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Fantastique/Merveilleux
ROBERTO : IL vous observe...
 Publié le 21/03/10  -  16 commentaires  -  15735 caractères  -  143 lectures    Autres textes du même auteur

Un écran d'ordinateur c'est une fenêtre ouverte sur le monde virtuel, mais si "quelque chose" utilisait ces mêmes écrans pour nous observer...


IL vous observe...


- Pouvez-vous me décrire cet œil, comment se présente-t-il ?

- C’est un œil unique, docteur, il est grand, il occupe presque tout l’écran et il… il m’observe dès que j’éteins l’ordinateur !

- Il vous observe ou il regarde toute la pièce où vous vous trouvez ?

- C’est difficile à dire, je crois qu’il observe TOUT LE MONDE, moi et le reste du monde, rien ne lui échappe.

- Décrivez-le moi, sa couleur par exemple.

- C’est un gris bleu qui tourne un peu au vert, je crois… En fait, je n’ai jamais vu une telle couleur NULLE PART…


Arthur Mayer scruta le visage de son patient pour détecter ces minuscules tics nerveux qui dénoncent les signes de la paranoïa chez les malades. Puis il resta longtemps silencieux, tournant son stylo bille d’un geste machinal, attendant que son interlocuteur craque d’une façon ou d’une autre ; Gilles ne bougeait plus, le regard fixé sur un point qui semblait situé bien loin de la salle où se déroulait cet entretien.

Mayer venait de passer le cap des cinquante ans, arborant une courte barbe grise à l’unisson des rares cheveux qui formaient un demi-cercle autour d’un front déjà marqué par quelques taches de vieillesse. Ses lunettes cerclées d’or n’étaient plus à la mode, mais Mayer s’en fichait complètement d’être « à la mode ». Passionné par les méandres de l’esprit humain, il était devenu psychiatre comme on entre en religion, persuadé de sauver les prisonniers de toutes les pathologies mentales recensées.

Au fil des ans, il s’était surtout retrouvé devant des hommes et femmes malades du monde moderne, fatigués par leur boulot, refoulés dans leurs désirs les plus intimes, victimes – comme tant d’autres - de l’indifférence.

Aujourd’hui, Mayer avait perdu beaucoup de son enthousiasme d’étudiant ! Il passait une partie de son temps au service des grosses boîtes commerciales qui faisaient appel à lui pour gérer les problèmes de leurs collaborateurs.

Cela ne payait pas mal et ne présentait pas trop d’ennuis ; toujours les mêmes symptômes : stress, dépression, sentiment de révolte, impossibilité de communiquer, etc.

Certains jouaient la comédie en espérant le certificat salvateur qui leur permettrait de décompresser quelques semaines en restant chez eux, d’autres manifestaient des abattements temporaires. Bien sûr, il y avait de temps en temps quelques « cas » un peu plus spéciaux, celui de Gilles en était un.

Cet homme de trente-cinq ans était rentré dans l’entreprise depuis près de six mois comme chef de projet informatique. Plutôt brillant, il avait dynamisé son service et semblait pouvoir résoudre tous les problèmes liés aux nouveaux logiciels.

Jusqu’à cette soirée où il resta au bureau bien après l’heure réglementaire au chevet d’un « bug » plus costaud que prévu. Du jour au lendemain son caractère se modifia, de nerveux il devint irritable puis franchement agressif.

Il commença par s’éloigner de ses collègues, il mangeait seul dans un coin du restaurant à midi, ne riait plus aux traditionnelles plaisanteries de Marcel, le rondouillard et excentrique chef du service contentieux.

Suite à une erreur aux conséquences fâcheuses pour l’entreprise, le chef du personnel obligea Gilles à se présenter chez Arthur Mayer afin d’établir la nature de cette baisse d’efficacité.

Cette convocation médicale représentait l’antichambre du licenciement, chacun le savait dans l’entreprise. La première visite de Gilles au service médical fut suivie de nombreux regards inquisiteurs, des yeux qui le suivaient, des yeux… justement le problème de Gilles c’était bien les yeux, ou plutôt un œil….


Tout avait commencé ce fameux soir où le service comptable avait signalé un mauvais fonctionnement dans l’application sur laquelle Gilles travaillait. À cinq heures du soir, il rejetait avec humeur la pile de notes qu’il avait prises et vidait sa dix-huitième tasse de café de la journée. Alors que la grande aiguille de l’horloge lumineuse qui dominait son bureau, souvenir d’un collègue licencié trop vite, grignotait le chiffre « 10 », il abandonna d’un geste rageur et coupa l’alimentation de son bourreau électronique.

Gilles prit sa pauvre tête fatiguée entre ses mains, se frotta les yeux, vida la tasse de café sur laquelle dansait un petit Mickey Mouse… C’est alors qu’il LE vit.

« Cela » apparut progressivement, d’abord un vague halo d’un gris pâle, puis une forme plus précise, enfin la pupille agrandit son disque sombre au centre d’un iris gris-bleu à l’éclat métallique.

Il vérifia si l’ordinateur était bien éteint, si cette image n’était pas un spam issu du Web où le rejeton d’un de ces programmes gadgets qui laissent sur l’écran des images parasites.

Mais l’écran était bien en sommeil tout comme la tour encore chaude de tant d’heures de tortures subies durant le jour.

Gilles se leva, s’éloigna tout en changeant de position ; quel que soit l’angle choisi, l’écran vivait grâce à ce cyclope issu du néant. L’œil l’observait mais semblait s’attacher aussi aux détails du bureau, les meubles, les piles de feuilles qui dessinaient de petites collines blanches sur le bois du bureau, le percolateur et sa lampe témoin rouge. Il scrutait le moindre de ses déplacements. Gilles refusa cette situation hallucinante et s’enfuit, laissant l’intrus regarder un bureau déserté. Il rentra chez lui et s’assomma de somnifères pour oublier le boulot, les éléments du programme qu’il devait vérifier, la tête ironique de son chef et… l’œil.

Le lendemain, IL était là au centre de l’écran, puis disparut après quelques instants, s’évanouissant dans l’éther sombre de l’univers rectangulaire qui était son royaume.

Le scénario se répéta, toujours le même : le matin l’œil était là puis disparaissait toute la journée pour s’ouvrir à nouveau en fin de travail, telle une sentinelle vigilante de la torture imposée au technicien informatique.


Gilles vécut cette hantise plusieurs jours avant de le signaler à son ami Patrick, informaticien enchaîné comme lui aux problèmes de cette entreprise qui les harcelait tous les deux. Il le fit venir dans son bureau le matin, puis sauta sur son téléphone en fin de journée pour qu’il découvre lui-aussi l’intrus… Patrick ne voyait rien !!! Rien qu’un écran d’ordinateur vide de toute luminosité, pas d’œil inquisiteur…

Gilles sut alors qu’il devenait fou, fou ou gravement dépressif.


Il ne restait plus que deux solutions : quitter la boîte ou… l’aide de Mayer.


Mayer parlait avec patience, presque avec résignation.


- Regardez, fixez les mouvements de ma main devant l’écran, puis regardez à nouveau, voyez-vous encore cet œil ?

- Oui, docteur, maintenant je le vois PRESQUE TOUT LE TEMPS. Il apparaît parfois pendant la journée et même sur d’AUTRES ÉCRANS QUE LE MIEN, hier soir j’ai même eu l’impression de deviner sa présence derrière la présentatrice des infos du 20 heures à la télé… IL EST PARTOUT, docteur.


Mayer se demandait si Gilles lui faisait le coup de l’employé dépressif ou si réellement il devenait un peu dingue. Après tout, il y avait eu dans le passé deux autres cas assez semblables.

Monsieur Geismard était lui aussi un excellent chef de projet avant de tomber en dépression et se suicider, à l’âge de trente-cinq ans après plusieurs mois de déprime.

Lui aussi se disait hanté par « quelque chose » mais n’avait jamais évoqué le fantôme d’un œil qui l’observait. L’année suivante, c’était Maria Gonzalez qui hurlait devant son écran puis s’évanouissait ! Mayer se souvenait qu’elle avait parlé d’une présence inquiétante et découvrit en relisant son dossier l’existence de « monstres » dansant sur son écran, dont un œil unique…

Maria finit par être licenciée pour faute professionnelle après qu’elle eut détruit un ordinateur en le jetant par la fenêtre… Le médecin se souvenait de cette scène homérique, Maria hurlant « Il est vivant, il est vivant », puis arrachant la machine de ses fils pour la projeter à travers la grande baie vitrée d’une salle de réunion sous les yeux ahuris d’une dizaine de collègues. Après plus d’un an, les employés évoquaient encore ce souvenir autour de la machine à café.

Alors l’histoire de Gilles semblait de la « folie douce » à côté de ces deux drames. Une cure d’anxiolytiques de trois ou quatre semaines et le repos loin du bureau étaient des réponses évidentes pour le médecin.

Gilles contempla d’un air hagard l’ordonnance prescrite par Mayer, se leva sans un mot et enfila son veston d’un geste las.

Mayer eut un sentiment de culpabilité en voyant s’éloigner cet homme brisé, atone, apparemment sans espoir. C’était la première fois qu’il constatait une dégradation aussi soudaine d’une personnalité pourtant solide en apparence.

Le médecin rédigea son rapport et en expédia par e-mail une copie au responsable des ressources humaines de l’entreprise. Après avoir éteint le PC, il se surprit à observer son écran quelques instants sans raison apparente. Il se leva, rangea ses dossiers dans son attaché-case et au moment de quitter son bureau découvrit une sorte de cercle évanescent au centre de l’écran de son ordinateur, image qui disparut aussi vite, tel un animal qui se réfugie dans l’ombre pour fuir un agresseur.

« Voilà que j’attrape aussi des hallucinations » se dit Mayer en ricanant.


La nouvelle du suicide de Gilles ne surprit que partiellement le médecin, tant son collègue lui avait semblé atteint par une névrose vraiment profonde. C’est plutôt la rapidité de l’enchaînement des crises qui attirait son attention.

Il ne s’était passé qu’un mois entre sa première visite et cette fin dramatique…

Mayer ouvrit donc plusieurs autres dossiers d’employés dépressifs afin de détecter une éventuelle similitude avec le cas de Gilles. Si certains symptômes étaient identiques, les hallucinations de l’informaticien restaient actuellement un cas unique.

Il consulta sur le Web des sites médicaux et découvrit que cet étrange type de hantise était loin d’être rare. Aux U.S.A., plusieurs psychiatres citaient des cas de suicides au sein de leurs entreprises, liés à des hallucinations particulières et récurrentes : monstre, Dieu, fantôme, etc. et l’observation par un œil inquisiteur.

Un témoignage était particulièrement étonnant, celui d’un historien qui avait étudié le mythe de l’œil unique dans les civilisations.

Ce symbole du cyclope pouvait représenter la présence divine, mais aussi chez les francs-maçons la notion de vérité détachée de Dieu, principe de l’être suprême qui domine l’univers. Cet œil unique se retrouvait chez les Égyptiens, les Mayas, et chez les Grecs anciens où le cyclope Polyphème est un personnage mythologique important. Dans de nombreux traités d’ésotérisme, le principe de l’œil était mêlé aux rites de la magie la plus sombre : des livres tels le Malleus Maleficarum, le Magia Posthuma ou le Daemon’s book.

L’œil unique apparaissait au centre de la pyramide maçonnique que l’on rencontrait au fronton des temples des loges et sur les billets de banque américains.

Souvent cette notion d’œil solitaire s’inscrivait dans une démarche de recherche de connaissance liée à la formation même de l’univers.


Mayer finit par se passionner pour cette histoire au point de réaliser une enquête parmi les quelques quinze cents personnes qu’employait la société.

Il réalisa un questionnaire qui sous l’aspect d’une enquête de bien-être au travail, posait des questions liées au cas de Gilles. À la lecture des résultats, aucun cas aussi grave ne fut détecté, mais plusieurs personnes reconnurent des fatigues oculaires et des « hallucinations » passagères, une dizaine citèrent une forme ronde évanescente sur l’écran et deux employèrent même le mot « œil » pour définir cette forme.


Est-ce la fatigue, l’obsession pour cette énigme, toujours est-il que le vendredi soir qui marquait la fin d’une longue semaine de recherche, Mayer se figea devant son écran à peine éteint : un œil, bien rond et fixe, l’observait…

Ils se jaugèrent quelques instants tels deux ennemis prêts à un face à face mortel, puis le médecin instinctivement détourna la tête tout en se protégeant des mains.

Cet œil avait un pouvoir hypnotique effrayant, couplé à la faculté de sonder jusqu’au plus profond de l’être. Cet œil, c’était une sorte de viol mental, cet œil observait Mayer, mais aussi la pièce où il se trouvait, mais aussi les autres pièces, tout l’immeuble, peut-être toute la ville ou même le monde entier ?

Combien de PC, d’écrans de télévision, de GSM étaient-ils envahis par cette présence ? Étaient-ils normaux ces reflets dans les vitres des grands immeubles froids qui emprisonnent les millions d’humains observés par ces fenêtres ?


Arthur Mayer s’enfuit littéralement de son bureau, refusant le combat contre ce cyclope issu du néant. Il bondit de l’ascenseur pour se diriger vers le parking d’un pas rapide sans un regard ni un mot pour les quelques personnes qu’il croisait, ce qui attira l’attention du portier habitué à un « bonsoir » du médecin.

La Mercedes noire démarra d’un coup sec, et comme un bolide, se jeta dans la grande avenue presque déserte à cette heure.

Pourquoi ce reflet dans le pare-brise était-il si rond et glauque, comme cet œil maudit ? Et si le rétroviseur était lui aussi infecté ?... Mayer roulait vite, se demandant comment vaincre ces formes hallucinatoires qu’il était pourtant censé bien reconnaître et pouvoir combattre…


L’esprit figé sur cette question, il ne fit pas attention à la boule orange lointaine qui devint subitement rouge… Il accéléra vivement, reconnaissant à la douce puissance du moteur de sa voiture de l’emporter au plus vite loin de ce cauchemar. Il ne vit pas vraiment cette masse sombre surgir de l’obscurité au carrefour, cet immense camion qui hurla inutilement son cri d’avertissement ponctué du crissement désespéré des freins…

Le choc fut d’une violence inouïe et la Mercedes d’Arthur Mayer fit un, deux, puis un troisième tonneau avant de s’immobiliser, cercueil de métal éclaboussé de vermillon enserrant le corps sans vie de Mayer.


Personne ne fit de relation entre ce tragique accident et les dossiers médicaux que l’on retrouva dans le bureau du médecin. C’est tout juste si dans cette immense entreprise commerciale la mort tragique de Gilles couplée avec l’accident du docteur fit naître quelques remarques pessimistes au sujet de la brièveté de l’existence.

Un informaticien tout fraîchement diplômé vint s’asseoir à la place de Gilles et un nouveau psychiatre classa les dossiers médicaux de Mayer selon une autre technique. La vie continuait son cours, insensible aux douleurs des hommes. Des centaines de millions d’êtres humains passaient des heures devant des écrans d’ordinateurs, de télévision, de jeux vidéo.

Des millions d’yeux s’éblouissaient de lumière et d’ondes électriques, noyant leur regard dans l’infini des écrans multicolores… et derrière les écrans….


Nathan Cohl venait juste de placer son nom en bas d’un rapport médical commencé par son prédécesseur Arthur Mayer. Il glissa quelques feuilles dans une chemise en plastique et ferma l’application de gestion, puis coupa l’alimentation électrique de son installation. Il s’étira et bailla bruyamment, satisfait de lui-même.

Il se leva, cala sa chaise contre son bureau selon une vieille habitude et vérifia s’il n’avait rien oublié. La main sur le commutateur électrique il s’immobilisa un instant ; quelque chose clochait…Mais oui, il avait bien fermé son ordinateur qui éteignait automatiquement son écran…Mais non, il n’y avait rien au centre dudit écran et cette forme ronde, assez vague n’était que le fruit de son imagination !


Comme des millions d’êtres humains, Nathan eut malgré tout, pendant quelques instants, la désagréable impression que quelqu’un l’observait…


* * * * *


 
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   colibam   
25/2/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
D'emblée, on sent la maîtrise narrative de l'auteur.
La mise en place des éléments s'articule de manière fluide autour de personnages particulièrement bien tracés.
Les dialogues sont bien menés et le rythme soutenu. L'apport d'éléments d'information sur la symbolique de l'œil unique est intéressante.

Il y a bien quelques petits défauts ici ou là (quelques phrases un peu longues, des problèmes de ponctuation, une pincée de maladresse dans certaines tournures) mais cela demeure à la marge.

Il peut paraître un peu curieux qu'il n'y ait pas plus d'agitation autour de Gilles, eu égard à la similitude avec les deux incidents précédents. Mais bon, grosse boite et carriérisme oblige, pourquoi pas.

Big Brother, harcèlement diabolique d'une hiérarchie azimutée, simple épidémie d'hallucinations nées du surmenage ? L'idée de laisser au lecteur le soin de choisir est (pour moi) plaisante.

   florilange   
25/2/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Cette nouvelle est très curieuse, bien rédigée & se lit aisément. Ce que je trouve intéressant, dans cette histoire, c'est que le même phénomène produit des effets différents selon la personne qui l'observe. Donc 1 faiblesse provoquée par ex. par la fatigue ou par le stress peut accentuer le ressenti psychologique ou, au contraire, l'effacer & ne pas en tenir compte. Le petit détail qui fait qu'on est solide ou pas, malade ou pas. J'aime bien la chute, qui laisse le lecteur libre de lui donner la suite qu'il veut.
Florilange.

   ANIMAL   
1/3/2010
 a aimé ce texte 
Bien
Beaucoup de questions soulevées dans cette nouvelle. Pourquoi cet oeil, qui ou quoi est derrière, pourquoi se suicider pour cela, est-ce l'influence hypnotique qui en est la cause, volontaire ou pas ? Enfin il y en a des tas et j'aurais aimé avoir une réponse ou au moins quelques pistes.

L'histoire est bien écrite, on comprend bien que tout est un éternel recommencement, mais de quoi ? J'aime bien le fantatisque du moment qu'il y a quelque chose derrière (sorcellerie, possession, vaudou, extra terrestres, réincarnation, vengeance post mortem, coup monté par un ennemi...).

Donc pour moi c'est une histoire sympa mais il manque une chute un peu plus consistante.

   xuanvincent   
1/3/2010
 a aimé ce texte 
Bien
Après une lecture rapide, le sujet de cette nouvelle a retenu mon attention et la manière dont l'auteur l'a traité m'a dans l'ensemble (quelques passages m'ont moins intéressée) plu.

Le récit m'a paru dans l'ensemble bien écrit et, sur le fond, bien mené sur le plan de la structure (alternance entre la description de cet oeil maléfique et retour à la description du décor ambiant).

Toutefois, certains paragraphes m'ont semblé un peu courts et pouvoirs être réunis (avis personnel et subjectif).

La fin, la phrase finale, m'a paru réussie.

   Marite   
2/3/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Excellente nouvelle. Elle m'a accrochée dès la première ligne. L'écriture est très bonne, pas surchargée, simple mais efficace. On plonge tout de suite dans l'univers de l'informaticien et du médecin. Combien de lecteurs se laisseront-ils prendre au jeu d'observer leur écran après l'avoir éteint???

   Anonyme   
2/3/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Deux trois remarques avant de commencer :

"Il vérifia si l’ordinateur était bien éteint" j'aurais mis "que" au lieu de "si".

"Gilles vécut cette hantise plusieurs jours avant de le signaler à son ami Patrick" Avec cette hantise, non ?

"Puis le médecin instinctivement détourna la tête tout en se protégeant des mains" Cela sonne un peu bizarre.

"La nouvelle du suicide de Gilles ne surprit que partiellement le médecin, tant son collègue lui avait semblé atteint par une névrose vraiment profonde." Et il n'a rien fait??? C'est pas une faute professionnelle ça ?

Cela étant dit : l'histoire maintenant.

J'ai apprécié ce récit, à la limite de la psychose paranoïaque quand même, mais très bien mis en scène.

La description, au début, du désenchantement du psy qui découvre (gros travail d'acceptation ça !) qu'il ne sera pas un sauveur juste, avec un peu de chance, une sorte de béquille.

J'ai aimé aussi le soin attaché à décrire les symptômes des membres de l'entreprise. Parfois un peu caricatural mais ça fonctionne.

A noter également la gradation dans l'anxiété. C'est bien essayé. Pas mal réussi. ça n'atteint évidemment jamais le niveau d'angoisse de "1984" mais, personnellement, j'apprécie.

Moins convaincue par contre par le passage final, j'aurais bien vu un œil qui observait le nouveau psy, mais à son insu...

Merci, en tout cas !

   Maëlle   
2/3/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Je trouve que la narration manque de punch: les personnages n'ont pas d'épaisseur, le style est correct mais sans relief (très proche du style des polars américains). Ca se lit néanmoins, et j'aurais sans doute apprécié la lecture, si je n'avais passé une partie de mon temps à me dire "mais psychiatre d'entreprise, ça n'existe pas".

   Leo   
20/3/2010
 a aimé ce texte 
Bien
Difficile de lâcher ce texte lorsqu'on l'a ouvert, tant il fait résonner en nous des souvenirs angoissants : l'œil de Caïn, bien sûr, mais aussi beaucoup d'hallucinations visuelles temporaires que cex qui travaillent beaucoup sur écran connaissent.

C'est très bien écrit, les personnages sont dessinés suffisamment pour le propos recherché. Seule la fin me laisse sur ma faim : j'aurais aimé que l'auteur aille plus loin. Il y a matière à plus qu'une petite nouvelle de 15 K, dans ce thème...

   caillouq   
21/3/2010
 a aimé ce texte 
Un peu
Un thème intéressant (le stress au boulot, finalement), la nouvelle commence bien mais on reste vite sur sa faim. Ca manque un peu de consistance. On aimerait bien en savoir un peu plus sur la descente au enfers de Gilles, la fin de Mayer est clin d'oeil à souhait, comme tout accident provoqué par la peur d'une malédiction, mais elle serait peut-être plus savoureuse si on avait eu plus le temps de s'attacher à lui.
Pour moi, une nouvelle à creuser - peut-être l'auteur gagnerait-il à plonger plus dans le genre de son choix: psychologique ou fantastique ...
A suivre

Remarques ponctuelles:

"Aujourd’hui, Mayer avait perdu beaucoup de son enthousiasme d’étudiant !" Pourquoi un point d'exclamation ? Ca a un côté naïf, ici, qui dénature le texte (à mon humble avis)

"Marcel, le rondouillard et excentrique chef du service contentieux." Un peu cliché ...

"Il ne restait plus que deux solutions : quitter la boîte ou… l’aide de Mayer." C'est pas un zeugme, ça ?

"C’est plutôt la rapidité de l’enchaînement des crises qui attirait son attention." Crises ??? Il n'y a pas vraiment eu de crises (au sens médical), ici. Ne fauddrait-il pas mieux parler d'étapes, ou de symptômes etc ?

"L’esprit figé sur cette question, il ne fit pas attention à la boule orange lointaine qui devint subitement rouge… Il accéléra vivement, reconnaissant etc..." S'il ne fait pas attention au feu, pourquoi accélère-t-il, et vivement en plus ? Le "vivement" ne me semble vraiment pas adéquat.

   Anonyme   
22/3/2010
Et l'oeil regardait Caen.

« autour d’un front déjà marqué par quelques taches de vieillesse. » : des tavelures ?

« Ses lunettes cerclées d’or n’étaient plus à la mode, mais Mayer s’en fichait complètement d’être « à la mode » : la manière d'amener le peu d'intérêt de Mayer vis à vis de la mode est assez maladroite. Plus proche du langage parlé que de l'écrit.

Globalement des problèmes de style.

« Passionné par les méandres de l’esprit humain, il était devenu psychiatre comme on entre en religion, persuadé de sauver les prisonniers de toutes les pathologies mentales recensées. » : un naif sans doute ? En plus je trouve cette phrase un peu bancale ; on a hâte d'arriver au bout.

« Cela ne payait pas mal et ne présentait pas trop d’ennuis ; » : oui le style !

Je n'éprouve pas l'envie d'aller plus avant.

   Anonyme   
22/3/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
En lisant le début de la nouvelle, je ne sais pas si c'est ou non voulu par l'auteur, j'ai immédiatement fait le rapprochement avec L'oeil de Caïn.

Au point de vue de la forme je regrette l'emploi (même si l'auteur n'en abuse pas) de relatives qui alourdissent le texte et allongent les phrases :
- le regard fixé sur un point qui semblait situé
- s’évanouissant dans l’éther sombre de l’univers rectangulaire qui était son royaume.
- enchaîné comme lui aux problèmes de cette entreprise qui les harcelait tous les deux.

Sinon les dialogues m'ont parus réussis

Sinon en tant que lectrice je suis vraiment frustrée. Car l'enquête de Mayer me paraît bâclée, il n'y a pas de réel affrontement en l'œil et lui. Bref j'ai eu l'impression d'une très bonne idée de départ mais pour moi elle n'a pas été suivie de suite.

A une autre fois

Xrys

   Anonyme   
24/3/2010
 a aimé ce texte 
Vraiment pas
Un texte qui part d'une bonne idée: l'oeil qui pourrait être celui de Caïn ou celui de Big Brother, je ne sais pas, mais qui s'enlise très vite.

Je me suis ennuyé, je ne vais pas mentir. Parce que tout est trop prévisible: le suicide, la mort de Mayer, l'arrivée du nouveau médecin qui voit mais n'est pas sur. Bref, rien de neuf.

Et puis il y a ce style: pas vraiment désagréable en soi, mais pourquoi mettre des majuscules, pourquoi faire des phrases à rallonge comme celle ci:

". Alors que la grande aiguille de l’horloge lumineuse qui dominait son bureau, souvenir d’un collègue licencié trop vite, grignotait le chiffre « 10 », il abandonna d’un geste rageur et coupa l’alimentation de son bourreau électronique."

Ca coupe presque l'envie de lire. C'est dommage. Ce texte devrait être plus travaillé il me semble.

   Jedediah   
7/4/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Ben quoi, je pensais que tout le monde le voyait, ce fameux oeil ! ^^

Plus sérieusement, j'ai bien aimé ce texte, qui laisse libre cours à notre imagination (là où d'autres lecteurs y verront de la "rétention d'information").

Le style est agréable, la narration se suit aisément mais je rejoins les commentaires précédents qui dénoncent un scénario sous certains aspects un peu trop prévisible (l'accès de folie puis la mort du psychiatre, entre autres, était à prévoir).

Merci pour cette publication.

   placebo   
9/4/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
bon ça ne se fait pas trop, mais je plussoie Electre pour la faute professionnelle du médecin et l'augmentation de la nervosité, et Luluberlu pour le style un peu trop proche du langage parlé souvent.

pour les majuscules du début, elles m'ont un peu gêné, Gilles n'est pas fou, il n'a pas besoin de crier, on peut mettre en italique. le point d'exclamation un peu plus loin devant ''enthousiasme'' n'est pas nécessaire : pas besoin de nous forcer à le partager.

pour les paranoïaques, je ne savais pas qu'il y avait des symptômes physiques : c'est vrai ou c'est une supposition de l'auteur? j'avoue ne rien en savoir, je sais juste qu'ils paraissent très normaux et parfaitement logiques dans leurs explications.

pour le texte dans son ensemble, je trouve comme pas mal d'autres qu'il mériterait plus de développements, si on veut interpeller vraiment le lecteur il faut aller plus loin à mon avis.

bonne continuation,
placebo

   Anonyme   
1/5/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
De plus en plus de métier, bravo, Roberto.
J'étais déçue de voir arriver la fin de cette histoire, j'aurais voulu qu'elle continue encore!
Texte passionnant, empreint d'une culture tout à la fois variée et étendue. Comme toujours, mystère et philosophie se mêlent habilement pour nous faire entrer dans un univers à la fois proche et fantasmagorique. C'est du grand art, de faire passer le lecteur du quotidien, voire du banal, à la dimension de l'infini rempli tout à la fois de terreur et d'émerveillement.
Je trouve aussi une sorte d'espérance malgré tout dans cette nouvelle: rien n'est inéluctable, rien n'est écrit d'avance, l'être humain dispose de ressources extraordinaires et inépuisables: seule sa volonté peut le propulser vers un avenir meilleur!
J'encourage vivement l'auteur à continuer dans la voie où il est engagé: son talent évolue favorablement et devient de plus en plus vigoureux en même temps que rigoureux!

   Anonyme   
10/5/2010
 a aimé ce texte 
Pas
Un petit peu de mystère pour entamer la soirée!

Le sentiment que j'ai ressenti sur la fin était: quoi, déjà?
En effet, le sujet, quoique intéressant me laisse sur ma faim; j'ai l'impression que l'histoire gagnerait un petit plus à être développé. J'ai plus eu la sensation de me trouver en face d'un incipit, une espèce d'annonce de thème en faite.

Je ne me suis pas vraiment attaché aux personnages, leur mort ne m'a ni touché, ni surprise. Je n'ai vraiment ressenti la chute à la fin. Si le texte n'avait pas commencé par un dialogue je l'aurais probablement trouvé lourd, heureusement la forme aérée permet de ne pas trop se perdre dans le récit.

Parfois quelque trace narrative crée un malaise; on a l'impression qu'il cherche à nous influer maladroitement et c'est dommage.
Mis à part ça, ça allait.

Merci pour ton travail!


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