Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Réalisme/Historique
plumette : Sacha
 Publié le 22/07/18  -  22 commentaires  -  17985 caractères  -  124 lectures    Autres textes du même auteur

– Vous aussi, on vous a prévenus ?


Sacha


Chemise jaune canari et blouson orange fluo, les cheveux gris, lissés aux tempes et dressés en une petite brosse sur le dessus. Il serre sur ses genoux, comme un trésor, un de ces sacs réutilisables de grande surface. Ses yeux mobiles ne fixent rien de précis, un sourire flotte sur son visage fatigué et doux. Dans ce métro bondé de corps tristes et silencieux, ces couleurs qui claquent c’est sa manière à lui de fêter le printemps.


C’est un jour important pour Sacha. Son premier jour de travail comme aide-cuisinier à la cantine du lycée Robert Doisneau de Vaulx-en-Velin. Une heure trente de trajet en train, puis en métro depuis Anse où il a toujours vécu, dans la petite maison de garde-barrière qu’il occupait avec sa mère, jusqu’à sa mort, il y a dix mois.


Dix mois de révolution dans la vie de Sacha qui doit apprendre à vivre seul et à se débrouiller à plus de quarante-cinq ans. Heureusement l’assistante sociale l’a bien aidé pour les papiers et les allocations. C’est elle qui lui a trouvé ce boulot. Ça fait tellement longtemps qu’il n’a plus travaillé, à s’occuper chaque jour de sa mère impotente après son accident. Une vie modeste, recluse, dont il ne s’est jamais plaint. Une vie rythmée par les exigences de cette femme autoritaire, et plus encore depuis qu’elle ne pouvait plus se déplacer, toujours à le houspiller, ou à râler. La seule femme dont il a partagé le quotidien.

Alors, Sacha sait tenir une maison, il sait s’occuper du linge, faire la cuisine, et surtout, il est habitué à obéir.


Le cuisinier du lycée, un type du Bénin, très jovial, lui a fait faire un test la semaine dernière. Éplucher et couper des légumes, ouvrir des boîtes de conserve, trimballer des casseroles vides ou pleines, nettoyer les grosses gamelles, remplir les plats, balayer la cuisine, la laver à grande eau, récurer les plaques de cuisson, tout ça, c’est dans ses cordes, sauf que là, tout est en plus grand et il faut tout faire plus vite. Sacha s’en est plutôt bien sorti. Oui, je crois que ça va le faire lui a dit Joseph à la fin de la journée.


Cette nuit, une inquiétude diffuse l’a tenu éveillé. D’abord, il a pensé au trajet. Il ne l’a fait qu’une seule fois. Faudrait pas qu’il se trompe pour le métro. Pour le départ, à la gare de Vaise qui est en bout de ligne, c’est facile, il n’y a qu’un sens, mais après ? Est-ce qu’il osera demander ? Sur un papier, il a noté le nom des stations. Un changement à Bellecour, prendre la ligne A direction Vaulx-en-Velin La Soie, s’arrêter à Laurent Bonnevay et prendre le C3. Il a beau réviser sur la feuille, une fois dans les souterrains, c’est pas pareil, avec tous ces gens qui circulent, et ces bruits qui font sursauter.


Et puis, va-t-il s’entendre avec ses collègues ? Sacha n’a pas l’habitude, il a bien quelques copains mais pas d’amis. Des potes de bistrot : Luc, Joël, Karim avec lesquels il joue aux cartes le samedi après-midi. Il y a aussi les commerçants du village : la boulangère, le gérant de la supérette avec qui il échange quelques phrases sur la météo, mais pas beaucoup plus, ou l’infirmière qui venait pour la toilette, une bougon celle-là, toujours pressée.

Il sait qu’à la cuisine, en plus du chef, il y a aussi deux femmes. C’est pour elles qu’il s’est fait beau ce matin, il veut faire bonne impression.


Dans son sac en plastique, il y a sa blouse et ses chaussures de sécurité, l’uniforme qu’on lui a remis à la fin de sa journée d’essai. Il y a aussi sa sacoche avec ses papiers, ses clés et un billet de dix euros. Pas besoin de plus. L’avantage, c’est qu’il sera nourri à midi. Peut-être même qu’il pourra emporter des restes pour le soir.


Ouf, le trajet s’est bien passé, Sacha arrive devant le portail du lycée : fermé à clé. Par où entrer ? Il ne sait pas, il fait le tour des bâtiments. Personne. Il retourne au portail. Désemparé, il attend. On va peut-être venir le chercher, comme l’autre jour ?

Pourtant, il avait pu entrer librement dans la cour jusqu’au bâtiment central et il avait croisé plein d’élèves. Là, c’est le grand silence, il aperçoit par les fenêtres des têtes alignées. Il a chaud. Son blouson le serre, mais il ne pense pas à le quitter.

Il regarde sa montre à plusieurs reprises, elle marque toujours la même heure : 9 h 10. Il colle son oreille au cadran, pas de tic-tac, secoue son poignet, on dirait qu’elle est arrêtée. Et s’il était en retard ? Panique ! Il sort de sa sacoche sa lettre d’embauche : oui, c’est bien cela, ses horaires : 9 h 30/16 h. Depuis quand est-il 9 h 10 ? Sacha se trouble et puis il entend un clic, comme lorsqu’il sonne chez le médecin et qu’on lui ouvre à distance, alors il voit le petit portillon à l’extrémité droite du portail, le bruit vient de là, il pousse et ça s’ouvre !

Il pénètre dans la cour immense, avance avec hésitation, en titubant un peu, comme s’il était aveuglé par une puissante lumière. Il regarde autour de lui, ne sait pas où aller dans cet espace nouveau. Un homme vient à sa rencontre.


– Monsieur ? Vous cherchez quelque chose ?

– Je viens pour la cuisine, c’est mon premier jour.


Et Sacha montre son papier.


– Il faudra vous procurer le code ou un badge pour la porte, car je ne suis pas toujours là pour ouvrir. Ou alors il faut rentrer avec les élèves, le portail reste ouvert 10 minutes par heure. On a des consignes de sécurité. Je peux voir ce qu’il y a dans votre sac ?


Le gars avance sa main, Sacha a un petit mouvement de recul, il serre son sac contre lui.


– Je peux pas vous laisser entrer si vous ne me laissez pas vérifier ce qu’il y a dans votre sac.


Sacha se décide, il présente son sac, soulève la blouse, le concierge sort la sacoche et la palpe sans l’ouvrir puis la remet au fond du sac.


– Venez, je vais vous emmener à la cuisine, moi c’est Djamel, et vous ?


***

Déjà quinze jours que Sacha a pris son poste. La période d’essai se termine aujourd’hui et il espère une confirmation. Il n’a pas vu passer ces deux semaines, le plus difficile a été de tenir le rythme, il a aussi un peu de mal à s’habituer aux bruits et à l’agressivité : Joseph, le chef, gueule, les portes claquent et les machines lui vrillent les oreilles.

Yasmine qui semble avoir à peu près son âge et Karine, beaucoup plus jeune, ne font pas attention à lui. Il les entend rire nerveusement ou se chamailler, elles font la pause ensemble et il n’y a que le petit stagiaire apeuré qui cherche sa compagnie. Mais Sacha ne sait pas quoi lui dire.

Il se sent bien seul, cette solitude lui pèse plus que lorsqu’il est véritablement seul. Dans cette ambiance agitée, il s’applique à donner satisfaction, Joseph n’est pas un mauvais bougre, mais il a des coups de sang.


Tout à l’heure, il a entendu les filles ricaner dans son dos, Yasmine s'est mise à susurrer : tu es le soleil de ma vie, tu es le soleil de mes jours, tu es le soleil de mes nuits, tu es le soleil de l’amour. Quelle idée d’avoir été raconter qu’il devait son prénom à Sacha Distel, le chanteur préféré de sa mère ! Il a fait celui qui n’avait rien entendu, est allé chercher sans un mot dans le cellier le sac de patates à éplucher.

Joseph lui a demandé à plusieurs reprises d’utiliser la machine à éplucher électrique mais Sacha n’a pas dit qu’il ne savait pas s’en servir. Jusqu’à présent, il a rusé, prenant sa pose réglementaire au moment crucial, laissant Yasmine manier les commandes, mais là, il ne peut plus se dérober ! Il s’approche avec le filet de dix kilos, il n’a pas vu qu’il était déjà ouvert et lorsqu’il le soulève par l’arrière sans précaution pour le mettre sur le plan de travail, les pommes de terre vont rouler jusque sous l’évier. Un « merde » lui échappe, il lâche le filet, fait quelques pas en arrière, glisse et tombe lourdement sur le dos, il lui semble entendre le rire des filles. Sacha, hébété, se relève, Joseph s’avance vivement vers lui la main levée, Sacha dans un réflexe enfantin se protège la tête et il n’entend pas les mots du chef-cuisinier qui gueule.


– T’es manchot ou quoi ? et je te préviens ! J’aime pas les petits malins qui se mettent en accident du travail ! t’as intérêt à t’en souvenir !


Joseph repart furieux vers ses fourneaux, Sacha tremble, maintenant il est sûr qu’on ne va pas le garder, il est sûr que quelqu’un a ouvert exprès le sac pour l’obliger à tout ramasser à genoux dans les moindres recoins, il est rouge de colère et d’humiliation, il ne voit même pas que le stagiaire s’active à ses côtés.


Il a lavé les pommes de terre, a rempli l’éplucheuse électrique à ras bord et se tient immobile, désemparé devant les pictogrammes qui ne lui évoquent rien. Il appuie au petit bonheur sur un bouton, l’engin se déclenche dans un bruit aigu, le moteur patine, Yasmine alertée par les sifflements se précipite, le pousse sans ménagement et arrache la prise murale.


– Ça va pas non ? Y a une limite pour remplir la machine ! T’as vu comme tu l’as bourrée ? Si on détériore le matériel, c’est retenu sur notre paye à tous les trois !


Yasmine allège la machine, Sacha s’approche pour suivre la manœuvre, il n’ose pas lui demander d’aller moins vite et d’expliquer.


Lorsque la cloche de midi sonne, c’est le moment le plus stressant. Les lycéens vont débouler en masse dans le self et il faut que tout soit en place. Depuis trois jours, Sacha est affecté au service avec Karine. D’abord les jeunes se servent directement pour les entrées, les desserts et le pain, et puis en bout de file, il y a le plat principal, un choix à faire entre deux viandes et un poisson, sans parler de tous les régimes spéciaux, végétarien, hallal, sans gluten ! C’est là qu’interviennent les serveurs. Il faut avoir des réflexes, comprendre la commande du premier coup, ne pas se tromper et puis faire un peu la police, vérifier que les jeunes n’ont pas pris plusieurs entrées ou desserts, certains les planquent dans leurs poches, il faut leur faire rendre le surplus.

Le premier jour, il remplissait trop les assiettes, ne sachant pas résister aux « encore » de certains, malgré les consignes. Sacha se mettait à la place de ces adolescents affamés, il n’a jamais su se rationner sur la nourriture.


Aujourd’hui, il les trouve particulièrement excités. La file d’attente est comme une grosse vague qui lui arrive dessus, il essaye d’endiguer le flot, se trompe plusieurs fois, jusqu’à ce que Mokhtar attrape à pleines mains le jambon braisé servi dans son assiette et le lance dans sa direction.

Ce geste donne le signal et des morceaux de viande et de pain volent en tous sens au-dessus des têtes, c’est la pagaille. Karine lui dit d’arrêter de servir et l’envoie en cuisine. Sacha a le tournis, il n’a pas bien compris ce qui a déclenché les hostilités. Il faut un bon quart d’heure pour ramener le calme dans la salle.


Lorsque, juste avant 16 h, Joseph lui demande de venir dans le bureau, Sacha n’en mène pas large. Mais le chef a son bon sourire et il lui dit :


– Aujourd’hui, c’était pas ton jour ! ça peut arriver à tout le monde. Maintenant tu as fait à peu près le tour de tout ce qui peut se passer ici. Faut juste que la mayonnaise prenne avec les filles, y a pas de raison… Et j’attends aussi des initiatives. Bon, je prolonge ton essai, on reparle de tout cela dans deux semaines.


Pendant le trajet du retour, Sacha se détend. Arrivé au village, il passe à la supérette acheter deux bières, ce soir sur la 3, il y a en prime time ce jeu qu’il ne rate jamais : c’est un genre de karaoké où il faut compléter les mots manquants d’une chanson. Plus on trouve de mots et plus on gagne d’argent. Sacha est incollable sur les tubes des années 80/90, il chante devant sa télé, ça lui rappelle les bons moments avec sa mère.


***

Ce matin, Sacha a rendez-vous avec Lucie, son assistante sociale qui vient tous les mois à la permanence du CCAS (Centre communal d’action sociale) du village.

Elle connaît bien sa situation. Au début, elle a rempli les papiers pour le RSA. Après elle lui a parlé de ce boulot d’aide-cuisinier, il a vraiment de la chance d’être tombé sur elle. Il la trouve très gentille, il voudrait lui faire un cadeau pour la remercier, mais n’a pas trop d’idées, il a tout de même cueilli un brin de muguet dans son jardin et peut-être qu’elle acceptera d’aller boire un verre avec lui au café ?


Sur la porte du local du CCAS, il trouve un papier « Madame Basco, nouvelle assistante sociale déléguée, prendra son service mercredi prochain. Veuillez appeler la mairie pour les prises de rendez-vous. »

Sacha sort le papier sur lequel Lucie lui a marqué son rendez-vous la dernière fois qu’il l’a vue ici. Non, il ne s’est pas trompé de date. Il ne comprend pas. Elle aurait dû prévenir qu’elle allait changer de service. ! Peut-être a-t-elle eu un problème ? Elle est partie sans un au revoir, ce n’est pas son genre. Sacha rebrousse chemin, il rentre chez lui, son dos lui fait mal soudain, et que faire de toutes ces paroles qu’il avait préparées ? Il voulait lui dire pour le boulot : que c’est pas facile, mais qu’il va y arriver, même si le chef gueule un peu trop et que les filles ne sont pas sympas avec lui...


Sacha perdu dans ses pensées ne voit pas la voiture arriver sur lui, Un coup de klaxon strident lui fait faire un bond, il saute sur le trottoir, la voiture freine brutalement, l’évite de justesse. Par la fenêtre ouverte il voit le chauffeur porter le doigt à sa tempe, il entend : Espèce d’abruti !

Le samedi se déroule tristement, Sacha n’a pas le cœur à rejoindre les copains au bistrot, il se dit qu’il faudrait ranger les affaires de la mère, depuis le temps que les vêtements sont entassés sur le lit de la chambre, il a séparé les affaires d’hiver et celles d’été mais n’arrive pas à faire le tri entre ce qu’il peut donner et ce qu’il faudrait jeter.


Le dimanche, malgré la fatigue, il va au boulodrome, il retrouve Joël et d’autres qui s’entraînent pour un championnat de doublettes. Il reste à regarder en bord de piste, refuse de jouer, les plaisanteries qui fusent ne le font pas rire, il a l’impression qu’ils parlent dans une langue étrangère, c’est vrai qu’il y a beaucoup de Portugais dans le groupe.

Au bout d’une heure, il part sans un mot, fait le tour du petit lopin qui entoure sa maison, les buis sont bouffés par la pyrale, faudrait qu’il arrange les rosiers, il cherche le sécateur partout, il l’a sûrement laissé au cimetière la dernière fois qu’il a été y faire un peu de propreté.


Le soir, il se couche tôt, Lucie l’avait prévenu : au début vous serez sûrement fatigué, le travail est physique, il faudra vous mettre dans le rythme.

Ça se passe comme elle a dit. Ça lui fait mal de penser qu’il ne va plus la revoir.


***

Sa mère le poursuit dans leur petit jardin avec une perceuse électrique, il court en rond pour lui échapper, il ne trouve pas de cachette alors il se met nu pour devenir invisible.

Quand il se réveille, elle est là, menaçante, sa présence méchante, il la sent encore longtemps dans la pièce. Il a du mal à se rendormir. Plus tard, il traverse tranquillement une rue, se prend le pied dans les rails du tramway, entend les grincements du tram qui arrive, ne peut pas dégager son pied, il est comme aspiré par le tram, cette sorte de monstre entre crocodile et dragon. Sacha crie au moment où il entend la cloche du tram qui lui arrive dessus et c’est ce qui le réveille à nouveau.

Le jour pointe à peine, il n’est pas 6 h, mais Sacha se lève, se fait un café, branche la radio. Impossible d’obtenir une station, le poste grésille, il tourne le bouton en tous sens, s’énerve, les ondes sont brouillées.

Lorsqu’il va pour prendre sa douche, rien ne sort du pommeau, il ouvre en grand les deux robinets, une odeur de gaz lui pique les yeux, et le prend à la gorge, dans la cuisine, la radio s’est remise en marche, il entend de plus en plus distinctement un message d’alerte.


On lui commande de se mettre à l’abri, de se confiner chez lui pour éviter les radiations provoquées par une explosion atomique. Sacha réfléchit, il ne peut pas obéir à cet ordre, il ne peut pas manquer son boulot, c’est trop important, quelque chose sera sûrement prévu au lycée pour la protection, il cherche fébrilement comment ne pas trop s’exposer, il faut trouver une sorte de cuirasse résistante en fer, il regarde autour de lui, pense aux plaques du four qui sont en métal, bricole avec une sorte de bouclier, oui, c’est ça, une devant, une derrière, comment les faire tenir ? il cherche de la ficelle, ah oui, il y en a dans ce tiroir, sa mère gardait tout, il relie les deux plaques puis les ajuste sur ses épaules avec ces bretelles improvisées. Et pour la tête ? il fouille dans le placard, sort des casseroles, une poêle, regarde l’heure, va éteindre la radio qui émet toujours le même message, il la voit dans l’évier : la passoire ! Elle fera bien l’affaire, elle a exactement la forme d’un casque, un peu trop grande mais tant pis, il l’attache sous son menton avec des ficelles qu’il passe dans les poignées. Le voilà équipé, il n’a plus que le temps de courir à la gare attraper son train.


Sur le quai, on le dévisage avec curiosité, on ricane dans son dos, ou alors on détourne les yeux avec gêne. Une femme le fixe, ses yeux sont exorbités et méchants, comme ceux de la mère, lorsqu’il monte dans le train, une sorte de vide se fait autour de lui, le wagon est plus silencieux que d’habitude, les autres ont-ils reçu le message d’alerte ?


Lorsque le contrôleur passe devant lui, il s’arrête un instant, semble vouloir lui dire quelque chose, puis se ravise, et passe discrètement un coup de fil.


À la gare de Vaise, deux agents de la sécurité ferroviaire cuirassés s’avancent vers Sacha. Que lui veulent-ils ? Les hommes l’encadrent et l’arrêtent, ils le saisissent chacun par un bras, il les regarde tout d’abord sans comprendre, puis se laisse emmener sans résistance.


– Vous aussi, on vous a prévenus ?


 
Inscrivez-vous pour commenter cette nouvelle sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   SQUEEN   
6/7/2018
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
J'ai lu sans déplaisir, jusqu'à la bascule du dernier paragraphe, là je n'ai pas compris il manque je pense des éléments, des informations. Déjà avant il avait fallu que je fasse avec peu pour imaginer le personnage. Et puis tout s’écroule, la rupture est trop grande : je crois d’abord à la réalité de cette catastrophe nucléaire, puis on s’aperçoit que ce n’est pas vrai… Je n’ai pas compris où vous vouliez nous emmener, mais vous m’avez laissée sur le bord du chemin. Il y avait de bonnes choses au début sur ce personnage décalé, et puis j’ai bien compris qu’il perdait tout sens de la réalité à cause de l’absence de Lucie. Mais vous amener cette rupture de manière trop abrupte, le lecteur avait pris le rythme et vous le bousculez sans lui donner assez d’éléments pour décoder. Merci pour cette lecture.SQUEEN

   Perle-Hingaud   
11/7/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J’ai trouvé ce portrait vivant et sensible. La première phrase, sans verbe, m’a désarçonnée : j’attendais une virgule et non un point après « sur le dessus ».
Je ne me suis pas attardée : la suite du récit est réussie, y compris la façon d’insérer la phrase du cuisinier : « Sacha s’en est plutôt bien sorti. Oui, je crois que ça va le faire lui a dit Joseph à la fin de la journée. ».
Le regard porté sur Sasha est tendre, avec des détails qui donnent vie au personnage. J’ai bien pensé que ça ne pouvait pas durer, qu’il allait forcément avoir des soucis…
Mais c’est là qu’il y a un problème dans la narration : le changement de point de vue est mal amené, enfin, plutôt, il n'y a pas de changement de point de vue, donc, j'ai pris cette histoire de message de radiations à la radio pour argent comptant, et évidemment, ensuite, ça ne collait pas.
"il entend de plus en plus distinctement un message d’alerte.
On lui commande de se mettre à l’abri, de se confiner chez lui pour éviter les radiations provoquées par une explosion atomique."
C’est dommage, un rien suffirait pour que je comprenne mieux et que je ne sorte pas de l’histoire.

Une jolie description de personnage, merci ! J’ai pensé à une auteure qui décrit avec une grande finesse des portraits de gens cabossés, Marie Helène Lafon (« Joseph », « Mo ») : vous pourriez l’aimer.

   Vanessa   
23/7/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour.
J'ai bien aimé votre nouvelle.
Une écriture très agréable et fluide.
Vous faites preuve d'une grande empathie à l'égard de Sacha car on comprend très vite qu'il n'est pas débile non, simplement ignorant de la vie et surtout qu'on ne lui a jamais appris à trouver des solutions devant un problème. Simplement répondre à des ordres, c'est tout ce qui lui a toujours été demandé. C'est très bien illustré avec la scène lorsqu'il se retrouve devant le portail clos et qu'il attend, ne sachant que faire.Alors, sa réaction au moment de l'annonce de la catastrophe : se fabriquer une protection de fortune ne fait pas de lui un fou ( au regard de celui qui sait sa vie ).
Bien sûr que sa solution est inappropriée, elle m'a tendrement fait sourire, mais ici, je note que son cerveau se débloque et qu'il agit enfin par lui même.
On ne lui laissera pas le temps de sortir de cet enferment mental puisque qu'il se fait arrêter...malheureusement.
Mais il faut bien une fin.
:-)

Bonjour,
Je repasse car au vu des autres commentaires, il me semble que je n'ai pas lu la même chose concernant la scène des rêves.
Pour moi, Sacha a fait des cauchemars mais l'annonce de la catastrophe est réelle.
C'est pourquoi, je n'ai pas pensé qu'il sombrait dans la folie.

   toc-art   
13/8/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour,

j'ai vraiment beaucoup aimé les 3/4 du texte, je trouve le portrait de ce personnage "en dedans" bien réussi, son rapport aux autres, au monde du travail, ses affolements successifs, son attachement à son assistante sociale, tout m'a semblé réussi, avec une écriture que j'avais trouvée un peu terne en première lecture mais qui, finalement, me semble tout à fait adaptée à ce qu'elle décrit.


Je pense qu'il faudrait revoir la quatrième partie, ce glissement vers une folie douce qui ne semble pas forcément cadrer avec ce qu'on perçoit du personnage. Certes, la fatigue nerveuse, la perte de l'assistante sociale, mais quand même, je n'ai pas eu le sentiment au cours de ma lecture que ça allait dériver à ce point, rien dans son attitude ne laisse soupçonner un effondrement aussi marqué. En plus, les deux cauchemars successifs qui précèdent son basculement dans la folie créent une atmosphère étrange et on ne comprend pas s'il s'agit d'un troisième cauchemar ou de la réalité.


L'impression d'ensemble reste quand même favorable grâce à la délicatesse et à la sensibilité qu'on perçoit dans la description de ce personnage.

   Anonyme   
23/7/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour plumette

Attiré par le titre. Un prénom c'est toujours prometteur. Une très belle peinture. Un peu décontenancé par le chapitre commençant par le rêve mais dès la première phrase j'ai compris que quelque chose de fantastique allait avoir lieu - je suis remonté pour vérifier que je n'étais pas en fantastique. Non, c'est simplement l'histoire d'une vie sacrifiée qui dérape au moment d'un envol possible. Pauvre petit bonhomme. C'est vraiment la faute à pas de chance. Votre Sacha est un beau personnage. Et votre regard sur lui est doux-amer. Bravo. Et merci.

   vendularge   
23/7/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour plumette,
J'ai bien aimé cette description sensible d'un personnage touchant. Le début m'a fait penser aux "petits portraits" du forum. On le suit dans ce premier contact avec le monde du travail difficile même pour ceux qui y sont à l'aise; la bascule est amenée sans annonce mais elle fait partie intégrante de l'homme qui n'est pas armé pour tout ça . Sans doute le départ de l'assistante sociale suffit-il à cet effondrement psychique..
merci pour la lecture
vendularge

   hersen   
23/7/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour Plumette,

Je suis prise entre deux à la lecture de ta nouvelle : je pense que tu décris fort bien son travail, le côté aide sociale, la difficulté de s'insérer dans un travail (pas franchement épanouissant). C'est une partie que tu connais très bien, on le sent, et tu sais la restituer simplement. Elle fonctionne très bien.
Par contre, dans le cadre de la nouvelle, il y a, à mon avis, un décalage. Le (petit :) portrait du personnage principal, très haut en couleurs, ne cadre pas vraiment avec sa vie grise qui est dépeinte. Je pense que le côté barjo n'est pas franchement assumé.
Car quand on arrive à la fin (avec une vraie chute :), on est tout étonné de s'apercevoir qu'il est plus qu'un peu spécial. Alors que je suppose que son accoutrement du début était une tentative pour nous le faire comprendre ? Mais je ne suis pas sûre, en fait. Tout simplement parce que quand j'arrive aux plaques de four, mon esprit a déjà oublié qu'au début il est habillé de façon un peu outrancière. C'est en relisant que je fais le rapprochement.

Il semblerait que tu le découvres en même temps que nous, rien dans son comportement, simplement timoré et peu à l'aise avec les autres, ne prédisait une réelle folie. Le catalyseur pourrait être l'assistante sociale partie ? Oui, sauf que ce n'est pas suffisamment explicité, pour moi.
Il y a comme ça plein de détails que tu sèmes sans juste un peu enfoncer le clou pour nous faire comprendre sa folie en gestation, car je crois que c'est ce que tu veux nous montrer, cet homme fragile ne va pas réussir à s'insérer dans une vie normale, son cerveau préfère se réfugier dans la folie.

Le passage sur les rêves : une bonne idée, sauf qu'il est difficile de faire passer des rêves pour de la folie; c'est la perception qu'on en a au réveil qui peut, du coup, être anormale. Pour moi, le troisième "rêves", le message à la radio, est un état second, mais il est éveillé. Mais ce n'est pas très clair.

La fin est bien, on hésite entre sourire et le plaindre, j'ai fait les deux ! J'ai bien aimé par exemple les plaques de four, cela montre bien qu'en cet état mental, le cerveau fait sa route en oubliant la réalité, il se crée la sienne propre.
La phrase de fin est excellente.

   Donaldo75   
23/7/2018
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour plumette,

C'est désespérant, cette vie !
Tu rends bien, par le style, le décalage entre Sacha et la société. Que ce soit son quotidien au village, avec des amis de circonstance, son environnement de travail avec des collègues pas vraiment attentionnés, les gens dans le métro, tout est exotique pour lui. A la lecture, c'est flagrant et on a mal pour Sacha.

La fin est également bien trouvée. On dirait que Sacha souffre de schizophrénie; en tous cas, la fin, à partir du rêve et de l'hallucination auditive, donne cette impression, avec des symptômes précis et bien mis en avant.

Bravo !

Don

   Robot   
23/7/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'avoue que le renversement de situation, cette "folie" soudaine m'a un peu déconcerté. Peut-être parce que je ne m'attendais pas à ce genre de final.

Sacha au début est un peu en décalage avec la société. Il craint ce qu'il ne connaît pas et peut-être est-ce cette obsession qui l'amène à ce délire, comme une carapace de protection figurée par les tôles du four.
La peur irraisonnée, l'angoisse au quotidien l'auront donc fait disjoncté.

Pour moi aussi il manque une transition aprés la visite manquée chez l'assistante sociale pour expliquer la dérive qui s'ensuit.
Il est trop présumé de l'imagination du lecteur pour faire facilement le lien entre les deux situations.

Par contre, je ne me suis pas ennuyé, notamment avec la description de l'angoisse initiale pour aller au travail le premier jour, puis avec la mise en situation durant les journées de travail entre le chef gueulard (mais pas si méchant) et l'ironique attitude des collègues femmes que Sacha ne parvient pas à comprendre et à assimiler.
Ce sont les passages du texte que je préfère. Cette histoire d'un être timoré, peu intégré au monde dans lequel il vit, en raison d'une vie jusque là un peu recluse.

   Pepito   
23/7/2018
Hello Plumette !

"Forme" : pas mal, j'ai lu un poil en diagonale, du coup, pas de soucis. ^^

"Fond" : faut s'relire, sinon le personnage tiens pas la route.
"Éplucher et couper des légumes" > pas à la machine ?
"Des potes de bistrot : Luc, Joël, Karim avec lesquels il joue aux cartes le samedi après-midi. " ... jouer aux cartes demande plus d'intellect (même "Aux kilos de merde" ;-) que d'utiliser une machine à patates.
"me laissez pas vérifier ce qu’il y a dans votre sac" ... pour le personnel d'un collège ? J'en doute !
"petit stagiaire apeuré " ... ha... il est pas le dernier donc, sur l’échelle. ^^
"il va au boulodrome" ... donc une vie sociale.

Tente l'expérience, déguise toi en extra terrestre et va prendre le métro. Si jamais quelqu’un t’arrête, je viens de chercher au poste et je te paye l’abonnement à l’année. Plus l'apéro ! ;-)

Allez, une autre fois surement. ^^

   jfmoods   
23/7/2018
La nouvelle, éclairée par des touches comiques liées au manque de maturité - bien compréhensible - du personnage, pourra faire sourire. On sera sensible au...

- comique de situation : "Chemise jaune canari et blouson orange fluo" / "Il sait qu’à la cuisine, en plus du chef, il y a aussi deux femmes. C’est pour elles qu’il s’est fait beau ce matin, il veut faire bonne impression.", "Il a beau réviser sur la feuille, une fois dans les souterrains, c’est pas pareil, avec tous ces gens qui circulent, et ces bruits qui font sursauter."

- comique de gestes : "Il s’approche avec le filet de dix kilos, il n’a pas vu qu’il était déjà ouvert et lorsqu’il le soulève par l’arrière sans précaution pour le mettre sur le plan de travail, les pommes de terre vont rouler jusque sous l’évier. Un "merde" lui échappe, il lâche le filet, fait quelques pas en arrière, glisse et tombe lourdement sur le dos", "Il a lavé les pommes de terre, a rempli l’éplucheuse électrique à ras bord et se tient immobile, désemparé devant les pictogrammes qui ne lui évoquent rien. Il appuie au petit bonheur sur un bouton, l’engin se déclenche dans un bruit aigu, le moteur patine, Yasmine alertée par les sifflements se précipite, le pousse sans ménagement et arrache la prise murale.
– Ça va pas non ? Y a une limite pour remplir la machine ! T’as vu comme tu l’as bourrée ?", "La file d’attente est comme une grosse vague qui lui
arrive dessus, il essaye d’endiguer le flot, se trompe plusieurs fois, jusqu’à ce que Mokhtar attrape à pleines mains le jambon braisé servi dans son assiette et le lance dans sa direction."

- comique de caractère : "Sacha s’approche pour suivre la manœuvre, il n’ose pas lui demander d’aller
moins vite et d’expliquer."

- comique de mots : "- Vous aussi, on vous a prévenus ?"

Cependant, cet homme solitaire "de plus de quarante-cinq ans" suscitera avant tout la compassion du lecteur. Il n'a pas de père, aucun modèle masculin sur lequel s'adosser. Il a toujours vécu sous la férule d'une marâtre ("Alors, Sacha sait tenir une maison, il sait s’occuper du linge, faire la cuisine, et surtout, il est habitué à obéir."), n'a pas pu se construire une vie autonome ("la petite maison de garde-barrière qu’il occupait avec sa mère, jusqu’à sa mort, il y a dix mois.", "Une vie rythmée par les exigences de cette femme autoritaire, et plus encore depuis qu’elle ne pouvait plus se déplacer, toujours à le houspiller, ou à râler. La seule femme dont il a partagé le quotidien."). Il conserve les lourdes séquelles d'une éducation dépourvue d'amour maternel ("Joseph s’avance vivement vers lui la main levée, Sacha dans un réflexe enfantin se protège la tête", "Sa mère le poursuit dans leur petit jardin avec une perceuse électrique, il court en rond pour lui échapper, il ne trouve pas de cachette alors il se met nu pour devenir invisible", "Quand il se réveille, elle est là, menaçante, sa présence méchante, il la sent encore longtemps dans la pièce.", "ses yeux sont exorbités et méchants, comme ceux de la mère").

Si Sacha ne semble pas souffrir de ce qu'il a traversé ("un sourire flotte sur son visage fatigué et doux"), il a bien peu confiance en lui et se trouve mal à l'aise avec ses semblables. Ses relations sociales demeurent compliquées, voire quasi-inexistantes ("Et puis, va-t-il s’entendre avec ses collègues ? Sacha n’a pas l’habitude, il a bien quelques copains mais pas d’amis. Des potes de bistrot : Luc, Joël, Karim avec lesquels il joue aux cartes le samedi après-midi. Il y a aussi les commerçants du village : la boulangère, le gérant de la supérette avec qui il échange quelques phrases sur la météo, mais pas beaucoup plus, ou l’infirmière qui venait pour la toilette, une bougon celle-là, toujours pressée.", "Il reste à regarder en bord de piste, refuse de jouer, les plaisanteries qui fusent ne le font pas rire, il a l’impression qu’ils parlent dans une langue étrangère").

C'est un être qui ne peut trouver un minimum d'assurance que dans une routine apaisante, pour qui toute situation imprévue constitue une source considérable de stress. Ses problèmes au travail et la disparition soudaine de Lucie, l'assistante sociale - son seul véritable point d'appui dans le monde - mettent à jour le profond sentiment d'insécurité qui le taraude, son incapacité à gérer seul sa vie (phénomène d'hallucination : "Lorsqu’il va pour prendre sa douche, rien ne sort du pommeau, il ouvre en grand les deux robinets, une odeur de gaz lui pique les yeux", "la radio s’est remise en marche, il entend de plus en plus distinctement un message d’alerte.", "On lui commande de se mettre à l’abri, de se confiner chez lui pour éviter les radiations provoquées par une explosion atomique.").

On imagine mal comment Sacha va pouvoir conserver son travail après un événement comme celui-ci. Ne cherchera-t-on pas à le protéger de lui-même ? Le laissera-t-on vraiment continuer sa vie comme avant ? Si oui, la nouvelle assistante sociale sera-t-elle aussi à l'écoute que la précédente ? Existe-t-il un mince espoir que Sacha puisse s'intégrer un jour, vivre avec ses semblables ? Autant de questions qui ne laissent rien augurer de bon quant à la suite de cette histoire...

Merci pour ce partage !

   plumette   
26/7/2018
Pour les retours sur vos commentaires, c'est ici:

http://www.oniris.be/forum/pauvre-sacha-t25975s0.html#forumpost347423

Plumette

   GillesP   
29/7/2018
 a aimé ce texte 
Bien
Je rejoins d'autres commentateurs à propos de la fin, qui m'a aussi un peu décontenancé, car je la trouve trop abrupte. Je n'ai pas compris que la catastrophe atomique était une hallucination auditive de Sacha, avant de découvrir vos explications.
Mais le portrait de cet homme un peu en dehors de la société m'a ému.
Un petit détail : je travaille dans un établissement scolaire et je vous assure que l'agent d'accueil ne fouille jamais personne, même lorsqu'il s'agit de quelqu'un qu'il n'a jamais vu. Il se borne à demander la raison pour laquelle on souhaite rentrer.

Au plaisir de vous relire.

   Jean-Claude   
7/8/2018
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Plumette,

Le portrait se Sacha est prenant. On sent bien qu'il est "différent" et qu'il a du mal à trouver sa place.
Comme d'autres, j'ai trouvé la fin trop abrupte. Elle mériterait un développement : on a a peine le temps de se repérer. Elle pourrait aussi être plus sobre et plus suggestive.

Un détail : "Yasmine{virgule} qui semble avoir à peu près son âge{virgule} et Karine, beaucoup plus jeune, ne font pas attention à lui.

Au plaisir de vous (re)lire
JC

   papipoete   
8/8/2018
 a aimé ce texte 
Bien
bonjour plumette
je me hasarde sur le fil de votre histoire, qui nous narre la vie ordinaire d'un homme ordinaire ; il trouve enfin un travail après avoir oeuvré auprès de sa mère impotente .
Il suit toutes les recommandations de son assistante sociale, malgré la fureur du Chef, les vexations, et finit par être embauché, lorsqu'une alerte atomique ... le rend à son monde .
NB Sacha vit péniblement chez lui, au boulot mais partage le lot de bien des hommes .
Le pathétique s'installe avec le départ de sa conseillère sociale, qu'il semble vénérer comme une amante, et la douleur d'apprendre son départ en catimini, le rétablit dans son apparence ... différente, et des agents de sécurité closent le récit sans ambiguïté .
C'est bien écrit, mais l'on connait tant de " Sacha " ...

   matcauth   
10/8/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Plumette,

Je ne me suis pas trop attardé sur la fin, puisque c'est l'ensemble qui m'a intéressé. J'ai trouvé l'ensemble très réaliste, depuis la manière de trouver du travail jusqu'au comportement du héros, docile et perdu lorsqu'il n'est pas guidé, condamné à suivre cette grosse machine qui nous pousse sans choix.

Les détails, comme les différentes tâches à réaliser, sont elles aussi justes, il n'y a rien de faux là-dedans.

Le héros fait, ne se plaint pas, remercie.

Mais surtout il subit, quoi qu'il arrive. Le meilleur, le pire. Il n'a pas d'autres choix. Tout cela est bien rendu, dans le détail du quotidien avec des mots justes et sans fioriture.

Ce genre de texte est toujours dangereux car il peut sembler monotone ou peut recevoir une salve de critiques quant à l'aspect manichéen. Pour moi, l'ensemble a fonctionné.

   Anonyme   
24/8/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Plumette,
Texte très prenant. Sacha est un beau personnage, touchant dans sa vulnérabilité, toute la présentation est très réaliste. La partie sur la machine à pommes de terre est présentée avec beaucoup de suspense, bravo, ce n'est pas facile de déclencher ça sur un sujet du quotidien.
Le personnage de Sacha est présenté avec beaucoup de finesse et de sensibilité. Enfance terrorisée par une mère autoritaire qui ne lui a pas permis de passer du côté du monde adulte, le monde est aussi terrorisant que sa mère. Il pense toujours mal faire comme on lui a toujours dit. Son isolement accroit sa folie, la seule personne, l'assistante sociale, qui lui tend la main avec douceur, lui fait faux bond, et vient lui confirmer la dureté inexorable du monde et sa solitude extrême. Personne n'est vraiment dure avec lui, c'est à travers son propre regard que ce monde devient glaçant. Toute la description à son travail est excellente, la relation avec l'équipe est vraiment décrite avec une grande subtilité. Il est au bord de la folie tout le temps, on sent qu'il peut basculer à chaque instant, le monde va-t-il l'intégrer ou non, déjà on se pose la question avec l'entretien de Joseph (personnage aussi bien construit, il gueule en cuisine, il doit faire tourner une équipe, pas mauvais bougre pour autant, il est simplement centrer sur ses résultats), c'est l'absence de l'assistante sociale qui le fait basculer dans la folie. Frêle esquif à qui il ne faut pas beaucoup de remous pour prendre l'eau. J'ai beaucoup aimé ce texte, merci pour cette belle lecture.

   Bidis   
27/8/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Personnage bien campé, on suit son histoire, écrite simplement mais de façon imagée et vivante, avec intérêt et compassion. Et puis un zeste de rappel de son propre premier contact avec le monde du travail et le basculement très rapide d'une jeunesse insouciante et libre vers le carcan inéluctable de la hiérarchie.
J'ai trouvé dommage que les premiers contacts de Sacha avec ses nouveaux collègues, et ses débuts dans son travail soient passés sous silence. Le chef qui crie et les bruits, tout cela eût été plaisant à lire ainsi que la description des collègues féminines et la façon dont il fait leur connaissance.
Je n’ai rien compris à la chute. J’ai d’abord pensé qu’il s’était rendormi et avait re-rêvé. Mais on dirait que ce n’est pas cela. Je suis donc allée jeter un oeil sur les autres commentaires et l’explication de l’auteur. J'en suis désolée, mais cela ne m’a pas convaincue. Tandis que j’avais trouvé le « se mettre nu pour être invisible » du rêve particulièrement original.
Autres petites remarques :
- "Yasmine s'est mise à susurrer : tu es le soleil de ma vie, tu es le soleil de mes jours, tu es le soleil de mes nuits, tu es le soleil de l’amour. » : j’aurais arrêté la citation à «...,  tu es le soleil de mes jours... » Ou bien les gens ne connaissent pas et ça ne les privera en rien, ou bien ils connaissent et là, c’est pire, cela fait râbachage.
- "son assistante sociale qui vient tous les mois à la permanence du CCAS (Centre communal d’action sociale) du village. » : je trouve que cette explication du sigle est superflue. Puisqu’on parle d’assistante sociale, le sigle ne peut désigner qu’un organisme social. On est dans une fiction, le lecteur aime rêver et de telles précisions coupe un peu dans l’imagination. D’ailleurs plus loin le RSA n’est pas expliqué, pour moi, Belge, je suppose qu’il s’agit d’allocations, mais ça ne me manque pas du tout de ne pas en savoir plus.
Par contre, j’aurais bien voulu savoir ce que sont les « doublettes » ("Joël et d’autres qui s’entraînent pour un championnat de doublettes")

   Anonyme   
11/10/2018
Bonjour Plumette,

Le personnage est superbement dépeint. Vous tissez son univers grâce à de belles nuances de gris savamment dosées. J'y ai vu une sorte de boucle : Cette routine dérangée par la mort, et à la toute fin ce type, un peu dérangé, qui a perdu ses repaires, sa routine.

Justement, à la première lecture, je me suis dit que ce dernier paragraphe (au demeurant magnifiquement bien écrit) tombait d'une manière un peu trop abrupte. Et puis, à la réflexion, non ! Que le personnage ait ces distorsions de l'esprit depuis un certain temps, ou que ce soit un fait nouveau, il n'en est pas moins vrai que, pour l'autre (moi comme lecteur), c'est toujours des situations qui surprennent.

Merci beaucoup pour ce partage.

PS: je n'aime pas mettre d'appréciation.

   Anonyme   
4/12/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,
J'ai lu avec beaucoup d’intérêt votre nouvelle et découvert avec amusement ce personnage haut en couleur !
Vous avez su le rendre attachant malgré son profil marginal mais dans le dernier paragraphe, je n'ai pas compris où vous vouliez nous emmener, j’ai un peu eu la sensation de perdre pied. Heureusement votre écriture est agréable et on a toujours beaucoup de plaisir à vous lire.
Merci pour ce partage !

   maguju   
7/12/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Comme certains un peu déboussolée par la dernière partie du récit, récit que je trouve néanmoins fort bien écrit et émouvant. Grâce à votre description, Sacha a pris vie sous mes yeux au fil de ma lecture. Bravo!

   Anonyme   
13/12/2018
 a aimé ce texte 
Bien
J'ai bien aimé cette histoire. Un brave type un peu demeuré que le destin n'a pas gâté. J'ai été un peu surpris par l'entrée en matière : une phrase sans verbe, mais peut-être est ce voulu?. Pour la suite on se laisse entraîner dans cette histoire qui est vivante, bien écrite et dont le personnage est attachant. Malgré tout, la fin me laisse sur ma faim. Je n'ai pas trop compris cette histoire d'explosion atomique. Etions nous dans le réel, dans l'imaginaire ? Je l'ai pris pour argent comptant et décidé que c'était réel, quand je me suis aperçu que ça ne l'était pas. La chute finale est décevante. Cette partie de l'histoire mériterait une relecture et une réécriture.


Oniris Copyright © 2007-2023