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ANIMAL
3/5/2021
a aimé ce texte
Beaucoup
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Un texte à la progression intéressante, avec l'histoire de cette femme qui ne vit que pour son métier, ses patients, et finit par s'apercevoir qu'elle existe en tant que telle et s'est oubliée.
Elle a réagi à temps et ce voyage a entraîné une prise de conscience; à elle d'en tirer l'enseignement. Elle aura un vrai travail à faire sur elle-même mais en ressortira grandie, plus attentive à ses proches et plus efficace envers ses collègues et ses malades. Bien sûr, le passage avec les gitans fait un peu cliché mais il est nécessaire à la révélation. Se comprendre soi-même est la base du bonheur, voilà ce que ce texte très bien écrit avec des mots simples m'inspire. |
Donaldo75
10/5/2021
a aimé ce texte
Bien
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Une bonne nouvelle. La problématique de départ - on appelle ça aussi le fond ? - est bien exposée et elle permet de définir le personnage principal, celui de Gabrielle voire de se mettre dans sa blouse, de partager ses responsabilités et ses doutes. Gabrielle est différente des autres mandarins de l'hôpital car elle est plus empreinte d'humanité et moins de sa fonction même si elle en assume le rôle. En cela, elle est un leader et non un manager, comme on le dit dans les manuels de management et les écoles du même type. De ce fait, le doute est son moteur et elle doit l'assumer. C'est en gros ça le pitch, si je mets ma casquette de consultant et que j'analyse l'ensemble. Le traitement narratif est propre, avec des personnages secondaires bien campés mais pas trop présents pour ne pas vampiriser celui de Gabrielle. La fin est classique mais réussie. Le style d'écriture va bien avec le sujet, permettant à la progression de la narration de ne pas plomber le lecteur alors que le contexte n'est pas des plus joyeux.
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Malitorne
26/5/2021
a aimé ce texte
Bien
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Quelque chose me dit qu’on participe au même concours de nouvelles Plumette, ce serait rigolo. L’histoire en elle-même est bien construite et m’a renvoyé à un souvenir. Sur décision du médecin-chef, nous avions gardé dans notre unité de psychiatrie un vieux schizophrène en fin de vie. Une équipe mobile spécialisée en soin palliatif, en provenance de l’hôpital général, venait lui administrer des traitements de confort. Habituellement ça ne se faisait pas et il y a eu beaucoup de discussions au départ, de réticences. Ce n’est que par la forte volonté de ce psychiatre, qui connaissait bien le patient et refusait de le voir mourir seul, que nous avons accepté. À vrai dire nous n’avions guère le choix… Ce n’était pas par manque d’humanisme mais parce que l’accompagnement des derniers instants ne s’improvise pas, c’est un métier à part entière. Le psychiatre est parti à la retraite et plus jamais je n’ai été confronté à ce type de situation. Quand un patient est à l’agonie, il finit automatiquement ses jours dans une structure spécialisée.
Ceci pour dire que vous avez visé juste, bien cerné la problématique, grâce à une écriture précise et soignée. Il n’y a que l’épisode des gitans un peu bateau, ce côté caricatural d’une liberté envers et contre tout. J’aurais préféré que Gabrielle retrouve son âme dans un autre contexte, moins olé olé :-) |
Anonyme
26/5/2021
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Une nouvelle où la simplicité et la sincérité se relient. Gabrielle devient très vite un personnage attachant, de par la précision des descriptions, de son rapport à son milieu professionnel et à son milieu familial qui la place comme une étrangère parmi les siens, d’où cette quête d’aller se trouver ailleurs. Ses problèmes sont claires, posés, et la conduit à agir, d’autant qu’ils sont prétextes à une description du monde médical sans concessions, sans sentimentalisme, très réussie selon moi. Néanmoins, la fin me semble facile lorsque Miléna émerge et joue le rôle de révélateur. Je me demande si une telle histoire sied au format de la nouvelle, lequel impose un retournement rapide, ou résolution brève. Ces histoires où le protagoniste tend vers ce type révélation intérieure passent souvent par plus d’une étape ; le mentor (ici Miléna) arrive et énonce sa vérité qui passe pour une énigme ou un lieu-commun ; le récit se poursuit, l’oubli se fait, et après maturation et péripéties, le personnage accède à la compréhension. De fait, l’achèvement du récit me semble vite expédié, d’autant que l’écriture m’avait emporté et que j’étais prêt à en lire bien davantage, à voir notamment Gabrielle descendre encore plus bas dans ses problèmes existentiels. Je salue néanmoins la maîtrise dans les descriptions, précises, pesées, et drôles par leur justesse et leur brièveté ; la dernière phrase de votre second paragraphe, dans son intégralité, me semble représentatif. Je n’annote pas parce que ça ne serait pas vous honorer venant de ma part. À vous relire volontiers côté roman.
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Myo
26/5/2021
a aimé ce texte
Beaucoup
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Bonjour Plumette,
Une nouvelle qui me parle, vous vous en doutez. Il n’est pas toujours simple lorsqu’on est confronté régulièrement à la fin de vie de trouver la juste distance qui permet de garder son humanité tout en sauvegardant son équilibre personnel. Et même lorsque l’expérience nous y aide, il y a toujours des facteurs extérieurs qui peuvent rebattre les cartes, des circonstances particulières, un moment de fragilité. Heureusement, de grands progrès ont été fait en matière de soins palliatifs, d’accompagnement, d’encadrement de la personne malade et de sa famille. Aujourd’hui, nous ne sommes plus dans cet acharnement que j’ai pu connaître en début de carrière où souffrance et solitude signaient souvent le dernier chapitre. Un style fluide et agréable à lire. Un ressourcement exprimé avec beaucoup de justesse, on suit le cheminement intérieur du personnage, de ce besoin de prendre du recul, de se reconnecter à son ressenti et de laisser ses émotions s'exprimer librement. Le choix de la fête Gitane est particulier et j’ai eu un peu plus de mal d’accrocher à cette partie du récit. Merci du partage |
Luz
27/5/2021
a aimé ce texte
Beaucoup
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Bonjour plumette,
Très beau texte, bien documenté sur le monde hospitalier où le travail est souvent à la limite du supportable, de la rupture : rythme de travail, mort de malades, cohésion parfois difficile entre les équipes. Gabrielle a fait de son mieux en apportant sa jeunesse, son enthousiasme, sa volonté de bien faire, même si cela est apparu hors normes au personnel en place. Après la mort d’un jeune homme, Germain, elle a cherché à prendre du recul, et à la fin, elle entrevoit une ligne de conduite à tenir dans une ambiance de musique et de fête : enfin « elle se sent vulnérable ». Elle se demande également si elle n’a pas négligé sa famille. J’aurais bien aimé deux ou trois lignes sur le jazz manouche joué par Diego, peut-être trop vite perdu dans la foule… En tout cas, bravo ! Luz |
cherbiacuespe
29/5/2021
a aimé ce texte
Beaucoup
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Le témoignage d'une existence prise entre la vie et la mort. Les siennes et celles des autres, ceux qu'elle côtoie, ceux qu'elle soigne, ceux qu'elle se doit de gérer.
Nous sommes tous confrontés à la vie, à la mort, qu'on le veuille ou non. Il faut l'accepter. Mais Gabrielle, de ce que j'en comprends, est dans une impasse, en butte à des questions sans réponses. Humaine ou inhumaine ? Doit-elle rester indifférente au risque de perdre les valeurs qui ont toujours guidé son cœur et sa vie ? Dilemmes! Qui est notre Milena ? Souvent, jamais on ne la croise ou on la laisse passer. Pas Gabrielle, tant mieux pour elle. Belle histoire, bien écrite, bien pensée. La torpeur de Gabrielle est palpable de bout en bout ! Belle maîtrise du verbe, je suis bluffé ! |
Louis
30/5/2021
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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La fin avec l’apparition du personnage de Miléna surprend, et peut paraître au prime abord de trop, vraiment superfétatoire. Mais à bien la considérer, elle se justifie et permet même de mieux saisir ce qui fait le fond du texte.
Miléna apparaît comme une gitane qui lit dans les lignes de la main. Elle pratique la chiromancie, qui n’a rien d’une science, alors que Gabrielle est une pure scientifique. Miléna appartient au monde de l’irrationnel, alors que Gabrielle est une pure rationaliste. Avec Miléna surgit donc l’irrationnel dans la vie réglée, rationalisée de Gabrielle. Miléna lui parle du « cœur », de ce cœur que l’on distingue de la raison, non de l’organe à la fonction de pompe, mais du principe des sentiments, de la vie émotionnelle, de l’affectivité qui constituent le domaine irrationnel de l’être humain. Elle la rappelle au soin de ce cœur « qu’elle a peut-être négligé dans ce qu’il a d’intime et de secret » Gabrielle n’est pourtant pas une femme « sans cœur ». Elle fait preuve, dans son activité de soignante, d’humanité, aussi bien avec ses collègues et le personnel infirmier qu’elle dirige, qu’avec ses patients. Et l’humanité se fonde en partie sur les sentiments, pas seulement sur des principes raisonnables ou rationnels. Sa fonction de médecin l’expose aux drames de la maladie, de la souffrance et de la mort. Elle cherche des remèdes, et se trouve confrontée bien souvent à l’irrémédiable ; ce qui la renvoie à sa faiblesse, à sa vulnérabilité, à ses limites, qui sont celles de tout humain face à la finitude, à la condition mortelle, mais elle, médecin, elle est en première ligne dans cette lutte contre la mort. Elle se veut pourtant une femme forte, qui ne veut pas montrer ses faiblesses, elle « souvent de cuir » vêtue, s’étant forgée une "cuirasse’’. Forte, parce qu’il lui faut s’imposer dans un univers masculin : « ses collègues, tous des hommes à ce niveau de responsabilité, choisis dans le sérail » ; forte parce qu’il lui faut se confronter quotidiennement à l’inacceptable de la mort "injuste" et aux limites du pouvoir médical, sans se décourager, sans renoncer, sans accablement. Pour se montrer ainsi solide et inébranlable, elle réprime ses affects, ses émotions, ses sentiments ; elle les refoule. De cette façon, elle trouve un abri : « Elle avait appris progressivement à se protéger de ces drames humains dont son service est malheureusement coutumier ». Cette mise à distance de l’épreuve douloureuse d’une fatalité, qui s'abat sans que puisse être envisagé le moindre recours, constitue donc en elle un "invivable". Douleur inexprimable, angoisse et désarroi indicibles : un vécu non vécu : un invivable. Une part d’elle-même est comme morte, ne se manifeste pas, ne s’éprouve plus. Lorsqu’un jeune homme de dix-neuf ans, Germain, meurt dans son service, une résistance en elle se brise. Sa carapace n’a pas tenu devant cette mort qui apparaît tellement injuste, tellement absurde. Une de ses décisions a, de plus, provoqué une polémique dans son service. Une échappée hors de son hôpital, une « absence », un « break », va lui permettre de se retrouver elle-même, vivante dans toutes ses dimensions. Son itinéraire géographique la mène vers le sud. Mais c’est son nord qu’elle recherche, une boussole, qui redonne sens à sa fonction, à sa vie de médecin comme à sa vie de femme. Cet itinéraire va la mener vers elle-même. Vers cette part d’elle-même qu’elle avait désertée, vers la reconquête de l’invivable. Symboliquement, elle va revivre la mort de Germain, « cette mort de trop » qui l’a déstabilisée. Le jeune stoppeur, Diego, qu’elle accepte de prendre avec elle, dans son auto, comme elle prend des patients dans son service, lui apparaît comme un double de Germain. Les images deux jeunes hommes se confondent dans sa perception, elle en a conscience : « L’image de ce jeune chevelu qu’elle imagine rebelle et libre se superpose avec celle de Germain, glabre, chauve, confiné durant de nombreux mois dans sa chambre stérile ». Des doubles inversés, l’un chevelu, l’autre glabre ; l’un libre, l’autre confiné ; l’un vivant plein de vie, l’autre habité par la mort. L’un comme l’autre, pourtant, elle va les « perdre ». Diego aussi sera perdu, en effet, lui aussi disparu, mais évanoui dans la foule, dans la foule des vivants en une mort symbolique. La mort n’est pas ici un ailleurs, mais une présence invisible parmi les vivants ; invisible mais sensible. La mort des deux jeunes garçons, confondue, paradoxalement la rendra vivante ; leur perte est un don de vie. Diego avant de disparaître lui a indiqué un chemin, il mène aux Saintes-Maries, il mène surtout à la musique et à la danse ; il mène à soi-même. La musique lui permettra, sur cette plage du Sud, d’exprimer ses émotions refoulées : « prise par cette musique qui se diffuse en elle, et, soudain c’est comme une digue qui se rompt, une lame de fond qui la soulève, et fait venir des sanglots ». L’indicible est pris en charge par la musique et le chant, non par un discours rationnel ; la musique prend corps en elle, et elle entre en danse. En charge de l’indicible, la musique l’est aussi de l’invivable. Le non vécu affectif est vécu dans la danse, sublimé par la musique, dans une véritable catharsis. « L’homme doit danser, parce qu’une joie de vivre débordante, irrésistible arrache ses membres à leur torpeur ; il veut danser, parce qu’il sent naître en lui une force magique qui donne la vie, la santé, la victoire… » écrivait Curt Sachs dans Histoire de la danse. Une force magique, oui… Mais encore, ce que Paul Valéry écrivait de la danse semble ici s’appliquer tout à fait : « Il semble bien que le corps qui danse n’ait affaire qu’à soi-même et à un autre objet, un objet capital, duquel il se détache ou se délivre, auquel il revient, mais seulement pour y reprendre de quoi le fuir encore… » Ainsi s’est-elle reconquise elle-même, tout entière, et « se sent vivante de la pointe des orteils à la racine des cheveux » L’invivable a été rendu vivable. Les rôles se sont inversés : c’est le mort qui a soigné le vivant. Gabrielle a senti la « présence si évidente, si vivante de Germain » Germain qui n’est pas mort, et Gabrielle qui le porte en elle comme une leçon de vie et d’humanité. |
plumette
5/6/2021
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Pour les retours sur commentaires, c'est ici :
http://www.oniris.be/forum/a-propos-de-vivante-t29253s0.html |
Pepito
10/6/2021
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Bonjour Plumette !
Une bien jolie écriture, même si le plus que parfait fait un poil lourdingue de temps à autre. Pour chipoter : - "autrement aujourd’hui, avec le recul de l’expérience" … 3 fois la même notion à la queue leu leu. - " jeune de dix-neuf ans, leucémie aiguë, les yeux grands ouverts sur son destin"... ah, chouette, on sent que l'on va se marrer ! Genre pathos, mais presque. - " comme une force surnaturelle, reliant tous ces êtres"... on ne dira jamais assez la force du cérémonial religieux, peaufiné, il est vrai, sur 2 millénaires. - "jeune chevelu qu’elle imagine rebelle et libre"… oh non… ! Heureusement, sauvé par la superposition avec Germain. ^^ L'arrivée de la gitane diseuse de bonne aventure, même si peu probable, allège la fin de lecture. Ouf ! ^^ Bon, mon avis n'a guère d'importance vu que perso, le sentimental/rom (ouch!) n'est pas trop mon truc. ;-) A pluche Pepito |
jfmoods
23/6/2021
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I) Une femme à la fois forte et fragile
1) Un métier exigeant 2) Un idéal élevé 3) La mort de trop II) L'échappée belle 1) Un auto-stoppeur providentiel 2) Une drôle de pèlerine 3) Quand on ouvre nos mains |
Anonyme
22/11/2021
a aimé ce texte
Bien ↑
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"Connais toi toi même" : depuis l'Antiquité, nous savons cela ! nous savons que pour connaître et aimer le reste du monde, il faut d'abord apprendre à se connaître et s'aimer soi même.
Ici, la narratrice semble faire le chemin inverse, si tant est qu'il existe un chemin "exact / droit / normal" dans chaque chemin de vie. - Bref, elle n'a jamais réellement pris ses propres envies en compte : "sa propre jeunesse avait été tellement studieuse, presque entière vouée à ces études exigeantes." ; - ses propres sentiments et émotions, elle les a toujours refoulés : "elle avait pourtant appris progressivement à se protéger de ces drames humains dont son service est malheureusement coutumier." ; "Dire qu’elle était venue avec l’idée de mettre des mots sur sa propre détresse. Et là, elle avait pris toute la mesure de sa solitude." => le hasard qui l'a menée à cette plage des saintes maries de la mer, à ce lieu de pèlerinage et de fête gitane lui permet d'extérioriser, à travers la danse et le lâché prise, ce qu'elle connaît en tant que médecin et que nous devrions tous pouvoir accepter puisque cela fait partie de notre chemin (savoir admettre, accepter la mort comme une fin inéluctable à la vie). Mais étant donné que la souffrance, la douleur et la mort font partie de nous, êtres humains, que nous souffrions consciemment ou inconsciemment de ces maux, la leçon essentielle de ce texte me paraît être le fait d'être en capacité de prendre du recul par rapport à nous mêmes, et à notre rythme de vie : savoir qui nous sommes, ce que nous voulons réellement, et ne pas s'oublier dans tout le reste. Concernant le style, je trouve aussi l'écriture fluide et agréable à lire, les descriptions sont méticuleuses et cela permet d'imaginer la scène de manière précise. Merci pour cette lecture Plumette qui redonne de la vie là où elle semble perdue dans la souffrance ...! :) |