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Science-fiction
Shepard : Émergence
 Publié le 21/02/15  -  10 commentaires  -  10316 caractères  -  120 lectures    Autres textes du même auteur

Un cerveau perdu dans l'univers.


Émergence


Mon monde est une petite Lune. Nous avions l'habitude de l'appeler Nyx. Aujourd'hui va se dérouler l'événement le plus important de mon univers, un premier pas pour enrayer l'entropie, pour rassembler les fragments. Le cœur de Nyx est une machine, assemblage de science et de technologie, un engin absurde de complexité capable de braver les lois du réel. Nous l'appelons Lux.


Je suis assis, entouré de milliers d'hologrammes chatoyants. Mon corps physique voit au travers des images, il perçoit les données, les interprète et les ordonne. L'ordre est l'objectif final. Dans une petite section de Lux, régulée par des millions de paramètres, un nuage de gaz d'hydrogène se forme. Pour une fois, il n'est pas le fruit du hasard. Ce n'est pas une fluctuation statistique, c'est le résultat de ma volonté : des centaines de cycles de calculs.


L'énergie est injectée, la conscience de Lux s'éveille et se met au travail, elle agence, je pondère.


Le fourmillement est intense, mes pensées se mélangent, je vois ce qui n'aurait jamais dû être vu : une collision d'univers. Mon enveloppe se lève, tremblante, choquée, mes membres s'agitent, soutenus par Lux qui m'aide et me guide jusqu'à la chambre d'essai. Ça a fonctionné, je le sais. Je hurle à m'étouffer, m'étrangle dans un rire stupide, je le vois, je le sens. Dans la pièce se trouve un homme habillé d'une tenue blanche profilée. Lorsqu'il m'aperçoit, je sens sa peur.


– Qu'est-ce... Qu'est-ce que c'est que cet endroit, qui êtes-vous bon sang ?


Il parle dans mon dialecte et s'en rend compte, il trébuche mais Lux le rattrape d'un bras mécanisé.


– Ne craignez rien, je vais répondre à vos questions.


Le bras se plie et il peut s'asseoir, ses yeux sont écarquillés et son visage exsangue.


– Vous êtes Charles Hawkin.

– Qui êtes-vous et comment connaissez-vous mon nom ?

– Appelez-nous, moi, Nyx. Je vous connais et vous me connaissez depuis peu de temps, quelques secondes, mais vous m'avez toujours connu. Réfléchissez-y.

– Quoi ?

– Réfléchissez-y !


Je crie, il sursaute et manque de tomber à la renverse. Ses pupilles se dilatent, de la sueur perle sur son front, il tremble.


– Comment ? Est-ce que je suis en train de rêver ?

– Un rêve ? C'est peut-être une sorte de rêve. Charles, ici, c'est la réalité, mais vous, vous pouvez, en quelque sorte, être en train de rêver. Vous devez comprendre ça.

– Je crois que je comprends. Comment est-ce que je comprends ? Pourquoi est-ce que j'ai aussi mal à la tête ?

– Parce que nos univers collisionnent en ce moment même. La machine qui vous sert de siège, c'est Lux. Ne vous retournez surtout pas.

– Pourquoi ça ?

– Sinon vous seriez capable de vous voir, je ne sais pas ce qui pourrait se passer.


Il me regarde, perplexe.


– Nyx, c'est ça ?

– Oui.

– J'ai une femme, Lina. Une fille, Violette. Je suis jardinier. J'allais rentrer chez moi et puis je ne me souviens plus. Je ne me souviens plus de ce que je devais faire ou de ce qui m'est arrivé. Cet endroit, je devrais être terrifié, mais il me dit quelque chose.

– Vous êtes très pragmatique, comme prévu.


Un pâle sourire étire son visage, il frotte ses tempes mouillées par la transpiration. Je vois ses yeux virer au noir, gorgés par la colère. Je ferme les miens.


– Qu'est-ce que c'est que ces conneries ?! Vous allez me l'expliquer, putain de merde ?! Je suis mort ? Au paradis ou en enfer ?

– Calmez-vous, Charles. Vous n'êtes pas mort, pour peu que ça ait le moindre sens...

– Me calmer ? Vous allez prendre mon poing dans la gueule !


Il veut se lever mais ses jambes ne le portent pas.


– Ne faites pas trop d'efforts, la collision est épuisante.

– Putain !

– Lux, s'il te plaît.


La machine fait rasseoir Charles correctement.


– La mémoire vous revient. Cependant, le procédé paraît plus long que prévu. Peu importe. Regardez mon univers.


Une immense baie vitrée s'illumine. De l'autre côté de la glace s'étend le néant, noir absolu, sans étoiles, sans vie. L'entropie, ma vieille ennemie.


– C'est pas joyeux, marmonne Charles.

– On a connu des meilleurs jours, ou même des jours tout court.


Je le laisse contempler le vide, j'ai l'impression que ça le calme.


– L'expansion de l'univers, vous en avez entendu parler ?

– Oui, je crois... Une émission à la télé une fois. C'est un truc avec la constante cosmologique, non ?

– Exact. Dans cet univers, le premier, tout s'est tellement accéléré que la matière s'est déchirée, même la gravitation n'a pu l'empêcher.

– Et comment sommes-nous là ?

– En quelques milliards d'années d'évolution, nous avions compris que nous courrions à notre perte. "L'énergie noire", qui provoque l'accélération de l'expansion de l'univers, était le cœur du problème. Alors nous avons construit cette machine : Lux. Notre plus bel accomplissement jusqu'à aujourd'hui. Lux est capable de stopper l'énergie noire, en fait, elle la recycle pour s'alimenter. Nous sommes dans une petite bulle où la densité en énergie noire est suffisamment faible pour que de la matière subsiste.

– J'ai voyagé dans un autre univers ?

– D'une certaine manière. Mais ce n'est pas tout à fait ça.

– Quoi, alors ?


Je me déplace jusqu'à la vitre, touche du bout de mes doigts millénaires ce dernier rempart. Le simple contact de cette surface ordonnée me fait frissonner.


– Charles, en réalité, je vous ai créé.

– Ah ! Ben voyons. Vous êtes Dieu, c'est ça ?

– Non. Dieu est un reliquat stochastique de ma création, quelque chose de non anticipé. Malgré les millions de paramètres sous contrôle, certaines incertitudes sont irréductibles, c'est à cause de l'entropie.


Il essaye de ne pas m'écouter, il fixe encore le vide. Les souvenirs que j'ai implantés commencent à venir, il sait que j'ai raison mais il ne le conçoit pas encore.


– Vous ne voyez que le vide, Charles, mais il y a plus que ça. Il y a des particules isolées et un bain de radiations. La répartition est homogène et l'entropie est maximale, l'ordre est absent, en moyenne.


J'entends sa déglutition, de la sueur coule le long de son menton et tombe sur le sol en métal.


– Qu'est-ce que ça change ?

– Une moyenne permet des fluctuations statistiques. Les fluctuations statistiques pendant une éternité permettent l'émergence de fragments d'univers.

– Je...


Il tremble encore.


– Le cerveau, la pensée, les souvenirs, vos souvenirs, votre vie, ma vie, notre vie, ne sont qu'un agencement bien spécifique de particules. Est-il statistiquement plus probable que votre femme, vos enfants, votre monde et les huit milliards d'habitants qui le constituent soient nés de fluctuations cohérentes, ou que vous soyez seul avec le bon agencement ?

– Je ne sais pas...

– Si, vous le savez, Charles. D'ailleurs, vous n'êtes pas vraiment Charles, vous n'avez pas vraiment ce corps, ni vécu ces souvenirs. Vous êtes juste derrière vous, dans Lux. Non, non, ne vous retournez pas. À l'intérieur d'une de ces chambres, avec un nuage de gaz de plusieurs millions de particules, j'ai créé votre univers. Je l'ai créé de manière à ce qu'il collisionne avec le mien, pour que vous soyez ici, avec moi. J'ai créé un Big Bang. À mon échelle, cela a duré un instant. Pour vous, cela fait plus de treize milliards d'années.


Il n'a rien à dire. Il comprend qu'il n'est qu'une projection, un fantôme. Une image qui existe pour l'éternité pendant un instant éphémère.


– Des bulles cohérentes apparaissent constamment dans mon univers, mais l'entropie finit toujours par les éclater. Puis ça recommence. J'ai créé ton univers, stable, où l'entropie est contrôlée par Lux.


Un rire, un rire dément éclate et secoue son corps. Ses cheveux sont hérissés, il se frotte le visage comme pour s'arracher la peau. Recroquevillé sur lui-même, il me fixe par-dessus ses genoux.


– Tu es un abruti, Nyx ! Ton univers ... Ton univers est lui-même une fluctuation ! Tu crois contrôler l'entropie mais c'est un mirage ! Tu es un petit nuage de gaz quelque part, une variation qui finira par disparaître sans même que tu t'en rendes compte.

– Charles, Lux maintient l'ordre ici.

– Lux, Lux, tu n'as que ce mot à la bouche. Qu'est-ce qui te fait croire que tout ceci n'est pas le résultat d'un agencement ?

– Nous avons vécu le Big Bang originel, avant il n'y avait rien, pas de fluctuations possibles.

– Je m'attendais à mieux de ta part, Nyx. Rien ? C'est un peu "ad hoc" tu ne trouves pas ?


Mes poings se serrent. Des millions de cycles de travail et cette création m'épuise.


– Ça suffit ! J'y ai pensé et ça ne change rien.

– Quel est ton but, alors ? Pourquoi me créer ?

– C'est un test. Si je peux contrôler l'entropie, je pourrai essayer de restaurer mon univers. J'ai pu te faire entrer en collision avec moi, Charles, mais il n'y a plus rien ici, c'est trop tard. Maintenant je dois faire l'inverse, créer mon monde comme il existait avant qu'il soit déchiré, et collisionner avec lui. Il sera stable grâce à Lux et je pourrai y vivre sans craindre de disparaître. J'hésite encore quant aux modifications que j'y apporterai...

– Aux modifications ?

– Hé, je vais construire MON univers pour l'éternité, autant que je choisisse la couleur du ciel qui me plaît le plus.

– Ça ne change rien au fait que, si cet univers n'est pas le premier, tu pourrais disparaître.


Je soupire.


– Je t'ai dit que j'y ai pensé. Lorsque je serai dans mon "nouveau" monde, et si l'univers dans lequel nous sommes est une projection comme tu le supposes, alors je devrais pouvoir trouver un assemblage élémentaire qui lui correspond, comme celui qui se trouve derrière toi. Je saurai alors si j'ai fait ça pour rien.

– Tu as dit que tu ignorais les conséquences de l'observation de son propre agencement, n'est-ce pas ?

– C'est vrai...

– Peut-être que tu disparaîtras au moment où tu le verras, dans ce cas tu ne sauras rien.

– Charles... Il est temps de te mettre au travail : retourne-toi.

– Et si je refuse ?

– Lux le fera pour toi.


Il affiche un franc sourire. Un éclat malveillant fait briller son regard. Ce n'est pas normal, j'ai l'impression qu'il sait quelque chose que j'ignore. Est-ce une incertitude irréductible ?


– Cet univers n'est pas stable, rien n'est vrai, ce sont des illusions, des mirages.


Avec une lenteur calculée, il se tourne.


 
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   Asrya   
12/2/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
Pfiou, de la SF bien givrée !

A lire avec deux cachets d'aspirine.

Vous nous offrez une sacrée gymnastique cérébrale avec des notions assez compliquées qui peuvent légèrement perturber. L'entropie, une conception très délicate à cerner. J'en connais les grandes lignes mais suis loin de la maîtriser. Je vous avouerai que j'ignorais que l'entropie pouvait être maximale. Il me semblait avoir compris que le désordre était infini ; à croire que non.

Charles Hawkin en référence à Stephen Hawking ? J'imagine que oui mais... je trouve cela assez maladroit (même si c'est cohérent).

En tout cas, vous maîtrisez le sujet à la perfection. Votre qualité d'écriture est indéniable et sert minutieusement cette "vulgarisation" du bordel universel.

Vous m'avez offert une intense réflexion métaphysique ornée de délire littéraire, merci beaucoup.
Si je dois retenir une phrase et une seule de votre écrit, ce sera celle-ci : " Est-il statistiquement plus probable que votre femme, vos enfants, votre monde et les huits milliards d'habitants qui le constituent soient nés de fluctuations cohérentes, ou que vous soyez seul avec le bon agencement ? "
Plutôt poussée comme pensée ; très intéressant.

Je ne suis pas sûr d'avoir bien assimilé votre chute malgré tout, je suis probablement passé à côté de quelque chose de passionnant ; frustrant.

Merci pour cette lecture surprenante, habile et savoureuse,
Au plaisir de vous lire à nouveau !

   Neojamin   
14/2/2015
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour,

Que dire ? L'idée est intéressante, sans aucun doute, l'écriture est sobre et efficace, l'histoire confuse. Je ne sais pas trop si c'est moi qui ne comprends pas ou si c'est l'auteur qui entretient un peu trop bien le mystère.
Sommes-nous témoins de l'émergence d'un nouveau monde ? Mais qui est ce lux...qui est le narrateur ? Doit-on le savoir ?
La fin me laisse perplexe...tout ce dialogue pour ça ? J'ai vraiment dû passer à côté, désolé.

Sur la forme, le style est propre, le dialogue pourrait être coupé par des paragraphes d'explications un peu plus long...j'aurais personnellement aimé plus de détail pour mieux m'imaginer le lieu, les personnages, ce qu'ils ressentent. J'ai trouvé que l'auteur était avare en descriptions.
Merci et bonne continuation

   Perle-Hingaud   
22/2/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour Shepard,
J'ai bien aimé lire votre nouvelle, dont l'écriture est nette et les dialogues maîtrisés. Mais à mon sens, cette histoire n’en est pas une : c’est plutôt la démonstration d’une réflexion, d’un paradoxe. Et c’est là la faiblesse de ce texte : il est trop pointu, du moins pour moi. À moins de connaître le sujet, impossible de comprendre l’action, les tenants et les aboutissements. Déjà, je ne maîtrise pas le concept « d’entropie », alors, la suite… je suis obligée de lire de loin, de tenter une explication, mais j’avance à tâtons.
Donc, étoffer votre nouvelle par une vulgarisation des principaux thèmes abordés serait particulièrement intéressant : je pourrais comprendre et apprendre, et ça, j’adore.
Ah, si, j’ai trouvé le jeu de mot sur Hawkins, mais pas de quoi triompher… je crois savoir que ses travaux portent (notamment) sur les trous noirs et l'entropie, mais pour la suite... impossible de mieux comprendre, si ironie ou humour il y a.
Je pense que vous avez la technique d’écriture, reste à inventer une histoire plus étoffée pour mélanger intrigue et savoir.
Une lecture plaisante, mais qui me frustre : j’espère qu’en forum vous m’expliquerez…

   Anonyme   
22/2/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonsoir,

J'avais écrit un commentaire plutôt long qui essayait d'expliquer de quoi il s'agit - selon moi - mais j'ai pris un peu trop de temps et le tout s'est perdu dans un autre Univers.

Bien, je vais donc raccourcir :

Entropie et Energie Noire provoquent l'expansion de l'Univers dans lequel nous vivons. Or, Nyx commande à Lux d'éliminer justement assez d'énergie noire tout en maintenant une certaine stabilité afin de maintenir assez de matière ordinaire et créer son propre Univers, absolument stable. De ce fait cet Univers ne pourra jamais être en expansion et perdurera à jamais.

C'est ce que j'ai compris.

Bien à vous,

Wall-E

   Anonyme   
24/2/2015
 a aimé ce texte 
Pas
Bonjour,
Je viens de relire un livre d'Hubert Reeves qui écrit qu'un univers en expansion ( comme le nôtre) est en mesure d'augmenter indéfiniment son entropie, et c'est pour cela que notre univers est si créatif. Alors c'est quoi leur problème dans cette histoire. Je pense que je n'ai rien compris.
D'accord, c'est une belle écriture qui m'a accueilli ici, mais vite je me suis retrouvé en un drôle d'endroit où des milliers de miroirs montraient mon reflet et semblaient tendre vers moi des doigts moqueurs en criant: "oh le gros nul !!".
Si la majorité des lecteurs des plus grands noms de la S.F (tels que Herbert, Asimov, Clarke, Van Vogt, Silverberg, Heinlein) avaient été aussi peu capable de comprendre leurs oeuvres que moi je le suis aujourd'hui avec votre nouvelle, je pense qu'ils n'auraient jamais eu le succès qu'ils ont connu. En clair, pour qu'une histoire soit "bonne", à mon avis, faut-il encore qu'elle puisse faire tilt dans une cervelle. En ce qui me concerne, le petit tilt aurait bien voulu sonner mais j'ai plutôt eu cette désolante impression qu'il s'agissait du gros tilt du flipper( des années 80) qu'on a un peu trop secoué. J'ai disjoncté quoi. S'il vous plait, un peu de compassion pour les pauvres lecteurs que nous sommes. Descendez un peu de vos trop hautes sphères et offrez un peu plus clairement votre divin nectar.
Désolé, mais pour moi une boite d'aspirine ne suffira pas...

   Anonyme   
24/2/2015
 a aimé ce texte 
Un peu
J'ai eu une période où je me suis passionné pour l'astrophysique et son pendant infinitésimal la physique des particules. J'ai dévoré avec délectation maints ouvrages de vulgarisation sur la question complexe et déroutante de l'origine de l'univers et de notre présence ici-bas. J'ai donc lu avec intérêt votre nouvelle, audacieuse, qui tente d'exploiter ces notions de façon romancée. Las, je ne suis pas sûr que le pari soit réussi. Même avec mes connaissances, succinctes il est vrai, je me suis retrouvé rapidement largué dans le cosmos. Il aurait fallu que je me replonge dans mes livres, corvée qui ne m'enchantait guère ! C'est donc mon reproche principal, la complexité de votre récit, qui bloque la compréhension du lecteur et empêche de l'apprécier à sa juste mesure. Exercice délicat que la science-fiction. Utiliser des paradigmes mais à petites doses, au risque de ne parler qu'à soi-même ou à un public averti.
Je pense que vous teniez une bonne idée mais trop poussée, trop ardue, décourageante finalement.

   molitec   
9/3/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Le narrateur qui se retrouve dans ce qui reste de son univers, un coin à l’ abri, jusque la, d’un trou noir qui avait tout englouti, essaye de lutter contre l’entropie (désordre d’information du contenu de son univers et qui est suppose grandir avec le temps qui passe) et de remettre de l’ordre dans ces particules ou informations afin de pouvoir reconstituer la matière de son monde, ce qui semble une mission très complique voire impossible, comment va t ’il faire?, cette intrigue avait tout de suite éveille ma curiosité.

Dans la suite des événements, ça s’annonçait difficile de comprendre un tel processus, mais j’avais choisi de me mettre un peu a la place de Charles, qui avait besoin de réponses et de clarifications, tout comme moi ; je ne suis pas certain d’avoir tout compris , mais je crois que le personnage avait tente de recréer Charles Hawkins (une copie mentale de lui même)et de l’introduire par la suite dans son nouveau monde reconstitue, et que ce personnage est inspire d’un certain Stephen Hawking, le scientifique et physicien, (pour faire un test, afin de ne pas le faire avec son propre corps physique) ce qui expliquerait le changement dans les dialogues : des questions réponses du début on passera a un échange plus équilibré (les deux se comprennent, quand les souvenirs du scientifique seront enfin complètement reconstitues dans l’esprit de Charles).

En ce qui concerne la chute, j’avais senti que le narrateur semblait commencer a douter un peu de sa stratégie, et qu’il allait être dépassé dans ces prédictions par le personnage crée (reconstitue), qui est lui même ou sa copie , on ne saura pas si ça allait réussir ou pas.
Malgré les quelques doutes sur ma compréhension en général, j’ai aime l’écriture, les dialogues, l’introduction, c’était une lecture plaisante et intéressante ; cependant il y avait deux mots clés selon moi : entropie et Hawkins, mais si le premier ne pose pas de gros problèmes, le deuxième n’est pas vraiment évident malgré son importance dans l’histoire, car je crois qu’il n’y avait pas d’autres indices concernant ce personnage, et j’aurais préféré moins de nuances autour de ce personnage, ou plus de détails, sinon plus d’information sur le passe lointain du narrateur lui même.
Merci pour cette lecture.

   Acratopege   
28/3/2015
 a aimé ce texte 
Bien
Jolie mouture humoristique de la Genèse. Les dialogues sont percutants, font penser sous le couvert de la légèreté. Pas très réaliste qu'un jardinier s'exprime ainsi, mais enfin, le genre le permet. J'ai pensé aussi à Matrix, sans les effets spéciaux. En bref, un dialogue philosophique plaisant sur une thématique universelle, mais joliment représentée.
Nyx et Lux, ces noms sont-ils tombés du ciel, ou bien faut-il chercher un sens? Linux peut-être...mais il manque le y.
Merci pour ce bon moment.

   Donaldo75   
16/4/2015
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Ce texte est très ambitieux dans la réflexion qu'il demande. Ce n'est pas spécialement un handicap sauf qu'il utilise des concepts (entropie, énergie noire, expansion de l'univers) signifiant quelque chose de précis dans le langage des astrophysiciens mais pas celui des simples mortels, aussi cultivés soient-ils. Je comprends donc qu'il paraisse hermétique à certains lecteurs.

Ceci dit, dans mon cas, je l'ai trouvé intéressant même s'il s'appuie sur des théories (l'énergie noire en est une belle, un exemple de modèle créé pour expliquer l'incompréhensible, sans apporter la moindre preuve de son existence) qui risquent fort d'être battues en brèche dans quelques années. C'est le risque avec la science-fiction, surtout quand elle flirte avec la philosophie (qu'il y avait il avant notre Univers ? qui nous a créé ?).

Au final, c'est une belle construction intellectuelle, comme l'énergie noire ou la théorie des cordes, un peu froide cependant, très théorisée, à la limite du cours de logique.

   Ninjavert   
16/6/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Hello Shepard !

Un texte intéressant, même si je rejoins plusieurs lecteurs sur le fait qu'il est un peu abrupt et fait appel à des notions loin d'être évidentes.

Ça a remué pas mal de mes vieux souvenirs d'astrophysique : la constante cosmologique, l'entropie, les différentes théories autours des multivers (qui peuvent être des projections), les bulles, etc.

Bref, c'est extrêmement riche pour un texte aussi court. Et pas mal austère aussi, du coup, pour qui n'est pas fan de SF bien pointue.

Ceci dit, il n'y a pas de sous-catégorie sur Oniris, donc on ne peut pas te reprocher de n'avoir pas suffisamment vulgarisé : ce type de textes a un public.

En ce qui me concerne, je pense avoir saisi l'essentiel, même si la narration est parfois un peu confuse (par exemple, par moment on a l'impression que le narrateur est Nyx, qui contrôle Lux (son "coeur"), mais il est dit dès la première phrase que Nyx est le monde du narrateur ("Mon monde est une petite Lune. Nous avions l'habitude de l'appeler Nyx").

Bon, ça peut être un complexe Napoléonien, après tout si j'étais une sorte de machine pouvant contrôler mon univers, je me donnerai peut être du "nous" aussi. Mais quand Charles lui dit "Nyx, c'est ça ?" et que le narrateur répond "Oui", ça rend le tout un peu confus.

Ceci pour dire que la narration, dont le cadre n'est pas très clair (au sein d'une sorte de machine, dont on ne sait pas trop ce qu'elle est ni fait au début, et dont l'existence même des principaux protagonistes est douteuse), ajoute des difficultés de compréhension à une histoire déjà assez complexe.

Le personnage de Charles est sympa. J'aime assez le contraste entre les éléments très factuels qu'on connaît de lui (il est jardinier, sa famille, etc.) et sa nature profonde et son rôle, assez énigmatique jusqu'aux dernières lignes.

Le narrateur (Nyx du coup, je suppose), est lui plus complexe à appréhender. J'ai eu un peu de mal à m'y identifier, ce qui n'est pas si déconnant vu la forme de vie qu'il représente... mais en usant d'une narration à la première personne, c'est un réflexe naturel et on manque clairement d'info sur lui pour parvenir à s'y identifier. J'ai donc suivi toute la nouvelle dans une sorte de dédoublement de personnalité, comme si je suivais l'histoire hors de mon corps :) (expérience intéressante malgré tout).

L'écriture est simple, efficace. C'est bien vu car malgré la complexité du propos tu arrives à nous emmener au bout (moyennant quelques connaissances de base sur le sujet).

Si je devais résumer :

SF pointue, qui fait appel à des notions pas évidentes. Clairement pas pour tous les publics, ce qui n'est pas un reproche.

Narration un peu confuse, qui rajoute de la complexité à une histoire déjà pas évidente. Ce point pourrait probablement être optimisé, pour apporter un peu plus de clarté à l'ensemble. A côté de ça, Nyx semble être par essence un personnage complexe à appréhender... donc là encore, ça m'a perturbé à la lecture, mais ça contribue à ce côté "insaisissable" qu'on pourrait attendre d'un tel être.

Sur le fond, j'aime beaucoup cette intrigue autour de la fatalité d'un univers en expansion, voué à tellement s'étirer qu'il ne peut en rester qu'un ciel d'encre, vide et sans vie. La quête de Nyx, visant à restaurer son monde, via des expérimentations improbables, le tout teinté d'un soupçon de cosmogonie... et une chute qui nous laisse libre de toute interprétation : Charles va-t-il disparaître en contemplant son univers ? Nyx aura-t-il fait tout ça pour rien ou parviendra-t-il à recréer son univers d'origine (customisé à son goût, faut pas déconner) ?

Au final, ça reste un peu trop conceptuel à mon goût, et vu la complexité des notions abordées, il aurait peut être fallu délayer un peu la nouvelle pour amener les infos de manière un peu moins dense.

Si je devais faire le malin, je qualifierai ta nouvelle de "big crunch" : énormément de choses condensées en un tout petit bout de texte. Passionnant, mais à la limite de l'indigeste.

Merci en tout cas, c'est pas de la SF facile, mais j'ai passé un très bon moment :)


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