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Horreur/Épouvante
Strip : Vendredi soir
 Publié le 23/12/10  -  11 commentaires  -  7616 caractères  -  244 lectures    Autres textes du même auteur

Petit slasher récréatif...


Vendredi soir


- … Ça y est ? La petite tisane est terminée ? Je sais que le goût n’est pas terrible mais y en a d’autres pour ceux qui veulent, attendez au moins deux heures quand même… Dis donc ma petite Anna, elle est bien chouette ta maison de campagne, tu devrais nous y inviter plus souvent…

- Mais quand tu veux mon Charlichou ! C’est un peu paumé mais pas de voisin pour te dire de baisser la musique, la forêt est à deux pas, barbecue à volonté, que du bonheur… ça vous dit plus tard une petite séance de spiritisme ?

- Du spiritisme ? Mouais, ça fait déjà plusieurs fois qu’on finit nos soirées par chanter des génériques de dessins animés, je préfère picoler jusqu’à ce que les sujets de conversation deviennent plus intéressants…

- Ah ! Le quart d’heure critique on y avait pas encore eu droit, mais quel rabat-joie ! Sinon on peut aussi faire un tarot, on n’est pas obligés de se mettre minable…

- Pff !

- Bon et bien picole et quand tu seras moins grincheux, fais-nous signe…

- Je vais allumer le barbec’.

- C’est ça, passe-moi une bière tant que t’es debout.


La nuit est fraîche, Kali me passe son briquet après avoir fait sauter sa capsule avec. J’allume le papier journal, un peu contrarié :


- Anna a le don de m’agacer, heureusement qu’elle est canon… T’as vu tout à l’heure quand elle s’est penchée pour ramasser une fourchette, aïe, aïe, aïe ! je suis sûr qu’elle en a fait exprès…


Le feu lèche les bouts de cagette, ça crépite, j’ai faim. Kali scotche comme moi sur les flammes en buvant sa bière :


- T’as vu, me dit-il, Alice n’arrête pas de me regarder, elle me cherche, je lui ferais bien le coup de l’andouillette…


On éclate de rire comme deux nigauds, le feu pète encore en traces étincelantes au-dessus de la grille. Je demande à Kali d’envoyer les magrets. Anna sort avec un verre de vodka-pomme et me passe son joint :


- Alors grincheux, ils disent quoi les magrets ?

- Z’ont l’air correct, envoie donc un peu de poivre.


Alice a foiré ses frites elles sont toutes molles et marron, elle a l’air effondrée, Kali la prend dans ses bras, lui caresse le dos et me fait un clin d’œil. Les magrets sont un peu trop cuits mais savoureux et le vin est bon, tout le monde s’excite et parle en même temps. Pierrot raconte à Julie une de ses expériences de spiritisme et toutes les autres conversations s’arrêtent comme par enchantement :


- … On avait mis un verre vide au centre de la table avec des bougies et on posait des questions dont les réponses étaient soit oui, soit non, à un moment, le verre a vibré, on l’a tous senti, t’étais à côté de moi Kali, tu te souviens ? Ah non, c’est vrai, c’était Nico, enfin bref, tout le monde s’est chié dessus et on a arrêté…


Anna me regarde en souriant, j’ai envie de me marrer puis on décide tous de se faire une petite séance. Alice a la trouille et Julie n’est pas très chaude mais moi, Anna et Kali commençons à être bien perchés, nous dansons autour de la vieille table en bois et y posons des bougies en sifflotant le thème de l’exorciste, Alice est pâle et semble nerveuse alors Anna en rajoute et laisse la lumière des flammes danser sur son visage en la fixant avec un regard diabolique, j’éclate de rire. L’installation est enfin terminée, on se tourne tous vers Pierrot :


- Bon, alors on se met tous autour de la table, tiens vas-y retourne le verre, voilà… Maintenant mettez tous un doigt sur le haut du verre et faites le vide, décontractez-vous et gardez vos épaules en contact… Bon, on va dire qu’ici c’est oui et là c’est non, voilà… Et maintenant, la question qui tue, je m’y colle : Esssprrriiit, es-tu là ?


Je me retenais de rire mais la voix exagérément chevrotante de Pierrot m’achève et on éclate tous de rire, même Alice est pliée. Soudain, les bougies s’éteignent toutes en même temps, on n'y voit rien, tout le monde s’agite, j’entends des bruits violents de chaises et de verre brisé, je crie :


- Mais arrêtez, vous êtes lourds, vous allez tout casser ! Bougez pas, j’allume !


La lumière ne fonctionne pas, je n’entends plus rien, c’est le noir complet, j’ai l’impression que les autres se foutent de moi, j’avance en tâtonnant et les menace avec une voix de démon :


- J’ai faim, j’exige un être vivant !


Je sens un souffle derrière mon oreille, je soupçonne Kali et quand j’essaie de lui peloter les couilles ma main ne trouve rien, la lumière se rallume d’un coup, il n’y a plus personne dans le salon. Les chaises sont renversées, le verre est cassé au centre de la table. J’appelle :


- Vous êtes où bande de nazes ? Le premier que je trouve, il va prendre cher, me dites pas que je vous ai pas prévenus !


J’ai l’impression d’entendre glousser sous la grande table, je m’approche tranquillement avec la cruche d’eau, je soulève la nappe et balance toute la flotte qui retombe sur le sol. Le plafond grince et quelqu’un gratte à l’étage. Je monte les escaliers en poussant des cris de dément et en frappant du pied. Une marche se brise et ma jambe s’enfonce jusqu’à mi-cuisse, j’ai mal. Je crie :


- Les gars, déconnez pas, je crois que je me suis pété la jambe !


Pas de réponse, j’essaie de me relever mais une grosse écharde s’enfonce dès que je tire, je hurle :


- Merde ! C’est grave là, venez m’aider, il faut m’emmener à l’hosto !


La lumière s’éteint à nouveau, je ne vois rien, je suis dans une position pénible, je commence à sentir du sang qui coule le long de ma jambe, mon autre jambe est pliée et fatigue, j’essaie encore de me relever mais une décharge de douleur me crispe tout le corps, j’entends des rires, je m’énerve :


- Putain mais vous êtes cons ou quoi ! Venez m’aider, j’rigole pas !


Je sens à nouveau un souffle derrière mon oreille, je cherche avec mes bras, je ne trouve rien. Mes yeux s’habituent à l’obscurité, je distingue le haut des escaliers, une forme plus sombre semble y bouger mais quand je fixe l’endroit je ne vois plus rien. Je commence à paniquer, je force sur ma jambe comme un dingue, ma peau se déchire, la douleur est atroce, soudain, quelque chose me saisit le pied et le tire violemment vers le bas, ma jambe s’enfonce encore plus profondément, je hurle de douleur. Sous l’escalier, une main froide me caresse le mollet et remonte jusqu’à ma cuisse, mes poils se hérissent, mon cœur ne bat plus, il tremble, j’entends ma propre voix se déformer :


- Arrêtez s’il vous plaît, laissez-moi partir…


Quelque chose s’agite en haut des escaliers, je distingue une masse sombre qui glisse lentement vers moi, ma sueur est glacée, ça s’approche en murmurant comme plusieurs voix lointaines, mon corps entier n’est plus qu’un frisson, tout à coup, un hurlement de douleur déchire mes tympans, comme si un brûlé vif criait dans mes deux oreilles en même temps, je n’en peux plus, des larmes coulent de mes yeux, tout mon visage est crispé de tics nerveux, j’essaie de donner des coups de poing, j’essaie de crier mais ma bouche est bloquée, la main sous l’escalier vient d’enlever ma chaussure et me chatouille la plante du pied.


Quand je me réveille, il fait jour, j’ai envie de vomir, Anna ronfle à côté de moi, je la secoue, elle grogne :


- Anna, Anna ! Mais qu’est-ce qu’on a fait hier ? Je ne me souviens de rien…

- Tu m’étonnes, t’as fini tous les champignons, après t’as pété un câble, tu te prenais pour un démon, t’as renversé toutes les chaises, t’as mis de l’eau partout, t’as défoncé mes escaliers, bref, fidèle à toi-même…

- Mais on n’a pas fait de spiritisme ?

- Rendors-toi…


Je soulève les draps, Anna est en petite culotte.


- Et on a…

- Rendors-toi !


J’adore les week-ends entre potes.


 
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   Anonyme   
6/12/2010
 a aimé ce texte 
Bien
Sympathique ! Ça me rappelle "the canins of the moutch", la parodie des inconnus. En fait, ça rappelle TOUS les films de bandes de potes qui finissent dans le gore absolu, sauf qu'ici, il y a une retenue de bon aloi.
Le contraste entre la terreur du narrateur face à l'ombre menaçante qui glisse vers lui et la torture épouvantable qui est infligée à sa plante des pieds permet de maintenir la distance... un petit clin d'oeil pour rappeler que c'est pour rire- et ça m'a fait sourire.

Vous avez annoncé un slasher récréatif, c'est un slasher récréatif, qui respecte les lois du genre. Pari tenu, mon appréciation est donc en conséquence.

   jaimme   
14/12/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
J'aurais bien vu le texte commencer à "Alice a foiré ses frites ", ce qui précède ne me semble pas nécessaire et l'accroche est plus immédiate. Puis, et seulement ensuite, planter les personnages.
Vous avez choisi le rêve, la défonce, comme explication. C'est un choix que je n'aime pas, c'est tellement courant. J'aurais bien vu un élément d'originalité sur la fin, le reste en aurait gagné en piquant.
Les passages de terreur sont bien rendus. La succession des événements bien amenés. La toute fin sympathique.
Bonne continuation.

   Pattie   
21/12/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Quel dommage cette fin en forme de rêve ! J'ai tout aimé du reste, c'est très drôle, bien écrit, l'ambiance est bien en place, un peu flippant. Et vlan, on nous inflige un banal rêve comme final !

   doianM   
21/12/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Ca se lit facilement, ça s'entend, ça se sous-entend.
Un vendredi bien arrosé, agrémenté de joints et combiné avec une séance de spiritisme.
On y va très loin.

J'ai lu l'histoire de ce vendredi quelques fois, essayant de savoir si j'aime ou pas.
Ca ne mène pas loin mais c'est correctement écrit avec un vocabulaire adapté à la situation.

Il n'y a pas, à mon sentiment, un lien suffisant entre la zône d'ombre du récit, quand le narrateur est bien "parti" et ressent des douleurs bien physiques, et, enfin, la réalité.
On ne distingue aucune trace de ce cauchemar, au réveil.

Bonne continuation

   Anonyme   
23/12/2010
 a aimé ce texte 
Un peu
Pardon, mais... et alors ?

Si l'écriture est agréable le texte et le récit en lui-même me semblent un peu pauvre. Trop de points d'exclamation à mon goût. Je trouve que s'exclamer autant même à l'écrit ça fait teenager ou private joke. C'est une soirée qu'on raconte au lundi matin mais je ne vois pas la valeur littéraire qui fait qu'une anecdote devient un bout de littérature, à défaut un bout de lecture. Toutefois le style est bon, l'écriture de ce texte m'a permis de venir à bout d'une lecture qui par endroit m'a semblée fastidieuse.

   widjet   
27/2/2011
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Dans les bons points, notons le réalisme des dialogues assez familiers qui fusent sec et ne font pas trop écrit justement.

Le reste est assez convenu à l'instar du passage "horrifique" qui mériterait d'être plus audacieux dans le traitement (peu de prise de risque, pas vraiment d'images fortes ou visuelles).
L'effet désiré est même désamorcé avec des phrases trop "lègères" comme "la main sous l’escalier vient d’enlever ma chaussure et me chatouille la plante du pied". Niveau forme, le mot "douleur" répété trop souvent, des phrases bancales ("ma bouche est bloquée", "comme si un brûlé vif criait dans mes deux oreilles en même temps" (pas utile de préciser le nombre d'oreilles !...)

Bref, je n'ai pas passé un mauvais moment. C'est toujours ça.

W

   liryc   
23/12/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
L'angoisse progressive du héros est rendu de façon très efficace avec de l'humour bien placé. Les dialogues m'ont également convaincu. La fin oui bof, trop connue. Un texte court comme je les aime, qui nous plonge rapidement dans une ambiance dans un langage et des mot simple, et au mystère très bien développé. Dommage pour la fin.

Bonne continuation
Liryc

   Nicky   
12/1/2011
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
J'ai bien aimé la progression de l'angoisse du narrateur mais j'ai l'impression qu'elle aurait pu aller un (ou deux) cran(s) plus loin!
Et, personnellement, je trouve la fin un peu "facile".
Le récit est court et évolue bien. Mais je ne suis, moi non plus, pas très fan de l'explication " stupéfiants". J'aime les fins mystérieuse... ;)

   Milwokee   
17/5/2011
 a aimé ce texte 
Pas
Mes excuses à l'auteur, mais je n'ai vraiment pas aimé.
D'abord, les phrases de cinq lignes avec des virgules à tout va alors que des points auraient mieux convenu, ça m'écorche les yeux. Et puis, le thème déjà vu et sur-vu, ça ne vaut le coup d'écrire là-dessus que si c'est pour proposer quelque chose de nouveau ! Là, rien de nouveau, la fin est "devinable" dès le début, le "rebondissement final" se produit exactement au moment où on l'attend, tel qu'on l'attend.
Et l'horreur n'en est pas (pour moi en tout cas), rien d'effrayant, pas de quoi frémir, tout est si couru d'avance et si déjà-vu-des-milliers-de-fois-ailleurs-et-de-la-même-manière...
Un bon point tout de même pour les dialogues, qui rendent très bien, ça sonne juste et ça c'est quelque chose d'assez difficile à obtenir, donc félicitations pour ça.

   monlokiana   
27/6/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↓
L'idée de départ est bien choisi: un vendredi soir entre potes. J'ai relevé certains passages:
- Z'ont l'air correct. J'ai eu beaucoup de mal à faire la liaison, j'ai été bloqué.
" L'installation est enfin terminée" je pense que le mot installation est mal choisi
"je commence à sentir du sang qui coule le long de ma jambe, mon autre jambe est plié." La répétition de "jambe" alourdit la phrase. Pourquoi pas "l'autre est plié"
" J'adore les week-ends entre potes" Je pense que cette phrase n'a pas d'utilité et pourrait être supprimé. Elle n'a rien à voir avec la fin.
Le passage du rêve à la réalité surgit trop brusquement. Toutefois, ce texte a beaucoup d'humour. Le style familier m'a amusé.
C'était pas mal, mais la fin est à revoir
Monlo

   carbona   
15/10/2015
 a aimé ce texte 
Pas
Bonjour,

Bon ben comme d'habitude pour ma part je n'adhère pas à la chute facile.

Le thème du spiritisme ne m'emballait pas. Au fur et à mesure de la lecture, je n'y croyais pas une seconde, la tension et la peur ne montait pas tellement l'histoire était invraisemblable. Je me demandais comment vous alliez vous en sortir.

Partante cependant pour retrouver la même bande d'amis autour d'aventures plus crédibles.

Merci pour votre texte.


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