Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Sentimental/Romanesque
plumette : Le banc de pierre
 Publié le 27/01/19  -  24 commentaires  -  12763 caractères  -  171 lectures    Autres textes du même auteur

Ça lui rend pas service de jouer tout l'été avec les enfants des patrons... Faudrait pas qu'il oublie d'où qu'il vient ce môme !


Le banc de pierre


Hier soir, Sabine a eu la permission d’aller chez Thierry pour regarder Belphégor à la télévision. Ils se sont assis côte à côte sur le petit cosy, dans l’angle de la cuisine, qui sert aussi de pièce commune. Chaque fois que le fantôme apparaissait dans la salle d’égyptologie du Louvre, Sabine se cachait les yeux et se blottissait contre Thierry. Délicieux frissons ! Et tant pis, si elle n’a pas compris grand-chose à l’histoire. Elle s’est endormie avant la fin. Yvonne l’a portée dans la grande maison et l’a couchée dans la chambre aux iris.

Au matin, Sabine est toute étonnée de se réveiller dans son lit. Les traces de la nuit se dissipent doucement. Après le petit déjeuner, un bref passage dans la salle de bains où, Lisa, la jeune fille au pair, l’oblige à se laver les dents et se coiffer. Ses habits sont prêts au pied du lit. Elle se dépêche, file au garage, espère y trouver le vélo rouge, le seul à sa taille, mais qu’il faut partager avec tous les cousins, et la voilà qui descend l’allée gravillonnée, debout sur les pédales en freinant un peu quand même. Elle évite les rigoles creusées par l’orage, slalome entre les gros cailloux, et heureusement, avant d’être entraînée trop vite, le chemin se redresse, avec l’élan pas besoin de pédaler, le vélo file, il laisse une empreinte dans le sable tendre encore humide, la voilà qui arrive à l’orée du bois, encore quelques mètres et c’est le banc de pierre.

C’est un long rectangle moussu, sans dossier, entouré de pins et de châtaigniers. Sous l’assise et tout autour, les feuilles accumulées forment un tapis épais, moelleux, dans lequel Sabine aime plonger les mains. Le banc est une frontière entre la partie dégagée du parc et le bois qui se poursuit jusqu’au sommet de la colline. À partir de là, on ne peut plus être vu depuis la grande maison. Il marque l’extrémité du territoire autorisé.

Les enfants ! N’allez pas plus loin que le banc de pierre.


Sabine sait qu’elle doit montrer l’exemple, elle a posé son vélo contre un sapin, elle attend.

Le tennis est juste en contrebas. On traverse l’allée, au niveau du banc puis on descend un escalier jusqu’à la plate-forme engrillagée. Seuls les parents et les grands ont le droit d’aller jouer. Une seule exception : Jérôme. Il n’a que dix ans, mais il est doué, alors oncle Stéphane l’entraîne car il espère bien en faire un champion.

Sabine aime entendre les balles qui claquent contre les raquettes. Les cris, les rires la rassurent, les autres ne sont pas loin, elle joue à côté du banc. Elle respire l’odeur des feuilles autour et sous le banc, elle écoute le bruissement des arbres. Parfois, elle s’inquiète d’un craquement au-dessus d’elle. Peut-être un écureuil ?

Sous le banc, cachée sous un tas de feuilles en décomposition, Thierry a laissé une boîte en fer qu’il a prise à la cuisine où travaille sa mère. C’est une grosse boîte carrée, bleu vif et argent. Elle a contenu des biscuits et maintenant elle lui sert à ranger ses billes et ses cyclistes en plomb.

Hier, Thierry a tracé un circuit, là où l’allée est plus large, avec des collines, des épingles à cheveux, des chicanes. C’est un beau parcours pour son tour de France ! Avec les billes, il faut faire avancer les cyclistes. Thierry accepte de jouer avec Sabine. Les cousins se moquent de lui parce qu’il préfère être avec une fille. Alors pour être tranquilles, ils ont abandonné aux autres le grand hêtre rouge dont les racines enchevêtrées forment un circuit naturel et sont venus jusque- là.

En attendant Thierry, Sabine répare le circuit que l’orage du soir a abîmé. Elle fabrique un balai avec de longues feuilles de châtaigniers, et lisse les allées, elle rajoute du sable sur les collines effondrées, renforce les barrières avec des brindilles, se relève et regarde le résultat.


Et Thierry qui n’arrive pas ! Sabine commence à jouer seule, un coup pour elle, un coup pour lui mais c’est beaucoup moins drôle. Elle renonce vite et s’allonge sur le banc de pierre. Le contact est dur et froid, elle se relève, couvre le banc d’un matelas de feuilles sèches, s’allonge à nouveau et regarde le ciel à travers les feuillages en plissant les yeux, ça fait comme un kaléidoscope. Sabine pense à Thierry.

Sabine sent que, cette année, ce n’est plus tout à fait comme avant. Thierry ne parle pas beaucoup, il ne rit pas souvent et se fait gronder par Yvonne, Sabine ne comprend pas pourquoi.

Arrête de traîner comme ça. Va voir ton père, il t’attend pour ramasser les haricots.

Range le bois, et puis après t’iras nourrir les lapins, on n’est pas en vacances, nous !

Thierry n’a plus le droit d’aller à la piscine du bourg avec les autres. La dernière fois que Sabine a demandé à Yvonne si on pouvait l’emmener, elle avait sa tête des mauvais jours, elle a grommelé quelque chose que la petite n’a pas bien compris.

Ça lui rend pas service de vivre tout l’été avec les enfants des patrons… Faudrait pas qu’il oublie d’où qu’il vient ce môme !


Et il y a eu le 14 juillet. Le jour où on devait fêter tous les anniversaires du mois. Les douze ans de Catherine, et leurs huit ans à Thierry et à elle. Sabine a vu partir Thierry au début de l’après-midi avec Yvonne et Marcel, elle a guetté son retour jusqu’au soir. Elle n’avait pas le cœur à souffler seule les huit bougies du gâteau qu’ils auraient dû partager. Elle a dit qu’elle voulait l’attendre, personne ne savait où était Thierry et c’est Catherine qui a dit avec sa voix pointue il n’est même pas de la famille Thierry !

Sabine n’est pas bête, elle sait bien que Thierry n’est pas un cousin, qu’ici les cousins et cousines, ce sont les enfants des frères et sœurs de papa, et bien sûr qu’Yvonne n’est pas la sœur de papa ! Mais pour elle c’est même plus qu’un cousin. Depuis qu’elle est toute petite, chaque été, c’est avec lui qu’elle joue le plus.

Le lendemain, Sabine est allée traîner à la cuisine. Elle a demandé à Yvonne si elle pouvait l’aider à équeuter les haricots. Sabine sait qu’Yvonne a un petit faible pour elle. Il n’y a qu’elle qui peut lui tourner autour sans se faire rabrouer. Elle a même le droit de venir racler les fonds de casseroles. Sabine sait, même si elle ne s’en souvient pas, qu’elle a passé deux mois chez Yvonne juste avant ses trois ans. Yvonne lui a tout raconté. Elle a montré des photos où l’on voit Sabine et Thierry tête- bêche dans le même lit, Sabine et Thierry qui caressent la vieille chienne Nora, Sabine et Thierry qui se disputent un tricycle. La photo qu’Yvonne lui montre toujours est celle où les deux enfants sont joue contre joue avec elle, chacun d’un côté, leurs petits bras entrecroisés et passés autour de son cou. Sabine adore regarder ces photos et Yvonne aussi :

Ta maman a dû aller à la clinique parce qu’elle avait des contractions, le bébé voulait sortir, mais c’était trop dangereux pour lui. Alors elle est partie à Paris en ambulance avec ton papa, il fallait qu’elle reste couchée pour faire grandir le bébé. C’était la fin des vacances, il n’y avait personne pour vous garder ton frère et toi. C’est tante Simone qui a gardé ton grand frère et toi, ma puce, tu es restée avec nous jusqu’à la Toussaint. Tu étais gaie comme un pinson et grâce à toi Thierry s’est mis à sourire. C’est avec toi qu’il a appris à parler, qu’il est devenu moins sauvage.

Sabine n’a jamais dit à personne ce qu’il y a au fond de son cœur, elle rêve de quand elle sera grande et qu’elle sera mariée avec Thierry. Ils habiteront à la montagne, Sabine lui a déjà raconté leur maison en bois, ça s’appelle un chalet, elle sera maîtresse à l’école du village, ils auront un chien, un gros chien de berger tout fou…


Sabine s’ennuie, elle descend vers le tennis. Sa mère joue avec l’oncle Stéphane. C’est une partie sérieuse, où on compte les points. Sabine attend.

Elle reste derrière le grillage, silencieuse et regarde sa mère qui s’agite et poursuit la petite balle jaune : sa mère se déplace de gauche à droite et de droite à gauche, d’avant en arrière ou d’arrière en avant, elle frappe la balle avec le tamis de la raquette, et poc et poc et poc ça fait un son net et mécanique, comme le métronome pour jouer du piano. La balle rase le filet, dix fois, et pan, cette fois elle part comme un boulet de canon et rebondit juste sur la ligne au fond du cours, oncle Stéphane pousse un cri.

Sabine observe la silhouette gracieuse, fixe la jupette plissée blanche qui vole, virevolte au rythme des déplacements. Elle s’émerveille des jambes fines, fuselées, brunies de soleil qui vont et viennent infatigables : elle admire le corps de sa mère qui bondit avec vivacité.

La petite est hypnotisée par la balle jaune qu’elle voit partir, à droite, à gauche, en haut, parfois la balle monte en flèche dans le ciel.

La petite appelle le regard de sa mère en la regardant intensément. Elle sait bien qu’il ne faut pas lui parler, ne pas la déconcentrer, alors elle se tait, et reste immobile, accrochée au grillage. Elle lui trouve un air dur dans l’effort, presque méchant. Elle aimerait bien caresser son visage, effacer tous ces plis et retrouver sa maman.

Elle reste là longtemps, transparente, gagnée par une tristesse, ils ont l’air de bien s’amuser eux ! Puis elle repart en silence vers le banc, dessine dans le sable avec le bout de son pied.

Sabine entend la cloche qui annonce le déjeuner. C’est le premier coup qui bat le rappel. Vite remonter vers la grande maison, se laver les mains et être là quand la cloche sonnera pour la deuxième fois. Sabine sait que pour les retardataires, il n’y a pas de repas.

Sabine mange à l’office, avec les petits. Pourtant elle plus grande que les petits qui sont encore à l’école maternelle, mais on lui a dit qu’elle était trop petite pour être à table avec les grands ! Sabine trouve que c’est pas juste, aux petits on donne toujours les restes du repas de la veille et le dessert c’est toujours yaourt et compote tandis que les grands mangent les bons gâteaux préparés par Yvonne. Il y a Lisa qui déjeune avec eux, elle coupe la viande, sert l’eau dans les verres, surveille Laurent et Fabrice qui font les sots. Sabine est pressée de finir, elle sort de table avant le dessert, se faufile dans la cuisine, espère y retrouver Thierry.


Il est là, son assiette devant lui, à tracer des routes avec sa fourchette dans sa purée.


– Pourquoi tu n’es pas venu ce matin ?

– J’étais puni.

– Qu’est-ce que t’as fait ?

– J’ai pas été gentil.

– T’as dit des gros mots ?


Thierry ne répond pas, enfourne de grosses cuillères de purée dans sa bouche, ne regarde pas Sabine.

Elle remarque qu’il porte une montre à son poignet gauche.


– C’est ton cadeau d’anniversaire ?


Thierry se met à sourire fièrement, il lève le bras vers la fillette, caresse l’objet.


– Elle est belle hein ?

– Tu sais même pas lire l’heure…

– C’est même pas vrai ! C’est toi qui sais pas.


Sabine est intriguée, on dirait une montre d’adulte, trop grosse pour le poignet de Thierry.


– C’est toi qui l’as choisie ?

– Non, c’est la dame qui me l’a donnée. J’ai pas voulu l’embrasser, c’est pour ça que j’ai été puni.

– Quelle dame ? Elle est venue ici ?

– Non, c’est quand on est parti avec mes parents, l’autre jour, on est allé la voir à l’Assistance.

– À l’Assistance ?

– Tu sais bien ! C’est là où on met les enfants quand on peut pas s’en occuper.


Sabine est perplexe, elle n’en a jamais entendu parler.

Thierry regarde autour de lui, il baisse la voix.


– Moi je viens de l’Assistance, faut pas le répéter, Yvonne c’est pas ma vraie maman, elle m’a pris là-bas quand j’étais petit, et même, on lui donne des sous pour me garder… C’est la dame qui m’a expliqué, elle m’a dit que j’étais son fils, qu’elle pensait souvent à moi, qu’elle allait revenir, qu’elle voulait me reprendre, c’est pour ça qu’elle m’a donné la montre, pour que moi aussi je pense à elle.


Sabine est désemparée.


– Alors tu vas partir ?


Thierry a l’air grave, sa bouche tremble, il ferme les yeux, secoue violemment la tête et éclate en sanglots. La petite, pétrifiée, se met à pleurer aussi.

Yvonne, depuis la pièce à côté a entendu les pleurs. Elle rudoie Thierry.


– Qu’est-ce que tu lui as fait, garnement ?


Thierry ravale ses larmes et proteste.


– J’ai rien fait !


Sabine se jette contre Yvonne, l’entoure de ses bras, lève vers elle son petit visage inquiet et supplie.


– C’est pas vrai ? Il va pas partir Thierry, la dame, elle peut pas l’emmener comme ça ?


Yvonne n’en mène vraiment pas large, elle s’assoit, racle sa gorge, attire les deux petits dans son giron, les cajole et dit :


– Allez, on se monte pas la tête les enfants. Tiens ! Vous allez m’aider… Sabine, prends donc le seau des épluchures là, on va aller nourrir les lapins.



 
Inscrivez-vous pour commenter cette nouvelle sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Neojamin   
31/12/2018
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,
J'ai bien aimé le ton employé, l'innocence qui se dégage de ce texte. J'y ai cru à la petite Sabine qui évolue dans un monde trop compliquée pour elle. Des phrases simples et directes, comme je les aime. J'apprécie particulièrement les détails peints d'une manière sobre. On se concentre sur le récit, sur les personnages, pas de fioritures ou de mots pour faire beau.
L'histoire n'est pas exceptionnelle, la chute un peu banale, mais peu importe, j'ai aimé me laisser entraîner, doucement, comme en plein été.
Dans les bémols... l'histoire peut-être... il y a un petit quelque chose qui m'a dérangé dans le comportement d'Yvonne. Et cette histoire d'assistance m'a paru un peu surfaite... les remarques d'Yvonne un peu forcée... il faudrait voir de quelle époque on parle pour juger. En tout cas, c'est là que j'ai un peu tiqué. Pour le reste, pour Sabine et ses observations, je l'ai sentie très juste, très présente, très réelle.
Merci pour ce bon moment!

   Anje   
27/1/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un bon moment de lecture. Des phrases courtes, simples, sans ambages qui donnent un ton naïf, enfantin. Une histoire tout aussi simple mais bien menée jusqu'à la conclusion qui vient toucher l'émotion.
Merci du partage.

   chVlu   
27/1/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Une lecture d'une traite, sans impatience, savourant ce tableau sensitif. Un très bon moment de plaisir.
Une écriture fluide qui file comme une petite musique délicate. Une intrigue conduite avec beaucoup de maitrise qui dans ces moments où il ne se passe pas grand chose m'a tenu en haleine.
Il y a bien un narrateur posé en observateur pourtant je reste avec la sensation que la narrateur est Sabine tant les émotions de Sabine envahisse ce texte.
Cette fin taiseuse et sensible m'a ravi.
Merci pour ce bon moment de lecteur encore dans la magie des émotions de tes mots.

   in-flight   
27/1/2019
 a aimé ce texte 
Bien
Une nouvelle qui interroge sur la parentalité et les différences de classes sociales.

Le texte met en parallèle la présence transparente d'une mère face à sa fille et l'absence contrainte d'une mère (biologique) face à son fils. au milieu, Yvonne joue un rôle de pivot et gère du mieux qu'elle peut cette situation.

Je vois dans la chute une prise de conscience d'Yvonne: elle semble vouloir annihiler les différences de traitement entre Thierry et Sabine pour mieux effacer les pleurs. N'est-il pas trop tard ?

J'ai repéré une toute petite coquille:

"Pourtant elle plus grande que les petits qui sont encore à l’école maternelle"
--> "Pourtant elle EST plus grande que les petits qui sont encore à l’école maternelle"

   Anonyme   
27/1/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Si j'osais je dirais que c'est du Plumette tout cru. Ça démarre l'air de pas y toucher, tu plantes gentiment le décor où la vie se déroule tranquille - une belle assemblée de cousins en vacances dans la maison de famille, comme dans tant d'autres, et puis au bout, une histoire qui déchire le cœur d'une petite fille plus sensible que les autres et bouleverse la destinée de deux enfants. Le point final cependant laisse ouvert l'espoir, car tout est permis tant que l'irréversible n'a pas été écrit.

J'ai bien aimé les touches glissées ça et là dans les pensées de la petite, qui rendent plus vraie que nature cette histoire.

Merci du partage, Plumette.
A te relire bientôt


Cat

   Bidis   
27/1/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une histoire émouvante et bien écrite. Emouvante et pourtant on a évité le pathos. Bref, un moment de lecture agréable et qui interpelle quelque peu.

   STEPHANIE90   
27/1/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonsoir,

Une charmante nouvelle, je suis revenu la lire, avec envie. Une histoire de vie banal jusqu'à cette conclusion qui touche en plein cœur.
Les non-dits, la vie qui s'écoule paisiblement puis, tout change si rapidement que cette petite Sabine se trouve toute chamboulée, et cherche le pourquoi de ces changements inhabituels.
la lecture a été agréable du début à la fin qui est joliment tourné. L'empathie de cette "fausse" mère, son attachement à cet enfant qu'elle a élevé un peu comme le sien et que l'on va lui reprendre. Sa colère sous-jacente que l'on sent poindre et celle verbaliser par ce petit Thierry....

Merci pour cet agréable moment de lecture,

StéphaNIe

   senglar   
29/1/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour Plumette,

Un vrai sens de l'atmosphère
Une construction
et une chute aussi

Lecture prenante

Peut-être la dramaturgie fait-elle un peu XIX ème siècle ?...

   Corto   
28/1/2019
 a aimé ce texte 
Un peu
Un texte bien écrit, dont le déroulement permet une lecture sans aspérités jusqu'à la fin.
Par contre sur le fond on se retrouve dans l'ambiance de temps anciens. Le choix du sujet nous ramène à l'époque où les enfants lisaient "Les malheurs de Sophie" ou "Sans famille".
On aurait aimé un peu de modernité même si la souffrance d'une enfant et d'une mère séparées sont évidemment d'une actualité permanente.
Mais tout le monde n'est pas obligé d'aimer une poésie qui regarde la société d'aujourd'hui au fond des yeux...

   Malitorne   
28/1/2019
 a aimé ce texte 
Un peu
Je n'ai pas tellement été emballé par ce récit qui m'apparait trop lisse, tant au niveau du style que du thème abordé. Une dénonciation de la différence de classes plutôt superficielle, il manque des évènements ou situations qui accentuent le fossé entre ces deux mondes. Les réflexions naïves d'une petite fille ne sont pas suffisantes.
J'ai noté aussi deux maladresses où l'auteur rentre trop dans l'histoire, abuse d'explications inutiles pour le lecteur qui a bien compris ce qu'il se passe : « Ça lui rend pas service de vivre tout l’été avec les enfants des patrons… Faudrait pas qu’il oublie d’où qu’il vient ce môme ! », « Yvonne n’en mène vraiment pas large ».
Enfin la situation familiale de Thierry me semble superflue, un tire-larme dont on pourrait se passer.

   Anonyme   
28/1/2019
Bonjour Plumette,

Laissez tout en plan, je viens de signer votre texte avec Walt Disney. On embarque demain à 14H de Roissy, pour Los Angeles.
Ils m’ont juste demandé l’autorisation de compléter la généalogie de Thierry par une mère phtisique et un père violent qui carbure à l’absinthe. Sur ce coup, on peut se permettre de bouder Gallimard, j’espère que vous ne m’en voudrez pas.

Ils disent n’avoir rien lu d’aussi déprimant depuis La petite fille aux allumettes. Ici, même pas un grattoir pour éclairer le moindre rêve. La fin laisse le lecteur se débrouiller, comme si l’auteur avait eu des rutabagas à éplucher. C’est pas moi qui l’ai dit.

Voilà une autre de leurs conditions : faut surtout pas qu’Yvonne flanche. Faut qu’elle se débarrasse de Thierry et que Sabine en bave toute sa vie, avec un briquet Bic tout pourri dans la main.
Je leur ai dit qu’en plus, pour le prix, c’était plutôt bien écrit. Ils m’ont répondu que ça, ils s’en foutaient.

Pour quelques millions de $, on va pas finasser, c’est jamais que des ricains.
A demain, donc.

FrenchKiss
Agent de scénarios catastrophe

   Anonyme   
28/1/2019
Il me manque quelque chose, je crois, peut-être des situations plus concrètes rendant les différences de classes sociales, mais j'ai globalement aimé suivre Sabine dans ses interrogations empreintes de candeur quant à la place que chacun devrait occuper dans un univers complexe et j'aime lorsque cet univers est montré à hauteur des yeux d'enfants.

J'avais moi-même proposé autrefois une nouvelle similaire (dans laquelle, d'ailleurs, il y avait aussi un tennis), et en lisant la vôtre, j'ai retrouvé l'esprit qui m'avait guidé en écrivant la mienne.

(s'il y a au catalogue d'Oniris d'autres nouvelles de vous montrant le monde à hauteur d'enfant, je suis candidat lecteur).

   jfmoods   
29/1/2019
En lisant ce récit qui se passe dans les années 60 ("Belphégor à la télévision"), j'ai repensé à ce que j'avais écrit à propos d'une autre nouvelle de Plumette intitulée "Cet été-là"...

"... cette époque charnière où le monde merveilleux de l'enfance a commencé à se craqueler..."

Tout en arpentant un territoire dont le banc de pierre marque la limite, la petite fille se heurte aux aspérités du monde adulte...

- distance maternelle ("Elle lui trouve un air dur dans l’effort, presque méchant. Elle aimerait bien caresser son visage, effacer tous ces plis et retrouver sa maman.").

- distance générationnelle ("Sabine trouve que c’est pas juste, aux petits on donne toujours les restes du repas de la veille et le dessert c’est toujours yaourt et compote tandis que les grands mangent les bons gâteaux préparés par Yvonne.")

- distance sociale ("Sabine se jette contre Yvonne, l’entoure de ses bras, lève vers elle son petit visage inquiet et supplie. – C’est pas vrai ? Il va pas partir Thierry, la dame, elle peut pas l’emmener comme ça ?").

Merci pour ce partage !

   senglar   
29/1/2019
Bonjour Plumette,


Texte qui intrigue, tient en haleine. J'aime cela.


Ce dont je voulais parler en premier (j'en parle en second car je tenais en premier lieu à vous complimenter) c'est L'AMBIANCE. EXCELLENT(E) ! Vous avez tapé dans le mille : Années 58 - plus ou moins - (j'ai déjà un certain âge, non ! pas un âge certain !) la télé qui est encore un lieu de convivialité et d'émerveillement voire de frissons (Ah Belphégor ! Mystérieuse, envoûtante et adorable Juliette ! Amour de jeunesse ! Fantasme !), les cyclistes de plomb (si aériens) auxquels j'ai joué : Gaul, Bartali, Copi, Kubler, Koblet, Robic, Bobet (l'immortel Louison, Louison champion pleureur, champion charmeur, champion des champions)... puis Anquetil. NOSTALGIE ! Oui l'ambiance ici, une atmosphère ! Quelle gueule !

Tout cela m'a été très agréable à lire.

VRAIMENT


Est-on censé donner des conseils ?

J'ai vagabondé bien sûr. J'ai adoré cela. Mais j'aurais aimé vagabonder davantage. Car j'ai senti à mesure que progressait ma lecture que ce récit tendait de manière peut-être trop intransigeante vers son but, sa chute. Et ce but contrariait mon errance, ma rêverie.
Il fallait couper ce fil d'Ariane qui conduit votre histoire, mettre plus de fils effilochés, d'épissures, de barbules. J'eusse aimé une épée de Damoclès sans fil, sans catastrophe annoncée.


Mais la fin rattrape tout, les personnages ne sont pas si mauvais et les tensions s'apaisent.



ça n'est pas un HAPPY END, on n'est pas en Amérique, mais c'est une fin heureuse et c'est très bien ainsi. Les possiblement méchants ne sont pas si méchants voire ne le sont pas. J'y ai retrouvé d'une certaine façon la chaleur d'un Hector Malot (d'avant la télévision bien sûr). Dans ma bouche c'est un compliment, il y a tant de merveilleux auteurs oubliés.

Bravo à vous !


Senglar


PS : Je n'ai trouvé la case évaluation dans la rubrique "commentaire" : bien sûr je vous mets "passionnément". J'ai aimé passionnément votre nouvelle !

   Sylvaine   
30/1/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Le texte tout en finesse épouse avec justesse le regard de la petite fille confrontée aux différences sociales qui structurent le monde des adultes et qu'elle comprend mal. Par touches légères, le lecteur est amené à comprendre l'abîme qui sépare Sabine et Thierry sans qu'ils en aient bien conscience. Il y a là une cruauté feutrée, discrètement émouvante. Le ton sonne juste. Une réussite.

   hersen   
30/1/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Plumette,

En fin de lecture, je me suis dit, c'est du Plumette tout craché, ça ! :))

Il y a à peu près tout ce que sont ces histoires d'enfants abandonnés ou retirés à leur famille. de ce point de vue, je pense que c'est une réussite. Tu réussis plutôt bien le langage de Sabine, ses interrogations,

Tu places les parents "défectueux", si j'ose dire, la famille bourge et le tennis (tu nous a déjà fait le coup du tennis, je crois...) la femme à tout faire qui a un coeur assez grand pour prendre en charge un enfant rejeté.
Et puis ces deux enfants qui s'aiment, comme des enfants que le hasard a mis l'un à côté de l'autre.

Par contre, je trouve au texte un ton trop égal.Pour plein de raisons, une petite Sabine devrait avoir des réactions plus exacerbées. je crois que si les enfants n'en savent pas les causes, ils sont très affûtés pour saisir le fil de ce qui se trame. un adulte ne cache rien, vraiment, et les enfants nous devinent.
je trouve que, en gros, nous restons du côté de l'assistante sociale, sans être véritablement dans le coeur de Sabine.

naturellement, c'est mon ressenti, peut-être que rien de ce que je dis n'est réel. Mais j'ai eu, il y a bien longtemps, une amie assistante sociale. Elle m'a racontée un nombre de cas impressionnants, en nombre et en gravité. Mais j'ai, dans le même temps, été témoin d'un cas social qui m'a littéralement sciée. j'avais 18 ans et je ne savais même pas que cela pouvait exister ! Eh bien j'ai alors considéré le fossé qui existait entre ce que me racontait mon amie, quasiment cliniquement, comme un cas de plus, et tout ce que moi j'ai ressenti à être témoin d'une situation que je n'aurais pu imaginer, vivant dans une atmosphère familiale équilibrée.

Il manque donc pour moi à la fois une rébellion, de révolte fondamentale chez Sabine, et l'acceptation désabusée de Thierry. Tout ceci est présent, mais en filigrane.

désolée, Plumette, mon com est un peu long et je me suis peut-être égarée...

Mais en tous cas, merci de la lecture !

   CyrilRodriguez   
1/2/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
J'ai aimé la simplicité de l'écriture et de l'histoire, qui nous emporte pour une poussière de temps dans l'univers de Sabine. La trame est naïve et c'est cela qui la rend émouvante.

   Luz   
2/2/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour plumette,

J'ai bien aimé cette nouvelle qui a ravivé en moi des souvenirs un peu tristes, mais bon...
Cela veut dire que l'histoire est simplement et très justement racontée. Je voudrais que Sabine et Thierry se marient un jour, malgré la difficulté du "faudrait pas qu’il oublie d’où qu’il vient ce môme..."
Merci.

Luz

   plumette   
6/2/2019

   Donaldo75   
7/2/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour plumette,

Ce n'est pas facile de raconter une histoire d'enfants en prenant le regard de l'enfant comme angle de vue. A cet égard, ta nouvelle est réussie. Ce que j'aime le plus, c'est la psychologie de l'enfant, Sabine en particulier mais aussi un peu Thierry, qui m'a semblé réaliste. Et ça aussi, ce n'est pas facile.

L'histoire est de fait bien racontée. J'aime moins la fin, un peu cucul la praline quand même avec Yvonne qui prend les enfants presque dans ses bras. Mais il faut bien terminer une histoire, je suppose.

   Amelie   
21/2/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une histoire très belle, simplement mais fort bien écrite. Une belle manière de nous inviter dans les réflexions de cette enfant avec un ton juste (l'idée que les adultes éprouvent le besoin de signifier que le garçon n'est pas de la famille).

De très belles images aussi (l'hypnose face à la balle qui va, fuse).
Beaucoup de messages sous-jacents, laissés à la compréhension de qui voudra (l'histoire d'être assez grand pour manger ici ou là, les décisions des adultes sans compréhension).
Mais ce faisant, vous nous montrez une belle idée de la différence entre l'enfance et l'état adulte.

Si je peux, j'oserai dire qu'il y a deux ou trois lourdeurs (pas plus !).
Par exemple, "en freinant un peu quand même", il me semble à l'oreille que le "quand même" est de trop, à moins d'écire "tout de même", pour rester en harmonie avec la qualité du texte.

Une autre chose est parfaitement décrite, sans rien de trop : la manière dont les adultes n'expliquent pas, restent dans l'implicite, sans voir la charge que cela fait porter à cette petite-fille qui doit combler les trous (c'est quoi l'assistance publique ? Pourquoi cela semble-t-il relever de la honte, du secret ?).
Il y a une très grande sensibilité dans ce texte. Merci :-)

   Anonyme   
26/2/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Une petite réserve sur l'histoire de l'accouchement parce que je ne suis pas sûr qu'on en disait aussi long aux enfants il y a plus de cinquante ans, même à la campagne.
Mais dans l'ensemble j'ai été séduit par la sobriété du récit, et même touché en tant que petit-fils d'enfant de l'Assistance.

   Anonyme   
5/3/2019
 a aimé ce texte 
Bien
Même si ce n'est pas du tout un style (sentimental) que j'apprécie en temps habituel, je me suis laissé porté par l'histoire. Le vocabulaire est très bien choisi et on vit les histoires de Sabine.

C'est bien écrit et ton texte est fluide avec ses phrases courtes et très "hachées" si je puis dire.
Bref, même si je ne suis pas un grand fan du sentimental et des textes assez réaliste, vous avez réussi à me transporter l'espace d'un instant dans ce récit touchant.

   mirgaillou   
18/10/2019
Après la bibliothèque rose, on passait à la verte. Cette nouvelle entrerait dans cette catégorie proprette et bien intentionnée.
Il faudrait, me semble-t-il créer une catégorie "jeunesse" pour ce genre d'histoire.
Cette nouvelle, mignonne ne convient pas à un lecteur expérimenté mais peut "accrocher" une classe générationnelle.
Un élément plus mature retient toutefois l'attention: ce banc comme frontière symbolique du permis/pas permis selon l'appartenance d'âge ou de rang social.
Cette symbolique englobe aussi les sentiments de la fillette qui ressent la distance avec une mère longtemps absente, distante et peu affectueuse.
Quand à Yvonne, parfait stéréotype de la bougonne au grand coeur.
Question style: un petit abus du verbe être.
Je ne trouve pas à inscrire mon ressenti dans les choix proposés, je n'en choisis donc pas.


Oniris Copyright © 2007-2023