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Corto
31/5/2019
a aimé ce texte
Passionnément
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Du grand art que cette nouvelle.
Dès le début on est dans le flou avec des descriptions qui ne décrivent rien. Les personnages ne sont pas dévoilés, seules les situations se suivent et s’enchaînent, composant un tableau où bien des possibles captent l'attention. On avance dans le récit en essayant de se faire une idée plus précise de qui est qui, du pourquoi, du comment. D'ailleurs même le titre joue dans le même registre. Mais l'auteur ne lâche que ce qu'il veut bien et les scènes qui se succèdent empêchent toute échappatoire. Chaque trait de caractère, chaque relation apporte sa pierre à une énigme très bien construite. Puis vient la phase finale où l'Andalou sorti de nulle part devient le roi de la steppe, pour qu'enfin la frêle jeune femme en devienne la reine. Avec en prime cette si belle expression "ils sont d'une beauté somptueuse tous les deux avec leur air de dominer le monde". Intelligence du récit, mystère et tensions, évocations juste esquissées sur le passé et donc le réel des personnages donnent forcément à ce texte un prix d'excellence. Bravo. |
hersen
2/6/2019
a aimé ce texte
Beaucoup
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D'abord, ce qui me gêne : peut-être ai-je mal lu, mais un coup le narrateur est patron, un coup il n'a plus l'air de l'être. c'est un détail.
Dans la construction, je ne comprends pas le début, qui semble nous inciter à déplorer les événements qui se sont passés. or, je ne vois ps pourquoi. Que le narrateur n'ait pas compris plus tôt l'osmose qu'il pouvait y avoir entre les chevaux et elle dans un premier temps, puis entre Andalou et cette même femme n'est pas vraiment à présenter comme un fait négatif. Pourquoi s'en vouloir ? Sinon, c'est une histoire que j'aime beaucoup, deux êtres, une femme et un cheval, qui vont se reconnaître dans ce qu'ils ont subi au plus profond d'eux-mêmes. Le point de vue externe est excellent, il empêche de s'enfoncer dans le pathos, et nous rend spectateur d'un bel échange, qui aurait pu être fracassant. C'est, en quelque sorte, la confiance aveugle de la cavalière dans le cheval en même temps qu'un geste désespéré, jouant le tout pour le tout, qui va les sauver tous les deux, sous le regard médusé du collègue. Peut-être que je me serais passé de la dernière phrase, car je le sais déjà et j'aurais préféré rester sur la connivence des deux protagonistes sans revenir dans la réalité du quotidien. Malgré donc quelques défauts, j'aime beaucoup cette histoire mais je trouve que le titre n'est pas judicieux, il manque de grâce pour ce qu'il va raconter. |
Mokhtar
4/6/2019
a aimé ce texte
Passionnément ↑
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Quand disparaît le rire de clochette, l’observateur attentif, expert parce que passé par là, repère la fêlure, signe du plongeon dans les affres de la dépression.
Le glissement de l’être déstructuré, le délabrement interne, les signes de l’apathie générale, rien n’échappe au narrateur qui sait de quoi il s’agit. Et c’est très bien écrit, très bien retransmis, très bien analysé. « Elle s’éteint comme un renoncement » : on sait comment, on sait pourquoi, clairement. Le malheur dans ce genre d’état, c’est qu’on n’a pas l’envie, le réflexe, de saisir la main tendue. La pelote dissimule et dérobe l’extrémité du fil. Les aides chimiques sont stériles. Reste « l’hippothérapie ». « Impulsion », nous dit-il ? On est tenté de préférer : intuition fulgurante. Celle du génial plan B. La thérapie par l’animal, de plus en plus reconnue comme pertinente. Sauf que l’aimable promenade bucolique va prendre un tour beaucoup plus déterminant que prévu. Car l’abattue, l’affligée, la démolie, la renonçante, va subitement se reconstruire…La force en elle va émerger, le zombie asthénique va se hisser en dompteuse. Sans doute parce qu’elle a reconnu en l’animal un frère de misère. A mon avis, ils ne sont pas près de se séparer, ces trois cabossés de la vie. Ce texte est remarquable, fin. Tout sonne juste. Zéro défaut sur ce récit à la fois émouvant, mais aussi éclairant sur les méandres de la dépression. Le narrateur a le courage de s’analyser lui aussi, pour ne pas s’exclure de la similitude entre les trois traumatisés. Le récit n'en est que plus probant. La première lecture retient par l’histoire. La seconde par l’écriture Car a langue est superbe, littéraire, très empreinte d’une poésie élégante. Je ne peux résister au besoin de ressortir quelques extraits : « Elle a eu un regard douloureux, le genre de regard qui métamorphose les gens en gamins paumés et vous donne envie de les bercer en leur caressant les cheveux. Je dois dire qu'avec l'alcool, les pétards, et les kilos perdus qui lui creusaient les yeux d'un bleu sombre, ça faisait son petit effet. Mais je suis son patron, et je ne sais pas caresser les cheveux, c'est pour ça que mes gosses sont partis avec leur mère. Chacun son truc, moi c'est le vin et les chevaux. » « Dehors c'était l'instant que normalement j'aime le plus, un demi-jour à moitié endormi. Un matin surpris dans ses habits de nuits, nuages de brume, humidité mouillante, lumière vaporeuse, paysages d'aquarelle. » « L'étrange tableau qu'ils m'offrent tous les deux, cabrés face-à-face chacun dans son attitude bravache, avec cette nature vaporeuse sous cette lumière naissante, toute cette atmosphère me semble tirée d'un songe. Ça me rappelle ces contes d'enfance où des elfes mystérieux se mesurent avec bravoure à des géants aux allures de démons. Je suis fasciné par cette vision qui vient se superposer à l'affrontement qui a lieu sous mes yeux. » « Combien de temps s'écoule de cette manière ? Tout semble tellement lent, comme toutes les choses essentielles de la vie qui prennent le temps de se poser sur le monde. Une mort, une naissance, une rencontre, un matin, ... Tout ce qui compte véritablement est infiniment lent ici-bas. » « Je me marre parce qu'ils sont d'une beauté somptueuse tous les deux avec leur air de dominer le monde. » Superbe. Bravo et merci. Mokhtar, en EL |
maguju
16/6/2019
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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Très joli texte, un des plus réussis que j'ai pu lire sur le site. J'ai apprécié l'histoire mais surtout votre écriture, simple, juste; pas de surenchère d'adverbes ou d'adjectifs. Une vraie réussite, félicitations à vous.
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Davide
16/6/2019
a aimé ce texte
Beaucoup
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Bonjour Seelie,
"Elle a eu un regard douloureux, le genre de regard qui métamorphose les gens en gamins paumés et vous donne envie de les bercer en leur caressant les cheveux." Deux choses m'ont particulièrement séduit dans ce texte : d'abord l'écriture, délicate, simple, sans artifices, on ne dit que ce qu'il faut dire ! Même le familier - le "grivois" - est empreint d'une certaine poésie ; j'ai l'impression de lire du Maupassant, en fait ; pour moi, le plaisir est le même, c'est dire... La deuxième chose qui m'a plu concerne la narration : les détails de l'histoire se révèlent peu à peu, à l'image de cette pelote que l'on défile, entretenant habilement le suspense, jusqu'au dénouement. Chaque pas est inattendu. Quelques passages un peu obscurs, notamment en première lecture, mais les choses s'éclaircissent à la relecture... D'ailleurs, j'ai beaucoup aimé le registre, qui flirte avec le fantastique, tout est nimbé de mystère : cette brume matinale ne serait-elle pas dans le cœur de nos personnages ? Un très beau texte, vraiment. Et l'écriture... un enchantement ! Merci tout plein Seelie, Je lirai avec plaisir vos prochaines publications (j'espère qu'il y en aura d'autres !) Davide |
plumette
17/6/2019
a aimé ce texte
Beaucoup
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Bonjour Seelie
je vois que c'est votre première publication ici, alors Bienvenue et aussi Chapeau Bas! un titre un peu curieux qui n'est pas à la hauteur de ce que j'ai lu ensuite. J'ai aimé: - Les métaphores : dénouer la pelote, ou le sac de course qui se répand à terre - votre manière de nous présenter cette femme et sa personnalité avec les petites attentions qu'elle a vis à vis de ses collègues - le regard attentionné que porte sur elle son collègue/patron et la conscience qu'il a de sa maladresse pu de son impuissance à l'aider. - la description de l'Andalou - le récit haletant du face à face - l'écriture plutôt poétique dans les descriptions du rapport à la nature et très précise quand on est dans l'action. je me suis attachée à cette histoire au point que j'aurais aimé avoir un prénom, une précision sur le boulot ( un cabinet de quoi? ils reçoivent des patients, on est dans le domaine médical, mais encore...) j'ai hâte de vous relire et j'espère que vous nous proposerez d'autres textes! Plumette |
poldutor
17/6/2019
a aimé ce texte
Passionnément
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Bonjour Seelie,
Que voilà une nouvelle somptueuse ! J'ai adoré, tout y est :le projet du "dragueur" une bonne bouteille, un peu "d'herbe", il ne manquait qu'un "slow" des Platters... la femme brisée par un divorce cruel, le cheval brutalisé qui n'a plus confiance en l'homme, la beauté poétique de la description de la nature au petit jour...et la rencontre enfin : "deux écorchés viennent de se reconnaître" Nouvelle très bien écrite. Magnifique. On aurait aimé que cela dure plus longtemps. Merci pour ce moment de grâce. J'ai mis pour la première fois "passionnément" ! Cordialement. poldutor |
STEPHANIE90
17/6/2019
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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Bonsoir !
Un grand merci pour cette très belle nouvelle, je me suis régalée à sa lecture. Votre style est alerte et imagé. Pas de surplus, ça coule tout seul et j'en redemande. Vous avez des facilités pour exprimer les émotions et les transcrire et vos descriptions de l'Andalou sont si affinée que je vous imagine chevalière émérite où passionnée de chevaux. Il n'y a qu'une phrase dont je n'ai pas compris le sens, j'espère que vous pourrez m'éclairer. " C'était ça le projet de base maintenant que j'y repense, lui faire cracher le morceau parce qu'elle a beau faire la dure il a l'air plutôt coriace à avaler le morceau." Qui est ce "il" ??? Merci d'avance pour votre réponse. Une virgule entre dure et il me semblerait bienvenue. A bientôt pour je l'espère une prochaine lecture, StéphaNIe |
Anonyme
17/6/2019
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La scène de la rencontre femme/cheval est clairement le cœur du texte et on distingue tout aussi clairement un avant et un pendant, peut-être même un tout petit après.
La conjugaison, délaissant le passé pour le présent, marque d’ailleurs la transition. La mise en forme également, car on passe de paragraphes classiques à une forme saccadée avec passages à la ligne fréquents. Cette dernière caractéristique a tendance à m’agacer car j’y vois une manière forcée et, finalement, dispensable, d’imprimer un rythme qui naîtrait tout seul par l’action sans aucun besoin d’artifice, mais peut-être n’est-ce là qu’une affaire de goût personnel. Dans cette partie, on sent que l’auteur vit son texte en l’écrivant. Le personnage narrateur est essentiellement narrateur et très peu personnage. Tout est simple, clair et cohérent. On peut croire un moment au drame car l’ambiguïté est habillement maintenue durant deux phrases. La partie qui précède m’apparaît en revanche plus confuse, tant par la narration que par le style. Le narrateur se souvient d’abord des instants précédant l’action qui sera ensuite relatée au présent. Puis, il se souvient de la veille. Puis, il relate plus largement le contexte qui a précédé. L’utilisation du présent (distraction ?) dans cette partie ajoute un peu à la confusion (« Et puis il y a divorce et divorce, le sien je ne sais pas trop dans quelle catégorie le placer mais ça m'a tout l'air d'un naufrage en règle plutôt qu'un envol serein vers une nouvelle vie. »). Je ne prétends pas que ce soit mauvais, mais le risque existe d’installer la confusion dans l’esprit du lecteur. On trouve une assertion à laquelle chacun devrait adhérer (« Un divorce c'est une guerre, plus ou moins rude, mais une guerre. Il n'y a que ceux qui ne l'ont pas vécu pour s'imaginer le contraire. »), mais dont il est permis de douter sinon de la contester. L’extinction de la fille parait un peu subite. Le narrateur dit s’en être aperçu, mais le basculement n’apparaît pas pour le lecteur. Il doit y croire sans en être le témoin. Ce revirement apparaît dès lors un peu obscur et semble servir surtout le scénario. Quelques virgules amélioreraient la ponctuation ; c’est récurrent. Quelques effets convaincants (« un sac de courses qui se renverse ») côtoient des formules beaucoup plus convenues (« Elle regardait dans le vide », « nuages de brume, humidité mouillante, lumière vaporeuse »,…), des errements syntaxiques (« Elle s'éteint, comme un renoncement » ; on comprend bien sûr l’idée, mais le renoncement ne s’éteint pas, il est lui-même l’extinction, alors la comparaison ne colle pas). Après « par-dessus le dos de l'Andalou qui la reçoit sur son dos en piétinant à peine et se laisse flatter l'encolure », On trouve encore quelques phrases que je trouve tout à fait dispensables. S’il s’agit de conclure, soit, mais il me semble que la phrase « Perchés sur la hauteur de la colline à peine émergée du brouillard matinal, deux écorchés viennent de se reconnaître. » était largement suffisante. En conclusion, une action plutôt convaincante introduite par une mise en place que je trouve un poil bricolée, même si – et c’est la bonne nouvelle – on y perçoit un potentiel qui ne demande qu’à s’affirmer davantage. |
Anonyme
19/6/2019
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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Intense et raffiné, c’est réussi quand comme ici cela sonne juste, des effluves mélancoliques s’évaporent entre les lignes, la puissance fragile est délicatement rendue, belle lecture.
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Pierrick
22/6/2019
a aimé ce texte
Beaucoup
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J'aime les auteurs qui sculptent leurs textes avec la précision d'un horloger suisse. J'aime les écritures qui deviennent, au fil de leurs lectures, des petits modèles d'orfévrerie. J'aime le soin mis à choisir le mot juste, la ponctuation exacte, la phrase qui fera mouche. j'aime ces auteurs pour qui le mot "travail" n'est pas un mot dont on se moque, un mot que l'on raille avec le mépris des écrivaillons donneurs de leçons. j'aime enfin la musique d'un texte, ses nuances, ses variations, son élégance.
Il y a tout cela dans votre Plan B et vous lire a été un moment de grande qualité, un de ces instants où l'on se dit que la littérature existe encore et le talent aussi. Bon, bien sûr, je pourrais faire mon grincheux en relevant, ici et là, quelques lourdeurs, deux ou trois cassures de rythme et un soupçon de métaphores incertaines. Oui, je pourrais mais ce serait gâcher le plaisir d'avoir vibré en découvrant un sacré beau texte. |
Jocelyn
14/7/2019
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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Bonjour,
Merci pour le bel exercice de lecture. Le texte a le mérite d'être épuré de toute fantaisie prononcée visant soit à amplifier les émotions soit à vanter la plume de l'auteur. Je comprends que la sobriété permet au lecteur de rester fixé sur la situation quitte à en oublier même l'existence du langage ou de l'écriture qui en ce moment occupe pleinement sa place de canal. Cela dit je tiens tout de même à signaler qu'au début j'ai eu du mal à rentrer dans le texte d'autant plus que nombre de détails étaient présentés et quasiment pas de situations pour les justifier. C'est un type de lecture que je doute qu'on puisse faire avec quelques bruits à côtés puisque la moindre distraction m'a semblé nuire à l'exercice. Du moins pour le début. Mais ce n'est qu'un constat totalement subjectif. Et il faut bien se remuer le cerveau de temps en temps. Ne fût-ce que pour rester sur les lignes de sa lecture... En dernière position, je parlerai du titre qui me paraît plutôt trivial par rapport à toute la profondeur que semble prôner l'histoire. Quand on ne connait pas un texte, généralement on se base sur l'attraction du titre pour le feuilleter. Plan b passe quasiment inaperçu. Après, tout dépend des objectifs de l'auteur. Voilà, merci beaucoup ! Jocelyn |
humbaby
24/7/2019
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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Je trouve votre texte pictural.
Chaque mot est un coup de pinceau qui nous plonge dans cette image merveilleuse d'une rencontre improbablement évidente. Deux êtres brisés que tout oppose mais qui sont reliés par leur souffrance. Le thème que vous déroulez sur la fragilité du lien, de la confiance et la force de vie qui parvient à résister malgré les épreuves me remplie à la fois de courage et de confiance. Merci pour cette écriture sensible quasi impressionniste et surtout humaine. |
Donaldo75
31/8/2019
a aimé ce texte
Beaucoup
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Bonjour Seelie,
Finalement, je l'ai lue cette nouvelle ! Rien à dire, elle est vraiment belle, cette histoire. La narration est plutôt réussie, avec en point d'orgue la fin. Néanmoins, j'ai quand même eu du mal au début, à cause du style narratif, justement. Je n'arrive pas à expliquer pourquoi mais la lecture m'a semblé longue. Ensuite, le style s'est assoupli et je suis rentré dans l'histoire. Je crois que les chevaux ont beaucoup aidé. Merci du partage. Donald |