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Réalisme/Historique
Solal : L'habitué des grandes arcades
 Publié le 08/04/15  -  10 commentaires  -  9524 caractères  -  88 lectures    Autres textes du même auteur

Il s'appelait Bernard Klauss...


L'habitué des grandes arcades


– Bon maintenant y en a MARRE ! Dégagez d’ici ! Tous les jours c’est la même histoire. Vous pouvez pas aller traîner ailleurs ? Vous gênez les clients là. Allez donc faire la manche AILLEURS !


Aujourd’hui, le type de la boutique n’est pas plus désagréable que d’habitude. Certains jours ça peut lui arriver, d’autres moins.

Le vieillard l’excuse presque, on a tous nos humeurs. Il est bien conscient que ses frusques, sa barbe hirsute, sa misère intimident les « intégrés ». Mais tout de même, le trottoir appartient à tout le monde.

Cette place, le vieux, il l’aime bien. De là, on a un point de vue dégagé sur la grande place. Ça paie le spectacle.

Il a perdu beaucoup mais pas son imagination. Alors il se poste ici, bien en face, et zieute les va-et-vient de la populace. Et du passage, y en a. Les gens se croisent, se recroisent, s’entrecroisent… De tout genre, sexe, dégaine. Il se dit souvent que c’est dingue de voir autant de visages différents rien que dans la même ville. Ça crée une impression surréaliste, quelque chose comme regarder un défilé de photos anthropométriques.

Toutes ces physionomies, ça passe le temps comme quand il regardait la télé. À l’époque, quand il pouvait s’en payer une.

Il a découvert une dramaturgie des foules. On crie, on s’engueule, on se bat parfois, on pleure, on s’embrasse…

Mais, surtout, ça passe le temps.


– Eh OH ! Je vous cause. Maintenant, vous ramassez toute votre merde, votre statuette là et vous fichez le camp ou j’appelle la police.


Il se dit que ça n’est jamais bon quand les flics rappliquent. C’est pas qu’ils sont particulièrement méchants mais on peut être certain qu’ils ne se rangent jamais du côté des loqueteux.

Il baisse la tête. À ses pieds, un petit singe en poterie tient une coupole. Il porte un chapeau melon et un gilet rouge. Il aide bien le clochard à faire la manche. À soixante balais, il se sent plus la force de tendre la main.

Le singe sourit, il a récolté trois pièces. Un total de deux euros soixante-dix. Voilà ce qu’on accumule après toute une vie. Des fringues déchirées qui flinguent, une bouteille de picrate bien acide, un petit singe en argile et deux euros soixante-dix. Maigre constat, même son sac s’était volatilisé. Il oublie presque ses poux, ceux-là ils le gênent tout particulièrement.

Et dire qu’il a eu son appart, son job, sa voiture, ses crédits, son grille-pain, son canapé en cuir et même sa famille. Tout ça, on lui a arraché. Et il a pas sauvé grand-chose, même son sac…

Il soupire, empoche le fric et la statuette, se lève avec difficulté.

Il se dirige vers les grandes arcades, on y dégote toujours un perron et y a du passage. Tout en s’éloignant, il manipule les pièces dans sa poche. Deux euros soixante-dix. Vaut mieux se barrer. Décidément les rues chico’s ça paie jamais.


***


Sous les grandes arcades, le froid lui glace les valseuses. Le vent froid s’engouffre facilement entre les piliers. Cette nuit, il imprègne les os. C’est comme un voisin indésirable qui s’incruste à l’intérieur, sans qu’on l’y invite.

Il s’empare de la bouteille, boit deux gorgées au goulot. Faut pas abuser qui se dit, la gnôle doit le réchauffer jusqu’au matin ; ou plutôt l’aider à oublier le froid.

Des rires se rapprochent. Quatre silhouettes se radinent en titubant. Deux couples. Ils sont beaux, jeunes et saouls, surtout les deux mecs. Ils s’appuient sur leurs nanas pour éviter de déguster de l’asphalte.

Un des mecs marque une pause devant le vieillard. Sa gonzesse soupire.


– Salut pépé. Brrr, fait froid ce soir. Ça t’dit un petit coup.

– Merci. Mais j’ai ce qu’y faut.


Le jeunot, la vingtaine, lui tend une bouteille de sky bon marché. Il sourit d’un air narquois. La femme, elle, guette ses amis qui s’éloignent en trébuchant contre les trottoirs.

Le gars fait mine de trinquer et s’enfile une grande rasade dans le gosier. Une fois la bouche rincée, il pointe son index vers sa copine.


– Dis, t’as vu cette meuf ? Elle est canon hein ? Qu’est-ce que tu dirais si elle te montrait SES SEINS ? Hein, qu’est-ce que tu dirais ?

– Jeff ! Arrête. Pourquoi faut que t’emmerdes les gens ?

– Et SON CUL ! Non mais je suis sûr qu’t’en as jamais vu un comme ça ! Sans déc JAMAIS.

– Putain, t’es con ou quoi ? Tu vois bien que c’est qu’un pauvre type.


Il fixe le blanc-bec droit dans les yeux mais ne réagit pas. Il en a vu d’autres. Il pense à sa fille. Quel âge peut-elle avoir maintenant ? Pas loin du leur. Gâche-t-elle sa jeunesse, elle aussi ? Tous les jours quelque chose lui évoque son souvenir. Comment peut-il espérer retrouver sa trace ?

Il tourne la tête vers la fille.


– Vous savez, on peut être à la rue et être un chic type.

– Qu’est-ce que t’as DIT LÀ ? Tu manques de respect à MA MEUF, C’EST ÇA ?

– Jeff, arrête, c’est bon. T’es lourd là. Allez viens avant que le Jimmy’s ferme.


L’autre couple les scrute de loin. Il sait qu’il vaut mieux se méfier des fêtards. Trop impulsifs. On l’a déjà tabassé à plusieurs reprises. Et contre deux types dans la force de l’âge, il n’a aucune chance.

Le jules le fixe encore quelques secondes puis, embarqué par l’élan de sa copine, il tourne les talons.

Au passage, son pied percute, volontaire ou non, le petit singe. La statuette tangue puis se fracasse contre l’asphalte.

Les quatre congénères s’éloignent en rigolant. Lui, il demeure prostré devant les quelques miettes de terre cuite. Le regard rivé sur le sourire fendu du petit singe.


***


La rue est déserte à présent. On ne perçoit plus que le souffle du vent s’engouffrant toujours sous les arcades. Un vent cruel, qui s’attaque surtout aux extrémités. Lui, ce sont ses pieds qui morflent. Le froid, il devient dangereux quand on commence à ne plus le sentir. Il ramène donc ses jambes au plus près de son corps. Quand un mec a ses pieds glacés, il ne peut plus avoir chaud nulle part.

Mais ce soir, il ne va plus se bouger, ni pour chercher la chaleur, ni pour quoi que ce soit. Quelque chose en lui s’est brisé, en même temps que son petit singe. Il préfère se contenter d’attendre l’aube. Il l’espère plus clémente.

Une bagnole s’arrête en plein sur la ligne de tram. Il la reconnaît, avec sa bande orange, la protection civile. Deux gars en sortent avec leur gilet à bande réfléchissante. L’un porte un gros sac en bandoulière, à vue d’œil, il doit avoir vingt-cinq trente ans ; le vieillard le connaît bien. L’autre tient une thermos, il semble plus âgé.

Le plus jeune se rapproche, lui tend la main. Le clochard lui serre la main sans retenue. Il sait que c’est un bon gars.


– Bonjour M. Klauss. Comment allez-vous ?

– Froidement.

– Oui, je comprends. Dites, vous n’avez plus de couverture ?

– Non.

– C’est dangereux. Cette nuit est une des plus froides de l’hiver.

– Elle l’est sans doute.

– On peut vous chercher une place dans un foyer si vous voulez. Je contacte le central et voilà.

– Je préfère pas. La dernière fois, c’est là-bas qu’on me l’a piquée.

– Quoi ?

– Ma couverture, avec mon sac.

– Oh !


Le jeune lui cause calmement, le timbre de sa voix l’apaise. Suffit de pas grand-chose qui se dit. Il admire aussi sa ténacité. Nuit après nuit, partir au contact de la misère comme si on peut encore espérer pouvoir la vaincre un jour. Enfin, la chaleur humaine ça ne remplace pas la chaleur du corps. Ça, tous les clochards l’apprennent un jour ou l’autre.


– Si vous le désirez M. Klauss. Je peux vous donner une couverture de survie.

– C’est pas de refus. Au fait vous pouvez m’appeler Bernard.

– Je voudrais pas vous manquer de respect. Vous avez le droit aux mêmes marques de respect que tout un chacun.

– Vous savez, à l’époque, quand les gens que je côtoyais tous les jours voulaient me montrer du respect, eh bien ils m’appelaient par mon prénom.

– D’accord Bernard. Vous voulez une soupe aussi ?

– Je ne sais pas trop.

– Si, vous verrez, elle est très bonne, ça vous aidera à vous réchauffer.


Il fouille dans sa sacoche pendant que l’autre type remplit un gobelet en plastique. Il ne dit rien en tendant le breuvage verdâtre au SDF. Il ne l’a jamais vu, le remercie d’un signe de tête. Il pense que ce doit être un petit nouveau, pas encore rodé au contact de la rue, ou peut-être bien, un gars condamné à des TIG. Qui sait ?

Rapidement, le jeune lui donne un petit sac en plastique.


– Voilà, ça vous aidera à passer la nuit.

– Merci.

– Bon, notre tournée est encore longue. On doit vous laisser.

– Pas de problème. Bon courage.

– Bon courage à vous plutôt.


Ils embarquent et filent illico presto à la recherche d’un autre paumé. Il se retrouve seul, à nouveau. La soupe lui réchauffe les mains. Il regarde à l’intérieur du gobelet. Un velouté très dilué y fume, quelques morceaux blafards flottent tranquillement à la surface. On dirait du poireau. Ça ne dégage aucune odeur.

Il soupire en pensant à la dernière phrase du mec de la protection civile. La nuit n’est pas encore terminée. Suivront le jour, la solitude et une nouvelle nuit, aussi froide, voire plus.

Il se lève, trouve une bouche d’égout, y verse le potage. Puis, las, il regagne son emplacement, déchire son morceau de plastique, en extrait une couverture en feuille d’aluminium.

Il se couvre et observe le ciel, il semble s’éclaircir, un peu.

Il a froid, toujours aux pieds, surtout aux pieds mais se force à fermer les yeux.


***


Le lendemain matin, l’homme que l’on appelait Bernard Klauss est venu enrichir les statistiques des journaux télévisés.



 
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   Neojamin   
14/3/2015
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Bonjour,

C'est un exercice difficile que de décrire la journée d'un homme à la rue...surtout si ça n'a pas été vécu. Ici, l'ensemble n'est pas très crédible. Pourquoi ne veut-il pas la soupe ? Pas de goût ? Si ça fait un certain temps qu'il est à la rue, un breuvage chaud est précieux. Les dialogues m'ont tous paru un peu surfaits...surtout avec les jeunes.
Pour donner plus de crédibilité à l'histoire, j'aurais aimé en savoir plus sur lui, pas juste «qu'il a eu son appart, son job, sa voiture, ses crédits, son grille pain, son canapé en cuir et même sa famille». C'est un peu léger comme portrait.
La chute est aussi un peu décevante...elle pourrait Être réaliste mais vu que je n'ai pas eu assez d'indices pour croire au personnage, la fin m'a laissé un peu froid.

Pour pinailler :
- «De tout genre, sexe, dégaine.» Un peu plus de détails étofferaient la description je pense.
- « Gâche-t-elle sa jeunesse, elle aussi» Commentaire étrange venant de quelqu'un qui se retrouve à la rue...Qui a gâché quoi ?
- «la force de l'âge» En général c'est plutôt pour la quarantaine...
- «Quand un mec a ses pieds glacés, il ne peut plus avoir chaud nulle part.» Pas forcément vrai...Attention aux commentaires hasardeux...

Bonne continuation!

   Asrya   
9/11/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un texte très bien mené, du début jusqu'à la fin, qui épouse un sujet plutôt délicat à traiter.
Délicat car il est facile de tomber dans des stéréotypes et de s'allier (même inconsciemment) à un registre "pathos" qui n'est pas spécialement bienvenu.
Je n'ai pas grand chose à dire sur cette nouvelle.
Je l'ai lue, assidûment, m'en suis imprégné, et l'ai appréciée ; c'est à peu près tout ce que je peux dire.
Votre style d'écriture me parle, me plaît, je n'ai repéré aucune phrase discordante, aucun passage désagréable ; c'est un tout qui m'a séduit, ce texte, dans son ensemble.
S'il faut émettre une critique négative, un seul petit reproche, ce serait la prévisibilité de la fin, de l'avenir de "Bernard Klauss" et son apparition dans "les statistiques des journaux télévisés".
Difficile de faire autrement, j'en conviens, et au final, qu'importe puisqu'il s'agit de l'idée que vous souhaitez transmettre.

J'aime bien être surpris, voilà tout. Je fais mon difficile, mon exigeant ; caprice de lecteur.

Un récit vibrant, qui sonne juste et qui transmet de nobles émotions,
Merci pour cette histoire,
Ce partage,
Au plaisir de vous lire à nouveau.

   Shepard   
8/4/2015
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour Solal !

Vous abordez un sujet difficile au travers de ce texte, j'avoue que je ne me serais jamais risqué à écrire quelque chose de semblable, de peur de sonner trop faux.

Le début a piqué ma curiosité avec cette marée de visage, marée à laquelle on ne prête pas du tout attention lorsque l'on en fait parti. Ce point de vue 'extérieur' m'a donc accroché.

La seconde partie, en revanche, ne m'a pas convaincu, le dialogue est un peu surréaliste et un peu cliché... Pourquoi le type pète un boulon lorsque le sans-abris dit 'on peut être dans la rue et être chic type' ? Ça m'a paru un peu forcé.

La fin est attendue à partir du moment ou 'quelque chose s'est brisé'. Je regrette qu'on ne sache rien de plus sur le personnage principal, les circonstances de son exclusion, pourquoi sa fille (sa famille ?) ne l'aide pas. Ces détails auraient pu créer un plus grand sentiment d'empathie (ou pas) et rendre la fin plus dramatique. D'autant que cela rend le 'Gâche-t-elle sa jeunesse' un peu bizarre, voir hypocrite. Faire la bringue à 20 ans... Je n'appelle pas ça 'gâcher sa jeunesse', ça ressemble plutôt à de l'amertume mais sans que l'on sache trop pourquoi puisque l'on ne connait pas le personnage.

Un début qui m'a accroché et un développement un peu léger pour un sujet qui mériterait d'être traité plus en profondeur à mon avis. Le style simple et direct permet somme toute une lecture agréable.

   Anonyme   
8/4/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai été happée tout de suite. Sans doute parce que, dès le début, ça sonne vrai.
Une histoire qui fait de la peine et pourtant écrite sans pathos. Tout ce que j'aime. Un auteur qui pense que le lecteur est assez grand pour faire ses propres déductions, j'apprécie.
La statuette qui se brise ça m'a fait mal. J'ai eu un pincement au cœur alors j'imagine pour Bernard !
Oui, on peut décider de mourir pour une statuette brisée surtout quand on n'a plus que ça et qu'il suffit de tellement de peu de chose pour y parvenir.
Je passe sur les autres facettes décrites dans le texte, l'indifférence, l'égoïsme, la bêtise humaine et aussi l'humanité de certains. Certes, on le sait, mais c'est bien de le rappeler simplement de temps en temps.

   Anonyme   
8/4/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J’aime la simplicité de l’écriture. Difficile de rendre mieux l’expérience de la rue. C’est factuel. Pas de pathos déplacé mais peut-être que ça manque un peu finalement.

Peut-être aussi – j’y pense en essayant de mettre un commentaire constructif – qu’essayer la première personne, à priori ça me semble plus compliqué, ce serait donner plus de poids à l’histoire.

Un exemple : « La seule chose qui me gênât un peu, c'était, malgré mon dégoût de la nourriture, la faim quand même. Je commençais à me sentir de nouveau un appétit scandaleux, une profonde et féroce envie de manger qui croissait et croissait sans cesse. Elle me rongeait impitoyablement la poitrine ; un travail silencieux, étrange, se faisait là-dedans. » Knut Hamsun

Je sais pourquoi j’ai pensé à « La faim » de Knut Hamsun, c’est à cause de la faim et de la rue bien sûr, mais dans le roman en question le personnage principal s’enfonce dans le délire… et d’autre part comme votre personnage, il s’efforce de rester honnête, alors qu’il en crève et c’est à la première personne.

Bonne suite.

C.

   Liliane   
8/4/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,
J'ai beaucoup aimé votre texte. Je me suis vraiment mise dans la peau du personnage. Le fait de ne rien savoir (ou presque) sur sa vie passée ne m'a pas du tout dérangée. Il semble ainsi venir de nulle part, et cela colle à sa situation. Du point de vue du style, c'était une lecture agréable. Quelques répétitions m'ont un peu gênées au début: "Vous pouvez pas aller traîner ailleurs? Vous gênez les clients là. Allez donc faire la manche AILLEURS!" et "Cette place, le vieux, il l'aime bien. De là, on a un point de vue dégagé sur la grande place".
L'histoire avec la statuette m'a marquée (quand on l'a brisée, ça m'a fait du mal...).
Bonne continuation,

Liliane

   Francis   
9/4/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Comme une épave rejetée par la marée, comme une pustule sur la face d'une société matérialiste, individualiste, il est là seul, riche de ses secrets. Sa présence dérange ou laisse indifférent. Elle révèle la personnalité des passants qui croisent son regard. A chacun d'imaginer son passé, sa déchéance, son échec. Un jour, j'ai vu son frère de misère chassé du parvis de la Basilique de Lisieux . Sa présence gênait ceux qui venaient à la rencontre de Dieu ! J'ai ressenti un profond malaise. J'ai aimé ce moment passé avec Monsieur Klauss.
Merci.

   MARIAJO   
9/4/2015
 a aimé ce texte 
Bien
Bonsoir, Solal
Votre texte m'a plu. Pourquoi? En raison de la simplicité de l'écriture qui s'adapte bien à la situation de votre héros.
Aussi, c'était très visuel et facile de se mettre à la place de Mr. Klauss. Oh! pardon, Bernard. J'ai bien aimé la formule: " Vous savez, à l’époque, quand les gens que je côtoyais tous les jours voulaient me montrer du respect, eh bien ils m’appelaient par mon prénom"
Aussi, le petit singe brisé m'a ému. Il ne lui restait plus rien finalement. Ni sac auquel il s'emblait s'accrocher, ni son unique compagnon qui faisait la manche pour lui. Le coup de pied qu'on a du donner à son bibelot est la marque de l'indifférence total de son existence. C'est vrai que cela prouve que nous les passants sommes trop absorbés par nos propres pensées, tristes ou heureuses, pour s'en soucier d'un petit objet si insignifiant, mais qui était tout ce qui restait à Klauss, son ami et son gagne pain. Volontairement ou pas on passe tête haute parce qu'on a peur de la misère des autres.
Puis savoir la raison pour laquelle il s'est retrouvé dans la rue ce n'est pas vraiment important. Ce qui est important dans votre histoire c'est, je pense, le comportement des "bien nantis" envers les mendiants. Bien sûr qu'il y a toujours des âmes bienveillantes comme le jeune, peut-être bénévole ou pas
Mais on sait que ça existe de ceux qui se laissent mourir en refusant de l'aide de la protection civile. C'est pour cela que j'ai trouvé la fin de l'histoire sans émotion. C'est commun, donc sans surprise.
J'ai pris du plaisir à vous lire.

   Automnale   
10/4/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
"L'habitué des grandes arcades" est une histoire simple. Une histoire comme il en existe tous les jours, toutes les nuits, hélas, sous les arcades de n'importe quelle ville.

Cette histoire est racontée d'une manière vivante, avec des mots justes. J'ai aimé, tels des petits coups de pinceaux judicieux : picrate - le froid lui glace les valseuses - ils s'appuient sur leurs nanas pour éviter de déguster de l'asphalte - ses pieds qui morflent... Et j'ai adoré cette réflexion : "C'est dingue de voir autant de visages différents rien que dans la même ville". C'est tout simple, en effet, mais ce langage sonne tellement vrai.

J'ai un tantinet tiqué au terme "vieillard"... Bernard est âgé de 60 ans. Alors, je sais, ou du moins j'imagine, que vivre dans la rue fait vieillir très prématurément. Peut-être conviendrait-il, alors, de le préciser (car, à 60 balais, un homme, non SDF, n'est pas un vieillard !).

Le dialogue et le déroulement de la narration sont épatants. Et la présence du petit singe en poterie ajoute, s'il en était besoin, un côté touchant.

Dès lors que l'écriture ressemble à un langage parlé, d'où son côté vivant, je me demande si, ici ou là, nous ne pourrions quand même pas améliorer l'aspect littéraire... Oh, juste un peu...

Merci, Solal... Les lecteurs de votre nouvelle, qui passeront sous les arcades, penseront dorénavant à ce malheureux bougre de Bernard Klauss et à son petit singe en miettes.

   Mauron   
16/11/2015
 a aimé ce texte 
Bien
Merci pour votre texte très touchant, mais je rejoins quelques autres commentaires qui trouvent qu'il reste peu crédible. J'essaie de comprendre pourquoi moi aussi je trouve que le vocabulaire ne sonne pas juste... Pourtant, le petit singe qui casse sa pipe avant que Bernard Klauss ne casse la sienne m'a touché. Beau moment d'émotion. "volontaire ou non", "congénères" voilà deux exemples de ce qui affaiblit votre texte: ce sont des jugements implicites ou non du narrateur, et le texte est donc faussement neutre ou froid. or, il devrait l'être complètement pour que ce soit le lecteur qui ait le cœur serré, et non le narrateur. Il faudrait choisir, ou bien la nouvelle est vue, perçue et racontée par le clochard de façon indirecte avec du discours indirect libre comme vous le faites le plus souvent (et alors, pas de "il est bien conscient" par exemple pas d' "impression surréaliste", pas de "dramaturgie", ce ne sont pas des mots de clochard) ou bien elle est racontée par un narrateur externe, neutre (et alors, pas de "Il l’espère plus clémente" qui ne peut être dit ni par le clochard ni par le narrateur externe) Il me semble que vous devez travailler la précision de la focalisation à partir de laquelle vous racontez. Votre récit gagnera beaucoup en force.


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