1
Que ce tunnel est long… Que l'éclairage est agressif… Que cet escalier est pentu… Le temps me regarde en chien de faïence, il paraît figé, arrêté, bloqué. Au bout de quelques secondes qui équivalent dans ma réalité à des heures, le quai vide se découvre devant moi à mesure que je monte les dernières marches. Pour l'instant tout va bien mais pour l'instant seulement ; puisque je sais qu'elle va venir me prendre, m'enlacer, me serrer si fort qu'elle me fera suffoquer et puis ensuite… ensuite, les vertiges, accompagnés d'une sécheresse désertique dans les tréfonds de ma gorge et d'une corde invisible qui viendra étreindre mon cou. Je le sais parce que cela dure depuis des jours, des semaines, que dis-je ! Des mois ! Elle habite mon corps, je lui appartiens. Parfois elle éprouve ce besoin, comme tout être vivant, de se reposer ou de dormir. Mais pendant qu'elle s'abandonne dans mon corps, moi, je ne parviens pas à trouver le repos, encore moins le sommeil. Je la guette, je l'épie. Son moindre mouvement met mon esprit en alerte et me fait redouter son réveil. Elle est vivante j'en suis sûr maintenant. Il ne peut en être autrement tant je la sens de tout mon être. J'ai même parfois l'impression de pouvoir la toucher… Oh ! Si c'était possible… Je la jetterais loin, le plus loin possible de moi après l'avoir broyée, mutilée, piétinée ! Quelle délivrance ce serait… mais quel phantasme c'est… Je n'y suis encore jamais parvenu et pour tout dire, je n'en caresse même plus l'espoir depuis quelque temps. Elle m'a usé, éprouvé, exténué. Tout porte à croire qu'elle a pris un ascendant définitif sur moi et que dorénavant, elle revient me narguer, s'amusant de moi comme le ferait un chat avec quelque mulot pris au piège, blessé et agonisant. Je m'étais pourtant fait la promesse de ne jamais abandonner le combat. Il semblerait qu'il faille parfois se résigner devant l'évidence… La force me fait cruellement défaut, un peu plus chaque jour. La nuit qui m'entoure, contrairement à ce que ressentent habituellement les gens, atténue quelque peu mon mal-être. Comme si elle me permettait d'échapper aux regards et aux jugements. Car c'est certain, les autres m'observent, ils me jugent même, quand je suis en pleine résistance. Mais la voici qui s'avance, j’aperçois les contours de sa silhouette malgré l'obscurité toujours plus dense. Elle se rapproche et m'éblouit de plus en plus… Cette mauvaise fée danse autour de moi, m'examine, prend son temps comme pour me signifier que c'est elle qui décide du moment où mon corps sera assiégé. Cruelle, sadique… Le train ralentit puis s'arrête et là, une seule et unique obsession commande mon comportement : trouver quelque lieu où je serai le plus seul possible, près de la sortie ou des toilettes parce qu'elle a déjà commencé son intrusion. Pourquoi trouver une telle place me direz-vous ? Parce qu'il n'y a que dans ces conditions que je peux utiliser les armes dérisoires qu'il me reste ; à savoir l'éloignement des autres, le repli sur moi-même et le droit aux songes pour tenter de l'ignorer. Je conçois tout à fait que ce comportement puisse être considéré comme grotesque et pathétique vu de l'extérieur ; il relève hélas de la survie pour moi… Les portes automatiques se referment. Le chef de gare, métamorphosé en gardien de prison, a claqué la porte de la geôle. Le combat peut commencer.
2
Dans le malheur qui m'oppresse, il me reste malgré tout une lueur d'espoir : je commence à connaître cette magicienne en profondeur ; par conséquent elle revêt à mes yeux un caractère bien prévisible. Je sais par où elle va attaquer, par quels moyens elle compte me tourmenter et les efforts que je devrai accomplir pour la canaliser ; avant qu'elle ne reprenne son élan dans la perspective d'une nouvelle charge, plus violente encore. Le trajet doit durer trente minutes, au cours desquelles il y aura trois arrêts dans des gares intermédiaires que je maudis, cela fait environ… pour moi… deux longues années si l'on effectue la conversion dans mon système temporel. J'essaie tant bien que mal de chercher dehors la moindre distraction qui pourrait occuper mon esprit et me faire quitter l'instant présent. Rien d'autre que le noir de la nuit rendu plus sombre par la vitesse du train. À cet instant, je sens une chaleur glacée s'emparer sereinement de mes pieds, puis envelopper mes jambes. Il faut réagir et stopper la propagation ! J'ai découvert il y a peu que regarder le sol fixement permettait de la contenir. Je m'exécute. Malheureusement, les effets tranquillisants que cette posture produit sur elle ne durent que très peu de temps et alors même que je suis en train de me défendre, je dois déjà prévoir la prochaine riposte. On me proposerait d'échanger ma place contre celle de Sisyphe que j'accepterais sur-le-champ ! Le frisson brûlant progresse maintenant et, en l'espace d'un instant, il paralyse mon corps entier. La panique me gagne, ma tête brûle, mes membres sont engourdis et ma vision se trouble ! « C'en est assez ! » aurais-je besoin de hurler. Impossible. L'air commence à se raréfier et ma salive s'évapore. Il ne me reste dans la bouche qu'une mousse épaisse à ingurgiter. Surtout ne pas fermer les yeux ; ce serait m'exposer à sa mesquinerie morbide ! Les ouvrir ? Non plus, les autres se moqueraient et jouiraient du spectacle à l'instar de ces sous-hommes vociférant des onomatopées incompréhensibles dans une arène ensoleillée et noire de monde, au moment de la mise à mort d'un taureau ! Mais quoi ? Pourquoi cet acharnement ? Pourquoi moi, pourquoi vous, pourquoi elle ! Le temps est déréglé, il n'existe plus et ma vie se résume à ce funeste et douloureux présent. Je me sens faiblir. Il me faut malgré tout rester insoumis parce qu'elle m'a appris cette chose : si je venais à mettre un genou à terre, elle m'annihilerait irrémédiablement. Le convoi funeste entame une décélération salutaire ; c'est le moment qu'elle choisit pour se retirer avec une délicatesse aussi intense que ne l'a été la violence de son arrivée. Le train s'arrête, je descends, encore un tunnel, mais elle est partie. Pour combien de temps ? Elle seule le sait. Je dois à présent regagner mon studio du centre-ville. Prendre le bus ? Sûrement pas ! Inconscient ! Cela reviendrait à la provoquer ! Me voilà donc en route pour une marche de quarante minutes, contraint et forcé, chargé d'un sac qui doit peser une trentaine de kilos et peu propice à la randonnée ; un véritable cheval mort. Mon chemin de croix à moi… Comment ? Oh, oui pardon ! Veuillez excuser mon impolitesse, je n'ai pas même pris le temps de me présenter à vous… J'étais occupé à quelque affaire urgente… Comme vous l'aurez probablement constaté. Je me prénomme Lhabia, j'ai vingt-deux ans et je suis étudiant en faculté de lettres. Je viens de prendre le train qui relie ma petite ville d'origine à celle de Rennes ; nous sommes dimanche soir, et durant la semaine à venir, ce sera elle ou moi. Et ça, c'est moi qui l'ai décidé… et non ce démon.
3
J'arrive en cet instant à mon appartement, harassé. Je dois ranger mes affaires et puis après, je fumerai une cigarette, celle de la trêve. Ce moment de soulagement m'est permis parce que je suis presque certain qu'elle ne viendra pas ce soir, chez moi. Jusqu'à ce jour, elle m'attrape seulement quand je sors. La capacité qu'a parfois l'esprit, après un épisode traumatisant, à faire fi de tout ce qu'il s'est passé pour vagabonder librement me fascine. Grâce à ce don salvateur, j'ai le loisir, qui reste malgré tout relatif, de prétendre à m'offrir une parenthèse de vie ordinaire : manger, prendre un bain chaud, regarder un bon film et puis me laisser glisser dans les bras de Morphée sans crainte ou presque. Tout ce qui vous paraîtra normal relève pour moi d'une offrande sublime dont je ne connais pas le destinateur. Je compte bien en profiter dignement ce soir même si je sais que demain, les tranchées seront une nouvelle fois souillées de larmes et de sang… La nuit s'est bien passée. Il n'y a que quand je suis inconscient qu'elle n'occupe pas mes pensées. Le reste du temps, même si je ne la ressens pas aux alentours, je pense à elle. Et si elle monopolise mon esprit, cela signifie qu'elle est là sans l'être… Et si elle est là sans l'être, j'en conclus que je suis aliéné… Voilà le genre de raisonnement nihiliste qui me ronge en permanence. Mon histoire me fait parfois penser à celle du personnage dans le Horla de Maupassant sauf que moi, j'adore le lait, je n'ai pas besoin de verre d'eau à proximité quand je dors et que mon harceleur ne me réveille pas la nuit… J'ai cours à dix heures ce matin. L'affrontement s'annonce rude, un amphithéâtre m'attend. Pour moi, le mot amphithéâtre est synonyme d'espace démesuré vertigineux, de population dense et nombreuse et puis aussi de cloître. Espace démesuré et cloître… étrange association tout de même… Mais après tout, rien n'est rationnel dans la malédiction qui me tyrannise. Quoi qu'il en soit, ce lieu constitue mon champ de bataille à moi. Il ne faut pas arriver en retard, sinon les places en bout de table seront pourvues et je me retrouverai coincé. Elle aime plus que jamais apparaître quand ma fuite lui apparaît compliquée à mettre en œuvre et semble pouvoir échouer. Vous ne comprenez pas ? Cela est bien compréhensible. Je m'explique : si je suis en bout de table, je peux me sauver rapidement vers les toilettes ou dans quelque endroit où je serai seul. Si je suis en milieu de rang et que j'ai besoin de sortir, je dois faire déplacer toutes les personnes se trouvant entre moi et la sortie. Et si je les fais se déplacer, elles verront, me moqueront et me jugeront. Voilà pourquoi. Il est neuf heures quarante-cinq, je sors de mon appartement… Il est dix heures et quart, me voilà déjà de retour. Je considère qu'il est inutile de vous relater la demi-heure qui vient de s'écouler ; pourquoi vous volerais-je ainsi du temps ? Vous êtes à même de vous imaginer comment s'est déroulée cette bataille, comment je me suis fait dévorer et comment j'ai dû fuir. Assis, la tête entre les mains, je pleure. N'en verrai-je jamais la fin ? Suis-je condamné à vivre de cette manière ? Suis-je voué à exister tout le reste de ma vie à côté de la réalité ? Combien de fois encore me répéterai-je que ce monde n'est pas le mien ? Toutes ces interrogations qui se bousculent dans mon esprit ne trouvent aucun écho. Je suis seul. Seul avec elle. Je m'apprête à passer une journée de plus dans mon fort de paille minuscule. Ensuite viendront le soir du répit et la nuit du repos… de n'avoir rien fait d'autre que de plier sans rompre.
4
La nuit que je quitte à l'instant fut comme à l'habitude un court répit pendant lequel j'ai pu, sans m'en rendre compte, reprendre quelques forces. Celles-ci étant néanmoins tristement dérisoires au vu de la puissance de la mauvaise fée. J'ai décidé que ce matin, je n'irais pas me risquer dans l'arène, le brûlant échec d'hier m'ayant refroidi. Mais ce n'est pas pour autant que je ne compte pas lutter. J'en ai pour preuve que je viens de me résoudre à sortir de mon fort, pour affronter les ruelles dédaléennes du centre-ville où je sais qu'elle m'attend à chaque coin de rue. Il me semble cependant que mes chances de la vaincre sont plus importantes dans ce cadre-là plutôt que dans quelque lieu fermé. J'en profiterai pour me ravitailler en tabac et peut-être m'acheter un bon livre. L'attrait pour le rien ambiant et le courant d'air entre les deux oreilles de la plupart de mes contemporains ayant pour conséquence première de voir les librairies souvent désertées au profit des supermarchés, j'espère me retrouver seul ou presque dans une de ces cavernes aux mille trésors, afin de ne pas devoir patienter pour payer. Car dans chaque situation où j'attends, elle arrive. Après m'être préparé à la manière d'un poilu qui a reçu l'ordre de sortir de la fosse, je claque la porte et je ferme à clé. Il faut traverser un long et sombre couloir pour déboucher sur la rue, en plein centre-ville. Les derniers pas d'un taureau sans être agressé et harcelé. Une fois dans l'arène, je deviens un détenu qui sort de la maison d'arrêt dans laquelle il fut incarcéré pendant une trentaine d'années ; une sorte de zombie ébloui par la lumière et l'activité frénétique du monde où il a été projeté. Je fais quelques pas et là… je la sens qui m'épie et qui salive. La règle principale que je me dois de respecter en plein air est de repérer à l'avance toutes les échappatoires possibles, souvent des porches et des arrière-cours, qui pourraient me permettre de glisser entre ses doigts et d'échapper à la vindicte populaire. M'en voilà réduit à l'absurdité suprême : chercher une sortie de secours alors que je suis dehors ! Il me faut marcher tout droit, feindre d'être comme eux, sereins et heureux de cette journée ensoleillée. Moi, je déteste le soleil quand il brûle, ne sachant pas modérer sa puissance. Il m'est insupportable parce qu'il me rend paranoïaque, un peu comme s'il braquait ses rayons sur moi pour m'aveugler et mettre en exergue ma différence aux yeux des autres. La voilà qui s'approche et entame sa danse vaudou. Je dois l'ignorer et continuer. J'essaie de la tromper en m'arrêtant dans un bureau de tabac vide. Elle rentre avec moi. Je reprends ma route, elle me suit. J'accélère, elle va plus vite. Je ralentis, elle s'arrête comme pour me signifier qu'elle abandonne sa quête avant de reprendre de la vitesse pour frapper. Elle vient, je la sens. D'abord les pieds, puis les jambes et tout le corps. La respiration coupée, la vue qui se dégrade, les bouffées de chaleur mêlées de frissons… Mon seul but alors est d'atteindre l'entrée d'immeuble que j'aperçois au loin. Ma quête du Graal. J'allonge mes pas comme elle progresse dans mon corps. Je suis métamorphosé dès lors en ours blanc qui aperçoit un morceau de glace juste assez grand pour poser ses deux pattes avant, après avoir nagé dans l'eau glacée durant des heures. Ce bloc de glace ne semble pas se rapprocher, serait-ce un mirage, une vue des convulsions de mon esprit ? Mais voilà qu'il s'éloigne en même temps que j'accélère ! Je vacille, je fléchis. Mes jambes sont faites à présent de coton et le peu d'air que je parviens à faire pénétrer en moi est toxique ! C'est le moment que choisit la mauvaise fée pour porter l'estocade… elle me compresse la poitrine avec tant de force que je sens la conscience qui me quitte ! Une vieille femme m'a remarqué. Elle m'observe et semble désemparée à ma vue. Elle s'approche de moi en courant comme elle peut et m'adresse quelques mots inintelligibles. Je me sens faiblir, mon corps entier ne répond plus, un voile noir vient couvrir enfin ma vision. Je sens ma tête qui heurte violemment l'angle du trottoir… et puis, plus rien d'autre que le néant…
5
Comme certains automobilistes ralentissent leur allure et guettent l'hémoglobine quand un accident les a précédés, un troupeau s'est formé là-bas autour d'un corps allongé sur la chaussée. Que cette scène est malsaine. Mais que cette scène reflète le monde. Les secours qui arrivent sur les lieux semblent signifier à la foule de spectateurs à la curiosité déplacée de ne pas rester aux alentours, afin que l'air puisse parvenir jusqu'à la silhouette étalée. Une vieille dame discute avec deux secouristes ; elle leur relate apparemment la scène à laquelle elle semble avoir assisté en faisant d'amples gestes étranges et saccadés. Le corps est disposé avec toutes les précautions nécessaires sur un brancard puis placé à l'arrière d'une ambulance. Le véhicule quitte les lieux dans un bruit strident de sirènes. Les charognards, ayant eu leur dose de sensations fortes, se dispersent avec, dans un coin de leurs têtes, une belle histoire à raconter pour plus tard. Une étrange sensation de bien-être m'habite. Je n'ai pas envie d'ouvrir les yeux. En aurais-je seulement la force ? J'entends quelques paroles qui semblent lointaines. Je sens qu'on m'installe sur un matelas fort peu confortable et très étroit. Deux portes claquent. Un bruit que j'identifie comme celui d'un moteur me fait comprendre que je suis dans un véhicule dont j'ignore tout jusqu'à ce que le son d'une sirène se mette à retentir. Je finis par me dire que rien ne sert plus de me poser trop de questions avant que l'inconscience ne vienne m'embrasser à nouveau. Serait-ce ce vertige paisible qu'on appelle la mort ? Cela m'est égal à présent car… elle est partie. Alors tout va bien pour moi dorénavant. Cet événement a marqué une cassure dans mon histoire. Il y eut clairement, comme on dirait familièrement, un avant et un après. Ce jour-là, j'ai été transporté à l'hôpital en urgence mais aucun élément de tous les examens médicaux auxquels on m'a soumis n'a été considéré comme pertinent pour expliquer ce qu'il m'était arrivé. Peu de temps après, on m'a proposé de consulter un psychiatre. Je ne vous cache pas que ce mot m'a terrifié… Moi ? Un psychiatre !!! Je me suis imaginé un instant hurlant, bavant tel un enragé, enserré dans une camisole de force et séquestré dans une pièce capitonnée du sol au plafond ! Alors, pour ne pas me faire prendre pour un fou et échapper à un internement dommageable, j'ai évité de parler d'elle comme je le fais avec vous. Je me suis juste contenté de décrire vaguement au praticien ce que je ressentais et dans quelles circonstances particulières cela se produisait. J'ai compris avec beaucoup de temps que ce que je décrivais, toutes ces sensations frôlant souvent le soutenable, d'autres que moi les avaient déjà vécues et devaient les affronter au moment même où je traversais ce long tunnel lugubre. J'ai appris que le milieu médical définissait cela comme des crises d'angoisse aiguës. Au cours de ce voyage presque mystique à l'intérieur de mon être, pas toujours agréable d'ailleurs, j'ai découvert que mon corps était le moyen d'expression qu'avait trouvé mon esprit pour me signaler qu'il y avait des choses enfouies en moi et dont j'allais devoir me préoccuper… Je me suis donc mis à l'ouvrage. Toutes ces péripéties m'ont amené au moment où j'écris ces mots. Je souffre d'agoraphobie. Cela recouvre la peur panique et irrationnelle de toutes situations se déroulant dans de grands espaces ouverts ou au sein d'endroits peuplés et clos. Mes attaques de panique me signifient qu'il faut fuir. Si je le peux, l'agoraphobie s'estompe. Dans le cas contraire, elle peut me pousser jusqu'à la perte de conscience. Pour résumer, mon esprit réagit de la même manière que si j'étais piégé dans un incendie ou bien sur le trajet d'une avalanche de haute montagne. Je suis malade. Je ne suis pas seul. Ce qui signifie que je peux guérir et que j'ai des alliés. AGORAPHOBIE. Dix lettres qui forment mon tourment. Elle, la mauvaise fée, la sorcière, la magicienne… Je peux maintenant la nommer. Je sais aussi qu'elle a d'autres adversaires que moi et qu'ils sont dotés d'armes autrement plus performantes que les miennes. Une espérance est apparue comme une lueur infime qui ferait deviner la sortie du tunnel. Je me trouve désormais en plein cœur d'une guerre finale équitable, juste et nécessaire ; mais dont j'ignore le dénouement.
Lhabia
|