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Sentimental/Romanesque
rouelibre : Les pincements de la lyre
 Publié le 06/01/14  -  6 commentaires  -  2490 caractères  -  103 lectures    Autres textes du même auteur

Chercher la musique des mots.


Les pincements de la lyre


C'est le neuvième jour déjà et tu restes sans réponse. Je parle à haute voix depuis toujours, il me semble. J'ai de la chance : ce matin, c'est Marie-Louise, l'infirmière sympa, qui est de service, elle se fait le plus discrète possible. Elle m'accueille de son air bienveillant et me caresse le dos avant de se retirer et de nous laisser tranquilles.


Pourquoi ? pourquoi cette chute à mobylette ? Toi qui n'oubliais pas ton casque, d'habitude !

Il était question de te tirer du coma artificiel il y a deux jours. Mais pour le médecin-chef, il vaut mieux prolonger ton séjour.

Ne t'inquiète pas pour moi. Matin et soir, c'est mon amie Thérèse qui m'accompagne. Elle attend dans le salon réservé aux visiteurs. Sa présence m'est précieuse, elle trouve les mots justes pour m'insuffler du courage. Non, le silence des médecins n'a rien de suspect, ils veulent être sûrs à 200% avant de faire des déclarations.

C'est notre petite Éva qui commence à trouver le temps long… elle croit que tu es parti pour la cueillette des olives. Heureusement, mes parents assurent la garde. Je préfère qu'ils ne viennent pas, tu sais.

Tes parents auraient aimé une autre équipe médicale, mais je ne veux pas me laisser influencer. Je reste confiante.

Ton visage est plus calme qu'aux premiers jours. Tes doigts dans ma main sont tièdes. Je les presse doucement, les masse, les interroge, ils restent encore sans réponse. Ton front est moins tuméfié, tes yeux ne vont pas tarder à frémir.

Je saurai être patiente, je déroulerai les mots, les mots qui pansent l'âme.

Au début, je me trouvais maladroite près de toi. À part quelques câlins trébuchants, ma voix me faisait peur. Je la trouvais blanche, morne, sans saveur.

Au fil des jours, elle gagne en assurance, elle vibre. Hier soir, Éva m'a fait le plus beau compliment. Alors que je lui racontais l'histoire d'Orphée et Eurydice, elle m'a coupée, éblouie :

Oh maman, ta voix c'est un arc-en-ciel !


Cette voix est ma seule force, notre seul lien. Mes inflexions sauront-elles te ramener à la vie ?

Je voudrais t'envoyer les rayons colorés de tous ses dessins, les sonorités jaune vif de sa joie quand elle parle de toi, y mêler les nuances bleutées de mes imprécations, ma tendresse indigo, la pulsion rouge de mon espoir.

Mais déjà on me fait signe de ne pas te fatiguer…

Cette fois, j'en suis sûre ! j'ai vu ta paupière s'entrouvrir !

Je reviendrai demain, mon amour. Je te tiendrai en éveil avec mes infatigables pincements de lyre.


 
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   Pascal31   
23/12/2013
 a aimé ce texte 
Bien
Vous avez su amener l'émotion en quelques lignes, ça c'est déjà bien. Vous accompagnez le récit de quelques belles trouvailles, comme le passage sur la voix arc-en-ciel qui communique les rayons colorés des dessins d’Éva.
Du coup, je comprends moins bien les pincements de lyre qui concluent l'histoire. J'aurais préféré une image "colorée", et la "voix arc-en-ciel" aurait fait un plus joli titre...
On pourrait reprocher également un récit trop succinct, qui ne fait qu'effleurer un sujet difficile.
Quoi qu'il en soit, parvenir à émouvoir en peu de mots avec un texte imagé, c'est toujours préférable que d'ennuyer le lecteur avec un long récit mal écrit.

   Robot   
30/12/2013
 a aimé ce texte 
Bien
Ce court texte parle des moments ou tout est suspendu à l'espoir, à la recherche d'autres instants qui renforcent le courage d'attendre...
Quelle belle phrase: "Je saurai être patiente, je déroulerai les mots, les mots qui pansent l'âme."
Par contre, celle-ci
"Elle m'accueille de son air bienveillant et me caresse le dos avant de se retirer et de nous laisser tranquilles."
me paraît lourde avec son double "et". Elle devrait pouvoir être reconstruite de meilleure manière.

   MariCe   
6/1/2014
 a aimé ce texte 
Bien
Vous savez, en peu de mots, apporter à votre texte toute une palette d'émotions, haute en couleurs ; de là à y pressentir la musicalité de votre lyre, il n'y a qu'un pas, que j'ai aisément franchi.

   senglar   
6/1/2014
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour RoueLibre,


Tes parents... Mes parents... Pas le bon médecin... et cette main que l'on tripote... Mais il va se réfugier dans le coma le pauvre ! Quel caquetage ! Pas étonnant que l'infirmière chasse l'héroïne ! J'a envie d'être méchant et de lui dire : Mais foutez-lui donc la paix, au pauvre !
Et de plus elle trouve sa voix admirable, enchanteresse ! Un "arc-en-ciel", Eva dixit.

Au fait... C'est vrai qu'il est bien écrit ce texte, aguicheur... Pas étonnant que son héros malheureux fasse un clin d'oeil à l'héroïne, Roméo et Juliette et non pas Jeanne d'Arc et Charles VII... ou Yahvé. Lol

Brabant

   Coline-Dé   
20/8/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un beau texte, très juste, plein de pudeur et de non-dit, qui laisse la gorge nouée... Oui, c'est important de parler aux gens dans le coma, c'est même très important pour les rattacher à la vie !
C'est ici fait avec simplicité et délicatesse, sans tomber dans la mièvrerie ni le sentimentalisme.
Juste quelques bémols :
*la lyre semble artificielle et trop littéraire dans un texte qui joue sur la sensibilité pure.
*Même remarque pour Orphée et Eurydice, bien que la la similitude soit pertinente, il aurait fallu l'amener de façon plus nuancée, me semble-t-il...

*"Pourquoi ? pourquoi cette chute à mobylette ? Toi qui n'oubliais pas ton casque, d'habitude !" sent vraiment l'explication.

Bonne continuation

   carbona   
15/12/2015
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Bonjour,

Un texte qui pourrait être touchant mais qui pourtant ne m'a pas touchée. Pourquoi ? Votre texte est simple, sans chichi, sans excès alors je crois que c'est l'écriture qui me laisse un peu de marbre, la construction des phrases manque de naturel et de spontanéité pour que je croie à la scène.

ex : "Il était question de te tirer du coma artificiel il y a deux jours. Mais pour le médecin-chef, il vaut mieux prolonger ton séjour. "

Quand je lis cette phrase je vois le narrateur qui s'adresse au lecteur et pas au conjoint comateux. Un manque d'intimité dans le monologue pour rendre la scène crédible.

Merci.


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