|
|
Corto
13/4/2019
a aimé ce texte
Beaucoup
|
Voici une grande introspection qui mérite attention.
Ce prof d'histoire/géo de 50 ans plonge en lui-même sans vraiment s'en apercevoir dans un premier temps. Il est même plutôt dynamique puisqu'il a pour philosophie de toujours avancer. Belle référence à Souchon avec "On avance, on avance, on avance C’est une évidence, on avance" qui lui sert de devise de vie. Mais un premier tournant vient avec ce film où l'intrigue ce serveur mollasson qui lit un gros bouquin dans un café de banlieue "Le serveur lève un œil blasé, ça glisse". Et c'est ce personnage secondaire falot qui semble regarder Didier "Comme s’il savait que c’est exactement sa façon d’être quand le proviseur fait son numéro en réunion." De fil en aiguille Didier en arrive à revivre "sa propre adolescence flamboyante" et à comparer ses ambitions d'alors avec l'adulte qu'il est devenu: "c’est vrai qu’il a choisi la navigation en eaux calmes, plutôt proche du bord". L'interrogation cruelle arrive dans sa tête "s’est-il trahi pour autant ?" On est en plein dans le blues de la cinquantaine. Place à l'introspection, à la réflexion. L'heure n'est pas à la réponse. Un texte bien écrit, bien déroulé, qui vise la profondeur plus que l'action. |
vb
3/5/2019
a aimé ce texte
Beaucoup
|
Chère Plumette,
J'ai beaucoup aimé ce texte mélancolique - surtout pour quelqu'un qui comme moi approche de ses cinquante ans. On sent bien cette nostalgie de l'adolescence, cette middle-life-crisis. J'ai eu un peu difficile avec la séance de cinéma. J'ai eu de la peine à m'imaginer le film dont tu parles ; mais peut-être n'était-ce pas ton but. Je pense que tu voulais justement montrer que le narrateur n'aimait pas le film ou plutôt était trop préoccupé par lui-même pour vraiment le comprendre et se contentait de s'identifier à ce Denis. J'ai cependant trouvé ce passage un peu longuet. Par contre, j'ai apprécié l'image des remous dans le courant du fleuve et les souvenirs qui remontent à propos de Cédric et ses amis d'adolescence. J'ai trouvé ça bien amené. Merci pour ce texte et à bientôt. |
Anonyme
3/5/2019
|
Bonjour Plumette,
Je ne suis pas convaincu par le choix narratif. Soit la séquence Un air de famille, au cinéma, est trop longue, soit elle est trop courte. La nouvelle est en déséquilibre, elle a du mal à trouver son révélateur. Ce Denis, le serveur, qui devait tenir ce rôle, disparaît trop vite. On aurait voulu garder ce contact entre lui et Didier, il aurait dû être le ciment de l’histoire, jusqu’au bout. Les eaux du fleuve nous emportent vers d’autres courants, et c’est bien dommage. Au total, une histoire qui régresse à mesure qu’on avance et une dernière phrase à l’existentialisme un peu plan-plan. Il y a aussi quelques confusions possibles dans les personnages. La présentation de Caro laisse penser qu’elle est la sœur de Didier plutôt que son épouse. Vous installez une distance entre les deux : « Caro l’a vue (parlant de la comédie), et elle a beaucoup ri ». Je ne sais pas, mais lorsque je lis ça sans d’autre précision, j’ai plutôt l’impression d’une sœur qui téléphone à son frère. C’est comme le parachutage de Lola et de ses dix-sept ans, on peut facilement penser à un fantasme de Didier. C’est le genre de petits mystères qui me font relire les phrases à l’infini, en me demandant si je ne deviens pas gâteux. Cédric aussi, il est bien gentil sur son radeau, mais il n’aurait pas dû peser lourd à côté de Denis, le serveur. En fait, je crois que j’ai abdiqué quand Didier est sorti du ciné. J’aurais préféré que l’intrigue reste circonscrite à cet espace. Quant au style, c’est ce que j’appelle un style indéfinissable, qui tire souvent sur le cursif et parfois soudain sur l’étirement, sur des phrases qui font cinq lignes. Harlan Coben qui aurait fauté avec un petit-neveu de Proust. Je veux bien suivre les méandres psychologiques de Didier, mais bon, ces ruptures exagérées de cadence, ces inflexions finalement hésitantes de la voix, finissent par abîmer le style. Pour le dire plus simplement, la première partie et la seconde ne semblent pas écrites par le même auteur. Désolé, cette fois c’est vraiment non. FrenchKiss Fan des meilleures années Bacri |
hersen
3/5/2019
a aimé ce texte
Un peu ↑
|
Salut Plumette,
Une remise en question au fatidique anniversaire des cinquante ans n'est pas un des sujets les plus émoustillants. car on sait à peu près ce qu'on y trouvera et que cela finira par des regrets, de n'avoir pas osé sortir des rangs. Ton texte ne déroge pas à cette règle. le point que j'ai trouvé intéressant est le plongeon dans le film, où Didier se voit comme dans un miroir, en quelque sorte et je me dis que tu aurais dû, peut-être, pousser plus loin dans cette voie; Je n'ai pas vraiment compris l'histoire du radeau. Enfin si, j'ai compris le fiasco, mais pas la raison de s'étendre à ce point. Je pense que c'est aller très loin de suggérer que cela, à treize ans, puisse avoir anéanti ses beaux rêves d'ailleurs et d'aventure. Je reproche un peu au texte qu'il y ait des excuses constantes. Et je me dis qu'à cinquante ans, il est encore temps de tout lâcher pour voguer loin, donc je termine avec l'impression d'avoir assisté non pas à une remise en question, qui pourrait être salutaire, mais à un ressassement. Pour exemple, la fonction de prof d'histoire/géo : Didier le voit de façon négative. mais ne lui rest-t-il pas vingt ans encore pour se bouger aux quatre coins du monde ? Je pense que je ne suis pas trop bonne cliente pour les crises des ...taines; La dernière phrase dit bien l'atermoiement : en fait non, c'était bien, mais on pourrait faire un peu plus fantaisiste, c'est à dire faire ce qu'il n'a jamais fait plus jeune. je doute. Tu l'auras compris, je ne suis pas embarquée cette fois-ci.Même si ton écriture est raccord avec le sujet, je n'ai pas en fin de compte éprouvé grand chose envers Didier. mais après tout, peut-être est-ce toi qui est réaliste et que je juge Didier à l'aune de ma bougeotte. peut-être ne pourrais-je jamais rencontrer le IRL tant nos notions sont différentes. A te relire. |
senglar
3/5/2019
a aimé ce texte
Beaucoup
|
Bonjour Plumette,
Ah que j'aime pas ce mec ! Pas étonnant que personne ne lève la tête quand il sort de la salle des profs... l'insignifiance même qui s'accorde pourtant de l'importance, nécessité pour survivre sans doute. Ah que j'aime pas le com. que je vais faire, moi qui suis si positif d'habitude. Je ne vois même pas ici de quoi être dérisoire. Sans dérision je meurs. ahiiiiiii ! Ferré chantait parfois comme ça ! Que m'as-tu fait plumette ? Ahiiiiii !... A cinquante balais il ne reste plus grand-chose à balayer pour Didier qui a balayé sans trop sourciller ses rêves de jeunesse pour l'essentiel bien vite avortés. M'est avis qu'il va rentrer sagement corriger ses copies ; finalement c'est peut-être tout aussi ardu pour lui que de se taper, je ne sais pas, l'Orénoque en canoé... et peut-être qu'il y trouvera des pépites dans ses copies alors que dans l'Orénoque il n'y a que vase et fange c'est bien connu. Un empiriste ce Didier et c'est bien comme ça. Bien pour lui. Bien pour Caro. A mon avis Lili l'a échappé belle ; en elle Lily il se serait miré Narcisse recomposé. Pas vraiment doué pour l'aventure le Didier ; c'est d'ailleurs dans un film de ce titre qu'Alain Chabat (génial ! L'un de nos rares vrais comiques ! Avec le sens, l'innéisme itou...) se prenait pour un bon gros toutou. Désopilant. Le CAPES d'histoire-géo - le plus confortable soit dit entre nous, celui que prenaient ceux qui craignaient celui de Lettres françaises classiques ou modernes plus aléatoires - semble le nec plus ultra, l'aventure ultime, la lutte finale pour ce handicapé de l'aventure, il a atteint ce qu'il pouvait atteindre, heureux en fin de compte d'être là où il est. Surtout ne pas plaindre ce héros de la procrastination, héros ordinaire comme beaucoup de héros qui pleurent sur eux-mêmes en buvant de la limonade et en mangeant du chocolat. Devinette : Assassin par ricochet raté, aventurier raté, Casanova raté, tous rêves loupés que pouvait-il être ? Ben... un prof réussi. Bon faux courage pour les copies. Après tout là encore il suffit de patience sans génie... A Tristes Tropiques triste héros ! En fin de compte auto-satisfait de s'auto-apitoyer sur son son auto-personne. Quel com. dis-donc que j'aime pas du tout ! Mais pour la lecture de la nouvelle j'ai couru d'un bout à l'autre plumette :) C'est pas moi ça ! Pourquoi aussi m'avoir foutu un antihéros dans les guiboles... lol :))) senglar |
Anonyme
4/5/2019
a aimé ce texte
Beaucoup
|
Bonjour plumette
Avant toute chose : à pied ne prend pas de "s" et il y a une petite répétition du verbe passe : il passe devant le Royal ; il y passe cette comédie. C'est marrant le film que vous racontez m'a fait penser à "Cuisine et dépendances" où Didier serait en quelque sorte un Jean-Pierre Bacri taciturne et nostalgique. J'aime beaucoup Didier. On dirait que vous avez un faible pour les loosers et tous ceux qui marchent férocement dans les clous, parce que oui, forcément, à force de regarder où on met les pieds, un beau jour, on lève la tête et on observe ce qui se passe autour de soi. Encore qu'ici ça disjoncte en douceur, mais c'est méchant aussi les disjonctions douces, ça électrocute plus… durablement. La chanson de Souchon est fort bien vue parce qu'on est tous, tous, tous rangés dans nos tiroirs. Rares sont ceux qui ont une vie exceptionnelle et même ceux-là un jour ou l'autre rencontrent les regrets. C'est obligatoire vu qu'il est impossible de tout avoir. J'aime particulièrement dans vos textes voir transpirer votre attachement à vos personnages. Merci pour cette lecture. |
Mokhtar
4/5/2019
a aimé ce texte
Beaucoup
|
On retrouve dans ce texte de Plumette ce que j’aime bien dans ses histoires : sa façon de brosser les traits d’un personnage pour lui donner vie, lui donner une crédibilité, faire qu’on a l’impression d’avoir déjà rencontré son héros quelque part.
Celui-ci vit comme un albatros sans rémige dans un poulailler. Il s’en est fallu de peu que le radeau ne le porte vers des aventures extraordinaires. Mais il n’y a jamais eu déclic, de coup du destin. Alors il s’est laissé glisser vers la facilité d’une existence banale (encore qu’être prof doit bien procurer quelques péripéties, quelques richesses sortant de l’ordinaire). L’identification au personnage de Denis doit mieux « parler » à ceux qui on vu le film. Peut-être même que l’idée de l’histoire est venue à Plumette par ce biais. Alors Denis-Didier débobine sa vie, plus en recul qu’effacé, un peu désabusé, un peu goguenard, un peu en survol. Piégé mais pas conquis. Il vole plus haut que sa condition. J’ai envie de lui suggérer d’écrire. Pour nous montrer « qui ne s’est pas trahi » et « pour faire place à ses rêves ». Pour expulser ses potentiels. Faire que sa plume l’emmène aussi loin qu’un radeau. J’ai eu plaisir et intérêt à lire ce texte, porté par une écriture qui sait retenir. PS : « Didier se rappelle des commentaires de Caro « (rappelle LES, ou SE SOUVIENT DE) |
jfmoods
4/5/2019
|
I) Un homme un peu seul
Sa semaine de travail achevée, Didier, enseignant en histoire-géo au lycée, entrevoit déjà l'interminable corvée qui l'attend : corriger la soixantaine de copies qu'il vient de ramasser. Notre homme a aujourd'hui 5o ans et, d'un naturel discret, il n'a pas cru bon d'annoncer l'événement à ses collègues. Il semble même passablement soulagé de ne pas pouvoir fêter cet anniversaire avec sa femme Caro, absente pour raison professionnelle. II) Un spectateur dans son fauteuil Rentrant chez lui à pied, Didier passe devant le cinéma Le Royal et décide d'aller voir "Un air de famille" de Cédric Klapisch, film que Caro a vu et particulièrement apprécié. Cependant, au lieu d'en savourer l'intrigue, il se focalise sur le personnage de Denis, serveur dans le bar qui sert de toile de fond à l'histoire. Dans une hallucination, Didier entend Denis qui lui parle, qui lui présente sa vie comme un échec, qui lui laisse entrevoir d'autres pistes. III) En remontant le fleuve du temps Didier sort du cinéma. L'hallucination auditive a largement ouvert les vannes du souvenir. La crise de la cinquantaine est en marche. Didier se rappelle l'été de ses 13 ans, cet échec sportif qui a définitivement éteint le côté aventureux de son caractère. Didier considère alors le pragmatisme de son choix professionnel. Il revoit son passé amoureux, constate qu'il a préféré la sécurité (Caro) à la fantaisie (Lili). Quel autre homme serait-il devenu sans les circonstances malheureuses de cet échec ? Il existe plus d'une raison pour aimer ce texte... D'abord, le jeu de l'intertextualité. Souchon, chanteur indémodable, est présent dans d'autres nouvelles de Plumette. Il y a aussi, évidemment, un cadre spatial ("le fleuve", "dans le courant du fleuve", "il contemple le fleuve") qui ne laisse guère planer de doute sur le fait que nous nous trouvions, là encore, dans la capitale mondiale de la gastronomie. Ensuite, il y a, évidemment, ce décalage entre l'aspect comique du film (je pense, en particulier, à la scène d'anthologie du coup de fil à l'hôtel -> https://m.youtube.com/watch?v=ABxytyKcQaw) et l'incapacité de Didier à rire, son obsession pour le personnage du serveur qui l'empêche de profiter de la séance. Enfin, il y a l'humanité qui émane du personnage. Didier est resté l'adolescent qu'il était ("il est bien placé pour savoir qu’il faut que jeunesse se passe, cette jeunesse, il l’aime et la défend, sinon il ne serait pas ce prof cool et néanmoins respecté de ses élèves."), comme chaque homme le demeure au fond de lui-même, sans forcément oser se l'avouer. Merci pour ce partage ! |
Shepard
5/5/2019
a aimé ce texte
Bien
|
Donc, toutes les dizaines y a la crise... avec une saveur différente...
Avoir des regrets c'est facile : tout est vu sous au travers d'un prisme négatif. Prof d'histoire-géo, c'est presque un échec (alors qu'il est respecté, donc quelqu'un de compétent). Un homme 'seul' alors qu'il est marié ? Des rêves abandonnés pour une chute à 13 ans ? Vraiment, s'agissait-il vraiment de ce qu'il souhaitait faire ? Les rêves sont ce qu'ils sont... personne ne sera jamais satisfait. Mais finalement, la nouvelle se termine bien : Didier accepte son chemin et regarde l'horizon. La nostalgie est un piège vicieux, regarder en arrière est inutile, donc le personnage est plus fort qu'il n'y paraît au premier abord. J'ai bien aimé le bonhomme, beaucoup n'aurait pas fait mieux que lui ! |
Donaldo75
6/5/2019
|
Bonjour plumette,
En lisant cette nouvelle, je me suis retrouvé dans les films français du début des années deux mille. C'est bien écrit, il y a une histoire ancrée dans le quotidien mais je me suis posé la question: ai-je réellement envie de lire une nouvelle sur un professeur qui passe le cap de la cinquantaine, se pose des questions sur ses rêves d'antan et sa réalité d'aujourd'hui ? Je ne sais pas. Des fois, non. D'autres fois, pas non. Jamais oui. Peut-être que cet univers ne m'intéresse pas, en fait. Je ne vais pas rentrer en psychanalyse pour si peu, alors que je pense que tu as passé du temps pour concevoir l'histoire, écrire la nouvelle, la relire et en soupeser chaque élément, comme toujours chez toi dans ce souci du travail bien fait. |
maguju
9/5/2019
a aimé ce texte
Beaucoup
|
Bonjour Plumette
Pardon de commenter seulement aujourd'hui mais je voulais prendre le temps de relire votre texte. Il se trouve que je connais bien le film auquel vous faites allusion et je l'apprécie beaucoup! Votre histoire m'a touchée à différents titres et votre style, toujours impeccable, a rendu ma lecture très agréable. Merci pour le bon moment. |
plumette
16/5/2019
|
Pour un retour sur vos commentaires et prolonger la discussion,
http://www.oniris.be/forum/anniversaire-remerciements-et-discussion-t26941s0.html |
Sylvaine
21/5/2019
a aimé ce texte
Bien
|
Bonjour Plumette
Une nouvelle en demi-teinte, où chaque adulte parvenu au mitan de sa vie peut se reconnaître sans peine. Chacun a laissé derrière soi les rêves de l'adolescence, mais toute la question est de savoir si l'on se reconnait finalement dans l'existence que l'on a vécue. La réponse est positive pour le protagoniste de l'histoire, qui, ainsi, ne laisse pas un goût trop amer. J'ai bien aimé le rôle joué par le film dans ce retour sur soi-même. Il montre bien que le détour par la fiction nous aide à clarifier notre monde intérieur. |