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Sentimental/Romanesque
Robot : La jeune fille finlandaise [concours]
 Publié le 03/02/22  -  12 commentaires  -  8382 caractères  -  60 lectures    Autres textes du même auteur

Rencontre aux sports d'hiver.


La jeune fille finlandaise [concours]


Ce texte est une participation au concours n°31 : Elle, lui, eux et... l'hiver !

(informations sur ce concours).



Paul s’en souviendrait longtemps. C’était au premier jour des vacances de février dans la station de Métabief. Hasard d’une rencontre quand après la journée passée sur les skis la foule des touristes s’engouffre dans les bars du village avant de regagner les hôtels et les meublés. Choc d’une rencontre peut-on dire puisqu’elle avait, en le bousculant, renversé le verre de vin chaud qu’il venait de retirer au bar. Elle s’était excusée, à la fois rougissante et souriante et son regard enjoué avait de suite retenu l’attention de Paul. Confuse elle insista, bien que Paul s’y refusât, pour lui faire remplir un nouveau verre qu’elle vint lui apporter à la table où il était assis avec ses amis. Sans autre préambule elle posa sa propre consommation et s’installa avec eux.

C’est ainsi que la conversation s’engagea.

Elle s’appelait Mika leur déclara-t-elle.


– Ce n’est pas un prénom courant, fit remarquer Paul.

– Je suis finlandaise.

– Vous n’avez pas assez de neige chez vous ! Alors vous venez la trouver dans le Jura annonça le garçon un peu moqueur.


Elle ne releva pas.

Dehors, la neige du soir tombait agitée par un vent rafalant en bourrasque. Le bar se vidait peu à peu à l’approche de l’heure du repas. Presque en même temps, Paul et Mika se levèrent pour rejoindre leurs résidences. Ce n’est qu’en cours de route, l’une suivant l’autre qu’ils se rendirent compte avoir pris le même chemin : leurs logements étant situés dans le même groupe de chalets d’hébergement.


– Je loge là avec mes copains, annonça Paul.

– Et moi avec mes parents.

– Vous venez au remonte-pente demain ? demanda Paul s’adressant à Mika.


Elle confirma.


– Nous pourrions faire route ensemble ?


Elle acquiesça.


Ainsi débuta une relation de vacances au cours de laquelle Paul espérait bien faire plus ample connaissance lors des rassemblements conviviaux, les pistes de descente n’étant guère propices à des rapprochements.

Le bar était divisé en petites alcôves. Paul et Mika prirent l’habitude de s’asseoir dans l’une de celles, peu nombreuses, qui proposaient une table pour deux, située au fond de la grande salle, à l’entrée du service. Comme souvent les premiers échanges s’en tinrent à certains clichés permettant d’apprendre à se connaître.


– Pour une Finlandaise, tu connais très bien notre langue ! Le français était enseigné dans ton lycée ?

– J’ai eu de bons professeurs.


La nationalité finlandaise de la jeune fille la rendait particulière aux yeux du garçon.


– Ce qui me surprend le plus ce sont tes beaux cheveux noirs, déclara-t-il en matière de compliment plutôt banal. Moi qui pensais que les filles du Nord étaient toutes blondes.


Elle répliqua avec un sourire malicieux :


– Je fais partie des exceptions.

– J’ai depuis toujours été attiré par les contrées du Nord – Suède, Norvège, Danemark ; Finlande aussi bien sûr. Parle-moi de cet endroit où tu habites.

– Que veux-tu que je te dise ?

– Je ne sais pas ! Tiens par exemple, comment sont les hivers ?

– Nous avons beaucoup de neige, le thermomètre descend à des températures glaciales, en dehors des villes il y a de grandes étendues de sapins et d’épicéas.

– Et pour se déplacer ?

– Il arrive que les routes ne soient pas déneigées, que le transport des écoliers soit suspendu. Parfois les voitures et les camions ne circulent plus même avec des équipements. Ce mois de janvier je n’ai pas pu aller à mes cours durant deux jours. Même les trains étaient à l’arrêt.

– En somme, ce n’est pas bien différent d’ici.


À chaque réponse, Mika avait en permanence une petite lueur moqueuse dans les yeux comme si elle s’amusait de l’intérêt de son nouvel ami.


– Pas tellement différent, confirma-t-elle.


Les jours de vacances s’écoulaient plus vite que Paul ne l’aurait souhaité. Immuablement, comme un rituel, avec le rendez-vous sur les pistes et la rencontre du soir au bar. Ce moment le jeune homme l’attendait avec impatience, pressé de retrouver Mika dans l’intimité de leur réduit au café. Elle commandait un grog serré au rhum, lui se faisait servir un vin chaud épicé à la cannelle.

Lors de leurs conversations, Mika s’exprimait peu. Elle se contentait d’écouter les propos de Paul et de répondre à ses interrogations d’un air apparemment détaché. Il discernait comme une aura énigmatique chez la jeune fille et cherchait toujours à en apprendre plus sans oser dépasser le cap des questions les plus communes.

Ce soir-là il aborda la conversation autrement que par des questions qui pouvaient devenir lassantes et indisposer la jeune fille.


– Tu sais, commença-t-il un peu hésitant, j’aimerais beaucoup visiter la Finlande. Et ce que je souhaiterais le plus, c’est voir des ours blancs. Pour moi ce serait quelque chose de vraiment exotique. Et aller jusqu’au cercle Polaire !

– Je n’ai jamais rencontré d’ours et ne suis jamais remonté jusqu’au cercle polaire, répondit Mika avec toujours ce sourire un peu surprenant.


Ce soir-là elle accepta un léger baiser.


La fin des vacances d’hiver approchait. Paul aurait voulu pouvoir reculer cette échéance. Ce séjour à Métabief avait été différent de ce qu’il avait connu les autres années. Sa rencontre avec Mika avait entraîné chez lui un bouleversement de sentiments qu’il n’avait pas encore ressenti jusqu’alors. Il redoutait la fin de ce qui lui paraissait au-delà d’une camaraderie.


– Dans deux jours le retour, annonça-t-il. Je n’ai pas vu le temps passer et j’étais très heureux de ta compagnie. Je suis un peu triste de devoir nous séparer. Où vas-tu après les vacances ?

– Je retourne chez moi avec mes parents.

– Alors on ne se reverra plus ?

– Qui sait ? conclut-elle brièvement d’un air encore amusé.


Au retour, elle se laissa enlacer pour un baiser plus prolongé. Puis en guise d’adieu, avant de se séparer, elle lui proposa pour le lendemain de venir chez elle au chalet où ses parents avaient prévu la fondue traditionnelle de fin de vacances d'hiver.


Après leur dernière descente de la saison, Mika et Paul se rendirent directement à la résidence des parents de la jeune Finlandaise. Elle assura les présentations. Monsieur et madame Vanta accueillirent fort sympathiquement le jeune homme.

La conversation se détendit au fur et à mesure que les morceaux de pain tournaient dans le caquelon et que le vin d’Arbois remplissait les verres. Monsieur Vanta prononçait des toasts avec un fort accent mais s’exprimait en excellent français. Au cours de la soirée Paul apprit que monsieur Vanta était le représentant en France d’une firme finlandaise d’outillage, et que madame Vanta son épouse était française, ce qui expliquait la maîtrise de la langue par Mika.

Celle-ci avait été réservée tout au long de la soirée, mais son habituel sourire ne l’avait pas quitté. Monsieur Vanta était prolixe et fit quelque allusion à la rencontre des deux jeunes gens.


– Vous pourriez venir nous rendre une visite aux vacances de Pâques, proposa madame Vanta.

– À Pâques ? balbutia Paul surpris par l'offre. Mais… en Finlande ?…


Un éclat de rire secoua les trois hôtes.


– Pas en Finlande, non ! s’esclaffa Mika. Tu sais, je me suis un peu moquée de toi, ne m’en veux pas. Mais tu avais l’air tellement passionné à notre première rencontre ! C’est vrai, je suis finlandaise mais je suis née en France. Papa tient à ce que je garde la nationalité de ses origines. Mais je ne t’ai pas menti en décrivant le pays où j’habite. Si mon père fait des allers et retours entre la France et la Finlande, maman n'a jamais voulu quitter les montagnes du Jura. Nous vivons habituellement à quelques kilomètres d’ici, à Pontarlier. C’est bien un pays de neige avec des sapins et où les transports d’hiver ne sont pas toujours faciles. Je suis étudiante à la FAC de Besançon. Je ne suis jamais allée en Finlande ! Quant aux ours blancs, moi aussi je voudrais bien les rencontrer.


La soirée se termina joyeusement en levant un verre d’aquavit sur cette proposition de Mika :


– Cet été, pour la première fois, papa qui prend sa retraite nous emmènera maman et moi visiter la Finlande. Tu es invité aussi ! Ce sera l'occasion de monter jusqu'au cercle polaire !


 
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   Anonyme   
6/1/2022
 a aimé ce texte 
Bien
J'ai trouvé que ça démarrait mal en lisant ceci :
elle avait, en le bousculant, renversé le verre de vin chaud qu’il venait de retirer au bar
parce que plus cliché, comme rencontre fictionnelle, je ne vois qu'une expo photos à Beaubourg.

À un moment, peut-être aux deux tiers du récit, je me suis dit que Mika ne devait pas habiter en Finlande. Bingo. Qu'est-ce que je suis futée ! Entre le début clichéteux et la fin sans surprise, j'ai le sentiment qu'il ne s'est pas passé grand-chose. Rien, en fait, même pas une chute un peu impressionnante sur les pistes. Beaucoup pour me déplaire.

Mais en fait j'ai bien aimé. J'ai trouvé cette nouvelle reposante, détendue. C'est agréable, parfois, d'assister à une tranche de la vie de gens sans problème particulier, sans ignobles secrets. Quelque chose de tout simple mais réconfortant comme un potage maison partagé en famille.

   plumette   
6/1/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
je me suis demandée quel âge ont Paul et Mika, j'ai un tout début de réponse à la fin puisque Mika est étudiante à la fac ce qui laisse entendre qu'elle a 18 ans ou plus.
j'ignore aussi à quelle époque se passe cette histoire, ce n'est pas très important car elle est intemporelle!
j'ai aimé cette approche assez lente dans laquelle le garçon n'ose pas grand chose et dans laquelle la fille a un côté malicieux qui prend tout son sens avec la chute.
un jolie histoire, un texte qui ne se prend pas la tête et qui m'a donné un agréable plaisir de lecture.
les contraintes du concours sont parfaitement respectées.

   Myo   
6/1/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Une rencontre de vacance simple et légère.
Pas de grand suspense mais un ton positif qui se laisse lire et apprécier.

La fin ne surprend guère car elle est amenée par l'attitude énigmatique de Mika.

Une forme ponctuée de nombreux dialogues, parfois un peu "passe partout" mais on se laisse prendre par l'enthousiasme de ces jeunes sentiments.

Merci du partage.

   Donaldo75   
19/1/2022
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Voici une nouvelle simple et légère qui apporte un peu de jeunesse dans ma lecture. Ceci dit, j'ai trouvé le respect des contraintes manquant de la particularité de l’hiver pour Mika ; ai-je raté quelque chose ? Sinon, en termes de pitch narratif, c’est quand même assez restreint et c’est dommage au vu du potentiel de l’histoire. Du coup, j’ai une impression de rester à la surface de ce qu’aurait pu donner le récit s’il avait plus insisté sur cette romance et lui avait donné plus de relief, de matière à s’enthousiasmer, de quoi la rendre mémorable.

   Pepito   
3/2/2022
Certains textes peuvent intéresser par leur forme, d’autres par leur contenu. Ici on suit une troisième voie :
"Paul s’en souviendrait longtemps." Un bon début, ça, vraiment au top. Mais avec Alzheimer qui guette, on ne peut être sûr de rien.
"Métabief" : il va faire froid c’t’hiver ?
"vent rafalant en bourrasque" : j’en ai vu bourrasquer en rafales, mais c’est plus rare.
"– Vous venez au remonte-pente demain ? "… dans le Jura il n’y en a qu’un seul par station ?
"Elle confirma." "Elle acquiesça."…Poil au doigt ?
"les pistes de descente n’étant guère propices à des rapprochements."… ça dépend, voir actu people.
"les premiers échanges s’en tinrent à certains clichés"… l’ennui, c’est que le reste aussi.
"Ce soir-là elle accepta un léger baiser."… A relire la comtesse de Ségur, par comparaison, on a l’impression de nager en plein porno.
"Il redoutait la fin de ce qui lui paraissait au-delà d’une camaraderie."… vrai que la Finlande et proche de la Russie où un (léger) baiser politique n’engage à rien sentimentalement.
J’avoue, le Sent/Rom n’est pas ma tasse de thé. Du coup, pour moi, le principal avantage de ce texte est sa courtitude.

   Anonyme   
4/2/2022
Ben dites-moi, ce n’est pas très palpitant cette histoire ! On croirait vraiment avoir affaire à la rencontre de deux ados en quête d’une première romance. Quant à l’invitation chez papa/maman, oulala ! Quelle audace ! En tout cas, moi je n’aurais jamais osé.

Bon, plus sérieusement, habitué aux émotions fortes je dois vous avouer que je me suis pas mal ennuyé à la lecture de cette bluette. À une autre fois peut-être…

PS. Je ne note pas, je n’ai pas envie d’être méchant avec vous, d’autant plus que force est de constater que cette tranquillité, cette paix, ce calme qui se dégagent de votre texte ont l’heur de convenir à certains et c’est tant mieux pour vous.

   papipoete   
4/2/2022
 a aimé ce texte 
Un peu
bonjour concurrent
Je me suis laissé entraîner par cette histoire, du fait de son nombre de caractères mesuré... et d'autre part pour son côté géographique ( Métabief de ma Franche-Comté et la Finlande dont un ami a situé son roman là-bas )
Mais je dois avouer que l'action est très tranquille, même compte tenu d'une amourette naissante entre ces deux tourtereaux ; l'on s'ennuie quelque peu, et l'intrigue finale qui fait sourire, ne permet pas à cette histoire d'être suffisamment captivante !

   Lulu   
6/2/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour,

J'ai trouvé ce récit gentillet. Il ne faut pas le prendre mal... C'est juste que c'est léger et tranquille, pas désagréable à lire, presque amusant, mais peut-être manquant de quelque chose pour le rendre plus palpitant. J'ai ressenti cela car le jeune fille m'a semblé vraiment s'ennuyer, bien que jouant le jeu de la rencontre douce et banale.

Dans ma lecture, j'ai pensé que cette jeune fille finlandaise avait peut-être une origine chinoise ou d'ailleurs. Tout était possible, et elle pouvait effectivement avoir la nationalité finlandaise, bien sûr. Je n'avais pas songé qu'elle pouvait être ainsi franc-comtoise.

J'ai été surprise par le localisation qui situe l'intrigue dans le Jura. Pour moi, Métabief fait partie du Haut-Doubs... Pourquoi ne pas le dire, plutôt que de donner un repère plus connu en évoquant le Jura. Cela dit, il est vrai que la chaîne montagneuse reste celle du Jura puisqu'elle est dans son prolongement.

C'est simple, comme récit, mais je trouve que cette écriture est prometteuse. Avec un peu plus d'audace dans les éléments de l'intrigue, soit en prévoyant peut-être un peu plus d'événements, ce serait à peine plus intéressant.

Cependant, j'ai trouvé cette nouvelle, bien que courte, bien agréable à lire.

Mes encouragements !

   Anonyme   
8/2/2022
Mika est un nom de garçon en finnois, ex Mika Hakkinen le courreur de F1,
vela fausse complètement votre histoire.

   Anonyme   
16/2/2022
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour,
C'est frais, mignon, bien écrit même si le style est quelque peu prosaïque. On suit l'histoire de ces jeunes gens - propres sur eux - avec plaisir. Ce que je regrette, en revanche, c'est qu'il n'y ait pas de vrai fond ni de twist dans cette nouvelle qui se consomme comme une glace à la fraise... À la fin il nous reste le cornet étouffe-chrétien auquel ils ont oublié de mettre le chocolat au fond. J'ai la métaphore un peu foireuse mais merci pour la lecture sympathique.

Anna

   aldenor   
17/2/2022
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Un récit sans fracas mais sympathique, avec un retournement final inattendu, qui explique l’amusement permanent de Mika. Cependant, je trouve les dialogues assez pauvres.

   solinga   
31/7/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Je lis votre récit en pleine canicule urbaine et me laisse d'autant mieux charmer par ces juvéniles échanges en pays de neige et cette évocation plaisante d'un ailleurs polaire.

La neige réverbère mieux les rêves.

L'aventure est agréable à suivre, et je ne trouve pas qu'il soit besoin de rebondissements hors du commun pour faire nouvelle.
Il suffit d'un peu d'énigme dans les yeux de Mika, pour faire noeud, et rendre subtile-et-sobrement cet autre ailleurs qu'est l'adolescence.


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