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Fantastique/Merveilleux
plume : Visite nocturne ou le mythe du golem revisité - 4ème partie
 Publié le 27/01/08  -  2 commentaires  -  8583 caractères  -  5 lectures    Autres textes du même auteur

Au vrai coupable, vraie sentence... Tino Cenza, innocent ?


Visite nocturne ou le mythe du golem revisité - 4ème partie


La sentence était tombée depuis deux jours déjà, Tino Cenza, le voleur de paon, serait pendu sur la place publique à midi pile. Les villageois avaient pris place autour de l’échafaud qui avait été monté le matin même. Il n’était que onze heures, mais Beauvallon connaissait peu d’évènements de ce genre et c’était un moyen de se divertir qu’on ne pouvait refuser. Il est jugé tout à fait normal d’emmener les enfants assister à une exécution. Beaucoup disent même que c’est une façon de préparer les jeunes, de leur montrer que la vie peut s’avérer très dure et cruelle, surtout pour les hors-la-loi. Les artisans et les commerçants voyaient cette condamnation à mort comme une aubaine. Marcel Ayo, le boucher, avait étalé ses meilleurs morceaux de viande sur un grand étal, monsieur Baker, le boulanger, vendait des miches de pain et des pâtisseries à tous les spectateurs au double du prix habituel, Hans Shmied, le forgeron, offrait d’aiguiser n'importe quelle épée pour la modique somme de 5 écus et offrait en cadeau une dague à quiconque achetait une de ses propres armes. Simas Shoemaker ne partageait pas l’enthousiasme des autres villageois, pourtant partout où il passait on lui tapait l’épaule, lui signifiant que personne n’avait jamais cru à sa culpabilité. Simas jugeait barbare la peine de mort. Même s’il en voulait à ce Cenza pour les nuits passées en prison à sa place, il ne pouvait s’empêcher d’avoir pitié de lui. Tristan pensait comme son père, mais il avait tenu à assister à la mise à mort poussé par la curiosité. Il voulait savoir à quoi ressemblait cet homme qui avait fait accuser injustement son pauvre père.


Les clairons se mirent à résonner et le brouhaha que faisaient tous les passants finit par s’estomper. Un grand homme caché sous une cape s’avança aux côtés du bourreau sur l’estrade. Le bourreau alla se placer près du levier qu’il baissa par deux reprises pour vérifier le bon fonctionnement du système de trappe. La potence de Beauvallon avait servi à deux reprises cette année, la première pour punir Luc Toter du meurtre de toute sa famille et la seconde pour envoyer en enfer l’ancien roi Nicolas 1er surnommé « Nicolas le fou ». L’ex-monarque avait en effet mis le feu à plusieurs plantations avant de faire exécuter l’ensemble de ses serfs dans un accès de folie paranoïaque, il prétendait que ses serfs tentaient de l’empoisonner. Le grand homme à la cape finit par dévoiler son visage à la foule, Tristan reconnut le cavalier noir. Cet homme ne lui inspirait pas la moindre sympathie. Il portait une épaisse moustache aussi noire que sa chevelure grasse qui plaquait sur son front. Le haut de son crâne était masqué par un chapeau espagnol qui était noir lui aussi. Seule sa peau blanche contrastait avec sa cape, son pantalon et ses bottes. Ses yeux semblaient être marrons. Le cavalier ne broncha pas, il fixait la foule d’un œil mauvais affichant le même sourire goguenard qu’il avait adressé à Tristan lors de leur première rencontre. Un vieil homme trapu vêtu d’une longue toge rouge ornée d’une croix dorée prit place à son tour sur l’estrade, il s’agissait du cardinal de La-Pieuse-Vallée. Le vieil homme d’église toussota pour ramener l’attention des badauds à lui et brisant le silence qui régnait sur la place énonça la peine attribuée au malheureux Cenza :


- … Et sera donc pendu haut et court pour ce crime jugé impardonnable…


Puis se tournant vers le condamné qui venait d’être emmené sur l’estrade, il lui demanda à haute et distincte voix :


- Tino Cenza, demandez-vous pardon à Dieu pour ce pêché ou vous obstinez-vous à renier votre foi en notre seigneur ?


Cenza ne dit mot, il se contenta de sangloter et de hocher la tête en dénégation pour déclarer ensuite :


- Dieu ne m’est d’aucune aide et il est injuste, je suis innocent…


La foule se mit à rire, certains même pointaient le pauvre homme du doigt en l’insultant tout en le raillant. Le cardinal fit taire la marée humaine d’un signe de la main et poursuivit :


- Aucune dernière volonté ne vous sera dès lors accordée, que Dieu ait pitié de vous, votre âme lui appartient désormais, puisse-t-il veiller sur vous…


Le bourreau prit Cenza par la nuque tandis que ses bras restaient attachés derrière son dos l’empêchant d’opposer une quelconque résistance. Deux autres hommes, eux aussi cagoulés, aidèrent le bourreau à passer la corde autour du cou du misérable. La foule retenait son souffle désormais, attendant l’ordre fatidique du cardinal entraînant la mort du voleur. Il leva haut le bras, Cenza continuait de gémir les yeux baissés sur la trappe. Cette trappe qui allait s’ouvrir, lui dévoilant le chemin des enfers, seule son âme partirait laissant son corps ballant au bout de la corde rugueuse. L’accusé leva son visage en pleurs et s’écria pour la dernière fois :


- Je suis innocent, je ne suis coupable que d’une chose, d’avoir mal formulé mes vœux…


Le cardinal baissa d’un coup sec le bras de la justice, le levier se baissa et le gouffre s’ouvrit sur les abîmes. Quelques corbeaux s’envolèrent en même temps que l’âme du condamné. Il ne restait plus sur la grand’ place qu’une foule en délire et une marionnette faite de chair ballottée par le vent. Tristan avait eu le courage d’observer l’ensemble de la scène, ces dernières paroles l’avaient ébranlé. Son père lui caressa le dos, l’incitant à le suivre en direction de la maison où maman les attendait pour le dîner.


La fête battait son plein sur la grand place, un grand banquet y était organisé à la suite de la mise à mort, c’était une curieuse coutume à laquelle la famille Shoemaker n’adhérait pas du tout. Ils avaient donc préféré se réunir autour d’un bon dîner à la suite duquel Tristan était retourné s’isoler, une fois de plus, dans sa chambrette. Après une longue méditation, il se décida à ramper sous son lit pour en sortir une petite boîte en bois que lui avait offerte sa mère pour son précédent anniversaire. Tristan avait en fait 12 ans, mais il était plutôt grand pour son âge. Il était un des seuls enfants du village à avoir pu bénéficier d’une éducation digne de ce nom. Simas, son père, connaissait un riche marchand avec lequel il avait eu à traiter quelques ventes par le passé. Ce marchand étant devenu un bon ami de la famille avait offert d’apprendre à Tristan la lecture et l’écriture, ses parents avaient tout de suite accepté l’offre. Il était rare de trouver des personnes instruites à Beauvallon. Dans sa boîte de Pandore, Tristan entreposait ses plus beaux trésors, cela faisait près de deux mois qu’il n’y avait plus touché. Il l’ouvrit en repensant aux moments passés avec Monsieur Mercantil à apprendre à compter, lire et surtout bien écrire, il aimait apprendre, mais une fois les bases acquises, il n’avait plus revu le marchand qui était reparti pour des contrées inconnues en quête de nouvelles richesses. Ses trésors avaient une valeur émotionnelle très forte pour lui, personne d’autre que lui ne pouvait apprécier justement ces bouquins, plumes et petits encriers qu’il avait reçus de maître Mercantil. Ses parents étant très pauvres ne lui avaient offert que la boîte, mais il leur en était reconnaissant. Il possédait uniquement trois livres, il en relut les titres avec application et plaisir :

Viajero à la découverte du monde

Histoires de Cagoule

Beauvallon à travers les âges


Son préféré était celui qui relatait les histoires de la forêt magique, l’histoire de son village lui semblait trop rébarbative et les aventures de Viajero lui plaisaient mais n’équivalaient en rien les légendes régionales. Il lui était arrivé aussi d’écrire quelques poésies qu’il relisait avec délectation quand l’envie le prenait d’y rejeter un œil. Il sortit une de ses créations au hasard et se mit à lire dans un murmure presque inaudible.


L’automne et ses couleurs, entre la vie et la mort


Les feuilles se meurent, pourtant si vives,

Vivent de leurs couleurs chaudes. Mais dans leurs chutes périssent.

On croit sentir venir la fin mais on a tort,

L’automne est renaissance et lumière.

La fin engendre le renouveau qui se veut éphémère.

La lune prend place, chassant le soleil,

Le vent se joue des dernières lueurs,

La clarté s’efface face aux ténèbres,

Mais le matin les chasse paraissant aux fenêtres.


Il enfouit le papier sous d’autres parchemins et entreprit d’écrire ce qui constituerait son almanach des rêves. Ses songes où il prenait la forme de Vulpin étaient trop fréquents pour ne rien signifier, il était décidé à les analyser pour en déterminer la signification...


 
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   Liry   
12/2/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Merci pour cette suite. Elle se lit avec toujours autant de plaisir. On visualise toujours aussi bien l'histoire et les personnages.

J'ai passé un bon moment, merci

   Maëlle   
21/5/2008
 a aimé ce texte 
Pas
Ouille. Cet épisode là est un peu mal fichu. Pas mal de répétitions, un flash back vraiment lourd pour évoquer l'éducation de Tristan. Les sentiments des personnages ne transparaissent pas beaucoup, aussi.

C'est dommage, parce que la révélation, elle, est vraiment bien pensée. La suite va t'elle venir?


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