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Humour/Détente
Robot : Barbu aboie, Matoubrun passe
 Publié le 05/05/22  -  11 commentaires  -  8019 caractères  -  90 lectures    Autres textes du même auteur

Conflit de voisinage.


Barbu aboie, Matoubrun passe


Je suis en rogne contre mon voisin ! Mon ressentiment s’adresse à son chat au nom ridicule : Matoubrun. Mais bon sang, qu’il le garde chez lui !

Quoi, je n’aurais pas mon mot à dire quand la bestiole, non contente de provoquer les aboiements de mon chien en traversant ma cour, s’installe en toute impunité pour chier au milieu de mes semis ! Il ne se contente pas de déposer sa crotte mais arrache la croûte de terre pour recouvrir son besoin nauséabond et annihile à cette occasion mon carré de radis. Qu’il vienne se répandre dans mon jardin, passe encore, mais pourquoi justement au milieu de mes plantations ? Alors que mon chien lui, mon brave Barbu, a appris à déposer ses besoins dans un carré bien déterminé à l’écart de la pelouse.

Je suis pour le chacun chez soi et les matous seront bien gardés.


– Vous ne voulez tout de même pas que je l’attache, proteste mon voisin.


À quoi je réplique :


– Et pourquoi pas, on attache bien les chiens ! Et personne ne trouve rien à redire. Pourquoi serait-il admis de tenir un cabot en laisse au nom de la non-divagation tandis que les chats auraient, eux, la liberté discriminatoire de vagabonder sans retenue ?


Qu’on ne me dise pas que je n’aime pas les chats. Mais celui-là se poste régulièrement au pied de l’arbre où j’ai installé une mangeoire et un réservoir d’eau pour les petits passereaux dont j’apprécie la visite. Le voyou grimpe dans les branches et se tapit à l’abri du tronc à proximité du nichoir où les mésanges mettent à l’abri leur couvée. Attiré par le piaillement des jeunes il a déjà réussi à agripper un des parents venus nourrir les oisillons. Malheureux oiseau dont j’ai retrouvé les restes et les plumes éparses au milieu de la pelouse. Agression ayant eu pour conséquence la perte de toute la nichée.


Mon voisin m’a envoyé les « gendarmes » de la protection animale au prétexte que dans un mouvement de colère j’avais poursuivi son chat avec la binette dont je me sers pour sarcler les mauvaises herbes de mon lopin et excité mon chien contre le matou. En représailles, j’ai signalé le comportement prédateur du félin à la ligue de défense des oiseaux. Cet organisme m’a répondu que s’agissant là d’un instinct naturel cela ne justifiait pas une intervention de leur part.


Favoritisme et ségrégation !

Il y a donc deux poids deux mesures. Si mon chien s’en prend au chat du type d’à côté j’encourrai les foudres de la justice, mais que son minet bouffe MES oiseaux, c’est admis en toute impunité. Ah ! Ah ! les bons amis des animaux ! Ils sélectionnent entre les bonnes et les mauvaises espèces à protéger !

Mon voisin, facteur de son état, hasard malheureux des tournées postales, dessert ma résidence. Il ne supporte pas mon chien ! Mon Barbu, boule de poils noirs et corniaud patenté qui ne franchit pas sans moi les limites de ma propriété. Par contre, Matoubrun parvient, je ne sais comment, à éviter toute rencontre avec lui. Mais à peine mon chien émet-il un aboiement d’avertissement contre le préposé postal, aussitôt mon voisin pousse les hauts cris, jusqu’à refuser de rentrer dans ma cour pour remettre mes recommandés et mes colis. Il a peur des chiens ! Belle excuse : l’administration devrait considérer cette phobie comme une inaptitude à exercer le métier !

Par contre, que les oiseaux de mon petit verger soient effrayés par son chat semble peu lui importer.


Pour en revenir aux méfaits de Matoubrun, je sais que l’infâme vient nuitamment traverser ma pelouse et qu’il escalade les marches de la terrasse. Pour preuve ! Les traces brunâtres de l’empreinte de ses pattes laissée sur les dalles que je m’évertue à entretenir quotidiennement afin qu’elles gardent leur blancheur originelle.


Aujourd’hui, comble de ses exploits, cet animal imbécile a grimpé sur le toit de ma maison probablement en sautant depuis la grosse branche de l’arbre aux mésanges. Mais une fois là-haut il a entonné des miaulements plaintifs à fendre le cœur pour signaler sa détresse, comme si cette engeance voulait accréditer sa peur de redescendre. J’ai passé toute la matinée à me ridiculiser en essayant de l'amener à suivre la gouttière jusqu’au niveau de la terrasse, sur le côté moins pentu de l’habitation. En vain !


Pour une fois le facteur en tournée descendu de sa fourgonnette jaune a franchi le portail en apercevant son matou en détresse.

Impressionné par les grognements de Barbu il m’interpelle de loin :


– On ne va pas le laisser là !


En obligeant le chien à s’éloigner je réponds avec aigreur :


– Bien sûr que non, je ne vais pas supporter plus longtemps les miaulements de votre chat. J’appelle les pompiers.

– Non, attendez, je vais chercher une échelle.


Sitôt dit, il dépose sa sacoche dans le véhicule postal et se précipite chez lui, revient avec un escabeau, l’installe plus ou moins brinquebalant, monte au plus haut pour attirer le matou. Celui-ci se fait prier, avance sans conviction puis recule, ce n’est qu’après un bon quart d’heure et bien des hésitations qu’il consent à s’approcher au bord du toit. Le voisin tend les bras pour l’attraper mais au même moment l’animal effrayé saute depuis la gouttière et atterrit dans la cour en même temps que son maître qui a glissé sans retenue depuis l’échelle instable.

Finalement les pompiers ont dû intervenir : le facteur s’est cassé un bras !

Au moment du départ de l’ambulance je réalise que le portail est resté ouvert. Barbu, jamais attaché à l’intérieur de ma propriété en a profité pour s’échapper en poursuivant le chat au moment où celui-ci rejoignait la terre ferme pour regagner son domicile.


Me voici donc parti pour arpenter le quartier à la recherche de mon chien que je retrouve au moment où il s’intéresse à une copine de hasard rencontrée pendant son escapade. À notre retour Matoubrun nous nargue depuis la table de jardin où il prend ses aises régulièrement chez le voisin. Barbu pousse un coup de gueule en l’apercevant. Peine perdue. Le matou feint l’indifférence. Avant de rentrer, je relève la boîte à lettres où un facteur remplaçant à la sauvette a déposé le journal… et un avis de recommandé.


J’espère maintenant avoir un peu de tranquillité pour le reste de la journée. Je m’assieds dans mon fauteuil et ouvre mon quotidien. C’est à ce moment que Poupoune vient frotter son museau rose contre mon bras.

Je ne vous ai pas parlé de Poupoune ?

Une jolie chatte blanche qui raffole de mes cajoleries mais possède un fichu caractère. Casanière et froussarde ! Plus à l'aise dans son panier du salon qu'à l'extérieur. Le passage d’un pigeon l’effraie. Pas aventureuse au point de ne jamais dépasser la première marche de la terrasse où aux beaux jours, paresseuse, elle prend des bains de soleil. Après une période de méfiance réciproque Barbu et la chatte ont accepté de cohabiter dans une paix relative, d’autant que le chien a expérimenté à ses dépens le coup de griffe et le souffle bilieux de la minette.



Comme il me reste encore quelques notions de civilité j’ai pris des nouvelles de mon voisin et de son bras cassé. Finalement nos relations se sont apaisées. Je couvre d’un filet mes semis pour décourager Matoubrun, j’ai déplacé en hauteur les nichoirs des mésanges et grillagé le bas du tronc de l’arbre pour décourager les tentatives d’escalade du matou. Après avoir repris son service le facteur pousse à présent le portillon de l’entrée et pénètre dans la cour pour déposer mes colis. Barbu se contente de pousser un coup de gueule pour justifier son rôle de gardien. Samedi prochain quand il rentrera de sa tournée j’inviterai le voisin à boire l’apéritif.


Poupoune, elle, m’a fait la surprise de peupler mon salon de quatre boules de poils. Deux chatons aussi blancs que leur mère, un autre bariolé brun et blanc, et le quatrième, un solide gaillard complètement brun qui déjà montre les griffes en soufflant et ne me laisse ainsi aucun doute sur son géniteur.

Oh Poupoune, la traîtresse ! Matoubrun n’a pas gravi pour rien les escaliers de ma terrasse.



 
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   Anonyme   
8/4/2022
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
En lisant ceci :
revient avec un escabeau, l’installe plus ou moins brinqueballant,
je me suis dit que le facteur allait se fraiser et que cela constituerait le tournant de l'histoire ; et en effet. On ne bascule pas dans quelque chose de sanglant, au contraire la désescalade s'amorce, tant mieux pour les protagonistes. La fin est pas mal trouvée à mon avis.
Une histoire que j'ai lue sans déplaisir mais sans exaltation. Les gens heureux n'ont pas d'histoire paraît-il, votre nouvelle me semble illustrer ce dicton.

   IsaD   
14/4/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
J'adore !!!

Quel plaisir de suivre aussi légèrement vos aventures (et celles de Matoubrun, Barbu, Poupoune et votre voisin le facteur...), si bien contées, je me suis régalée.

Je ne trouve rien à redire à la qualité de votre écriture. Dynamique, réjouissante, on en redemande !!!

Merci pour cet excellent partage

   Donaldo75   
18/4/2022
 a aimé ce texte 
Bien
J'ai bien aimé cette nouvelle; le caractère psychorigide du narrateur m'a rappelé un collègue de travail et ceci explique peut-être pourquoi j'ai entamé cette lecture avec un sentiment positif. Ensuite, la narration prend le pas sur mon a priori et elle ne me déçoit pas dans le genre. Il y a du Carmen Cru - le personnage de bandes dessinées qui émaillait les pages du magazine Fluide Glacial au siècle dernier - en moins punk hardcore, en plus bal musette. C'est marrant parce que justement je n'ai pas à côtoyer un voisin de cet acabit et que du coup ce genre de personnage me semble presque surréaliste.

   Anonyme   
5/5/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

Etant très chatte et pas très chienne, nous aurions pu nous envoyer des noms d'oiseaux... Le début de la lecture m'a un peu congestionné les vibrisses, j'avais envie me miauler de frustration "encore un promeneur de panier à crotte ambulant qui fustige le matou..." Et puis, comme d'habitude chez vous (Le bureau des oubliés) il y a une écriture qui emporte et j'ai eu l'impression d'être dans une de mes BD de petite fille (Cubitus) Quand à l'apparition de Poupoune et du forfait ultime de Matoubrun, c'est que du bonheur.

J'ai kiffé, merci

Anna

   papipoete   
5/5/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
bonjour Robot
Comme je passe en vitesse du côté des " nouvelles ", alors que j'allais revoir les poésies, quelle surprise ! une nouvelle Nouvelle de notre poète !
Et une surprise de voir ce récit coller comme " super glu " à la réalité ! " si tout va bien chez toi, prends un chien... tu rencontreras tes voisins ! " En l'occurrence, c'est une affaire entre chien et chat ; le chien qui effraie le voisin ( facteur de son état ) et son chat qui sème la pagaille dans les semis, et bouffe ses petits oiseaux au nid...
On frisera le drame au final, pour faire descendre le matou du toit où il n'a rien à faire... et par un jeu de circonstances heureuses, on connaîtra une " happy-end ! "
NB rien n'est forcé, ni inventé car ai connu les jappements du chien du voisin ( puis ses crocs dans mes guiboles ) ; connu la colère à cause du chat prédateur ( tuant une nichée tombée du nid ) et plusieurs de mes canaris morts de peur... à cause du fameux chat !
L'histoire semble rocambolesque, quand l'escabeau soutenant le voisin, vient à tomber et le faire se fracasser le bras... et finir par réconcilier les deux voisins ! ben non, telle aventure m'arriva de façon différente mais avec la même issue ( fraterniser avec mon ennemi de voisin, quand grièvement blessé je lui rendis visite à l'hôpital... )
Ce récit fait sourire souvent, et enrager aussi, mais le final est épatant ; on voudrait tellement que tous les conflits se terminent ainsi ! Et pas que " ceux " de voisinage !
Des passages savoureux, quand le maître de Barbu, se plaint auprès de la ligue de défense des oiseaux... et plein de moments tellement vrais !

   Pouet   
6/5/2022
 a aimé ce texte 
Bien
Slt,

j'ai beaucoup aimé la première partie du texte, avec la description des méfaits de ce saligaud de félidé et les inégalités de traitement des animaux, j'ai trouvé ça savoureux et bien vu, matou vu quoi...
J'avoue que j'ai été un peu moins happé par la suite, - peut-être étais-je en attente de quelque chose de plus décalé - mais ce fut tout de même une agréable lecture, un instant du quotidien pas mal ficelé.

   chVlu   
7/5/2022
 a aimé ce texte 
Bien
L'écriture maitrisée fait la lecture facile, l'histoire mutine et facétieuse est bien conduite je trouve. J'ai apprécié cette tranche de quotidien bien campée avec ce je ne sais quoi de trop égo centré. Pour ma part j'ai ressenti un regard critique de l'auteur sur son narrateur sans tomber dans le donneur de leçon. Bravo pour ces mots entre les mots !

Une petite histoire qui fait passer un bon moment et qui n'est pas sans relief.

   wancyrs   
7/5/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Salut Robot,

Pari tenu pour le rire, car j'ai souri à plusieurs reprise. Je ne suis pas un amoureux des animaux, et ça m'étonne toujours comment on peut se quereller pour des animaux de compagnies... mais bon ; à chacun son truc ! L'écriture est assez photographique et je n'ai pas eu de la misère à visualiser les scènes. J'ai prévu cette scène du facteur tombant et la suite m'a donné raison. Et lorsque le chien est sorti, je me suis dit qu'il allait se faire frapper par une auto et que la colère de son maitre serait au comble.
Finalement les voisins trouvent un terrain d'entente ; mais ce qui est le plus marrant c'est, pendant que les voisins se bagarrent, leurs bêtes s'entichent l'un l'autre. Voilà donc ce qu'on appelle "faire un enfant dans le dos" !

Merci pour ce moment de lecture, Robot !

Bonne continuation !

Wan

   Robot   
9/5/2022

   Anonyme   
1/11/2022
 a aimé ce texte 
Bien
J'ai lu cette histoire animalière avec plaisir. Les aventures des deux compères sont assez réjouissante avec un humour qui me plait bien. J'ai pensé aux aventures du gros chien Cubitus et de son voisin chat. Très sympa. Bravo !

   Rosaura   
4/4/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Robot,

Un récit réjouissant agrémenté de "chattitudes" qui n'ont rien de platitudes. Un chien bondissant. une Poupoune qui se pomponne, "la pomponette" ! Tout un petit monde à pattes et poil en mouvement pour rapprocher le voisinage. Un vaudeville "aristochatchien" plein d'entrain à la plume alerte ! Et oui ! Il fallait bien que l'oiseau se niche quelque part lui aussi !


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