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Fantastique/Merveilleux
solidane : Chapeau
 Publié le 24/11/08  -  6 commentaires  -  3112 caractères  -  45 lectures    Autres textes du même auteur

Une curieuse balade sous la pluie.


Chapeau


Il y a comme un chapeau sur l’horizon. Sans rire, ça en a la forme, on pourrait presque en pressentir la matière : jonc de mer, c’est une évidence. Il s’est posé là sur la mer, vague île au contour trop certain. Son apparition n’a guère provoqué d’émoi, pas même de surprise, chez les derniers touristes disséminés sur la promenade. Plus rien ne surprend, semble-t-il. Un chapeau et pourquoi pas ? Il est immense couvre la plus grande partie de l’horizon, masque les premiers nuages. Il s’en dégage une légère brume qui emplit délicatement l’espace réservé à la surface de l’eau. Elle progresse lentement et ne tardera pas à parvenir à la plage.


C’est une pluie fine et omniprésente, bien peu originale, qui balaie le parc au gré de courtes rafales de vent. Ça dure depuis un bon bout de temps, et ça va durer, on y est tellement habitués. J’ai craché au ciel, c’est tout ce qu’il a su me répondre. Novembre s’active, ballet de feuilles, grand ménage d’automne. L’eau s’écoule un peu blasée, mouvement mécanique, à quoi bon partir quand c’est pour revenir inévitablement. Il y a peu encore j’ai vu ce sourire grandir jusqu’à envahir les cieux, il s’est à présent légèrement estompé, les lèvres se sont rétractées, l’ombre de lui-même, triste sourire maintenant délavé. Que s’intensifie cette onde permanente jusqu’à le faire disparaître, mon ciel n’a rien à y gagner.


Je repeindrai alors ce gris fadasse, je déguiserai ce large chapeau répandu sur les flots. Plume au vent, grande écharpe enrubannée. Un lent mouvement balaiera l’espace, rotation et flamboiement de ce foulard qui chasseront les nuages ou les recomposeront. Je ferai de cette pluie une mélodie fine et inaccessible. Gouttes enfin reconnues, rupture de ce long mouvement qu’on baptise si stupidement cycle de l’eau.


J’ai relevé le bord du couvre-chef, un œil émerge, clignement au soleil retrouvé ou clin d’œil aux touristes enfin médusés. Le chant de l’eau recouvre le parc, chaque larme tombée du ciel n’en fait qu’à sa tête. De petites notes éclatent quand les gouttes s’abattent sur les brins d’herbe fraîchement coupés. Dernière tonte avant l’hiver, et qui sait ? D’autres gouttes se stabilisent à quelques mètres du sol, indécision, certaines choisissent plus simplement de retourner à l’origine. Ainsi les nuages, massifs et nombreux se dégonflent et se regonflent comiquement. Leur gris menaçant en est altéré, rouge carmin pour un certain nombre d’entre eux au bord de la suffocation. Le temps a changé, tout est changeant, ma météo personnelle n’a pas place sur internet.


Elle traverse le parc comme à son habitude, son chien tenu en laisse semble perturbé. Elle, n’a rien vu, ses yeux traînent au sol. Ils suivent un circuit rituel, usé comme un vieux jonc de mer. L’animal tire, tente quelques sauts malhabiles pour saisir ces fragments d’eau suspendus entre deux cieux. Ma voisine, vieille dame âgée, s’est alors arrêtée, elle a levé les yeux pour la première fois, c’est vrai je l’ai vue. Sa bouche s’est illuminée d’un immense sourire avant de s’arrondir et de s’agrandir jusqu’à gober un nuage, vert, vert printemps.


 
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   Filipo   
24/11/2008
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Ce texte tient plus de la prose surréaliste et poétique que d'une nouvelle. C'est assez loin de ce qui d'habitude me capte... Cependant, la mélodie des mots opère et charme, c'est certain.

Quelques phrases sont.... "étonnantes", mais vu le style particulier du texte, on peut difficilement relever des erreurs ou suggérer des corrections !

Particulier, étrange et qui ne laisse pas indifférent...

   Selenim   
24/11/2008
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bien d'accord avec le Compère Filipo, mais la magie opère moins chez moi.

Tout ici est question de sensibilité.

Je dois en être moins pourvu.

Par contre, j'ai adoré cette phrase: "L’eau s’écoule un peu blasée, mouvement mécanique, à quoi bon partir quand c’est pour revenir inévitablement."

   victhis0   
24/11/2008
 a aimé ce texte 
Bien ↑
un poème au cœur de la nature auquel je suis sensible...J'ai aimé cette promenade singulière où j'ai essuyé quelques gouttes de pluie taquines. merci pour ce talent si original. Un peu ésotérique, peut être. Mais c'est aussi une qualité

   widjet   
26/11/2008
 a aimé ce texte 
Bien
Enfin une plume délicate, poétique et originale. Ca fait du bien aux rétines et même aux oreilles car certains passages mériteraient d'être lus à haute voix. Je n'ai pas tout compris, mais peu importe, il y a du talent là et une véritable sensibilité. Belle maîtrise des mots, fluidité qui nous (trans)porte jusqu'à la dernière ligne.

Léger bémol : la dernière phrase manque d'impact. J'aurai préféré la voir écrite ainsi :

...jusqu’à gober un nuage vert. Vert printemps.

Mais c'est une belle surprise ! Enfin !

Widjet

   Anonyme   
30/11/2008
Une très belle écriture, sensible, poétique.
J'ai beaucoup aimé.
Mon sentiment est cependant que ce texte aurait été plus sa place parmi les poésies que parmi les nouvelles.

Il m'est très difficile de noter.

   jensairien   
25/12/2008
 a aimé ce texte 
Bien
un texte assez étonnant. Son auteur semble une fourmi qui se déplace entre des mots géants. Ce qui dénote pour moi c'est cette intrusion d'internet, dont on ne voit vraiment pas ce qu'il vient faire dans ce tableau abstrait.

   Anonyme   
1/6/2011
Commentaire modéré


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