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Réalisme/Historique
Ram76 : Pour deux fillettes
 Publié le 27/09/14  -  8 commentaires  -  3270 caractères  -  120 lectures    Autres textes du même auteur

Lors d'une embellie trois hommes se rencontrent…


Pour deux fillettes


I


Tu es mon frère

Oui

Ensemble allons chez l’ennemi

Oui

C’est la trêve On s’échange des cadeaux avec l’ennemi

Oui

La trêve ça sert à ça Se faire des cadeaux

Oui

Alors ensemble mon frère allons chez l’ennemi


II


Bonjour ennemi

Bonjour ennemis

Qu’est-ce que tu nous m’offres

Deux boîtes de Bretzels

Et encore

Une flasque de bon Schnaps

Ça va

Et vous ennemis qu’est-ce que vous m’offrez

Un saucisson sec et une fillette de Muscadet

Non ennemis Deux fillettes

Une seule fillette Mais du meilleur cru

Non Deux fillettes Une flasque de Schnaps ça vaut deux fillettes

Deux fillettes de Muscadet Impossible à trouver en ce moment

Deux fillettes j’ai dit Sinon rien

Rien

Rien Pas d’échange Pas de cadeau Pas de trêve

D’accord ennemi On va te chercher ça

À tout à l’heure ennemis

Allons mon frère partons

Oui mon frère


III


Où c’est qu’on va la trouver

J’sais pas

De toute façon c’est pas juste

Quoi qu’est pas juste

Une flasque ça vaut pas deux fillettes

J’ai une idée

T’as une idée

Pour trouver la deuxième fillette

Pas la peine

Quoi pas la peine

On fera comme on a dit

Une flasque une fillette

C’est ça

C’est pas très juste

On fera comme ça mon frère Comme j’ai dit

D’accord mon frère t’es mon frère


IV


Re-bonjour ennemi

Salut à vous ennemis

Voilà les cadeaux

Ouvre-les ennemi

Tout de suite

Tout de suite devant nous

Alors ensemble ouvrons ensemble nos cadeaux ennemis

Tiens prends

Ah merveilleux

Ça te convient ennemi

Merveilleux Un saucisson et deux belles fillettes de Muscadet

Comment ça

Oui mon frère J’ai eu une idée pour trouver la deuxième

On avait dit pourtant mon frère

Je sais mon frère Mais comme ça pas d’histoire C’est la trêve

Je vais te casser la gueule

Assez mes ennemis Je vous offre mon cadeau Prenez-le

Merci ennemi On s’en va maintenant La trêve va se terminer

Au revoir mes ennemis Je boirai un bon Muscadet à votre santé

Partons


V


Tu n’es plus mon frère

Pourquoi

Tu m’as trahi

Non mon frère

Une flasque de Schnaps ça valait pas deux fillettes

Mais si mon frère

On doit franchir les barbelés

Aide-moi mon frère

Tu n’es plus mon frère Démerde-toi

Tu es salaud mon frère C’est bientôt la fin de la trêve

Je reviens dans nos lignes

Aide-moi mon frère J’ai les bras encombrés par les cadeaux de l’ennemi

Démerde-toi Les bombes commencent à tomber

Je suis coincé

Tant pis Moi j’avance Adieu

Salaud mon frère salaud mon frère


VI


À présent je suis seul Dans les barbelés Les bombes tombent Si je buvais un peu de Schnaps ça m’aiderait L’ennemi arrive Hé tu me reconnais C’est moi ton ennemi-ami


Pour sûr que je te reconnais Tiens prends ça Maintenant c’est la guerre

Tu me tires dessus ennemi Je suis mort Tu m’as tué cochon d’ennemi Putain il était vachement bon ton Schnaps

Allez meurs Tais-toi


VII


Qui c’est celui-là

Ton frère

Il a laissé ses boyaux un bout de cervelle

C’est mon frère

Qu’est-ce qu’il foutait entre les barbelés

C’est mon frère Oublié entre les barbelés après la trêve

Il a une poignée de Bretzels encore dans la bouche

Quelle bouche

C’était ton frère Alors embrasse-le On va l’enterrer

Il n’a plus de visage Comment veux-tu

Je sais Tiens la pluie commence à tomber

La pluie

Oui La pluie elle nous fait du bien


 
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   Anonyme   
27/9/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

Une nouvelle qui sort du lot, la trêve avant la reprise de la tuerie.
Je ne sais pas si réellement les soldats ennemis se rencontraient et s'offraient des cadeaux, je ne me serais pas posée la question si cette nouvelle n'aurait pas été classée dans la catégorie Réalisme/Historique. Je sais que pendant la trêve les soldats ennemis communiquaient entre eux mais à distance.
L'histoire est contée uniquement en dialogue, la disposition des phrases fait que le lecteur ne perd pas le repère sur qui parle à qui. Les ennemis ne sont pas nommés car il n'y a pas de héros, ni de anti-héros, ils n'ont pas de visages, ce sont des silhouettes portant le même costume, se trouvant tous dans la même situation, la même galère.

Il y a une très forte émotion surtout à partir de la partie V que je trouve très prenante.
Le langage aussi est familier, il sonne vrai, pas de tournure grandiloquente, pas d'utilisation de mots sophistiqués.
Mais ce qui est fort c'est ces retournements de situation: L'ennemi devient un temps ami, ensuite l'ami du début laisse son frère coincé sous les bombes à la merci de l'ennemi pour deux fillettes, et l'ennemi-ami reprend son uniforme d'ennemi. J'avoue que la partie VI m'a fait sourire par son côté absurde.
La dernière partie est cruelle car le soldat a perdu toute sensibilité, ou alors la pluie sert peut-être de déviation pour cacher les larmes. Mais j'avoue que cette partie-là me pose question. Un soldat peut-il perdre son humanisme face à la mort d'un compatriote?

Une nouvelle teintée d'humour noir, à la fois sensible et cruelle.

   Asrya   
1/9/2014
 a aimé ce texte 
Pas
Assez déconcertant comme texte.
J'ai du le lire plusieurs fois pour essayer de lui trouver un brin de poésie.
Surprise, elle est présente. Je n'y croyais pas moi-même.
Un peu potache à mon sens. Je ne sais pas en quel exercice de style cela consiste. Ma foi... il faut de tout pour faire un monde.
Un peu creux mais l'histoire a un sens.
La forme n'est pas forcément très agréable ; c'est pourtant pêchu.
Cela aurait pu m'extirper une once de... plaisir ? Si la fin avait été autre.
Pour le coup, bien que je ne sois pas fan du reste de l'histoire, de la nouvelle en prose que vous nous offrez, je trouve que cette fin insipide gâche l'ébauche de travail si curieux.

Merci pour cette aventure littéraire,
Ce fut... déroutant.
J'espère pouvoir vous lire à nouveau.

   Robot   
27/9/2014
Ce texte n'a provoqué chez moi que de l'ennui. D'abord par son invraisemblance et par ce dialogue linéaire sans relief.
J'imaginais un texte pour le théâtre, mais le dialogue est bien loin de "En attendant Godot".
Le comble de la mièvrerie est pour moi cet échange:

"Bonjour ennemi
Bonjour ennemis"

Ici on est dans l'image d'Épinal de la fraternité combattante, comme si la guerre était un bon moyen de rapprochement entre les peuples.
Même la fin est peu convaincante car il n'y ressort aucune émotion à la découverte de ce "frère" mort pour une fillette.

   in-flight   
27/9/2014
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Amateur de muscadet, je m'attendais à un final en "beuverie" entre ennemis. Mais la reprise des hostilités aura eu raison de cette parenthèse cordiale.

Je trouve la chute trop "classique" et je ne sais trop quoi retenir de cette histoire: les thèmes de la trahison, de la barbarie, de la domination sont abordés... OK très bien mais l'intrigue me semble un peu limitée tout de même.

Le récit laconique, froid, sans ponctuation cherche sans doute à illustrer la froideur des sentiments en temps de guerre: de ce côté la c'est réussi.
Une fin un peu gore qui veut "puncher" le lecteur, c'est un peu exubérant à mon gout.

Quant à la pluie comme cadre de clôture, on peut y voir plusieurs symboliques. J'y ai vu le grand nettoyage du charnier d'après-guerre, l'eau qui lave en même temps qu'elle enterre les cadavres.

Catégorie "Réalisme/historique": je m'interroge, je l'aurai bien vu en "laboniris" ce texte.

Au plaisir.

   Anonyme   
27/9/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Cette histoire me rappelle un peu le film - Joyeux Noel - où les soldats des trois camps s'échangent des cadeaux lors d'une trêve.
Ici on sent l'urgence et le "stress".
Pas de ponctuation et des lignes courtes.
Même en période de trêve la moindre étincelle peut mettre le feu aux poudres, ne serait ce que dans ce troc où il est encore question de se tenir tête.
Même dans ses propres rangs.

   aldenor   
27/9/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Original !
J’ai vu 3000 caractères. Me suis dit bon je parcours ca vite fait. Mais chaque caractère en pèse dix !
« Qu’est-ce que tu nous m’offres ». Apres mure réflexion, c’est voulu ! Puisque précédé de « ennemi, ennemis » ; en tous cas, vu l’originalité de la forme, tout est permis.
Mettre des majuscules sans ponctuation est dérangeant, surtout que ce n’est pas la peine, mais tout est permis, tout est permis....
J’ai bien rigolé, sans être certain que ce soit le but recherché.
Bref. Ubuesque !

   Thorgal   
29/9/2014
 a aimé ce texte 
Bien
Je ne sais pas trop quoi penser de cette nouvelle, c'est un peu un ovni dans le genre... mais je crois que j'ai bien aimé quand même, assez déroutant... Au plaisir de vous relire.

   wyarly   
25/11/2014
 a aimé ce texte 
Un peu
Ce texte est assez déconcertant, mais il est prenant. L'idée est singulière, elle est bien déroulée, l'ensemble à la bonne longueur, ça me parle et ça fait sens.

En revanche, il me semble qu'il gagnerait beaucoup dans un choix plus tranché dans l'écriture. Je m'explique : il y a des effets de dissonance dans le style, entre par exemple le choix de certains termes ("frère"/"ennemi") qui donnent une envergure presque de mythe à l'histoire proposée (un peu comme une fable intemporelle) et la trivialité des insultes et de la vulgarité qui arrivent sans crier gare. L'un ou l'autre pourraient être valables mais l'alliance des deux donne un entre-deux qui ne séduit pas complètement et qui gêne un peu.

Pour ma part, je crois que la violence du propos et de l'évolution de l'intrigue serait d'autant plus forte si le texte l'exprime sans crudité de langage. Mais peut être cela vaudrait-il le coup de proposer deux versions distinctes, l'une dans un registre de langue entièrement familier (en trouvant des alternatives plus triviales que "frère" "ennemi", etc.) et l'autre dans un registre plus soutenu, ou en tout cas plus neutre.

Je suis curieuse de voir les reprises de votre texte, c'est vraiment prometteur.


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