu dans le vide par son pantalon avec le gosse dans le sac à dos. Comment il est arrivé là ? Je ne sais pas et je m’en fous, il me fait trop rire ton texte.
Pareil que le reste, ça glisse, c’est bien écrit. Et il ya des expressions, des thèmes, qui me font rire ou sourire (au choix) : le coup de la peur qui vient alors qu’il retrace les origines de son pantalon, l’élève de sixième en surpoids qui grimpe avec les mains moites, qui se demande s’il est pas en train de descendre (mdr), « J’avoue qu’il me prend l’envie de la croquer un peu. »…

Le passage d’après (« Entre les arbres (…) joie perdue et retrouvée.) m’a un peu « reposée » : c’est plus calme, je dirai et moins incisif dans l’écriture. C’était pas mal non plus, mais pas le meilleur passage tout de même. (Pour moi.)
Dans le paragraphe « Du pain d’épice (…) », j’enlèverai le « et » avant « de soleil ».
Et j’ai adoré cette phrase : « C’est si doux et si fort à la fois, ça prend au cœur et aux poumons. »

Le journal intime est bien mené.
Surtout que tu ne mets que 4 jours et que c’est assez court. Ca rythme ton truc, moi j’aime bien.
« C’est le printemps. Il fait -16°C. » mdr
« (…) des loups se disputaient les restes. » MDR… C’est terrible mais tu l’écris trop bien. Y’a un effet de surprise parce que c’est direct, tu vas à l’essentiel et on n’a pas besoin de plus pour imaginer (de toute façon, on est stimulé depuis le début avec ce genre de nouvelle décalée). Bref, du vif et du pas lourd, ça a fait son effet sur moi :)
(et je ne suis pas morbide, hein, je peux rire de tout, c’est tout)
Par contre, juste après, j’aurais mis « me suis jeté sur eux » et pas « vers eux », mais bon…

Dans la dernière partie, il y a plusieurs choses qui m’ont fait sourire : le coup du jeu où te reprends le dernier mot (là, je me dis quand même qu’il nage en plein tripe placebo, lol) ou l’enchainement de questions (« Est-ce que je le suis ? (…) m’est arrivé ? »).
Bref, le « vous êtes fou » vient à point. On ne sait pas exactement où est le narrateur, ce qu’il fait là, ce qu’il a fait (dans la tête et en vrai)…

Bon, moi ce que j’en dis, c’est que proposer un nouvelle pareille en premier texte, faut du courage et là placebo, je te tire mon chapeau (avec une courbette et tout et tout). T’as réussi tes exercices, dans l’ensemble, et c’était un voyage agréable pour moi…

Et sinon… allez, tu peux nous le dire maintenant : tu viens de quelle planète en fait ? :)

   Anonyme   
11/5/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour

J'aime beaucoup mais dire pourquoi ne va pas être simple parce que l'histoire n'a pas de sens. Ni de chronologie. Mais de la suite dans les idées, ça ! Oui.

"... et depuis une semaine je viens en blouse blanche. En plus les bébés ont peur du docteur je suis tranquille maintenant hin hin."
J'ai pas capté mais bon, c'est pas le propos de comprendre. Faut juste se laisser porter par le délire et prendre les faits comme ils se présentent, rapidement.
C'est ce qui est très agréable.
Quand même, au début, on a à faire avec un conducteur de bus (et encore c'est pas sûr) qui emporte les enfants du point A au point B. D'un seul coup, je me retrouve avec un ambulancier (blouse blanche) du service prénatal - transport de bb -

"Bon c'est pas tout ça, mais si aujourd'hui rien ne se passe, je fous vraiment le camp." et j'y ai cru, ce qui fait que pendant les quelques lignes suivante, j'ai cru que le héros était en train de réserver ses billets et parlait avec une dame de l'agence de voyages.

"Comme celui le long d'une falaise uniquement retenu par son froc par exemple." J'ai eu du mal avec cette phrase, me demandant pourquoi la falaise avait un froc et s'y retenait.

En fin de compte il y a toujours tromperie sur la marchandise et pas un seul instant, on n'entend la voix de la bonne personne, ou de celle qu'on s'attend à entendre parler.

A partir de cette phrase j'ai décidé de lire rien que pour le plaisir de me laisser porter par l'étrangeté du texte. Sa verve, son imagination délirante. Et ça fait du bien.

Merci pour ces sourires.

   florilange   
12/5/2010
 a aimé ce texte 
Un peu
À la première lecture, ce texte m'a paru complètement farfelu. En le reprenant, j'ai trouvé un fil de lecture, quoique toujours aussi débridé. Faut tout imaginer.
Il m'a souvent fait sourire. Notamment l'histoire du pantalon fabriqué en chine qui lui sauve la vie. Entre autres.
Ou moins rire, notamment comment le bébé meurt.
Quant à la forme, bon, les 8 styles annoncés sont bien présents. Si donc on le voit comme annoncé, soit comme un exercice de style, un petit oui seulement. Cela reste farfelu.
florilange.

   Mellipheme   
13/5/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Très original et prenant.
Il y a l'histoire, ce personnage un peu bizarre qui kidnappe un gosse, part pour la Sibérie, séquestre une dame rencontrée en voyage, est sauvé d'un accident par un pantalon chinois (?), tue le bébé plus ou moins par accident, finit à l'hôpital et en sort dans un état psychologique incertain. Du contenu fort, de bons ingrédients pour un roman noir.

Il y a surtout la forme, l'exercice de styles (styles au pluriel bien sûr). La partie "poésie sibérienne" est un peu faible, le délire verbal aurait pu être ici plus marqué, plus original. Ici et là, quelques facilités ou faiblesses m'ont gêné, mais l'essentiel est dans cette tentative de faire progresser la nouvelle comme une suite de "parties" ayant chacune une tonalité propre.

Globalement, j'ai bien aimé.

   Mistinguette   
15/5/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Placebo
Je voulais relire ton texte avant de te laisser un commentaire. C’est chose faite.
J’ai été faire un tour sur le forum aussi et du coup j’ai compris certaines subtilités qui m’avaient échappée à ma première lecture.
Moi ce que j’aime surtout, c’est ce style qui n’est vraiment rien qu’à toi.
Et puis j’adore cet humour déjanté, même si selon toi ça n’en est pas. En tout cas c’est vraiment bien imité.
La première phrase donne le ton et quand je l’ai lue, j’ai explosé de rire.
Sinon, mon passage préféré, c’est celui de la grande leçon de psychologie féminine. Malgré ton jeune âge, tu a l’air de déjà bien connaitre les femmes ;-)
Pour te dire tout ce que j’ai aimé, il faudrait que je fasse un comm. aussi long que celui de Margone, mais comme je suis une tortue du clavier, je vais m’arrêter là.
Bonne continuation à toi Placebo et surtout n’arrête jamais d’écrire.

   widjet   
15/5/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Pour son premier texte, on peut dire que Placebo fait une entrée remarquée.

Alors oui, c’est foutraque, éparpillé et répétitif pour accentuer cette démence, c’est parfois amusant (le ton décalé a fonctionné par intermittence comme celui du passage du kidnapping avec le scotch sur la bouche de la femme etc.… Egalement des phrases courtes qui font mouche comme « C'est le printemps. Il fait -16°C ». J’aurai aimé que tu en mettes plus, ça claque bien ce genre d’antagonisme).
Mais aussi paradoxal que celui paraitre, j’ai trouvé que ton délire manquait de maîtrise.

La première partie est longuette à mon sens ou alors, j’ai eu du mal à m’habituer au ton employé, au rythme. A partir de la lettre à sa mère, je me suis plus acclimaté à ton mode de fonctionnement et j’ai pu apprécier quelques traits d’esprit (j’ai souri au « Hier j'ai écouté un rossignol. Je ne savais pas qu'ils vivaient en Russie »).

Le problème du texte surtout ce n’est pas tant qu’il soit décousu, c’est qu’il est souvent confus, embrouillé (sans que je sente que c’est un effet toujours volontaire), on ne voit pas toujours trop ce qui se passe, ça dit pleins de trucs en enfilade, mais ça ne montre pas assez (peut-être pour laisser le lecteur imaginer et se faire son propre trip ? Peut-être…). Un coup, la fille je la vois dans le coffre avec le gars (alors on croit que lui aussi est victime de kidnapping) puis après elle lui cause (elle n’a plus le scotch ?) et en fait c’est lui qui s’avère l’avoir enlevé. Mais alors qui le tient par le froc au milieu de la falaise ? Et puis Marie-Grégoire c’est une femme, un homme ? Tu passes du « Il » au « Elle », ce n’est pas facile de suivre. D’ailleurs tout le passage qui commence par « Je vois tout… » est embrouillé, je trouve.

J’ai peut-être lu trop vite ou mal, les choses s’enchainent de façon trop nébuleuse, bref j’ai pas tout suivi. Je pense qu’on peut écrire un texte bordélique en canalisant de temps en temps son fouillis, en somme avoir un minimum de structure. Le n’importe quoi, oui, je suis client, mais il doit quand même avoir une certaine cohérence, une logique malgré tout. En gros, faire des dérapages oui, mais subtilement (c'est-à-dire presque invisible pour le lecteur) contrôlés. Et j’ai cette fâcheuse impression que justement tu ne contrôles pas toujours ton histoire. Suis-je clair (parfois, je me comprends pas !) ? Dis moi si ce n’est pas le cas.
Dommage aussi que l’humour noir (le passage de la mort du bébé) ne soit pas plus et mieux exploité car ajouter la mort d’un gamin dans un texte qui se veut assez comique sur certains aspects est une démarche que je trouve plutôt courageuse et même jouissive.

Niveau style, pas fan de l’écriture trop chaotique et qui finit par être trop fatigante. Ya comme un trop plein, trop de verbatim, trop de points d’interrogations, trop d’interpellations du lecteur (pas fan de ce genre de procédé) ça finit par épuiser.
En tout cas, je suis content d’avoir lu ton premier opus. En attendant le prochain…

W

   Anonyme   
16/5/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Je n'ai pas trouvé les huit exercices de style en question ! (??), ceci dit ce n'est pas grave en soit pour moi, et même s'il n'y a qu'un "style", un peu loufoque, j'ai bien aimé...
Jusqu'à ce que l'on tombe clairement dans la folie... Là j'ai trouvé cela, comment dire, un peu facile, comme si vous aviez été pris par votre propre piège, et que finalement l'histoire ne vous menant nul part vous aviez opté pour la démence... dans laquelle on peut tout mettre sans trop avoir à se justifier finalement.
Mais sinon, j'ai été happée par ce récit anachronique, et par moment j'ai ri aussi, car il y a des formules assez géniales, des raccourcis presque philosophiques sur le monde.
Plus "centré" et moins "barré" je crois que j'aurais carrément adoré.

   Cortese   
22/5/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Ah, bravo ! Un texte original, drôle, bordélique et loufoque à souhait... Avec une bonne dose d'humour noir et de délire quasi-surréaliste par moments. J'ai adoré le début, l'exercice de style qui fait avancer l'histoire tout doucement, les changements d'angle et l'écriture, jamais ennuyeuse. Dommage que ça devienne un peu plus ordinaire dans le seconde partie, j'attendais encore de la nouveauté et on perçoit moins les jeux de style, parce que ce n'est plus l'écriture qui change mais les lieux et les personnages. On dirait que l'auteur s'est laissé prendre par une intrigue plutôt trash, et en a oublié de faire attention au(x) style(s). Ceci dit, ça reste bien écrit et lisible pour l'ensemble du texte.
Bref, le jeune Placebo a du talent, à n'en pas douter ! On dirait même que ce texte ovni, sorti de nulle part, ne lui a pas demandé beaucoup de travail (désolée si je me trompe :-) et que le jour où il tiendra la distance avec autant de brio que dans la première moitié, ça va être très, très bon !
Merci pour cette agréable lecture.
Cortese

   alifanfaron   
8/6/2010
Un sacré bordel que ce texte. Du moins a première vue. En prenant un peu de recul, le bordel s'organise. Il y a quelque chose derrière. Bien sûr les styles variés essayent de brouiller les pistes mais on ne m'y prendra pas: il y a une unité dans le ressenti, dans ta manière de penser. Après, où cela nous mène, concrètement, je ne m'avancerai pas. Pas même d'un pas. Au final, je ne saurais dire si j'ai aimé. En tout cas, je n'ai pas détesté.

   placebo   
8/6/2010
http://www.oniris.be/forum/quelques-explications-et-remerciements-sur-siberie-de-placebo-t11284s0.html#forumpost135394

lien vers un forum où je répond à quelques interrogations des lecteurs (même à celles qu'ils n'ont pas formulées :)

merci à tous pour les commentaires

placebo

   silene   
30/6/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Je suis mauvais public pour ce genre de productions, qui me semblent souvent dangereuses quant aux écueils évidents qu'elles risquent de rencontrer : si l'intérêt s'émousse, le soufflé retombe, ce qui m'a semblé le cas. De surcroît, je n'ai pas su discerner l'intérêt véritable de la variation, peut-être, aussi étonnant que cela puisse paraître, aurait-il été judicieux de le signaler par des didascalies, peut-être.


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