Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Humour/Détente
PlumeD : François et ses orteils
 Publié le 12/07/20  -  13 commentaires  -  3990 caractères  -  122 lectures    Autres textes du même auteur

Une courte nouvelle écrite par amusement, ou peut-être pour exorciser l'inquiétude que l'on éprouve en découvrant devant sa glace une anomalie bénigne, une rougeur, un petit bouton... qui sottement vous tracasse.


François et ses orteils


En prenant son bain matinal, François fit une étrange découverte. Faisant émerger ses orteils de la mousse, il s’aperçut qu’il en avait un de plus au pied gauche, oui, un sixième doigt collé au petit doigt, un petit petit doigt en quelque sorte, minuscule mais cependant bien formé avec à son extrémité un ongle pas plus gros qu’une écaille de poisson. « Mince alors ! » s’exclama-t-il. Il examina aussitôt son pied droit, mais celui-ci était irréprochable, le pied de tout un chacun, un pied correct pour tout dire.

François était doté d’un heureux caractère qui le poussait toujours à voir les choses du bon côté. Après tout, ce n’était pas si grave, cela n’allait rien changer ou presque à son existence. Bien sûr, quand les beaux jours viendraient, il s’abstiendrait de porter des chaussures ouvertes ; s’il allait à la plage, il choisirait une crique un peu isolée, au besoin, il enfouirait son pied gauche dans le sable... Et puis non ! Il ne changerait rien à ses habitudes. Si on l’interrogeait, il déclarerait qu’il était né ainsi, avec ce signe distinctif, comme une coquetterie que la nature lui avait octroyée, et voilà tout.

À aucun moment François ne songea à consulter un généraliste, ou mieux un podologue. Il avait une sainte horreur de cette engeance, tout ce monde-là éprouvait un malin plaisir, pour un oui pour un non, à vous allonger sur une table d’opération, à vous charcuter l’intérieur, à vous retirer ceci ou cela. Non, non, François était très bien tel qu’il était, et ce petit supplément à sa personne ne gâcherait en rien sa bonne humeur, il s’amusa même à penser en se rendant à son bureau qu’il était heureux que l’on comptât avec ses mains et non avec ses pieds et qu’il n’y avait pas de risques donc qu’il se trompât dans ses calculs.

Quelques jours plus tard, toujours dans sa baignoire, les orteils émergeant de la mousse du bain comme de petits bonshommes de neige, il s’aperçut qu’il en avait un sixième du côté droit. Cela faisait équilibre et finalement, se dit François, ce n’est pas plus mal ainsi, peut-être même qu’en en ayant un nombre égal de chaque côté cela se remarquerait moins et il partit à son travail sans se soucier davantage.

Puis plus rien ne se passa, la nature avait remis ses comptes à jour. Pour François, c’était douze orteils, l’erreur était réparée, on n’y reviendrait plus.

À quelque temps de là, François connut l’amour, pas un petit amour, non, un grand, un immense, un amour formidable, un amour à vous faire escalader les cimes, à vous porter jusqu’au ciel, à vous transfigurer, bref un amour somme toute banal comme en connaissent tôt ou tard tous les garçons de son âge.

Elle portait le joli nom de Marguerite, un nom qui sentait le bon air, le printemps, les pâturages, un peu la vache aussi si l’on a l’esprit mal tourné, mais François ne voyait en elle qu’une explosion de couleurs, une pluie de pétales, un miroitement de divins reflets...

Bref, François, c’était indubitable, était amoureux, sottement amoureux pourrait-on ajouter avec un rien de méchanceté.

Puis un jour arriva ce qui devait arriver. Par un joli soir de mai, il l’effeuilla gentiment... Je t’aime, un peu, beaucoup, à la folie… puis lui ôta sa virginale fraîcheur. Après l’amour dans le désordre de la couche, comme ses petits pieds dépassaient de la couette, il découvrit stupéfait qu’elle n’avait que quatre orteils à chacun d’eux. Incrédule il recompta (un, deux, trois, quatre...) le total faisait bien huit. Huit plus les douze siens, le compte était bon. Il déposa un tendre baiser sur la corolle parfumée de sa bouche et ils s’aimèrent longtemps.

Enfin, à dire vrai, pas si longtemps que cela, car Marguerite, on ne sait si son nom influait sur son caractère, se révéla une vraie « peau de vache » prompte à ruminer de sombres rancunes pour la moindre broutille.

François, lui, pourtant, ne cessa de l’aimer avec un gros cœur qui compensait le tout petit de sa compagne, un cœur énorme, double peut-être... nul ne saura jamais.


 
Inscrivez-vous pour commenter cette nouvelle sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Alfin   
19/6/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un conte léger tel qu'aurait pu l'écrire Alphonse Daudet
Un conte naïf tel que l'aurait peint Gérard Laplau.

Un histoire loufoque et tendre, qui semble être une revanche de la nature, offrant plus d'attribut au personnes qui le méritent, une métaphore bien écrite mais sans grand intérêt pour autant. Es ce important ? non pas du tout, ce qui compte c'est l'ambiance d'image d’Épinal et la saveur des mots où l'absurde semble parfaitement normal.

Merci beaucoup pour ce partage !

Au plaisir de vous lire

Alfin en EL

   ANIMAL   
22/6/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Très jolie histoire sur la complémentarité des êtres. Moins par-ci et plus par-là, le compte y est. Plus gros d'un côté et moins de l'autre, cela fait bon poids. Tant que l'équilibre s'y retrouve, qu'importent les différences.

Voilà un texte court et simple, bien écrit, qui amène à réfléchir, indubitablement.

Bravo.

en EL

   Anonyme   
24/6/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Une mignonne histoire je trouve, bien printanière justement, qui ne tire pas à conséquence... Comme une glace à l'eau dégustée sur la plage.

J'ai trouvé dommage la révélation à la fin du sale caractère de Marguerite, pour moi celle de l'équilibre du nombre d'orteils retrouvé à deux aurait joliment clos le texte ! Vous êtes l'auteur, c'est votre choix.

   maria   
12/7/2020
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,

J'ai été enchantée par le doigté, si j'ose dire, avec lequel tu as présenté le "supplément" à la personne de François et le mauvais côté de "la" Marguerite.
Comme si en mettant de l'élégance dans l'écriture tu voulais éviter les railleries du lecteur et que François "doté d'un heureux caractère" ne méritait pas.

Bravo pour le style mais l'ensemble est dans le fond trop léger, pour moi.
Merci du partage.

   raphaelHarran   
12/7/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour,

J'ai beaucoup aimé.

François ne regarde jamais la réalité en face, il regarde toujours de côté. Son caractère est une personne extérieure à lui, quand il découvre l'orteil il pense tout de suite aux gens sur la plage, les médecins charcutent plus qu'ils ne soignent.

De très jolies trouvailles : "un petit petit doigt", "Pour François c'était douze orteils" (J'imagine la nature avec sa caisse enregistreuse).

Enfin, le fond est là. On retrouve tous ces petits hasards qu'on interprète comme des signes du destin, quand on est amoureux ou inquiet.

La chute est super : les orteils complémentaires ne font pas le poids face au mauvais caractère de Marguerite.

Seul bémol : J'aurais aimé voir François inquiet à un moment pour être attrapé par l'histoire.

Merci du partage.

   IsaD   
12/7/2020
 a aimé ce texte 
Bien
Une écriture légère et une idée originale.
J'ai aimé votre approche pour raconter comment François se découvre une bizarrerie, qu'il accepte comme une chose somme toute banale.
Je n'aurais pas dit non à ce que votre histoire soit un tantinet plus longue, car votre narration, joyeuse, rythmée, s'arrête un peu trop brusquement pour moi. On se prend vite de sympathie pour François et ses péripéties et je suis, quant à moi, restée sur ma faim...

   clarix   
12/7/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
une nouvelle un peu absurde, que l'on dirait sans vraiment grand intérêt et que j'aime bien justement parce qu'elle est un peu absurde et qu'elle n'a aucune prétention autre que de nous faire sourire en jouant sur le concept platonique un peu rassis de la recherche de l'âme soeur. Encore un mauvais coup de Zeus qui fait de la moitié enfin trouvée, une peau se vache. Ce pied de nez m'amuse. "Merci pour ce moment"

   Bossman   
13/7/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément
Ces petites histoires "sans intérêt" (les histoires sont-elles censées rapporter un intérêt sur la lecture ?) sont, je trouve, de vrais petits bijoux, justement parce qu'elles ne font pas semblant d'être plus intelligentes qu'elles ne sont. Elles brillent en cela par la largeur de leur caractère ou du caractère de leur auteur. Je vous en réclame d'autres, aussi courtes, aussi spontanées et aussi décomplexées.

   placebo   
14/7/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour,
Le texte est frais est enlevé. J'ai quelques points communs avec le héros de l'histoire :p J'aime beaucoup les explications avant le texte.
Bonne continuation,
placebo

   in-flight   
21/7/2020
 a aimé ce texte 
Un peu
Ça m'a tout de suite fait penser à une vidéo que j'ai récemment vu où une femme enlève son masque, se met à sourire pour révéler ainsi qu'il lui manque les deux dents de devant. Puis elle rencontre un homme à qui il manque toutes les dents sauf ses deux dents de devant. Bref c'est parti pour s'emboîter entre les deux.
Un petit moment sympa qui se laisse lire.

   solo974   
23/7/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Bonjour PlumeD,
La catégorie est bien choisie ! J'ai ri, en effet, en lisant votre nouvelle.
Le titre m'a également plu, car je l'ai trouvé incitatif.
Un texte à la fois drôle et émouvant sur la différence et son acceptation, le tout sur le mode de l'humour, comme dans ce passage :
"Il avait une sainte horreur de cette engeance, tout ce monde-là éprouvait un malin plaisir, pour un oui pour un non, à vous allonger sur une table d’opération, à vous charcuter l’intérieur, à vous retirer ceci ou cela. Non, non, François était très bien tel qu’il était, et ce petit supplément à sa personne ne gâcherait en rien sa bonne humeur, il s’amusa même à penser en se rendant à son bureau qu’il était heureux que l’on comptât avec ses mains et non avec ses pieds et qu’il n’y avait pas de risques donc qu’il se trompât dans ses calculs."
J'aurais juste aimé que votre texte soit un peu plus long...
Bien à vous et au plaisir de vous relire.

   embellie   
17/9/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Quel bonheur ce domaine de l'absurde à la Marcel Aymé ! C'est naïf et frais. Sans trop savoir pourquoi, en vous lisant je voyais les amoureux de Peynet. Et la complémentarité, jolie trouvaille. Je rejoins les autres lecteurs, j'aurais aimé que l'histoire soit plus longue, d'autant plus qu'on lit rarement des textes se situant dans ce registre. Merci pour ce plaisir de lecture.

   SaulBerenson   
20/1/2021
 a aimé ce texte 
Bien
Joli conte, tristounet à la fin, j'avoue que j'ai du mal à saisir la morale de l'histoire tout en doutant qu'il y en est une.
Peu importe. Il manquait vraiment deux orteils et un cœur à Marguerite et François ne peut pas tout faire.
J'ai adoré: "heureusement que l'on ne compte pas sur ses orteils"...
Un bon moment.


Oniris Copyright © 2007-2023