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Fantastique/Merveilleux
Skender : Courants contraires
 Publié le 19/10/23  -  6 commentaires  -  18615 caractères  -  91 lectures    Autres textes du même auteur

Un amour qui ne naît pas exactement dès le premier regard…


Courants contraires


Le clair de Terre projetait sa pâle lueur dans le froid éternel de la nuit cosmique. Depuis les glaces d'albâtre qui recouvraient chaque pôle jusqu'à l'ocre et au rouge flamboyant des déserts, les couleurs vives se succédaient pour former une palette idéale. Les écailles des massifs montagneux crénelaient çà et là l'étendue verdoyante des plaines, parfois recouvertes de leur voile de neige tandis que des nuages, d'une texture moelleuse pareille au coton ou s'effilochant le long des côtes, créaient un jeu d'ombres singulier. La Lune, installée aux premières loges, observait ce spectacle d'un œil privilégié mais elle n'avait d'yeux que pour un seul. Omniprésent dans sa majesté, secoué d'autant de soubresauts qu'étaient nombreux les courants tumultueux qui le traversaient, l'Océan se tenait là, devant ses yeux. Depuis les temps immémoriaux qu'elle l'observait, elle en connaissait les moindres détails. Il était capable des plus grandes colères, où dans un déchaînement baroque ses vagues fougueuses allaient s'écraser contre les falaises soulevant des gerbes d'embruns, comme de s'endormir du sommeil le plus apaisé, la surface de ses eaux si parfaitement immobile qu'elle aurait presque pu y observer son propre reflet. De cette masse d'eau sans cesse animée, la Lune sentait la présence magnétique. Pour peu, elle en était sûre, le mugissement rauque de l'Océan aurait pu parvenir à ses oreilles. Chaque jour, elle l'appelait, toutes ses pensées concentrées dans la volonté de le rejoindre. Lui aussi s'agitait frénétiquement, les eaux noires de ses crevasses les plus profondes comme celles de ses lagons d'un bleu cristallin mues par une force inconnue qui semblait devoir l'aider à la retrouver. Mais rien n'arrivait. Les siècles s'égrenaient, pareils aux jours, eux-mêmes pareils aux secondes sans que l'instant de leur rencontre survînt. Seulement aujourd'hui, lasse de cette attente, la Lune sombra dans un profond désespoir. Le chagrin se doublait d'une peur panique, celle de ne jamais pouvoir embrasser cet être si cher, le seul dont la présence avait une importance pour elle. Alors, lorsque les derniers rayons du soleil terminèrent de caresser son visage et pendant que celui-ci s'enfonçait dans l'obscurité, elle fit un vœu. De toutes ses forces, elle souhaita pouvoir se rendre sur Terre et rencontrer celui qu'elle chérissait.

Son réveil fut accompagné d'une sensation étrange, celle de s'être coulée dans un moule trop étroit pour elle. Sous son corps, un sol de terre battue sur lequel était posé un mince matelas, autour d'elle quatre murs de briques blanches liées par de la glaise. Sa nature surnaturelle lui permit de prendre rapidement la mesure de la situation : elle venait d'arriver sur Terre dans le corps d'un être humain, la forme de vie que l'on tenait pour la plus évoluée ici. Un bonheur immense lui fit tressaillir l'âme, son pouls battait la chamade et elle posa machinalement les doigts sur son cou pour en constater la vibration. Elle put également communiquer sans difficultés avec une femme qui se présenta peu après devant la porte de l'habitation et lui demanda si elle avait faim. Il devait être près de midi et un groupe de femmes se réunit dans une des maisons voisines pour partager un ragoût de viande et un bol de riz. Les autres travailleuses lui racontèrent qu'elles avaient passé la matinée à accomplir des tâches diverses : battre le riz rapporté des rizières par les hommes du village et qu'elles avaient d'abord mis à sécher, fabriquer des grands sacs en toile de jute et finalement préparer ce maigre repas. Elle écoutait avec attention, tout à la fois charmée par l'étrangeté de cette nouvelle vie et étonnée que ses interlocutrices ne soient pas plus surprises par sa présence. Elle se fit appeler Séléné, ne chercha pas à savoir de quelle manière elle était arrivée ici, à vrai dire elle le savait déjà. À travers l'unique miroir qui se trouvait dans cette baraque centrale, Séléné observa son reflet, celui d'une belle jeune fille à la silhouette élancée dont les bras d'une blancheur lactescente émergeaient du drap de laine beige dans lequel les villageoises l'avaient emmitouflée. Durant l'après-midi, elle les rejoignit dans leurs tâches, jusqu'à ce que le soleil couchant ne marque le retour des hommes. Ceux-ci avaient passé leur journée aux champs et exposaient une peau basanée, des cheveux hirsutes collés en paquet par la sueur et des mains recouvertes de boue et de poussière. Ils déposèrent leurs outils à l'extérieur de la baraque centrale et, sans prêter attention à la nouvelle arrivante, s'assirent en cercle, leurs jambes pliées sous eux, attendant que le repas du soir leur fût servi. Certains d'entre eux tirèrent du tabac qu'ils se firent passer et se mirent à fumer. Entre chaque volute qui s'élevait dans ce ciel de plus en plus sombre, ils poussaient des râles de douleur et de contentement. Pendant le repas, alors que les femmes ayant déjà mangé précédemment se contentaient de faire le service, on demanda à Séléné de verser plusieurs fois une boisson à chacun des hommes dans le petit bol de terre cuite qu'ils lui tendaient. Il s'agissait d'un alcool fermentant depuis des semaines dans de longues jarres transparentes au fond desquelles étaient déposées des baies et autres épices. L'un des travailleurs, Asur, un colosse barbu aux yeux d'un bleu perçant, remarqua finalement la peau étrangement claire et pure de Séléné, mais il se contenta de pousser un rire bourru.

Après quelques jours de cette vie dont elle devinait sans tout à fait le comprendre le caractère monotone et résolument âpre, elle s'enquit de l'Océan et sa présence. Mais ni les hommes ni les femmes du village ne purent lui être d'un grand secours. Ils firent bien mention d'un lac qui se trouvait à des jours de marche du village, d'une petite rivière qui serpentait plus au nord et dont ils avaient dévié une partie de l'eau à travers plusieurs canaux destinés à l'irrigation des rizières. La mer ou l'océan cependant, personne ici ne pouvait témoigner de l'avoir déjà vu. C'est tout juste si une poignée de villageois en avait entendu parler. Dans un premier temps déçue mais pas désespérée, sa curiosité la poussa à questionner Asur un jour :


– Il y a des villages plus grands que celui-ci n'est-ce pas ? Des villes même ?

– Oui, là-bas.


D'un geste du bras, il montrait une vague direction vers le sud-est.


– Tu y as été ?

– Une fois oui, mon père m'avait emmené quand j'étais encore enfant. Mais ce n'était pas bien plus grand qu'ici… il y avait sûrement plus de maisons.


Séléné ressentait une pointe d'agacement devant le ton nonchalant et la description extrêmement vague qu'Asur lui livrait. Elle insista.


– Mais tu sais comment t'y rendre ! Tu n'y es pas allé à pied non ? Il n'y a pas d'autre village à plusieurs semaines de marche aux alentours, c'est toi qui me l'as dit.

– Non, pas à pied, il y a un camion qui passe une fois de temps en temps par ici.

– Un camion ?


Séléné haussa la voix sans même s'en rendre compte.


– Oui, quand la saison des récoltes est terminée et si nous avons produit un peu plus que ce que nous espérions, alors on leur donne le surplus qu'ils embarquent dans leur fourgon. Et en échange, on reçoit du tabac et d'autres choses qu'ils ont là-bas.

– Là-bas où ça ? Dans les villes, les grandes villes ? demanda-t-elle, trépignant d'enthousiasme.


Ce fut au tour d'Asur de paraître agacé.


– Je n'en sais rien ! Et puis au fond pourquoi c'est si important hein ? Tu veux fumer ? Ici les femmes ne fument pas mais il me reste du tabac que je peux te donner.


Séléné sourit de manière espiègle. Cette grande montagne de chair et de muscles ne comprenait décidément pas où elle voulait en venir. Mais elle avait reçu l'information qui l'intéressait. Elle n'avait désormais plus qu'à guetter l'arrivée du camion et essayer de s'embarquer au plus tôt pour la ville la plus proche. Ce n'est que plusieurs semaines plus tard que le camion s'arrêta au village. Il venait en effet proposer aux agriculteurs un troc de leurs marchandises superflues contre des produits manufacturés venus de loin. Certains de ces produits portaient même des inscriptions dans des langues inconnues, il en était d'ailleurs ainsi du tabac. Les deux conducteurs du fourgon ne passaient en général pas plus d'une matinée au village lors de leur arrivée et Séléné en profita pour les aborder. Elle leur fit comprendre qu'elle devait se rendre en ville pour une affaire très urgente mais les deux hommes ne semblaient pas prêts à coopérer. Ils lui expliquèrent tout d'abord qu'il s'agissait d'un camion de marchandises et qu'il n'y avait pas de place pour les passagers. Puis ils l'avertirent des dangers de leur route, qui traversait des cols glacés où ils pouvaient passer plusieurs jours sans boire ni manger, des pannes fréquentes de leur véhicule et de la difficulté des réparations. Devant la détermination de la jeune femme, l'un des deux hommes se montra même brutal.


– On ne prend pas de femmes avec nous, c'est comme ça.


Puis le second conducteur affirma sur le ton de la plaisanterie qu'ils pourraient bien accepter de l'emmener si elle leur versait une importante somme d'argent, qu'elle ne possédait de toute façon pas. Une fois le chargement terminé et le troc effectué, les autres villageois regardèrent le camion s'éloigner en silence. Tous ressentaient un peu de gêne pour Séléné et ses rêves étranges d'aller en ville ou de voir l'Océan, un peu de tristesse aussi, alors qu'ils s'étaient depuis longtemps résignés à leur vie. Ils auraient aimé la persuader que leur unique horizon se situait ici, au milieu des rizières et des steppes à perte de vue où le bétail broutait une herbe épaisse. Pour Séléné cependant, ce n'était que partie remise et chaque journée de travail elle échafaudait des plans pour s'échapper du village. À la nuit tombée, des rêves de son ancienne vie lui remplissaient l'esprit, elle songeait alors qu'elle était immortelle, qu'elle brillait d'un feu pâle au milieu de la nuit étoilée puis, lorsque le rêve s'était finalement dissipé, elle contemplait à travers un soupirail l'astre lunaire, sa propre image, figé sans qu'une ombre de vie le parcourût. Plusieurs autres fois, le camion s'arrêta au village et à chacune d'entre elles Séléné essuya un refus. Les conducteurs, parfois les mêmes, souvent différents, se montraient au mieux négatifs et souvent franchement hostiles.

Des mois puis des années s'écoulèrent ainsi. Séléné ne vieillissait pas, contrairement aux autres villageois mais elle connut pourtant les désagréments d'une vie mortelle. Ses mains jadis si délicates étaient désormais couvertes d'une peau aussi dure que le cuir des bêtes que les paysans élevaient, ses cheveux crépus et secs rendus méconnaissables. Les femmes n'avaient pas leur mot à dire au village où les hommes prenaient toutes les décisions. On attendait d'elles qu'elles obéissent de manière docile et mettent du cœur à accomplir leurs tâches quotidiennes. Seul l'amour sans bornes qu'elle portait à l'Océan lui permettait de garder espoir. Mais les hommes du village se montraient de plus en plus incompréhensifs vis-à-vis de Séléné qui, bien qu'en âge d'avoir des enfants, refusait les avances de ces paysans bourrus avec lesquels elle vivait. L'un d'eux, un soir de beuverie s'introduit dans la maison où Séléné dormait pour entreprendre par la force ce qu'elle ne voulait lui concéder. Dans un sursaut de dégoût et de honte, elle l'immortelle réduite à une vie de misère au milieu de ces prairies reculées, saisit un large bol en fonte et assomma l'ivrogne de toutes ses forces. Retenant ses larmes et une nausée qui lui montait peu à peu dans l'estomac, elle s'enfuit en courant à travers les champs et les rizières. Pendant des heures, elle courut sans s'arrêter, éclairée, ironie suprême par le pâle disque de la Lune là, juste au-dessus d'elle dans ce ciel noir sans nuages ni étoiles. Elle ne se rappelait pas combien de temps elle avait couru ni dans quelle direction elle s'était précipitée mais désormais elle se retrouvait perdue, égarée au milieu de ces steppes sans cesse battues par le vent dans un frémissement sourd. Perdue dans cette vie qui n'était pas la sienne, cherchant son grand amour qu'elle ne parviendrait peut-être jamais à embrasser. La fatigue et la détresse la firent s'écrouler là, sur le bord du sentier poudreux traversant les champs.

Le lendemain, elle se réveilla dans la maison centrale du village. Les hommes étaient déjà partis, les femmes préparaient le repas de midi. Personne ne lui posa de questions sur ce qu'il s'était passé, chacun semblait savoir, tout du moins deviner sans vraiment savoir. Elle ressentit une sorte de honte qu'elle ne s'expliqua pas. Puis Asur mourut. Dans cette même journée, sans un avertissement. Pourtant un homme dans la force de l'âge, il avait fait une mauvaise chute en travaillant aux champs et une entaille profonde lui traversait la jambe. Jamais trop bavard ni enclin à se plaindre sur sa condition, le brave Asur avait fait panser la plaie puis était retourné au travail, souriant beaucoup plus qu'à l'accoutumée pour cacher le rictus que la douleur voulait lui arracher malgré tout. La fièvre s'était déclarée la veille et avait complètement embrasé le corps du pauvre bougre qui après avoir déliré pendant quelques instants s'était tu, avachi sur la mince couverture de jute, les mains posées sur ses côtes. La soirée fut triste et morne. On ne but pas et le lendemain matin les hommes ne partirent pas pour les champs. Le village entier se dirigea vers un tumulus creusé dans une colline ronde et couverte d'un bosquet verdoyant. Asur fut mis en bière et enterré là, parmi les siens. Sur le chemin du retour, Séléné se sentit pleurer, pleurer fort. De gros sanglots qu'elle n'arrivait pas à réprimer. Ces sentiments, que ce soit la honte de la veille ou ce vide effrayant auquel elle était maintenant confrontée, lui paraissaient d'autant plus irrépressibles qu'ils lui étaient tout à fait étrangers. Comme une enfant, elle posa la question aux autres femmes du village, qui lui expliquèrent ce qu'était le chagrin.

Alors que son arrivée datait désormais d'il y a plus de dix ans, l'opportunité se présenta enfin devant Séléné. Un des conducteurs du camion de marchandises était tombé malade sur le chemin et avait choisi de recevoir des soins dans un autre village plus au nord. Séléné supplia, montra les biens qu'elle avait mis de côté pendant tout ce temps et put enfin recevoir une place auprès du conducteur. La ville était bien plus grande que ce qu'elle avait imaginé. Elle trouva rapidement un travail de couturière et, ayant rapiécé pendant des années le cuir des bêtes d'élevage, fut surprise de la délicatesse des soies et autres dentelles qu'elle n'avait jamais contemplées. Peu à peu, elle reprit courage. Quelques mois lui suffirent à rassembler suffisamment d'argent pour se rendre dans une plus grande ville voisine. Là passait le train dont l'une des dernières stations, tout à l'ouest, se situait au bord de l'Océan. Plus elle se rapprochait des côtes et plus elle semblait sentir l'attraction magnétique de son bien-aimé. Durant le trajet cependant, un homme dégingandé à l'allure de dandy, portant chapeau haut-de-forme et petite moustache frisée, lui avait soutenu que l'Océan était l'objet de nombreuses inquiétudes ces dernières années.


– Je suis un scientifique vous savez, dit-il en frottant frénétiquement ses lunettes avec un carré de tissu. Il y a près de dix ans maintenant que les marées ont disparu. Mon père avant moi étudiait la mer et son père lui-même était un commandant de chalutier réputé. De mémoire d'homme, on n'a jamais vu ça.


Séléné ignorait ce qu'étaient les marées. Dans la ville côtière, elle loua une chambre pour le mois. Dès le lendemain, elle comptait se rendre sur le bord de mer et enfin rejoindre son amant. Elle dormit d'un sommeil inquiet. Puis au matin, alors que les senteurs marines embaumaient l'air, elle se maquilla avec soin. De son passage en ville, elle avait découvert ces coutumes étranges qui voulaient que les femmes cultivent une certaine forme de coquetterie, là où les villageoises qu'elle avait côtoyées pendant dix années n'avaient que leur beauté naturelle à faire valoir. Avec le cœur frémissant d'une jeune femme qui prépare son premier rendez-vous galant elle, qui jeune femme n'était plus malgré son apparence inchangée, se précipita au dehors et marcha fermement dans les rayons dorés du soleil. La plage se fit apercevoir et au bout de la grève, la forme sans cesse changeante des flots. Séléné s'approcha. Un pas, puis deux, puis trois. L'Océan n'était pas là. L'eau était là oui, Séléné trempa sa main dans les vaguelettes qui venaient se trémousser sur la plage. Elle alla même jusqu'à goûter le liquide dont le goût salé lui arracha une grimace. Mais la présence de l'Océan s'était évanouie. Ce mugissement sauvage, cette complainte pleine de mélancolie qu'il faisait jadis résonner depuis la Terre et qui perçait l'espace pourtant immense de vide situé entre eux. Cette masse secouée de flots violents qui semblait prête à étendre ses bras et à la serrer tout entière contre son cœur, rien de tout cela n'existait plus. Prise d'une peur panique, elle vit la jetée qui avançait encore de plusieurs dizaines de mètres au milieu des eaux. Mais arrivée au bout de celle-ci elle ne put que se rendre à l'évidence. L'Océan n'était plus là ou peut-être même ne l'avait-il jamais été.

Dans la base militaire, Pontus se réveilla. Devant la glace, alors que la lame courant sur sa joue s'occupait de raser sa barbe naissante, il contemplait du coin de l'œil l'uniforme posé sur une chaise à côté de son lit. Terminant de sécher son visage, il se rappela des efforts, des privations, de ces dix années de souffrance pour en arriver ici. Il avait finalement décroché sa place parmi l'élite, les meilleurs, cette poignée d'élus triés sur le volet. Un peu plus tard dans la matinée il salua son supérieur hiérarchique. La fanfare venue pour l'occasion faisait retenir l'hymne national. Pontus esquissa un sourire en se rappelant qu'il n'avait pas vraiment de patrie et qu'il pouvait il y a peu encore embrasser les terres de la plupart des nations. Il revêtit sa combinaison, s'installa dans la cabine et, en compagnie des ingénieurs militaires restés dans la base, accomplit un à un les préparatifs nécessaires à son départ. L'heure était enfin arrivée, après le compte à rebours et quand le vaisseau quitterait la surface de la Terre, il serait finalement en route pour retrouver l'amour de sa vie.


 
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   Jemabi   
2/10/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Une nouvelle originale qui mêle avec brio divers genres : la fable avec cet amour impossible entre la lune et l'océan, le fantastique avec la métamorphose en être humain, le naturalisme le plus cru avec cette plongée au milieu de la vie paysanne rythmée par les récoltes. Mais c'est aussi l'histoire d'une émancipation, même si celle-ci aura pris 10 longues années. On suit avec beaucoup d'intérêt les diverses tentatives de Séléné pour s'échapper du village et suivre par n'importe quel moyen son idée fixe, même si elle prend ainsi le risque d'être déçue du voyage. La fin, intrigante, m'apparaît comme un effet miroir : l'envie de la lune de visiter d'autres contrées est la même que celle des humains de se rendre sur la lune. Elle explique en partie le titre.

   Perle-Hingaud   
19/10/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
J'ai beaucoup aimé cette histoire. Je suis entrée progressivement dans l'intrigue parce que le conte n'est pas mon genre de prédilection. Cependant, le rythme et la qualité de la narration m'ont séduite, ainsi que la modernité dans cet univers féérique, avec par exemple la citation des camions. Pour moi, cette intrusion du présent dans un récit intemporel est bienvenue. La fin m'a surprise, c'est une réussite.
Bravo pour cette belle arrivée sur Oniris !

   Cyrill   
19/10/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Bonjour Skender,
Un beau récit, l’écriture est impeccable, le descriptif soigné.
Le style « conte » s’installe avec le vœu prononcé. On retrouve aussi, du conte, le changement d’aspect. À l’instar du prince changé en grenouille, la lune, ici, se retrouve dans un corps humain trop étriqué.
Deux histoires mises en parallèle de quête, dont l’une est inaboutie, celle de Séléné qui n’a pas reconnu l’océan. Pontus, personnification de la mer selon la mythologie, reconnaîtra-t-il la lune lorsqu’il y sera ? Rien n’est moins sur, entre le beau disque platine et lumineux que nous voyons depuis la terre et qui nous fait rêver et la réalité de sa surface aride et déserte si nous la voyons de près, il y a un monde qui peut s’écrouler, celui de l’imaginaire.
La déception annoncée justifie-t-elle qu’on n’entreprenne pas le voyage ? Ou est-ce notre destinée de courir après d’impossibles rêves, tel des dom Quichotte jamais satisfaits ? La satisfaction d’un désir est-elle toujours décevante ?
Se pose la problématique du point de vue. Trop près, nous ne reconnaissons pas ce que nous avons passé une vie à chercher. C’est cet aspect-là du récit qui m’a le plus intéressé, qui aurait à mon avis mérité d’être creusé, et décrit. Alors que le détail des péripéties de Séléné parmi les hommes m’ont semblé parfois superflues, même s’il fallait en toucher un mot pour faire ressentir la déception progressive de la protagoniste.
Quand bien même, c’est une nouvelle réussie, bravo !

   Cornelius   
19/10/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour,

Je vois cette histoire comme une allégorie du grand amour et même de l'immense amour car c'est un amour aux dimensions astrales et planétaires. La quête du grand amour est ici sans limites et fini au-delà des sacrifices consentis et des nombreux obstacles par échouer en arrivant au port. La déception n'en est que plus terrible car l'océan a désormais perdu ce qui faisait son charme. Les marées ont disparu et Séléné n'en serait elle pas elle même en partie responsable ou doit-on y voir un avertissement prémonitoire adressé à notre planète ?
Certains cherchent le grand amour toute leur vie. Combien y parviendront ? Il n'y a pas de statistiques sur le sujet mais je leur souhaite de le trouver.
Pour résumer j'ai aimé cette nouvelle poétique et intemporelle.

   ferrandeix   
24/10/2023
trouve l'écriture
perfectible
et
aime beaucoup
Le conte est magnifique, bâti sur une "intrigue" très élaborée, très ingénieuse. et qui exprime une part de rêve. Les tribulations de la déesse lune Sémélé sont bien développées. Sans trop écorner le mystère, l'auteur a su montrer le contraste navrant entre l'idéalisme d'un amour grandiose et le caractère précaire, frustre de l'existence terrestre auquel un être pur est soumis. Néanmoins, les dialogues à mon avis gagneraient à être supprimés, ils cassent un peu la magie. Par ailleurs, la longueur des tribulations contrastent avec le laconisme par lequel la finale symétrique est développée concernant l'amant. Le thème se dévoile ainsi: il s'agit de l'impossibilité de la réunion des amoureux, le destin qui s'oppose à l'amour, rejoignant en cela l'histoire d'Yseult et bien d'autres contes ou histoires mythologiques, mais traité ici avec une originalité qui force l'admiration. Sur le plan de l'écriture, mon opinion est partagée. Les tribulations, l'action sont très bien décrites. La description initiale de la lune et de l'océan exprime un lyrisme puissant, sauf que la syntaxe à ce niveau montre à mon avis des faiblesses. C'est un passage qui gagnerait à être amélioré. Apparemment, la maîtrise de la syntaxe dans la description est un exercice plus difficile que celle de l'action. Elle nécessite une acuité d'analyse plus approfondie.

Point de détail: éviter les doubles compléments de noms et répétitions de "de":

du drap de laine
de leur voile de neige
des nuages d'une texture
des râles de douleur
....................

Appréciation maximale évidemment.

   Skender   
25/10/2023
Mes remerciements pour vos commentaires sur ce lien : http://www.oniris.be/forum/remerciements-pour-courants-contraires-t31442s0.html


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