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Sentimental/Romanesque
Purana : Le chapeau à fleurs
 Publié le 04/11/14  -  14 commentaires  -  4525 caractères  -  154 lectures    Autres textes du même auteur

Journal d'une femme marin.

Gibraltar : lieu de rencontre de pavillons de toutes les couleurs.

C'est de tous les coins du monde que l'on y vient.
C'est vers toutes directions que l'on en repart.

La fraternité naît d'un désir commun :
Accueillir et être accueillis.


Le chapeau à fleurs




Dans le port de plaisance de Gibraltar, le capitaine du port est d'origine britannique, sa secrétaire est espagnole et son aide est marocain. Ce dernier, Abdul, est un Arabe qui me rappelle mon enfance ; les Arabes incroyablement gentils, polis et modestes de Basra qui travaillaient en Perse, le long de ma rivière, le Karoun.


Abdul est grand, maigre et bronzé. Il a environ cinquante ans mais il en paraît soixante-dix. Il a seize dents, dont six dans la mâchoire supérieure, m'a-t-il dit. Ses mains sont grandes et calleuses. Son nez est crochu comme le bec d'un oiseau de proie et ses oreilles sont décollées. Mais malgré tout, il est beau, et même très beau, grâce à l'immense gentillesse qui illumine son visage.


Il vit tout seul dans une petite maison avec une seule petite chambre sans fenêtre et située sur le port. Il travaille à Gibraltar pour gagner de l'argent pour sa famille qui vit au Maroc.


Nous sommes devenus de bons amis depuis qu'il a découvert d'où je viens, pas d'Amérique du Sud, comme il croyait, mais de Perse, où il a travaillé jadis pendant de nombreuses années.


Afin de préserver sa vie privée, il est plus logique d'amarrer avec la proue du voilier face à la jetée.

Étant un petit matelot, quand je quitte mon bateau, et que mon capitaine n'est pas là pour m'aider, je risque un accident susceptible d'entraîner quelques blessures : je dois m'accrocher à la proue, me laisser pendre, puis faire un saut d'environ cinquante centimètres.

Mais ici à Gibraltar, je sors quand je veux !

Dès que je suis sur le pont avant avec mon petit panier, tout à coup mon ange gardien, mon Abdul est là sur la jetée pour m'aider. Il m'attend avec ses doigts entrecroisés et les paumes des mains tournées vers le haut : mon escalier !

Je pose les pieds sur ses mains tandis que je glisse les miennes le long de la proue. Puis il abaisse ses mains tranquillement jusqu'à ce qu'elles touchent la jetée et j'y suis.


Des badauds nous applaudissent, nous photographient et nous filment : voici ma fierté et la joie d'Abdul immortalisées !


– Abdul, vous êtes très gentil avec moi, pourquoi ?

– Parce qu'on se ressemble un petit peu, car nous sommes tous les deux différents des autres.


Par réflexe, je tourne la tête pour regarder les pavillons de toutes les couleurs des bateaux qui arrivent après un long voyage.

Il suit mon regard et murmure : « Oui, ce sont les drapeaux du monde entier, mais les gens sont tous les mêmes. »


– Mais moi, je suis aussi un peu comme eux, je porte les mêmes vêtements qu'eux, je parle la même langue qu'eux, je mange les mêmes plats en savourant le même vin, et mon bien-aimé est l'un des leurs.

– Oui, vous parlez leur langue, mais vous choisissez vos mots d'une manière orientale.

– Peut-être est-ce une question de sang plutôt que de peau, non ?


Il m'apporte chaque jour un cadeau, comme un bouquet de menthe ou de basilic du Maroc, des grenades, des dattes… Et il n'oublie jamais de m'apporter aussi un bidon d'eau qui vient également du Maroc.

J'en reste perplexe. Pourquoi apporter de l'eau du Maroc, puisqu'elle est pure et limpide ici à Gibraltar ?


– Mais non, gardez votre eau pour vous. J'adore l'eau de Gibraltar, vraiment, c'est bien car elle ne sent que l'eau.

– C'est exactement pourquoi vous devriez l'accepter. Mon eau est différente ; elle sent l'Orient et cela est très important pour faire le thé.

– Comment ça ?

– Le thé devient un élixir magique qui vous fait croire que vous êtes assise dans votre propre jardin avec votre propre famille…

Avant de le boire, vous devez fermer les yeux… respirer… et voilà vous êtes là, le long de votre rivière dont vous m'avez parlé… Moi, je vois ma femme qui m'apporte le thé et j'entends la petite qui joue avec la chèvre. Je sens l'odeur de l'acacia que j'ai planté moi-même dans mon jardin, quand il était si minuscule, pas beaucoup plus grand que vous. Vous me rappelez mon acacia…

Ma femme est si belle…

Si vous me permettez, j'adore votre chapeau à fleurs. Il siérait aussi à ma femme.

– Voici, c'est pour elle ! Il est tout neuf ; je viens de l'acheter.

– Ah… Merci mais ma femme ne porte que des foulards.

– Mais vous pourriez admirer votre femme à la maison portant un chapeau à fleurs qui lui va si bien, non ?



Il part, portant mon chapeau à deux mains avec un grand sourire qui montre toutes ses dents.

Et je pense : « Quel merveilleux sourire lumineux. »


 
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   Asrya   
27/9/2014
 a aimé ce texte 
Pas
Quel est l'objet de ce texte ?
J'avoue ne pas avoir saisi l'essence de votre récit.
Racontez-vous la banale rencontre entre deux personnes ? L'un marocain, l'autre porteuse d'un chapeau à fleur ?
J'ai dû manquer le fond de votre pensée car je n'ai décelé, à travers votre nouvelle, qu'un simple échange de bons procédés entre deux personnes qui se sont liées d'amitié pendant un voyage en mer.
L'écriture est correcte mais ne suffit pas à créer une atmosphère transportant le lecteur dans votre univers.
Je reste donc sur ma faim, n'ayant pas réussi à ressentir la moindre émotion suite à ma lecture ; n'ayant pas réussi à déchiffrer vos intentions.

Merci pour ce partage,
A bientôt.

   Anonyme   
29/9/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
J'ai beaucoup aimé cette nouvelle simple et sensible qui, en disant des choses apparemment quotidiennes, laisse deviner à mon avis beaucoup : ainsi, pour la narratrice "différente" je pressens un handicap du genre nanisme, mais c'est pudiquement tu. J'ai beaucoup, beaucoup aimé la description sans fard d'Abdul et de sa beauté humaine...

D'une manière générale, j'ai aimé ce que ce récit où rien ne se passe laissait transparaître de bienveillance, de respect devant l'être humain, y compris ceux qui sont "tous les mêmes". Un petit regret que vous n'ayez pas voulu "creuser" davantage, montrer des interactions plus complètes entre les personnages, même si le charme de cette nouvelle tient aussi dans cela, ce "presque rien".

   Anonyme   
4/11/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Abdul travaille au port de Gibraltar. Il est très gentil avec la narratrice car elle choisit ses "mots d'une manière orientale".

Pour lui, ils sont différents des autres, mais pour lui aussi "les gens sont tous les mêmes". À lui seul, Abdul concentre la sagesse du "tous égaux, tous différents". C'est probablement là le message de l'auteur(e).

C'est un bel instantané, avec une ambiance et un joli propos sur le goût de l'eau. Cela me rappelle, mais de quoi je me mêle, cette grand-mère africaine habituée au goût de l'eau de la rivière à laquelle les modernes, sensibilisés à l'hygiène et aux risques de maladies, avaient conseillé l'eau du puits récemment foré, pour elle insipide.

Merci pour ce m̶o̶m̶e̶n̶t̶ partage :)

   Anonyme   
4/11/2014
Bonjour Purana
Je commente rarement les nouvelles, mais la votre est magique.

Il ne s'y passe pas grand-chose. Juste une brève rencontre sur un quai entre la compagne d'un marin de plaisance et l'employé du port.
Elle est petite et on l'imagine ravissante, lui est grand et maigre et fait beaucoup plus vieux que son âge.
Mais dans ce petit monde fugace et cosmopolite, leur sensibilité orientale les rapproche. Elle est particulièrement vive chez Abdul :

"Pourquoi apporter de l'eau du Maroc, puisqu'elle est pure et limpide ici à Gibraltar ?
– Mais non, gardez votre eau pour vous. J'adore l'eau de Gibraltar, vraiment, c'est bien car elle ne sent que l'eau.
– C'est exactement pourquoi vous devriez l'accepter. Mon eau est différente ; elle sent l'Orient et cela est très important pour faire le thé.
– Comment ça ?
– Le thé devient un élixir magique qui vous fait croire que vous êtes assise dans votre propre jardin avec votre propre famille…
Avant de le boire, vous devez fermer les yeux… respirer… et voilà vous êtes là, le long de votre rivière dont vous m'avez parlé… Moi, je vois ma femme qui m'apporte le thé et j'entends la petite qui joue avec la chèvre. "

Merci Purana. J'ai adoré ce texte sensible, lumineux et poétique.

   Neojamin   
4/11/2014
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Purana,

Difficile de commenter un texte aussi court. Je pense pouvoir dire sans trop me tromper que cette histoire n'a rien d'une fiction, c'est une tranche de vie présentée sans fard. Peu d'émotions transcrites mais une ambiance générale qui m'a séduit. J'ai imaginé ce Marocain...peut-être parce que j'en ai connu plusieurs comme lui...ou tout simplement parce que cet instant partagé est réel, vécu, inscrit dans quelques mémoires.
Il n'y a pas de messages à chercher ou de morale à attendre. C'est juste un passage, un bref aperçu de ce que peut être la vie à Gibraltar.
Je ne suis pas très enthousiasmé par le texte mais j'y ai cru, j'ai ressenti quelque chose et c'est peut être ce qu'il y a de plus important dans le partage!
Merci

   Pimpette   
4/11/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Cette rencontre d'un homme et d'une femme ne ressemble à aucun autre et c'est une de ses qualités principales!

Deux êtres ont en commun quelque chose de leur passé, de leur langue,...Ils sont loin de leurs lieux de naissance et tout les rapproche avec légèreté et force en même temps...

J'aime la chute singulière, ce chapeau insolite qu'on attendait pas...sur la tête de l'homme, en cadeau pour sa femme au loin comme un dernier lien entre eux...

Tout ici nous parle de Purana ou je me trompe fort?

   Robot   
4/11/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Pourquoi certains mots nous emporte plus loin que ce qu'ils disent.
J'ai trouvé que votre texte est une alchimie subtile, cette synthèse de deux personnages qui en peu de phrases nous font imaginer toute la subtilité de la rencontre est un partage inattendu. Tout votre texte est une grande image. Et d'une grande beauté simple, humaine, sans emphase mais tellement évocatrice.

   patro   
4/11/2014
J'aime également ces nouvelles-instantané de nos vies , où l'action est inutile car toute l'histoire est dans le ressenti des personnages .
Ici , le partage de références "ethniques" différentes mais qui s'accordent quand même sur le goût de l'eau et la couleur des chapeaux . Mais aussi sur le fond, le respect sinon l'amour de l'autre .
Je vais faire un thé avec mon eau de pluie ...

   Pepito   
4/11/2014
Un style frisant l'écrit d'enfant.

"un accident susceptible d'entraîner quelques blessures" c'est souvent le cas pour un accident, non ?
"Mais ici à Gibraltar, je sors quand je veux !" quel rapport avec la phrase précédente ou suivante ?
"les Arabes "incroyablement" gentils, polis et modestes" sous-entendu "pour des arabes" ?
"Des badauds nous applaudissent, nous photographient et nous filment" pour un saut de 50 cm ? Ils sont pas difficiles.
"Il a seize dents, dont six dans la mâchoire supérieure," ça c'est sympa

"Peut-être est-ce une question de sang plutôt que de peau, non ?" et la culture, jamais ?

Un texte pas terrible à mon gout.
Peut-être une autre fois...

Pepito

   Francis   
5/11/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
La beauté de ces deux âmes est mise en valeur par la simplicité du style, des mots. Ces deux êtres semblent partager la tendresse, la tolérance, le besoin profond d'une amitié sans artifices, sincère.
J'ai vécu un peu la même rencontre dans une résidence universitaire avec un étudiant marocain dont je n'ai pas oublié le sourire et la gentillesse.

   in-flight   
5/11/2014
 a aimé ce texte 
Pas
Bonjour,

Il y a des lourdeurs de style et la syntaxe de certaines phrases mérite d'être revue:

"Ce dernier, Abdul, est un Arabe qui me rappelle mon enfance ; les Arabes incroyablement gentils, polis et modestes de Basra qui travaillaient en Perse, le long de ma rivière, le Karoun."

OU

"Étant un petit matelot, quand je quitte mon bateau, et que mon capitaine n'est pas là pour m'aider, je risque un accident susceptible d'entraîner quelques blessures : je dois m'accrocher à la proue, me laisser pendre, puis faire un saut d'environ cinquante centimètres."

--> "Il a seize dents, dont six dans la mâchoire supérieure," / "Il part, portant mon chapeau à deux mains avec un grand sourire qui montre toutes ses dents." : Il lui manque la moitié de ses dents mais il a un "merveilleux sourire lumineux." Y'en a qui ont du pot quand même!

Je n'ai pas saisi l'intention de ce texte, j'y vois une scène irénique fort sympathique mais sans réels enjeux entre les protagonistes. Je vois ce texte comme le début d'une nouvelle plus longue, mais en l'état je trouve ça un peu... léger.

   Lulu   
5/11/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
"Le chapeau à fleurs" est une bien belle expression. En lisant le titre, j'ai tout de suite voulu découvrir le texte.
Je ne suis pas déçue. J'ai beaucoup aimé l'histoire de cette rencontre dont la chaleur court d'un bout à l'autre.
On écrit souvent pour dire ce qui nous perturbe. On en oublierait presque que l'on peut aussi écrire pour rendre compte d'un bonheur simple. La rencontre avec cet homme est vraiment très belle. C'est assez sommaire, mais ce n'est pas grave. On en sait suffisamment pour apprécier.
L'idée de boire du thé avec de l'eau du Maroc est plaisante. Elle donne du relief à cet homme qui apporte volontiers son aide.
Tout cela donne envie de voyager, de faire ou de refaire des rencontres du genre.

   odkali   
5/11/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour,

D'un échange si simple entre deux personnes et en très peu de lignes, j'ai plongé dans cette ambiance si apaisante. Et puis, ce ne sont pas les dentifrices qui rendent un sourire généreux, franc et empli de bonté comme celui d'Abdul, personnellement, j'ai aimé la chute.
Jusqu'à la fin, j'ai pensé que le petit matelot était un jeune homme, je doute encore, mais sans gravité.
Au tout début, j'ai buté sur la deuxième utilisation du mot « port » qui alourdit l'accroche je pense.
« Afin de préserver sa vie privée, il est plus logique d'amarrer avec la proue du voilier face à la jetée. » je n'avais pas saisi à la première lecture pourquoi vous nous donniez ce détail et je suis revenue sur le paragraphe suivant cette phrase.

Merci pour ce partage.

   marogne   
7/11/2014
 a aimé ce texte 
Pas
sierait.....


Je crois que je suis tombé, là, pas seulement trébuché, et peut-être dans l'eau noire du port, mais c'était une fin logique, non?

Oui, peut-être un moment, une rencontre, mais que de bons sentiments collés là, que du politiquement correct, et pas grand chose qui fasse rêver.

Dommage.


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