Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Humour/Détente
stewy : Rouge sang
 Publié le 29/08/08  -  6 commentaires  -  4613 caractères  -  39 lectures    Autres textes du même auteur

En des temps lointains, une terre maudite fut le théâtre de combats incessants. Une paisible marmotte avait élu domicile sous ce champ de bataille. Ne supportant plus la situation, elle décida de changer le cours des événements...


Rouge sang


Nous sommes en 1385, dans une contrée si reculée que nul n’avait daigné lui donner de nom. Ce pays semblait être maudit ou oublié des dieux et de leurs bénédictions. La terre y était rouge du sang des hommes qui y avaient péri. Sur ces terres ne vivaient ni paysan ni artisan, il n’y avait ni roi ni mendiant, il ne s’y trouvait pas de voleur non plus, ces terres n’étaient peuplées que de guerriers. Des hommes de combats, armes au poing, prêts à frapper jusqu’au plus profond des limbes de leurs sommeils. Ils ne revêtaient que l’armure et jamais ne l’ôtaient. De mémoire d’homme ce fut toujours ainsi ; aux batailles succédaient d’autres batailles. Pourtant jamais guerre n’avait été déclarée. Il n’y avait d’ailleurs pas de camp. Sur ce domaine, les hommes ne se livraient combats sous aucun blason, au sein d’aucune armée et au nom d’aucun roi ; c’était ainsi. Le sang se déversait depuis des générations sur ce sol où poussaient bleuets et pissenlits.


Dans son terrier, isolée tant qu’elle le pouvait de cette violence, une marmotte occupait le sous-sol de ce champ de bataille. Étant pacifiste et parfaitement neutre à ces chamailleries terrestres, elle avait survécue à plusieurs générations de guerriers. Elle ne comprenait pas la folie des hommes qui vivaient au-dessus.


Fuyant la violence qui régnait sous le soleil du monde des humains, elle restait là, entourée de ses murs rouges. Ce qui depuis le temps lui avait permis de réfléchir à la situation et aux raisons qui justifiaient tant d’affrontements. Ces hommes ne cherchaient ni richesse, ni possession de cette terre ; ils ne protégeaient aucun peuple ; ne se défendaient d’aucune liberté menacée. Non, ces hommes se battaient depuis toujours pour l’honneur. La marmotte ne comprenait pas pourquoi de simples gens défendaient égoïstement leur propre dignité. Son cerveau, certes petit mais très vif, pouvait comprendre que des rois se battent pour l’honneur, car ils représentaient leur peuple, ils avaient le fardeau de parler au nom de tous. Un roi n’était pas un homme comme les autres, il était le symbole d’une histoire, d’une idéologie, il était parfois même contraint d’agir pour des raisons politiques.


La marmotte avait beau réfléchir, prendre par tous les sens les raisons potentielles de tels actes, elle ne trouvait ni réponse ni circonstance atténuante. Ce qui rendait la situation encore plus dure à vivre pour elle, victime innocente et aucunement concernée par tant de haine. Outre les bruits incessants des combats, les vibrations des chocs sur le sol, son pelage jadis blanc et beige était devenu rouge sang. Son univers entier arborait cette couleur. Les parois des galeries, les différentes chambres creusées au fil du temps, jusqu’à ses réserves hivernales, avaient pris cette teinte pourpre. Les yeux de la marmotte n’avaient vu d’autre couleur depuis fort longtemps. Se souvenait-elle du bleu du ciel, du vert de l’herbe, du jaune des pissenlits ? Toutes ces couleurs qu’elle avait contemplées auparavant, quand son intrépidité lui permettait de visiter le monde des hommes. C’est dans ses souvenirs qu’elle trouva la solution…


Une nuit étrangement calme, elle décida de mettre son plan à exécution et remonta à la surface. Elle avait jeûné toute la journée pour remplir son estomac de pissenlits et de bleuets. Son appétit semblait insatiable, elle dévora à grandes bouchées ces petites fleurs colorées couvertes de rosée.


Si bien qu’à l’aube, son système digestif la sollicita à évacuer. Elle se mit alors à courir dans tous les sens ; et sur toute la contrée elle déversa sa semence urétique qui avait pris des teintes bleues et jaunes. Au contact de la terre rouge, le sol prit des colorations orange et mauve. La vidange prit fin au petit matin. La marmotte contempla son ouvrage du haut d’un peuplier. Le pays entier rayonnait et vibrait sous cette couverture bicolore. Fatiguée de tant d’effort, la marmotte regagna son logis avant l’arrivée des hommes. À peine avait-elle franchi l’entrée de son souterrain que le cliquetis des armures se fit entendre.


Pourtant, les guerriers ne se livrèrent guère combat ce jour-là… Les jours suivants non plus d’ailleurs. Troublés par l’œuvre de la marmotte, les hommes plongèrent dans l’incompréhension la plus totale. Les batailles cessèrent car les hommes accusèrent la force divine pour justifier un tel événement. La paix régna dès lors sur ces terres maudites, les hommes vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants…


… qui se battent désormais à coup de bombes atomiques ; autant dire qu’elle va pouvoir en bouffer, des pissenlits, la marmotte…



 
Inscrivez-vous pour commenter cette nouvelle sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   xuanvincent   
29/8/2008
 a aimé ce texte 
Bien
Le thème de cette courte nouvelle a retenu mon attention.

L'histoire m'a paru assez bien écrite dans l'ensemble.
Détail : "elle avait survécue" : coquille (un "e" final en trop pour "survécue")

J'ai apprécié le personnage de cette marmotte pacifique, qui n'arrive à comprendre la folie des hommes. Egalement la description de ce pays imaginaires, peuplé que de guerriers, qui ne savent que guerroyer, sans réel motifs.

Le fait que la marmotte puisse, par le simple fait d'apporter de nouvelles couleurs dans ce pays, m'a intéressée, et en même temps fait un peu sourire (tous les hommes auraient-ils vu cette petite marmotte venir perturber l'équilibre de leur monde ?)

Il m'a semblé toutefois relever quelques incohérences dans le récit (ou alors ai-je mal compris ?).
En particulier, d'où sortent ces pissenlits et ces bleuets, alors que le sol et le sous-sol semblent être devenus rouges de sang ?

La fin m'a amusée.

   Anonyme   
30/8/2008
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Ben moi j'ai apprécié la dernière phrase... j'aurais aimé sentir ce ton dans tout le texte...

Sinon l'idée de faire parler la marmotte est sympa. Mais il y a une incohérence entre le champ de bataille (corrigez-moi mais y a quand même rien qui pousse sur un champ de bataille? enfin sauf des batailles mais de l'herbe et des fleurs?) et les fleurs de partout (et pas trop loin du terrier je suppose, ça marche pas loin une marmotte si?)
...

Et puis voilà c'est bête, je ne m'imagine pas une marmotte remplir un champ de bataille de vomi ... yeurk... (Edit ah si c'est pas du vomi c'est du popo, parce que le système digestif c'est vomi ou popo Isfranco...)

Mais c'est un conte et ça marche, l'effet est sympa, la pointe d'ironie à la fin est pertinente et drole...

Bref, selon moi on peut améliorer un peu au niveau de l'usage de certains mots, certaines tournures de phrases mais le texte fonctionne...

   Anonyme   
30/8/2008
 a aimé ce texte 
Bien
C'est pas du vomi, c'est du pipi...

J'ai trouvé ça assez sympa également. Alors non il n'y a pas de fleurs sur les champs de bataille... Pas de marmotte non plus. Mais en soit, un champs de bataille n'est-il pas surréaliste.

J'ai beaucoup aimé l'ironie du propos...

Je ne suis pas certain non plus qu'une marmotte vive assez longtemps pour succéder à plusieurs générations de guerriers...

Mais qu'importe: elle fait pipi dessus! :-)

   gollum29   
31/8/2008
 a aimé ce texte 
Bien
Cette nouvelle m'évoque une citation de JRR Tolkien : "Même la plus petite personne peut changer le cours de l'avenir."

Après tout pourquoi pas ? C'est délicieusement imaginatif et surréaliste comme histoire, et la dernière phrase est excellente avec ce brusque changement de ton. Il y a peut-être quelques maladresses mais rien d'important...

En tout cas, je propose de lancer un mouvement pacifiste à l'échelle planétaire ! Pissons sur tous les champs de bataille !

   dude   
1/9/2008
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
C'est un peu court et on sent le coup venir avec cette histoire d'humains barbares et de créature, certes insignifiante pourrait-on croire, mais finalement pourvue de plus de bon sens que l'humanité "supérieure".
On adhère facilement au message véhiculé par le récit. C'est assez plaisant d'imaginer qu'il y a davantage de pouvoir dans l'urine d'une marmotte qu'il n'y en aura jamais dans toute cette humanité belliqueuse. Visulaiser cette scène m'a bien amusé!
Plus que le style, j'ai retenu surtout le ton du récit qui "colle" bien au thème. Par contre, la répétition du mot "terre" en début de texte m'a un peu dérangé. Et la précision de l'année n'apporte pas grand chose, si ce n'est de préciser qu'il s'agit du passé et que le futur ne s'apprête guère à être plus brillant.
ça change de la marmotte qui plie le papier alu! ;)

   mandragora   
22/3/2009
Moi j'ai adoré cette histoire! Enfin de l'imaginaire comme je l'aime.
Dans mes rêves je pisse aussi sur les champs de bataille. En plus elle est courte mais très bonne cette nouvelle! Au plaisir de te relire


Oniris Copyright © 2007-2023