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Humour/Détente
solidane : Noël en grande pompe
 Publié le 19/11/10  -  5 commentaires  -  7717 caractères  -  78 lectures    Autres textes du même auteur

Bientôt Noël, un jour de gentillesse universelle. Mais quel sera mon cadeau ? Que m'offrirai-je ?


Noël en grande pompe


Ça grouille dans les rues. C’est Noël. Tous ces cadeaux, ces petits achats de première et de dernière minute ou d’ultime nécessité. Présents à ceux que l’on aime et à tous les autres, famille oblige, et dont on espère secrètement, pour certains, qu’ils ne donneront pas trop de nouvelles le restant de l’année. Les magasins ne désemplissent que pour mieux se gaver. Ça bouscule, ça grince, ça coince dans les rayons et il n’est pas rare de rencontrer des amalgames bien curieux. Deux bras appartenant à deux individus bien distincts logés dans le même manteau. Essayage rapide, l’un et l’autre tirant à hue et à dia, fermement résolus à gagner le vêtement de haute lutte, ignorant le même modèle resté pendu à son cintre dans l’attente des deux prochains belligérants. Noël c’est la fête de l’amour, de l’amitié, de la paix ; avant Noël c’est une guerre sans merci. Tout en haut, sourires d’un bonheur collectif et partagé, tout en bas crocs-en-jambe appuyés, coups de coude au niveau du foie, voire coup de genou là où ça fait plus mal, mais où ça plie mieux.


C’est une violence unisexe et il est grand temps que je m’y plonge. Rien à voir pourtant avec ce moment magique, mystérieux…, j’ai besoin de chaussures. C’est hélas toujours à l’approche de l’hiver que je constate les manques dans ma garde-robe, et question souliers, la carence est telle qu’il me faut dès à présent y remédier. Le centre-ville est à quelques pas, mais j’ai pris ma voiture ; le temps perdu à chercher une place de parking retardera d’autant ma plongée dans le magma humain.

Premier découragement, une place se libère à l’entrée de la rue principale, juste en face d’un magasin de godasses. C’est bien ma veine ; fataliste à mes heures, je prends. Les quelques mètres de trottoir à parcourir entre mon véhicule et la porte du magasin nécessitent des talents de nageur qu’heureusement j’ai su développer. Le courant humain est si fort et si contrarié par endroits que je ne peux éviter une légère dérive. Je la compense en me raccrochant à un sac porté en bandoulière, à une écharpe, à tout ce qui me tombe sous la main. Mes efforts ne sont pas vains et je me trouve enfin face à cette porte béante, avide, ouverte comme si elle m’attendait pour m’engloutir. Je ne me rappelle pourtant pas avoir prévenu de mon arrivée. Qu’importe ! Je suis dans la place.


Étonnamment, les travées sont peu remplies, le commerce vomit un flot de clients et ce courant impétueux semble nuire à l’entrée de chalands nouveaux, à moins que la vitrine que je n’ai même pas pris le temps d’observer, ne soit rébarbative. Ces considérations techniques mises de côté, ça fait mon affaire.

Alors que je glisse un œil peu intéressé dans les bacs qui frémissent au milieu de la pièce et sur les rayonnages, désespérés et jaloux d’être moins bien exposés, une vendeuse s’approche de moi. Le sourire est tel que je pouvais l’imaginer, gentil et de peu d’intérêt, les cheveux veinés de mèches blondes, le corps harmonieux. Elle s’inquiète de mes désirs, et je m’empresse de lui dire qu’il me faut d’urgence des chaussures. Ma naïveté semble la décontenancer, son savoir-vivre, son expérience du métier accumulée, l’empêchent de me répondre que ça tombe bien, vu qu’elle ne dispose plus de choucroute ; ils ont tout dévalisé.

Cherchant à affiner sa représentation de l’objet de ma quête, elle s’enquiert du modèle, de la pointure. Là, c’est elle qui me prend au dépourvu, je n’en ai aucune idée, du modèle bien sûr, la taille c’est quarante, facile à retenir puisque c’est également mon âge. Renonçant à en obtenir davantage, elle m’engage à m’asseoir sur un tabouret recouvert de skaï pendant que, de la réserve, elle sortira quelques souliers de saison, propres à me satisfaire.


L’absence est de courte durée, la voici de nouveau, chargée de cartons ; la pyramide est monstrueuse mais la dame est experte, pas de faux pas, pas de chute, spectacle annulé. À genoux à mes pieds, elle ouvre chacun des coffrets, ne sortant qu’un exemplaire des jumeaux, guettant ma réaction. Elle risque d’attendre longtemps. Ses descriptions des modèles sont précises, chaudes, enivrantes parfois. Peu me chaut. Mon apparente mollesse semble l’exaspérer, pourtant rien ne l’indique sur son visage, le sourire reste parfait. Je le sens dans la façon qu’elle a de saisir mon pied, moins de douceur. L’enveloppe de cuir doit avaler mon appendice pédestre de gré ou de force. Je la laisse faire. Je perçois pourtant qu’il est temps que je l’aide un peu, je me fais intéressé.


- Oui, ceux-là sont confortables, la ligne de ces autres me convient mieux, puis-je ? Oserais-je faire quelques pas ?


Rassurée, elle m’encourage. Je me lève donc, esquisse une avancée, un demi-tour, reviens à l’origine, réessaie d’autres paires, reproduis la manœuvre, pour enfin m’entendre lui déclarer :


- Elles sont parfaites.

- Lesquelles ? me demande-t-elle.

- Mais toutes bien entendu.


Un peu d’incompréhension chez ma zélée servante :


- Vous les prenez toutes ?


Mais non bien entendu. J’attends d’elle qu’elle m’informe sur les prix pour me décider. De mémoire, et là je suis stupéfait, elle décline tous les tarifs, taxe à la valeur ajoutée comprise.

Je m’entends lui dire :


- Et vous n’avez rien de plus cher ?


Sourire défait, mèches tombantes, mais elle se reprend aussi vite et me dit qu’en fait non, elle m’a tout dévoilé.

Je suis un peu déçu, je m’attendais à plus. Après tout, c’est presque un cadeau de Noël, pas question de lésiner.

Je jette enfin mon dévolu sur des chaussures noires, bout carré, confortables…, quant à savoir si elles sont à la mode, il ne faut pas trop m’en demander.


Alors que la caisse électronique crache sa petite musique, je lui demande si je pourrais avoir une petite bonification. Son sourire s’est à nouveau effacé ; mais là, elle s’y attendait. C’est hélas impossible, les soldes n’auront lieu qu’en janvier, et quand on considère la faible marge qu’elle engrange sur la marchandise, il ne faut pas y compter.

Je me rends compte qu’on s’est mal compris, je ne parlais pas d’une ristourne, mais bien au contraire, d’un petit supplément que je pourrais verser, ne serait-ce que dix pour cent. Je lui explique qu’après tout c’est Noël et que je désire me faire un beau cadeau.

Elle est effondrée, regarde désespérément autour d’elle, cherche une compagnie pour faire face à ce danger inconnu, et pour elle, sans l’ombre d’un doute, terrifiant. Peine perdue, les clients restent bloqués par le flot rugissant. Le sourire faiblement recomposé, elle accède à ma demande en me déclarant que je suis dur en affaire. Satisfait je lui demande d’emballer mes vieux croquenots, car je désire faire ma sortie, mon cadeau aux pieds. Je la gratifie d’un sourire reconnaissant, me dirige vers la porte. Quelques corps gisent là, attendant d’être happés par le courant. J’en profite pour éprouver la souplesse de mon acquisition, exerçant des pressions plus ou moins fortes sur les bras étendus, les fessiers assoupis, chacun prenant son mal en patience. Je plonge résolument dans le fleuve agité, et rejoins en quelques brasses ma voiture.


La grimace que m’adresse mon véhicule à la vue de mes souliers ne me convient guère ; on en reparlera. Mon regard se pose incidemment sur la vitrine du magasin que je viens de quitter. Il y a là en devanture une paire de pompes ! Elles sont géniales, exactement ce que je cherchais ou ce que j’aurais pu désirer. Hélas, il n’est plus temps, l’épreuve requiert trop d’énergie. Quelque peu perturbé par cette découverte, je m’en vais enfin, bien décidé une prochaine fois, à mieux me préparer. Heureux aussi, car c’est Noël, je me suis fait un si beau cadeau ; j’en suis tout attendri !



 
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   doianM   
4/11/2010
 a aimé ce texte 
Bien
Amusant, dans le thème "moi et les magasins" avec tout le cortège de petits ennuis et de bienvenues fantaisies de l'acheteur.
Phrase du début, liée aux obligations de faire des cadeaux aux proches et à la famille, teintée d'un soupçon de cynisme: certains cadeaux à certaines personnes dont on espère ne pas recevoir des nouvelles.

Le sujet est mince mais bien tourné et le titre lui va comme un gant.


Bonne continuation

   Anonyme   
8/11/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↓
En ce qui concerne l'humour, je n'ai pas trouvé chaussure à mon pied. Quelque chose de plus déjanté (je ne sais pas s'il existe un équivalent pour la chaussure, donc déjanté) m'aurait plu. La fin m'a néanmoins un peu pris au débotté. Je vais donc rajouter 10% à mon appréciation.

   Flupke   
11/11/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour,

Beaucoup trop d'adverbes en -ment. secrètement, fermement, heureusement, Etonnamment, également, désespérément, faiblement, résolument, incidemment, exactement.

Un animateur d'atelier d'écriture chargé d'une pré-selection pour un concours me racontait qu'il avait reçu la consigne suivante: plus de 5 adverbes en -ment sur une feuille A4 => débutant => poubelle.

Depuis je fais attention à ce genre de détail et je n'utilise des adverbes en -ment que si je les juge indispensables.

J'espère que vous trouverez ce conseil utile à l'amélioration de votre style, même si ici on ne peut pas parler de style débutant. Non, à part cette prolifération adverbiale, il y a un effort pour construire des phrases correctes, de manière parfois recherchée. La maturité stylistique est proche.

D'autre part, sur le plan de l'intérêt ou de la portée de cette histoire, je ne suis pas sûr de pouvoir l'apprécier à sa juste valeur. Cette histoire me semble un peu mince, une simple anecdote. Il faudrait étoffer l'aspect psychologique du personnage, ses doutes ses hésitations ses caprices pour qu'elle ait une portée réelle.

   Anonyme   
14/11/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Bonjour,

Le début de votre nouvelle collait bien avec le titre. Cela m'a amusée, de même que la description de la période des achats, parfois maladroite mais suffisamment bien conduite et détaillée pour que je m'y croie. Je suis donc entrée dans le magasin de chaussures avec le narrateur (à son sujet, voir plus loin). Et au final, j'ai été assez déçue. Votre nouvelle est plus une description qu'une histoire, et la chute en est un peu mince à mon goût.

Voici quelques petites choses que j'ai relevées :

-"Tous ces cadeaux, ces petits achats de première et de dernière minute ou d’ultime nécessité." : sans être une puriste acharnée de la forme canonique, je trouve que cette phrase aurait eu tout à gagner de la présence d'un verbe (que l'on attend), sans doute à cause du "tous" ;
- la scène du manteau m'évoque plus les soldes que les achats de Noël ;
- "C’est une violence unisexe et il est grand temps que je m’y plonge. Rien à voir pourtant avec ce moment magique, mystérieux,… " : j'aime bien l'expression "violence unisexe. Je me demande ce qu'est le moment magique, mystérieux ? L'amour physique ?
- "Les quelques mètres de trottoir à parcourir entre mon véhicule et la porte du magasin " : le narrateur s'est garé juste en face. Ce trottoir me semble bien large !
- "désespérés et jaloux d’être moins bien exposés" : c'est une image un peu trop facile. D'ailleurs, l'anthropomorphisme disneyen se poursuit avec la grimace de la voiture : cela n'apporte rien au texte.
- "la taille c’est quarante" : alors là, je suis scotchée ! Le ton du récit m'avait fait supposer que le narrateur était un homme, peut-être une interprétation hâtive des "talents de nageur". Plus loin : "je me fais intéressé.""je suis dur en affaire", etc.... Ha. C'est un homme qui a de très petits pieds ?
-"Ses descriptions des modèles sont précises, chaudes, enivrantes parfois. Peu me chaut" : la répétition phonétique de "chaut" est maladroite ;
-"Alors que la caisse électronique crache sa petite musique, je lui demande si je pourrais avoir une petite bonification. " : répétition de "petite" ;
- Les comparaisons entre le flot des clients et l'eau sont bien menées, mais l'image manque d'originalité.

J'espère que ces quelques réflexions vous aideront à affiner votre texte, qui dans l'ensemble est bien écrit.

   aldenor   
25/11/2010
 a aimé ce texte 
Bien
L’intro est un alignement de traits d’humour : Présents obligés à des gens qu’on aimerait ne pas revoir ; essayage du manteau à deux ; Noël amour en haut, guerre en bas… Non pas qu’ils ne soient pas drôles mais ça manque d’homogénéité, et de but, ça ne prépare pas vraiment la suite.
Ensuite il prend sa voiture pour « perdre du temps à chercher une place de parking … ». Il déploie des talents de nageur pour lutter contre le courant des piétons. Idées fines et amusantes, mais ici aussi ce sont des idées parallèles, nous ne sommes pas encore dans le vif du sujet.
Finalement on y arrive : le héros a besoin des chaussures.
Hilarant : « … ça tombe bien, vu qu’elle ne dispose plus de choucroute ; ils ont tout dévalisé. »
« …la taille c’est quarante, facile à retenir puisque c’est également mon âge. » : Marrante trouvaille jouant sur le rapprochement d’un élément changeant, l’age, avec un élément fixe, la taille du pied.
La vendeuse s’impatiente, saisi son pied avec moins de douceur : évolution bien amenée.
« Elles sont parfaites… Lesquelles ? … Toutes… » ; « Et vous n’avez rien de plus cher ? » sont amusants mais l’idée suivante, de la bonification, reprend le « vous n’avez rien de plus cher ? » et fait répétitif.
La grimace de la voiture a la vue des souliers ? Pour moi, l’humour ne fonctionne pas ici ; il faudrait que la voiture soit présentée dès le début comme un personnage, qu’elle réagisse déjà au parking et à la foule par exemple.
Le titre enfin est bien trouvé.
Bref, beaucoup d’humour, mais les traits tombent parfois à plat, parce qu’ils se dispersent. Un peu brouillon, je dirais, en somme.
Un mot sur le style : il est vif et précis mais, juste une impression, heurté, manquant de souplesse, de liant. Trop de ponctuation ? Faudrait-il quelques phrases longues, qui respirent ?


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