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Fantastique/Merveilleux
Shepard : Exorbité [concours]
 Publié le 17/09/15  -  21 commentaires  -  13255 caractères  -  225 lectures    Autres textes du même auteur

Un œil averti en vaut deux.


Exorbité [concours]


Ce texte est une participation au concours n°19 : T'as de beaux yeux, tu sais ! (informations sur ce concours).



Au moins mille ans, peut-être plus, le compte exact ne lui importait plus vraiment. L'endroit paraissait grand aux premiers abords, une caverne creusée dans la roche, s'étendant sur un hectare et envahie par la végétation. Un trou perçait le plafond au centre, déversant tantôt de la lumière, tantôt de l'obscurité, jamais une étoile. Le moindre recoin de cette prison lui était familier. Ses ongles avaient gratté ce qu'ils pouvaient, mais sous la terre meuble dormait un lit de roche. Lors de ses tentatives d'escalade il était mort plusieurs fois, se brisant les os dans d'acrobatiques chutes. Si le manque de sanité lui faisait perdre le sommeil, il lui arrivait de se suicider pour dormir un peu et oublier le temps. Hélas, ça ne durait pas.


Heureusement, il y avait les yeux. Et aujourd'hui, une nouvelle paire venait d'arriver.


Cette fille-là était déboussolée, comme les autres, comme les hommes aussi, ça ne faisait aucune différence. Ils arrivaient dans la caverne et ne se rappelaient de rien, les souvenirs arrachés. Ils ne tombaient pas par le trou, non, ils apparaissaient simplement dans un endroit hors de vue, puis ils débarquaient entre deux buissons. La fréquence d'arrivée était très variable, mais espacée de plusieurs années.


Elle n'osait pas bouger. Lui, il grattouillait le sol avec un bâton, marmonnant dans la langue qu'il avait inventée, le langage d'Iul. Les deux êtres restèrent ainsi pendant un bon moment, l'une anxieuse et l'autre impatient mais impassible.


– Quel est cet endroit ?


Cette brune-là était directe. Même pas un « bonjour » hésitant. Elle sut utiliser son silence à bon escient et inspirer son courage. Il leva ses yeux, couleur poussière, sales comme le reste de sa figure aux poils sauvages. Le sourire franc qu'il servit révéla une dentition déplorable. Il souriait car il connaissait le langage de cette femme, mais il ne savait plus pourquoi.


– C'est la caverne, croassa-t-il.


Elle fixa le plafond, fit le tour d'un regard, mais ne se démonta pas.


– Je reformule : où est-ce que l'on est ? Pourquoi je suis là ? Qui êtes-vous ? Pourquoi je ne me rappelle de rien ?

– Oh ! Oh !


Il s'agita, se balança et gratta un peu plus fort la terre.


– Hé le vieux, ça va pas bien ?

– Moi ?


Un rire lui explosa la poitrine, il se serra le ventre et laissa couler ses larmes. Le liquide salé laissa deux profonds sillons de crasse en travers de sa trogne.


– Tu ne crois pas si bien dire, gamine ! Oh, viens t'asseoir à côté de moi, viens, viens !

– Sans façon, elle croisa les bras, j'aimerais des réponses, plutôt.

– Oh oui ! Oui, bien sûr... Les questions ! Toujours les mêmes. Toujours les même réponses, aussi. Mais pas toujours de la même manière, c'est vrai. Oh, mais regardez ces yeux, ces yeux !


Appuyé sur son bâton, l'immortel s'approcha avec vivacité. L'odeur rance qu'il dégageait agressa les narines de la femme qui recula. Le fumet pourri était si fort qu'elle s'en étourdit.


– Bon sang, mais tu schlingues ! T'approche pas !

– Hi hi ! Excuse-moi gamine, pardonne, pardonne, je ne voulais pas puer comme ça ! Mais ces yeux !


Il se frappa la tête, se tira la peau et geignit, il n'en pouvait plus d'attendre. La frustration, la colère, il gratta les croûtes à l'arrière de son crâne, stigmates d'une mort récente, et apprécia le mélange de douleur et de jus de chair. Elle s'était éloignée un peu plus, sur la défensive.


– Oh OK, on va faire les présentations avant. Mon nom c'est Iul. Iul, juste Iul. Trois lettres, i, u, l, Iul. Un peu comme...

– Ça va, j'ai compris. Je ne me rappelle pas du mien, alors je choisis Nessa. Et, avant quoi ?

– Hmm... Comment te dire, gamine...


Droite, gauche, Iul se balançait comme un manchot. Il passa sa langue sur ses lèvres craquelées et déglutit plusieurs fois. Les mots n'étaient pas toujours faciles à trouver pour l'annonce à venir.


– Ces yeux, il me les faut.


Elle fronça les sourcils, il exulta, le regard méchant, il adorait. Un soupir d'extase s'échappa de l'homme desséché.


– Tu veux mes yeux ?

– Oh, oh, oui, s'il te plaît !

– Va te faire, putain d’enfumé ! Tu auras ni mon cul, ni mes yeux.

– Mais je veux pas ton derche, il s'approcha, juste les billes.

– Réponds à mes questions d'abord.

– Vrai ? Tu me donnes les billes après ?

– C'est ça...

– Oh, d'accord !


Ses pieds trépignèrent, soulevant une vague de poussière. D'une main tremblante il tira un long ossement pointu caché dans les restes de son pantalon. Nessa frissonna et sentit la sueur lui couler jusqu'aux talons, il lui fallait trouver une arme.


– Oh, alors, je ne sais pas pourquoi tu es ici, gamine.

– Ah...

– Et, oh, je ne sais pas ce qu'est la caverne, elle est là, et moi avec, c'est tout.

– D'accord...

– Pour la mémoire, bien, oh, aucune idée... J'ai perdu la mienne aussi, alors, oh...

– Ça ne m'avance pas beaucoup...

– Et je suis Iul, Iul, juste Iul, i,u,l, Iul...


Elle cassa une petite branche, rien de très menaçant. Le type approchait avec un air guilleret, chantonnant des syllabes incompréhensibles.


– Attends, encore des questions !

– Oh, on a pas dit ça ! On a dit ça ?

– Pourquoi tu veux mes yeux, vieux dégueu ?

– Bah, parce que c'est ma seule distraction !


Nessa vira au livide, l'ensemble de sa peau blanchit. Elle recula, il accéléra un peu le pas. La fille prit ses jambes à son cou et il bondit avec une rapidité insoupçonnable. Sa main squelettique se referma sur la nuque de sa proie et il tacla les genoux exposés, se laissant tomber avec sa cavalière. Elle hurla et le bourra de coups, sans succès, il la maîtrisa en rigolant, s'asseyant sur le torse compressé.


– Laisse-moi ! Non !


Iul plaqua la paume de sa main sur le front de la brune, avec douceur et fermeté il avança l'os aiguisé vers un œil exposé qui se ferma par instinct.


– Toudoum, toudoum, bouge pas gamine ! Un seul ça suffira, je te laisse l'autre, promis !

– Grrrr !


Le grognement laissa place à un cri à glacer les sangs. La pointe découpa la paupière et il arracha le bout de peau d'un mouvement sec. Il se rappela de sa première fois, si laborieuse. Avec l'expérience, il ne lui fallut pas plus d'une dizaine de secondes pour extraire le précieux globe et couper les nerfs sanguinolents. Un flot épais s'écoula de l'orbite vide, noir comme du goudron. De façon étonnante, Nessa vivait toujours, et son œil grand ouvert souhaitait la pire des morts à son agresseur. Il relâcha sa prise mais elle était trop faible pour bouger.


– Oh, oh, tu étais d'accord, alors, oh... enfin !


Il se redressa et contempla le magnifique organe aux iris charbonnées. Fébrile, il glissa ses ongles autour de son œil droit et entreprit de libérer son propre globe. Même avec l'habitude, il grimaça un petit peu, les étoiles dansèrent puis il perdit complètement la moitié de sa vision. Ayant les deux mains occupées, il dut tirer comme un forcené sur le nerf pour le faire céder. Princier, il jeta son œil sur la poitrine de Nessa.


– Oh, gamine, tu peux prendre celui-ci si tu veux ! Oh, ha, ha, ha !


Précautionneusement, il déposa le globe de la fille au creux de son orbite mutilé. D'abord il ne se passa rien, puis au bout de quelques secondes, son corps immortel se régénéra à vue d’œil. Les tissus se resserrèrent, des picotements agréables parcoururent la moitié de son visage. Un ultime sourire béat illumina la face ensanglantée et l'homme tomba sur le cul, sonné. La vie de Nessa défilait dans son crâne, nette. Des paysages magnifiques, des forêts, des villes tentaculaires, des endroits où il ne pourrait jamais mettre les pieds. Des masses de personnes, agenouillées, qui priaient avec ferveur. Nessa était gigantesque, statue de roche ou de métal, vénérée et crainte sur de nombreux mondes. Elle vivait dans un palais à la surface d'une étoile, un endroit à l'architecture étrangère et intemporelle. C'était un être de toute puissance, Nessa était une déesse. Iul absorba cette existence hors du commun, jamais il n'avait vu de si belles choses. Un déclic se fit dans son crâne, un souvenir, cette vie ne lui était pas inconnue. Mais l'ersatz de mémoire lui fila entre les doigts et il replongea dans l'abîme de vie. Le diaporama continua des heures, un trip comparable à la prise de drogues dures. Alors que Iul dérivait parmi les images orgasmiques, il s'approchait de la fin de la bande, les couleurs s’effilochaient, Nessa avait eu un accident. Le choc, la douleur, les pertes de mémoire, des parcelles manquantes puis un film blanc. Un accident qui tue une divinité ?


Il ouvrit les yeux, embrumé, le cerveau cotonneux. Un violent coup de poing s'abattit sur son visage paisible.


– Connard !


Iul gémit et se roula en boule alors que les coups de pieds pleuvaient. L'averse se tarit après une ultime rafale qui lui visa les reins. Vaincu, il s'éloigna en rampant, osant à peine regarder par-dessus son épaule. Nessa était toujours là, bouillante de colère. Mais surtout, elle avait deux yeux surplombés de sourcils bien froncés.


– C'est de ta faute si je suis ici, vieux taré !


La femme enragée s'approcha encore, mais l'homme fila hors de portée, se cachant entre deux buissons.


– Oh, non ! Le pauvre Iul n'a rien fait de tel ! Oh ça non !

– J'ai pris ton œil, imbécile, j'ai tout vu.

– Tu as vu ?

– Très clairement.


Un sourire carnassier soutint le regard dur de Nessa. Iul, bien qu'immortel, frissonna. Il se sentit vide de force, faible, il se prit la tête et renifla.


– Oh, dis-moi ce que tu as vu, dis-moi !


Elle éclata de rire, moqueuse, distordue d'arrogance.


– « Oh dis-moi, dis-moi », mais qu'est-ce que tu peux être pathétique ! Tu as été pathétique toute ton existence. Si tu es ici c'est uniquement à cause de ta propre stupidité ! Le pire, c'est que tu ne t'es pas contenté de pourrir ta seule vie, mais aussi celle de beaucoup d'autres, comme moi.


En colère, il frappa le sol de ses poings, s'entaillant la main sur une pierre. Des larmes perlèrent le long de ses yeux. Il voulait savoir, savoir pourquoi. Ses doigts rageurs grattèrent le sang séché sur ses joues, il commença à s'arracher les poils de sa barbe.


– Oh, moi je sais qui tu es, gamine. Je le dis... Si tu me dis...

– Bien sûr... Bien sûr. Mais TU parles en premier.

– OK, OK, oh... Tu le promets ? Je le promets, oh...

– Abrège !

– OK, alors, OK, tu es une déesse, gamine.


La femme haussa un sourcil.


– Oh, et, sept mondes louaient ton nom, ou louent encore ? Ta maison se dressait, dresse, sur un soleil, elle est, était, si grande qu'elle se confond, confondait, avec l'horizon... Oh c'est assez ?


Elle se massa les tempes, des fragments de mémoire flottaient dans la soupe de son oubli.


– Dis m'en plus, ce n'est pas assez.

– Oh... Tu es mère de centaines d'enfants qui n'ont pas de père. Tu punis ceux qui te déçoivent. Tu es sévère, oh oui, tu es très, très sévère...

– Plus...

– Oh, ton favori s'appelle Eréon... Oh, ton nom, ton vrai nom à toi, c'est Sol. Juste Sol, s, o, l, Sol.


Le nom frappa Nessa en plein cœur. Son existence lui revint sur l'instant. S'ensuivit une cascade de souvenirs. Elle savait qui elle était. Elle savait comment elle était arrivée, et comment repartir grâce à l’œil de Iul.


– Très bien, vieux débile. Tourne-toi, je vais te raconter une longue histoire.


La carcasse moisie de l'immortel obéit sans réfléchir. Il souriait, pleurant à chaudes larmes.


– Oh, tu sais, gamine, oh, tu as les plus beaux yeux que j'ai essayés !


Nessa ricana tout en ramassant une grosse pierre.


– Tu es à l'origine de cet endroit, la caverne.

– Oh, oh...

– Il y a une défaillance.

– Oh...

– Arrête de m'interrompre.


Elle fit un pas.


– Tu sais comment partir d'ici. Mais tu l'as oublié à cause de cette défaillance. Tu étais un dieu toi aussi...


Le dos de Iul se tendit, un mauvais courant d'air lui glaça la nuque.


– ...Le dieu des imbéciles !


L'énorme roche s'abattit sur le crâne exposé. Une fois, deux fois, la troisième éclata l'os et dispersa des morceaux de cervelle. Nessa soupira d'aise et ajouta encore quelques coups pour la forme, mélangeant la salade de matière grise.


– Œil... Pour œil !


Elle lâcha son arme et se mit à rire de sa propre blague. Elle reprit sa contenance et se dirigea vers le nord de la caverne. Il était temps de quitter cet endroit, avant que le propriétaire ne revienne à lui.


Il fallut plusieurs heures à Iul pour se réveiller avec un mal de tête carabiné. Quelques secondes lui suffirent pour qu'il se rappelle de la situation et il bondit sur ses jambes. Il courut, retourna les lieux de fond en comble, haletant, enragé, Nessa avait disparu. Un long hurlement déchira sa gorge, il frappa la pierre jusqu'à s'en briser les mains. Après la colère, il essaya de coller les bouts de souvenirs distillés par la traîtresse. Rien d'évident ne lui revint. Son esprit bouillonnait, la douleur morale devint insoutenable. Las, il décida de se suicider pour le moment. Encore.


 
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   costic   
21/8/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Beaucoup aimé l'idée, l'écriture, le tempo, les dialogues. Nouvelle pleine d'humour.
En particulier la façon d’épeler les noms, les descriptions peu ragoutantes de IUL,les morts réitérées vues comme de légères siestes...
J'aurais peut-être aimé en savoir un peu plus sur l'apparition de cette caverne...un bon moment de lecture et de détente.

   hersen   
23/8/2015
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Si ça ne dérange pas le lecteur d'être dans le flou quasi total, alors cette nouvelle peut plaire. Mais pour moi, j'ai besoin que l'histoire soit davantage paramétrée pour ne pas penser que ce sont des actes gratuits sans grande signification.
Même si nous sommes dans la catégorie fantastique:merveilleux, l'histoire doit se tenir d'elle-même, on peut ne pas être rationnel mais on se doit de suivre une logique propre à l'histoire.
Je ne l'ai pas trop trouvée ici, j'ai bien peur d'être restée au bord du chemin.

Merci de ce partage.

   Bidis   
24/8/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément
Ce texte a un côté tellement réaliste que j'ai regretté qu'il se soit s'agit de dieux et de déesses. De toute façon, je préfère quand au fantastique se même le réalisme ordinaire, mais c'est affaire de goût. Bien sûr, cette nouvelle n'en démérite pas pour autant et je la trouve prenante, bien écrite et, surtout, extrêmement originale.

   wancyrs   
30/8/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
La rencontre entre Frodon Sacquet et Golum, voilà ce que m'évoque ce texte. L'ensemble réussit à créer une vrai ambiance, on dirait un vrai film qui se déroule devant nos yeux. Je déplore un peu le manque d'originalité... déjà la scène fait penser un peu trop au Seigneur des anneaux, mais l'immortel qui a besoin, pour continuer à vivre, de l'organe d'un tiers est du déjà vu avec Quentin Mc Leod

Bonne continuation

   Agueev   
17/9/2015
J'ai beaucoup aimé cette nouvelle. Elle très bien écrite et les dialogues sont plein d'humour. Même s'il est vrai que l'on pense au personnage de Gollum à travers Iul, l'histoire demeure pour moi originale.
Merci !

   Anonyme   
17/9/2015
 a aimé ce texte 
Bien
Je n’avais pas pensé à Gollum en lisant cette histoire…maintenant que j’ai lu les commentaires précédents, en effet la ressemblance est là.
L’idée de l’œil exorbité est bien trouvée dans le contexte de ce concours.

Ce que j’ai eu du mal à cerner c’est la personne de la victime qui finit bourreau.

D’abord parce que dans cette situation toute personne ordinaire (mais l’est-elle ?) serait catastrophée, apeurée, paniquée ou interloquée or (peut-être à cause de la brièveté de la nouvelle (forcément)) je trouve qu’elle passe vite de la stupeur à une certaine décontraction et même à de la prestance face au monstre en face d’elle.

Par exemple, elle se choisit vite fait nouveau nom, car elle en se souvient pas du sien.

Ce qui m’étonne aussi c’est que sachant que « Ils arrivaient dans la caverne et ne se rappelaient de rien, les souvenirs arrachés. » comment Lul peut se servir de leurs yeux pour profiter de leurs souvenirs ? Bon c’est du fantastique alors soit...ou bien au passage leur mémoire passe toute entière dans leurs yeux...

Ensuite pour celle qui se révélera avoir été une déesse je trouve son langage un peu trivial « – Va te faire, putain d’enfumé ! Tu auras ni mon cul, ni mes yeux. », de même que Lul « – Mais je veux pas ton derche, il s’approcha, juste les billes. » qui maîtrise encore bien les différents registres de la langue qu’il ne se souvient pas savoir parler…

Elle aurait pu tout aussi bien dire « Laissez-moi tranquille cher monsieur ! Ou je crie ! » ;o)

La fin m’embrouille si je veux savoir qui est qui, et ce qui se passe…

L’idée de départ est très bonne dans le contexte du thème du concours…(je me répète), ensuite il me semble que ce renversement de rôles était inutile ou alors aurait du être mieux expliqué (le : qui est qui) ce qui aurait peut-être demandé un texte plus long.
Donc on sait assez vite que le sel de la nouvelle c’est le fait de l’œil arraché, ça c’est fort, mais ensuite vers le retournement de la fin…je ne suis pas bien. Peut-être n’ai-je pas tout compris…

D’une certaine façon le titre vend aussi un peu la mèche…et donc avec peut-être un titre moins parlant et réserver l’arrachement de l’œil et le trip de Lul pour la chute du texte aurait rendu la nouvelle plus percutante…

Malgré ces quelques critiques j’ai assez apprécié votre nouvelle.

Cordialement

C.

   Pepito   
17/9/2015
Bonjour Shepard !

Forme : ça craque sous la dent dans pas mal d'endroits. Comme un manque de relecture ou de laissez-aller à la facilité (ou au trop bien faire ;=).

''Nessa vira au livide, l'ensemble de sa peau blanchit.'' et devient pâle...
'' s'asseyant sur le torse compressé'' avant de s'assoir il est pas compressé.
''le langage d'Iul'' cela arrive un peu tôt
'' fit le tour d'un regard'' ?
''Le fumet pourri était si fort qu'elle s'en étourdit.'' elle est étourdie par le fumet, ''s'en étourdir'' est un acte volontaire
''Le grognement laissa place à un cri à glacer les sangs.'' je préfère se "transforma en"
''hectare'' ''un trip comparable à la prise de drogues dures.'' en dehors du champ lexical
''Un sourire carnassier soutint le regard dur de Nessa.'' c'est celui qui est en face qui ''soutient un regard"
''distordue d'arrogance'' ?!!
''Des larmes perlèrent le long de ses yeux.'' au coin (même si c'est archi revu)
"dans la soupe de son oubli. " "mélangeant la salade de matière grise" en route pour le guide Michelin ? ;=)
''une grosse pierre'' > ''L'énorme roche s'abattit''
'' pour qu'il se rappelle de la situation'' formulation dérangeante

Puis des choses sympas :
- ''il lui arrivait de se suicider pour dormir un peu et oublier le temps''
- ''apprécia le mélange de douleur et de jus de chair.''

Fond : haaaaaaa ! D'abord pas de pleurnicheries sentimatalo-nian-nian, ça part bien. Ensuite on ne sait pas ou on est, de mieux en mieux. Des personnages bien tordus, biens vivants (même si morts). Un retournement de situation salvateur. Un fin ouverte...

Une très bonne nouvelle ! Malgré les bruits de mastications, j'ai tout lu d'une traite. Avec grand plaisir.

Pepito

   Anonyme   
17/9/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bon, moi aussi et sans lire les commentaires précédents, j'ai tout de suite songé au Golum. Les références sont évidentes, déjà la grotte ! Mais c'est bien parce qu'on donne une image au vieux.
L'histoire m'a beaucoup plu, originale, à mi-chemin entre le fantastique et l'horreur. Les souvenirs qui se transmettent avec l'œil, jolie trouvaille. Rien à dire sur l'écriture que je sais assurée.
Quelques critiques néanmoins. Vous mélangez les genres, les attitudes, et le récit en pâti un peu : divinités qui s'expriment comme des charretiers, Nessa qui devrait être terrorisée mais finalement pas trop, la mutilation vite oubliée...
Je pense que la scène aurait gagnée en puissance, en tragique, si vous l'aviez maintenue dans un cadre strict. Par exemple un vieil ermite cinglé, planqué dans une caverne, qui enlève des jeunes filles pour leur arracher un œil. Sûr que des lecteurs auraient blêmi ! J'imagine que vous vouliez quelque chose de plus léger, ou bien édulcorer l'horreur, alors qu'à mon sens il fallait aller jusqu'au bout.

   AlexC   
17/9/2015
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Salut Shepard,

J’ai été enveloppé par cette histoire intrigante qui avait tous les ingrédients d’un mythe antique au goût du jour. Le style est plutôt fluide, le rythme maitrisé, rien ne nous écarte de l’intrigue qui pousse le lecteur dans une attente de plus en plus insoutenable. On veut savoir ce qui va se passer et en ce sens le récit est une réussite absolue.

Plusieurs points m’ont cependant très fortement perturbé. Iul a eu de nombreux visiteurs, des paires d’yeux sur lesquelles il s’est entrainées et qui sont sa distraction. Comme Nessa peut aussi se régénérer, tout laisse penser que les précédents visiteurs aussi pouvaient le faire, or s’ils ne sont pas là, c’est qu’ils se sont enfuis, qu’ils ont comme Nessa trouvé la sortie grâce aux souvenirs du vieux, sans pour autant le lui dire. Mais dans ce cas, pourquoi cela ne le choque pas qu’ils disparaissent ? Et surtout, cela veut dire qu’avant de partir tout le monde laisse l’œil d’Iul dans la caverne, puisque celui-ci dispose de ses deux yeux originaux… Ce qui implique qu’il parte avec un œil en moins, voire deux (plus compliqué) car je doute qu’Iul rende l’œil volé comme cela… Bref, tout cela est bien complexe. La logique la plus simple aurait voulu que Nessa soit la première à trouver la sortie de cette manière et que tous les autres aient été tués par Iul. Mais alors comment expliquer qu’elle se régénère ? Il faudrait sans insister là-dessus en soulignant par exemple qu’une déesse est immortelle...

Quelques remarques :
-La transition après le premier paragraphe m’a fait tiqué. Vous finissez par Hélas, ça ne durait pas. Et recommencez par Heureusement…
-Nessa n’a pas un langage très princier…
-Iul est immortel, il dispose d’une régénération cellulaire qui lui permet à la manière de Wolverine de se remettre de blessures mortelles, mais ils gardent des cicatrices ?

je tique :
-“un trip comparable à la prise de drogues dures.” je trouvais que ce passage contrastait avec le reste du récit
-“Elle lâcha son arme et se mit à rire de sa propre blague."

je jubile :
-“ses yeux, couleur poussière”

Merci pour cette étonnante lecture. A bientôt.

Alex

   Anonyme   
17/9/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Excellente nouvelle, si j'ose dire...

Ecrire une nouvelle de ce niveau demande une maîtrise toute particulière de ce style d'écriture vraiment à part : se baser sur une intrigue... et une seule, aller à l'essentiel, pas trop de description, 1 à 2 personnages principaux, voir 3 maxi, etc.

Il n'est pas si simple d'écrire cela, pourtant vous y avez réussi haut-la-main !

Une nouvelle digne d'être publiée dans un véritable recueil d'une véritable maison d'édition, alors n'hésitez pas !

   alvinabec   
17/9/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Bonjour Shepard,
Récit original où entre -et c'est bienvenu- le rire dans la situation évoquée.
Les deux protagonistes en miroir inversé m'ont bien plu.
Du rythme, des dialogues enlevés, voilà qui nous donne un texte "punchy"
Beaucoup aimé l’œil comme accès à la mémoire tout comme le suicide générateur de repos.
Bémol: prose desservie par une stylistique comme un accident de la route...Z'avez pas eu le temps de vous corriger ou quoi?
A vous lire...

   ameliamo   
18/9/2015
 a aimé ce texte 
Bien
Je veux faire une remarque, si l’action se passe dans une époque si ancienne, vois primitive, pourquoi on utilise dans le vocabulaire du personnage, des expressions moderne comme ok, par exemple.
Le découpage de l’œil, fait avec des détailles anatomiques spécifiques pour les temps modernes, c’est trop axé sur l’aspect de cruauté, pour impressionner le lecteur, probablement, mais l’effet est contraire. L’idée de l’échange des yeux pour connaitre le propre passé, et celle de se suicider pour se reposer, elles sont intéressantes. Je crois qu’il soit nécessaire encore de travailler pour peaufiner le texte, pour devenir une vraie nouvelle et dépasser le stade d’une histoire de dessine animé pour les gamins.

   Anonyme   
18/9/2015
Bonjour Shepard
Ce genre de littérature n'est pas ma tasse de thé, aussi ai-je apprécié votre nouvelle comme un mets exotique.
On se prend de sympathie pour ce monstre qui se suicide comme on va se coucher et qui nourrit une passion pour les yeux.
Ceux-ci sont donc " un élément déterminant de l'histoire et pas un simple détail de l'intrigue."

Merci Shepard et bonne chance pour le concours

   Blacksad   
18/9/2015
 a aimé ce texte 
Un peu
Je suis déçu. Du fantastique, de l'action, une intrigue un peu mystérieuse.... Je m'attendais à savourer... et non. Je n'ai pas accroché, je me suis presque forcé pour arriver jusqu'au bout.

C'est très subjectif j'en conviens. L'écriture est un poil trop vulgaire parfois pour moi mais ce n'est pas dérangeant, et c'est plutôt bien écrit au global malgré quelques grains de sables qui craquent sous la dent comme dirait Pépito. C'est vraiment l'histoire qui m'a laissé de marbre. Ces batailles pour des yeux qui permettent de se distraire au fond d'une grotte ne m'ont pas interpellé. Et j'ai trouvé le suicide permanent des immortels un peu réchauffé... bref, j'aurais adoré aimer ce texte mais ce n'est pas le cas.

Mais au plaisir sur un prochain texte !

   Acratopege   
18/9/2015
 a aimé ce texte 
Bien
Moi qui suis un fan de SF et de fantaisie, je n'ai pu qu'apprécier le thème de ce récit: la caverne, l'immortalité par vol d'organes, l'amnésie éternelle... Mais il m'a paru un peu incongruent de situer l'intrigue dans un monde mythologique. A mon avis, un contexte post-apocalyptique - cf les romans de Volodine - aurait mieux enrichi l'intrigue. Avis très subjectif, bien sûr. Il me semble aussi que le style mérite d'être un peu dégrossi pour que le rythme du récit soit plus fluide, en particulier dans les dialogues, qui m'ont paru un peu artificiels parfois.
Mais jolie réussite à partir d'une idée originale.
Merci pour cette lecture.

   Perle-Hingaud   
19/9/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Shepard,

Super ! Voilà une histoire qui m’a emballée en EL, je l’avoue. Je trouve l’idée principale astucieuse, j’apprécie le fait d’être plongée dans l’inconnu (au départ je n’y voyais goutte), de savourer le registre utilisé. On devine dès le premier paragraphe tout un monde fantastique, mais à nous de le comprendre. D’ailleurs, je n’ai pas tout compris (je détaille après), mais peu importe.

Dans les points moins positifs, j’ai trouvé le discours de Iul forçé par moment, « gamine » par exemple, ou dans les répétitions. D’un autre côté, cette « caricature » campe bien le personnage, puisque c’est une sorte de reprise de déjà lus / vus.

J’aurais tout de même bien voulu savoir pourquoi ils tombaient dans ce trou, ou plutôt pourquoi ils apparaissaient soudain derrière les buissons...

Si Iul échange ses yeux avec d’autres (donc ses yeux d’origine ont disparu ?), et s’il est amnésique de surcroît, est-il logique que Nessa puisse voir son ancienne vie avec le globe oculaire qu’il lui laisse ?

Elle ne récupère pas son œil à la fin ? Garder l’autre, beurk.

J’aime bien l’idée qu’ils soient liés, et la chute est parfaite de cynisme et d’humour noir.

Un très bon moment, merci !

   nemson   
19/9/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Quoi dire je vais pas m"étendre: Bonne écriture, bonne idée, bonnes images, se lit d'un trait sans ennui....bon quoi.

   carbona   
25/9/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour,

Tout d'abord, bravo pour l'écriture qui est très agréable, vous choisissez des mots là où on ne les attend pas, c'est réfléchi, c'est bien mené ! Pour ça, c'est impeccable !


Votre nouvelle m'a fait rire, vous décrivez très bien les passages "dégueulasses", c'est un délice, slurp ! L'histoire de l'oeil qu'il arrache est un vrai régal !

J'ai aimé le concept de l'oeil qui permet de voir défiler la vie de son propriétaire.

Je regrette en revanche qu'il s'agisse d'une divinité, ça ça ne m'a pas emballée, puis elle n'a pas le langage que je prêterais à une divinité.

Et on reste sur notre faim, car on aimerait bien savoir comment il faut faire pour s'échapper de cette grotte.

Bravo pour ce texte original et bien écrit !

   Pascal31   
3/10/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
J'ai lu d'une traite cette nouvelle fantastique. J'ai jeté un œil (!) sur les commentaires précédents mais même sans cela, j'avais également pensé à Gollum dans sa grotte (l’œil remplaçant l'anneau, en l'occurrence). J'ignore si la ressemblance est ou non volontaire. Quoi qu'il en soit, ça ne gâche en rien l'histoire, que j'ai pris plaisir à lire. Quelques passages glauques (l'extraction de l’œil), adoucis par un humour qui fait mouche. Un récit rythmé et efficace.
J'ai vraiment beaucoup aimé. Bravo !

   nemson   
15/10/2015
Commentaire modéré

   aldenor   
26/10/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Un angle original, mythologique, cosmique, pour le thème du concours. Le récit est fort et évocateur. Mais vous oscillez dans son traitement entre le grotesque - de certains dialogues en particulier - et le grandiose. Comme si vous n’étiez pas sûr du ton que vous voulez prendre.
NB : On ne comprend pas pourquoi la mémoire « des yeux » ne fonctionne que lorsqu’ils changent de propriétaire...

   YvanDemandeul   
6/11/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Troublant, cet univers clos où déambule ce personnage fort, inspirant le dégoût et la pitié.
Intéressante, cette confrontation entre deux êtres totalement opposés.
Angoissant, le destin de ce monstre condamné à la réclusion perpétuelle.
Nouvelle agréable à lire, originale et bien écrite.


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