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Réalisme/Historique
Robot : Le fils
 Publié le 01/12/24  -  8 commentaires  -  8827 caractères  -  58 lectures    Autres textes du même auteur

« C’est mon fils, vous comprenez, mon fils, Benjamin ! »


Le fils


Aujourd’hui il m’a giflée. Ce n’est pas la première fois. Toujours le même problème : l’argent ! J’ai refusé.

Après il a pleuré « Maman ! ». Comme un gosse ! D’ailleurs, c’est encore un gamin. Grand adolescent inabouti de dix-neuf ans. Je ne le reconnais pas.

J’ai cédé ! Encore une fois ! Ai-je eu tort ? Tort ou raison ! Je ne sais plus.

Si son père avait été là ! Mais il n’y a plus de père ! Je suis veuve.



Hier soir, il m’a appelée de son portable. Il semblait effrayé.


– Viens me chercher ! Vite ! Sur le parking du supermarché. Je me cache derrière la haie.

– Tu te caches, pourquoi ?

– Dépêche-toi, ils me guettent !


La nuit était déjà tombée. Inquiète, j’ai pris la voiture. Je me suis garée près de la haie du parking du Grand Marché. Benjamin est sorti en courant. En ouvrant la portière il m’a crié « Démarre ! ». Nous avons roulé vers notre rue, vers notre appartement. Il jetait des regards en arrière :


– Ils nous suivent… Vite, vite, passe le feu rouge… vite.


Il n’avait pas accroché sa ceinture de sécurité, prêt à bondir hors du véhicule.


– Range-toi devant la porte de l’immeuble.


Ce que j’ai fait. Il s’est précipité, sans m’attendre et a franchi la porte d’entrée avec son badge. Je l’ai vu partir vers l’escalier. Restée dehors j’observais dans la pénombre. Rien ! Pas un mouvement de voitures ou de passants.

Quand j’ai rejoint notre appartement, Benjamin était déjà dans sa chambre fermée à clef, refusant toute discussion comme à son habitude.



Ce matin, son maître de stage a appelé. Mon fils encore une fois ne s’est pas présenté. Après de nombreuses absences injustifiées son renvoi est acté par l’entreprise.

J’ai voulu avoir une explication avec Benjamin. Il est sorti furieux de sa chambre. Il m’a bousculée dans la cuisine en refusant de m’écouter. Très menaçant il a encore essayé de lever la main sur moi. Par réflexe, j’ai saisi une assiette de toasts et l’ai frappé avec assez de force pour lui laisser une marque sur le front. Surpris, il est resté sans réaction.


– On réglera ça plus tard, a-t-il proféré en quittant l’appartement.


Après son départ je me suis aperçue qu’il n’avait pas fermé sa chambre à clef. Des semaines que je n’ai pas pu y accéder. Tout est en désordre. Je savais ce que j’allais trouver étant donné l’odeur caractéristique qui régnait régulièrement dans le logement : cannabis ! Toute une plantation de l’autre côté du lit sous des projecteurs de lumière artificielle. Et des feuilles séchées de cette saloperie étalées à même le sol. Plus inquiétant : dans un tiroir de l’armoire deux sachets vides et deux cachets bizarres dans un couvercle de bocal.



Cet après-midi je suis sortie pour mon travail de femme de ménage libérale. Arrivée dans la cour de l’immeuble un adolescent à moto m’aborde en se plantant sur mon passage. Sans autre préambule il m’apostrophe :


– Ton fils me doit du fric. Ben ouais, ses petites habitudes ça se paye ! Dis-lui que si demain sa dette n’est pas réglée il pourrait lui arriver des bricoles. À lui… et à toi !


Puis il démarre bruyamment son bolide sans attendre de réponse. J’ai le sang glacé et les jambes en coton.



Trois jours que Benjamin n’est pas rentré. Je me ronge les sangs à attendre. Il faut pourtant que j’aille assurer mon travail chez mes clients. Et faire bonne figure.

En revenant je le trouve dans la salle de bain, prostré sur une chaise, essayant d’éponger le sang qui s’écoule de son arcade sourcilière. Il a un œil fermé et l’orbite droite tuméfiée.


– Je vais te conduire aux urgences.


Mais il refuse avec véhémence.

J’entreprends alors de le soigner. Pendant que je le panse, il répète à plusieurs reprises :


– Il me faut de l’argent sinon ils vont me tuer, 600 euros que je dois leur donner, un tiers de ma dette.


Je suis anéantie. Mais c’est mon fils ! Nous allons ensemble retirer l’argent au distributeur de La Poste.


– Ils sont là, me dit-il.


Effectivement j’aperçois deux individus qui nous observent depuis l’entrée d’une H.L.M. voisine.



Après une période d’accalmie plutôt surprenante je constate que Benjamin reçoit des colis dont il me cache le contenu. Il ne m’a plus demandé d’argent depuis quelque temps. Mais il continue de fumer ses joints. Il ne sort presque plus, s’occupe de sa plantation en chambre. Mais son regard parfois m’inquiète. Des yeux fous, désorbités. Des attitudes inquiètes de chevreuil chassé. Il tourne en rond, maugrée, reste allongé sans rien faire. Quand je rentre du travail je le retrouve apathique et désœuvré. Parfois, j’ai l’impression qu’il a quitté l’appartement pendant mon absence.



De retour de mes courses hebdomadaires au supermarché, j’ouvre la porte et j’aperçois dans le couloir non éclairé une silhouette d’homme qui me tourne le dos. Il se retourne. Je pousse un cri ! Benjamin, travesti en officier nazi, casquette et uniforme, un couteau à la main. Il me regarde avec des yeux haineux, paraît ne pas me reconnaître et s’avance vers moi, couteau levé, menaçant.

Je me précipite vers la porte restée ouverte et je dévale l’escalier en hurlant. Benjamin me poursuit, mais un voisin a ouvert sa porte. Benjamin se retourne vers lui et le provoque. Le pauvre homme referme en vitesse, mais il m’a donné par cette interruption le temps de descendre au rez-de-chaussée où un locataire alerté par mes cris et entrevoyant la situation me fait rentrer dans son logement. Mon fils frappe à grands coups contre la porte où j’ai été accueillie. Il s’acharne, cesse de cogner, revient à grands coups de pied, un bruit de verre brisé, probablement la verrière d’entrée de l’immeuble… Ça dure pour moi une éternité. Puis soudain des cris, une voix puissante qui donne des ordres, un fort brouhaha et le ton hargneux de Benjamin. Mon sauveur ouvre la porte. Deux policiers sont là, appelés par le voisin. Mon ado est allongé sur le sol, un policier le maintient fermement à terre, les mains menottées derrière le dos. Je vois le couteau SS et la casquette aux insignes nazis. Je comprends ce que contenaient les mystérieux colis. Les occupants des autres logements sont massés dans le hall dans un brouhaha de voix et de commentaires. Un agent recueille des témoignages.



Trois semaines plus tard, Benjamin est sorti de l’hôpital psychiatrique où l’on a traité sa paranoïa. Il devra rendre des comptes à la justice qui lui a ordonné de soigner son addiction. Il devra se présenter régulièrement au commissariat, justifier qu’il cherche du travail. Le substitut du procureur est sévère surtout lorsque mon ado, inconscient, lui demande s’il peut récupérer son uniforme.


– Je vous préviens, tout nouveau fait pourra vous conduire en prison ! Je ne veux pas vous revoir.


J’ai accepté que mon fils revienne à la maison.



Six mois ont passé. On sonne. J’ouvre. Dans l’encadrement, une officière de police et un inspecteur. Je me raidis :


– Il est arrivé quelque chose à Benjamin !

– Votre fils est ici ?


La question de l’inspecteur me rassure :


– Non !

– Vous avez une idée d’où il pourrait être ? Il est soupçonné de tentative de cambriolage d’une pharmacie.

– Ce n’est pas possible !

– Il est retombé dans la consommation de stupéfiants. Plus grave encore, il est dealer !

– Dealer ?

– Il vend de la drogue ! Mais dites-nous, vous n’êtes pas incommodée par cette odeur ?


Je demande aux deux policiers de me suivre. Je les conduis à la chambre de Benjamin. Rien n’a changé. La plantation de l’autre côté du lit. Les projecteurs de lumière artificielle. Les feuilles séchées au sol. Mais aussi, sur les rayons de l’armoire, toute une panoplie de stupéfiants divers.


– Il y en a pour des sommes importantes, affirme le policier. Sans compter ce que nous avons trouvé dans les armoires des gaines électriques du premier étage. Nous le pistons depuis un certain temps. Vous pourriez vous-même être accusée de complicité, car vous saviez ! Vous ne pouviez pas ne pas savoir.


La policière plus conciliante me rassure.


– Il n’y aura pas de poursuite engagée contre vous ; il a continué à vous voler et à vous menacer n’est-ce pas ?


Le policier ajoute :


– Nous ne tarderons pas à l’arrêter. Le plus tôt sera le mieux. Une question d’heures seulement.


Je m’effondre.


– C’est mon fils vous comprenez, mon fils, Benjamin !


L’inspecteur poursuit sur un ton étrangement grave :


– Vous connaissez monsieur et madame Zanier ? Ils habitent dans la travée juste à côté de chez vous…


J’opine d’un signe de tête, intriguée cependant par cette question.


… leur garçon de seize ans est mort à l’hôpital ce matin, suite à une tentative de suicide. Votre fils lui vendait de la cocaïne !


 
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   Dameer   
16/11/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Histoire qui prend aux tripes, racontée par la mère, une mère veuve, travailleuse, vivant en HLM, dont le fils de 19 ans immature, a mal tourné, ou plutôt s’est tourné vers la drogue : il cultive le cannabis dans sa chambre, deal, consomme des drogues, contracte des dettes.

Le fils, frustré, s’en prend régulièrement à sa mère, la frappe, la menace, C’est devenu le quotidien de cette mère et ça ne date pas d’aujourd’hui : "Aujourd’hui il m’a giflé. Ce n’est pas la première fois.", "J’ai cédé ! encore une fois !", "il a encore essayé de lever la main sur moi."
On pourrait reprocher à cette mère de céder, de protéger son fils, de ne pas le dénoncer. Mais à chaque fois elle répond, comme une évidence : "C’est mon fils !"

L’amour maternel est le plus fort, impossible de la raisonner, d’aller contre.

Cette histoire, contemporaine dans son décor de banlieue où ne semblent régner que des dealers, les trafics, les menaces, les règlements de compte, la mort, est superbement racontée avec une grande économie de moyens, ne versant jamais dans le sensationnel, entrecoupée de dialogues vivants, sonnant juste.

J’ai beaucoup apprécié !

   Donaldo75   
26/11/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
J’ai bien aimé ce texte. C'est en mode journal, sans datation, et c'est ce qui rend le récit prenant à la lecture. Le ton est juste, même si la narration n'est pas toujours incarnée.

   Lil   
1/12/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Robot
Une écriture qui n'en fait pas pas trop, fluide, au service du texte. Les dialogues crédibles ancrent le texte dans la réalité.
Il n'y aucun jugement, les émotions de la mère sont devinées et les faits sont exposés de manière presque clinique. Pas de pathos exagéré donc.
L'escalade est bien retranscrite.
Et le final est une conclusion cruelle : Pour protéger son fils elle a tué le fils d'un autre. Et ici l'éternel qu'aurions nous fait à sa place, des choix que les deux policiers représentent.
Bravo et merci

   papipoete   
1/12/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
bonjour Robot
J'ai un fénéant à la maison, qui jamais ne m'aide, attend que tout mâché lui tombe à manger dans l'assiète ; il a de drôles de fréquentations jusqu'au jour où je découvre...
De démèlés en démèlés avec la police, et la bande qui deale en bas, ça va de pire en pire, jusqu'où cela ira-t-il ?
NB on pourrait croire que l'auteur filmait en caméra-cachée, tout au long de cette aventure, qui va crescendo dans la chute !
une mère et son fils ( sans père ) à qui chaque jour apporte son lot de désespoir ; il est vrai que les actualités ou le cinéma regorgent de ce scénario, où les parents semblent absents
- que fait-il à cette heure-là dehors, plutôt qu'étudier ses leçons...
On devine peu à peu que cette histoire va mal finir, jusqu'à cette victime suicidée, sniffant la cocaïne que
- votre fils lui vendait, madame !
" oui monsieur, il faudrait le punir plus sévèrement, mais vous comprenez : c'est mon fils ! "
frénétique et palpitante narration à travers ces lignes terrifiantes !

   Provencao   
2/12/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour Robot,

D'une violence qui dérange, qui fait mal et qui pose question.

"Aujourd’hui il m’a giflée. Ce n’est pas la première fois. Toujours le même problème : l’argent ! J’ai refusé.

Après il a pleuré « Maman ! ». Comme un gosse ! D’ailleurs, c’est encore un gamin. Grand adolescent inabouti de dix-neuf ans. Je ne le reconnais pas.

J’ai cédé ! Encore une fois ! Ai-je eu tort ? Tort ou raison ! Je ne sais plus.

Si son père avait été là ! Mais il n’y a plus de père ! Je suis veuve."


Un choc psychosomatique ou simplement psychique, c’est l’âme même de la maman giflée, humiliée, qui se trouve déniée dans son unité et son identité.
Et lorsque, à la suite de tels drames, l’on parle avec dignité de l’indispensable et de la nécessaire reconstruction, il n’en reste pas moins vrai que le suivi médical et psychologique de la maman mutilée reste à faire....

Je suis touchée par cette présentation de cas clinique, que nous rencontrons malheureusement régulièrement dans notre service...

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Cox   
3/12/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
Bonjour Robot,

Désolé, je vais aller un peu à l'encontre des précédents commentateurs parce que j'ai eu du mal à accrocher, malgré un fond intéressant qui peut fournir matière à un bon récit.

En l'occurence, c'est surtout l'écriture et les choix de storytelling qui me sortent un peu du récit. Il y a des indicateurs, par exemple 30 points d'exclamation en tout, dont une dizaine dans les premières lignes; j'ai l'impression que l'auteur peine à communiquer avec éloquence la détresse qu'il voudrait faire passer et se repose sur une ponctuation qui me donne une petite impression de naïveté plutôt que de drame.

Au niveau du storytelling, le truc c'est que le découpage m'a paru très mécanique. On passe d'une déboire à la suivante dans des scènes réduites au strict minimum requis pour avancer dans l'histoire. Le récit est tellement dégraissé qu'on voit les os; ça manque de consistance pour être crédible et créer de l'empathie. Du coup, je sens trop les ficelles du drame parce qu'il n'y a rien autour pour m'aider à crioire à une vraie histoire, à des vraies personnes. Le personnage du fils ne me parait pas tout à fait vivant: trop rectiligne pour être vrai (ou captivant), il ne fait que chuter pendant tout le récit. On perçoit une structure narrative transparente, conçue pour filer tout droit vers le mur. Trop droit.
Bien sûr une écriture chirurgicale qui va à l'essentiel peut aider à faire ressortir le drame nu. Mais ici, ce qui me dérange c'est le mélange entre le narrateur interne qui essaye parfois de faire ressortir l'angoisse de la mère (la ponctuation qu'on évoquait par exemple), et le côté très direct presque journalistique dans l'organisation des scènes. J'ai l'impression que l'auteur a eu du mal à faire un choix entre deux stratégies narratives plutôt opposées, et du coup je trouve que ça se se marie mal. Ça me laisse l'impression d'un ton mal maîtrisé, peut-être un peu naïf et contradictoire.

En dehors du fait que les personnages manquent d'une consistance qui me les présenterait comme autre chose que les "pions"de la narration, la construction très épurée impose également un sentiment de linéarité au final. J'ai l'impression d'une énumération d'événements-choc qui, du coup, n'ont pas l'impact qu'on voudrait leur prêter parce que le rythme devient trop prévisible. La fin est très représentative de ça et rate sa cible dans mon cas, parce qu'elle ne se distingue pas vraiment de tout le reste, si ce n'est par une forme de gradation un peu faible, auquel le lecteur s'attend parce qu'elle était déjà présente au cours de la nouvelle.

Côté réalisme, il faut dire que je suis mal placé pour juger, mais j'ai eu un petit sentiment d'artificialité que je ne m'explique pas tout à fait. La plantation de cannabis en immeuble que tous les voisins pourraient sentir peut-être? Des menaces de mort sur lui et sa famille pour 600 balles, ça me paraît un peu chelou, j'ai l'impression qu'on confond les petits caïds de rue avec les mafieux des films de Coppola. Mais bon, je ne peux pas parler d'expérience. En revanche, le passage sur l'uniforme nazi me laisse un peu perplexe et me paraît apporter une rupture de ton que j'ai du mal à justifier. Un tatouage de croix gammée entraperçu sous ses vêtements ou quelque chose comme ça, dans l'idée pourquoi pas. Mais ici le côté "halloween" de la scéne lui donne une atmosphère presque loufoque qui réduit largement son impact à mes yeux.

Bref, je trouve le thème intéressant, le fond interpelle, mais la façon de raconter ne m'a pas convaincu. Au final, l'intensité dramatique qui semble être recherchée est retombée très vite dans ma lecture, ce qui est dommage.

   Robot   
3/12/2024

   Catelena   
3/12/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Un texte sombre écrit sobrement, sans effusion d'un pathos inutile pour ce qui, pourtant, pourrait tirer quantité de larmes amères.

À mères, justement...

D'abord, il y a celle qui raconte avec une espèce de distanciation, comme pour anesthésier la douleur de tout ce qu'elle subit, celle qui ne sait plus où donner de la tête, mais qui, vaillamment et coûte que coûte, tente d'assumer son rôle contre vents et marées, totalement démunie devant la violence où chute inexorablement son enfant jour après jour, mais sans jamais oser se plaindre.

En tant que lectrice, je me trouve écartelée devant autant d'abnégation de la part de cette mère et l'envie de la secouer pour qu'elle pense à elle, à sa sécurité, et en même temps je ne la comprends que trop bien. Il s'agit de son enfant, ce jeune adulte, que l'on sent irrémédiablement perdu sur le chemin qui ne le mènera jamais à la rédemption.

Au moment précis où l'on commence à le plaindre, lui, surgit la chute de cette nouvelle. Évidente, tellement. Alors on pense aussitôt à l'autre mère, celle dont on ne saura rien, mais dont on peut imaginer si facilement l'incommensurable chagrin.

Le ton quasi désincarné de la narration de cette chronique des temps malheureusement modernes, comme on aimerait qu'elle n'existe jamais, rend d'autant plus poignante la sinistre réalité.

Merci pour le partage.


Cat


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