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Anonyme
15/8/2013
a aimé ce texte
Beaucoup
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J'ai été touchée par ce texte écrit dans un très beau style, à mon avis, dont la clarté et la distance n'empêchent pas l'émotion de passer, avec de belles idées. Ainsi cette phrase : "Un chien passe en quinze ans de la petite enfance à l’extrême vieillesse et à la mort. L’aimer est une expérience humblement tragique, que j’ai refusé de vivre jusqu’au bout en me détachant de toi." me paraissent un concentré de ce que dit le texte, d'une grande justesse.
L'amour absolu du chien a pour moi quelque chose de glaçant, j'ai toujours préféré les chats, préféré un être dont j'ai l'impression qu'il ne m'attache pas une importance primordiale pour mener sa vie ; ce qui n'empêche pas l'affection mais m'ôte une responsabilité écrasante. J'ai retrouvé ce sentiment dans les premiers temps où la narratrice découvre son chien. Tout le texte m'a paru très juste, simple et profond, ce qui n'a rien d'incompatible. Et très bien écrit. "J’avais réussi à évacuer la crudité de la souffrance, et j’en garde le remords comme d’un serment trahi." : joli ! "cette pure joie de vivre dans l’instant que l’animal atteint sans effort." : une réflexion juste et bien exprimée, pour moi. |
alvinabec
25/8/2013
a aimé ce texte
Un peu
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Bonjour,
L'émoi que l'on peut ressentir à la mort d'un animal de compagnie, oui bien sûr, mais ici c'est plutôt une 'histoire de vie' racontée de façon chronologique sans beaucoup d'originalité, le lien qui unit la narratrice à son chien se montre peu à mon avis. La sémantique utilisée ici manque singulièrement de simplicité et le style me semble emphatique pour une situation qui ne l'est pas. L'emploi systématique des temps du passé alourdit le propos. |
Anonyme
3/9/2013
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Bonjour Sylvaine
Oserais-je dire que je suis terriblement déçu par ce texte. Je le commente en souvenir de vos textes précédents, sans y reconnaître à aucun moment l'auteur. " Tes yeux d'ambre " , " La débâcle immobile " , " J’avais vu décliner ta grâce et se ternir ta beauté autrefois somptueuse " , " Cette déchéance aurait dû me déchirer " , ont bien failli me faire abandonner ma lecture. Quel intérêt d'écrire un texte contemporain avec un style daté au carbone 14 ? Franchement, je ne visais pas plus près que le 19e siècle. Georges Sand ou Flaubert étaient déjà bien plus rugueux. J'ai l'impression d'un auteur qui s'est regardé écrire, façon de réviser un peu les bases du style, de se rassurer sur sa manière d'ajouter de la mousse aux mots. Car de la mousse, il y en a! Et plus il y a de mousse dans le style, et plus l'os disparait. Un style précieux, étudié, maniéré, emphatique, ampoulé, guindé, est-il le meilleur choix pour nous restituer l'affection du narrateur envers son chien ? Vous poussez la coquetterie jusqu'à cette expression : " tu te musses contre ma cuisse " . Cette narration sépia n'est que le fade miroir de souvenirs que malheureusement vous ne parvenez pas à rendre intenses ni douloureux. J'ai envie de vous demander : le narrateur aimait-il son chien, ou pas ? Vous parlez de " tristesse désincarnée ". Ça résume parfaitement le sentiment qui traverse ce récit. Pour moi, noter ce texte n'a pas le moindre sens, tellement ma réflexion toute personnelle ne juge pas le style d'école, mais son anachronisme. Pardonnez ma sévérité, mais je sais à qui elle s'adresse. Cordialement Ludi |
Anonyme
3/9/2013
a aimé ce texte
Beaucoup
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Bonsoir Sylvaine. Ca m'a rappelé de douloureux souvenirs mais j'ai trouvé dans ce texte une grande sincérité pas toujours facile à dévoiler. Quelques anecdotes communes à tous les maîtres de chiens me font penser que ce texte est tiré de la réalité, en quelque sorte un genre de thérapie qui concerne directement l'auteur...
Je vis moi-même en compagnie d'une chienne de six ans et si j'en connais les contraintes, je sais aussi le réconfort qu'apporte cette présence quand la solitude se fait parfois pesante... Je vous remercie pour ce témoignage. Je dis témoignage car on ne peut pas écrire sur un tel sujet sans l'avoir vécu. |
Acratopege
12/9/2013
a aimé ce texte
Beaucoup ↓
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Bonjour Sylvaine,
J'arrive en retard pour dire tout le bien que je pense de votre texte, après avoir lu les échanges sur le forum qui y est consacré. J'avais adoré la "Lettre à Voltaire." Je retrouve ici votre style somptueux et ai été ému par votre histoire, cette fine description de la relation forte qui peut se tisser entre un humain et un animal. J'aime aussi en vous lisant retrouver quelque chose de ma propre tendance à écrire "classique". Pour moi, le classicisme, c'est avant tout la simplicité, l'art de la litote - Racine! - et votre récit pêche ici un peu, à mes yeux, par excès d'emphase à certains moments. Je me suis aussi demandé si l'adresse au compagnon mort ne créait pas une atmosphère un peu trop sentimentaliste qui ôtait peut-être de la "percutance" à l'histoire. Aurait-elle été plus poignante narrée à la troisième personne? Je ne sais pas. Merci donc pour cette oraison funèbre qui m'a fait passer un moment chargé de sentiment et a ravivé des souvenirs similaires à ceux que vous nous avez offerts. |
Piterne
2/11/2013
a aimé ce texte
Bien
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Bonjour,
petit nouveau sur Oniris, j'ai lu votre texte pour son sous titre "Élégie pour un chien mort" qui a retenu mon attention. J'y ai retrouvé mon Ariane, chienne colley, ses hésitations premières, ses attitudes, sa fidélité, ses comportements, etc. Habitant de plus en Normandie, je laisse deviner le reste. Le débat entre écriture classique et sujet moderne est intéressant. Acratopege a exprimé l'attrait du classicisme, Ludi a bien formulé le décalage entre son aspect "travaillé" et le sentiment "instinctif". Pour le texte lui-même : 1. "mon studio, où tu passais enfermé les heures où je donnais mes cours" à revoir ! 2. l'abondance de virgules juste avec la conjonction ET. Là aussi, il y aura peut-être débat, mais la virgule sectionne et la conjonction associe ; les voir ensemble m'étonne toujours ! 3. une intrigue aurait pu être recherchée : le décès rappelle tel(s) moment(s) antérieur(s), par exemple 4. la valse hésitation entre regret et soulagement me gène : "Je ne trouvais plus en moi qu’une compassion distante" ! Au plaisir |
jfmoods
12/9/2021
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Le récit, circonstancié, est marqué par une longue analepse qui met en relief ses lignes de force.
Le lecteur pourrait soupçonner la narratrice d'avoir succombé à une forme de vanité en choisissant son animal de compagnie, la grâce de celui-ci rejaillissant naturellement sur sa propriétaire ("J’avais choisi ta race shetland pour sa ressemblance avec Lassie, qui m’avait séduite à dix ans, et, comme tous les chiens à pedigree, tu portais un nom à particule, Onyx du Bois-Bailly, qui définissait tes origines et qui sonnait comme un titre de noblesse. J’en étais secrètement fière.","J’étais très fière de l’admiration que tu suscitais partout. Ton élégance prolongeait la mienne : tu devenais une extension de moi-même. Les compliments que tu inspirais me semblaient adressés à moi."). Cependant, en vérité, ça se passe ailleurs... C'est une enseignante, une intellectuelle ("les heures où je donnais mes cours", "travaillant à mon bureau", "à peine ai-je posé mon stylo"). Son rapport au monde est marqué par un certain recul, une distance vis-à-vis des choses. Le chien représente, lui, le contraste total à cela : l'instinct, l'immédiateté, l'absence de retenue. C'est cette distance, fascinante, qui semble bien justifier la présence du chien à ses côtés ("Chacune de ces images est un concentré d’exultation.", "Ce que tu m’offres alors est inappréciable, cette pure joie de vivre dans l’instant que l’animal atteint sans effort.", "les joies pures que tu m’as données"). La narratrice est une femme de tête pour qui la raison doit gouverner les sentiments. Elle est semblable à une joueuse d'échecs qui a toujours quelques coups d'avance dans sa manche. En adoptant un regard clinique sur le vieillissement de son animal de compagnie, elle se protège, anticipe les événements à venir, apprend à anesthésier l'inévitable désarroi de la perte ("... je savais l’euthanasie inévitable.", "Du bout des doigts, j’ai décelé un caillot de sang qui s’était formé à fleur de peau. Signe de l’agonie proche, témoignage de la débâcle immobile qui décomposait ton corps.", "Cette déchéance aurait dû me déchirer, mais je m’étais appliquée à en prendre mon parti et à anticiper ta fin, pour éviter d’en souffrir. Le moment venu, mon deuil était déjà fait."). C'est à ce stade que l'entête ("Élégie pour un chien mort.") prend tout son sens, véhiculant le poids d'une dette affective désormais impossible à solder ("Je ne trouvais plus en moi qu’une compassion distante, un souvenir de tendresse, une tristesse désincarnée. J’avais réussi à évacuer la crudité de la souffrance, et j’en garde le remords comme d’un serment trahi.", "Dès lors je me suis préparée à te perdre, et j’ai commencé à te trahir.", "L’aimer est une expérience humblement tragique, que j’ai refusé de vivre jusqu’au bout en me détachant de toi.", "Petite âme errante et câline, avant de te dissoudre j’espère que tu m’as pardonné."). Merci pour ce partage ! |