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Sentimental/Romanesque
RomyLevant : Comme ça
 Publié le 20/10/11  -  10 commentaires  -  5699 caractères  -  88 lectures    Autres textes du même auteur

Son planisphère s’est considérablement réduit depuis la mort de son enfant.


Comme ça


Samedi matin. Une fois douchée, maquillée, revêtue et coiffée, elle quitte la salle de bain de son petit logement. En ce territoire confiné, une mère vit seule, isolée, tant la Terre alentour paraît plate, lugubre aussi. Son planisphère s’est considérablement réduit depuis la mort de son enfant.

Elle s’y transforme dans cette salle de bain. Elle revient à la surface mais toujours seule par la volonté d’un destin scabreux. Parée pour le départ programmé. Elle quitte la salle d’eau pour la place principale de son trois pièces moins une. La chambre de son fils est devenue un sanctuaire.

Vêtue de cette même robe épaisse, sans cesse ajustée, qu’elle porte chaque samedi depuis dix mois. Elle se fait plus mal encore à l’approche de cet anniversaire macabre qu’elle décompte en manque, en absence, en disette. Ce 1er janvier funeste, son fils, heureux comme pas deux d’aller voir la mer, s’était entortillé autour d’elle à l’arrière de la voiture. Tard le soir dans le SAMU, sur le trajet du retour, on avait dû endormir une mère hurlante.

Samedi dernier, elle sort comme son programme l’exige. Elle quitte ce foyer amoindri au volant de la voiture de son ami défunt. Avec l’ourson de son fils installé à l’arrière, elle quitte sa banlieue pour parcourir les 150 kilomètres qui la séparent des abords du grand large, de la baie traîtresse. L’automne bat son plein, la plage est toute à elle. Novembre n’attire pas les foules. La douleur aussi.

Ici, dans cette Somme qui l’a meurtrie où elle lutte contre l’apaisement, la marée est arrivée comme un cheval au galop. Son ami et son fils s’amusaient à se courir après dans une partie de « attrape-moi si tu peux » pleine de fureur. Ils se sont retrouvés encerclés. Elle a vu son ami serrer son fils contre sa poitrine alors que l’eau arrivait de toutes parts. Elle est entrée dans l’eau froide, handicapée par une épiphysiolyse de la hanche. La mer les prenait. Un homme l’a rattrapée. Ils n’étaient plus qu’eux deux. Elle se souvient d’un chien qui aboyait.

Samedi dernier, elle fait une rencontre, une esquisse de rencontre. Ce jour inhabituel où le maussade a viré. La plage ne soutient pas qu’elle. Un homme marche à reculons avec un enfant au cerf-volant qui le couvre. Il lui pleut de conseils. Le choc. Les regards. Le choc. Il se découvre du cerf-volant. Il dévie de l’enfant. Il trace une tangente.

Elle revit la scène. L’homme s’approche d’elle. Elle se tient coite, comme ça, toute de frisson vêtue. Il approche, elle gîte. À deux pas de sa bouche, il parle. Elle stabilise. Il dit : « Ce n’est pas mon fils, juste un gamin en maraude qui m’a fauché cet objet volant clairement plus à moi ». Elle découvre de nouvelles couleurs comme chaque saison apporte sa propre lumière. Elle dit : « Je suis seule moi aussi. M’accordez-vous une balade jusqu’en face, près du Hourdel, voyez, le chemin est tout tracé ? ». Fragile, elle s’ouvre à l’inconnu. Que se passe-t-il ? Juste une simple et bienfaisante reconnaissance de sa vie, de son statut de mère courage. Une diaphane inconnue s’opalise. Ils déambulent sur le sable sec. L’homme l’effleure avec tous les attributs de l’homo sapiens. Puis il utilise ces outils propres à l’homme, du bout des doigts, toute la main, un large sourire, contagieux. La poissonnerie s’ébranle. Holà de nageoires. Les dunes alentour tambourinent. De leurs pieds vigoureux, elles suivent le rythme. Divagation. Le gosse reste devant son père. Il guide ses pas en traînant le dragon terrassé que le vent ne porte plus, dépité. Il dit : « Papa, reviens sur terre, viens prendre tes cachets, tu vas encore t’enfoncer. J’ai mal au bras, je ne te porterai pas. Viens prendre tes cachets, papa, maman t’aurait grondé. ». Le garçon s’accroche des deux mains aux poignets de son père, délaissant le dragon. Il continue : « S’il vous plaît, madame, éloignez-vous de mon père, il ne va pas bien. Ne vous montrez pas gentille avec lui, ça sert à rien, il est dépressif. ». Elle reste plantée là tandis qu’ils s’éloignent. Les minutes passent. Le petit, au loin, tend une bouteille au grand. Elle retourne à la voiture.

Samedi matin. Derrière la porte-fenêtre, elle voit jouer les enfants du voisinage. Jouer, chahuter, rire, comme ça, comme des minots. S’amuser pour s’amuser même sous un temps froid de novembre. Comme elle aimerait le voir parmi eux, enfin libéré de son emprise de mère possessive !

Debout, en détresse dans sa robe qui a perdu l’odeur de son fils, elle regarde le temps suivre son cours. Le maquillage, bon marché, n’apprécie pas ces embruns du dedans. Rigole. Ridée. Les muscles travaillent. La peau tiraille. Elle pense : « Pourquoi ? Dépression. Mélancolie viscérale. Pauvre de moi. Je me vois dépérir parce que je dépéris. C’est comme ça. Je m’étiole. Le physique suit les folles pérégrinations du dedans. Rien ne me ramènera Mathieu. ».

Les gosses regardent. Le silence s’est installé. Les rideaux ne camouflent pas la misère. Happée par une raie colorante, elle apparaît, désemparée, devant les mômes tout autant. Sensible à l’excès devant cette femme, devant la solitude d’une maternité avortée, ils l’interpellent. « Madame, y a un chat de coincé dans l’arbre, il est à vous ? » Elle revient. Les enfants ont besoin de moi. Elle sort de chez elle, comme ça, dans sa solennité clopin-clopant, un pied nu, un chausson délaissé au pied du lit. La saison ne donne pas une belle lumière. Les enfants sont couverts jusqu’aux oreilles, les mamans savent surprotéger leur petit. Ils mettent leur vitalité en retraite. Pas d’excès devant la détresse. « Il est là, vous le voyez, madame ? » Elle ne le voit pas. Elle ne regarde pas dans la même direction. Un des enfants non plus, celui-là même.


 
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   Anonyme   
24/9/2011
 a aimé ce texte 
Pas
Je vais dire ce que je pense du texte en tant que fiction, d'un point de vue littéraire, puisque vous le proposez à la lecture dans un site littéraire. À mon avis, hélas, de ce point de vue il est raté.
Le sujet extrêmement fort et délicat demande selon moi une écriture précise, quelque chose de net et de dépouillé d'où naîtrait l'émotion. Ici, outre le pathos que je trouve trop présent (affaire de goût), je trouve extrêmement dommage que l'histoire soit embrouillée, desservie par des maniérismes, des expressions confuses. Ci-dessous quelques exemples.
"une mère vit seule, isolée, tant la Terre alentour paraît plate" : avec le "tant", on a l'impression que le fait que la Terre paraît plate est plus ou moins cause de l'isolement de la mère, ce qui paraît bizarre ;
"toujours seule par la volonté d’un destin scabreux" : pourquoi scabreux ?
"cet anniversaire macabre qu’elle décompte en manque, en absence, en disette" : je trouve la manière de dire peu naturelle, comme ostentatoire ;
"handicapée par une epiphysiolyse de la hanche. La mer les prenait. Un homme l’a rattrapé. Ils n’étaient plus qu’eux deux." : le terme médical me paraît trop technique, et puis je n'ai compris la scène qu'après plusieurs relectures ; dans un souci louable de dépouillement, alors qu'à d'autres moments vous chargez le texte d'adjectifs parfois peu utiles selon moi, ici je trouve que vous empêchez le lecteur de se faire une représentation claire et du coup le dramatique de l'histoire a du mal à émerger ;
"toute de frisson vêtue" : cette expression, je la croirais sortie d'un roman sentimental ; je la trouve franchement déplacée ici.

La fin me paraît aussi brouillonne, j'ai du mal à me représenter la scène et je ne sais pas qui est cet enfant, "celui-là même". L'enfant mort ? L'enfant rencontré sur la plage à cent cinquante kilomètres de chez elle ?

Donc, au final, le texte ne me convainc pas. Je le trouve maladroit, n'évitant pas les écueils du pathos et de la confusion pour un sujet très difficile. Je suis navrée si je heurte vos sentiments, si ce texte renvoie à quelque chose de douloureux pour vous mais, je le répète, vous avez choisi de le proposer à la lecture sur un site littéraire et je le commente de ce strict point de vue.

   Pattie   
11/10/2011
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
J'aime beaucoup ce texte, mais l'expression me gêne : elle ne semble pas sonner français. J'ai l'impression de lire un OVNI poignant, poétique et cultivé en langage extra-terrestre. J'ai l'impression de le comprendre à un niveau non-verbal, c'est comme s'il créait une émotion en versant des mots d'un certain champ lexical, en touillant pour tout bien mélanger, en enlevant des piliers de compréhension et en ajoutant des incongruités qui tombent pile sur le nerf de l'émotion.

   Anonyme   
8/10/2011
 a aimé ce texte 
Pas
Le texte présente, selon moi, deux handicaps majeurs.
- Sur le fond : sujet façon « tranche de vie », qui ne présente pas d’intrigue, pas de scénario minimum, pas de réelle progression dans l’histoire et donc un intérêt de lecture vite limité. Et, au bout du compte, pas de chute surprenante ou émouvante, comme on aurait pu l’espérer dans une situation de ce type. L’histoire finit, si l’on peut dire, comme elle a commencé et le lecteur se retrouve gros jean comme devant !
C’est dommage car, à y bien réfléchir, j’ai décelé, dans cette lecture, de vagues réminiscences du film « Un homme et une femme ». Ce qui aurait pu, probablement, donner quelque chose de plus étoffé, en exploitant mieux la situation psychologique des chaque intervenant (sans, bien sûr, tomber dans l’imitation de Claude Lelouch).
- Sur la forme : c’est peut-être là le plus gros handicap. L’expression française est à retravailler de fond en comble. Les maladresses de style sont très nombreuses et, parfois, bien grosses. Les tournures de phrases sont souvent gauches. Voici quelques exemples d’écriture à retravailler, selon moi :

-« …toujours seule par la volonté d’un destin scabreux. » : l’adjectif « scabreux » ne me parait pas approprié en parlant d’un destin.
-« …à l’approche de cet anniversaire macabre qu’elle décompte en manque, en absence, en disette. » : une disette ramène plutôt à un manque de nourriture, à un estomac vide.
-« …son fils heureux comme pas deux d’aller voir la mer,… » expression inélégante d’usage presque argotique.
-« Elle a vu son ami serrer son fils contre sa poitrine alors que l’eau arrivait de toute part. Elle est entrée dans l’eau froide, handicapée par une epiphysiolyse de la hanche. La mer les prenait. Un homme l’a rattrapé. Ils n’étaient plus qu’eux deux. Elle se souvient d’un chien qui aboyait. » ici, l’action est assez maladroitement décrite. Le manque de « e » à « Un homme l’a rattrapé » peut semer le doute sur qui a été rattrapé.
-« Ce jour inhabituel où le maussade a viré. » encore une expression inélégante, lourde.
-« Un homme marche à reculons avec un enfant au cerf volant qui le couvre. Il lui pleut de conseils. Le choc. Les regards. Le choc. Il se découvre du cerf volant. Il dévie de l’enfant. Il trace une tangente. » Dans ce petit paragraphe : le cerf volant qui le « couvre » : peu adapté. « Il lui pleut de conseils. » : c’est très mal dit. « Il se découvre du cerf volant » : on a l’impression que le cerf volant est un chapeau ! « Il dévie de l’enfant. Il trace une tangente.» : très maladroit, vraiment.
En résumé, le manque de puissance du fond n’est pas compensé par une bonne écriture, par un style clair et par une expression française crédible. C’est dommage, car j’avais bien aimé « Un homme et une femme » ; et une manière de « remake », accomodée à une sauce actualisée, m’aurait mieux convaincu.

   monlokiana   
8/10/2011
 a aimé ce texte 
Pas ↓
Un texte sans grand intérêt et difficile d’accès. Je n’ai pas trop bien réussi à y entrer ou à comprendre ce que l’auteur raconte.
« Vêtue de cette même robe épaisse, sans cesse ajustée, qu’elle porte chaque samedi depuis 10 mois. » ce n’est pas une phrase (achevée)
Trop de virgules :
« Il se fait plus mal encore à l’approche de cet anniversaire macabre qu’elle décompte en manque, en absence, en disette. Ce 1er janvier funeste, son fils heureux comme pas deux d’aller voir la mer, s’était entortillé autour d’elle à l’arrière de la voiture. Tard le soir dans le SAMU, sur le trajet du retour, on avait dû endormir une mère hurlante. »
« S’il vous plaît madame, éloignez vous de mon père, il ne va pas bien. Ne vous montrez pas gentille avec lui, ça sert à rien, il est dépressif ». Je m’étonne qu’un enfant puisse dire cela de son père devant une parfaite inconnue.
« Debout, en détresse dans sa robe qui a perdu l’odeur de son fils, », dommage que l’auteur n’ait pas varié la description de son personnage. C’est à croire qu’elle n’a qu’un seul vêtement. ^^
Donc, bref, un texte qui pour moins ne raconte rien d’intéressant ni de très important. L’intrigue n’est pas du tout emballante. L’écriture est correcte même s’il y a des fautes.
Bien à vous...

   Perle-Hingaud   
12/10/2011
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Un texte très particulier, très étrange, poétique. Je suis sensible à l’atmosphère dégagée, à l’utilisation de mots à contre-courant pour faire appel à nos émotions. Ça marche, on lit jusqu’au bout, on veut savoir. Le personnage central est bien décrit, la confusion verbale répond à la confusion de l’esprit. Vraiment, une grande originalité dans l’utilisation du français. Seulement… certaines phrases sont incompréhensibles. C’est sans doute volontaire, mais c’est excessif à mon goût. Si vous souhaitez rester dans le domaine de la nouvelle, je pense qu'en conservant cette façon de coller aux sentiments, vous pourriez néanmoins veiller à ce que le sens des phrases reste plus accessible (enfin, pour moi, en tout cas). Merci pour cette lecture.

   brabant   
20/10/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour RomyLevant,


J'ai apprécié ce récit à l'écriture précieuse, recherchée, distinguée, qui, en 5699 caractères, retrace l'histoire d'une vie de femme, sa brisure, sa tentative avortée de renaissance, et sa renaissance réelle quoique suspendue : être utile, enfin ! Fût-ce pour un chat, haut perché, coincé, en danger, avatar de son enfant disparu mais toujours présent, plus que son compagnon.

En raison de ce relatif trop-plein d'événements, le récit peut donner l'impression de vous, nous échapper aux deux tiers de son parcours ; il n'en est rien ! C'est que nous ne sommes pas suffisamment attentifs, que nous n'avons pas assez de coeur, car le coeur de cette femme blessée, assoiffé de renouveau, est trop grand.

J'en redemande !... A très bientôt j'espère, à très bientôt sûrement !

ps: Et de plus, l'érudition, je ne connaissais pas ce féminin à "coi" : "coite" (si proche de 'coït', lol).

Texte d'une sensibilité universelle, j'entends homme et femme à la fois, mais pas androgyne.

Bravo !

   macaron   
20/10/2011
 a aimé ce texte 
Bien
Un texte d'une émotivité extrème. Vos mots trébuchent comme la vie de cette femme courageuse. Sa quête pour trouver un sens à sa raison d'être s'expriment dans ces "images" qu'il me semble entrevoir. Une histoire simple et triste écrite d'une manière originale, non conventionnelle.

   Anonyme   
20/10/2011
 a aimé ce texte 
Un peu
Je me suis laissé emporter. J'ai ressenti de l'émotion et cette émotion a pris le pas sur les quelques bizarreries du texte ou maladresses (?).
J'espère que ces maladresses sont dues à l'urgence de raconter et qu'elles ne sont pas volontairs ce qui en ferait, à mes yeux, un texte hyper sophistiqué et décevant.
La fin : "Un des enfants non plus, celui-là même." me gêne un peu.

   Anonyme   
20/10/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup
L’écriture bien que complexe et saccadée, est très prenante. Je n’ai pas essayé d’éclaircir tous les mystères de ce texte, j’ai seulement ressenti une véritable sincérité.
Ce texte devrait pouvoir s’éclaircir mais garderait-il alors cette expression d’une vérité dramatique ?
Je ne sais pas si cette dépression est possible, ressentie comme cela mais cela paraît très réaliste.
Ou va-t-elle, cette femme ? Je suis bien pessimiste.
3 épisodes se suivent mais sans plus d’issue l’un que l’autre.
Évidemment j’ai ressentie son désespoir qui m’a beaucoup touché.
Bon il va falloir que je lise quelque chose de moins noir.

   Anonyme   
27/10/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Son planisphère s’est considérablement réduit depuis la mort de son enfant.

Cette petite phrase donne le ton à tout ce qui va suivre. C'est émouvant et touche des fibres sensibles.
Comment dire les mots de la douleur...il faut vraiment les avoir vécus...
Une écriture belle de souffrance comme un cri pour dire au lecteur de comprendre...
J'ai senti le désarroi d'une femme que la vie vient de jeter par terre...
Texte réussi à mon avis où l'auteur a essayé de livrer et c'est pas évident, le ressenti face au deuil d'un enfant.
``Elle ne regarde pas dans la même direction``
Je crois qu'elle regarde vers l'endroit où elle pense retrouver son enfant...
Profondément humain. Merci pour le partage.


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