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Sentimental/Romanesque
stefan : Elle ne se ressemble pas
 Publié le 06/02/10  -  9 commentaires  -  13701 caractères  -  98 lectures    Autres textes du même auteur

Quelque part et nulle part, près de la mer, une femme en quête d'apaisement cherche à se fuir elle-même, à se fondre dans l'innocence d'une nouvelle virginité.


Elle ne se ressemble pas


Je l'imagine scrutant la ligne d'horizon au bout de la Méditerranée. Elle a ôté ses chaussures, qu'elle tient à la main. Le sable sous ses pieds est froid, elle en sent chaque grain, elle aime la façon dont il conserve son empreinte. Demain elle partira. Elle a conscience de se tenir à deux pas de l'abîme, mais cette sensation n'a rien d'effrayant. Elle sent avec jubilation se rompre le mince fil qui la maintient au rivage. La caresse du vent sur son visage aux paupières closes. Le sens de sa démarche lui échappe, pourtant. N'était-elle pas amoureuse, il y a encore deux jours ? Sur le point d'épouser de nouvelles certitudes. Cela lui ressemble si peu de tout laisser en plan. Il y a deux nuits à peine elle dormait contre son corps. Un corps musclé et souple, un corps apaisé par l'orgasme. Ses cheveux ras, leur sueur sur le drap. Les yeux grands ouverts sur l'obscurité, la certitude que plus jamais elle n'aurait sommeil. Le tic-tac de sa montre, sa respiration saccadée, lente comme une berceuse. Depuis que son père n'est plus, elle a cessé de le voir en chacun de ses amants. Et puis dans le noir de cette chambre, dans la chambre de ce bungalow, dans le bungalow sur la crique troublée par le clapotis marin, par le fourmillement de la faune nocturne, dans ces ténèbres aveuglantes fouillées par son regard à la recherche excitée d'une nouvelle vérité, l'amour s'en est allé.


Le repos auquel elle aspire n'est pas de ceux qui vous tombent dessus de façon naturelle. Il n'a pas l'objectivité organique de la fatigue, il ne résulte en aucune manière de la logique implacable qui met fin à une période de veille. C'est de son âme qu'il s'agit. Tant pis si le terme est vague. Elle cherche à submerger ses désirs, avant que d'en être submergée. Il y a juste elle, pieds nus, debout sur le sable qui refroidit. Jamais aussi seule. Jamais autant conscience de son corps attaché à sa colonne vertébrale. Un morceau de viande sur son os. Son cœur, organe central de sa solitude, bat si lentement, si tristement qu'elle en pleurerait. Elle pense à l'homme qu'elle a quitté. Elle pense à sa vie qui lui fait mal. Elle pense aux enfants qu'elle n'aura jamais. Aux livres qu'elle n'a jamais lus.


Son abandon est si parfait qu'elle n'a pas vu le soir tomber. De son sac, elle tire un paquet de cigarettes. Elle en allume une et marche vers la mer. Le ciel s'est teinté de couleurs violentes. Il n'y a rien de spécial dans ce crépuscule. Pourtant, quelque chose de différent. Son détachement agit sur sa perception du monde. Elle se sent minuscule, et voudrait pourtant embrasser l'horizon. Au loin, sur la plage, une silhouette s'éloigne qui tient au bout de son bras maigre une canne à pêche.


Elle a toujours eu peur. La peur de tomber enceinte. La peur d'avorter. La peur des colères de papa. La peur de faire pleurer maman. La peur de l'interrogation surprise. La peur des accidents de voiture. La peur de la vitesse. La peur de la foule qui gronde et oppresse. La peur d'être malade. La peur du viol. La peur d'avoir mal, la peur de la peur. La peur du cancer et elle écrase son mégot dans le sable mouillé. La peur de mourir et celle de vivre. "La vie ne me mérite pas" murmure-t-elle, comme pour se prendre pour une autre. Le clair de lune la guide jusqu'à la digue, éclairée tous les vingt mètres par des lampadaires. La saison est aussi morte qu'on peut l'être. Dans la vitrine d'un loueur de vélos elle se mire un instant. Elle n'est pas vraiment son genre. Ses yeux tristes, soulignés de cernes qui lui donnent l'air battu. Ses bras trop maigres. Ses cheveux qui ne tiennent pas en place. Son drôle de nez d’Esquimaude (son "groin", dit-elle). Elle soulève son chandail pour observer ses côtes. Se dit qu'elle a encore maigri. Un beau matin, elle risque de disparaître, de se volatiliser dans l'atmosphère. L'appétit n'a jamais été son fort. Parfois, elle mange par désœuvrement. Ou lorsque son amant la traîne au restaurant. Il fait sombre, il fait froid, et nulle part où aller. Elle ne se ressemble pas. Un jour son père l'a oubliée sur une aire d'autoroute. Elle garde sous la langue le goût de cette terreur-là. De la culpabilité aussi. Mais ce soir, papa ne retournera pas sur ses pas pour venir la chercher, et elle ne ressent nulle inquiétude. Les choses ont changé. Elle n'est plus cette petite fille distraite et curieuse, même si elle ne se sent pas vieille, juste un petit peu adulte. Parfois, elle croit encore qu'elle ne mourra jamais. Malgré ses quelques cheveux blancs qui éclaircissent sa tignasse. Sa poitrine qui peu à peu dégringole, happée par la gravité. Le son d'un moteur de voiture. Elle se glisse dans l'ombre d'une porte cochère. Cette nuit, elle sera invisible aux yeux des hommes. Elle s'assoit là, à cet endroit où seuls ses pieds captent la lumière artificielle. Allume une cigarette. Songe à ces menus plaisirs qui vous rendent mortel.


Elle est partie dans le matin sans un mot. Sans plus de raisons. Pour se prouver qu'elle était capable de gestes gratuits. Comme ce tireur fou qui tue au hasard dans la rue. Il n'était pas plus désagréable qu'un autre. Dix ans de moins qu'elle. Un côté frimeur, un côté mauvais garçon collectionneur de trophées. Ou bien tout autre chose. Comment savoir ? Ils ne se sont pas beaucoup parlé, juste de choses évidentes, de quoi préparer le terrain, entretenir l'illusion d'une entente amoureuse. Pourtant elle lui a tenu la main, et lui a dit "Je t'aime". Il roulait vite sur ces routes escarpées, tout à son désir d'elle. Lors d'une pause pique-nique dans un lacet de montagne, en descendant vers la mer, il l'avait plaquée contre la portière de la Toyota en lui écrasant les seins, tandis que d'une main elle faisait enfler sa virilité à travers l'étoffe du jean. Elle aimait le tenir ainsi, à sa merci. Le ciel était couvert. Relevant la tête vers les nuages gris, de fines gouttes s'écrasaient sur son visage. Humidité de son sexe qu'il caressait nerveusement, une main passée sous sa robe. Une camionnette qui descendait vers la côte les poussa à se ressaisir. Ils rangèrent dans la glacière les restes du repas. La pluie grossissait. Le désir qui nouait leur ventre faisait trembler leurs jambes. Il se remit au volant. Elle nota qu'il n'osait plus la regarder. Son érection toujours visible guidait chacun de ses gestes, modifiait sa façon de conduire, de passer les vitesses, d'attaquer les virages. Elle se sentait séduisante. Elle se sentait sexy. Elle remonta la robe jusqu'en haut de ses cuisses. Saisit son regard happé par la chair dénudée. Ses phalanges crispées sur le volant. Elle eut en tête des images d'accidents. Leur voiture s'écartant de la route, chutant dans un à pic. Percutant de plein fouet un autocar. Finir comme ça. Au comble de la tension sexuelle. Tout en haut de l'échelle du désir.


Je l'imagine frissonner dans la nuit, dans le silence de la station balnéaire déserte. Elle allume une autre cigarette. Un rai de lune fait apparaître la masse sombre et à peine mouvante de la mer. Pas très loin sur sa droite, la petite place, éclairée discrètement. L'été, il y a un manège. Les parents assis sur les bancs autour. Des bars et des restaurants avec des terrasses qui mangent les trottoirs. Le drapeau vert soulevé par le vent. Blottie sous la porte cochère d'une résidence morte, elle ne voit que la fumée qui s'échappe de ses lèvres. Des lèvres qui avec le temps ont appris à embrasser. Qui au contact d'autres lèvres se sont entrouvertes, ont soupiré de volupté et d'ennui, ont murmuré quelques vérités, beaucoup de mensonges, sont restées closes à des moments où quelque chose devait être dit. Des lèvres qui ont éclaté en corolles dans le vacarme de cent rires nés de l'ivresse. Il n'y a plus qu'elle et la cigarette et un monde mort. L'obscurité qui prend tout.


Elle s'éveille sous les premières lueurs d'un soleil pâle. Cligne des yeux devant la surface argentée de la Méditerranée. Étire son corps douloureux. Se met en route en direction de la place. Allume sa dernière cigarette. Là-bas, sur la jetée, un pêcheur et son fils s'affairent. Elle sort le téléphone portable de son sac. Bien entendu, il a essayé de l'appeler. Elle songe à son dépit. Sa rage. Son incompréhension. L'écran du téléphone la supplie de renouer le fil de sa vie. Il y a des messages sur le répondeur. Plusieurs SMS. Autant de passerelles, de possibilités de faire demi-tour. Elle éteint le mobile, résistant à l'envie de le lire, de l'écouter. Elle se souvient de l'amour. Comment il commence et comment il finit. Une ellipse parfaite. Ses reins et ses jambes lui font mal. Elle se dit : "Je suis une petite vieille. Une vieille folle." Elle marche dans la ville à la recherche d'un tabac ouvert.


Je l'imagine courir après une fausse nostalgie, à la recherche d'un passé imaginaire. Elle fait du stop sur une nationale qui court entre deux mers. Sans trop y croire. Elle se sent sale. Un peu libre. Ses cheveux salés. Elle passe les Pyrénées dans une Ford. Les nuages s'amoncellent, gris purgatoire. Elle se sent lasse d'entretenir la conversation. Elle se revoit petite fille, lorsqu'il a fallu apprendre le langage. Son palais innocent, les premiers mots et les premiers vertiges. Papa. Maman. Elle a appris la perte. Elle sait la musique des marches silencieuses, la tristesse d'un cœur qui n'a plus la force d'aimer, mais qui ne peut se résoudre à dire : "Tout est consumé." Elle baisse la vitre, la gifle du vent, la vitesse, le paysage, le béton de la côte espagnole. Ils s'ouvrent et se referment tous. Les cœurs. Il met de la musique car son silence le trouble. Elle aimerait être aimée une dernière fois. Elle voudrait désarmer le monde, d'un seul geste. Elle se dit que l'inconnu, finalement, possède un côté rassurant. Elle file. Il s'arrête pour boire un café. Il lui a dit : "Je vous dépose où ?" Elle a dit : "Quelque part. Près de la mer." Elle se sent vide, amputée du langage. Il la regarde de façon bizarre. Personne ne l'a jamais regardée ainsi. Elle savoure cette chance, le regard virginal, elle est née maintenant. Ça y est. Elle a cessé de se ressembler. Elle sourit. Perdre la raison, le fil de l'histoire. Son amant qui la cherche, le cœur bourré d'insultes. La pluie d'octobre. Elle voudrait dire : "Personne ne peut me comprendre mieux que toi." Il règle l'addition.


Son portable est déchargé. Ses mots sont vidés de leur sens. Elle n'est plus qu'un corps qui subit la gravité. Elle se souvient de cet homme qui voulait lui faire un enfant. Elle hésitait. Sa jeunesse à brûler. Elle n'avait simplement pas le temps. Et puis il est parti. À la conquête des rêves d'une autre. Toujours des rêves d'amour.


Elle s'abîme dans un bar de Sitges. Elle pourrait dire oui, là, à ce type qui lui parle une langue qu'elle ne maîtrise pas. Elle pourrait passer la nuit dans une chambre. Il mettrait de la musique et lui verserait un verre de vin. Il poserait sa main sur son genou. La comédie des sens. Tout est si simple et à la fois d'une complexité sans nom. Son crâne est une coquille vide, où se débat un papillon aveugle. Elle pleure. Il la console. Elle se sent loin d'elle. Elle croit qu'elle ne reviendra pas. Elle est saoule. Elle voudrait crever sans que ça lui fasse mal. Se blottir dans des bras qui étouffent. Il l'embrasse. Son haleine tabagique. Pourquoi faut-il que tout soit si prévisible ? Il y a trente ans à peine elle croyait à tout ce que ce monde avait à offrir. La rosée du matin sous ses pieds nus. Le portique dans le jardin. L'odeur du gazon l'été. Les parties de ballon prisonnier. Papa faisait la cuisine le dimanche à midi. Après ça il s'endormait devant la télé. Ses ronflements la faisaient rire. Papa dort. Demain il partira au travail, toute la semaine. "À dimanche" disait-il en claquant la porte de la Citroën. Dimanche prochain il refera griller le steak, décorera l'assiette avec de la laitue et des pommes frites, puis s'assoupira devant la télé. Papa. Je n'ai pas le souvenir que tu m'aies un jour caressé les cheveux, pris par la main, que tu m'aies dit les mots pour que je sois plus forte. Je voulais être ta meilleure amie. Je voulais que tu me dises que je suis jolie. Que tu fasses semblant de m'aimer un peu. À présent je te dédicace chacune de mes ivresses. Tous mes gestes inconscients et stupides. Tu aurais pu me faire cadeau d'un petit frère. Maman entre deux silences m'appelle pour mettre la table. Deux couverts, toujours face à face. La table trop grande. Manger sans appétit, pour la forme. La télé qui ronronne. Je me souviens de ma chambre, au bout de ce couloir triste. "Va t'amuser, il fait si beau dehors". J'écoute la radio. J'essaie d'écrire en vers. Contre tout. Des avions traversent ma fenêtre. Je dessine des visages. Des yeux immenses au-dessus d'une bouche minuscule. Je m'enivre en cachette. J'ai peur que demain me surprenne encore en vie. Avec une lame du rasoir de papa je trace de fines rigoles sur ma peau. J'écris avec mon sang dérisoire sur une page blanche. Des croix, d'étranges symboles, des rêves qui naissent et meurent aussitôt. Des rêves d'amour, toujours.


Je l'imagine au réveil, dans cette chambre aux relents lourds d'alcool et de sexe. Elle se rappelle la façon maladroite dont il l'a pénétrée. Elle a dû dire "Encore" mais pensait : "Ça suffit." Elle lui a concédé l'ultime partie d'elle qui la rattache au monde des vivants. Il lui dit : "Je vais travailler. Fais-toi du café. Prends ton temps. Laisse la clé dans la boîte aux lettres." Elle est sortie sous la pluie d'octobre et a marché longuement sur la plage. Chez lui, elle a rechargé son portable. À 11 h 35, elle a téléphoné à son amant du bungalow. Elle lui a dit : "S'il te plaît. Viens me chercher."


 
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   Anonyme   
26/1/2010
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour

"Elle sent avec jubilation se rompre le mince fil qui l'a maintient au rivage. La caresse du vent sur son visage aux paupières closes." Peut-être aurait-il fallut réécrire Elle sent (ou autre chose) avant La caresse du vent. Le sens de la phrase est tronqué ici.

D'autant qu'après il y a "Le sens de sa démarche" et comme elle marche on bute sur ce double sens.

"Jamais autant conscience de son corps attaché à sa colonne vertébrale." Ici aussi, avis perso, il manque un liant quelque part.

"Un morceau de viande sur son os." sur un os peut-être, plutôt que sur "son os", parce que le lecteur à l'image de la colonne vertébrale donc d'un squelette constitué de bcp d'os.

"Pour se prouver qu'elle était capable de geste gratuit." Peut-être le mettre au pluriel ou alors il manque ici aussi un petit quelque chose.

"la masse sombre et à peine mouvante de la mer." peut-être supprimer le "et" pour la fluidité de la phrase et de l'image.

Ensuite, la magie de l'écriture opère, j'ai lu et apprécié. Je n'ai pas tout saisi mais il y a là ici deux femmes entremêlées, deux contraires suggérés mais bien dessinés.
Bonne continuation à l'auteur.

   florilange   
29/1/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
J'aurais préféré que le narrateur reste toujours extérieur, qu'il ne se mette pas à parler à la 1ère personne.
Les paragraphes sont trop denses, il faudrait les aérer 1 peu pour faciliter la lecture, la rendre + agréable.
Le style accuse des répétitions mais aussi de belles formules, dont la peur de tout, la peur de la peur, terriblement féminine.
Les souvenirs reviennent par rafales, sans beaucoup d'ordre, c'est sans doute normal quand on est à ce point perturbée mais il est, du coup, difficile de comprendre son problème, de reconstituer l'histoire qui l'a amenée là, sur cette plage, puis en Espagne. Et qui la fera rappeler cet homme, pour qu'il revienne la chercher. Un bon terreau, légèrement embrouillé.
Florilange.

   jaimme   
31/1/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Touché par ce texte. Très riche de ces phrases courtes qui décrivent une intense, immense, douleur.
Quand je n'ai plus envie de noter les détails imparfaits c'est toujours le signe que le texte m'a emporté. Un très bon signe.
J'ai souffert avec cette femme.
Je n'ai "tiqué" qu'à un moment: peut-on se souvenir des moments de l'apprentissage du langage, de ses débuts? Est-ce alors une image, comme celle du portable à recharger. Un détail.
La toute fin mériterait d'être un peu travailler pour lui donner ce point d'orgue que mérite la puissance de ce texte.
Merci pour cette lecture.

   Anonyme   
3/2/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Joli texte qui nous tient en haleine, qui raconte les urgences de la vie par des phrases courtes, enlevées, irrémédiables : il faut vivre à tout prix. Bilan d'une vie qu'on veut forte, qui ne peut déboucher que sur un ailleurs... Et la chute, réussie, arrive, salvatrice. Bref un ressenti plutôt agréable.

   Automnale   
7/2/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
J'ai trouvé ce récit intéressant. Lors de la première lecture, je n'avais nulle envie de relever les éventuelles maladresses. Seule la suite de l'histoire m'importait. Et cela, c'est plutôt un très bon point au profit de l'auteur. Il m'a donc fallu une seconde lecture pour m'imprégner à la fois du fond et de la forme.

J'ai essayé de savoir qui, dans la vie de cette femme, était le narrateur. J'ai pensé que cela pouvait être son amant de coeur, celui à qui elle aurait tout - ou presque - raconté. J'ai noté l'importance du père. Après le décès de celui-ci, elle a cessé de le voir en chacun de ses amants.

J'ai bien compris que sa propre vie lui faisait mal. J'ai souri à l'idée qu'elle n'était pas vraiment son genre ! Mais j'ai eu un peu de mal à imaginer son âge. Dans un premier temps, l'auteur dit : "Elle ne se sent pas vieille, juste un petit peu adulte". Et, cependant, il ajoute un peu plus loin : "Pourtant, sa poitrine dégringole déjà" ! Elle ne serait donc pas si jeune que cela, alors, d'autant qu'elle se considère comme une petite vieille ? Or, nous apprenons que, il y a trente ans à peine, elle jouait encore au ballon prisonnier... A mon sens, il y a des contradictions dans cette histoire d'âge.

Quelques petits détails - qui n'enlèvent rien à la qualité du récit - ont quand même (en seconde lecture donc) attiré mon attention. Exemple : "Comme ce tireur fou qui tue au hasard dans la rue. Il n'était pas plus désagréable qu'un autre". Je sais bien que ce n'était pas le tireur qui était plus désagréable qu'un autre, mais les deux phrases, à la suite l'une de l'autre, me gênent un peu... Deuxième exemple : "Elle baisse la vitre, la gifle du vent, la vitesse, le paysage, le béton de la côte espagnole". Cette phrase pourrait, je crois, être améliorée...Troisième et dernier exemple : "Là-bas, sur la jetée, un pêcheur et son fils s'affairent". Comment peut-on savoir qu'il s'agit du fils du pêcheur ?

J'ai aimé le "gris purgatoire" ! J'ai aimé la précision finale du "11 heures 35" ! Et je lirai, avec plaisir, un autre récit de Stéfan dont le style d'écriture me semble bien au-dessus de la moyenne.

   Anonyme   
7/2/2010
 a aimé ce texte 
Bien
J'ai bien aimé ce récit et à ma deuxième lecture je ne trouve pas à redire. Du charme, une certaine façon d'entraîner le lecteur et surtout une chute mélancolique bien trouvée et bien tournée.

   Anonyme   
7/2/2010
 a aimé ce texte 
Bien
L'écriture est belle et très personnelle.
des passages que j'apprécie : "Et puis dans le noir de cette chambre ...l'amour s'en est allé" : un peu long mais j'apprécie l'enchainement...
Plein d'expressions très belles et expressives à souhait "Son coeur...pleurerait","tout en haut de l'échelle du désir","l'écran du téléphone la supplie ...le fil sa vie" "Son crâne est une coquille vide ..." etc..
En revanche, l'histoire sous jacente est peu claire. On comprend un mal être fort de cette jeune-vielle femme. Une relation au père
mal digérée qui la sépare des hommes ...
Mais le road movie est plutôt bien mené. La fin pourquoi pas ? Mais des interrogations demeurent.

   Anonyme   
9/2/2010
 a aimé ce texte 
Un peu
Je suis un peu partagée sur ce texte

D'un côté il y a les
"Je l'imagine" qui me plaisent beaucoup et qui permettent de bien visualiser les scènes.

De l'autre côté il y a un peu trop d'intériorité, d'explications du personnage, du coup je n'arrive pas à avoir un minimum d'empathie pour elle, un peu comme si elle était un sujet d'étude.

Ici "Il n'était pas plus désagréable qu'un autre. " il m'a fallu relire pour comprendre qu'elle parlait de celui qu'elle venait de quitter et non du tireur fou

Sinon j'ai noté une écriture agréable toute en douceur et langueur que j'apprécie.
Par contre je pense que le texte aurait gagné à être plus lié. Quelque part je ne vois pas vraiment de progression dans le récit, il y juste des juxtapositions de souvenirs. Et finalement pas assez exploités (Le dernier paragraphe tellement il est riche et dense au niveau du personnage aurait par exemple mérité d'être beaucoup plus longs).

J'aime bien par contre les dernières phrases

   Anonyme   
21/2/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
C'est un texte entre deux vagues, il est facile de s'y perdre.

L'écriture est fluide, riche et parfaitement aboutie.

Le fond de l'histoire semble provenir d'un vieux film, une tragédie sentimentale. Je ne cherche pas à savoir s'il s'agit d'un souvenir intime ou le résultat d'une inspiration, cette nouvelle est fort bien écrite.


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